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Clinique en sciences sociales: Sens et pratiques alternatives
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Clinique en sciences sociales: Sens et pratiques alternatives
Livre électronique599 pages6 heures

Clinique en sciences sociales: Sens et pratiques alternatives

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Les pratiques de recherche et d’intervention dans le champ des sciences sociales sont assujetties à des changements structuraux et sociohistoriques majeurs dans nos sociétés. Des développements théoriques et méthodologiques issus, entre autres, de la psychologie sociale, de la sociologie et de l’anthropologie ont défini une approche clinique du social. Les pratiques qui en découlent peuvent être associées à des formes de résistance, voire à des réponses aux orientations et aux institutions sociales dominantes. Ce qui caractérise cette nouvelle approche est le travail de proximité avec les personnes et les groupes, la réponse à leur demande sociale et l’implication des intervenants.

Le présent ouvrage, qui présente les contributions de nombreux collaborateurs du Québec et d’ailleurs, témoigne de la vivacité et de la nécessité de la clinique en sciences sociales. Sont ainsi explorés les fondements théoriques et méthodologiques de la posture clinique, les pratiques d’intervention sociales éclairées – en particulier par des contributions brésiliennes – et les pratiques innovantes d’une recherche clinique du travail et des organisations.
LangueFrançais
Date de sortie3 oct. 2018
ISBN9782760550377
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    Aperçu du livre

    Clinique en sciences sociales - Isabelle Fortier

    Le monde contemporain, à tout le moins dans les sociétés occidentales, est en proie à de grandes turbulences, tensions et transformations qui affectent tout autant l’environnement lourdement endommagé dans lequel on vit, les institutions qui cristallisent un certain héritage historique en perte de confiance et de légitimité, les modes d’interactions sociales qui s’effritent et nous sont pourtant vitales et les identités qui, chemin faisant, tentent encore désespérément de s’y construire.

    Ces changements ont entraîné ce que beaucoup qualifient de perte de sens, d’une direction partagée au sein d’un projet de société, ou encore, comme manque d’une vision compréhensive des facteurs à l’origine de ces bouleversements. C’est aussi l’amenuisement du lien social, un individualisme croissant qui rend difficile une reconstruction d’une vie collective plus signifiante, une «montée de l’insignifiance» (Castoriadis, 1996). D’autres vont évoquer dans tout cela une crise profonde de la modernité. Mais qu’en est-il plus précisément?

    Cet ouvrage poursuit un triple objectif: indiquer en quoi la crise actuelle s’accompagne de la perte de sens pour les acteurs sociaux et les collectifs; présenter les expériences où les conditions sont favorables à l’émergence de pratiques alternatives et émancipatrices; et surtout, mettre en évidence la contribution substantielle des approches cliniques vis-à-vis de ces enjeux. Trois grands axes structurent l’ouvrage, ce qui nous a amenés à regrouper les lectures offertes par les auteurs du collectif en trois parties: préciser en quoi la posture clinique apporte une contribution essentielle pour nommer la crise telle qu’elle se manifeste et est vécue dans différents milieux; montrer en quoi cette crise en est une qui affecte les liens sociaux, notamment et de façon aiguë sous la loupe du contexte brésilien; et enfin, souligner à quel point le monde du travail est un lieu de convergence de ces tensions et transformations qui caractérisent notre époque.

    1.1. LA PERTE DE REPÈRES DANS LE MONDE CONTEMPORAIN

    Un premier trait de cette crise est certes la prédominance du discours économique sur le politique, le culturel. La logique néolibérale s’impose progressivement comme la «nouvelle raison du monde» (Dardot et Laval, 2009), désormais mondialisée, qui fait de la concurrence, de la consommation et du marché ses principes organisateurs et moteurs, et de «l’entrepreneur de soi» son nouveau sujet. Elle trouve un terreau fertile pour s’implanter en profondeur dans un monde social de plus en plus singularisé où l’individu, pourtant forgé par ses épreuves, est au final considéré comme seul responsable de ses succès et de ses échecs. Il n’en tiendrait donc qu’à lui de s’en sortir et le pouvoir n’a plus à prendre la forme disciplinaire pour s’exercer et le contraindre, tant il a été intériorisé par la colonisation intérieure de ces modes de pensée qui profitent de la subordination des subjectivités désirantes au bénéfice du système. C’est cette dynamique et les pratiques sociales qu’elle commande qui sont la source d’érosion du lien social et de perte de sens dans une visée sociale et politique commune.

