Videos by Max Bonhomme
Communication présentée lors de la journée d'étude "Aux marges de l'imprimé, l'imprimé à la marge... more Communication présentée lors de la journée d'étude "Aux marges de l'imprimé, l'imprimé à la marge : cultures populaires, minoritaires et alternatives de l'imprimé, 1840-1940" organisée par Laura Truxa et Nathalie Sebayashi à l'EHSS, Paris, le 20 janvier 2021. 5 views
In this presentation, the production of digital memes will be inscribed in the long term, that of... more In this presentation, the production of digital memes will be inscribed in the long term, that of a history of composite images conceived for political purposes. The idea of contagion will be considered in two ways: in the sense of the virality of images, their capacity to spread in the public sphere, but also in an iconographic sense: contagion of one body by another, hybrid characters, chimeras and monsters, generated by a desire to disqualify people or political entities. The notion of composite imagery can also be understood in two ways. It refers both to the hybrid nature of the images, conceived by montage of pre-existing images, and to the figuration of composite beings (human-animal, human-object, animal-object). By their irreverence towards all aesthetic criteria, by the manipulation of pre-existing images they bring into play, by their viral circulation, contemporary Internet memes are indeed part of this history of composite imagery with a satirical aim. I hope to show that 9 views
PhD dissertation (table of contents) by Max Bonhomme
Université Paris Nanterre, 2020
Thèse de doctorat en histoire de l'art, soutenue le 13 novembre 2020 à l'université Paris Nanterr... more Thèse de doctorat en histoire de l'art, soutenue le 13 novembre 2020 à l'université Paris Nanterre, sous la direction de Rémi Labrusse et Christian Joschke.
PhD dissertation "Graphic Propaganda : Photomontage in the Visual Culture of the French Left (1925-1939)". Université Paris Nanterre, 2020. Under the supervision of Rémi Labrusse and Christian Joschke.
Cette étude porte sur la place du photomontage dans le graphisme français de l’entre-deux-guerres, plus particulièrement dans la presse illustrée, l’affiche et la propagande politique. Fondé sur la combinaison d’éléments photographiques de façon à créer des images composites, généralement reproduites par impression photomécanique, le photomontage a été promu par les graphistes d’avant-garde mais aussi par les éditeurs de presse à grand tirage. Il devient à partir des années 1920 un élément caractéristique de la culture visuelle moderne, jusqu’à investir très largement les pavillons de l’Exposition internationale de 1937. Si les développements du photomontage en URSS et en Allemagne sont bien connus, la France a souvent été considérée comme réticente à l’usage de ce procédé, privilégiant un modernisme mesuré et un ancrage dans le dessin. En analysant le rôle des réseaux culturels communistes dans le développement du photomontage politique, nous identifions des phénomènes de transferts culturels étroitement liés à la sociabilité militante. L’étude de la production imprimée des organisations de gauche permet d’expliciter les fonctions attribuées à l’image comme moyen d’influence politique. Sur le plan iconographique, les photomontages se caractérisent par des procédés rhétoriques qui orientent la lecture du document photographique. Sur le plan du montage, s’opère une conjonction de temporalités hétérogènes. En prêtant une attention particulière à la fois aux conditions de production, aux réseaux d’acteurs et aux discours de légitimation, nous proposons un essai en iconologie politique qui en même temps se situe au plus près de la matérialité des images.
This study examines the place of photomontage in French graphic design between the two world wars, particularly in the illustrated press, posters and political propaganda. Based on the combination of photographic elements to create composite images, generally reproduced by photomechanical printing, photomontage was promoted by avant-garde graphic designers but also by editors of large-circulation magazines. From the 1920s onwards, it became a characteristic element of modern visual culture, until it was widely used in the pavilions of the 1937 Exposition internationale in Paris. While the developments of photomontage in the USSR and Germany are well known, France was often considered to be reluctant to this technique, favouring instead a measured modernism and drawn illustrations. By analysing the role of communist cultural networks in the development of political photomontage, we identify phenomena of cultural transfer closely related to militant sociability. The study of the printed production of left-wing organisations makes it possible to clarify the functions attributed to the image as a means of political influence. On the iconographic level, photomontages are characterised by rhetorical processes which guide the reading of the photographic document. On the level of montage, they allow for a conjunction of heterogeneous temporalities in a single image. By paying attention to the conditions of production, to the networks of actors and to the discourses of legitimation, this essay in political iconology remains as close as possible to the materiality of images.
