Proceedings of International Conference on Expert Systems for Development
Since the first studies on language, argumentation has been considered, with very few exceptions,... more Since the first studies on language, argumentation has been considered, with very few exceptions, as a phenomenon which had to be accounted for only after the meaning of the sentences under consideration had been "extracted". Formal logic is among the best known tools generally used to "extract" meaning from sentences. As a confirmation of a very ancient analogy between meaning and knowledge, the same tool now prevails in knowledge acquisition and, of course, in knowledge representation. Formal logic is/spl minus/almost unquestionably/spl minus/considered as the fundamental structure of meaning and of knowledge. I question this apparently commonsensical position and propose a standpoint in which argumentation plays an essential role in knowledge management. The treatment of argumentative inference proposed, and the cognitive modelling that stems from it, have family resemblances with qualitative reasoning, to which it has, in the past, been compared, in some of their aspects. Several areas of artificial intelligence may benefit (and some already have) from this linguistic and cognitive re-consideration, from knowledge base semantic validation, to knowledge acquisition from text and to generation of explanations.<<ETX>>
Corpus 18 (2018): Les petits corpus. http://journals.openedition.org/corpus/3116, Jul 10, 2018
Depuis une vingtaine d’années, la linguistique se détourne progressivement de ses objectifs premi... more Depuis une vingtaine d’années, la linguistique se détourne progressivement de ses objectifs premiers, qui sont la compréhension des lois qui régissent les langues humaines, au profit de l’accumulation de faits de discours et de communication, pour lesquels des descriptions causales invoquant différents domaines non linguistiques sont privilégiées (cognitifs, psychologiques, sociologiques, logiques… et même statistiques) : tout se passe comme si la linguistique ne pouvait être une science et que, par conséquent, il fallait l’encadrer en la plongeant dans des disciplines dont la scientificité serait plus reconnue. Un indice de cette mode est le passage, de plus en plus fréquent, du substantif féminin « linguistique » au syntagme « sciences du langage » (au pluriel), et même « sciences du langage et de la communication », dont les anciens départements universitaires de linguistique sont maintenant qualifiés. S’il est indispensable de tenir compte des interfaces entre la linguistique et ces autres disciplines, cette nécessité n’implique pas l’abandon de l’étude des langues en tant que telles, ni la réduction de la linguistique à l’accumulation d’occurrences de discours. Ce mouvement réducteur, observable dans toutes les branches de la linguistique, est particulièrement nocif en sémantique, et ce, pour deux raisons principales. (i) Comme nous le verrons plus en détail au paragraphe 1.1, les faits de la sémantique ne concernent pas que la forme des occurrences d’unités de langue, mais aussi leur(s) interprétation(s) dans différentes situations. Il en résulte qu’un corpus d’occurrences, qui ne contiendrait donc aucune indication sur les interprétations qu’elles ont occasionnées, ne peut pas fournir d’indication sur la manière dont les unités de langue utilisées contraignent l’interprétation. (ii) Prétendre analyser des discours sans recourir à la sémantique des langues légitime l’idée selon laquelle expliquer l’interprétation des discours ne reposerait que sur l’intuition de l’analyste, éventuellement guidée par des "constantes" de comportement, sans que les unités de langue utilisées dans lesdits discours n’interviennent de manière stabilisée : l’analyse des discours (et, du coup, l’Analyse du Discours) ne pourrait alors prétendre à rien de plus objectif que les explications de textes pratiquées au collège. Un tel abandon constitue donc un obstacle à la prise en compte de ces interfaces : c’est, en effet, parce que les langues ne sont observables qu’indirectement, par leurs mises en discours, qu’il est permis de penser que l’étude des langues peut être à l’interface de nombreuses sciences de l’homme et de la société. Cette mode, institutionnelle plus qu’intellectuelle, qui s’appuie sans doute sur la croyance populaire selon laquelle le raisonnement scientifique par excellence serait l’induction, exige, de plus en plus, des chercheurs1 qu’ils accumulent des « faits », à partir desquels, si leur nombre est assez grand, une règle émergera d’elle-même, sans qu’il soit nécessaire de proposer ni de justifier des hypothèses théoriques, lesquelles – toujours selon cette mode – perturberaient cette émergence. Pour suivre cette mode, les chercheurs en linguistique (ou plutôt en sciences du langage et de la communication) sont donc mis en demeure de « travailler sur des corpus », si possible « sur des grands corpus », et, encore mieux, « sur des Très Grands Corpus », sans idées préconçues : un nombre croissant de chercheurs en arrivent à cette position absurde selon laquelle les objectifs expérimentaux ou théoriques, considérés comme des idées préconçues, devraient susciter une grande méfiance… Je montre en détail pourquoi ce mouvement est réellement nuisible en sémantique des langues, et propose une méthodologie plus saine, faisant recours à l’expérimentation, comme c’est le cas dans les autres disciplines empiriques, puisque c’est elle qui permet de tester rigoureusement des hypothèses théoriques. L’expérimentation en sémantique, si elle peut utiliser des corpus, n’a pas, pour autant, besoin qu’ils soient très grands, ni même grands : ce n’est pas la taille de l’outil qui importe, mais la manière dont on s’en sert… J’examinerai les principales difficultés méthodologiques auxquelles est confrontée une démarche expérimentale en sémantique, et, pour illustrer les moyens de les surmonter, proposerai deux tests expérimentaux permettant d’évaluer des hypothèses théoriques concernant la description sémantique des mots d’une langue.
