« Apostasie dans l'islam » : différence entre les versions
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Jusqu'à la fin du {{s|XIX}}, l'écrasante majorité des jurisconsultes, [[Sunnisme|sunnites]] et [[Chiisme|chiites]], s'accordaient à dire que l'apostasie était un grand crime, un [[péché]] et un acte de trahison passible de la [[peine de mort]]<ref name=":0" />{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=[[Bernard Lewis]]|titre=The Middle East, a Brief History of the Last 2000 Years|passage=229|éditeur=Touchstone Books|date=1995|isbn=978-0684807126|lire en ligne=https://books.google.com/?id=1ajwK7ejowwC&pg=PT234&lpg=PT234&dq=%22crime+as+well+as+a+sin%22+lewis}}.</ref>, généralement après une période d'attente pour permettre à l'apostat de [[Repentance#Islam|se repentir]] et ainsi de retourner à l'islam<ref name=":0" />{{,}}<ref name=":15">{{Ouvrage|langue=en|auteur1={{Lien|langue=en|trad=Mohammed Abu-Nimer|fr=Mohammed Abou-Nimer}}|directeur1=oui|auteur2={{Lien|langue=en|trad=David Augsburger|fr=David Augsburger}}|directeur2=oui|titre=Peace-Building by, between, and beyond Muslims and Evangelical Christians|passage=179-194|éditeur=Lexington Books|date=2009|pages totales=324|isbn=0739135236|isbn2=978-0-7391-3523-5|numéro chapitre=15|titre chapitre=The Right to religious conversion: Between apostasy and proselytization}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1={{Lien|langue=en|trad=Kecia Ali|fr=Kecia Ali}}|auteur2={{Lien|langue=en|trad=Oliver Leaman|fr=Oliver Leaman}}|titre=Islam: The Key Concepts|passage=10|éditeur=[[Routledge]]|date=2008|pages totales=182|isbn=0415396387|isbn2=9780415396387}}.</ref>{{,}}<ref name=":18">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=[[John Esposito|John L. Esposito]]|titre=The Oxford Dictionary of Islam|passage=22|éditeur=[[Oxford University Press]]|date=2004|pages totales=384|isbn=0199757267|isbn2=9780199757268}}.</ref>. Le type d’apostasie que les juristes jugeaient généralement punissable était de nature politique, bien qu’il y ait des divergences d’opinion juridiques considérables à ce sujet<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=[[Asma Afsaruddin]]|titre=Striving in the Path of God: Jihad and Martyrdom in Islamic Thought|passage=242|éditeur=[[Oxford University Press]]|date=2013|pages totales=370|isbn=0199730938|isbn2=9780199730933|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=tpwdajIJjDUC&pg=PA242}}.</ref>. [[Wael B. Hallaq]] affirme que {{Citation|[dans] une culture dont la religion, les principes religieux et la moralité religieuse sont la pierre angulaire, l’apostasie est en quelque sorte l'équivalent de la haute trahison dans l’État-nation moderne.}}<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=[[Wael B. Hallaq]]|titre=Sharī'a: Theory, Practice, Transformations|passage=319|éditeur=[[Cambridge University Press]]|date=2009|pages totales=614|isbn=0521861470|isbn2=9780521861472|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=eVJsAAAAQBAJ&pg=PA319}}.</ref>. Les premiers ''fuqahā'<nowiki/>'' ont développé des institutions juridiques pour contourner cette punition sévère, et la ligne rouge pour condamner quelqu'un à la peine de l'apostat a été placée si haut que pratiquement aucun verdict n'a été rendu dans ce sens avant le {{s|XIX}} du [[calendrier grégorien]]<ref name=":12" />. Cependant, par la suite, les ''fuqahā''' ont abaissé cette ligne rouge pour appliquer la peine de mort, laissant aux ''[[Cadi|Qadah]]'' une plus large liberté d’interprétation pour caractériser l'apostasie<ref name=":12" />, ce qui s'est traduit parfois par de la clémence et d'autres fois par de la sévérité<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1={{Lien|langue=en|trad=Knut Vikør|fr=Knut Vikør|texte=Knut S. Vikør}}|titre=Between God and the Sultan: A History of Islamic Law|passage=291|éditeur=[[Oxford University Press]]|date=2005|pages totales=387|isbn=0195223985|isbn2=9780195223989}}.</ref>. À la fin du {{s-|XIX}}, le recours à des sanctions pénales pour l’apostasie est tombé en désuétude, bien que des sanctions civiles soient toujours appliquées<ref name=":0" />.