Papers by Max Bonhomme
Flierl, Thomas und Weissbach, Angelika (Hrsg.): La volonté de bonheur: Max Lingner dans son contexte. L’art et la politique en France entre 1929 et 1949, Heidelberg: arthistoricum.net-ART-Books, 2024, S. 112–125. , 2024
L’objectif de cet article est de situer la revue Monde dans le panorama de la presse communiste f... more L’objectif de cet article est de situer la revue Monde dans le panorama de la presse communiste française des années 1920–1930, en s’intéressant notamment à la place de la photographie, du photomontage et plus généralement à ce que l’on appelle aujourd’hui le graphisme ou design graphique. Ce faisant, nous interrogerons le médium du magazine illustré en tant que tel, en analysant les procédés d’impression, la place dévolue à l’image, les choix typographiques et de mise en page. Il s’agit aussi de montrer comment le milieu cosmopolite des réseaux communistes a favorisé le développement de nouvelles stratégies visuelles, comme la statistique en image.
History of Photography, 2021
Intended to promote the success of rapid industrialisation, especially at the time of the first F... more Intended to promote the success of rapid industrialisation, especially at the time of the first Five-Year Plan (1928-32), Soviet photography was disseminated to other countries through the networks of the Communist International. The circulation of Soviet photographs in the press helped define a specifically communist visual culture, characterised by idiosyncratic visual tropes and graphic treatment of images through photomontage and dynamic page layout. This article highlights the role of graphic designers and illustrators in the development of political photomontage in France, particularly through periodicals associated with the Communist Party such as Regards and the Almanach ouvrier et paysan. These illustrated publications often borrowed their iconography and innovative page layout directly from Soviet magazines such as USSR in Construction. By showing how images have been appropriated and transformed, I suggest that communist editors in the early 1930s encouraged a type of militant participation that challenged individual authorship.
Transbordeur, 2023
Article in open access on the journal's website : https://transbordeur.ch/fr/2023/introduction-ge... more Article in open access on the journal's website : https://transbordeur.ch/fr/2023/introduction-genealogie-images-composite/
Introduction au numéro 7 de Transbordeur : "Images composites". Ce numéro est consacré à l’histoire des manipulations photographiques d’où résultent des images hybrides, composées de plusieurs photographies ou mêlant la photographie à d’autres techniques d’imagerie. À la suite de récents travaux interrogeant l’histoire du photomontage sur le temps long, du XIXe siècle à la culture numérique actuelle, ce numéro propose une histoire parallèle de la photographie : une histoire dans laquelle la composition prime sur l’enregistrement.
Damarice Amao et Emmanuelle Kouchner (dir.), Charlotte Perriand, politique du photomontage. Comment voulons-nous vivre ?, Arles, Actes Sud, 2021.
Sébastien Quéquet (dir.), Histoires de photographies : collections du Musée des Arts décoratifs, Paris, Musée des Arts décoratifs, 2021
Technique & design graphique, ed. Vivien Philizot, Jérôme Saint-Loubert Bié, Paris / B42, Strasbourg: HEAR, 2020
Artefact, 2019
https://journals.openedition.org/artefact/3181
Les outils de l’iconologie, appliqués à la pres... more https://journals.openedition.org/artefact/3181
Les outils de l’iconologie, appliqués à la presse illustrée des années 1930, permettent de mettre en évidence le sens politique et idéologique de l’imagerie du déclin civilisationnel, omniprésente dans ces années. L’inquiétude grandissante face au développement du « machinisme » tend à se formuler visuellement par des rapports d’échelle : on opposera alors le gigantisme des machines à la petitesse de l’homme, menacé d’être dépassé par ses propres réalisations. L’article retrace la migration de certains motifs, comme celui d’un homme pris dans d’immenses engrenages, qui cheminent de l’iconographie militante vers la culture de masse. Différentes visions du progrès technique sont à distinguer, en fonction des contextes culturels et nationaux : ainsi la démesure technologique, qui caractériserait à la fois les États-Unis et l’URSS, définit en creux la situation de la France à cette époque, volontiers présentée comme le « pays de la mesure ».
