Henry Morgenthau
Henry Morgenthau | ||
Henry Morgenthau en 1947. | ||
Fonctions | ||
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52e secrétaire du Trésor des États-Unis | ||
– (11 ans, 6 mois et 21 jours) |
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Président | Franklin Delano Roosevelt Harry S. Truman |
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Gouvernement | Administration F. D. Roosevelt Administration Truman |
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Prédécesseur | William H. Woodin | |
Successeur | Fred M. Vinson | |
Biographie | ||
Date de naissance | ||
Lieu de naissance | New York (États-Unis) | |
Date de décès | (à 75 ans) | |
Lieu de décès | Poughkeepsie (New York) (États-Unis) |
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Nationalité | Américaine | |
Père | Henry Morgenthau senior | |
Diplômé de | Université Cornell | |
Religion | Judaïsme | |
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Liste des secrétaires du Trésor des États-Unis | ||
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Henry Morgenthau, Jr. (/ˈmɔːɹ.ɡən.θɔː/), né le à New York et mort le à Poughkeepsie (New York), est un homme politique américain. Il est secrétaire du Trésor entre 1934 et 1945 dans l'administration du président Franklin Delano Roosevelt et brièvement dans celle de son successeur Harry S. Truman.
Il exerce une grande influence dans la conception et le financement du New Deal. Après 1937, alors qu'il est toujours responsable du Trésor, il joue un rôle de plus en plus important dans la politique étrangère, en particulier le soutien à la Chine, l'aide aux réfugiés juifs, et met en place le « plan Morgenthau » qui vise à empêcher l'Allemagne de redevenir un jour une puissance militaire après la victoire des Alliés en 1945[1].
Biographie
Vie familiale, études, études et début de carrière
Né dans une famille de la bourgeoisie juive de New York, il est le fils d'Henry Morgenthau senior, magnat de l'immobilier et diplomate (il fut ambassadeur à Constantinople), et de Joséphine Sykes. Il a trois sœurs. Il effectue sa scolarité dans ce qui est maintenant la Dwight School (en), puis étudie l'architecture et l'agriculture à l'université Cornell. En 1913, il rencontre Franklin et Eleanor Roosevelt et se lie d'amitié avec eux. Au cours de la Première Guerre mondiale, il exploite une ferme près de leur propriété dans l'État de New York et se spécialise dans la culture d'arbres de Noël. Il est préoccupé par la détresse des agriculteurs, qui représentent plus du quart de la population. En 1922, il reprend le magazine American Agriculturalist et en fait le porte-parole d'une agriculture maintenue, rénovée et scientifique. En 1929, Roosevelt, en tant que gouverneur de New York, le nomme président du New York State Agricultural Advisory Committee et à la State Conservation Commission.
Il est le père du producteur de télévision Henry Morgenthau III (en) et de l'homme politique Robert Morgenthau.
New Deal
En 1933, Franklin Roosevelt, devenu président, nomme Henry Morgenthau gouverneur du Federal Farm Board. Il n’en est pas moins impliqué dans les décisions monétaires. Roosevelt adopta l'idée d'augmenter le prix de l'or pour faire baisser la valeur du dollar, ce qui augmente le prix de toutes les marchandises – en particulier les produits agricoles. L'idée venait du professeur George Warren de l'université Cornell et, bien qu’il y soit opposé, Morgenthau est disposé à venir en aide au président. Lorsque Roosevelt déclare à Morgenthau qu'il pense relever le prix de l'or de 21 cents, son entourage lui demande la raison : « C'est un chiffre porte-bonheur, répond Roosevelt. Parce que c'est trois fois sept ». Comme Henry Morgenthau l’a écrit plus tard : « Si quelqu'un savait exactement comment nous avons fixé le prix de l'or grâce à une combinaison de chiffres porte-bonheur etc., je pense qu’on en frémirait »[2].
En 1934, après la démission de William H. Woodin pour raison de santé, Roosevelt nomme Morgenthau secrétaire du Trésor (à la grande colère des conservateurs). Économiste orthodoxe, il s’oppose aux doctrines keynésiennes et désapprouve certains éléments dans le New Deal de Roosevelt. Pour financer la Seconde Guerre mondiale, il élabore un système compliqué pour mettre sur le marché des obligations de guerre.
Campagne contre la corruption
Henry Morgenthau se sert de sa position à la tête du Trésor pour enquêter sur le crime organisé et la corruption gouvernementale. Les services d'inspection du Trésor et d'autres organismes agissaient sans coordination et les efforts pour créer une agence chargée de les coiffer sont freinés par J. Edgar Hoover, qui craint que cela jetât de l'ombre au FBI. Morgenthau n'en crée pas moins un coordinateur pour les agences du Trésor, et même si ce dernier n'a pas le pouvoir de les contrôler, il peut les amener à une certaine coopération. Les enquêtes sur la corruption des fonctionnaires entraînent la chute de Tom Pendergast de Kansas City, surnommé « Big Tom », un puissant homme politique. Une fusillade où est impliquée la mafia et une corruption officielle massive conduisent à des enquêtes réussies contre les chefs de la mafia locale, Charles Carollo, et Tom Pendergast[3]. D'autres fonctionnaires, ainsi que dans des cas assez rares certains gangsters, sont condamnés à la suite des enquêtes d'Henry Morgenthau.