    D’une part, le marché désenclavé du monde social et politique se déchaîne dans des formes de plus en plus dématérialisées pour créer des empires de la vitesse au déni des souverainetés. D’autre part, l’État social a été soit simplement atrophié par des années de régime d’austérité, soit pire, vidé de sa substance par des réformes managériales l’assimilant à l’entreprise et l’assujettissant à ses logiques d’efficience et de performance aux dépens du sens de ses missions fondamentales. Pourtant, en dépit de ces phénomènes macrosociaux «déstructurants», des formes de résistance se manifestent, persistent, des solutions différentes apparaissent, renaissent, des nouveaux mondes se créent, petit à petit, par la base et par la bande et continuent à donner de l’espoir à ceux qui veulent bien s’y arrimer.

    S’il est un aspect qui recoupe les contributions de cet ouvrage et pour lequel la clinique trouve sa grande pertinence, c’est celui de (re)créer du sens, du lien et du collectif, ce qui passe par la politisation des enjeux vécus. En élaborant des imaginaires alternatifs aux modes de vivre-ensemble, on ouvre sur leur potentiel dans la transformation de la société dans son ensemble.

    Un deuxième trait qui ébranle les acquis mêmes du projet de la modernité, qui sous-tend les dérives actuelles de nos sociétés, est la prépondérance d’un autre rapport à la connaissance et à la science. Primat de l’économie, disions-nous mais, plus profondément, primat d’une pensée techniciste, d’une raison instrumentale qui réduit la pensée critique et plus précisément les sciences humaines et sociales à la marginalité. C’est aussi la tendance dominante, en recherche comme dans l’intervention, à privilégier les résultats factuels, objet de mesure quantifiée, sur la construction du sens, des significations créées par des sujets et acteurs sociaux. C’est ici qu’intervient le souci qui traverse l’ensemble de cet ouvrage, celui d’une perspective clinique dans l’approche des sciences sociales. Aussi accordons-nous une place centrale à l’élaboration de repères historiques, épistémologiques et méthodologiques à ce que nous appelons une «posture clinique¹».

    Cela dit, cette approche n’est pas nouvelle pour autant; elle a un riche historique auquel ont contribué des croisements d’initiatives en provenance de divers endroits du monde et elle continue de s’enrichir des spécificités apportées par d’autres cultures qui s’investissent dans son développement actuel. Nous retrouvons justement à cet effet, dans cet ouvrage, des liens entre les contributions québécoises, brésiliennes et européennes, tant en matière de sources d’influence de l’approche clinique qu’en matière de ses développements contemporains.

    Ainsi, comme nous le constatons ici, l’approche clinique, malgré une grande variété dans ses applications, a comme spécificité une posture du chercheur², du formateur ou de l’intervenant, qui inclut d’emblée une visée de changement dans une perspective émancipatrice pour les individus, les groupes, les collectivités. Mais cette visée de changement social n’est pas conçue et prescrite en surplomb des acteurs. C’est plutôt en allant vers eux et en se mettant à leur écoute qu’il est possible de les accompagner dans la définition même des enjeux auxquels ils chercheront des issues et imagineront des leviers d’action à leur portée. Ainsi, la production de connaissances implique l’engagement réciproque des personnes concernées, tant du côté des chercheurs, formateurs et intervenants, que du côté des acteurs sociaux. Elle se réalise dans des dispositifs favorisant les interactions et un processus itératif où se croisent des savoirs théoriques, des savoirs pratiques, des savoirs existentiels et des savoirs critiques. À cet égard, même si les positions des acteurs en interaction sont asymétriques, la légitimité des savoirs concernés ne saurait être hiérarchisée. Enfin, même si cela va de soi, il importe de le souligner: la dimension éthique est centrale à cette posture et traverse toutes les étapes d’une démarche.

    La clinique se fonde sur une épistémologie de quête du sens d’un monde social signifiant créé dans et par la dynamique sociale intersubjective, entre sujets et acteurs sociaux. Les pratiques de recherche et d’intervention qui en découlent peuvent être associées à des formes de résistance, voire des solutions différentes face aux orientations et institutions sociales dominantes et assujettissantes. Or, le rapprochement entre l’épistémologie et les pratiques cliniques nous semble pertinent à aborder dans le cadre de cette publication en tant précisément que la recherche de sens contient en elle-même une dimension de lutte, de résistance et de propositions différentes envers l’institué des pratiques scientifiques dites objectives et de la posture d’intervention d’expertise qui en découlent. Le modèle dominant dans les organisations sociales est encore aujourd’hui, dans la plupart des établissements publics et privés, celui d’une hiérarchisation des fonctions, des savoirs et des places. Dans ce contexte, en quoi ces pratiques alternatives diverses mettent-elles en question une praxis du social dont l’arrière-plan se compose des inégalités de pouvoirs et de savoirs et dont l’enjeu central est la démocratisation des organisations sociales? Suivant une perspective clinique et critique, la résistance revêt aussi une autre dimension. Celle de l’élucidation des blocages et défenses qui obligent à prendre en compte l’aspect antagonique du rapport à soi-même et aux autres, de «l’autre comme soi-même» qui affronte le désir de changement personnel et social au cœur du projet d’une approche clinique en sciences sociales.