Propongo aquí una presentación epistemológica, metodológica y teórica de la Semántica de los punt... more Propongo aquí una presentación epistemológica, metodológica y teórica de la Semántica de los puntos de vista, situándola respecto a las exigencias de la ciencia empírica y respecto a las influencias lingüísticas que han contribuido a dar luz a este marco teórico y descriptivo. Ilustro dicha presentación con ejemplos de descripciones y mostro cómo se puede aplicar el marco de la SPV a la gestión del conocimiento, con fin de recoger, compartir y poner al día los conocimientos de los expertos.
Quand on a du mal à comprendre ce qu'on a observé, on dit que c'est compliqué. Quand on a... more Quand on a du mal à comprendre ce qu'on a observé, on dit que c'est compliqué. Quand on a du mal à comprendre l'explication de ce qu'on a observé, on dit que c'est complexe 1 On trouvera dans García Negroni (2003 : 11-30) une étude détaillée des différents types et sous-types de réinterprétation. 2 Toujours dans le sens d'unité de langue sémantiquement complète. Pierre-Yves RACCAH Comment faut-il complexifier la description sémantique d'une structure connective complexe ? 7 octobre 2014 Rapport de recherche-2/16-Pierre-Yves RACCAH Comment faut-il complexifier la description sémantique d'une structure connective complexe ? 7 octobre 2014 Rapport de recherche-4 /16-21 Cette distinction est mentionnée et très brièvement justifiée dans Raccah (2006). Pierre-Yves RACCAH Comment faut-il complexifier la description sémantique d'une structure connective complexe ? 7 octobre 2014 Rapport de recherche-15/16-Pierre-Yves RACCAH Comment faut-il complexifier la...
Rapport de recherche CNRS UMR7270-2014 1.2. 1. Énonciation, interprétation, référence Pour illust... more Rapport de recherche CNRS UMR7270-2014 1.2. 1. Énonciation, interprétation, référence Pour illustrer la première piste de réflexion sur la notion de situation, imaginons l'histoire suivante : Un chercheur du vingt-et-unième siècle étudie un texte écrit au dix-septième siècle à propos d'un événement du Moyen-âge. L'auteur du texte aura soigneusement distingué la situation dont parle le texte, avec ses conventions sociales, les croyances et les connaissances associées, de la situation dans laquelle il écrit, faute de quoi, il aura risqué de commettre des anachronismes gênants. D'autre part, si le lecteur du vingt-et-unième siècle ne tient pas compte de la différence entre sa manière de voir le monde et celle qu'il pense pouvoir attribuer à l'auteur du texte, il comprendra sans doute quand même quelque chose, mais certainement pas ce que l'auteur du texte voulait dire. Cet exemple illustre, à propos de ce qui relève du temps, la nécessité de prendre en compt...
Se ha visto también que, en muchos casos, esta hipótesis de los campos tópicos léxicos es respald... more Se ha visto también que, en muchos casos, esta hipótesis de los campos tópicos léxicos es respaldada por la etimología: en dichos casos, la denotación que los étimos tenían corresponde fielmente a los puntos de vista que los campos tópicos describen. Así, la palabra italiana “lavoro”, cuyo campo tópico léxico corresponde al topos // cuanto más actividad, más cansancio //, deriva del sustantivo latín “labor” – pena, cansancio –.
