L'armée française de la seconde moitié du XVIIIe siècle constitue le cadre d'un vaste tra... more L'armée française de la seconde moitié du XVIIIe siècle constitue le cadre d'un vaste travail de réforme disciplinaire. Face à l'émergence d'un nouveau modèle prussien, dès la guerre de Succession d'Autriche, se pose en effet la question de l'amélioration des capacités manœuvrières et tactiques des troupes, ce qui conduit, à partir des années 1750, au renforcement des exigences en matière de formation et d'exercice du soldat. Les défaites de la guerre de Sept ans favorisent l'accélération et l'élargissement de ce travail qui touche désormais à l'organisation de la hiérarchie, comme à la question de la justice militaire. L'ensemble de l'économie disciplinaire est ainsi repensé, avec pour objectif la recherche d'une obéissance passive et la production de « corps dociles ». Cette évolution suscite néanmoins de nombreuses critiques et réflexions chez les officiers, qui prennent alors la plume pour présenter leurs propres projets de réf...
Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques, 2013
Le XVIIIe siècle est une période d’intense réflexion tactique. La notion de choc est en particuli... more Le XVIIIe siècle est une période d’intense réflexion tactique. La notion de choc est en particulier au cœur de la réflexion des officiers qui tendent alors à l’interpréter à la lumière des sciences du mouvement. Ce recours à la mécanique pour appréhender un moment clé du combat s’inscrit pleinement dans le courant des Lumières militaires, marqué avant tout par la volonté d’extraire la guerre du domaine du hasard en la soumettant à des règles et des principes purement géométriques. Au-delà de cette approche rationnelle, il apparaît néanmoins que l’influence exercée par le modèle du choc des corps physiques tient également à l’imaginaire qu’il véhicule. La construction du choc se situe ainsi au croisement entre science et aspirations morales des combattants.Guinier Arnaud. Entre raison calculatrice et aspirations morales : le choc dans la pensée militaire du XVIIIe siècle. In: Combattre à l’époque moderne. Actes du 136e Congrès national des sociétés historiques et scientifiques, « Faire la guerre, faire la paix », Perpignan, 2011. Paris : Editions du CTHS, 2013. pp. 84-93. (Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques, 136-6
Les multiples revers essuyes par la France au cours de la guerre de Sept Ans furent le point de d... more Les multiples revers essuyes par la France au cours de la guerre de Sept Ans furent le point de depart d’une veritable refonte de l’armee poursuivie jusqu’a la Revolution. Les mesures adoptees dans cette perspective sont aujourd’hui bien connues. Elles ont fait l’objet de multiples analyses qui se sont attachees a comprendre le renouveau de l’organisation militaire d’un point de vue institutionnel et social. Cette premiere approche se double depuis peu d’une interpretation plus culturelle. Appuyee en particulier sur les ecrits des officiers, cette derniere s’est efforcee de demontrer l’apparition au lendemain de la guerre de Sept Ans d’un nouvel ideal du soldat, allant jusqu’a evoquer l’idee d’une « citoyennisation » de l’homme du rang. Au travail de restructuration de l’outil militaire s’opposerait ainsi un regard nouveau porte sur le soldat a l’issue de la paix de Paris, sans que ces deux evolutions ne semblent entretenir de veritables liens. En effet, l’idee que la transformation des modalites de l’encadrement exerce sur le rang ait pu contribuer a la volonte de rapprocher le soldat du citoyen n’a guere ete etudiee. Cet article propose de revenir sur cette dichotomie en postulant que les reformes menees dans l’armee francaise des Lumieres entretinrent au contraire un rapport etroit avec l’apparition d’un nouveau discours sur le soldat. La recherche d’une plus grande efficacite passait en effet par un bouleversement du statut politique de l’officier comme de ses hommes. C’est a partir de cette rupture, et des reflexions qu’elle suscite, que peut etre veritablement saisi l’enjeu d’une reflexion nouvelle autour du soldat-citoyen.
Les multiples revers essuyés par la France au cours de la guerre de Sept Ans furent le point de d... more Les multiples revers essuyés par la France au cours de la guerre de Sept Ans furent le point de départ d’une véritable refonte de l’armée poursuivie jusqu’à la Révolution. Les mesures adoptées dans cette perspective sont aujourd’hui bien connues. Elles ont fait l’objet de multiples analyses qui se sont attachées à comprendre le renouveau de l’organisation militaire d’un point de vue institutionnel et social. Cette première approche se double depuis peu d’une interprétation plus culturelle. Appuyée en particulier sur les écrits des officiers, cette dernière s’est efforcée de démontrer l’apparition au lendemain de la guerre de Sept Ans d’un nouvel idéal du soldat, allant jusqu’à évoquer l’idée d’une « citoyennisation » de l’homme du rang. Au travail de restructuration de l’outil militaire s’opposerait ainsi un regard nouveau porté sur le soldat à l’issue de la paix de Paris, sans que ces deux évolutions ne semblent entretenir de véritables liens. En effet, l’idée que la transformation des modalités de l’encadrement exercé sur le rang ait pu contribuer à la volonté de rapprocher le soldat du citoyen n’a guère été étudiée. Cet article propose de revenir sur cette dichotomie en postulant que les réformes menées dans l’armée française des Lumières entretinrent au contraire un rapport étroit avec l’apparition d’un nouveau discours sur le soldat. La recherche d’une plus grande efficacité passait en effet par un bouleversement du statut poli- tique de l’officier comme de ses hommes. C’est à partir de cette rupture, et des réflexions qu’elle suscite, que peut être véritablement saisi l’enjeu d’une réflexion nouvelle autour du soldat-citoyen.