    Voilà ce qui continue de motiver avec conviction un ensemble de chercheurs, d’intervenants, de formateurs qui tentent de se donner des lieux de débats et de discussion ainsi que des médias pour la diffusion de leurs contributions. Cette référence première à la «sociologie clinique» a permis l’institutionnalisation de cette posture clinique dans plusieurs réseaux et dans les rencontres des associations de sociologie tant dans le monde francophone, comme l’Association internationale des sociologues de langue française (AISLF), que dans des associations nationales et internationales, telles que l’International Sociological Association (ISA) qui a aussi un groupe de travail en sociologie clinique.

    Pourtant, plusieurs disciplines et plusieurs professionnels praticiens et formateurs adoptent cette posture et apportent une contribution substantielle à la richesse de cette approche sans nécessairement se reconnaître ni s’identifier à cette appellation de «sociologie clinique», d’où notre choix de parler plutôt de «sciences sociales». Nous avons eu la chance d’en rassembler un certain nombre lors du dernier congrès de l’AISLF qui s’est tenu en 2016 à Montréal. Cet ouvrage collectif en témoigne, tant par l’équipe multidisciplinaire qui a travaillé à sa concrétisation que par les collaborations qui nous ont été proposées et que nous vous présentons ici.

    I.2. PARTIE 1. ÉPISTÉMOLOGIE ET POSTURE CLINIQUE

    Cette première partie fait état des enjeux de scientificité que requiert l’approche clinique en sciences sociales. La notion de «posture clinique» apparaît alors comme le thème fédérateur traversant cette diversité interdisciplinaire. Elle se définit non seulement comme une approche méthodologique précise, mais aussi comme une approche qui commande une épistémologie particulière, d’inspiration herméneutique ou interprétative sur des fondements de critique sociale. Méthode et épistémologie sont ainsi liées. Des ouvrages comme ceux de Georges Devereux, De l’angoisse à la méthode dans les sciences du comportement (1980) ou de Cornélius Castoriadis, L’institution imaginaire de la société (1975) constituent des références importantes pour fonder ce lien entre l’individu sujet et le monde social.

    En effet, les cliniciens du social, attachés à la pensée de Devereux, construisent une épistémologie en posant la nécessité pour le chercheur comme pour l’intervenant de prendre conscience de leurs implications, psychiques, mais aussi sociales, comme données analysables, dans l’interaction qui se produit dans le dispositif mis en place. Cette nécessité ouvre la voie à une intelligibilité des discours du sujet entendu sans que l’objet personnel, à présent conscientisé, du chercheur ou de l’intervenant y soit dissimulé. Car ce discours du sujet, s’il est entendu, se livre aussi dans sa complexité dont le sens n’est pas donné d’emblée. L’analyse clinique de cette complexité, par les chercheurs se situant, quant à eux, dans un ancrage castoriadien, s’attache au sens et aux significations du sujet inscrit dans des imaginaires. Elle cherche à mettre au jour les processus de subjectivation d’un sujet à la fois institué et instituant au sein du social, des institutions, des organisations et des collectifs.

    Les travaux de Paul Ricœur, notamment son ouvrage synthèse Soi-même comme un autre (1990), permettent de bien voir l’apport d’une approche clinique dans le travail d’écoute et d’interprétation des récits de l’autre, dans l’action, dans les interactions, mais aussi de l’autoanalyse de soi dans le rapport au monde comme fondement d’une construction identitaire jamais achevée. Il est important de sortir d’une tentation de fermeture identitaire, d’une «mêmeté» qui est une des sources dangereuses de toutes ces formes de repli identitaire qui conduisent aux intolérances aussi bien interpersonnelles que collectives et politiques. Il est fondamental de s’ouvrir à «l’ipséité», cette interpellation constante de l’autre en soi-même comme dans le rapport à autrui et aux différences sociales pour construire des rapports humains plus ouverts et transformateurs.

    Les premiers textes qui commencent cette partie, ceux de Rhéaume et Sévigny, et de Desmarais et Giust-Desprairies, abordent les fondements épistémologiques et théoriques en faisant appel aux repères historiques qui ont marqué le développement autant d’une psychosociologie que d’une sociologie clinique en Amérique du Nord et en France. Cela permet de dégager les conditions spécifiques d’une posture clinique en recherche aussi bien qu’en formation ou intervention croisant des influences psychologiques, anthropologiques et sociologiques, comme en témoignent ces quelques ouvrages collectifs: L’analyse clinique dans les sciences humaines (Enriquez et al., 1993), L’aventure psychosociologique (Aubert, de Gaulejac et Navridis, 1997), La sociologie clinique. Enjeux théoriques et méthodologiques (de Gaulejac, Hanique et Roche, 2007) et La recherche clinique en sciences sociales (de Gaulejac, Giust-Desprairies et Massa, 2013). Quatre autres textes de cette partie, ceux de Charlebois, Hamisultane, Roiné et Grossmann, et Schindler, éclairent plus précisément cette dialectique des rapports entre chercheur et acteurs sociaux en situation, entre proximité d’implication et distance critique d’analyse et d’interprétations partagées avec les acteurs concernés.