Human languages can be seen as objects of empirical observation and not only as objects of possib... more Human languages can be seen as objects of empirical observation and not only as objects of possible approximation by artificial languages. From that point of view, a careful rigorous approach must state what, in human languages, is accessible to the observers’ senses and how this is related to semantic facts, which, in turn, must also be clearly characterised. The characterization of semantic facts must, in particular, be distinguished from what is accessible to the sensorial apparatus, as soon as one wants to distinguish between language and speech. I will show that, in fulfilling that programme, one has to assess a central role to the constraints that human languages expressions impose onto how utterances and discourse can modify their audience’s points of view. In other words, accepting a classical characterization of argumentation (according to which an argumentation intends to modify the point of view of the audience), I will show that the semantic description of human language...
Proceedings of International Conference on Expert Systems for Development
Since the first studies on language, argumentation has been considered, with very few exceptions,... more Since the first studies on language, argumentation has been considered, with very few exceptions, as a phenomenon which had to be accounted for only after the meaning of the sentences under consideration had been "extracted". Formal logic is among the best known tools generally used to "extract" meaning from sentences. As a confirmation of a very ancient analogy between meaning and knowledge, the same tool now prevails in knowledge acquisition and, of course, in knowledge representation. Formal logic is/spl minus/almost unquestionably/spl minus/considered as the fundamental structure of meaning and of knowledge. I question this apparently commonsensical position and propose a standpoint in which argumentation plays an essential role in knowledge management. The treatment of argumentative inference proposed, and the cognitive modelling that stems from it, have family resemblances with qualitative reasoning, to which it has, in the past, been compared, in some of their aspects. Several areas of artificial intelligence may benefit (and some already have) from this linguistic and cognitive re-consideration, from knowledge base semantic validation, to knowledge acquisition from text and to generation of explanations.<<ETX>>
Corpus 18 (2018): Les petits corpus. http://journals.openedition.org/corpus/3116, Jul 10, 2018
Depuis une vingtaine d’années, la linguistique se détourne progressivement de ses objectifs premi... more Depuis une vingtaine d’années, la linguistique se détourne progressivement de ses objectifs premiers, qui sont la compréhension des lois qui régissent les langues humaines, au profit de l’accumulation de faits de discours et de communication, pour lesquels des descriptions causales invoquant différents domaines non linguistiques sont privilégiées (cognitifs, psychologiques, sociologiques, logiques… et même statistiques) : tout se passe comme si la linguistique ne pouvait être une science et que, par conséquent, il fallait l’encadrer en la plongeant dans des disciplines dont la scientificité serait plus reconnue. Un indice de cette mode est le passage, de plus en plus fréquent, du substantif féminin « linguistique » au syntagme « sciences du langage » (au pluriel), et même « sciences du langage et de la communication », dont les anciens départements universitaires de linguistique sont maintenant qualifiés. S’il est indispensable de tenir compte des interfaces entre la linguistique et ces autres disciplines, cette nécessité n’implique pas l’abandon de l’étude des langues en tant que telles, ni la réduction de la linguistique à l’accumulation d’occurrences de discours. Ce mouvement réducteur, observable dans toutes les branches de la linguistique, est particulièrement nocif en sémantique, et ce, pour deux raisons principales. (i) Comme nous le verrons plus en détail au paragraphe 1.1, les faits de la sémantique ne concernent pas que la forme des occurrences d’unités de langue, mais aussi leur(s) interprétation(s) dans différentes situations. Il en résulte qu’un corpus d’occurrences, qui ne contiendrait donc aucune indication sur les interprétations qu’elles ont occasionnées, ne peut pas fournir d’indication sur la manière dont les unités de langue utilisées contraignent l’interprétation. (ii) Prétendre analyser des discours sans recourir à la sémantique des langues légitime l’idée selon laquelle expliquer l’interprétation des discours ne reposerait que sur l’intuition de l’analyste, éventuellement guidée par des "constantes" de comportement, sans que les unités de langue utilisées dans lesdits discours n’interviennent de manière stabilisée : l’analyse des discours (et, du coup, l’Analyse du Discours) ne pourrait alors