L'Élue du destin
Par Antonella Maggio
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À propos de ce livre électronique
Souvent le destin se montre tel qu’il est vraiment...
Lilou est une fille simple, peu sûre d’elle, qui vit dans la banlieue de Paris et aime les plantes. Après la tragédie qui a frappé sa famille, elle n’a d’autre choix que de rêver, de survivre à la société opulente à laquelle elle appartient, de céder aux caprices de sa mère et de pardonner les défauts de son riche petit ami.
Gabriel, un garçon drôle, charmant et mystérieux, fait irruption dans son quotidien et balaie son ennui, lui apprend ce qu’est l’amitié, l’amour que Lilou ne peut lui rendre, du moins jusqu’à ce que la roue de la Fortune tourne à nouveau dans le mauvais sens.
Événements inattendus et coïncidences, défis contre le destin, disparitions soudaines.
Tomber amoureux est dangereux, être capable de lire dans les pensées l’est encore plus.
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Avis sur L'Élue du destin
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Aperçu du livre
L'Élue du destin - Antonella Maggio
Il s’agit d’une histoire fictive.
Tous les noms, personnages, institutions, lieux et épisodes sont le fruit de l’imagination de l’auteur et ne doivent pas être considérés comme réels. Les similitudes avec des faits, des personnes, des noms, des institutions sont toutes à considérer comme des coïncidences.
Conformément à la loi sur le droit d’auteur et du Code civil, la reproduction de ce livre ou d’une partie de celui-ci par tout moyen, électronique, mécanique, photocopie, microfilm, enregistrement ou autre, est interdite.
Synopsis :
Souvent le destin se montre tel qu’il est vraiment...
Lilou est une fille simple, peu sûre d’elle, qui vit dans la banlieue de Paris et aime les plantes. Après la tragédie qui a frappé sa famille, elle n’a d’autre choix que de rêver, de survivre à la société opulente à laquelle elle appartient, de céder aux caprices de sa mère et de pardonner les défauts de son riche petit ami.
Gabriel, un garçon drôle, charmant et mystérieux, fait irruption dans son quotidien et balaie son ennui, lui apprend ce qu’est l’amitié, l’amour que Lilou ne peut lui rendre, du moins jusqu’à ce que la roue de la Fortune tourne à nouveau dans le mauvais sens.
Événements inattendus et coïncidences, défis contre le destin, disparitions soudaines.
Tomber amoureux est dangereux, être capable de lire dans les pensées l’est encore plus.
À ceux qui croient au destin,
à la vie et à l’amour.
CHAPITRE 1
Janvier. Une de ces journées froides de fin de mois que l’on aimerait passer à la maison, peut-être sur le canapé avec un vieux plaid, en regardant une série à la télévision ou en lisant un bon livre. Ma mère, en revanche, nous a forcées, ma sœur et moi, à aller au bal masqué chez les Rolland, des amis de la famille. La fête avait été organisée par Jean, une sorte de coureur de jupons invétéré pour lequel j’éprouvais une forte aversion, tandis que les autres filles, venues de tout Paris, semblaient se pâmer devant ses yeux bleus hypnotiques.
Les tentatives et les excuses pour éviter cette soirée furent vaines. Chloé, ma sœur, réussit à s’éclipser et, comme d’habitude, ne prit pas la peine de me tirer de ce guêpier et moi, pestant contre mes talons et la robe rouge trop pompeuse, je me préparai à passer toute la soirée sur l’un des canapés des Rolland sans mon plaid adoré, ma série télévisée préférée ou un bon livre pendant que tous les autres jeunes de mon âge dansaient et s’amusaient.
— Hé beauté, t’es toute seule ce soir ? Pourquoi tu ne viens pas t’amuser avec nous ? Un type pas mal éméché apparut devant moi. Il était en compagnie de trois autres garçons, tous habillés en vampires comme le voulait la mode du moment. Allez, viens avec moi. Je t’offre un verre.
Son visage était trop proche du mien, il tendit une main et me tira près de lui. Je me débattis à plusieurs reprises, mais je n’étais pas assez forte pour résister à sa force et son haleine alcoolisée empirait les choses.
— Lâche-moi, enlève tes sales pattes, tu me dégoûtes.
— Allez, bébé, fais pas ta difficile. J’essayai une fois de plus de le repousser et la dernière poussée fut décisive pour faire relâcher cette étreinte forcée. Tu ne sais pas à qui tu as affaire, petite idiote !