    Le texte «Changement social à l’aune de la sociologie clinique: quand l’action devient connaissance», de Robert Sévigny et Jacques Rhéaume, permet de retracer l’évolution de l’approche clinique suivant un éclairage historique fortement ancré dans l’expérience québécoise. Il y a plus de 70 ans, comme le rappellent les auteurs, les travaux de Kurt Lewin, en psychologie sociale et d’autres influences en psychologie et en sociologie, introduisent une nouvelle vision des rapports entre recherche et intervention ainsi qu’une posture de recherche qui déjà se rapproche de la clinique du social. Ils évoquent l’importance de situer ces développements dans leur contexte historique des changements de l’après-Seconde Guerre mondiale. Ils se réfèrent à différents courants américains et européens et à divers partenariats au Québec et à l’international. Ils soulignent les possibilités de la clinique en sciences sociales, par les exigences humanistes qu’elle requiert tant dans la recherche que dans l’intervention pour porter un regard sur les enjeux sociaux actuels.

    Danielle Desmarais, quant à elle, développe dans son texte l’approche clinique et la méthodologie de recherche: la centralité des rapports sociaux dans la production de connaissance en sciences humaines et sociales, les caractéristiques principales d’une approche clinique des sciences humaines, selon une vision interdisciplinaire. L’accent est mis surtout sur l’importance d’une vision clinique de la recherche sociale, fondée sur l’interaction avec l’autre, sur une saisie globale des situations sociales. Dans la diversité des méthodes qui accompagnent la posture délicate du clinicien confronté aux enjeux de production de connaissance, trois approches sont élaborées: l’observation participante et sa touche ethnographique, la recherche-action et la recherche en partenariat qui exige plus encore la double implication des chercheurs et des praticiens participants. Le projet clinique s’oppose ainsi aux approches réductrices de la rationalité instrumentale ou managériale.

    Le versant européen de la clinique en sciences sociales suit un parcours également ancré dans l’interdisciplinarité – entre autres de la psychologie sociale clinique, de la sociologie compréhensive et de la psychosociologie – comme nous le rappelle Florence Giust-Desprairies dans son texte «De quelques fondements historique et épistémologique d’une posture clinique psychosociale». L’auteure insiste sur le fait qu’avant d’être une démarche, la clinique est une épistémologie à développer, car elle procède d’une posture en lien avec l’intériorité du sujet. Aussi la qualifie-t-elle d’une «épistémologie de l’incertain», «non parce qu’elle serait hésitante», ajoute-t-elle, mais dans la mesure où elle se réfléchit dans la tension continuelle du sujet à son objet. L’auteure pose ainsi son ancrage et ses choix théoriques, spécifiant que sa clinique procède d’une clinique de l’imaginaire dans une filiation à la pensée de C. Castoriadis. Elle insiste sur le fait que l’analyse de l’imaginaire est aussi l’accès à un espace imagé intérieur du monde qui s’offre au sujet.

    La posture du clinicien doit être continuellement pensée pour le développement épistémologique d’une science de la subjectivité. Lors d’interventions et de relations intersubjectives, cette posture est l’occasion, dans l’après-coup, d’examen de la méthode empirique et de son contexte selon différentes échelles (structurelle, historique, collective, intersubjective). Cela pour porter un éclairage sur les dynamiques en jeu (qu’elles soient endogènes ou exogènes). François-Xavier Charlebois aborde à cet égard, dans son texte «Terrain où recherche et accompagnement se confondent dans une approche clinique en sciences humaines», la complexité de la place du chercheur lorsqu’il est aux prises avec l’identification réciproque dans le rapport avec les participants de sa recherche. Précisément, il développe trois enjeux majeurs: le fait que la méthode clinique se révèle aussi dans des caractéristiques thérapeutiques, qu’elle installe la nécessité de prendre en considération l’effet de va-et-vient entre proximité et distanciation du sujet/objet, et qu’elle s’inscrit également socialement dans des rapports de pouvoir liés aux statuts sociaux des protagonistes.

    Sophie Hamisultane aborde et développe, dans son texte «Résonance interpersonnelle entre plaisir et déplaisir: une attention épistémologique à la clinique en sociologie», une réflexion épistémologique par la question de la résonance dans l’espace clinique de la recherche et aussi dans celui de l’intervention de praticiens issus de l’immigration. Comment s’instruire de ce phénomène pour mieux appréhender les enjeux d’un lien sous-jacent qui se resserre ou s’étire entre le participant et le clinicien? L’auteure déplie peu à peu le concept de «résonance» et sa figure polysémique, et en quoi il peut servir à l’épistémologie de la clinique. Le concept de «résonance», utilisé dans les «sciences dures» comme phénomène des corps physiques, devient dans le texte de l’auteure un élément révélateur du corps psychique. Il permet d’apporter une compréhension des liens d’intériorité du sujet par-delà les phénomènes intersubjectifs.