prétendre à rien de plus objectif que les explications de textes pratiquées au collège. Un tel abandon constitue donc un obstacle à la prise en compte de ces interfaces : c’est, en effet, parce que les langues ne sont observables qu’indirectement, par leurs mises en discours, qu’il est permis de penser que l’étude des langues peut être à l’interface de nombreuses sciences de l’homme et de la société. Cette mode, institutionnelle plus qu’intellectuelle, qui s’appuie sans doute sur la croyance populaire selon laquelle le raisonnement scientifique par excellence serait l’induction, exige, de plus en plus, des chercheurs1 qu’ils accumulent des « faits », à partir desquels, si leur nombre est assez grand, une règle émergera d’elle-même, sans qu’il soit nécessaire de proposer ni de justifier des hypothèses théoriques, lesquelles – toujours selon cette mode – perturberaient cette émergence. Pour suivre cette mode, les chercheurs en linguistique (ou plutôt en sciences du langage et de la communication) sont donc mis en demeure de « travailler sur des corpus », si possible « sur des grands corpus », et, encore mieux, « sur des Très Grands Corpus », sans idées préconçues : un nombre croissant de chercheurs en arrivent à cette position absurde selon laquelle les objectifs expérimentaux ou théoriques, considérés comme des idées préconçues, devraient susciter une grande méfiance… Je montre en détail pourquoi ce mouvement est réellement nuisible en sémantique des langues, et propose une méthodologie plus saine, faisant recours à l’expérimentation, comme c’est le cas dans les autres disciplines empiriques, puisque c’est elle qui permet de tester rigoureusement des hypothèses théoriques. L’expérimentation en sémantique, si elle peut utiliser des corpus, n’a pas, pour autant, besoin qu’ils soient très grands, ni même grands : ce n’est pas la taille de l’outil qui importe, mais la manière dont on s’en sert… J’examinerai les principales difficultés méthodologiques auxquelles est confrontée une démarche expérimentale en sémantique, et, pour illustrer les moyens de les surmonter, proposerai deux tests expérimentaux permettant d’évaluer des hypothèses théoriques concernant la description sémantique des mots d’une langue.
Propongo aquí una presentación epistemológica, metodológica y teórica de la Semántica de los punt... more Propongo aquí una presentación epistemológica, metodológica y teórica de la Semántica de los puntos de vista, situándola respecto a las exigencias de la ciencia empírica y respecto a las influencias lingüísticas que han contribuido a dar luz a este marco teórico y descriptivo. Ilustro dicha presentación con ejemplos de descripciones y mostro cómo se puede aplicar el marco de la SPV a la gestión del conocimiento, con fin de recoger, compartir y poner al día los conocimientos de los expertos.
Quand on a du mal à comprendre ce qu'on a observé, on dit que c'est compliqué. Quand on a... more Quand on a du mal à comprendre ce qu'on a observé, on dit que c'est compliqué. Quand on a du mal à comprendre l'explication de ce qu'on a observé, on dit que c'est complexe 1 On trouvera dans García Negroni (2003 : 11-30) une étude détaillée des différents types et sous-types de réinterprétation. 2 Toujours dans le sens d'unité de langue sémantiquement complète. Pierre-Yves RACCAH Comment faut-il complexifier la description sémantique d'une structure connective complexe ? 7 octobre 2014 Rapport de recherche-2/16-Pierre-Yves RACCAH Comment faut-il complexifier la description sémantique d'une structure connective complexe ? 7 octobre 2014 Rapport de recherche-4 /16-21 Cette distinction est mentionnée et très brièvement justifiée dans Raccah (2006). Pierre-Yves RACCAH Comment faut-il complexifier la description sémantique d'une structure connective complexe ? 7 octobre 2014 Rapport de recherche-15/16-Pierre-Yves RACCAH Comment faut-il complexifier la...
Rapport de recherche CNRS UMR7270-2014 1.2. 1. Énonciation, interprétation, référence Pour illust... more Rapport de recherche CNRS UMR7270-2014 1.2. 1. Énonciation, interprétation, référence Pour illustrer la première piste de réflexion sur la notion de situation, imaginons l'histoire suivante : Un chercheur du vingt-et-unième siècle étudie un texte écrit au dix-septième siècle à propos d'un événement du Moyen-âge. L'auteur du texte aura soigneusement distingué la situation dont parle le texte, avec ses conventions sociales, les croyances et les connaissances associées, de la situation dans laquelle il écrit, faute de quoi, il aura risqué de commettre des anachronismes gênants. D'autre part, si le lecteur du vingt-et-unième siècle ne tient pas compte de la différence entre sa manière de voir le monde et celle qu'il pense pouvoir attribuer à l'auteur du texte, il comprendra sans doute quand même quelque chose, mais certainement pas ce que l'auteur du texte voulait dire. Cet exemple illustre, à propos de ce qui relève du temps, la nécessité de prendre en compt...