Pourquoi personne ne semblait me remarquer ?
Ses doigts atteignirent mon visage, je fermai les yeux craignant la venue d’une gifle, mais il se contenta d’une caresse sur ma joue et son contact me donna la nausée, la sensation d’avoir juste été salie et souillée par ses mains sales.
— Marc ! tonna une voix sévère et peu familière. Laisse-la tout de suite !
Le type retira immédiatement ses doigts de mon visage et s’enfuit avec ses amis, presque effrayé par la présence qui était derrière moi. Je rouvris les yeux et me retournai prudemment, encore sous le choc et effrayée.
Charles Dupont. Le rêve de toutes les filles de mon âge.
C’était lui qui m’avait sauvée et mon cœur sembla s’arrêter puis se mettre à battre encore plus vite qu’avant. Je ressentis une sensation étrange, de la honte aussi et, dans un élan soudain, je commençai à courir parmi tous ces garçons ivres qui se trémoussaient au rythme de la musique sur la piste de danse de cette pseudo discothèque.
— Lilou, arrête. Je ne veux pas te faire de mal. Je continuai à courir, ou plutôt, mes jambes le faisaient pour moi. Lilou !
Il m’attrapa par le poignet, je me retournai et levai timidement le regard pour rencontrer le sien, ses yeux inquiets, peut-être aussi effrayés que moi de me parler.
— Charles, murmurai-je à voix basse.
Il tenait ma main qui s’imbriquait parfaitement à la sienne alors qu’il me parlait pour la première fois. Nous avions grandi ensemble dans cet environnement, nous connaissions le nom de l’autre, et moi, comme les autres filles, j’étais toujours restée à l’écart en lui jetant des regards, croyant qu’il était beau comme un dieu, un de ces rêves qui peuvent vous hanter même quand vous avez les yeux ouverts, mais qui sont très éloignés de la réalité.
— Lilou, ça va ? Qu’est-ce qu’ils t’ont fait ?
— Oui, je vais bien. Il ne s’est rien passé. Ses mains incertaines ne savaient pas si elles devaient me réconforter avec une étreinte ou rester immobiles et serrer les miennes. Merci Charles ! ajoutai-je enfin, en regardant dans ses yeux sombres et en fondant immédiatement en larmes.
Je détestais terriblement cette partie de moi qui réagissait aux émotions en versant des larmes à volonté. Je me sentais faible, stupide et je ne voulais pas que Charles pense la même chose, mais il n’hésita pas et se précipita pour me serrer dans ses bras, me serrer contre lui pour bercer mes sanglots comme si j’étais une enfant, mais lui, ce soir-là, décida pour nous deux que je deviendrais sa femme.
— C’est fini ! Il releva mon visage, appuyant sa main sur mon menton et essuyant mes larmes avec l’autre. Il ne me quitta pas du regard et ses yeux étaient profonds, adorateurs, inquiets, désireux que j’arrête de pleurer pour s’enivrer de mon sourire. Et tu n’as pas à me remercier.
— Au contraire, parce que si tu n’étais pas intervenu... je n’aurais pas...
Il me fit taire, mit un doigt sur mes lèvres, puis écarta mes cheveux de mon visage, le prit dans ses mains, se pencha vers moi pour que nous soyons à la même hauteur, les yeux dans les yeux, m’empêchant presque de force de détourner le regard.
— Je suis là, Lilou. Dieu merci, je t’ai vue. Maintenant, tu n’as plus à t’inquiéter. Je suis là et je ne te quitte pas, je ne te quitte plus, Lilou.
Je tendis la main et touchai ses lèvres avec mes doigts. Je voulais l’embrasser et peut-être voulait-il la même chose à ce moment-là, mais il avait peur que je ne sois pas prête, que je sois encore secouée par ce qui m’était arrivé et il ne bougea pas. J’atteignis son visage sur la pointe des pieds.
— Lilou, je ne veux pas tout gâcher...
— Embrasse-moi, Charles.
