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« Alexithymie » : différence entre les versions

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L''''alexithymie''' est une difficulté à identifier, différencier et exprimer ses [[émotion]]s, ou parfois celles d'autrui. Ce trait de personnalité est communément observé parmi les patients présentant des [[troubles du spectre autistiquede l'autisme]] et des symptômes [[psychosomatique]]s. Le concept en lui même est débattu et ne figure pas dans les classifications [[Nosographie|nosographiques]] internationales. Il ne s'agit pas d'un manque d’activité émotionnelle comme avec un [[trouble de la personnalité antisociale]], mais plutôt d'un trait de personnalité qui varie en intensité en fonction des personnes.<ref name="L'alexithymie : entre déficit émotionnel et processus adaptatif">{{Lien web |langue=fr |auteur=Céline Jouanne |titre=L'alexithymie : entre déficit émotionnel et processus adaptatif |url=https://www.cairn.info/revue-psychotropes-2006-3-page-193.htm |site=cairn.info |date=octobre 2006 |consulté le=1 août 2021}}</ref>.
 
Le terme (tiré du [[grec ancien|grec]] ''a-'' : [[Préfixe (linguistique)|préfixe]] privatif, ''lexis'' signifiant « mot » et ''thymos'' signifiant « humeur ») a été introduit en [[1970]] par [[John Nemiah]] et [[Peter Sifneos]]<ref name="YANevQ" />.
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Environ 15 % de la population présente cette pathologie qui résulte d'une connexion déficiente entre les centres cérébraux de l'émotion, et ceux où elle est représentée de façon consciente<ref>{{Lien web|url=http://www.cerveauetpsycho.fr/ewb_pages/a/article-l-alexithymie-ou-le-silence-des-emotions-28371.php|auteur=Sylvie Berthoz |titre=L'alexithymie ou le silence des émotions |date=août 2004|consulté le=18 janvier 2018|site=[[Cerveau&Psycho]] }}.</ref>, bien que la prévalence soit parfois difficile à évaluer<ref name="L'alexithymie : entre déficit émotionnel et processus adaptatif" />.
 
L’alexithymie a pu donc être mis en rapport avec la présence de certains troubles psychosomatiques. C’est en effet ce que la majorité des études ont démontré.
{{Refins| Noel et Rime (1998)}} indiquent ainsi que 80 % des études qui ont comparé un groupe de sujets psychosomatiques avec un groupe contrôle ont observé des scores d’alexithymie significativement plus élevés dans le premier groupe. Cela pourrait montrer comment des perturbations de l’expression des émotions ont un effet sur l’adaptation de l’individu à son milieu. Depuis une dizaine d’années, les études sur l’alexithymie se multiplient, et tendent à mieux circonscrire la personnalité des malades psychosomatiques en proposant un certain nombre d’explications. En voici quelques exemples permettant d’affiner la définition générale de l’alexithymie, et d’exposer les principales hypothèses étiologiques.
 
{{Refins| Montreuil et Lyon-Caen (1993)}} ont montré la nature alexithymique des patients atteints de [[sclérose en plaques]]. Pour eux, le concept d’alexithymie permet de comprendre l’importance des liens entre les expériences physiologiques, les [[Somesthésie|sensations physiques]] perçues très tôt dans la vie et les représentations mentales telles que sentiments, pensées, et indique aussi la nécessité de leur expression par le biais de la verbalisation des émotions. Ils ont permis de dégager certaines données [[neuropsychologie|neuropsychologique]]s de l’alexithymie : des patients atteints d’une [[Épilepsie|épilepsie rebelle]] ayant subi une section du [[corps calleux]] et de la [[Commissure|commissure antérieure]] présentent un fonctionnement rappelant l’alexithymie. {{Refins| Selon Bertagne (1992)}}, l’alexithymie correspondrait à une dysconnexion fonctionnelle ou structurelle des [[hémisphère cérébral|hémisphères cérébraux]]. Leur recherche a également permis l’objectivation d’une pauvreté affective, d’une inertie mentale, de manifestations mimiques, gestuelles, sensori-motrices et algiques chez les sujets alexithymiques.
 
