ILLIMITÉ
Toxique
Voilà, maman, c’est la première et la dernière fois que je te rends visite à l’hôpital. Je me surprends à verser quelques larmes en voyant ton corps amaigri relié à ces machines. Sans doute resteras-tu à tout jamais ma mère et garderai-je un souvenir heureux pour me faire croire que tu m’as véritablement aimée, à ta façon. Je ne veux pas que tu me manques. Tu es désormais à ta place dans le néant. Tu n’as eu que ce que tu méritais.
Papa est en prison. A cause de toi. Il va peut-être payer durant des années d’avoir voulu me protéger de ta folie.
Tu as bien caché ton jeu! Tout le monde t’a prise pour une mère parfaite. Il faut dire que tu en as passé, du temps à mon chevet ! J’étais tout le temps malade, je n’allais presque jamais au lycée et quand j’y allais, il m’arrivait de ne pas pouvoir finir la journée.
Comment est-ce que j’aurais pu deviner que tu m’assassinais à petit feu?
Tu es ma mère! Je te faisais confiance! Je remettais ma vie entre tes mains. Tu me disais que papa ne savait pas s’occuper de moi et tu ne voulais même plus qu’il m’approche. Tu me veillais nuit et jour, jusqu’à dormir dans un fauteuil au pied de mon lit. Tu étais si fatiguée que tu perdais tes cheveux et que tes yeux étaient toujours cernés de noir. Tu avais maigri aussi. Quand j’ouvrais les yeux et que je te voyais penchée sur mon visage, je me disais: « Qu’est-ce qu’elle est merveilleuse, ma mère. C’est un ange. »
Tu parles d’un ange ! Un ange de la mort, oui.
Je serais peut-être morte s’il n’y avait eu cette énième dispute entre papa et toi. Cela faisait une semaine que tu ne le laissais plus me voir. Il est entré dans ma chambre ce soir-là, et tu as tenté de l’en chasser. Vous vous êtes battus, tu es tombée et ta tête a heurté le marbre de la commode. Trois mois de coma déjà et les médecins ne se prononcent pas. Tu peux très
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