Selon Abdul Rashied Omar, la majorité des ''fuqahā''' contemporains continuent de considérer l’apostasie comme un crime méritant la peine de mort<ref name=":15" />. Certains la considèrent comme une forme de crime religieux, d'autres non<ref name=":0" />{{,}}<ref name=":14" />{{,}}<ref>{{Lien web|langue=en|titre=Sudan woman faces death for apostasy|url=https://www.bbc.com/news/world-africa-27424064|site=BBC.com|date=15 mai 2014|consulté le=2 février 2020}}.</ref>. D’autres soutiennent que la peine de mort est une sanction inappropriée<ref name=":19">{{Ouvrage|langue=en|auteur1={{Lien|Ibrahim M. Abu-Rabi'}}|titre=The Blackwell Companion to Contemporary Islamic Thought|passage=167-169|éditeur=Blackwell Publishing|date=2006|pages totales=675|isbn=978-1-4051-2174-3}}.</ref>{{,}}<ref>{{en}} David Forte (1994), ''Apostasy and Blasphemy in Pakistan'', Conn. Journal Int'l Law, Vol. 10, pp. 43–45, 27–47</ref>{{,}}<ref name=":16" />{{,}}<ref name=":17" />, incompatible avec les injonctions coraniques comme {{Citation|[[Al-Baqara#Verset 255-256 : Nulle contrainte en religion|Nulle contrainte en religion !]]}}<ref name=":20">{{Lien web |langue=en |auteur1=Andrea Elliott |titre=In Kabul, a Test for Shariah |url=https://www.nytimes.com/2006/03/26/weekinreview/in-kabul-a-test-for-shariah.html |site=NYTimes.com |date=26 mars 2006 |consulté le=2 février 2020 |archive-url=https://web.archive.org/web/20230906093249/https://www.nytimes.com/2006/03/26/weekinreview/in-kabul-a-test-for-shariah.html |archive-date=6 septembre 2023}}.</ref> ([[Al-Baqara|2]]:256) ou les versets 21 et 22 de la sourate 88, ''[[Al-Ghashiya]]'' (''L’Enveloppante'')<ref name=":21">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=[[Khaled Abou El Fadl]]|titre=The great theft : wrestling Islam from the extremists|passage=158|lieu=[[San Francisco]]|éditeur=HarperOne|date=2007|isbn=978-0-06-118903-6|isbn2=0-06-118903-0|oclc=86073869}}.</ref>, et/ou qu’il s’agissait d’une loi humaine adoptée par la première communauté musulmane pour prévenir et punir l’équivalent de la [[désertion]] ou de la [[trahison]]<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=[[John Esposito]]|titre=What Everyone Needs to Know about Islam|passage=74|éditeur=[[Oxford University Press]]|date=2011|numéro d'édition=2|pages totales=268|isbn=0199794138|isbn2=9780199794133|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=2wSVQI3Ya2EC&pg=PA74}}.</ref>, et qu'elle ne devrait être appliquée que si l’apostasie devient un mécanisme de désobéissance et de trouble à l'ordre public (''[[fitna]]'')<ref>Albayrak Ahmet, dans : {{Lien|langue=en|trad=Oliver Leaman|fr=Oliver Leaman}} éd., ''The Qur'an: An Encyclopedia''. p. 526-27</ref>. Selon [[Khaled Abou El Fadl]], les {{Lien|langue=en|trad=Moderate Muslim|fr=musulmans « modérés »}} ne croient pas que l’apostasie requiert une peine<ref name=":21" />. [[Critique de l'islam|Les critiques]]<ref>{{Lien web|langue=en|titre=UN rights office deeply concerned over Sudanese woman facing death for apostasy|url=https://news.un.org/en/story/2014/05/468462|site=UN News Centre|date=16 mai 2014|consulté le=2 février 2020}}.</ref>{{,}}<ref name=":22" /> font valoir que la peine de mort ou tout autre peine pour l'apostasie de l'islam constitue une violation des [[Droits de l'homme|droits universels de la personne]], et que cette question devrait uniquement relever de la [[liberté de religion]] ou [[Liberté de pensée|de pensée]]<ref name=":19" />{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Rein Müllerson|titre=Human Rights Diplomacy|passage=64|éditeur=Psychology Press|date=1997|pages totales=225|isbn=0415153905|isbn2=9780415153904}}.</ref>.