{{Refins| Fukunishi, en 1994}}, a établi que l’alexithymie était corrélée négativement avec les scores de désirabilité sociale et de [[personnalité narcissique]], et corrélée positivement avec les scores de l’échelle d’hostilité du {{lien|[[MMPI|trad=Minnesota Multiphasic Personality Inventory}}]]. À la suite de cette recherche, Rubino teste 181 personnes atteintes d’[[asthme]], de [[psoriasis]] et d’[[eczéma (syndrome)|eczéma]], avec le ''Toronto Alexithymia Scale'' (Taylor, Ryan, et Bagby, 1985), le TAS, qui mesure l’agressivité, et le ''MMPI Panic-Fear Personnality scale'' (MMPI-PF). Les résultats indiquent que l’alexithymie est corrélée positivement (.35) avec la personnalité peur panique (avec p < .01), mais n’est pas ou peu corrélée avec l’agressivité (.11) {{Refins| (Rubino, 1995)}}.
 
{{Refins| Rad {{Et al.}} (1977)}} ont mis en évidence des différences dans le lexique employé par des alexithymiques et des [[névrosé]]s pour décrire certains affects. Ces auteurs en ont conclu que le déficit porterait davantage sur la fonction de communication que sur un défaut de [[verbalisation]]. {{Refins| Tenhouten, en 1986}}, a étudié des malades présentant une commissurotomie pour mettre en évidence cette incapacité de passer de la chose au mot, en proposant {{citation| un modèle de commissurotomie fonctionnelle}}, posant ainsi l’hypothèse d’une dissociation entre des représentations verbales et non verbales. {{Refins| Dans une recherche de 1989, Pedinielli}} a voulu mettre en évidence des différences dans les productions verbales spontanées de malades psychosomatiques présentant les mêmes troubles respiratoires, mais différent par le degré d’alexithymie (un groupe alexithymique et un groupe non alexithymique). Il a caractérisé les productions verbales des malades psychosomatiques concernant leur maladie du point de vue lexical et de l’organisation générale du récit.
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=== En psychanalyse ===
La plupart des études psychanalytiques sur l’alexithymie visent à expliquer son apparition dans sa relation à l’[[inconscient]] : fixation, régression, impossibilité de constitution d’un objet transitionnel, prédominance du déni et de l’isolation, arrêt du développement affectif (Pedinielli, [[1989]]). Ainsi, Wise, Mann, et Epstein (1991), ont montrédéveloppé l'idée que l’alexithymie est fortement associée à des styles défensifs immatures, comme l’inhibition ou la projection.
 
Selon [[Joyce McDougall]], l’alexithymie est un [[mécanisme de défense]] du moi qui, par [[Forclusion (psychanalyse)|forclusion]], rejetterait l’affect. Ce mécanisme peut parfois faciliter l’adaptation, notamment chez des gens ayant dû subir des épreuves douloureuses.
 
{{Référence souhaitée|L’alexithymie reste globalement un concept permettant de décrire le malade psychosomatique, et non d’expliquer l’apparition de la maladie. L'alexithymie est une impossibilité pour le sujet atteint à souffrir ou éprouver la souffrance de l'autre. Il en résulte une absence totale à prendre en compte la réalité de la vie émotionnelle, affective, psychologique dans sa globalité si ce n'est par l'expression violente, l'addiction, le déni. C'est une défense structurelle liée à un ou des traumatismes et qui par la réalisation d'actes traumatiques s'essaie à une expression, une extériorisation de ses traumas. Le sujet n'est pas conscient des actes traumatiques qu'il réalise et de sa réalité interne. Il est totalement dénué de vie affective et ne peut en comprendre la nature. Cela vient souvent d'une enfance instable et pauvre en affection.|date=23 septembre 2024}}
 
== Variables naturelles ==
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Au niveau biologique, il est présumé que l'alexithymie est causée par un manque d'efficacité des zones cérébrales qui traitent les émotions. On retrouve parmi ces zones l'[[cortex insulaire|insula]] ainsi que le [[cortex somatosensoriel]] et [[cortex cingulaire|cingulaire]] antérieur <ref name=":0">{{Lien web |titre=Alexithymie |url=https://universalis-saintjerome.proxy.collecto.ca/encyclopedie/alexithymie/ |consulté le=18 avril 2022}}</ref>. En effet, ces régions seraient moins sollicitées par l'individu alexithymique ce qui enclencherait alors les symptômes caractéristiques précédemment détaillés chez l'individu.
 
