Terre Champ de Bataille: une épopée de l'an 3000 Tome 2
Par L. Ron Hubbard
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À propos de ce livre électronique
LE DÉNOUEMENT
Ce qui avait commencé comme une tentative désespérée pour libérer l’humanité des Psychlos, s’est transformé en un raz-de-marée qui a envahi toute la galaxie, avec pour effet un nombre incalculable de races extra-terrestres qui portent maintenant un regard malveillant sur la Terre. …
Et tandis que ce qui reste de l’humanité entretient quelque espoir d’établir un semblant de société, Jonnie Goodboy Tyler et ses compagnons, des Écossais des Highlands, tous désorganisés, se retrouvent rapidement au beau milieu d’une guerre intergalactique généralisée, situation qu’ils n’avaient jamais envisagée.
Leur seul espoir réside dans un mystère séculaire qui remonte aux « kiâtres » d’antan et qui culminera en une révélation capable de bouleverser entièrement la structure du pouvoir de tout le cosmos.
Les Psychlos porteront-ils le coup fatal ? Ou bien les puissances intergalactiques condamneront-elles ce qui reste d’humanité à un esclavage sans fin ? La guerre interplanétaire à venir détruira-t-elle la Terre une fois pour toutes ? Ou encore est-ce que l’humanité se construira-t-elle finalement un refuge d’où elle pourra survivre ?
Ne manquez pas le final de Terre Champ de Bataille, la saga – best-seller du New York Times – dans laquelle les intrigues et le suspense, l’histoire d’amour et de guerre et la puissance de sa vision s’entremêlent. C’est ce qui vous attend. Ne le ratez pas !
ÉTERNEL BEST-SELLER INTERNATIONAL, Terre Champ de Bataille a fait partie du top trois parmi les meilleurs 100 romans de langue anglaise du vingtième siècle selon les sondages de lecteurs du Random House Modern Library. Il a été encensé mondialement par la critique, y compris par la US Golden Scroll and Saturn Awards, en Italie par la prestigieuse Tetradramma d’Oro Award (pour le message de paix qu’il transmet) et en France par la récompense Gutenberg pour son exceptionnelle contribution au genre romanesque.
Cette édition du 21ème siècle présente :
Des notes manuscrites de l’auteur jamais publiées.
Une interview exclusive de l’auteur.
Les paroles originales des chansons que L. Ron Hubbard a écrites pour accompagner le roman.
Une illustration de couverture par le légendaire Frank Frazetta. Vivez l’expérience de l’aventure épique qui a changé le monde de la science-fiction pour toujours.
« Terre Champ de Bataille, c’est plus que juste de la science-fiction, c’est de l’or à l’état pur. » —Barnes & Noble
« Une épopée menée à un rythme d’enfer. Chaque chapitre présente une nouvelle aventure incroyable. » —Kevin J. Anderson AUTEUR DE UNIVERS DUNE
« Un merveilleux conteur avec une totale maîtrise du rythme et de l’intrigue. » —Publishers Weekly
Extrait de Terre Champ de Bataille [Partie 20, Chapitre 9]
« Dans cette tranchée, soixante-sept cadets sont morts au combat durant la dernière bataille lors de l’invasion des Psychlos, il y a un millier d’années. Lorsque je l’ai visitée pour la première fois, j’ai ressenti mon premier espoir. Pour moi, ce n’est pas tant le fait que ces cadets aient perdu qui compte, mais c’est qu’ils se soient battus envers et contre toute espérance. Ils ne sont pas morts en vain. Nous sommes là. Et nous nous battons de nouveau. Vous et vos camarades pilotes, vous avez le contrôle du ciel de la Terre.
À chacun d’entre vous, j’adresserai une requête dans les temps à venir. Honorerez-vous cette requête ? »
—Jonnie Goodboy Tyler
L. Ron Hubbard
Mit 19 Bestsellern der New York Times und mehr als 250 Millionen Exemplaren seiner Werke im Umlauf gehört L. Ron Hubbard zu den anerkanntesten und meistgelesenen Schriftstellern unserer Zeit. Als ein Hauptakteur der amerikanischen Pulp-Fiction der 1930er und 40er ist er außerdem einer der einflussreichsten Autoren der Moderne. Tatsächlich gibt es kaum einen Meister der fantasievollen Geschichten, von Ray Bradbury bis Stephen King, der L. Ron Hubbard nicht Tribut gezollt hat. Zur Feier seines 50-jährigen Jubiläums als Autor tritt er wieder an die Spitze der Populärliteratur, mit seinen monumentalen Epen Kampf um die Erde und der 10-bändigen Serie Mission Erde. Zusammen dominierten diese Titel die internationalen Bestsellerlisten für mehr als 200 Wochen und verbleiben unter den Rekord-Klassikern der modernen Science-Fiction.
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Fantasy pour vous
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Avis sur Terre Champ de Bataille
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Aperçu du livre
Terre Champ de Bataille - L. Ron Hubbard
« Terre champ de bataille - c’est plus que de la science-fiction pure, c’est de l’or à l’état pur. »
Barnes & Noble
« On y trouve TOUT : suspense, pathos, politique, guerre, humour, diplomatie et finance intergalactique. »
Publishers Weekly
« Terre champ de bataille est une histoire extraordinaire ! Je me suis régalé de l’humour subtilement instillé qui s’en dégage. Un chef-d’œuvre. »
Robert A. Heinlein
AUTEUR DU ROMAN STRANGER IN A STRANGE LAND (EN TERRE ÉTRANGÈRE)
« Quand j’ai commencé Terre champ de bataille je ne pouvais plus m’arrêter. Je suis resté éveillé toute la nuit à le lire. J’étais fasciné par cette histoire. »
Frederik Pohl
AUTEUR DU ROMAN GATEWAY (LA GRANDE PORTE)
« Une aventure de science-fiction pleine d’action qui va au rythme enivrant de deux kilomètres à la minute et ne s’arrête jamais. C’est un chef-d’œuvre de la science-fiction populaire. »
Brandon Sanderson
AUTEUR DU ROMAN THE WAY OF KINGS (LE CHEMIN DES ROIS)
« Une épopée à un rythme soutenu. Chaque chapitre présente une aventure géniale. »
Kevin J. Anderson
AUTEUR DU ROMAN THE DARK BETWEEN THE STARS (L’OBSCURITÉ ENTRE LES ÉTOILES)
« L’énergie et l’émerveillement d’une aventure telle que dans La guerre des étoiles. »
Dave Wolverton
AUTEUR DU ROMAN THE COURTSHIP OF PRINCESS LEIA (LA SÉDUCTION DE LA PRINCESSE LEIA)
« Hubbard célèbre ses cinquante ans comme écrivain professionnel en nous livrant ce divertissement incroyable : un pugilat passionnant plein de complots haletants et d’action débridée. »
Kirkus Reviews
« Une saga démesurée et exubérante. Elle démarre sur les chapeaux de roues et elle ne vous lâche plus. »
Atlanta Journal-Constitution
« Du suspense en rafales. Terre champ de bataille est du pur cru de science-fiction, concocté par un écrivain hors pair. »
Buffalo news
« Terre champ de bataille est un roman grandiose, de la même veine que La guerre des étoiles, constellé d’aventures narrées avec intelligence et brio. »
Baltimore Sun
« Un bon vieux space opéra fait un sérieux retour avec L. Ron Hubbard dans Terre champ de bataille. »
New York Newsday
« Du space opéra qui tape droit dans le mille. C’est provoquant, c’est exaltant et véritablement divertissant. »
Scifi.com
« Il faut reconnaître l’aptitude de Hubbard à nous transporter tout au long de l’histoire. C’est truffé d’action, de batailles et d’extraterrestres. »
Los Angeles Times
« C’est une histoire exaltante, qui est également édifiante, ne saga où l’homme lutte et triomphe. »
The Advocate (Bâton rouge)
« Une épopée d’aventures et de science-fiction, une histoire passionnante et captivante pour l’esprit et l’imagination. »
Orange County Register
Sélection d’ouvrages de fiction de
L. Ron Hubbard
FANTASTIQUE
If I Were You (Si j’étais vous)
Slaves of Sleep & The Masters of Sleep
(Les esclaves du sommeil et les Maîtres du sommeil)
Typewriter in the Sky (La machine à écrire céleste)
SCIENCE-FICTION
Terre champ de bataille
Final Black-out
The Great Secret (Le grand secret)
The Kingslayer (L’assassin du roi)
La décalogie* Mission Terre
Volume 1 : Le plan des envahisseurs
Volume 2 : La forteresse du mal
Volume 3 : L’ennemi intérieur
Volume 4 : Une affaire très étrange
Volume 5 : L’empire de la peur
Volume 6 : Objectif mort
Volume 7 : Destination vengeance
Volume 8 : Catastrophe !