Ses lèvres se posèrent enfin sur les miennes. C’était mon premier baiser et je l’avais donné à Charles, celui qui m’avait sauvée, celui qui avait tenu mes mains, séché mes larmes et fait battre mon cœur. Je ne savais pas comment m’y prendre et j’avais un peu peur de ne pas être à la hauteur, mais toutes les craintes s’envolèrent lorsque sa langue rencontra la mienne, je suivis son exemple et j’embrassai sa bouche, je touchai ses cheveux, me pressai contre son corps et me retrouvai à trembler dans ses bras, le reprochant au froid de janvier pour ne pas m’avouer que j’étais déjà désespérément amoureuse de Charles.
Beaucoup de choses changèrent dans ma vie à partir de cette nuit-là et, sans m’en rendre compte, je commençai à apprécier le monde auquel j’appartenais, car grâce aux fêtes et aux dîners des riches parisiens, j’avais la chance de passer du temps avec Charles, en me tenant la main en public et en étouffant des gémissements de plaisir dans sa bouche lorsque nous nous embrassions en secret.
C’était une sensation étrange. J’avais du mal à voir mon reflet dans le miroir. Je n’étais plus moi, mais je m’aimais bien et j’étais heureuse. Ma mère remarqua également le changement et lorsque la nouvelle devint officielle que Charles et moi étions ensemble, elle commença à faire des projets pour l’avenir.
Parfois, elle était vraiment insupportable quand elle ne pouvait s’empêcher de se plaindre de tout, mais à ses yeux, je devins vite la fille qu’elle avait toujours souhaité avoir.
CHAPITRE 2
Charles s’occupait de moi, et sa proximité était aussi l’idéal pour mon estime de soi, pour la timidité qui m’avait toujours caractérisée et qui m’empêchait d’avoir une meilleure amie. Je rencontrais des gens, mais en fait, je fréquentais des filles qui étaient complètement différentes de moi et quand on n’a rien en commun, échanger ne serait-ce que quelques mots devenait difficile, sans parler de se faire des amis.
Heureusement, j’avais Chloé et elle était comme une partie de mon cœur, la grande sœur sauvage et révolutionnaire que j’admirais secrètement et à laquelle je souhaitais ressembler, avoir ne serait-ce qu’une once de son audace ou de son caractère têtu. Elle était belle, très belle, avec ses longs cheveux blonds, ses yeux marron et brillants et ses longs cils avec lesquels elle charmait les garçons, mais parvenait toujours à les faire fuir avec sa langue bien pendue car elle détestait les aventures encore plus que les relations stables. Elle détestait notre monde, elle détestait notre mère avec son caractère impossible et ses idées bigotes, elle détestait l’école privée où nos parents nous avaient inscrites, mais elle aimait étudier et elle étudiait en cachette même si chaque année, elle risquait de redoubler et de se disputer avec les religieuses qui essayaient de nous donner des cours de maths et de religion. Elle était étrange, Chloé, beaucoup plus que moi, et elle cachait des secrets, elle cachait ses amitiés simples que notre mère n’aurait jamais approuvées, elle cachait les briquets et les cigarettes, mais elle fumait dans sa chambre et ses mains sentaient le tabac et elle chassait l’odeur de sa bouche en mâchant des bonbons à la menthe. Elle était forte, Chloé, forte comme ces femmes que la vie essaie de faire plier, mais elle restait debout, même si son cœur était brisé à l’intérieur.
Nous étions allées faire du shopping dans l’une des nombreuses boutiques de la rue Montaigne. Notre mère nous avait ordonné d’acheter une robe élégante pour la fête de Noël qui avait lieu chez nous dans un mois, et nous faisions toujours nos achats ensemble pour passer un peu de temps seules et surtout pour nous évader de la maison. Nous finissions par passer des journées entières dans la rue, même s’il pleuvait dehors et que l’eau mouillait nos chaussures et nos pieds ou que le froid faisait claquer nos dents. Souvent, nous rentrions chez nous les mains vides et c’était l’excuse pour remettre ça le lendemain et encore une fois dans la rue, en riant ou en se tenant la main, en se disputant ou en essayant de s’abriter toutes les deux sous le même parapluie alors que la pluie nous trempait comme des soupes.
— Tu as encore décidé de prendre des risques pour ce semestre ?
dis-je tout en essayant de remonter la fermeture éclair sur le côté de la robe rouge que Charles aurait sans doute adorée, même s’il allait sûrement refuser de me l’enlever pour ne pas trop se presser.
— De quoi tu parles, sœurette ?
Elle faisait toujours semblant de ne pas comprendre, de toujours tomber des nues.
