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CLAIRE MARIN

LE GRAND ENTRETIEN PAR AURÉLIE MARCIREAU ET BAPTISTE LIGER

Si elle publie des livres depuis 2008 (le roman Hors de soi), Claire Marin a fait une entrée fracassante pour un large public onze ans plus tard au rayon essais avec Rupture(s), et confirmé son statut d'autrice qui compte avec Être à sa place en 2022. Elle publie en ce printemps Les Débuts. Le sous-titre du livre? « Par où recommencer? » – et il est en l'espèce très important. Comme dans les ouvrages précédents, elle évoque des écrivains, cite des philosophes et illustre son propos par des moments personnels. Claire Marin fait du pêle-mêle, et ça n'a rien de péjoratif. Lorsqu'elle montre ses cahiers, bardés de Post-it de couleur, qui plus tard donneront corps à ses ouvrages, on saisit mieux pourquoi… Tout se mêle. La variété des références est l'une des particularités de son écriture. Elle qualifie cette dernière de « simple »; on pense plutôt qu'elle est accessible et qu'elle parle au lecteur – une sacrée qualité. Dans ses ouvrages revient un personnage: le garçon de café de Sartre, tiré de L'Être et le Néant. L'homme joue – avec application – au garçon de café et pose, avec cette imitation, la question de l'identité. Une question omniprésente et essentielle chez Claire Marin.

Dans ce dernier livre, elle décortique ainsi la notion de « débuts », parle aussi bien du corps que d'abstraction, des premiers babillages à la question originelle: à quel moment commence-t-on à être soi? Début ou commencement? En douceur ou soudain? Commencer ou recommencer? Grâce à Merleau-Ponty, Rosset, Perec ou Pessoa, la quadragénaire, professeure de philosophie en classe préparatoire dans deux lycées à Paris et en région parisienne invite son lecteur à réfléchir aux « débuts décidés, ceux qui s'improvisent, ceux qui s'invitent dans notre existence comme une éclaircie inespérée ou qui frappent comme un coup de tonnerre dans un ciel La maternité comme l'écriture sont des débuts sans cesse recommencés. L'autrice évoque cette impatience quasi infantile: écritelle […]. Sa grande crainte est de se répéter. Aucun risque, car ses livres sont comme le kaléidoscope adoré de son enfance. Et chaque livre est un peu comme un nouveau monde.

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