C’est une erreur !

Lorsqu’elle émergea assez brutalement son profond , comme on remonte du fond d’une mine par un ascenseur beaucoup trop rapide, Laurence eut la désagréable impression d’être giflée et secouée par un sauveteur un peu trop zélé. Sa main chercha en tâtonnant le bouton d’arrêt de l’alarme de son réveil.

Mais il ne voulait pas s’arrêter. Elle maudit silencieusementle concepteur de l’appareil. Et toute la famille de ce dernier avec, sur sept générations. En décollant péniblement une paupière, elle vit que les chiffres lumineux affichaient un insolent trois heures du matin. Comment la sonnerie réglée depuis des lustres pouvait-elle avoir soudain et par magie pris cette liberté incongrue? Ruiner ainsi son sommeil, son humeur et peut-être, par ricochet, sa santé pour la semaine à venir!

C’est alors qu’elle se rendit compte que l’alarme n’était pour rien dans son réveil anticipé.

Non, c’était son téléphone le coupable.

– C’est pas vrai, bougonna-t-elle, quelqu’un est mort ?…

Soudain angoissée, elle saisit son portable sur la table de nuit et répondit à l’appel mystérieux d’un « allô » un peu enroué.

La voix à l’autre bout du fil était masculine, assurément. Et avinée, sans doute. – Salut, Nina, c’est Martial. Je sais qu’il est tard, j’suis désolé. Mais bon, j’avais vraiment super envie d’entendre le son de ta voix. Ça fait longtemps, hein ?

Laurence loucha de nouveau sur le cadran lumineux du réveil. Elle attendit deux secondes avant de répondre, puisant dans ses ressources de civilité pour garder un ton le plus proche possible du calme. – Enchantée, Martial. Et merci de m’avoir réveillée en pleine nuit. On dort toujours trop, de toute façon. Mais je crois… enfin, je suis sûre que vous avez composé un faux numéro. Alors bonne nuit à vous ! Et elle raccrocha, en regrettant vivement le bon vieux temps où l’on pouvait replacer violemment le combiné sur l’appareil. Elle était encore tremblante en se glissant entre ses draps. Cet imbécile plein d’alcool lui avait fait peur et son cœur allait devoir ralentir un peu si elle voulait retrouver le sommeil. Elle connaissait heureusement quelques exercices de respiration