Sophie Aymes, Brigitte Friant-Kessler & Maxime Leroy (ed.), Illustrating Hisory, Book practices & textual itineraries, vol.7, ed. Nathalie Collé & Monica Latham, Nancy, PUN-Editions universitaires de Lorraine, 2019
RESUME : L'Almanach ouvrier et paysan, publié par le Parti communiste français à partir de 1926, ... more RESUME : L'Almanach ouvrier et paysan, publié par le Parti communiste français à partir de 1926, est un bon exemple de la manière dont une forme traditionnelle d'édition populaire fut détournée à des fins de propagande. Mais en s'appropriant le format de l'almanach, les militants communistes en modernisèrent aussi la forme. Le photomontage, une technique d'illustration très prisée par les avant-gardes artistiques, y occupe une place importante. Pour comprendre cette interaction entre références à la tradition et formes visuelles modernes, il faut revenir sur la stratégie d'agit-prop mise en place par l'Internationale communiste, ainsi que sur les relations complexes entre avant-gardes artistiques et militantisme. Le photomontage permet surtout de déployer une rhétorique de l'image qui se décline en plusieurs types (montage d'opposition, image prospective) : une logique de l'image construite qui participe en même temps à la construction d'identités politiques.
ABSTRACT: The Almanach ouvrier et paysan [The Workers' and Farmers' Almanac], published by the French Communist Party from 1926, exemplifies how a traditional form of popular print was repurposed as propaganda. By appropriating the format of the almanac, communist militants modernized its form. Photomontage-an illustration technique widely used by the artistic avant-garde-occupies a central place. The interaction between references to tradition and modern visual forms is related to the Communist International's strategy of agitprop, as well as to the complex relations between the artistic avant-garde and militancy. Photomontage allows for a specific rhetoric of images and two particular examples are examined-oppositional montage and prospective images-in order to show that the logic of constructed images contributes to the construction of political identities.
Shift, issue 11 : "Blood and earth and soil", 2019
https://shiftjournal.org/issue-11/bonhomme/
Image [&] Narrative, vol.19, n°4, 2018
The economic and social crisis of the 1930s prompted unprecedented responses from image practitio... more The economic and social crisis of the 1930s prompted unprecedented responses from image practitioners. What are the appropriate means to visualise the highly abstract economic processes that generated the crisis and perpetuate it? Among photographers, the period was marked by the development of modern social documentary. In the illustrated press, photography was used as a raw material for graphic compositions combining photomontage and statistical data. Following Otto Neurath’s famous “Viennese method” or Isotype, data visualization is renewing its methods, offering effective tools for a visual pedagogy applied to economics. We propose to analyse these processes as typical of a new visual culture, closely associated with the promotion of economic planning, supported by communists and part of the socialists. Beyond the press, this graphic culture spread on a monumental scale in the major international exhibitions of the late 1930s.
in Damarice Amao, Florian Ebner et Christian Joschke (dir.), Photograhie, arme de classe, cat.expo. Paris, Centre Pompidou / éditions Textuel, 2018
François Hers (né en 1943) est aujourd’hui surtout connu pour avoir été directeur artistique et t... more François Hers (né en 1943) est aujourd’hui surtout connu pour avoir été directeur artistique et technique de la Mission photographique de la DATAR (1983-1989) et formalisé le Protocole des Nouveaux commanditaires. Son œuvre en tant que photographe se situe à un moment de profond renouvellement du champ photographique, entre les remises en cause qui frappent la tradition du reportage et la problématique de son intégration dans l’art contemporain. En analysant les différents domaines dans lesquels il s’inscrit et ses partis pris esthétiques, se révèle la complexité du parcours d’un photographe, soucieux d’interroger en permanence la place attribuée à l’artiste dans la société. Entre les années 1970 et 1980, François Hers contribue à une relecture de la tradition documentaire dans la photographie contemporaine, tout en déployant une réflexion sur la commande, fondée sur l’idée de restituer à l’art sa fonction sociale.
Book Reviews by Max Bonhomme
Analyse des enjeux théoriques du colloque "Que font les images dans l'espace public ?" organisé p... more Analyse des enjeux théoriques du colloque "Que font les images dans l'espace public ?" organisé par l'Université de Genève en janvier 2017. J'y aborde notamment la manière dont fut posé le problème de la "performativité". En étudiant l'impact des images à partir de leur inscription spatiale, les études visuelles sont susceptibles de nouer un dialogue fructueux avec des disciplines comme la géographie et l'urbanisme.