    Néanmoins, la posture clinique est-elle toujours celle du face-à-face? Sophie Grossmann et Christophe Roiné nous révèlent, dans leur texte «Sujet en testament: réflexion sur une rencontre différée en sociologie clinique», leur expérience d’analyse clinique de discours, alors qu’ils n’ont pas fait eux-mêmes les entretiens de leur recherche. Ils nous font part d’un procédé méthodologique et d’une réflexion où sémiotique et résonance au signifiant s’articulent pour s’inscrire dans un élargissement de «l’épistémè» clinique. En effet, si le discours est donné à un autre, les mots sont analysés par les auteurs dans leurs «formes redondantes» et dans ce qu’ils nomment une «isotopie discursive», en d’autres termes une répétition sémantique désignant la tension non perçue entre le sujet et son objet. L’épistémologie de cette clinique se pose sur le rapport des chercheurs aux discours et à leurs interprétations analytiques, posant l’évidence des traces de l’implication de tout chercheur dans la restitution. Ils ouvrent ainsi un autre espace de l’épistémologie clinique portant sur les liens d’intériorité en passant par la liaison «lecteurs-textes», ainsi désignée.

    De son côté, Mélinée Schindler, dans son texte «Prendre le taureau par les cornes, controverses autour de l’effet thérapeutique en sociologie clinique», insiste sur la présence du sujet (des sujets) et de la méthode empirique pour interroger les phénomènes d’intériorité qui se jouent dans l’espace (les espaces) d’intersubjectivité. L’auteure revient sur la question des liens entre l’effet thérapeutique et le récit de vie, un questionnement incontournable entourant la notion d’abord médicale et thérapeutique de la clinique. À cet égard, elle tente de montrer la présence articulée d’une dynamique dialectique entre l’individu sujet et le monde social, le travail de maïeutique de l’intervenant favorisant une autoanalyse «accompagnée» des interlocuteurs et de l’effet cathartique produit dans le cadre clinique particulier du récit de vie en groupe, en mettant en regard une littérature appropriée (Niewiadomski et de Villers, Michel Legrand, de Gaulejac, Hanique et Roche, etc.). Un séminaire de recherche et d’implication, Histoire de vie et santé, réalisé auprès de participants, tous professionnels de la santé en Belgique, vient illustrer l’importance, entre autres, d’un moment de forte expérience émotionnelle et existentielle, partagée ensemble, favorisant l’expression et l’analyse de cette dialectique entre l’individu sujet et sa situation sociale.

    I.3. PARTIE 2. LES PRATIQUES ALTERNATIVES EN SCIENCES SOCIALES: CONTRIBUTIONS BRÉSILIENNES

    La deuxième partie de cet ouvrage traite de diverses pratiques sociales de recherche et d’intervention dans les groupes et les collectivités dans le contexte de la société brésilienne, fondées sur une posture clinique.

    Les pratiques alternatives en sciences sociales, que ce soit en recherche ou en intervention auprès des personnes et des institutions, connaissent aujourd’hui au Brésil un essor notamment dans les établissements publics de santé et de services sociaux. Concrètement, ces pratiques prennent souvent la forme d’espaces collectifs de prise de parole émergeant au sein et en dehors des institutions et par lesquels les individus concernés sont invités à réfléchir, à critiquer et à agir sur les inégalités et les injustices vécues au quotidien.

    Ce déploiement est porté par l’engagement de chercheurs, de gestionnaires, de professionnels et de citoyens qui mettent de l’avant des dispositifs groupaux innovants sur le plan de la démocratisation au sein de leur intervention psychosociale ou de recherche sur le terrain. Plusieurs théories et plusieurs modèles les inspirent dans la construction de ces dispositifs comme la pédagogie des opprimés (Freire, 1980)³, la recherche-action participative (Fals Borda et al., 1981), l’analyse institutionnelle (Lapassade, 1975), le psychodrame (Moreno, 1946), les histoires de vie (de Gaulejac, 1987), la méthode d’analyse et de cogestion (Campos, 2005), etc.

    Des sociologues, des psychologues, des travailleurs sociaux ainsi que divers autres praticiens du social s’engagent dans cette voie alternative en intervention et en recherche entre autres parce qu’ils voient dans la posture clinique et sociale un levier de production de connaissances, de services inclusifs et de qualité tout autant qu’un levier de démocratisation institutionnelle, voire d’émancipation sociale.