Volume 9 : Noire victoire
Volume 10 : Requiem pour une planète
Ole Doc Methuselah (Doc Mathusalem)
To the Stars (En direction des étoiles)
ROMANS HISTORIQUES
Buckskin Brigades (Les brigades vêtues de daim)
Under the Black Ensign (Sous pavillon noir)
SUSPENSE
Cargo of Coffins (Cargo de cercueils)
Dead Men Kill (Zombies tueurs)
Fear (Au bout du cauchemar)
Spy Killer (Tueur d’espions)
WESTERNS
Branded Outlaw (Hors-la-loi malgré lui)
Six-Gun Caballero (Le cavalier au six-coups)
Vous trouverez la liste complète des romans et nouvelles de L. Ron Hubbard sur le site www.GalaxyPress.com
*Décalogie : série de dix volumes.
Title page: Terre Champ de Bataille une épopée de l’an 3000, Tome 2GALAXY PRESS, INC
7051 Hollywood Blvd., Suite 200
Hollywood, California 90028 USA
TERRE CHAMP DE BATAILLE :
UNE ÉPOPÉE DE L’AN 3000
TOME 2
© 2024 L. Ron Hubbard Library.
Couverture : Frank Frazetta
Cover Artwork : © 1984 L. Ron Hubbard Library.
Tous droits de reproduction et d’adaptation réservés.
Toute copie, traduction, reproduction, importation ou distribution non autorisées, totales ou partielles, par quelque moyen que ce soit, y compris copie, stockage ou transmission électronique, constitue une violation des lois en vigueur.
Livre relié. ISBN : 978-1-61986-786-4
ePub édition ISBN : 978-1-61986-812-0
Kindle édition ISBN : 978-1-61986-814-4
MISSION TERRE est une marque de fabrique détenue par la L. Ron Hubbard Library.
French
DÉDICACE
Ce tout nouveau roman est dédié à Robert A. Heinlein, A. E. van Vogt, John W. Campbell, Jr., et à toute la joyeuse équipe* des écrivains de science-fiction et de fantastique des années trente et quarante – l’Âge d’or – qui ont fait de la science-fiction et du fantastique les genres littéraires à la fois populaires et respectés qu’ils sont devenus aujourd’hui.
* Parmi les étoiles de ce temps, on trouve notamment :
Forrest J. Ackerman, Poul Anderson, Isaac Asimov, Harry Bates, Alfred Bester, Eando Binder, James Blish, Robert Bloch, Nelson Bond, Anthony Boucher, Leigh Brackett, Ray Bradbury, Fredric Brown, Arthur J. Burks, Edgar Rice Burroughs, Karel Čapek, E. J. Carnell, Cleve Cartmill, Arthur C. Clarke, Hal Clement, Groff Conklin, Ray Cummings, L. Sprague de Camp, Lester del Rey, August Derleth, Ralph Milne Farley, Hugo Gernsback, Mary Gnaedinger, H. L. Gold, Edmond Hamilton, Robert E. Howard, E. Mayne Hull, Aldous Huxley, Malcolm Jameson, David H. Keller, Otis Adelbert Kline, C. M. Kornbluth, Henry Kuttner, Fritz Leiber, Murray Leinster, Willy Ley, Frank Belknap Long, H. P. Lovecraft, R. W. Lowndes, J. Francis McComas, Laurence Manning, Leo Margulies, Judith Merril, Sam Merwin, Jr., P. Schuyler Miller, C. L. « Northwest Smith » Moore, Alden H. Norton, George Orwell, Raymond A. Palmer, Frederik Pohl, Fletcher Pratt, E. Hoffman Price, Ed Earl Repp, Ross Rocklynne, Eric Frank Russell, Nathan Schachner, Idris Seabright (Margaret St. Clair), Clifford D. Simak, C. A. Smith, E. E. « Doc » Smith, Olaf Stapledon, Theodore Sturgeon, John Taine, William F. Temple, F. Orlin Tremaine, Wilson Tucker, Jack Vance, Donald Wandrei, Stanley G. Weinbaum, Manly Wade Wellman, H. G. Wells, Jack Williamson, Russell Winterbotham, Donald A. Wollheim, Farnsworth Wright, S. Fowler Wright, Philip Wylie, John Wyndham, Arthur Leo Zagat et tous leurs illustrateurs.
Tous méritent d’être relus, tous.
REMERCIEMENTS
En 1982, L. Ron Hubbard a demandé à Frank Frazetta (1928–2010) de traduire en peinture l’esprit de Terre champ de bataille. Son tableau illustrant la lutte épique entre l’Homme et des races d’extraterrestres, met à présent en valeur la couverture de cette nouvelle édition afin de donner tout son éclat à la réédition du livre. Frazetta était célèbre pour l’imagerie légendaire, révolutionnaire, qu’il a créée tant comme illustrateur que comme peintre. Recherché par les éditeurs, l’industrie du divertissement et les collectionneurs d’art, son talent artistique est présenté dans des livres, des affiches, des couvertures d’album et dans des musées. M. Hubbard a appelé Frazetta le Roi des illustrateurs en hommage à sa maîtrise artistique, sa popularité et son influence manifeste et durable sur le monde de l’illustration.
Table des matières
Terre Champ de Bataille :
Une épopée de l’an 3000 Tome 2
Partie 19
Partie 20
Partie 21
Partie 22
Partie 23
Partie 24
Partie 25
Partie 26
Partie 27
Partie 28
Partie 29
Partie 30
Partie 31
Partie 32
Épilogue
Supplément
Ron Hubbard s’exprime sur
« Terre champ de bataille »
Les paroles des chansons
Notes de l’auteur
À propos de l’auteur
Half-title page for Terre Champ de Bataille : Une épopée de l’an 3000 Tome 2PARTIE 19
PARTIE 19
Chapitre 1
Brown Staffor le boiteux présidait le conseil et il était d’humeur sombre.
Ils étaient tous là, rassemblés devant l’estrade de la salle du Capitole, adressant sans cesse des reproches. Ils s’en prenaient à lui, lui, le conseiller en chef de la planète. Ils s’opposaient à ses mesures.
Ce type noir venu d’Afrique ! Cette créature jaunâtre arrivée d’Asie ! Ce crétin bronzé qui avait débarqué d’Amérique du Sud ! Et cette brute à face de ruminant originaire d’Europe ! Tous, tous ! … Pouah ! POUAH !
Est-ce qu’ils n’avaient pas compris qu’il faisait de son mieux pour l’humanité ? Est-ce que lui, Brown Staffor le Boiteux, ne représentait pas CINQ tribus depuis l’arrivée des Brigantes ? Et n’était-il pas Doyen Maire d’Amérique ?
Ils argumentaient sur les contrats des Brigantes et leur coût. Un comble ! La planète avait besoin d’une force de défense. Et les clauses qu’il avait établies avec tant de peine – et sur lesquelles il avait passé des heures et des heures avec le général Snith – ces clauses étaient absolument nécessaires.
Le Doyen Maire d’Afrique contestait le salaire. Il disait que cent crédits par Brigante et par jour étaient une somme excessive, qu’un membre du conseil ne touchait que cinq crédits par jour et qu’en dépensant l’argent de cette manière il se dévaloriserait ! Ils chicanaient et discutaillaient sur des points futiles et insignifiants !
Brown le Boiteux avait progressé de façon satisfaisante. Il était parvenu à réduire le Conseil à cinq membres, mais, apparemment, cela faisait encore quatre de trop !
Il se creusait la cervelle pour tenter de résoudre ce dilemme.
Lorsque Lars l’avait emmené jusqu’au faubourg des Brigantes, ce même jour, il est vrai qu’il avait été plutôt choqué par les agissements des femmes brigantes. En pleine rue et sans le moindre vêtement. Mais le général Snith, pendant l’entrevue, avait déclaré qu’elles ne faisaient que s’amuser.
Sur le chemin du retour, Lars avait parlé de ce leader militaire des âges passés, magnifique, absolument magnifique, du nom de… Hideur ?… non… Hitler ? Oui, c’était ça : Hitler. Celui qui avait été le champion de la pureté raciale et de la droiture morale. La pureté raciale ne paraissait guère intéressante aux yeux de Brown le Boiteux, mais, en revanche, la « droiture morale » avait retenu son attention. Car son père s’en était toujours fait le champion.
Tandis qu’il écoutait les récriminations et les argumentations interminables des conseillers, il lui revint à l’esprit une conversation – purement sociale – qu’il avait eue avec Terl, cette créature si amicale. Ils avaient parlé de moyens de pression. Si l’on disposait de moyens de pression, on pouvait parvenir à ce que l’on désirait. Un principe philosophique sensé. Brown le Boiteux avait adhéré à cette idée. Il espérait sincèrement que Terl le considérât comme un élève capable, car il était très heureux d’avoir son aide et son amitié.
