L'Illustration, No. 0033, 14 Octobre 1843
Par Various Various
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Avis sur L'Illustration, No. 0033, 14 Octobre 1843
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L'Illustration, No. 0033, 14 Octobre 1843 - Various Various
10.
SOMMAIRE.
Camp de Lyon: une gravure.--Courrier de Paris. La rentrée des Classes; les Canotiers--Histoire de la semaine. Portraits de M. Duret: gravures d'après les procédés Rémon et Tissier.--Chemin de fer de Londres à Folkestone. Vue du Port de Folkestone et Banquet d'inauguration du Chemin de fer.--Réouverture du Théâtre-Italien. Portraits de Ronconi et de Salvi.--Académie des Beaux-Arts. Exposition des Grands-Prix et des Envois de Rome. Premiers Grands Prix de Sculpture, de peinture et de Gravure en médaille; Envois de Rome; trois Gravures.--Romanciers américains. Charles Dickens. Un journal américain: Intérieur d'une Pension bourgeoise; Vue de Bureau du Rowdy.-- Margherita Pusterla. Roman de C. Cantù. Chapitres XI et XII. Quinze Gravures --Bulletin bibliographique. --Annonces. --Modes. Cinq Gravures. --Amusements des Sciences. --Rébus.
Camps d'Instruction.
CAMP DE LYON.
L'Illustration a déjà expliqué à ses lecteurs (tome 1er, page 407) l'origine, et le but des camps d'instruction formés chaque année dans la plupart des États européens; elle les a fait également assister en quelque sorte, à la création et à la naissance des deux camps de Pélan, en Bretagne, et de Lyon: il lui reste maintenant à donner quelques détails sur les travaux de ce dernier, levé le 30 septembre, et dont le dessin ci-joint représente la vue générale.
Les premières grandes manoeuvres du camp de Lyon eurent lieu le 2 septembre, dans une vaste plaine située sur les bords du Rhône, en face de Miribel. Les deux brigades d'infanterie et deux demi-batteries d'artillerie y ont pris part: la cavalerie était absente.
Le 9, toutes les armes réunies tirent de grandes manoeuvres à feu sur le champ d'exercice, près du Rhône, au-dessus de Vaulx. A dix heures, les divers corps occupaient les positions qui leur avaient été assignées, et, quelques instants après, ils repoussaient les attaques d'une année ennemie qui était censée s'avancer sur Lyon par la rive gauche du fleuve. Les hommes du métier font le plus grand éloge de l'intelligence et de la promptitude avec lesquelles les ordres ont été compris et exécutés pendant ces exercices, qui ont duré toute la journée.
De grandes manoeuvres furent exécutées les 13 et 15 septembre. Le 20, M. le duc de Nemours, arrivé le 19 à Lyon, fit sa première visite au camp.
Le 22 septembre, la division d'infanterie était réunie à sept heures et demie du matin sur les terrains de manoeuvre, et formée sur une seule ligne. Diverses évolutions ont été commandées par M. le lieutenant-général de Lascours. Les troupes, disposées d'abord en échelons par régiment, l'aile gauche en avant, ont bientôt formé les carrés, qui ont été rompus, après un feu de deux rangs des faces extérieures.
On a formé ensuite deux lignes parallèles; la deuxième brigade, qui, après ce mouvement, se trouvait en avant, a exécuté un passage des lignes en retraite; puis on a changé de front sur la droite de la première ligne, l'aile gauche en avant; et, se trouvant ainsi dans une direction parallèle au ruisseau du Gua, les deux brigades ont passé successivement les ponts sur trois colonnes au pas de charge. La plupart de ces évolutions étaient couvertes par des tirailleurs, et simulaient des mouvements de guerre. Le même jour, les trois régiments de cavalerie du camp ont exécuté de grandes manoeuvres, qui avaient attiré un immense concours de spectateurs, et qui ont duré trois heures.
Après une demi-heure de repos, les trois régiments, formés en colonne, ont défilé au trot devant M. le duc de Nemours, placé à la tête de son état-major. Dès que les escadrons ont été rompus pour regagner leurs cantonnements, le prince s'est dirigé sur le camp du Molar occupé par le 16e léger. Madame la duchesse de Nemours est arrivée en calèche découverte, en compagnie du général Boyer. Au moment où le duc et la duchesse ont pénétré dans l'intérieur du camp; en passant sur le front de bandière, les troupes étaient sur pied et en bon ordre, quoique sans armes, entre le premier et le second rang de tentes. Les tambours ont battu aux champs; une musique guerrière s'est fait entendre: une multitude immense, compacte, bordait les deux côtés de la route qui conduit au camp et sur laquelle un arc de triomphe avait été improvisé. Franchissant les quatre rangs de tentes, le cortège s'est rendu à la tente de M. le duc de Nemours, placée en arriére et au centre du camp. De là, il est revenu à. Lyon, en passant par la Guillotière.