    Les diverses expériences présentées ici s’inscrivent dans un contexte brésilien marqué par de profondes inégalités sociales et économiques. La plupart des villes du Brésil et d’Amérique latine font face à la complexité et aux difficultés liées à la migration urbaine, à l’accroissement des quartiers bidonvilles (favelas en portugais), à la criminalité, à la pauvreté qui approfondissent ces inégalités déjà très marquées. Qui plus est, ce pays est aujourd’hui, plus que jamais, traversé par des crises politiques et économiques qui se traduisent notamment par une réduction et une précarisa-tion de l’offre publique de services sociaux et de santé et une accentuation significative des inégalités sociales.

    Cette réalité politique, économique et sociale menace constamment la pérennité des pratiques alternatives en recherche et en intervention, entraînant une incertitude, une insécurité et des doutes quant à la continuité de celles-ci. Un tel contexte influence aussi les rapports sociaux de pouvoir qui se déploient au sein de ces pratiques allant même jusqu’à les transformer en dispositifs de reproduction des inégalités sociales. De telles contradictions et de telles limites sont aussi révélées, réfléchies, débattues et même parfois dépassées par les différents individus impliqués dans la mise en œuvre de ces alternatives sociales et cliniques en recherche et en intervention.

    La présente partie offre six exemples de pratiques alternatives réalisées par des chercheurs et des praticiens – brésiliens pour la plupart – au plus près de la réalité vécue par des populations en marge de la société brésilienne: des personnes vivant avec des problèmes de santé mentale, des jeunes contrevenants ainsi que des adultes auteurs de violence sexuelle intrafamiliale. Ces recherches mettent en évidence les contradictions sociales et politiques qui dépassent largement le cadre de la société brésilienne.

    Dans son texte «Ethnographie de l’organisation citoyenne d’un réseau de santé mentale au Brésil», Isabelle Ruelland fait d’abord état d’une ethnographie organisationnelle de plus d’un an au sein du réseau de santé mentale de la ville de Campinas dans l’État de São Paulo au Brésil. Cette sociologue expose comment, en prenant comme référence la perspective des individus concernés, l’ethnographie organisationnelle peut rendre compte de pratiques citoyennes alternatives qui émergent au sein et en dehors des espaces institués de participation de ce réseau public. Par une analyse des usages de l’approche ethnographique en sociologie des organisations, Ruelland cible des enjeux méthodologiques liés notamment à l’observation en situation ainsi qu’à l’analyse critique de l’implication du chercheur en contexte institutionnel et interculturel. Une présentation en particulier de la pratique des rodas («cercles», en portugais) liée à l’organisation citoyenne du réseau public de santé mentale de Campinas vient démontrer la pertinence d’une telle méthode qui s’apparente à l’approche clinique dans l’étude organisationnelle des rapports sociaux d’inégalité.

    Ensuite, le texte «Sociodrame: une méthode de recherche-action en sociologie clinique» de Paulo Bareicha et Christiane Girard F. Nunes propose une lecture historique de l’insertion et du déploiement contemporain de «méthodes sociopsychodramatiques» brésiliennes inspirées du psychodrame de Moreno. Ce survol permet de découvrir comment des chercheurs et des praticiens brésiliens ont eu besoin de créer des méthodes théâtrales engagées pour transformer le champ des relations et des ressources humaines dans ce pays clivé par le racisme et les inégalités. Par ces méthodes uniques, des chercheurs et des praticiens du social cherchent encore aujourd’hui à problématiser collectivement la complexité des inégalités sociales de pouvoir traversant les institutions brésiliennes. Bareicha et Girard mettent finalement en lumière comment les activités théâtrales avec des personnes et des groupes populaires rejoignent le courant de la sociologie clinique et de toutes sciences sociales engagées dans la formation d’un sujet politique, critique et sensible.

    Le second texte de ces deux sociologues brésiliens, «Une approche clinique de l’intervention auprès de coopératives sociales au Brésil», leur permet de cerner de plus près la réalité sociale brésilienne en réfléchissant cette fois à la pertinence du Programme d’incubateur de coopérative (PROINC)⁴ mis en place par le gouvernement fédéral brésilien. Ces derniers choisissent de réaliser cette analyse en partant du point de vue de jeunes vivant dans l’extrême pauvreté. Pour comprendre ce qui est en jeu, Girard et Bareicha reviennent sur dix ans de recherche-action auprès de jeunes contrevenants et toxicomanes impliqués dans une démarche d’insertion sociale au sein de coopératives de travail. Pour ces jeunes, le discours de l’insertion socio-éducative par les coopératives de travail n’est pas crédible. Girard et Bareicha exposent ainsi les contradictions et les défis posés par la grande précarité des réseaux publics d’insertion socio-éducative des jeunes contrevenants, la violence, le racisme, les inégalités économiques et les nombreuses dérives policières dans les quartiers où ces jeunes grandissent. Ces auteurs soulèvent du même coup les enjeux liés à leur propre pratique de «groupes socio-éducatifs» s’inscrivant pour le meilleur et pour le pire dans ce projet d’insertion proposé à ces adolescents en marge de la société.