Seminars, workshops, conferences (organized) by Max Bonhomme
https://imageries.hypotheses.org, 2022
L’atelier se donne pour objectif, d’une part, de promouvoir la réflexion autour de la sérialité e... more L’atelier se donne pour objectif, d’une part, de promouvoir la réflexion autour de la sérialité et de la matérialité des images, induites par la notion d’imagerie ; d’autre part, de mettre en commun références théoriques et méthodes de travail afin de développer l’étude des images ordinaires (illustrations de presse, publicités, ephemera, créations vernaculaires, stock photos, mèmes, etc.) dans une perspective d’inspiration matérialiste, nourrie de l’apport des sciences sociales. L’accent sera mis sur la production, l’économie, la circulation, la consommation, ou encore les usages des images autant, sinon davantage, que sur les représentations qu’elles proposent.
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Videos by Max Bonhomme
PhD dissertation (table of contents) by Max Bonhomme
PhD dissertation "Graphic Propaganda : Photomontage in the Visual Culture of the French Left (1925-1939)". Université Paris Nanterre, 2020. Under the supervision of Rémi Labrusse and Christian Joschke.
Cette étude porte sur la place du photomontage dans le graphisme français de l’entre-deux-guerres, plus particulièrement dans la presse illustrée, l’affiche et la propagande politique. Fondé sur la combinaison d’éléments photographiques de façon à créer des images composites, généralement reproduites par impression photomécanique, le photomontage a été promu par les graphistes d’avant-garde mais aussi par les éditeurs de presse à grand tirage. Il devient à partir des années 1920 un élément caractéristique de la culture visuelle moderne, jusqu’à investir très largement les pavillons de l’Exposition internationale de 1937. Si les développements du photomontage en URSS et en Allemagne sont bien connus, la France a souvent été considérée comme réticente à l’usage de ce procédé, privilégiant un modernisme mesuré et un ancrage dans le dessin. En analysant le rôle des réseaux culturels communistes dans le développement du photomontage politique, nous identifions des phénomènes de transferts culturels étroitement liés à la sociabilité militante. L’étude de la production imprimée des organisations de gauche permet d’expliciter les fonctions attribuées à l’image comme moyen d’influence politique. Sur le plan iconographique, les photomontages se caractérisent par des procédés rhétoriques qui orientent la lecture du document photographique. Sur le plan du montage, s’opère une conjonction de temporalités hétérogènes. En prêtant une attention particulière à la fois aux conditions de production, aux réseaux d’acteurs et aux discours de légitimation, nous proposons un essai en iconologie politique qui en même temps se situe au plus près de la matérialité des images.
This study examines the place of photomontage in French graphic design between the two world wars, particularly in the illustrated press, posters and political propaganda. Based on the combination of photographic elements to create composite images, generally reproduced by photomechanical printing, photomontage was promoted by avant-garde graphic designers but also by editors of large-circulation magazines. From the 1920s onwards, it became a characteristic element of modern visual culture, until it was widely used in the pavilions of the 1937 Exposition internationale in Paris. While the developments of photomontage in the USSR and Germany are well known, France was often considered to be reluctant to this technique, favouring instead a measured modernism and drawn illustrations. By analysing the role of communist cultural networks in the development of political photomontage, we identify phenomena of cultural transfer closely related to militant sociability. The study of the printed production of left-wing organisations makes it possible to clarify the functions attributed to the image as a means of political influence. On the iconographic level, photomontages are characterised by rhetorical processes which guide the reading of the photographic document. On the level of montage, they allow for a conjunction of heterogeneous temporalities in a single image. By paying attention to the conditions of production, to the networks of actors and to the discourses of legitimation, this essay in political iconology remains as close as possible to the materiality of images.
Papers by Max Bonhomme
Introduction au numéro 7 de Transbordeur : "Images composites". Ce numéro est consacré à l’histoire des manipulations photographiques d’où résultent des images hybrides, composées de plusieurs photographies ou mêlant la photographie à d’autres techniques d’imagerie. À la suite de récents travaux interrogeant l’histoire du photomontage sur le temps long, du XIXe siècle à la culture numérique actuelle, ce numéro propose une histoire parallèle de la photographie : une histoire dans laquelle la composition prime sur l’enregistrement.