Mais une chose était certaine : il n’avait pas le moindre moyen de pression sur le Conseil ! Il essayait d’échafauder quelque manœuvre pour se désigner lui-même, avec un secrétaire, comme seule autorité sur la Terre. Mais comme il ne trouvait rien, il passa en revue certaines choses que Terl lui avait dites : des conseils réalistes, solides. Il lui avait parlé, entre autres, des avantages qu’il y avait à voter une loi, puis à arrêter aussitôt ceux qui la violaient, ou à utiliser cette violation comme moyen de pression. Oui, c’était ça, plus ou moins.
La solution lui vint en un éclair.
Il tapa sur la table pour réclamer le silence.
— Nous allons ajourner le vote pour le contrat des Brigantes, déclara-t-il de son ton le plus autoritaire.
Ils se calmèrent et l’Asiatique se drapa dans sa tunique avec une attitude de… de défi ? Eh bien, il ne perdait rien pour attendre !
— Je réclame une autre mesure, reprit Brown le Boiteux. Elle concerne la moralité. Et il se lança dans un long discours sur la morale, qui était l’épine dorsale de toute société : les fonctionnaires devaient être aussi honnêtes que sincères et leur conduite irréprochable. Sous aucun prétexte, ils ne devaient prêter le flanc au scandale.
Cela fut plutôt bien compris. Tous étaient des honnêtes hommes et, même s’ils obéissaient à des codes moraux différents, ils étaient d’accord pour que les fonctionnaires respectent la morale.
À l’unanimité ils votèrent donc la proposition de Brown : toute conduite scandaleuse de la part d’un fonctionnaire serait sanctionnée par une mise à pied. Ils se sentaient investis de leur responsabilité.
Ils avaient au moins réussi à voter une résolution. On déclara l’ajournement de la séance.
De retour dans son bureau, Brown le Boiteux discuta avec Lars à propos de « caméras-bouton ». Lars avait quelques connaissances sur le sujet et il pensait que Terl pourrait lui révéler où en trouver dans le complexe.
Et le lendemain matin, lorsque tous les fonctionnaires eurent quitté leur chambre d’hôtel, Lars, au nom de la décence morale, mit en place diverses caméras-bouton dans des recoins secrets et les relia toutes à des picto-enregistreurs automatiques. Dans la soirée, Brown le Boiteux eut un entretien confidentiel avec le général Snith. Il en résulta que douze des plus jolies femmes brigantes furent engagées par le directeur de l’hôtel qui était à court de main-d’œuvre. Oui, acquiesça-t-il, d’aussi adorables créatures devraient être en contact direct avec les pensionnaires afin de rendre leur séjour plus agréable.
Le lendemain, Terl exprima sa satisfaction : il considérait que les mesures prises par Brown étaient justifiées et il lui dit qu’il était fier qu’il les ait conçues lui-même.
Flatté et heureux, Brown le Boiteux regagna son bureau et travailla jusque tard dans la nuit à mettre au point les diverses étapes de ses plans. Au nombre des plus importants, dès qu’il aurait les mains libres, il y avait les charges à accumuler contre Jonnie Goodboy Tyler. La liste était déjà très longue et le châtiment tardait depuis trop longtemps.
PARTIE 19
Chapitre 2
C’était une nuit sans lune. On avait éteint les lumières dans le secteur de la cage et la sentinelle avait reçu l’ordre de se trouver ailleurs.
Brown le Boiteux était assis sur le sol. Terl se tenait accroupi près des barreaux. Et Lars Thorenson était assis entre eux, allumant parfois une lampe minuscule pour consulter son dictionnaire.
Ils parlaient à voix très basse. Ils ne devaient pas courir le moindre risque d’être entendus. C’était ce soir que tout allait se jouer !
Les griffes de Terl se contractaient et d’infimes impulsions d’énergie les parcouraient. Cette conférence était d’une telle importance et son issue tellement vitale pour ses plans qu’il en avait du mal à respirer. Pourtant, il devait affecter l’indifférence, il devait demeurer désintéressé et serviable (un mot nouveau qu’il avait appris). Il devait étouffer ses impulsions conflictuelles, par exemple éviter de passer la patte à travers les barreaux (qu’il avait désactivés à l’insu de tous en se servant du boîtier de télécommande caché sous les pierres). Le plaisir qu’il aurait à déchirer ces créatures de ses griffes était absolument, inexorablement subordonné à ce qu’il voulait entreprendre ce soir. Il se concentra de toutes ses forces sur la tâche présente.
En chuchotant, Brown le Boiteux expliquait qu’il avait mis à jour un scandale flagrant au sein du Conseil. Il avait pris à part chacun des Doyens Maires pour leur montrer certains enregistrements et ils avaient admis que leur conduite était une violation absolue de leurs propres lois. Chacun s’était ainsi vu se livrant à des perversités récemment introduites par les femmes brigantes, parfois avec quatre à la fois. Honteux, ils avaient reconnu que cela risquait de jeter le déshonneur sur le gouvernement (Lars avait eu quelque difficulté à trouver le mot « honte » dans le dictionnaire. Il l’avait déniché dans la section « archaïsmes », comme étant un ancien terme hockner, dont l’usage était abandonné.)
Une résolution avait désigné Brown le Boiteux comme Conseiller Exécutif et nommé un secrétaire (qui, à force d’exercices, parvenait à présent à signer son nom, mais qui, par ailleurs, ne savait ni lire ni écrire). Désormais, tout le pouvoir du Conseil était entre les mains de Brown Staffor le Boiteux, en tant que Doyen Maire de la Planète et conseiller le plus compétent et méritant. Les autres avaient plié bagage et regagné leur tribu. La parole de Brown le Boiteux, à présent, faisait office de loi sur l’ensemble de la planète.
Terl s’était attendu à lire une certaine joie chez l’humain. C’est ce qu’il aurait lui-même ressenti en de telles circonstances. Il murmura des paroles d’approbation et de félicitations pour avoir agi en véritable homme d’État. Mais Brown le Boiteux ne se dérida pas pour autant.
— Puis-je vous être utile en quoi que ce soit d’autre ? chuchota Terl.
Brown le Boiteux prit une profonde inspiration. C’était presque un soupir de désespoir. Il avait dressé une liste de charges criminelles contre Tyler.
— Parfait, fit Terl. Vous avez maintenant tout pouvoir pour vous occuper de lui. Ces charges sont-elles graves ?
— Oh, oui, chuchota Brown le Boiteux, retrouvant le sourire. Il s’est opposé au déplacement d’une tribu ordonné par le Conseil, il a capturé des coordinateurs, assassiné plusieurs membres de la tribu, volé leurs biens et violé leurs droits légitimes.
— À mon sens, murmura Terl, c’est très, très grave.
— Il y a plus. Il a dressé une embuscade devant un convoi psychlo, massacré tout le monde sans pitié et dérobé tous les véhicules.
— Vous avez la preuve de tout cela ?
— Des témoins de la tribu sont ici présents. Et des picto-enregistrements de l’embuscade sont projetés chaque soir à l’Académie, là-bas, dans les collines. Lars en a tiré des copies.
— À mon avis, tout cela est plus que suffisant pour réclamer justice, déclara Terl. Lars dut clarifier le mot « justice » dans le dictionnaire.
— Autre chose, reprit Brown le Boiteux. Lorsqu’il nous a rendu les deux milliards de crédits galactiques trouvés au complexe, il manquait trois cents crédits. C’est du vol, de la trahison.
Terl eut le souffle coupé. Non pas à cause de l’argent qui manquait. Mais à cause des deux milliards de crédits galactiques. Comparés à cela, les cercueils qui, il l’espérait, se trouvaient dans le cimetière de Psychlo, n’étaient que de la menue monnaie.
Il eut besoin de quelques minutes pour digérer cela et dit à Lars qu’il lui fallait une nouvelle cartouche de gaz pour son masque. Lars lui en apporta une, sans se rendre compte que l’électricité avait été rétablie dans les barreaux. Terl dut appuyer précipitamment sur la touche de télécommande pour l’empêcher de s’électrocuter.
Tout en faisant l’échange des cartouches, Terl réfléchissait à toute allure. Un coup du vieux Numph ? Oui, sans doute. Ce vieil idiot n’était pas aussi gâteux qu’il paraissait, après tout ! Il avait monté d’autres escroqueries pendant… trente années ? Oui, trente années, probablement. Deux milliards de crédits ! Terl décida aussitôt de modifier ses plans. Il savait très exactement ce qu’il allait faire. Ces deux milliards allaient disparaître dans trois ou quatre cercueils scellés, marqués « mort par radiations ». Ainsi, personne ne risquerait de les ouvrir et ils seraient directement acheminés au cimetière, avec les autres. Ce plan était infaillible. Un panorama entièrement nouveau s’ouvrait devant lui. Il ne pouvait pas échouer. Et ses profits allaient devenir énormes. En un éclair, il révisa tous ses plans. Ils étaient maintenant plus sûrs, plus pratiques, moins désespérés.