De nouvelles manoeuvres ont en lieu le 25 et le 27. Une foule immense s'était portée sur les hauteurs de la Croix-Rousse, de Montessuy et de la Pape, pour assister à cette dernière, qui devait consister dans le passage militaire du Rhône sur un pont de bateaux, avec un simulacre de combat, entre le corps d'armée destiné à cette opération et celui qui devait s'opposer à la marche du premier.
Vue du camp de Lyon.
Enfin la revue d'honneur des troupes du camp de Lyon a été passée dans la plaine du Grand-Camp, le 28 septembre, par M. le duc de Nemours, qui a distribué les décorations de la Légion-d'Honneur accordées aux divers régiments, savoir: quatre croix de commandeurs, six croix d'officiers, et trente-huit croix de chevaliers. Par l'ordre du jour, le commandant en chef a «félicité les troupes du camp de Lyon sur leur bonne tenue, leur discipline et leur zèle. Dans l'infanterie, la marche est bonne et régulière; dans la cavalerie, les hommes conduisent bien leurs chevaux; l'artillerie a montré l'intelligence et la précision qui lui sont habituelles; les autres armes ne méritent pas moins d'élites pour le zèle dont chacune d'elles a fait preuve dans les missions spéciales qui lui ont été confiées.»
D'après les ordres du ministre de la guerre, le camp de Lyon a été levé le 30 septembre. Dès cinq heures du matin, les tambours battant la marche et les trompettes sonnant le départ ont donné le premier signal de la retraite; aussitôt plusieurs colonnes se sont mises en route pour rejoindre leurs garnisons ou en aller occuper de nouvelles. Les autres régiments se sont mis en route le 2 octobre, et dès ce même jour, il n'est plus resté au camp un seul homme.
Courrier de Paris.
Il n'y a pas huit jours qu'on ne voyait, sur toute la surface de la France, que des mères occupées à embrasser des fils, et des fils se jetant dans les bras des mamans et des pères.
«Adieu, papa! adieu, maman!--Adieu, mon enfant! sois bien sage! travaille bien! écris-nous dès que tu seras arrivé.» Et ils recommençaient à s'embrasser, et ils essuyaient quelques larmes, tandis que la petite soeur ou la petite cousine se tenait dans un coin, la joue en feu, l'oeil humide, le coeur gros, tout près d'éclater en sanglots.
«Monsieur Charles, dit la femme de chambre en descendant l'escalier quatre à quatre, vous oubliez votre casquette! Monsieur Charles! s'écrie la cuisinière à l'autre extrémité, monsieur Charles, vos petits gâteaux!--Aie bien soin de n'avoir pas froid pendant la nuit, ajoute la mère.--Et surtout, dit le père, soigne ta santé et les mathématiques ...»
On attelle le cheval à la carriole si le père est un honnête fermier ou un simple cultivateur; on fait venir le cabriolet s'il s'agit d'un père bourgeois et riche rentier; on met la calèche en route si ledit père fait souche de gros monsieur, gentilhomme ou millionnaire; et puis tout est dit; on part, on est parti.--Les soeurs agitent leurs mouchoirs au balcon des fenêtres ou du haut de la terrasse, en dernier signe d'adieu; la mère et l'aïeule, au fond du jardin, suivent du regard le cher enfant qui s'en va, jusqu'à ce qu'il disparaisse derrière les haies et les anfractuosités du chemin; lui cependant se retourne à chaque pas vers la maison paternelle; il ne peut déjà plus la voir, qu'il la regarde encore.
Maintenant, allez au bourg voisin ou à la ville voisine, et arrêtez-vous au bureau des diligences royales et des messageries Laffitte et Gaillard; les Achille, les Léon, les Eugène, les Charles, les Victor, les Fernand, les Léopold, les Jules, les Gustave, les Arthur, les Louis, les Henri, les René, les Adolphe, les Alexis, les Auguste, les Hippolyte, les Armand y abondent; les uns se glissent dans le coupé, les autres s'engouffrent dans l'intérieur; ceux-là sont entassés dans la rotonde, ceux-ci perchés sur l'impériale.--Qu'est-ce donc? D'où sort cette