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ILLIMITÉ

Les Veillées des chaumières

Le train de la vie

Enfin ! Clara se réjouissait d’avoir pu dégager trois heures dans son emploi du temps surchargé de jeune notaire qui vient d’ouvrir son office, un après-midi de liberté pour se rendre à Daillevillers, à trente kilomètres de Saint-Euloge. Oh ! pas pour y faire des courses ou aller au cinéma, non, juste pour prendre le train qui y conduisait. Juste faire le trajet en partant de Saint-Euloge à 14 h 32 et en reprenant à 15 h 51 le train du retour. Même pas le temps d’aller faire un tour en ville ! Mais en réalité, seul le trajet l’intéressait. Il avait bercé, rythmé son existence, il y avait de cela deux ans. À l’époque, elle effectuait un stage de fin d’études dans un grand office notarial de Daillevillers. Elle y avait passé huit mois, qu’elle qualifiait des plus heureux de sa vie. Ils étaient là six stagiaires, tous devenus amis. Ah ! les verres qu’ils allaient boire ensemble après leurs journées de travail, aux horaires plus que fluctuants ! Ils décompressaient, évoquaient les affaires qu’ils avaient traitées et surtout riaient. D’un rien, d’un passant qu’ils jugeaient amusant dont ils se moquaient sous cape, des blagues de Ludo, qui imitait à merveille des clients de l’office, du beau temps, bref, de leur jeunesse dont ils savaient qu’elle s’achevait. Bientôt, ils entreraient « dans la vie active », comme on dit, et dans un métier qu’ils avaient choisi, certes, pour lequel ils avaient travaillé dur, mais qui n’était pas réputé pour sa jovialité.

Alors, Clara était contente de reprendre le train le lundi matin pour rejoindre ses camarades, mais tout aussi contente de monter dedans le vendredi soir pour rejoindre sa famille à Saint-Euloge et se reposer de ces journées « de dingue », comme elle disait. Elle avait fini par connaître par cœur les arrêts sur le parcours, leur durée, et surtout le paysage de campagne qui se déroulait sur le trajet. Elle l’avait connu sous trois saisons différentes, seul manquait le brûlant été. Elle s’était enchantée des parcelles de forêts d’érables rougeoyantes, des champs endormis sous la neige, qui avaient révélé au printemps la luxuriance des pommiers en fleur et leur curieuse population bovine qui, comme chacun sait, adore regarder passer les trains.

Justement, on était fin avril et elle se réjouissait de revoir les haies d’aubépine qui longeaient la voie à certains endroits, l’ancienne maison d’un garde-barrière où une vieille dame, qui paraissait inamovible, tricotait sans relâche dans un fauteuil d’osier, dans un minuscule jardinet au ras de la voie ferrée. Elle avait choisi ce train de début d’après-midi, car elle le savait peu fréquenté. Elle pourrait ainsi se perdre dans la contemplation du paysage sans voisins bavards, courir même de l’autre côté du compartiment à un certain endroit du trajet où, le train effectuant un grand virage, on voyait les lieux sous un tout autre angle. La jeune femme savait d’ailleurs d’avance où elle allait se placer, au milieu du train, dans le sens de

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Une publication du groupe Reworld Media ÉDITEUR REWORLD MEDIA MAGAZINES (SAS) 40, avenue Aristide-Briand – 92220 Bagneux Directeur de la publication : Gautier Normand Actionnaire : Président Reworld Media France (RCS Nanterre 477 494 371) Tél. accu
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