https://madparis.fr/francais/musees/musee-des-arts-decoratifs/expositions/prochaines-expositions/histoires-de-photographies-collections-du-musee-des-arts-decoratifs/
Les outils de l’iconologie, appliqués à la presse illustrée des années 1930, permettent de mettre en évidence le sens politique et idéologique de l’imagerie du déclin civilisationnel, omniprésente dans ces années. L’inquiétude grandissante face au développement du « machinisme » tend à se formuler visuellement par des rapports d’échelle : on opposera alors le gigantisme des machines à la petitesse de l’homme, menacé d’être dépassé par ses propres réalisations. L’article retrace la migration de certains motifs, comme celui d’un homme pris dans d’immenses engrenages, qui cheminent de l’iconographie militante vers la culture de masse. Différentes visions du progrès technique sont à distinguer, en fonction des contextes culturels et nationaux : ainsi la démesure technologique, qui caractériserait à la fois les États-Unis et l’URSS, définit en creux la situation de la France à cette époque, volontiers présentée comme le « pays de la mesure ».
ABSTRACT: The Almanach ouvrier et paysan [The Workers' and Farmers' Almanac], published by the French Communist Party from 1926, exemplifies how a traditional form of popular print was repurposed as propaganda. By appropriating the format of the almanac, communist militants modernized its form. Photomontage-an illustration technique widely used by the artistic avant-garde-occupies a central place. The interaction between references to tradition and modern visual forms is related to the Communist International's strategy of agitprop, as well as to the complex relations between the artistic avant-garde and militancy. Photomontage allows for a specific rhetoric of images and two particular examples are examined-oppositional montage and prospective images-in order to show that the logic of constructed images contributes to the construction of political identities.
Book Reviews by Max Bonhomme
Seminars, workshops, conferences (organized) by Max Bonhomme
PhD dissertation "Graphic Propaganda : Photomontage in the Visual Culture of the French Left (1925-1939)". Université Paris Nanterre, 2020. Under the supervision of Rémi Labrusse and Christian Joschke.
Cette étude porte sur la place du photomontage dans le graphisme français de l’entre-deux-guerres, plus particulièrement dans la presse illustrée, l’affiche et la propagande politique. Fondé sur la combinaison d’éléments photographiques de façon à créer des images composites, généralement reproduites par impression photomécanique, le photomontage a été promu par les graphistes d’avant-garde mais aussi par les éditeurs de presse à grand tirage. Il devient à partir des années 1920 un élément caractéristique de la culture visuelle moderne, jusqu’à investir très largement les pavillons de l’Exposition internationale de 1937. Si les développements du photomontage en URSS et en Allemagne sont bien connus, la France a souvent été considérée comme réticente à l’usage de ce procédé, privilégiant un modernisme mesuré et un ancrage dans le dessin. En analysant le rôle des réseaux culturels communistes dans le développement du photomontage politique, nous identifions des phénomènes de transferts culturels étroitement liés à la sociabilité militante. L’étude de la production imprimée des organisations de gauche permet d’expliciter les fonctions attribuées à l’image comme moyen d’influence politique. Sur le plan iconographique, les photomontages se caractérisent par des procédés rhétoriques qui orientent la lecture du document photographique. Sur le plan du montage, s’opère une conjonction de temporalités hétérogènes. En prêtant une attention particulière à la fois aux conditions de production, aux réseaux d’acteurs et aux discours de légitimation, nous proposons un essai en iconologie politique qui en même temps se situe au plus près de la matérialité des images.
This study examines the place of photomontage in French graphic design between the two world wars, particularly in the illustrated press, posters and political propaganda. Based on the combination of photographic elements to create composite images, generally reproduced by photomechanical printing, photomontage was promoted by avant-garde graphic designers but also by editors of large-circulation magazines. From the 1920s onwards, it became a characteristic element of modern visual culture, until it was widely used in the pavilions of the 1937 Exposition internationale in Paris. While the developments of photomontage in the USSR and Germany are well known, France was often considered to be reluctant to this technique, favouring instead a measured modernism and drawn illustrations. By analysing the role of communist cultural networks in the development of political photomontage, we identify phenomena of cultural transfer closely related to militant sociability. The study of the printed production of left-wing organisations makes it possible to clarify the functions attributed to the image as a means of political influence. On the iconographic level, photomontages are characterised by rhetorical processes which guide the reading of the photographic document. On the level of montage, they allow for a conjunction of heterogeneous temporalities in a single image. By paying attention to the conditions of production, to the networks of actors and to the discourses of legitimation, this essay in political iconology remains as close as possible to the materiality of images.