En 2014, les lois de divers [[Civilisation islamique|pays à majorité musulmane]] prescrivent pour l’apostat ({{lang-ar|مرتد}}, ''{{transl|ar|ALA|murtadd}}'') des peines allant de l'emprisonnement à l’exécution<ref name=":18" />{{,}}<ref name=":23">{{Lien web|langue=en|format=pdf|titre=Laws Criminalizing Apostasy in
Selected Jurisdictions|url=https://www.loc.gov/law/help/apostasy/apostasy.pdf|site=loc.gov|date=mai 2014|consulté le=2 janvier 2020}}.</ref>. Dans certains pays, les tribunaux de la [[charia]] se servent du [[Droit civil|code civil]] pour dissoudre le [[Droit du mariage dans la tradition musulmane|mariage]] de l’apostat et le priver de ses droits à la [[Autorité parentale|garde des enfants]] ou à l’[[Droit musulman des successions|héritage]]<ref name=":24" />{{,}}<ref name=":25" />. Ces 40 dernières années, trois gouvernements internationalement reconnus ont exécuté quatre individus pour apostasie de l'islam : le [[Soudan]] en 1985, l'[[Iran]] en 1989 et 1998 et l'[[Arabie saoudite]] en 1992<ref name=":20" />. En 2013, l'apostasie de l'islam était couvert par les [[Droit pénal|lois pénales]] de 23 pays à majorité musulmane<ref name=":23" />. L'[[Article 6 de la Constitution tunisienne de 2014|article 6]] de la [[Constitution tunisienne de 2014]] prohibe les accusations d’apostasie (''[[Kufr#Le Takfir, une forme d'excommunication|takfīr]]'')<ref>{{Lien web|auteur1=Marie Verdier|titre=Constitution tunisienne: l'accusation d'apostasie interdite|url=https://www.la-croix.com/Actualite/Monde/La-Constitution-tunisienne-bute-sur-l-apostasie-2014-01-21-1094514|site=la-croix.com|date=21 janvier 2014|consulté le=2 février 2020}}.</ref>. Selon un sondage du [[Pew Research Center]], mené entre 2008 et 2012, la proportion de musulmans soutenant la peine capitale pour l'apostat allait de 0,4 % au [[Religion au Kazakhstan|Kazakhstan]] à 78,2% en [[Religion en Afghanistan|Afghanistan]]<ref>{{Lien web|langue=en|titre=Muslim Beliefs About Sharia|url=https://www.pewforum.org/2013/04/30/the-worlds-muslims-religion-politics-society-beliefs-about-sharia/|site=pewforum.org|date=30 avril 2013|consulté le=2 février 2020}}.</ref>.
== Références dans les textes musulmans ==
=== Dans le Coran ===
Plusieurs versets du [[Coran]] font référence à l'[[apostasie]], et bien que condamnée moralement, {{citnec|aucune sanction terrestre n'est préconisée<ref>{{ouvrage|langue=fr|prénom1=Stéphane|nom1=Papi|titre=L'influence juridique islamique au Maghreb|sous-titre=Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie, Tunisie|éditeur=L'Harmattan|année=2009|pages totales=398|passage=182|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=9xn5Xjr4p1YC}}.</ref>}} (sauf CORAN ,IV, 89).
Parmi eux :
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Diverses [[Tafsir|exégèses]] (''tafâsîr''), telle celle attribuée à [[Abdullah ibn Abbas]] ou celle d’[[Ibn Kathir]], expliquent que les [[gens du Livre]] et les [[Païen|païens]] ne sont pas obligés de croire à l'[[Tawhid|unicité]] de [[Allah|Dieu]] après avoir [[Conversion à l'islam|embrassé l'islam]], qu'il faut rejeter les [[Idolâtrie|idoles]], et que Dieu connaît la récompense pour ceux qui croient en Lui. Selon les deux Jalal, ce verset aurait été révélé quand les ''[[Ansâr]]'' de [[Médine|Yathrib]] ont essayé de contraindre leurs fils à entrer dans l'islam, et Kashani de dire que la conversion doit se faire par le cœur<ref>{{Lien web|langue=multilingue |url=https://quranx.com/Tafsirs/2.256|titre=Commentaries for 2.256|site= quranx.com|consulté le=30 septembre 2020}}.</ref>. Lorsqu'un [[Juifs|juif]] ou un [[chrétien]] conclut un traité de [[Reddition (militaire)|reddition]] avec un musulman, il est astreint à payer une [[taxe]] vexatoire appelée ''[[djizîa]]'' et soumis à plusieurs [[Discrimination religieuse|discriminations]]. Son vainqueur le laisse alors pratiquer sa religion. Ceux qui n'adhèrent pas au [[judaïsme]] ou au [[christianisme]] ne sont pas concernés par cette dérogation pour l'école [[Chaféisme|chaféite]] et [[Hanbalisme|hanbalite]], alors que les [[Hanafisme|hanafites]] et [[Malikisme|malikites]] y incluent les idolâtres<ref>Françoise Micheau, ''Dhimmi'', In. Mohammad Ali Ammir-Moezzi (dir), ''Dictionnaire du Coran'', Robert Laffont, 2007.</ref>.