La conférence reprit dans l’obscurité de la nuit.
— Quel est donc votre problème ? murmura Terl. (Il connaissait très exactement la réponse. Cet imbécile n’arrivait pas à mettre la main sur l’animal Tyler !)
Une fois encore, Brown le Boiteux prit un air accablé.
— Avoir des charges suffisantes, c’est une chose. Mais c’en est une autre que d’attraper Tyler.
— Humm, fit Terl, essayant de paraître songeur et compatissant (encore un mot nouveau qu’il dut rechercher.) Voyons voir. Mmm, oui… le principe consiste à l’attirer ici. (Simple et rudimentaire pour un chef de la sécurité.) Il est inutile de partir à sa recherche car il est insaisissable ou trop bien protégé. Donc, ce qu’il convient de faire, c’est de l’attirer ici sous un prétexte quelconque, sans protection et de lui tomber dessus.
Brown le Boiteux se redressa, retrouvant brusquement l’espoir. Quelle idée brillante !
— La dernière fois qu’il s’est manifesté ici, reprit Terl à voix basse et maîtrisant un tremblement de rage, c’était à l’occasion d’un tir de transfert. S’il y en avait un autre en préparation et s’il l’apprenait, il serait ici en un rien de temps. Et vous pourriez frapper.
Brown le Boiteux comprenait parfaitement.
— Mais il y a un autre problème, dit Terl. Il utilise les biens de la Compagnie. Ses avions, son matériel. Si vous étiez propriétaire de tout ça, vous pourriez le coincer pour vol manifeste.
Brown le Boiteux était dans le brouillard. Lars dut traduire à nouveau, puis donner quelques explications. Brown le Boiteux n’arrivait toujours pas à saisir.
— Et, poursuivit Terl, très calme, il se sert aussi de la planète. J’ignore si vous le savez, mais la Compagnie Minière Intergalactique a payé des milliers de milliards de crédits pour cette planète. C’est la propriété légale de la Compagnie !
Lars dut se plonger dans les deux dictionnaires de psychlo et d’anglais ancien pour déterminer cette valeur et il dut l’écrire en chiffres à l’intention de Brown le Boiteux. Finalement, celui-ci parvint à comprendre que cela représentait une énorme somme d’argent.
— Mais cette planète n’a pratiquement plus de minerai, ajouta Terl. (C’était un mensonge éhonté mais les autres ne pouvaient pas le savoir. Une planète n’était « épuisée » que lorsqu’on avait traversé toute la croûte jusqu’au noyau en fusion.)
— À l’heure actuelle, elle ne vaut plus que quelques milliards de crédits. (En fait, elle en valait quarante mille milliards. Fichtre, il faudrait qu’il efface toutes les traces de cette affaire. Il n’empêche : c’était du pur génie !)
— En tant qu’agent résident et représentant de la Compagnie, chuchota Terl, j’ai tout pouvoir de disposer légalement de sa propriété. (Quel mensonge ! Oui, il devrait vraiment effacer toutes traces.) Vous l’aviez compris, bien sûr. L’animal Tyler le savait et c’est pour cette raison qu’il m’a laissé en vie.
— Oh ! chuchota Brown le Boiteux. Ça m’avait intrigué, justement ! Il est tellement assoiffé de sang que je n’arrivais pas à comprendre comment il avait pu vous épargner alors que, le même jour, il avait assassiné les frères Chamco.
— Eh bien, maintenant, vous connaissez son secret. Il tentait de négocier avec moi le rachat de la filiale terrienne de l’Intergalactique Minière et de la planète. C’est pour cela qu’il s’estime en droit d’utiliser le matériel de la Compagnie et de se pavaner tout autour du globe. Évidemment je l’ai envoyé sur les roses, car je connais son mauvais caractère (Ce dernier mot était encore une découverte récente de Terl.)
Brown le Boiteux sentit soudain se refermer sur lui le « piège » que Tyler lui avait tendu. Durant un instant, il crut que le sol sur lequel il était assis allait s’ouvrir et l’engloutir.
— Et il sait où sont ces deux milliards ? demanda Terl.
— Oui, murmura Brown le Boiteux d’une voix tendue. (Grands dieux, comme il avait été aveugle ! Tyler allait acheter la Compagnie et toute la planète et que deviendrait-il, lui, Brown le Boiteux ? Terl avait tout envisagé.) Je n’ai pas voulu vendre. Pas à cet animal de Tyler. Je pensais plutôt à vous.
Brown le Boiteux, soulagé, émit un sifflement. Puis il regarda à droite, à gauche, par-dessus son épaule et se pencha en avant, impatienté par le délai de traduction.
— Vous me vendriez la Compagnie et la planète ? Je veux dire : vous nous les vendriez ?
Terl réfléchit avant de répondre :
— Le tout vaut beaucoup plus que deux milliards, mais si je suis réglé en liquide et si on me verse quelque rémunération, oui, je veux bien.
Récemment, Brown le Boiteux avait étudié de nombreux traités d’économie. Il savait comment conduire un marché.
— Avec un acte de vente en bonne et due forme ?
— Oh, mais bien sûr, dit Terl. Il sera légal dès qu’il sera signé. Mais il devra cependant être enregistré sur Psychlo. C’est une formalité nécessaire.
Par tous les diables ! S’il tentait de faire enregistrer une chose pareille, si même ils venaient à en entendre parler, ils le vaporiseraient très, très lentement !
Il prétendit que sa nouvelle cartouche de gaz était épuisée pour gagner une fois encore un peu de temps. La Compagnie ne vendait jamais une planète. Lorsqu’elle était abandonnée, on la faisait disparaître. Et Terl avait d’ores et déjà décidé de détruire ce monde. Il avait tout prévu. Il se maîtrisa. Il pouvait bien signer n’importe quel acte de vente : il serait réduit en fumée lorsqu’il ferait sauter cette planète. Bien. Il faudrait peut-être encore deux ans à la Compagnie pour contre-attaquer. Ce qui lui laissait amplement le temps. Il pouvait très bien signer un faux acte de vente.
Une fois de plus, le conclave secret reprit.
— Pour que j’accepte ce compromis, il faudra que vous fassiez ce qui suit : un, remettre en état mon ancien bureau. Deux, me laisser travailler librement afin que je puisse effectuer les calculs pour la construction d’une nouvelle console de transfert. Trois, me fournir tout le matériel requis. Et, quatre, me procurer une protection adéquate pour le tir de téléportation.
Brown le Boiteux était un peu dubitatif.
— Mais il faudra que je remette les deux milliards aux bureaux de la Compagnie sur Psychlo, dit Terl. Je ne suis pas un voleur.
Brown le Boiteux réalisa le bien-fondé de ces paroles.
— Et il faudra que je fasse enregistrer la vente de la planète et de la filiale terrienne de la Compagnie pour que tout cela soit légal. Je ne voudrais pas que vous vous retrouviez en possession d’un acte invalide. Je tiens à vous traiter avec équité – encore un mot qu’il avait découvert : « équité ».
— Oui, reconnut Brown le Boiteux. (Il lui semblait clair que Terl faisait tout pour s’amender, pour être honnête et loyal. Pourtant, il restait un rien soupçonneux.)
— Si vous possédez un acte de vente, toutes les exploitations minières et tout le matériel sont à vous, de même que la planète, et Tyler n’aura plus le droit de voler où bon lui semble.
Brown le Boiteux se redressa. Il commençait à retrouver un peu d’enthousiasme.
— Il faudra également, poursuivit Terl, que vous fassiez savoir par divers moyens que vous vous apprêtez à effectuer un transfert à destination de Psychlo. Et dès qu’il apprendra ça, il accourra et vous l’aurez !
Ce dernier argument fut décisif !
Brown le Boiteux faillit se précipiter sur les barreaux pour serrer la patte de Terl, mais Lars le retint in extremis en lui rappelant qu’ils étaient électrifiés. Brown le Boiteux se contrôla à grand-peine. Il avait envie de danser.
— Je fais établir l’acte ! dit-il, élevant brusquement la voix. Je m’en occupe ! murmura-t-il. Toutes vos conditions sont acceptées. Nous ferons exactement ce que vous dites !
Il s’élança dans la mauvaise direction pour rejoindre le véhicule et Lars dut le rattraper et le mettre lui-même à bord. Une lueur de folie brillait dans le regard de Brown le Boiteux.
— À présent, dit-il, nous allons veiller à ce que justice soit faite. (Il ne cessa de répéter cela jusqu’à ce qu’ils rejoignent Denver.)
Seul dans sa cage, Terl n’arrivait pas à croire à sa chance. Il était partagé entre le rire et les convulsions.
Il avait réussi ! Et bientôt il serait – il était déjà ! – l’un des plus riches Psychlos de tout l’Univers !