Introduction au numéro 7 de Transbordeur : "Images composites". Ce numéro est consacré à l’histoire des manipulations photographiques d’où résultent des images hybrides, composées de plusieurs photographies ou mêlant la photographie à d’autres techniques d’imagerie. À la suite de récents travaux interrogeant l’histoire du photomontage sur le temps long, du XIXe siècle à la culture numérique actuelle, ce numéro propose une histoire parallèle de la photographie : une histoire dans laquelle la composition prime sur l’enregistrement.
https://madparis.fr/francais/musees/musee-des-arts-decoratifs/expositions/prochaines-expositions/histoires-de-photographies-collections-du-musee-des-arts-decoratifs/
Les outils de l’iconologie, appliqués à la presse illustrée des années 1930, permettent de mettre en évidence le sens politique et idéologique de l’imagerie du déclin civilisationnel, omniprésente dans ces années. L’inquiétude grandissante face au développement du « machinisme » tend à se formuler visuellement par des rapports d’échelle : on opposera alors le gigantisme des machines à la petitesse de l’homme, menacé d’être dépassé par ses propres réalisations. L’article retrace la migration de certains motifs, comme celui d’un homme pris dans d’immenses engrenages, qui cheminent de l’iconographie militante vers la culture de masse. Différentes visions du progrès technique sont à distinguer, en fonction des contextes culturels et nationaux : ainsi la démesure technologique, qui caractériserait à la fois les États-Unis et l’URSS, définit en creux la situation de la France à cette époque, volontiers présentée comme le « pays de la mesure ».
ABSTRACT: The Almanach ouvrier et paysan [The Workers' and Farmers' Almanac], published by the French Communist Party from 1926, exemplifies how a traditional form of popular print was repurposed as propaganda. By appropriating the format of the almanac, communist militants modernized its form. Photomontage-an illustration technique widely used by the artistic avant-garde-occupies a central place. The interaction between references to tradition and modern visual forms is related to the Communist International's strategy of agitprop, as well as to the complex relations between the artistic avant-garde and militancy. Photomontage allows for a specific rhetoric of images and two particular examples are examined-oppositional montage and prospective images-in order to show that the logic of constructed images contributes to the construction of political identities.
Editors : Estelle Blaschke, Max Bonhomme, Christian Joschke, Antonio Somaini
These shifts in the notion of photography are not, however, solely due to the rise of digital technology. They draw on a long history of the composite image that we intend to develop in the 7th issue of the journal Transbordeur. Talking about composite images rather than “photomontages” allows us to turn away from a narrative influenced mainly by the twentieth-century avant-gardes (Dadaism, Constructivism, Surrealism), and to broaden our point of view beyond the field of art. The modern Western discourse using the industrial metaphor of the mechanical assemblage of pre-existing elements does not cover all the ranges of photographic manipulation.
For this issue edited by Laura Truxa, Max Bonhomme and Christian Joschke, we are therefore looking for contributions that examine the relevance of the notion of “composite images” for the history and theory of photography, as well as in the wider field of visual and media studies. Particular emphasis will be placed on the tools and practices of the image, so as to question the limits between retouching and editing, including software such as Photoshop, which plays a central role in our contemporary visual culture. Papers may address one of the following themes, though this should not be taken as exhaustive: 1) Gestures, professions and techniques of composite images; 2) Uses of composite images: production of knowledge and prospective representations; 3) Play and satire at the origin of photographic compositions.
Abstracts must be sent to Laura Truxa (truxa.laura@gmail.com), Max Bonhomme (maxbonhomme8@gmail.com) and Christian Joschke (christian.joschke@gmail.com) before September 15th 2021.
Ces transformations photographiques ne sont toutefois pas imputables au seul passage au numérique. Elles viennent puiser dans une histoire longue de l’image composite que le numéro 7 de la revue Transbordeur entend développer. Parler d’images composites plutôt que de « photomontages » nous permettra de nous détourner d’un récit orienté principalement par les avant-gardes du XXe siècle (dadaïsme, constructivisme, surréalisme), et d’élargir notre point de vue au-delà du champ de l’art. Le discours moderne occidental employant la métaphore industrielle de l’assemblage mécanique d’éléments préexistants ne couvre pas, loin s’en faut, toute la diversité des manipulations photographiques.