En général, l'alexithymie accompagne un trouble psychologique. Ce trouble peut être autant individuel qu'interpersonnel. Par exemple, il a été observé maintes fois l'apparition spontanée d'alexithymie chez des gens souffrant de dépression ou de [[schizophrénie]]<ref name=":0" /> (cause individuelle). Un lien fort entre les troubles de l'alimentation et ce trait de personnalité a également été confirmé par plusieurs spécialistes qui se sont penchés sur sa présence chez des femmes qui consultaient pour des troubles de l'alimentation <ref>{{Lien web |titre=Alexithymie et psychopathologie chez des femmes qui consultent pour des problèmes d'alimentation |url=https://www.researchgate.net/publication/317800117_alexithymie_et_Psychopathologie_chez_des_femmes_qui_consultent_pour_des_problemes_d'alimentation |site=érudit |consulté le=18 avril 2022}}</ref>. Les chiffres parlent d'eux-mêmes dans cette étude: en général, l'alexithymie touche 5,2% des femmes, mais lorsqu'on sélectionne un échantillon de femmes souffrant de troubles alimentaires (anorexie, boulimie, hyperphagie boulimique...), ces valeurs montent considérablement, allant de 23% à 77%.
 
De plus, dans une étude fait auprès de 420 enseignants visant à démontrer le lien entre le bonheur et le niveau de stress, les chercheurs ont trouvé que l'alexithymie était un déterminant important du bonheur<ref>{{Lien web |titre=Contribution du stress et de l'alexithymie au bonheur des enseignants |url=https://www.erudit.org/fr/revues/rqpsy/2020-v41-n3-rqpsy05851/1075469ar/ |site=érudit |consulté le=18 avril 2022}}</ref>. Cependant, les résultats démontrent surtout que l'alexithymie est « un modérateur du lien unissant le stress au bonheur. ». En bref, le trouble alexithymique impacteaffecte le bonheur indirectement puisqu'il s'attaque à des facteurs qui l'affecteaffectent négativement, comme la dépression et le stress. Par conséquenceconséquent, il y a corrélation entre ces facteurs indésirables et l'alexithymie.
 
Pour finir, une étude qui comparait différentes méthodes de régulation émotionnelle a prouvé que la suppression volontaire constante d'une émotion chez quelqu'un renforce considérablement ses symptômes d'alexithymie à long terme. Les scientifiques en déduisent donc que le trait de personnalité se développe parfois lorsque les sentiments sont refoulés <ref>{{Lien web |titre=Régulation émotionnelle et alexithymie: des précurseurs des conduites alimentaires à risque |url=https://www.erudit.org/fr/revues/rqpsy/2019-v40-n2-rqpsy04976/1065911ar/ |site=érudit |consulté le=18 avril 2022}}</ref>.
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== Annexes ==
=== Bibliographie ===
* P. Bertagne, J. Pédinielli, C. Marlière, « L’alexithymie. Évaluation, données quantitatives et cliniques », ''L’Encéphale'', 1992, XVIII, {{p.|121-130}}
* {{en}} R. Michael Bagby, James D.A. Parker, Graeme J. Taylor, « The twenty-item Toronto Alexithymia scale—I. Item selection and cross-validation of the factor structure », ''Journal of Psychosomatic Research'', Volume 38, Issue 1, January 1994, {{p.|23-32}}
* {{en}} Isao Fukunishi, « Social Desirability and Alexithymia », ''Psychological Reports'', 1994, 75(2), {{p.|835-838}}
* G. Loas, D. Fremaux, O. Otmani et A. Verrier, « Prévalence de l’alexithymie en population générale. Étude chez 183 sujets “tout venant” et chez 263 étudiants », ''Annales médico-psychologiques'', 1995, 5, 153, {{p.|355-357}}.
* M. Montreuil et O. Lyon-Caen, « Troubles thymiques et relations entre alexithymie et dysfonctionnement interhémisphérique dans la sclérose en plaques », ''Revue de Neuropsychologie'' 1993, 3, {{p.|287-302}}
* Jean-Louis Pédinielli, ''Psychosomatique et alexithymie'', PUF, 1992, 128 p.
* M. P. Noël et B. Rimé, « Pensée opératoire, alexithymie et investigation clinique : revue critique », ''Cahiers de psychologie cognitive'' 1988, 8, {{p.|573-99}}
* {{en}} I. A. Rubino, « Comment upon some personality correlates of alexithymia », ''Psychological reports'', 1995, 76, {{p.|544-546}}
* {{en}} W.D. TenHouten, K.D. Hoppe, J.E. Bogen & DO Walter, « Alexithymia: An experimental study of cerebral commissurotomy and normal control subjects », ''American Journal of Psychiatry, 1986, 143, {{p.|312-316}}
* {{en}} T.N. Wise, L.S. Mann, S. Epstein, « Ego Defensive Styles and Alexithymia: A Discriminant Validation Study », ''Psychotherapy and Psychosomatics'', 1991, 56, {{p.|141–145}}
 
=== Articles connexes ===
* [[Psychosomatique]]
 
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