À lui le pouvoir et le succès ! Il avait réussi ! Mais, plus que jamais, il devrait veiller à ce que cette maudite planète soit réduite en cendres. Dès qu’il la quitterait.
PARTIE 19
Chapitre 3
Du haut du promontoire qui dominait le lac, Jonnie lançait des cailloux. Le lac était immense, tel une mer intérieure et s’étendait jusqu’à l’horizon nuageux. Une tempête se préparait, ce qui n’était pas inhabituel sur une étendue d’eau aussi vaste.
Le promontoire se dressait à plus de soixante mètres au-dessus du lac. L’érosion, ou une éruption volcanique venue des sommets qui perçaient les nuages au nord-est, avait laissé sur le sol des pierres de la taille d’un poing. Ils ne semblaient être là que pour être jetés dans l’eau.
Jonnie avait pris l’habitude de courir quelques kilomètres chaque jour, depuis la mine jusqu’au lac. On était sous l’équateur, l’atmosphère était chaude et moite, mais l’exercice lui faisait du bien. Il ne redoutait pas les animaux féroces qui pouvaient rôder alentour. Il était constamment armé et les bêtes n’attaquaient que lorsqu’elles étaient dérangées. La piste que Jonnie empruntait quotidiennement était encore vaguement tracée. Les Psychlos avaient dû la parcourir régulièrement. Peut-être pour venir nager dans le lac, car elle traversait le promontoire avant de redescendre vers une plage, sur l’autre versant. Non, pas pour nager. Les Psychlos détestaient ça. Pour faire du bateau, peut-être ?
Jonnie avait lu quelque part que cette région, autour du lac, avait été autrefois l’une des plus peuplées du continent. Plusieurs millions d’humains y avaient vécu. Apparemment, les Psychlos avaient dû en finir avec eux depuis très, très longtemps, car on ne voyait même pas trace de champs, de cabanes et encore moins de gens. Rien.
Il se demandait pourquoi les Psychlos avaient surtout chassé les humains. Selon le docteur MacKendrick, il s’agissait probablement d’une histoire de vibration du système nerveux sympathique. Les animaux ne souffraient pas assez vivement, sans doute, pour ajouter au plaisir qu’éprouvaient les monstres. Ou peut-être était-ce simplement dû à la similitude que présentait le système nerveux de l’homme, ainsi que son corps, vertical comme le leur et muni de deux bras et deux jambes. Les gaz incapacitants utilisés par les Psychlos visaient surtout les créatures intelligentes et ils étaient bien moins efficaces sur les animaux à quatre pattes ou les reptiles. Il en était question dans un texte psychlo. On y disait que les effets du gaz étaient concentrés sur « les systèmes nerveux centraux les plus évolués ». Mais, quelles qu’aient été leurs raisons, les Psychlos de la mine n’avaient guère causé de ravages parmi les animaux. Et ceux-ci ne s’enfuyaient pas en sentant l’odeur de Jonnie. Il réalisa soudain que son odeur ne ressemblait en rien à celle d’un Psychlo.
La tempête menaçait. Jonnie porta son regard en direction de la mine lointaine pour voir si l’on se préparait, là-bas, à se mettre à l’abri des éléments.
Minuscule à l’horizon, un véhicule à trois roues venait de quitter la mine et approchait. On venait lui rendre visite ? Ou bien était-ce seulement quelqu’un qui avait décidé de faire un tour ?
Jonnie se remit à lancer des cailloux. La situation actuelle était plutôt sombre. L’un des Psychlos était mort et les trois autres s’accrochaient comme ils pouvaient à l’existence. Ils avaient découvert qu’un tiers des cadavres psychlos possédaient les cylindres d’argent dans la tête. Le docteur MacKendrick se livrait à des expériences sur les corps pour essayer de trouver le moyen d’ôter les capsules sans tuer un Psychlo vivant, pour le cas où il resterait un survivant sur les trois derniers. Car il y en avait deux avec un objet en argent dans le crâne. Ils se sentiraient peut-être même soulagés d’être débarrassés de cette horrible chose !
Mais Jonnie n’appréciait guère ce travail sur des cadavres et il s’efforça d’orienter son esprit vers des pensées plus gaies.
Pendant la bataille, il avait piloté la plateforme volante avec ses deux mains. Il ne s’en était souvenu que la semaine suivante. MacKendrick lui avait expliqué qu’un autre secteur de son cerveau avait dû prendre en charge les fonctions perdues. Selon lui, ces fonctions cérébrales et nerveuses « perdues » avaient été rétablies sous l’effet de la tension du combat. Mais Jonnie n’arrivait pas à accepter ça.
Il avait une théorie : c’était lui qui manipulait ses nerfs. Et cela marchait ! Il avait commencé en ordonnant tout simplement à son bras et à sa jambe de fonctionner de nouveau. Il s’était amélioré jour après jour. Et maintenant, il arrivait à trotter. Sans canne. Et à lancer des cailloux.
Il était un chasseur émérite et le fait d’être dans l’incapacité de jeter un gourdin-à-tuer suscitait en lui un sentiment d’impuissance. Et voilà qu’il lançait des cailloux.
Il effectua un nouveau jet. Le caillou décrivit une longue courbe dans les airs vers le bas du promontoire et toucha la surface du lac dans un petit geyser blanc. Le « ploc ! » sonore lui parvint la seconde d’après.
Pas mal ! commenta-t-il.
Le nuage de tempête grossissait dans le ciel, de plus en plus sombre, évoluant du gris au noir, de plus en plus laid. Jonnie se tourna dans la direction de la mine et s’aperçut que le trois-roues n’était plus qu’à quelques mètres de distance. Il s’arrêta bientôt non loin de lui.
Pendant un moment, Jonnie ne reconnut pas le conducteur et il s’approcha de lui, l’interrogeant du regard. C’est alors qu’il vit qu’il s’agissait de son troisième « duplicata », celui qu’on surnommait Stormalong. Son vrai nom, c’était Stam Stavenger. Il était membre du groupe norvégien qui avait émigré en Écosse dans le passé et dont les familles et les lignées avaient été préservées au fil des âges, mais non les coutumes. À présent, ils se comportaient comme des Écossais et ressemblaient à des Écossais.
Il était de la taille de Jonnie, de sa corpulence et avait les mêmes yeux. Mais ses cheveux étaient un peu plus foncés et sa peau bien plus bronzée. Depuis l’époque du filon, il ne s’était plus trop préoccupé de maintenir la ressemblance et avait taillé ras sa barbe.
Stormalong était basé à l’Académie. C’était un pilote émérite et il enseignait les techniques de vol aux cadets en y prenant un grand plaisir. Il s’était trouvé un vieux blouson de pilote, une écharpe blanche et une paire de lunettes, le tout datant d’un âge depuis longtemps oublié et il aimait se promener ainsi accoutré. Cela lui donnait fière allure.
Les deux hommes se donnèrent de grandes claques amicales dans le dos en souriant.
— On m’a dit que je te trouverai ici en train de lancer des cailloux aux crocos, dit Stormalong. Comment va ce bras ?
— Tu as dû admirer mon dernier tir, dit Jonnie. Je n’aurais peut-être pas abattu un éléphant, mais ça vient. Il entraîna Stormalong jusqu’à un large rocher plat qui surplombait le lac et ils s’assirent. La tempête approchait rapidement mais il leur serait facile de revenir à temps.
Stormalong n’était pas bavard d’ordinaire mais, ce jour-là, il apportait une foule de nouvelles. Il lui avait fallu fouiller partout, comme un vrai limier, pour découvrir où se trouvait Jonnie. En Amérique, tout le monde l’ignorait, alors il avait volé jusqu’en Écosse pour essayer de retrouver sa trace.
Chrissie l’embrassait, lui dit-il. Il avait déjà dit la même chose à Bittie de la part de Pattie. Le chef du clan Fearghus lui envoyait ses salutations respectueuses. Respectueuses et non amicales, s’il vous plaît ! Sa tante Ellen l’embrassait très fort. Elle avait épousé le pasteur et vivait en Écosse.
C’étaient les deux coordinateurs (ils étaient retournés en Écosse) qui l’avaient mis sur la piste de Jonnie. C’étaient eux qui avaient été chargés de ramener une tribu… les Brigades… non, les Brigantes. Ces fripouilles étaient à Denver, à présent. Des gens affreux. Il en avait rencontré quelques-uns. En tout cas, le corps d’Allison avait été ramené pour être inhumé dans sa terre natale et la colère grondait en Écosse depuis que l’on avait appris son meurtre.
Mais ce n’était pas pour cela que Stormalong était venu voir Jonnie. En vérité, il s’était passé quelque chose d’incroyable durant son vol.
— Tu te souviens que tu nous avais parlé d’une possibilité d’invasion de la Terre ? Eh bien, ça va peut-être se produire.