— Je parle de l’école, hier tu as encore refusé l’interrogation de latin.
Nous parlions distraitement, mais nous étions très attentives aux vêtements, imaginant ce qui irait le mieux selon les critères de notre mère pour qu’elle nous épargne ses critiques.
— Je n’avais pas révisé et tu ressembles à maman maintenant de toute façon.
— Tu es une menteuse, je t’ai vue dans la chambre en train de répéter à haute voix : Sapiens fingit fortunam sibi... Platon !
Je récitai les versets en latin, accompagnant ma voix dans un mouvement de bras, en voulant jouer les Platon.
— Tu es une moucharde et ce n’est pas de Platon de toute façon ! L’homme sage crée sa propre chance. Plaute !
Le ton de sa voix se fit désagréable pour avoir mal prononcé le nom du philosophe et l’avoir confondu avec un autre. C’était encore une autre confirmation qu’elle était mieux préparée que moi.
— C’est quoi son nom déjà, mince ? Le fait est que tu ne fais du mal qu’à toi-même et non à maman ! Tu ne t’en rends même pas compte, non ?
Touchée-coulée. Elle pouvait détester tout le monde et être grincheuse et amère avec les autres, mais quand il s’agissait de moi, les choses étaient différentes. Elle se sentait peut-être coupable d’être la grande sœur qui donnait le mauvais exemple.
— Je ne comprends pas pourquoi tu agis comme ça, Chloé. Plus vite tu termines tes études, plus vite tu seras libre de fonder une famille et peut-être de t’éloigner de la maison et de faire ce que tu veux.
Elle savait qu’elle faisait des erreurs, mais pour elle, c’était comme l’habitude de la cigarette et elle ne pouvait pas s’arrêter, elle faisait des erreurs et encore des erreurs et elle ne pouvait plus en sortir.
— On doit vraiment parler de ça, Lilou ?
— Bien sûr qu’on doit en parler. Chloé, tôt ou tard, toi aussi tu auras une famille, tu auras des enfants. Tu continueras à te comporter comme ça ?
— Écoute Lilou, j’apprécie ton intérêt, vraiment, et tu sais que je t’aime énormément, mais depuis que tu es avec Charles, tu parles comme une adulte. Moi, je ne suis pas comme toi. Elle prit une inspiration et ces derniers mots me firent un peu mal. Je n’ai pas besoin d’une famille ou d’un enfant, ce n’est pas dans mes rêves ni dans mes projets. De toute façon, il se fait tard, allons payer à la caisse.
Elle me sourit et chez elle, un sourire signifiait : « reste calme et ne t’en fais pas. » Elle me fit une bise sur la joue, puis elle me prit par le bras, et nous parcourûmes rapidement les allées du grand magasin pour payer un Valentino et un Chanel valant presque autant qu’une voiture.
***
Cette année-là, Noël approchait et la maison des Duval était occupée à préparer la grande fête. Mais comme d’habitude, la seule personne stressée était la maîtresse de maison qui allait et venait en criant aux serveurs ou à ceux qui étaient payés pour la supporter et lui faire plaisir. Maman buvait régulièrement des boissons alcoolisées ou des concentrés de caféine, mais ces derniers jours, elle ne consommait que de grandes quantités de camomille et de tisanes relaxantes, tandis que notre père gardait volontairement ses distances, préférant le chaos de son bureau à son travail à celui de la maison.
La seule qui avait la tête dans les nuages plus que d’habitude était Chloé. Elle semblait chercher une cachette, un moyen de s’éclipser ou le bon moment pour réaliser sa fuite avec Ève, sa meilleure amie que maman ne pouvait pas encadrer.
Je levai les yeux de la liste des cadeaux alors que j’étais allongée à plat ventre sur mon lit et je la vis, incertaine, sur le seuil de ma chambre, indécise quant à savoir si elle devait entrer ou revenir sur ses pas. Elle choisit de s’enfuir et en silence je la suivis. La porte de sa chambre était entrouverte et lorsque j’appuyai sur la poignée pour ouvrir une porte, je vis ma sœur se pencher par la fenêtre, disant à quelqu’un de partir et prenant rendez-vous pour le soir même.