L’idée de l’apostasie s’accompagnait, au temps de [[Mahomet]], d'une hostilité envers l'islam et de la guerre contre ses fidèles, au moins pour s'en défendre. Celui qui croyait s’activait à combattre, ce qui est le principe même du [[djihad]] et celui qui apostasiait entendait de ce fait esquiver cette participation au combat (la notion d'[[objection de conscience]] n'existe pas en islam). [[Abd Allâh ibn Saad ibn Sarh]], secrétaire de Mahomet, aurait dénaturé plusieurs fois le sens des mots du Coran, et serait retourné à l'idolâtrie après s'être enfui de Médine. En [[630]], après la [[Conquête de la Mecque|prise de La Mecque]], il se mit sous la protection d'[[Othmân ibn Affân]], son
==== À propos du verset 89 de la sourate IV ====
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Les [[Hadîth|hadiths]] sont des actes ou des propos attribués à Mahomet et rapportés par divers témoins par l'intermédiaire d'une chaîne de transmission ([[isnad]]). Deux de ces citations sont notamment considérées par une grande partie de théologiens islamiques comme allant dans le sens d'une application de la [[peine de mort]] en cas d'apostasie :<blockquote>{{citation|Le sang d'un musulman, qui accepte qu'il n'y a d'autre Dieu qu'Allah et que je suis Son prophète, ne peut être versé que dans trois conditions : en cas de meurtre, pour une personne mariée qui s'adonne au sexe de manière illégale, et pour celui qui s'éloigne de l'islam et quitte les musulmans<ref name="ReferenceA">Sahih al-Bukhari, vol. 9, livre 83, numéro 17, rapporté par Abdullah.</ref>}}.
{{citation|Celui qui change de religion, tuez-le<ref>''[[Sahih al-Bukhari]]'', [https://sunnah.com/bukhari:6922 hadith n°6922].</ref>}}</blockquote>Ce hadith
{{Référence nécessaire|date=16 septembre 2016|Rien dans la biographie de Mahomet ne contient la moindre information crédible favorisant la mise en exécution d'une telle sentence. Au contraire, deux épisodes le montrent traitant avec des apostats ou des personnes ayant quitté sa communauté. On le voit signer un traité avec [[Quraych]] encore païen, dont une clause précise que ''rien ne doit empêcher ceux qui le souhaitent de retourner dans la tribu adverse et, partant, de retourner à l'idolâtrie ante-musulmane''. Cet article du [[traité d'Houdaybiya]] n'est pas recensé par Boukhari dans son ''[[Sahih al-Bukhari|Sahih]]''.}}
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=== Fiqh de l'apostasie ===
Historiquement, dans le droit islamique ([[charia]]), la majorité des [[Faqîh|jurisconsultes]] (''fuqahā''') du [[Moyen Âge]] estimaient qu'un [[Apostasie|apostat]] mâle devait être mis à mort à moins qu'il ne souffre d'un [[Trouble psychique|trouble mental]] ou qu'il n'ait apostasié sous la contrainte, par exemple, en raison du danger imminent d'être tué. Selon les écoles de jurisprudence
De nombreux savants musulmans ont considéré l'apostasie comme un ''[[Hudud|ḥadd]]'', autrement dit un crime obligatoirement puni en vertu des textes du [[Coran]] et de la [[Sunna]]<ref name=":0" />{{,}}<ref>Mohamed El-Awa (1993), Punishment in Islamic Law, American Trust Publications, {{ISBN|978-0892591428}}, p. 53-54, 1-68</ref>, bien que cette classification ait été rejetée par les ''fuqahā''' [[Hanafisme|hanafites]] et [[Chaféisme|chaféites]]<ref name=":0" />, ainsi que par certains savants d'autres ''maḏâhib'' comme le [[Malikisme|malikite]] {{Lien|langue=en|trad=Abu al-Walid al-Baji|fr=Abu al-Walid al-Baji}} et le [[Hanbalisme|hanbalite]] [[Ibn Taymiyya]]<ref name=":9">{{article|doi=10.1163/026805598125826102|jstor=3382008|titre=Punishment in Islamic Law: a Critique of The Hudud Bill of Kelantan, Malaysia|année=1998|nom1=Kamali|prénom1=Mohammad Hashim|lien auteur=Mohammad Hashim Kamali|journal={{Lien|langue=en|trad=Arab Law Quarterly|fr=Arab Law Quarterly}}|volume=13|numéro=3|pages=203–234}}.</ref>.