Pour le 7e numéro de Transbordeur, dirigé par Laura Truxa, Max Bonhomme et Christian Joschke, nous recherchons donc des contributions qui puissent interroger la pertinence de la notion d’« images composites » pour l’histoire et la théorie de la photographie, ainsi que dans le champ élargi des visual studies et des media studies. Un accent particulier sera mis sur les outils et les pratiques de l’image, de façon à questionner les limites entre retouche et montage, jusqu’à des logiciels comme Photoshop, qui jouent un rôle central dans notre culture visuelle contemporaine. Trois grands axes pourraient être distingués, sans que cela n’épuise la question. 1e axe : Gestes, métiers et techniques des images composites ; 2e axe : Usages des images composites : production de savoirs et représentations prospectives ; 3e axe : Humour et satire à l’origine de compositions photographiques.
Télécharger ici le CFP complet en format PDF : https://transbordeur.ch/fr/tr7-cfp/
Les propositions d’articles sont à adresser à Laura Truxa (truxa.laura@gmail.com), Max Bonhomme (maxbonhomme8@gmail.com) et Christian Joschke (christian.joschke@gmail.com) avant le 15 septembre 2021.
Communication présentée lors de la journée d'étude "Aux marges de l'imprimé, l'imprimé à la marge : cultures populaires, minoritaires et alternatives de l'imprimé, 1840-1940", organisée par Laura Truxa et Nathalie Sebayashi (EHESS - CRAL / CEHTA), le 20 janvier 2021.
Before the 1930s, the French working class was composed of various political identities, among which were the anarchist movements in particular. Following the creation of the French Communist Party in 1920 and with the propaganda effort undertaken by the Soviet Union, a distinctively communist visual culture emerged, with its own symbols and its own visual communication. The illustrated press is the main vector of this internationalist communist culture. From this point of view, the role of Willi Münzenberg was crucial. An agent of the Comintern and founder of the International Workers' Relief, he initiated in France the creation of a new magazine for the working class: Regards, inspired by the German Arbeiter Illustrierte Zeitung.
Within the visual strategies of the communist press, photomontage occupies a central place. This technique, developed in particular by the avant-garde dadaists and constructivists, constitutes an overcoming of the autonomy of the work of art, to the benefit of a device of critical illustration, fully aware of the potentialities of technical reproducibility. As evidenced by the work of John Heartfield, political photomontage borrows many rhetorical and visual processes from caricature and satirical drawing. However, it replaces the drawing with photographic realism, which establishes a critical relationship to the notion of document.
The appropriation of this technique in the French political press reveals the evolution of the French Communist Party in relation to the question of class identities. The montages proved to be particularly virulent during the period when the class-to-class strategy prevailed (1928-1935), including against the Socialists of the SFIO, while at the time of the Popular Front (1935 -1938), the illustrations lose their critical charge in favor of the idea of "national reconciliation". The evolution of photomontage in France thus testifies to the transition from a "proletarian" visual culture to a "popular" visual culture; from confrontation to the will to unity.
Forme paradigmatique des enjeux du « phototexte », le photomontage occupe une place centrale dans le militantisme visuel des années 1930. Comme en témoigne l’œuvre de John Heartfield, le photomontage politique emprunte de nombreux procédés rhétoriques et visuels à la caricature et au dessin satirique. Cependant, il substitue au dessin le réalisme photographique, et instaure un rapport critique à l'image documentaire par le truchement de la légende.
L'appropriation de cette technique dans la presse politique française révèle l'évolution du parti communiste français par rapport à la question des identités de classe. Ainsi, les montages se révèlent particulièrement virulents dans la période militante où prévaut la stratégie « classe contre classe » (1928-1935), y compris à l'encontre des socialistes de la SFIO, tandis qu'à l'heure du Front populaire (1935-1938), les illustrations perdent de leur charge critique. L'évolution du photomontage en France témoigne donc du passage d'une culture visuelle « prolétarienne » à une culture visuelle « populaire » ; de la confrontation à la volonté d'unité.
En détournant les photographies de leur contexte initial pour leur attribuer une charge critique, notamment par le biais de légendes souvent acerbes ou ironiques, le photomontage politique des années 1930 fait figure d'antécédent à la culture du « mème » politique qui s'est récemment développée sur les réseaux sociaux. En effet, les montages, souvent anonymes et réalisés par des militants plutôt que par des artistes confirmés, témoignent d'une politique de l'image « pauvre » qui dresse un pont entre la culture visuelle de la presse illustrée et les nouvelles guerres de l'image sur internet.