Location via proxy:   [ UP ]  
[Report a bug]   [Manage cookies]                

Burqa

vêtement originaire d'Afghanistan couvrant l'intégralité du corps et du visage des femmes
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 19 août 2009 à 10:31 et modifiée en dernier par Ludovic89 (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.

Le mot burqa, nom à double genre (féminin ou masculin)[1], (en arabe, برقع, parfois orthographié burka, ou plus rarement bourka), est couramment employé en Occident pour désigner un voile intégral. On le confond avec le niqab et le tchadri qui sont des voiles traditionnels de femmes musulmanes.

Le niqab est un voile qui couvre intégralement le corps et la tête, avec une fente ovale (au niveau des yeux) permettant de voir. Il est porté principalement au Moyen-Orient.

Le tchadri, (souvent orthographié chadri) est un vêtement aux mille plis qui rayonnent autour d'une calotte brodée, souvent bleue, qui couvre entièrement la tête et le corps, ne laissant au niveau des yeux qu'une étroite meurtrière grillagée permettant de voir sans qu’aucun trait du visage ne soit discernable. C'est le vêtement traditionnel des femmes afghanes; on le trouve aussi au Pakistan et en Inde[2].

Ils sont couramment appelés « voiles intégraux » en Occident.

Origine et diffusion

la burqa

La burqa, selon le spécialiste de l'Islam et politologue français Olivier ROY, est une invention récente du mouvement intégriste salafiste dans les pays du Golfe et au Pakistan[3]. Avec ce vêtement qui ne date que d'une vingtaine d'années, l'enfermement de la femme est plus total qu'avec un niqab puisqu'il s'accompagne de gants pour cacher les mains et que même les pieds sont dissimulés. Enfin, la femme porte des lunettes de soleil pour cacher ses yeux.

Ce voile intégral, qui se répand depuis une vingtaine d'années dans les parties les plus rétrogrades des communautés musulmanes du monde entier, accentue ainsi violemment la tradition séculaire du purdah[4]. Le philosophe Abdennour Bidar juge que le port de la burqa outrepasse largement cette tradition, et qu’il ne se base sur aucune prescription coranique, y préférant pour sa part le voile laissant à découvert le visage, voire l’absence de tout voile et l’intériorité de la pratique religieuse[4].

La burqa en Europe

Le port de la burqa dans les lieux publics est interdit, du moins théoriquement, dans de nombreuses communes belges, par des règlements de police locale (zonale). Une proposition de loi dans ce sens déposée le 21 février 2005 à la Chambre des représentants par le chevalier François-Xavier de Donnéa (député du Mouvement réformateur, droite) n'a pas recueilli l'approbation de cette assemblée[5].

Les conseils d'au moins deux zones de police locale, Bruxelles-Ouest (regroupant les communes de Berchem-Sainte-Agathe, Ganshoren, Koekelberg, Jette, Molenbeek) et Maaseik, ont adopté des règlements généraux de police interdisant à quiconque «de se présenter dans l'espace public masqué ou déguisé», sauf autorisation expresse du bourgmestre. Quiconque enfreint ce règlement à Bruxelles-Ouest «sera puni d'une amende administrative de 150 €[6],[7]». En mai 2008, une étude universitaire a révélé que 33 procès-verbaux avaient déjà été dressé dans des zones de police bruxelloises pour cette infraction, à Molenbeek (21), Koekelberg (3), Saint-Gilles (2) et Bruxelles (1)[8].

Dans les autres zones de police, les règlements généraux maintiennent en vigueur des articles disposant par exemple que « Hors le temps du carnaval, nul ne peut se montrer masqué ou travesti dans les rues." ou "Sans autorisation de l’autorité compétente, il est interdit sur le domaine public de se dissimuler le visage par des grimages, le port d'un masque ou tout autre moyen, à l'exception du "temps du carnaval[9]" », qui laissent théoriquement la possibilité de verbaliser pour le port du niqab ou de la burqa.

Le port de la burqa dans les lieux publics est autorisé, mais reste rare. La controverse se situe plutôt sur le port du voile simple, qui subit des restrictions dans les établissements scolaires, notamment, pour lesquels une loi a été promulguée.