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* [[Chaféisme]] : une période d'attente de trois jours est nécessaire pour permettre à l'apostat musulman de se repentir et de revenir à l'islam. Après ce délai, l'exécution est la sanction traditionnelle recommandée pour les apostats, hommes et femmes<ref name=":2" />. Le repentir de l'hérétique (''zindiq'') est accepté et il n'est pas exécuté. Le repentir de l'apostat multirécidiviste est accepté et il n'est pas exécuté. Le musulman qui utilise un langage grossier à l'égard d'un ange, d'un prophète ou d'[[Allah]] n'est pas exécuté s'il se repent<ref name=":11" />.
* [[Hanbalisme]] : une période d'attente peut-être accordée, mais n'est pas nécessaire. L'exécution est la sanction traditionnelle recommandée pour les apostats des deux sexes<ref name=":2" />. Le repentir de l'hérétique (''zindiq'') n'est pas accepté et il est exécuté. Le musulman qui apostasie et se repent à plusieurs reprises est exécuté. Le musulman qui utilise un langage grossier à l'égard d'un ange, d'un prophète ou d'Allah est exécuté indépendamment de son repentir<ref name=":11" />.
* [[Jafarisme]] : L'apostat né et élevé dans une
Cependant, selon l'historien du droit {{Lien|langue=en|trad=Sadakat Kadri|fr=Sadakat Kadri}}, alors que l'apostasie était normalement punie de mort, les exécutions étaient rares, car « il était largement admis » que tout accusé apostat qui « se repentait en prononçant la [[chahada]] » ''(lâ illâha illâ-l-lâh'' → "Il n'est point de [[divinité]], si ce n'est [[Allah]]") « devait être pardonné » dans le monde d'ici-bas (''[[Dunya (islam)|dunyâ]]'') et voir ainsi sa punition différée au [[Jugement dernier|Jour du Jugement]]. Ce principe a été maintenu « même dans des situations extrêmes », comme lorsqu'un délinquant adopta l’islam "uniquement par crainte de la mort", sur la base d'un hadith dans lequel le prophète Mahomet blâma l'un de ses partisans pour avoir tué un [[Pillage|pilleur]] qui avait attesté sa foi<ref>Muhammad n'a pas été choqué par les affirmations selon lesquelles le défunt n’avait adopté l’islam que pour éviter d'être mis à mort. «Qui vous absous, {{Lien|langue=en|trad=Usama bin Zayd|fr=Usama ibn Zayd|texte=Oussama}}, demanda-t-il à plusieurs reprises au tueur pour avoir ignoré la confession de foi?»</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=en|titre=Riyad as-Salihin / Book 1 / Hadith 393|url=https://quranx.com/hadith/Saliheen/In-Book/Book-1/Hadith-393/|site=Quranx.com|consulté le=16 juin 2019}}.</ref>{{,}}<ref>[http://www.sunnah.org/aqida/forty_hadith_merits_tahlil.htm#_ftnref28 Forty Hadiths on the Merit of Saying La Ilaha Illallah] {{lien brisé|url=https://web.archive.org/web/20150904045814/http://www.sunnah.org/aqida/forty_hadith_merits_tahlil.htm|date=4 septembre 2015}}|Compiled by Dr. G.F. Haddad|(Hadith 26, Narrated by Bukhari, Muslim, Ahmad, Tayalisi, Abu Dawud, Nasa'i, al-`Adni, Abu `Awana, al-Tahawi, al-Hakim, and Bayhaqi.)</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Sadakat|nom1=Kadri|titre=Heaven on Earth : A Journey Through Shari'a Law from the Deserts of Ancient Arabia ..|éditeur=Macmillan|année=2012|pages totales=332|isbn=978-0-09-952327-7|lire en ligne=https://books.google.com/?id=ztCRZOhJ10wC&printsec=frontcover&dq=Heaven+on+Earth:+A+Journey+Through+Shari%27a+Law#v=onepage&q=Heaven%20on%20Earth%3A%20A%20Journey%20Through%20Shari'a%20Law&f=false|passage=239|archiveurl=https://web.archive.org/web/20161202174508/https://books.google.com/books?id=ztCRZOhJ10wC&printsec=frontcover&dq=Heaven+on+Earth:+A+Journey+Through+Shari%27a+Law&hl=en&sa=X&ved=0CC0Q6AEwAWoVChMIob7syrnZxwIVhg6SCh0fYg3Z#v=onepage&q=Heaven%20on%20Earth%3A%20A%20Journey%20Through%20Shari'a%20Law&f=false|archivedate=2 December 2016}}.</ref>.