— Ne fais pas ça, Chloé ! Tu vas trop loin ! Elle se retourna avec une lenteur excessive, le visage blanc comme un linge. Elle me demanda ce que j’avais entendu, mais je ne répondis pas, j’entrai dans sa chambre en fermant la porte derrière moi et je commençai à l’attaquer, désormais irritée moi aussi par ses coups de tête. Ne fais pas ça !
— Lilou, mais de quoi tu parles ? Tu sais que je ne manquerais jamais Noël ! Bien sûr qu’elle l’aurait fait. Si c’était son idée, personne n’aurait pu la convaincre du contraire. Je sais que tu ne me crois pas, mais je peux t’assurer qu’en ce moment même, ce que je souhaite vraiment, c’est rester à la maison. Je sais que cela peut paraître bizarre, mais c’est vrai. Allez, s’il te plaît, tu dois me croire.
— Te croire ? Laisse-moi rire ! Je suis peut-être plus jeune que toi, mais je ne suis pas assez stupide pour croire à un énième mensonge. Qu’est-ce qui te passe par la tête ? Purée, je suis ta sœur et combien de fois je t’ai vu disparaître la nuit pour aller on ne sait où et avec on ne sait qui ?
— Ne t’inquiète pas, au moins pour ce énième Noël, je resterai à la maison. Elle sourit et je commençai à douter de ma confiance. Disons que j’ai une bonne raison de rester, et je n’ai jamais autant voulu rester ici, bien que l’idée de plaire à maman ne me rende pas très contente de moi.
Je posai mes yeux un peu confus sur elle pour étudier ses moindres mouvements. Je ne savais pas si je devais croire ses paroles, je ne savais pas si je devais encore faire confiance à Chloé, mais elle semblait vraiment sincère et avait une nouvelle lumière dans les yeux. Je la regardai à nouveau et elle rougit pour la première fois sur ces joues blanches, à peine maculées de taches de rousseur, et j’en arrivai soudain à une conclusion à la fois surprenante et bizarre.
— S’il te plaît, dis-moi que tu es amoureuse, mais pas de Jean ! Elle éclata de rire et je fis de même, puis elle désigna d’une main l’espace libre sur son lit et je pris place à côté d’elle. Je voulais tout savoir, je voulais que sa joie soit aussi la mienne. Alors, c’est qui ? Comment il s’appelle ? Je le connais ? Allez, dis-moi tout.
Elle pouvait me faire confiance et c’est ce qu’elle faisait, mais ses doutes rongeaient son esprit et j’en déduisis immédiatement que la question était un peu complexe et problématique.
— Ce n’est pas Jean, au moins sur ça, tu peux être tranquille.
Elle le détestait encore plus que moi.
— Dommage ! plaisantai-je et je lui donnai un petit coup de coude sur le côté gauche. On aurait pu organiser des sorties à quatre. Moi, toi, Charles et le maniaque.
Le sourire sur son visage s’effaça trop vite, Chloé devint triste et moi avec elle.
— Il s’appelle Alexandre !
Elle prononça ce nom sans grande conviction, à voix basse, et cacha ses mains tremblantes, mais je le remarquai quand même.
— Qu’est-ce qui ne va pas ? Tu devrais être contente, mais on dirait que tu es préoccupée et je dirais même beaucoup. Elle ne me répondit pas et je continuai à chercher dans mon esprit le visage du garçon qui faisait battre le cœur de ma sœur. Mais est-ce que je connais cet Alexandre ?
— Chut ! Tais-toi, Lilou. Quelqu’un pourrait nous entendre ! Il n’était quand même pas fou, ou maître chanteur ou pire encore, un délinquant ? Tu te souviens du jour où tu n’es pas venue à l’école parce que tu devais faire ta prise de sang ? Je hochai la tête. Bien sûr que je m’en souvenais et je m’en serais souvenu pour le reste de mes jours, car je m’étais évanouie et j’avais semé la pagaille dans l’hôpital. Et bien, je suis allée à l’école en métro et j’ai rencontré ce garçon.
— Il va au lycée en face du collège ?
Elle soupira bruyamment puis secoua la tête en signe de profonde désapprobation.
— Réveille-toi, Lilou ! C’est pas possible que tu ne comprennes pas ou bien t’as vraiment la mémoire très courte ? Ce jour-là, j’ai rencontré le fils de M. Alphonse.
Alexandre était le fils de notre chauffeur de confiance et Alphonse était un homme d’une cinquantaine d’années, aux cheveux et à la moustache blancs, à