    Pour sa part, le texte «Adolescents placés en institution: réflexions sur la pratique professionnelle» de Juliana de Arruda Castro et Liana Fortunato Costa, décrit les contours d’une recherche-intervention réalisée aussi auprès d’adolescents contrevenants s’inscrivant dans une démarche d’insertion socio-éducative. Ces deux auteures exposent d’abord les contours de leur méthode d’intervention clinique fondée sur les histoires de vie et sur une technique de dessin. À partir de la psychosociologie et de la sociologie clinique, elles discutent des contradictions et des complémentarités observées entre le contexte social inégalitaire et les histoires de vie des adolescents. Arruda Castro et Fortunato Costa exposent ainsi certains paradoxes inhérents au projet d’insertion socio-éducative des jeunes au Brésil. Un de ces paradoxes est notamment relevé par le «refus des jeunes à participer». En effet, les auteures avancent que, pour être inclus dans une démarche d’insertion socio-éducative, ces jeunes n’ont pas d’autre choix que d’accepter l’étiquette sociale de «contrevenants» ou de «délinquants». Or, elles découvrent à travers les histoires de vie et les dessins de ces jeunes comment leur «refus de participer» s’inscrit aussi, tant bien que mal, dans une volonté d’affirmer un «devenir-autre» loin de l’image sociale du contrevenant…

    La méthode des histoires de vie semble ouvrir vers une compréhension subjective et sociale des trajectoires des adolescents en conflit avec la loi. C’est à ce même constat qu’en arrivent Maria Ines Gandolfo Conceiçâo et Clara Costa Gomes dans leur texte «Histoire de vie d’adolescents en régime de liberté assistée». Ces chercheuses invitent à comprendre les diverses composantes d’une recherche-intervention réalisée aussi auprès des adolescents contrevenants en démarche d’insertion socio-éducative en banlieue de Brasilia, au Brésil. Leur objectif est de comprendre les trajectoires menant à des conduites d’infraction de la loi à travers la narration des histoires de vie de jeunes en situation de pauvreté. Pour ce faire, ces deux Brésiliennes allient des méthodes issues de la théorie socio-économique à celle des histoires de vie. Elles découvrent, entre autres, que les trajectoires de jeunes rencontrés sont traversées par un «cycle qui va de la fascination, au désenchantement et à la recherche de moyens pour s’éloigner de la criminalité». Ces auteures identifient aussi plusieurs défis sociaux qui émergent à différents moments de l’évolution de ce cycle; défis qui, souvent, font replonger ces jeunes dans la criminalité.

    Finalement, Maria Aparecida Penso, Liana Fortunato Costa et Lucy Mary Cavalcanti Stroher présentent, dans leur texte «Intervention clinique avec des adultes qui commettent des violences sexuelles contre les enfants et les adolescents», un récit d’expériences d’intervention psychosociale en groupe pour des adultes auteurs de violence sexuelle intrafamiliale contre des enfants et des adolescents. Ces trois cliniciennes décrivent les particularités d’une intervention collective qui ouvre un espace de dialogue menant à la prise en compte de ce qu’elles nomment le «Sujet social». Ainsi, les actes commis par ces adultes tendent à être compris à partir d’une perspective historique, en prenant en compte le contexte social, politique et économique. Il s’agit d’accompagner les participants à comprendre leur trajectoire familiale et sociale jusqu’au passage à l’acte violent, en réfléchissant à leur rôle dans ce processus. Comme cadre de référence, la sociologie clinique rappelle comment les actes déviants s’inscrivent aussi dans un processus de «dénonciation d’un fonctionnement social pervers» et que les personnes qui les posent possèdent la capacité de produire leur histoire à partir des actes commis et par-delà.

    I.4. PARTIE 3. LA CLINIQUE DES ORGANISATIONS ET DU TRAVAIL

    Cette troisième et dernière partie permet d’explorer des pratiques alternatives de recherche et d’intervention dans le monde du travail, et en particulier, diverses approches partageant les orientations de la clinique sociale du travail.

    Le monde du travail est au cœur du jeu, de plus en plus individualisé, de construction identitaire et du culte de performance de soi, au point où la question posée désormais à la sociologie dans une «société singulariste» (Martuccelli, 2010) est bien de comprendre comment on fait encore une société aujourd’hui à partir des individus et de leur travail identitaire subjectivé.