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L'islam est [[religion d'État]], et une loi prévoit jusqu'à 1 million de dinars ({{unité|8000|€}}) d'amende en cas de [[prosélytisme]], cette notion ayant une acceptation variable<ref>{{Article |auteur1=José GARÇON |titre=Apostasie périlleuse en Algérie |périodique=[[Libération (journal)|Libération]] |date=01-04-2006 |lire en ligne=https://www.liberation.fr/planete/2006/04/01/apostasie-perilleuse-en-algerie_34894}}.</ref>.
[[Code_de_la_famille_(Algérie)#Anticonstitutionnalité|L'article 138 du code de la famille]] dispose qu'un apostat ne peut hériter d'un musulman<ref name="
Mouna Mohammed Cherif">{{Article |titre=La conversion ou l’apostasie entre le système juridique musulman et les lois constitutionnelles dans l’Algérie indépendante |périodique=Cahiers d’Études du Religieux. Recherches Interdisciplinaires |date=07-02-2011 |lire en ligne=https://journals.openedition.org/cerri/809 |consulté le=13-08-2024}}.</ref>.
En 2012, un jeune chrétien, Mohamed Ibouène, a été condamné par le tribunal de [[Béchar]] (sud de l’Algérie) à un an de prison ferme et une amende de {{unité|50000|DA}} pour le chef d’inculpation {{citation|d’incitation d’un musulman, avec pression, à changer de religion}}, autrement dit pour prosélytisme. Il a [[Appel (droit)|fait appel]] de ce jugement et le verdict final a été prononcé 2013. Il échappe à la prison, mais son amende a été doublée.
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En 2005, un musulman récemment [[Conversion au christianisme|converti au christianisme]], Gasir Mohammed Mahmoud, fut interné dans un asile psychiatrique et ne dut sa liberté qu'aux pressions de la communauté internationale<ref>http://www.nycodem.net/actualites-chretiennes/?p=lire&view_topic=65003&t=Il-quitte-l-Islam-pour-le-Christianisme-et-se-retrouve-interne-en-psychiatrie-</ref>.
Depuis 2013, le blogueur égyptien devenu activiste [[Sherif Gaber]] a fait face à de nombreuses intimidations et arrestations pour avoir tenu des propos perçus comme blasphématoires et évoqué sa position d'athée. En 2018, son passeport lui a été confisqué, ce qui l'oblige depuis à rester en Égypte. Par le biais de vidéos diffusées sur les médias sociaux, il essaye de trouver le moyen de fuir son pays.