Se ha visto también que, en muchos casos, esta hipótesis de los campos tópicos léxicos es respald... more Se ha visto también que, en muchos casos, esta hipótesis de los campos tópicos léxicos es respaldada por la etimología: en dichos casos, la denotación que los étimos tenían corresponde fielmente a los puntos de vista que los campos tópicos describen. Así, la palabra italiana “lavoro”, cuyo campo tópico léxico corresponde al topos // cuanto más actividad, más cansancio //, deriva del sustantivo latín “labor” – pena, cansancio –.
Human languages can be seen as objects of empirical observation and not only as objects of possib... more Human languages can be seen as objects of empirical observation and not only as objects of possible approximation by artificial languages. From that point of view, a careful rigorous approach must state what, in human languages, is accessible to the observers’ senses and how this is related to semantic facts, which, in turn, must also be clearly characterised. The characterization of semantic facts must, in particular, be distinguished from what is accessible to the sensorial apparatus, as soon as one wants to distinguish between language and speech. I will show that, in fulfilling that programme, one has to assess a central role to the constraints that human languages expressions impose onto how utterances and discourse can modify their audience’s points of view. In other words, accepting a classical characterization of argumentation (according to which an argumentation intends to modify the point of view of the audience), I will show that the semantic description of human language...
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Papers by Pierre-Yves RACCAH
Un indice de cette mode est le passage, de plus en plus fréquent, du substantif féminin
« linguistique » au syntagme « sciences du langage » (au pluriel), et même « sciences du langage et de la communication », dont les anciens départements universitaires de linguistique sont maintenant qualifiés. S’il est indispensable de tenir compte des interfaces entre la linguistique et ces autres disciplines, cette nécessité n’implique pas l’abandon de l’étude des langues en tant que telles, ni la réduction de la linguistique à
l’accumulation d’occurrences de discours.
Ce mouvement réducteur, observable dans toutes les branches de la linguistique, est particulièrement nocif en sémantique, et ce, pour deux raisons principales.
(i) Comme nous le verrons plus en détail au paragraphe 1.1, les faits de la sémantique ne concernent pas que la forme des occurrences d’unités de langue, mais aussi leur(s) interprétation(s) dans différentes situations. Il en résulte qu’un corpus d’occurrences, qui ne contiendrait donc aucune indication sur les interprétations qu’elles ont occasionnées, ne peut pas fournir d’indication sur la manière dont les unités de langue utilisées contraignent l’interprétation.
(ii) Prétendre analyser des discours sans recourir à la sémantique des langues légitime l’idée selon laquelle expliquer l’interprétation des discours ne reposerait que sur l’intuition de l’analyste, éventuellement guidée par des "constantes" de comportement, sans que les unités de langue utilisées dans lesdits discours n’interviennent de manière stabilisée : l’analyse des discours (et, du coup, l’Analyse du Discours) ne pourrait alors prétendre à rien de plus objectif que les explications de textes pratiquées au collège. Un tel abandon constitue donc un obstacle à la prise en compte de ces interfaces : c’est, en effet, parce que les langues ne sont observables qu’indirectement, par leurs mises en discours, qu’il est permis de penser que l’étude des langues peut être à l’interface de nombreuses sciences de l’homme et de la société.
Cette mode, institutionnelle plus qu’intellectuelle, qui s’appuie sans doute sur la croyance populaire selon laquelle le raisonnement scientifique par excellence serait l’induction, exige, de plus en plus, des chercheurs1 qu’ils accumulent des « faits », à partir desquels, si leur nombre est assez grand, une règle émergera d’elle-même, sans qu’il soit nécessaire de proposer ni de justifier des hypothèses théoriques, lesquelles – toujours selon cette mode – perturberaient cette émergence. Pour suivre cette mode, les chercheurs en linguistique (ou plutôt en sciences du langage et de la communication) sont donc mis en demeure de « travailler sur des corpus », si possible « sur des grands corpus », et, encore
mieux, « sur des Très Grands Corpus », sans idées préconçues : un nombre croissant de chercheurs en arrivent à cette position absurde selon laquelle les objectifs expérimentaux ou théoriques, considérés comme des idées préconçues, devraient susciter une grande méfiance…
Je montre en détail pourquoi ce mouvement est réellement nuisible en sémantique des langues, et propose une méthodologie plus saine, faisant recours à l’expérimentation, comme c’est le cas dans les autres disciplines empiriques, puisque c’est elle qui permet de tester rigoureusement des hypothèses théoriques. L’expérimentation en sémantique, si elle peut utiliser des corpus, n’a pas, pour autant, besoin qu’ils soient très grands, ni même grands : ce n’est pas la taille de l’outil qui importe, mais la manière dont on s’en sert… J’examinerai les principales difficultés méthodologiques auxquelles est confrontée une démarche expérimentale en sémantique, et, pour illustrer les moyens de les surmonter, proposerai deux tests expérimentaux permettant d’évaluer des hypothèses théoriques concernant la description sémantique des mots d’une langue.