Plan Morgenthau
En 1944, il propose le plan Morgenthau pour l'après-guerre en Allemagne, demandant que l'Allemagne soit démembrée, divisée en différents États indépendants, dépouillée de toute industrie lourde et forcée de retourner à une économie agraire antérieure à la révolution industrielle. Le plan Morgenthau est considéré par certains comme ayant été mis au point en réalité par le député Harry Dexter White, qui fut plus tard accusé d'être un agent soviétique. Lors de la deuxième conférence du Québec, le , Roosevelt et Morgenthau persuadent le Premier ministre britannique Winston Churchill, au départ très réticent, à accepter le plan Morgenthau, probablement en utilisant un accord de six milliards de dollars de prêt-location (Lend Lease) pour ce faire. Churchill choisit cependant de restreindre la portée de la proposition de Morgenthau par la rédaction d'une nouvelle version du mémorandum, qui finit par être la version signée par les deux hommes d'État. L'essentiel du mémorandum signé est « ce programme pour éliminer les industries de guerre dans la Ruhr et la Sarre s'efforçant de convertir l'Allemagne en un pays principalement agricole et pastoral dans son caractère ».
Le plan fait face à une opposition dans le cabinet de Roosevelt, principalement de la part d'Henry L. Stimson, et quand il est divulgué à la presse, la critique publique s'élève contre Roosevelt. La réponse du président aux demandes de renseignements est de démentir les rapports de presse. Le résultat de cette fuite entraîne la défaveur de Morgenthau pendant un certain temps auprès de Roosevelt.
Le ministre de la Propagande allemande, Joseph Goebbels aurait utilisé, avec un certain succès, cette information pour encourager les Allemands à persévérer dans leurs efforts de guerre afin que leur pays ne fût pas transformé en un « champ de pommes de terre ». Le général George Marshall se plaignit à Morgenthau que la résistance allemande s'était renforcée. Espérant que Morgenthau se laisserait fléchir dans son plan pour l'Allemagne, le beau-fils de Roosevelt, le lieutenant-colonel John Boettiger, qui travaille dans le département de guerre des États-Unis, lui explique comment les troupes américaines avaient dû se battre pendant cinq semaines contre la résistance acharnée des Allemands pour capturer Aix-la-Chapelle et se plaint que le plan Morgenthau valait « trente divisions pour les Allemands ». À la fin de 1944, l'adversaire aux élections de Roosevelt, Thomas Dewey, déclara qu'il valait « dix divisions ». Morgenthau refusa de se laisser fléchir.
Le , Truman (le successeur de Roosevelt) signe la directive d'occupation américaine JCS 1067. Morgenthau dit alors à son personnel que c'était un grand jour pour le Trésor, et qu'il espérait que « personne ne le reconnaîtrait comme le plan Morgenthau ». La directive, qui est en vigueur durant plus de deux ans, indique aux forces américaines d'occupation de « […] ne prendre aucune mesure regardant vers le redressement économique de l'Allemagne ».
Dans l'Allemagne occupée, Morgenthau laisse un héritage direct à travers ce qui était couramment appelé « les garçons Morgenthau ». Ce sont les responsables américains du Trésor que le général Dwight D. Eisenhower avait « prêtés » à l'armée d'occupation. Ces gens veillent à ce que JCS 1067 soit interprétée aussi strictement que possible. Ils sont surtout actifs dans les premiers mois de l'occupation, mais continuent leurs activités encore près de deux ans après la démission de Morgenthau à la mi-1945, et quelque temps après le départ de leur chef, le colonel Bernard Bernstein, qui est « le gardien de l'esprit Morgenthau dans l'armée d'occupation ». Ils démissionnent en juillet 1947 lorsque la JCS 1067 fut remplacée par la JCS 1779, qui souligne, elle, qu'« une Europe ordonnée et prospère nécessite les contributions économiques d'une Allemagne stable et productive ».
L'héritage de Morgenthau a également été perçu dans les plans de préservation du désarmement de l'Allemagne en réduisant considérablement sa puissance économique.
En , Henry Morgenthau publie un livre dans lequel il décrit et motive le plan Morgenthau dans les moindres détails. Roosevelt avait accordé sa permission pour la sortie du livre le soir avant sa mort, quand Morgenthau avait demandé la permission de Churchill pour inclure également le texte du mémorandum, à l'époque encore secret, signé par Churchill et Roosevelt à Québec concernant la « pastoralisation », mais l'autorisation fut refusée. En , le général Dwight D. Eisenhower, le gouverneur militaire de la zone d'occupation américaine, approuve la distribution de 1000 exemplaires gratuits du livre aux responsables militaires américains dans l'Allemagne occupée. L'historien Stephen Ambrose en tire la conclusion que, en dépit des allégations ultérieures d'Eisenhower avançant que la directive n'était pas une poursuite du plan Morgenthau, celui-ci a, à la fois approuvé le plan et avait déjà donné à Morgenthau certaines de ses idées sur la façon dont l'Allemagne devait être traitée.
Après sa démission, ainsi que d'autres personnalités telles que l'ancienne première dame, Eleanor Roosevelt, Morgenthau est resté pendant plusieurs années un membre actif de la campagne du groupe pour une « paix dure » (harsh peace) pour l'Allemagne.
Exécution des criminels nazis
Henry Morgenthau préconisa l'exécution sommaire, sans procès, des 50 ou 100 premiers présumés criminels nazis[4]. Cette proposition connaît un certain succès, mais finalement, il est décidé d'organiser le procès de Nuremberg.
Notes
- Dean L. May, « Morgenthau, Henry, Jr. », American National Biography(2000)
- Amity Shlaes, The Forgotten Man (2007), p. 163, 148
- Thomas Repetto, The American Mafia: A History of Its Rise to Power. Henry Holt & Company, 2004.
- War crimes against women: prosecution in international war crimes tribunals Kelly Askin Aube, p. 105