=== Émirats arabes unis ===
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=== Iran ===
{{Article détaillé|Droit en Iran}}
La {{Lien|langue=fa|trad=قانون مطبوعات ایران مصوب ۱۲۸۶|fr=loi iranienne sur la presse de 1986}} dispose, à son article 26, que {{Citation|quiconque insulte la religion révélée de l'islam et ses choses sacrées par le biais de la presse, si son acte équivaut à l'apostasie, la peine pour apostasie sera prononcée et exécutée à son endroit, sinon, il sera traité selon l'opinion du juge de la charia conformément à la loi sur les [[Tazir|taʾzîrâte]]}}<ref>{{Lien web |langue=fa |auteur=Zeynab Riazat |titre=پاسخ مهم یک وکیل دادگستری به سوالی درباره مجازات توهین به مقدسات |traduction titre=Réponse importante d'une avocate à une question sur la peine pour insulte aux choses sacrées |url=https://www.hamshahrionline.ir/news/776858/%D9%BE%D8%A7%D8%B3%D8%AE-%D9%85%D9%87%D9%85-%DB%8C%DA%A9-%D9%88%DA%A9%DB%8C%D9%84-%D8%AF%D8%A7%D8%AF%DA%AF%D8%B3%D8%AA%D8%B1%DB%8C-%D8%A8%D9%87-%D8%B3%D9%88%D8%A7%D9%84%DB%8C-%D8%AF%D8%B1%D8%A8%D8%A7%D8%B1%D9%87-%D9%85%D8%AC%D8%A7%D8%B2%D8%A7%D8%AA-%D8%AA%D9%88%D9%87%DB%8C%D9%86-%D8%A8%D9%87-%D9%85%D9%82%D8%AF%D8%B3%D8%A7%D8%AA |périodique=[[Hamshahri]] |date=30 juillet 2023 |consulté le=16 novembre 2024}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=Vida Amirmokri|titre=L’Islam et les droits de l’homme|sous-titre=l’islamisme, le droit international et le modernisme islamique|lieu=[[Québec (ville)|Québec]]|éditeur=[[Presses de l'Université Laval|Les Presses de l’Université Laval]]|passage=36|isbn=2-7637-8176-4|oclc=1404026414|bnf=40987637|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=j9UoEAAAQBAJ&pg=PA36|numéro chapitre=1|titre chapitre=L’islamisme et les droits de l’homme}}</ref>. Mais malgré cette disposition, le [[Code pénal (Iran)|code pénal iranien]] ne prévoit, à cette époque, aucune sanction en ce qui concerne le [[blasphème]] ou l'apostasie. Si la sanction pour blasphème est finalement définie par l'article 513 du code pénal, adopté en 1996, celle pour apostasie reste à l'appréciation du juge, conformément aux dispositions de l'article 214 du code de procédure pénale, reprenant celles de l'article 167 de la [[Constitution de l'Iran|constitution]]<ref>{{Ouvrage|titre=Législation comparée|sous-titre=La répression du blasphème (Iran – Irlande – Italie – Portugal – Turquie)|lieu=Paris|éditeur=Direction de l’initiative parlementaire et des délégations|année=2016|pages totales=98|passage=29|lire en ligne=https://www.senat.fr/lc/lc262/lc262.pdf|format électronique=pdf}}</ref>{{,}}<ref name="FIDH">{{Ouvrage|langue=en|titre=IRAN/death penalty|sous-titre=A state terror policy|éditeur=[[Fédération internationale pour les droits humains|FIDH]]|année=2009|pages totales=64|passage=14|lire en ligne=https://www.ecoi.net/en/file/local/1011359/1002_1241526833_rapport-iran-final.pdf|format électronique=pdf}}</ref>. Ainsi, les juges iraniens s'appuient sur ledit article 214 pour prononcer la peine de mort dans de nombreux cas d’apostasie sur la base des vues de la majorité des ''[[Faqîh|fuqaha]]'' chiites, dont celles de l'[[Rouhollah Khomeini|imam Khomeini]], le fondateur de la république islamique d'Iran<ref name="Christian Converts in Iran" />{{,}}<ref name="FIDH" />.
D'après {{Lien|langue=en|trad=Leonard Leo}}, président de la {{Lien|langue=en|trad=United States Commission on International Religious Freedom|fr=Commission des États-Unis sur la liberté religieuse internationale|texte=Commission américaine sur la liberté religieuse dans le monde}} de 2009 à 2012, la dernière personne exécutée pour apostasie en Iran est le [[Pasteur (christianisme)|pasteur]] {{Lien|langue=fa|trad=حسین سودمند|fr=Hossein Soodmand}}, [[Pendaison|pendu]] le 3 décembre 1990 dans une prison de [[Machhad|Mashhad]]<ref>{{Lien web |langue=en |auteur=Dan Merica |titre=Iranian pastor refuses to reject religion, faces execution |url=https://edition.cnn.com/2011/09/28/world/meast/iran-pastor-trial/index.html |éditeur=CNN |date=29 septembre 2011 |consulté le=16 novembre 2024}}</ref>. Cependant, selon le ''[[The New York Times|New York Times]]'', une autre personne aurait été exécutée pour apostasie en 1998<ref name=":20" />. {{Lien|langue=en|trad=Execution of Yousef Mehrdad and Sadrollah Fazeli Zare|fr=Exécution de Yousef Mehrdad et Sadrollah Fazeli Zare|texte=Sadrollah Fazeli Zare est pendu le 8 mai 2023}}, mais il avait été condamné pour d'autres crimes en sus de l'apostasie<ref>{{Lien web |langue=fa |titre=حکم اعدام ۲ قرآنسوز هتاک به دین و مقدسات اسلامی اجرا شد |traduction titre=La condamnation à mort de 2 brûleurs du Coran, insultant la religion et les choses saintes islamiques, a été exécutée |url=https://www.isna.ir/news/1402021810879/%D8%AD%DA%A9%D9%85-%D8%A7%D8%B9%D8%AF%D8%A7%D9%85-%DB%B2-%D9%82%D8%B1%D8%A2%D9%86-%D8%B3%D9%88%D8%B2-%D9%87%D8%AA%D8%A7%DA%A9-%D8%A8%D9%87-%D8%AF%DB%8C%D9%86-%D9%88-%D9%85%D9%82%D8%AF%D8%B3%D8%A7%D8%AA-%D8%A7%D8%B3%D9%84%D8%A7%D9%85%DB%8C-%D8%A7%D8%AC%D8%B1%D8%A7-%D8%B4%D8%AF |éditeur=[[ISNA (agence de presse)|ISNA]] |date=8 mai 2023 |consulté le=16 novembre 2024}}</ref>.