L'armée française de la seconde moitié du XVIIIe siècle constitue le cadre d'un vaste tra... more L'armée française de la seconde moitié du XVIIIe siècle constitue le cadre d'un vaste travail de réforme disciplinaire. Face à l'émergence d'un nouveau modèle prussien, dès la guerre de Succession d'Autriche, se pose en effet la question de l'amélioration des capacités manœuvrières et tactiques des troupes, ce qui conduit, à partir des années 1750, au renforcement des exigences en matière de formation et d'exercice du soldat. Les défaites de la guerre de Sept ans favorisent l'accélération et l'élargissement de ce travail qui touche désormais à l'organisation de la hiérarchie, comme à la question de la justice militaire. L'ensemble de l'économie disciplinaire est ainsi repensé, avec pour objectif la recherche d'une obéissance passive et la production de « corps dociles ». Cette évolution suscite néanmoins de nombreuses critiques et réflexions chez les officiers, qui prennent alors la plume pour présenter leurs propres projets de réf...
Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques, 2013
Le XVIIIe siècle est une période d’intense réflexion tactique. La notion de choc est en particuli... more Le XVIIIe siècle est une période d’intense réflexion tactique. La notion de choc est en particulier au cœur de la réflexion des officiers qui tendent alors à l’interpréter à la lumière des sciences du mouvement. Ce recours à la mécanique pour appréhender un moment clé du combat s’inscrit pleinement dans le courant des Lumières militaires, marqué avant tout par la volonté d’extraire la guerre du domaine du hasard en la soumettant à des règles et des principes purement géométriques. Au-delà de cette approche rationnelle, il apparaît néanmoins que l’influence exercée par le modèle du choc des corps physiques tient également à l’imaginaire qu’il véhicule. La construction du choc se situe ainsi au croisement entre science et aspirations morales des combattants.Guinier Arnaud. Entre raison calculatrice et aspirations morales : le choc dans la pensée militaire du XVIIIe siècle. In: Combattre à l’époque moderne. Actes du 136e Congrès national des sociétés historiques et scientifiques, « Faire la guerre, faire la paix », Perpignan, 2011. Paris : Editions du CTHS, 2013. pp. 84-93. (Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques, 136-6
Les multiples revers essuyes par la France au cours de la guerre de Sept Ans furent le point de d... more Les multiples revers essuyes par la France au cours de la guerre de Sept Ans furent le point de depart d’une veritable refonte de l’armee poursuivie jusqu’a la Revolution. Les mesures adoptees dans cette perspective sont aujourd’hui bien connues. Elles ont fait l’objet de multiples analyses qui se sont attachees a comprendre le renouveau de l’organisation militaire d’un point de vue institutionnel et social. Cette premiere approche se double depuis peu d’une interpretation plus culturelle. Appuyee en particulier sur les ecrits des officiers, cette derniere s’est efforcee de demontrer l’apparition au lendemain de la guerre de Sept Ans d’un nouvel ideal du soldat, allant jusqu’a evoquer l’idee d’une « citoyennisation » de l’homme du rang. Au travail de restructuration de l’outil militaire s’opposerait ainsi un regard nouveau porte sur le soldat a l’issue de la paix de Paris, sans que ces deux evolutions ne semblent entretenir de veritables liens. En effet, l’idee que la transformation des modalites de l’encadrement exerce sur le rang ait pu contribuer a la volonte de rapprocher le soldat du citoyen n’a guere ete etudiee. Cet article propose de revenir sur cette dichotomie en postulant que les reformes menees dans l’armee francaise des Lumieres entretinrent au contraire un rapport etroit avec l’apparition d’un nouveau discours sur le soldat. La recherche d’une plus grande efficacite passait en effet par un bouleversement du statut politique de l’officier comme de ses hommes. C’est a partir de cette rupture, et des reflexions qu’elle suscite, que peut etre veritablement saisi l’enjeu d’une reflexion nouvelle autour du soldat-citoyen.
Les multiples revers essuyés par la France au cours de la guerre de Sept Ans furent le point de d... more Les multiples revers essuyés par la France au cours de la guerre de Sept Ans furent le point de départ d’une véritable refonte de l’armée poursuivie jusqu’à la Révolution. Les mesures adoptées dans cette perspective sont aujourd’hui bien connues. Elles ont fait l’objet de multiples analyses qui se sont attachées à comprendre le renouveau de l’organisation militaire d’un point de vue institutionnel et social. Cette première approche se double depuis peu d’une interprétation plus culturelle. Appuyée en particulier sur les écrits des officiers, cette dernière s’est efforcée de démontrer l’apparition au lendemain de la guerre de Sept Ans d’un nouvel idéal du soldat, allant jusqu’à évoquer l’idée d’une « citoyennisation » de l’homme du rang. Au travail de restructuration de l’outil militaire s’opposerait ainsi un regard nouveau porté sur le soldat à l’issue de la paix de Paris, sans que ces deux évolutions ne semblent entretenir de véritables liens. En effet, l’idée que la transformation des modalités de l’encadrement exercé sur le rang ait pu contribuer à la volonté de rapprocher le soldat du citoyen n’a guère été étudiée. Cet article propose de revenir sur cette dichotomie en postulant que les réformes menées dans l’armée française des Lumières entretinrent au contraire un rapport étroit avec l’apparition d’un nouveau discours sur le soldat. La recherche d’une plus grande efficacité passait en effet par un bouleversement du statut poli- tique de l’officier comme de ses hommes. C’est à partir de cette rupture, et des réflexions qu’elle suscite, que peut être véritablement saisi l’enjeu d’une réflexion nouvelle autour du soldat-citoyen.
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