Summer Lodge

Au souvenir de la lourde bâtisse, flanquée d’une tourelle, que le notaire avait fait construire dans le seul but de rivaliser avec Summer Lodge, Maureen ne put s’empêcher de sourire.

– Le savez-vous, maître ? insista-t-elle.

– On le disait criblé de dettes.

– En somme, vous avez fait une bonne affaire ?

– Euh !

– Voilà qui importe peu, coupa Mrs Rilay. Maître Baylon a des révélations à vous faire.

– Notre père avait-il rédigé un testament ?

Maureen n’avait jamais aimé le manoir, mais elle espérait ne pas avoir à le partager avec sa sœur. Elle entrevoyait déjà la possibilité d’y recevoir ses relations londoniennes. La possession de la demeure ancestrale poserait Arthur. Avec un peu de chance et beaucoup de doigté, ce dernier pourrait se faire anoblir par la reine… Enfin, il siégerait à la Chambre des Lords ! Et l’on s’inclinerait bien bas devant Lord et Lady Lern.

– Oui, madame. Il s’agit d’un testament mystique. Si vous le permettez, je vais vous en donner lecture.

– C’est cela… approuva Maureen que l’appréhension faisait trembler.

Appuyé à la cheminée, Lord Hilary se tenait debout. Silencieux, il observait les visages. Celui de Sherry reflétait une grande lassitude, et celui de Mrs Lern une intense excitation. Impassibles, les traits de la gouvernante lui posaient une énigme.

Le notaire, ajustant ses lorgnons, commença d’une voix monocorde : Moi, Howard Trebbleton, sain de corps et d’esprit…

Débités sans chaleur, les mots auraient dû perdre de leur puissance.

… déclare léguer à ma fille Maureen le cottage situé en lisière de Summer Lodge, au lieu-dit Green Water, et tout ce qu’il contient. À ma fille Sherry…

– Quoi !

Maureen s’était dressée. Plus pâle qu’une morte, elle hésitait encore à comprendre :

– Voyons, maître, je rêve. Vous avez sauté un paragraphe, ce n’est pas possible !

Le notaire la regarda par-dessus ses lunettes :

– Je ne peux lire que ce