Un indice de cette mode est le passage, de plus en plus fréquent, du substantif féminin
« linguistique » au syntagme « sciences du langage » (au pluriel), et même « sciences du langage et de la communication », dont les anciens départements universitaires de linguistique sont maintenant qualifiés. S’il est indispensable de tenir compte des interfaces entre la linguistique et ces autres disciplines, cette nécessité n’implique pas l’abandon de l’étude des langues en tant que telles, ni la réduction de la linguistique à
l’accumulation d’occurrences de discours.
Ce mouvement réducteur, observable dans toutes les branches de la linguistique, est particulièrement nocif en sémantique, et ce, pour deux raisons principales.
(i) Comme nous le verrons plus en détail au paragraphe 1.1, les faits de la sémantique ne concernent pas que la forme des occurrences d’unités de langue, mais aussi leur(s) interprétation(s) dans différentes situations. Il en résulte qu’un corpus d’occurrences, qui ne contiendrait donc aucune indication sur les interprétations qu’elles ont occasionnées, ne peut pas fournir d’indication sur la manière dont les unités de langue utilisées contraignent l’interprétation.
(ii) Prétendre analyser des discours sans recourir à la sémantique des langues légitime l’idée selon laquelle expliquer l’interprétation des discours ne reposerait que sur l’intuition de l’analyste, éventuellement guidée par des "constantes" de comportement, sans que les unités de langue utilisées dans lesdits discours n’interviennent de manière stabilisée : l’analyse des discours (et, du coup, l’Analyse du Discours) ne pourrait alors prétendre à rien de plus objectif que les explications de textes pratiquées au collège. Un tel abandon constitue donc un obstacle à la prise en compte de ces interfaces : c’est, en effet, parce que les langues ne sont observables qu’indirectement, par leurs mises en discours, qu’il est permis de penser que l’étude des langues peut être à l’interface de nombreuses sciences de l’homme et de la société.
Cette mode, institutionnelle plus qu’intellectuelle, qui s’appuie sans doute sur la croyance populaire selon laquelle le raisonnement scientifique par excellence serait l’induction, exige, de plus en plus, des chercheurs1 qu’ils accumulent des « faits », à partir desquels, si leur nombre est assez grand, une règle émergera d’elle-même, sans qu’il soit nécessaire de proposer ni de justifier des hypothèses théoriques, lesquelles – toujours selon cette mode – perturberaient cette émergence. Pour suivre cette mode, les chercheurs en linguistique (ou plutôt en sciences du langage et de la communication) sont donc mis en demeure de « travailler sur des corpus », si possible « sur des grands corpus », et, encore
mieux, « sur des Très Grands Corpus », sans idées préconçues : un nombre croissant de chercheurs en arrivent à cette position absurde selon laquelle les objectifs expérimentaux ou théoriques, considérés comme des idées préconçues, devraient susciter une grande méfiance…
Je montre en détail pourquoi ce mouvement est réellement nuisible en sémantique des langues, et propose une méthodologie plus saine, faisant recours à l’expérimentation, comme c’est le cas dans les autres disciplines empiriques, puisque c’est elle qui permet de tester rigoureusement des hypothèses théoriques. L’expérimentation en sémantique, si elle peut utiliser des corpus, n’a pas, pour autant, besoin qu’ils soient très grands, ni même grands : ce n’est pas la taille de l’outil qui importe, mais la manière dont on s’en sert… J’examinerai les principales difficultés méthodologiques auxquelles est confrontée une démarche expérimentale en sémantique, et, pour illustrer les moyens de les surmonter, proposerai deux tests expérimentaux permettant d’évaluer des hypothèses théoriques concernant la description sémantique des mots d’une langue.