Avec un avion de combat de modèle ordinaire il s’était envolé pour l’Écosse en passant par-dessus le Cercle polaire. Il avait volé très vite et, alors qu’il atteignait l’extrémité nord de l’Écosse, il avait eu sur son écran le plus énorme des engins qu’il n’eût jamais vus. Durant un instant, il avait cru qu’il fonçait droit dessus et qu’ils allaient entrer en collision. Il l’avait en visuel en plein sur son écran et il le voyait également nettement à travers son pare-brise. Et bang ! Il était entré droit dedans. Mais il n’était plus là. Il n’y avait rien.
— Rien ? fit Jonnie.
Oui, c’était exactement ça. Il était entré en collision avec un objet qui n’existait pas. En plein milieu du ciel. Immense, comme s’il occupait tout le ciel. Mais il n’existait pas. Il avait d’ailleurs amené les clichés enregistrés. Ils étaient dans son sac.
Jonnie les examina. Il vit une sphère entourée d’un anneau. Cela ne ressemblait à aucun appareil connu. Et c’était absolument énorme. Dans un coin, les îles Orkney étaient visibles. Apparemment, l’engin allait du centre de l’Écosse aux Orkney. Sur le cliché suivant, il occupait toute la surface, enveloppant littéralement l’avion. Sur le troisième, il avait disparu.
— Ce vaisseau n’existait pas, répéta Stormalong.
Jonnie se souvint soudain de certaines théories des hommes.
— La lumière, dit-il. Cette chose devait aller plus vite que la lumière. Elle a laissé son image derrière elle. Ce n’est qu’une supposition, mais j’ai lu quelque part qu’on pensait que si des choses se déplaçaient plus vite que la lumière, elles paraîtraient aussi vastes que l’Univers tout entier. J’ai trouvé ça dans des textes sur la physique nucléaire. Je n’en ai pas compris le dixième.
— Ma foi, ça se pourrait bien, dit Stormalong. Parce que la vieille femme a dit que l’appareil n’était pas aussi gros que ça !
— La vieille femme ?
Eh bien, ça s’était passé comme ça. Quand il s’était remis de sa frayeur, Stormalong avait repassé toutes les images prises par les écrans, depuis le début. En fait, l’engin était en train de quitter l’Écosse, mais Stormalong ne l’avait pas détecté. C’était toujours pareil : au terme d’un long vol, on est un peu abruti, moins vigilant. Et puis il avait peu dormi depuis quelque temps, avec tous ces cadets qui avaient tant de mal à décrocher leur diplôme, mais dont on avait désespérément besoin, vu la demande en pilotes.
Son enregistrement lui avait montré que la trajectoire de l’appareil partait d’une ferme, à l’ouest de Kinlochbervie. Sur la côte nord-ouest. Un coin perdu. Il avait diminué sa vitesse et survolé l’endroit, pensant qu’il avait peut-être été attaqué ou mitraillé.
Il y avait juste une zone brûlée dans les rochers, alors qu’il se posait. Pas de trace de dégâts ou de combat à proximité de la maison perdue parmi la rocaille. Une vieille femme en était sortie.
Elle était tout excitée par ces deux visiteurs qui lui arrivaient du ciel en un jour alors que, d’ordinaire, elle ne voyait personne pendant des mois. Elle avait invité Stormalong à s’asseoir, lui avait offert une infusion et lui avait montré son nouveau canif, tout brillant.
— Un canif ? s’étonna Jonnie. (Ce Norvégien – un Écossais, d’ordinaire si laconique – mettait bien du temps à arriver au vif du sujet.)
— Oui, un canif comme ceux qu’on avait vus dans les ruines des anciennes villes. Ils étaient pliables. Mais celui de la vieille femme était le plus brillant qu’il eût jamais vu. Oui, oui, j’en arrive aux faits.
Donc, à en croire la vieille femme, elle était là à peigner son chien – certaines plantes avaient le don de s’accrocher à son pelage – quand elle avait failli s’évanouir de surprise. Derrière elle, se tenait un petit homme gris ! Et juste derrière le petit homme, il y avait une sphère grise avec un anneau, à l’endroit où d’ordinaire elle attachait sa vache. Elle avait failli mourir de peur. Parce qu’il n’avait pas fait le moindre bruit. Elle avait juste senti comme un souffle de vent.
Alors, elle avait demandé au petit homme gris s’il voulait une infusion, comme elle me l’avait demandé. Mais lui, bien sûr, n’avait même pas eu la politesse d’arriver dans un grondement de moteur et de se présenter.
Pourtant, le petit homme gris avait été très aimable. Il était un peu plus petit que la moyenne des hommes. Sa peau était grise, de même que ses cheveux et son costume. Seul détail étrange : il portait une boîte qui pendait sur sa poitrine, attachée à une courroie. Il parlait dans la boîte et la boîte, à son tour, se mettait à parler en anglais. La voix du petit homme gris était posée, avec différentes inflexions, alors que la boîte gardait un ton monocorde.
— C’est un vocodeur, dit Jonnie. Un appareil de traduction portatif. J’en ai lu la description dans un texte psychlo, mais les Psychlos ne s’en servent pas.
— Ah bon. Mais pour en revenir à cette histoire, le petit homme gris avait ensuite demandé à la vieille femme si elle avait des journaux. Non, bien sûr, puisqu’elle n’en avait jamais vu. Peu de gens, d’ailleurs, avaient vu un journal dans leur existence. Il lui avait alors demandé si elle avait des livres d’histoire. Elle avait été navrée de lui répondre qu’elle savait qu’il en existait, mais qu’elle n’en avait jamais eu un seul.
Apparemment, il avait cru qu’elle ne comprenait pas et il s’était mis à gesticuler pour lui expliquer qu’il voulait du papier imprimé.
Elle eu alors une idée pour lui venir en aide. Il semblait que quelqu’un lui avait acheté de la laine et, en paiement, lui avait rendu de la monnaie en nouveaux crédits. Elle avait expliqué au petit homme gris ce que c’était.
— Quels crédits ? demanda Jonnie.
— Oh, tu ne les as pas vus ? Stormalong fouilla dans ses poches.
— Ils nous paient avec ça, maintenant.
Il tendait à Jonnie une coupure d’un crédit de la Banque planétaire et Jonnie lui accorda un regard distrait. Puis son attention fut attirée par l’illustration au centre. C’était une image de lui ! Tenant un pistolet. Il ne trouvait pas le portrait très ressemblant et se sentait également un peu gêné.
Bref, poursuivit Stormalong, la vieille femme avait accepté les billets à cause de ce portrait de Jonnie. Elle en avait mis un sur le mur. Et elle l’avait vendu au petit homme gris contre le canif parce qu’elle en avait encore d’autres.
— Elle ne l’a pas payé très cher, ce canif, remarqua Jonnie, s’il est aussi bien que tu le dis.
Stormalong n’avait pas pensé à cet aspect de la question. Le petit homme gris, quoi qu’il en soit, avait fini son thé, puis avait placé soigneusement le billet entre deux plaques de métal avant de le ranger dans une poche. Puis il avait remercié la vieille femme, était retourné jusqu’à son vaisseau et avait adressé la parole à quelqu’un qui se trouvait à l’intérieur avant de monter à bord. Il avait crié à la vieille femme de ne pas trop s’approcher et de fermer la porte. Ensuite, il y avait eu un grand jet de flammes et l’engin s’était élevé dans les airs. Tout à coup, il était devenu aussi grand que le ciel et avait disparu. Oui, ainsi que l’avait supposé Jonnie, c’était probablement un phénomène dû à la lumière. Mais l’engin ne volait pas comme les avions psychlos et il ne se téléportait pas non plus. Et il ne pouvait pas appartenir aux Psychlos, puisque la créature était un petit homme gris.
Jonnie était silencieux. Pouvait-il s’agir d’une autre race étrangère qui s’intéressait à la Terre à présent qu’elle n’était plus occupée par les Psychlos ?
Son regard se porta sur le lac. Il était songeur. Là-bas, la tempête continuait de grossir dans le ciel.
— De toute façon, acheva Stormalong, je n’étais pas vraiment venu pour ça. Il fouilla dans une sacoche plate où il rangeait ses cartes.
— J’ai une lettre de Ker. Il m’a demandé de te la remettre en main propre. Je lui suis redevable de quelques services et il a dit que si tu ne la recevais pas à temps, tout le puits risquait de s’effondrer. La voilà.
PARTIE 19
Chapitre 4
Jonnie regarda l’enveloppe. Le papier était celui dont ils se servaient pour emballer les boucliers antithermiques. Il y avait une inscription : « ARCHI-SECRET ». Il leva l’enveloppe dans la lumière qui déclinait à l’approche de la tempête. Il ne détecta aucun explosif à l’intérieur. Il l’ouvrit. Oui, c’était bien l’écriture de Ker. Les boucles et les crochets maladroits étaient difficiles à déchiffrer mais correspondaient bien à l’idée que Ker avait de l’alphabet psychlo. Jonnie déploya la feuille et lut :
ARCHI-SECRET
À qui tu sais.
