9 – RÉSUMÉ : Le mari de Camille a profité de quelques jours de permission pour rejoindre sa femme et leurs deux fils. Avec Paul, le frère de Camille, tous sont venus partager un moment avec Mathilde, ses enfants Jean et Blanche, et Louise bien sûr. Quelle merveille que ces moments passés tous ensemble à la plage ! Et ce temps suspendu, entre baignade, pique-nique et chansons, donne à chacun le sentiment du bonheur. (Voir Veillées n os 3546 et suivants.)
Le jour de mon entrée au collège arriva. C’était le 1er octobre 1918, j’avais douze ans, je quittais ma mère, ma petite sœur et ma chère Louise pour la première fois de ma vie. Les internes intégraient l’établissement la veille. Aussi, ce dimanche 30 septembre, ma mère m’accompagnait.
Gus menait le cheval ; il avait emprunté une voiture à son patron et semblait très fier de nous emmener. Je portais l’uniforme marine de l’école, réalisé par un tailleur de Pézenas, ce qui avait dû bien écorner le petit pécule de Mathilde, mais elle tenait à ce que je fasse une bonne impression dès mon arrivée. Mes affaires étaient bien rangées dans une grosse malle amarrée à l’arrière de la carriole. Louise et ma mère avaient passé une bonne partie de leurs veillées à coudre mon numéro sur tous mes vêtements, comme le stipulait le règlement intérieur d’Henri-IV.
J’avais le chiffre 1918, tout un symbole… ce que je compris quelques semaines plus tard quand les canons se turent enfin. Camille s’était chargée d’acheter le trousseau. Elle avait l’expérience puisque son aîné était déjà lycéen à Montpellier.
Mes bagages contenaient deux paires de souliers, une paire de pantoufles, des chemises de flanelle, des chaussettes, des gilets et des cache-cols, des mouchoirs et des serviettes, un service de table complet avec cuillère, fourchette et couteau que Paul, mon parrain, avait fait graver à mes initiales, ce que maman trouvait une pure folie… Mais notre ami avait ri, et pour ce rire, elle était prête à tout pardonner.
Pour marquer ce jour spécial,