En {{date-||juin|2009}}, la {{Lien|langue=fa|trad=کمیسیون قضایی و حقوقی مجلس شورای اسلامی|fr=commission judiciaire et juridique}} du [[Madjles (Iran)|parlement iranien]] renonce à inclure l'apostasie et la [[lapidation]] dans le projet de réforme du code pénal<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Iran aims to scrap stoning and amputation |url=https://www.abc.net.au/news/2009-06-23/iran-aims-to-scrap-stoning-and-amputation/1328490 |éditeur=[[Australian Broadcasting Corporation]] |date=23 juin 2009 |consulté le=16 novembre 2024}}</ref>.
=== Jordanie ===
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== Dans d'autres pays ==
=== France ===
En 1999, [[Jean-Pierre Chevènement]] a soumis un engagement qu'il qualifiait de « non négociable » aux autorités musulmanes, mais sur demande de l'[[Musulmans de France|UOIF]], un article garantissant le droit de changer de religion a été retiré<ref>{{Article |auteur1=Leila BABES |auteur2=Michel RENARD |titre=Quelle liberté de conscience? |périodique=[[Libération (journal)|Libération]] |date=26-06-2000 |lire en ligne=https://www.liberation.fr/tribune/2000/06/26/quelle-liberte-de-conscience_328669}}.</ref>{{,}}<ref>{{article |auteur1=[[Malika Zeghal]] |titre=La constitution du Conseil Français du Culte Musulman : reconnaissance politique d'un Islam français ?|url=https://assr.revues.org/1113 |périodique=[[Archives de sciences sociales des religions]] |éditeur=Éditions de l'École des hautes études en sciences sociales |date=01-01-2005 |isbn=2-7132-2043-2 |issn=0335-5985 |consulté le=23-08-2020 |page=97–113 |numéro=129}}.</ref>{{,}}<ref>https://www.senat.fr/rap/r15-757/r15-7571.pdf page 87</ref>.
Dans les [[années 2010]], un certain nombre de Français, à l'origine de religion musulmane, font état de leur conversion au christianisme<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Musulman devenu catholique: Mehdi Djaadi, le rire du converti |url=https://www.lefigaro.fr/actualite-france/mehdi-djaadi-le-rire-du-converti-20211004 |site=lefigaro.fr|date=2021-10-04 |consulté le=2023-02-02}}.</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=fr|titre=Musulmans devenus chrétiens|périodique=La Croix|date=2020-02-03|issn=0242-6056|lire en ligne=https://www.la-croix.com/Culture/TV-Radio/Musulmans-devenus-chretiens-2020-02-03-1201075951|consulté le=2023-02-02}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |auteur=Oissila Saaïdia |titre=De Mohamed à Jean-Mohamed : Abd el-Jalil ou l'itinéraire d'une conversion au catholicisme |url=https://www.cairn.info/revue-histoire-monde-et-cultures-religieuses-2013-4-page-15.htm |site=Cairn |date=2013}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Surprenants convertis |url=https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-pieds-sur-terre/surprenants-convertis-2064670 |site=France Culture |date=2022-11-17 |consulté le=2023-02-02}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |prénom=mathilde de |nom=robien |titre=L’itinéraire spirituel de Jonas, musulman converti au catholicisme |url=https://fr.aleteia.org/2021/01/27/litineraire-spirituel-de-jonas-musulman-converti-au-catholicisme/ |site=Aleteia |date=2021-01-27 |consulté le=2023-02-02}}.</ref>.
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