Louis Caprioli et Michel Guérin incarnent un genre bien particulier d’hommes d’Etat : ceux qu’on croise au rayon surgelés du supermarché sans jamais se douter qu’ils détiennent un tombereau de secrets. Avec son association barbe-pullover- veste de costume et son œil rieur, le premier pourrait facilement passer pour un maître de conférences en histoire. Le second, rasé de frais, a opté pour un élégant ensemble bleu caviar ; seule la rosette rouge sur le flanc gauche, synonyme de Légion d’honneur, révèle qu’il n’exerce pas dans le contrôle de gestion. Comme prévu, ces deux septuagénaires joviaux passent totalement inaperçus dans la rédaction de L’Express, ce qui n’est pas pour les surprendre ni même leur déplaire, après une vie passée à cultiver la discrétion absolue. « La plupart du temps, les gens ne sauront jamais qu’on leur a sauvé la vie », sourit Michel Guérin.
A les écouter, une évidence : le secret lie ses détenteurs comme une fratrie. Parfois, les deux anciens collègues semblent vous oublier, tout à leurs souvenirs complices d’une vie passée dans les