    Les discours managériaux promettent la réalisation personnelle en s’enrobant d’une aura aux prétentions humanistes et hédonistes. Bien-être et motivation au travail ont été des alliés dans la fusion entre les «subjectivités désirantes et les buts de l’entreprise» (Dardot et Laval, 2009, p. 440). La dépendance à la reconnaissance ainsi développée pousse les sujets littéralement «en manque» toujours plus en avant dans la course (de Gaulejac, 2005). Un sentiment de dépréciation est vécu par les salariés dont on valorise la mobilité et l’indépendance quand il s’agit en réalité de toujours tout recommencer, de faire constamment ses preuves, de se forger «un moi malléable, un collage de fragments en perpétuel devenir, toujours ouvert à l’expérience nouvelle» (Sennett, 2000, p. 189). La reconnaissance pour la contribution sociale (Honneth, 2000, 2008) exprimée par l’appréciation dans une éthique du don de soi et de la gratitude (Ricœur, 2004) est remplacée par une reconnaissance par l’admiration (Voswinkel, 2007) dans un monde du travail subjectivé et compétitif, admiration à laquelle tous n’ont pas accès, surtout lorsqu’il s’agit d’un travail invisible, ingrat ou axé sur le don de soi (Fortier, 2015). Dans ce contexte, le temps n’est plus uniquement une ressource, mais aussi un enjeu de lutte et de pouvoir et les pressions temporelles qui accompagnent la course à l’excellence et le culte de la performance se détachent du temps réel des activités de travail et de leur lien avec l’accomplissement des missions. On constate d’ailleurs que les dynamiques de projets, dominantes dans beaucoup de contextes de travail, découpent les visées à plus long terme et fondent le caractère éphémère des équipes de travail.

    La montée de la précarité diminue les appuis qu’un individu est susceptible de trouver dans des réseaux de solidarité et de services publics. On individualise les problèmes organisationnels en les transformant en difficultés personnelles d’adaptation, voire en problème de santé mentale (Maranda, 1995). Cette déstructuration force les acteurs à faire «comme si» cette mise en échec n’avait pas eu lieu, ce qui empêche sa mise en débat (Dejours, 2009).

    Du coup, on constate la fragilisation des collectifs, car ce qui est vécu et appris au travail ne s’y cantonne pas. Le désengagement des espaces communs et politiques vécu au travail, lequel se substitue à la coopération, la convivialité et le partage des responsabilités, déborde du monde du travail pour rejaillir sur la vie en société (Dejours, 2009). Mais l’inverse est aussi vrai, puisque les espaces de délibération et de collaboration au travail peuvent rejaillir sur la vie en société, car la place et le temps qu’occupe le travail dans nos vies et le sens qu’on devrait pouvoir y attribuer sont centraux.

    C’est bien à ces enjeux que tente de répondre la pratique de la clinique du travail et des organisations. Sa contribution à la compréhension et à l’analyse des problématiques saillantes en milieu de travail et liées notamment à des enjeux organisationnels, managériaux et sociétaux, est étroitement rattachée au contexte hypermoderne de l’accélération et de la rationalisation du travail. L’identification de leviers d’action individuels et collectifs est un travail résolument politique. L’écart entre le travail prescrit et le travail réel, tel qu’il doit s’arrimer aux exigences pratiques des interventions dans les institutions, est au cœur de l’acte de travailler. Cette non-reconnaissance de la créativité et de l’intelligence mises au défi de combler cet écart est source de souffrance et les contraintes temporelles qui ne leur permettent pas de se déployer deviennent source d’aliénation.

    En allant à la rencontre des personnes, des situations et des collectifs, les auteurs des textes qui figurent dans cette partie de l’ouvrage tentent de rendre compte de malaises vécus, de contribuer à aider les acteurs à redonner du sens à leur travail et à façonner des pratiques alternatives. On constatera que cette posture clinique en sciences sociales se fait à partir de points de vue disciplinaires multiples: ergonomie, gestion, conseil d’orientation, sociologie, pour ne nommer que les principaux. De même, elle prend appui sur des approches variées telles que la psychodynamique du travail, la sociologie clinique et la clinique de l’activité. Enfin, ces études et analyses se déclinent selon divers enjeux de transformations sociétales observables sur des terrains variés. Les contributions rassemblées ici portent sur des expériences issues de milieux publics et privés, du secteur de la santé et de l’éducation, confrontés à des enjeux comme la diversité ethnoculturelle, la réalité syndicale, la formation, etc.

    Comment rendre compte des points communs traversant tous ces contextes et enjeux de travail? On y retrouve de la pression à la performance, des restrictions budgétaires, de la perte de sens, la primauté accordée à l’efficience sur la qualité des services, l’aliénation liée aux contraintes temporelles et l’accélération sociale, la non-reconnaissance des contributions, l’écart entre le travail prescrit et réel, l’impact sur la santé au travail, l’éclosion des épuisements professionnels et des problématiques de santé mentale. Dans chaque cas, parfois plus explicitement, on constate d’abord que l’approche clinique solidarise par la mise en discussion des enjeux

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