Comme tu le sais, les lettres personnelles sont interdites par les règlements de la Compagnie et, si l’on me surprenait en train d’en écrire une et de l’expédier, cela me coûterait trois mois de paie. Ah, ah, ah ! Mais tu m’as dit avant de partir que je devais t’écrire au cas où une certaine chose se produirait et confier cette lettre à un pilote dont tu serais certain qu’il te l’apporte rapidement. Alors, pas de noms : sécurité, sécurité. Mais la chose va se produire, aussi je t’écris, même si la Compagnie me retient trois mois de paie. Tu remarqueras que j’ai déguisé mon écriture. Hier, cet abruti de pilote raté de Lars, celui qui se prenait pour le plus grand pilote du monde – grâce aux conseils de qui tu sais – et qui s’est cassé son cou de crétin et a été nommé assistant de qui tu sais (pas de noms) ; ce Lars, donc, est venu demander à tous les Psychlos de se dépêcher d’installer les pompes à gaz respiratoire et des ventilateurs dans l’ancien bureau de qui tu sais. Aucun d’eux n’a voulu coopérer, comme je le pensais et toi aussi. Ils croient et moi aussi, qu’ils vont se retrouver sous les ordres de qui tu sais, celui qui a tué le vieux tu sais qui. Un autre, qui a été tué après, avait vendu la mèche et il leur avait tout dit avant le transfert bisannuel. Comme il a disparu juste avant le transfert, ils le croient. Donc, ils refusent de faire quoi que ce soit pour qui tu sais ni d’avoir quoi que ce soit à faire avec ses anciens quartiers, car tous les Psychlos sont certains que qui tu sais va tous les tuer. De toute façon, le système de pompage du gaz de ce secteur, nous le savons, a été réduit en miettes et il faudra le réparer avant de pouvoir travailler sans masque. Donc, ce crétin imbécile qui est le plus grand pilote de combat à ne jamais avoir combattu, qui s’est cassé le cou et que personne n’a jamais réussi à former, est venu me voir moi et je lui ai dit que, oui, je pouvais remettre en état les bureaux de qui tu sais, mais que j’aurais besoin d’un certain matériel, peut-être même qu’il faudrait le prendre dans les autres mines, vu que les pompes à gaz sont fichues. Il a dit alors que c’était un ordre du Conseil et qu’il allait faire le nécessaire pour que j’aie ce qu’il me faut. J’ai donc fait des plans pour une réparation très compliquée qui exige tout un tas de matériel et je fais traîner les choses autant que je le peux. Ils disent que qui tu sais, au Conseil, a déclaré que c’était urgent et secret et qu’ils seront sur moi pour veiller à ce que ce soit fait et que je toucherai un supplément de paie. Ah, ah ! Alors je fais traîner les choses et je crois que tu ferais mieux de venir ici, car je leur ai dit qu’il me faudrait des assistants. Mais viens incognito parce que tout cela a un rapport avec qui tu sais et qui tu sais est comme du gaz empoisonné dans une galerie de mine. Donc, maintenant tu sais et je me suis presque usé la patte à écrire tout ça et les oreilles à m’entendre dire que ce projet était super-urgent, mais je vais continuer à faire traîner autant que je le pourrai et à demander des pièces qui ne sont pas nécessaires pour le système de pompage du gaz qui a été cassé et qui l’est encore plus maintenant. Ah, ah, ah ! Cette lettre pourrait bien me coûter trois mois de paie. Ah, ah, ah ! Et tu me les devras donc si jamais je me fais prendre. Ah, ah, ah !
Tu sais qui.
P. S. : Déchire cette lettre pour qu’elle ne me coûte pas trois mois de paie ou la toison de mon cou. Ah, ah, ah !
Jonnie relut la lettre et, ainsi qu’il lui était demandé, la déchira en menus morceaux.
— Quand est-ce qu’on t’a remis ça ? demanda-t-il à Stormalong.
— Hier matin. Il a fallu que je retrouve ta trace.
Le regard de Jonnie se porta sur l’étendue du lac. Le nuage de tempête culminait, parcouru de tourbillons noirs. Il était presque sur eux, à présent.
Jonnie entraîna Stormalong jusqu’au trois-roues et démarra. Sans un mot, il piqua à travers la savane, droit sur la mine.
Il y eut un grondement de tonnerre et les premières gouttes de pluie fouettèrent l’air.
Jonnie savait qu’il devait partir pour l’Amérique. Immédiatement !
PARTIE 19
Chapitre 5
C’est un piège ! s’exclama Robert le Renard.
Jonnie, dès son retour, avait expliqué rapidement ce que Ker lui avait écrit. Il avait donné des ordres pour que l’avion de Stormalong soit vérifié, nettoyé et ravitaillé dans l’heure. Le copilote qui avait accompagné Stormalong se tenait devant lui, à côté d’Angus. Jonnie compara les deux hommes.
— Tu peux vraiment te fier à Ker ? demanda Sir Robert.
Jonnie ne répondit pas. Il jugea avec satisfaction qu’Angus pouvait très bien passer pour le copilote s’il fonçait un peu sa barbe avec du brou de noix et changeait de vêtements.
— Réponds-moi ! Je n’arrive pas à croire que tu as la tête d’aplomb ! Robert était tellement agité qu’il ne cessait de marcher de long en large dans la grande salle du sous-sol où Jonnie s’était installé. Il était même en train de se remettre à parler dans son dialecte écossais familier.
— Il faut que je parte. Vite. Tout de suite !
— Non ! protesta Dunneldeen.
— Non ! fit Robert, en écho.
Il y eut un bref échange de paroles entre le colonel Ivan et le coordinateur qui traduisait. Et Ivan cria à son tour :
— Niet !
Jonnie demanda à Angus d’échanger sa tenue avec celle du copilote de Stormalong.
— Angus, lui dit-il, tu n’es pas obligé de venir. Tu as dit « oui » trop hâtivement.
— Je viens. Je dirai mes prières, je rédigerai mon testament, mais je viens avec toi, Jonnie.
Jonnie entraîna Stormalong jusqu’à un grand miroir psychlo et se plaça à côté de lui. Le soleil tropical lui avait donné un teint bronzé et la différence de peau n’était pas tellement perceptible entre eux deux. La barbe de Stormalong était nettement plus foncée que celle de Jonnie, mais il suffirait, ici encore, d’une petite touche de brou de noix. Il y avait également cette cicatrice au visage qui était guérie, désormais. On ne pouvait rien y faire et Jonnie ne pouvait qu’espérer que les gens croiraient que Stormalong avait été victime d’un accident. Si ! Il y avait une solution : mettre un pansement. Ah ! Il y avait aussi la coupe carrée de la barbe. Cela faisait une différence importante. Jonnie prit la trousse qui ne quittait jamais Angus et y trouva une paire de ciseaux particulièrement bien affûtés. Il entreprit de tailler sa barbe dans le même style que celle de Stormalong. Cela fait, ils échangèrent leurs vêtements. Puis ils passèrent un peu de brou de noix dans les poils de la barbe de Jonnie. Très bien. Il se contempla dans le miroir. Ah oui. Le pansement. Il le mit en place. Et maintenant ? Bien. Il pourrait aisément se faire passer pour Stormalong. Il ajouta les lunettes de pilote, l’écharpe blanche et le vieux blouson de cuir. Oui, c’était parfait. Si l’on ne l’examinait pas de trop près et si l’on ne remarquait pas la légère différence d’accent. L’accent… il demanda à Stormalong de dire quelques mots, puis parla à son tour. Il n’y avait pas la moindre trace d’accent roulant écossais chez Stormalong. L’effet de l’université ? Une certaine douceur dans la prononciation… Il fit un essai. Oui : il arrivait presque à s’exprimer comme Stormalong.
Tous les autres étaient très excités. Le colonel Ivan faisait craquer nerveusement les articulations de ses énormes mains. Bittie MacLeod, à cet instant, passa la tête dans l’entrebâillement de la porte. Puis il s’avança avec un regard suppliant.
— Non, dit Jonnie. Cette fois, il n’était plus question de fierté. La mission pouvait être mortelle. Tu ne peux pas venir avec moi, Bittie. Il prit un ton plus doux pour ajouter :
— Veille bien sur le colonel Ivan.
Bittie déglutit et fit un pas en arrière.
Angus était prêt et il se précipita à l’extérieur. On entendit le claquement des cartouches de carburant que l’on mettait en place puis, immédiatement après, le sifflement d’une perceuse s’éleva du hangar où l’on préparait l’avion.
