Elle aurait pu être mousquetaire: cela ne fait même pas cinq minutes que l'on est chez elle, et Dominique Bona sort de son fourreau son épée d'académicienne. Celle-ci ressemble à un sabre. Sa poignée a la forme d'un 8 – en 2013, notre hôte fut la huitième femme élue Quai Conti. Parce que cette fine lame ne manque pas d'humilité, elle nous montre une autre épée, en bois celle-ci, offerte par des amis qui avaient voulu lui rappeler de ne pas prendre trop au sérieux son entrée chez les immortels. Dans cette pièce dépouillée où elle travaille, on remarque un lion en peluche auquel elle est très attachée, et une belle photo d'elle prise jadis par Bettina Rheims. Qui est ce monsieur dont elle possède un buste? Il s'agit de l'académicien André Maurois, à qui elle avait consacré un livre en 2003, . Ici, on est cerné par les hommes verts: l'immeuble où, elle retrace le parcours de deux autres anciennes grandes figures de la Coupole: Joseph Kessel et Maurice Druon. Si l'on croit comme Nietzsche que il n'est pas anodin que cette femme d'apparence frêle et réservée ait pris en sympathie ces forts caractères. Car la huitième académicienne est un esprit libre qui recherche les trajectoires singulières.