Jonnie fit un signe au colonel Ivan qui s’approcha en compagnie du coordinateur.
— Colonel, dit Jonnie, faites fermer la base souterraine américaine. Toutes les portes. Il faut désormais que nous seuls puissions entrer. Faites la même chose pour le dépôt des armes nucléaires tactiques, à cinquante kilomètres au nord. Fermez-le hermétiquement. Que tous les fusils d’assaut qui ne sont pas utilisés par les Écossais soient mis sous séquestre. C’est bien compris ?
Le colonel disposait déjà d’un groupe d’hommes sur place. Il dit qu’il avait parfaitement saisi.
Jonnie, ensuite, fit signe à Sir Robert et à Dunneldeen de l’accompagner. Ils lui emboîtèrent le pas tandis qu’il se dirigeait vers le bureau de l’intendance. En quelques phrases brèves, il leur dit très exactement ce qu’ils devaient faire s’il venait à mourir. Ils étaient très inquiets pour lui mais conservèrent une sérénité apparente. Son plan était très risqué et laissait place à beaucoup d’imprévus. Ils dirent qu’ils avaient compris ce qu’il voulait et qu’ils feraient tout ce qu’il attendait d’eux.
— Dunneldeen, conclut Jonnie, je veux que tu te rendes à l’Académie d’Amérique dans les vingt-quatre heures qui viennent. Tu seras censé venir d’Écosse pour prendre en charge la formation des élèves pilotes de Stormalong qui, si tout va comme prévu, sera occupé à « autre chose ».
Dunneldeen, pour une fois, se contenta de hocher la tête.
La vieille femme qui était venue de la tribu des Monts de la Lune avec toute sa famille et qui s’occupait de l’intendance, avait dû percevoir certaines des rumeurs qui circulaient. Elle avait préparé des provisions pour deux, des gourdes d’eau douce ainsi qu’un énorme sandwich au pain de mil et à la viande de buffle. Elle resta plantée devant Jonnie jusqu’à ce qu’il se décide à mordre dedans.
Sir Robert prit les provisions et Dunneldeen, les gourdes. Puis ils sortirent tous les trois et passèrent devant l’ancien bureau des opérations psychlos. Des bruits de perceuse et des coups de marteau leur parvenaient de l’avion : Angus travaillait aux ultimes préparatifs pour que l’appareil fût opérationnel. Jonnie alla jusqu’à la radio, prit quelques mètres du papier de l’imprimante et parcourut rapidement les derniers messages : peut-être certains pilotes avaient-ils mentionné quelque phénomène inhabituel.
Oui ! Il y avait une… deux observations concernant l’engin qui occupait tout le ciel. Des observations qui concordaient avec le récit de Stormalong. Et, dans les deux cas, on parlait du petit homme gris. En Inde et en Amérique du Sud.
Le petit homme gris voyage beaucoup, murmura Jonnie pour lui-même. Dunneldeen et Sir Robert, ne comprenant pas de quoi il parlait, se penchèrent sur l’imprimante.
— Stormalong vous expliquera tout, dit Jonnie.
Aucun doute. Une autre civilisation de l’espace s’intéressait de très près à la Terre. Mais, apparemment, le petit homme gris n’était pas hostile. En tout cas, pas pour le moment.
— Cette base, dit Jonnie, ainsi que toute base où vous vous rendrez, devra être constamment sur le qui-vive et prête à se défendre en cas d’attaque.
Le sifflement ainsi que les coups de marteau avaient cessé et ils se dirigèrent vers l’avion. On était en train de le remorquer vers le seuil du hangar.
Stormalong était là, en compagnie de son copilote.
— Vous restez tous les deux ici, annonça Jonnie. Et toi – il pointa l’index sur la poitrine de Stormalong – tu seras moi. Tu feras le même parcours tous les jours, avec mes vêtements et tu iras lancer des cailloux dans le lac. Quant à toi – il se tourna vers le copilote, un Écossais qu’ils appelaient Darf – tu seras Angus.
— Mais j’s’rai incapable de faire le boulot de ç’ui d’Angus ! geignit Darf.
— Tu t’en tireras !
Un Russe accourut de l’extérieur : tout était prêt et il n’y avait aucun drone en vue. Pas plus à l’œil nu que sur les écrans. Il avait assimilé récemment l’anglais et le parlait avec un accent écossais du terroir très prononcé.
Jonnie et Angus montèrent à bord de l’avion. Sir Robert et Dunneldeen leur lancèrent l’eau et les provisions. Puis ils attendirent, les yeux rivés sur Jonnie. Ils essayaient en vain de trouver quelque chose à dire.
Bittie se tenait à quelques pas en arrière. Il agita timidement la main.
Jonnie referma la porte. Angus leva le pouce et Jonnie fit signe à l’équipe de remorquage de les sortir du hangar avant d’appuyer des deux poings sur les volumineux boutons de démarrage. Il regarda au-dehors. Personne n’agitait la main. Ses doigts pianotèrent sur les boutons de la console.
Stormalong eut le souffle coupé : il savait que Jonnie était un pilote sans égal, mais jamais il n’avait vu un appareil de combat prendre l’air aussi rapidement, à un angle pareil, pour passer presque aussitôt en hypersonique. L’explosion du mur du son se répercuta en écho jusqu’aux pics immenses des montagnes d’Afrique. Ou bien était-ce le grondement de l’orage qui accompagnait l’avion qui montait dans le ciel ?
La seconde d’après, le tonnerre gronda et un éclair zébra les nuages.
Les hommes étaient restés immobiles sur le seuil du hangar, les yeux fixés sur le secteur du ciel où l’avion venait de disparaître, au milieu des nuages en effervescence. Leur Jonnie était en route pour l’Amérique. Et cela ne leur plaisait guère. Pas du tout, même.
PARTIE 19
Chapitre 6
Il faisait nuit quand ils se posèrent à proximité de la vieille Académie. Ils étaient passés tout près du pôle Nord, devançant le soleil et ils arrivaient alors que l’aube ne pointait pas encore.
Quelques rares lumières brillaient. Personne n’avait éclairé le terrain, car ce n’était pas le terrain habituellement utilisé pour les atterrissages et ils avaient dû effectuer leur approche en se fiant uniquement aux écrans et aux instruments de bord.
Le cadet officier de service dormait profondément et ils durent le réveiller pour se faire enregistrer.
— Stormalong Stam Stavenger, pilote, dit Jonnie, et Darf MacNulty, copilote, de retour d’Europe. Avion de combat d’entraînement 86290567918. Pas d’ennuis à signaler, pas de commentaires. Le cadet de service coucha tout ça par écrit, mais ne prit pas la peine de les faire contresigner.
Jonnie ignorait où Stormalong et Darf avaient été logés. En fait, il avait totalement oublié de le leur demander. Stormalong avait probablement une chambre dans les quartiers des enseignants. Quant à Darf… Il réfléchit. « Darf » portait le lourd ballot de vivres et la trousse à outils. Après tout, Stormalong était l’as des as ici.
Brusquement, Jonnie prit le ballot et la trousse et les poussa vers le cadet.
— S’il te plaît, porte ça jusqu’à ma chambre. Le cadet lui décocha un regard perplexe. Stormalong, ici, se chargeait lui-même de ses affaires, d’ordinaire.
— On vole depuis des jours sans dormir, ajouta Jonnie en simulant un léger étourdissement.
Le cadet, avec un haussement d’épaules, prit le ballot et la trousse et Jonnie lui emboîta le pas.
Ils se retrouvèrent dans une chambre isolée. C’était bien celle de Stormalong. Il y avait une tapisserie norvégienne au mur. Stormalong s’était confortablement installé.
Le cadet déposa son fardeau sur la table. Il s’apprêta à se retirer. Mais Angus, bien qu’il eût installé cette base à l’origine et la connût par cœur, ne pouvait savoir où Darf était logé. Jonnie prit en hâte une moitié des provisions qu’il ajouta à la trousse à outils et remit le tout entre les bras du cadet.
— Aide Darf à gagner sa chambre, lui dit-il.
Le cadet fut sur le point de protester.
— Il s’est fait mal au bras en jouant aux quilles, ajouta Jonnie.
— On dirait bien que vous vous êtes vous-même blessé au visage, Monsieur, remarqua le cadet. Le fait de perdre du sommeil l’agaçait. Néanmoins, il s’exécuta.
C’est un bon début, songea Jonnie. En ce moment même, Sir Robert devait parler de la nécessité de bien préparer les raids. Un raid, devait-il répéter pour la énième fois, ça se prépare. Celui-ci, pour aussi dangereux qu’il fût, ne leur avait pas coûté beaucoup de temps en préparation, c’était le moins que l’on puisse dire.
Le cadet et Angus ne réapparaissant pas, il supposa que la supercherie avait réussi. Il se dévêtit et s’installa sur la couchette de Stormalong. Il