Le , une soixantaine de députés de toutes tendances, emmenés par le député PCF de Vénissieux (Rhône) André Gerin, ont déposé une proposition de résolution pour la création d'une commission d'enquête parlementaire sur le port en France de la burqa ou du niqab.

Le , Sihem Habchi, présidente de l'association Ni putes ni soumises, soutient le débat parlementaire qui s'ouvre sur la question de la burqa, et voit dans la burqa « le symbole de l'oppression sur les femmes par ceux qui luttent contre la mixité ».

En fait de commission d'enquête, il s'agit d'une mission d'information, installée à l'Assemblée nationale le (président : André Gerin ; rapporteur : Eric Raoult) et qui commencera ses travaux pour six mois le [10]. Elle a donc été mise en place sous l'impulsion de députés et aussi du président Nicolas Sarkozy, qui en a parlé lors de son discours lors du Congrès de Versailles du en déclarant : « La burqa ne sera pas le bienvenu (sic) sur le territoire de la République ».

Le , le service de direction de l’information générale (SDIG), attaché au ministère de l’Intérieur fait l'état de la présence sur le territoire français de 367 femmes musulmanes revêtues du voile intégral. Ce chiffre a soulevé la question de l'utilité d'un débat parlementaire. M.Bartolone (PS) déclara que "par rapport au nombre, moins de 400 cas sur 60 millions, une loi, un débat parlementaire", ce serait comme "sortir un gros pilon pour écraser une mouche", a indiqué le député de Seine-Saint-Denis sur RTL.[11]

La législation antiterroriste italienne, qui date des années 1970, interdit le port de vêtements couvrant le visage. Cependant, son application aux voiles islamiques n'est pratiquement pas admise, comme le prouve cette petite anedcote. Le maire de Drezzo, petite commune du nord de l'Italie, a interdit la burqa dans les rues de sa ville, s'appuyant entre autres, sur un décret royal de 1931 adopté sous l'ère fasciste et interdisant de circuler masqué dans les lieux publics. Sabrina Varroni, habitante de Drezzo convertie à l'islam et mariée à un marocain, portait la burqa depuis son pèlerinage à la Mecque ; elle a bravé l'interdiction du maire qui est membre de la Ligue du Nord, ce qui a valu à Sabrina deux amendes pour "violation continue et répétée de la loi". Elle estime que ses droits constitutionnels sont violés car la burqa est non pas le "masque" interdit par le décret de 1931 mais une "manifestation religieuse". Le préfet de Côme lui a d'ailleurs donné raison en invalidant l'arrêté municipal.

Comme en Belgique, les règlements généraux de police, qui ressortissent à la compétence communale, mentionnent une interdiction générale pouvant théoriquement être appliquée au port du niqab ou de la burqa, par exemple "Hors le temps de carnaval il est interdit à toute personne de paraître masquée dans les rues, places et lieux publics sauf autorisation du bourgmestre." [12]

On recense une tentative de port de la burqa à l'école aux Pays-Bas. La tenue a été refusée en avançant comme explication que l'éducation scolaire nécessite une communication parfois non verbale (par les expressions du visage) impossible à travers une burqa.

Le gouvernement néerlandais a annoncé le l'adoption prochaine d'une loi prohibant dans les lieux publics la burqa et des autres formes de voile islamique cachant le visage "compte tenu des problèmes touchant à l'ordre public, à la sécurité et à la protection des personnes". Cette annonce fait suite à l'approbation en décembre 2005 d'une proposition de Geert Wilders, un homme politique d'extrême droite, consistant à interdire le port du voile intégral. Alors que la législation hollandaise restreignait déjà le port de la burqa et des autres voiles masquant tout le visage dans les transports publics et dans les écoles du pays, la CMO (Contactorgaan Moslems en de Overheid, "Organe de contact entre les musulmans et les autorités"), principale organisation musulmane du pays, évoque une "réaction disproportionnée à un problème marginal" concernant peu de personnes et stigmatisant toute la communauté musulmane. [13]

Malgré son autorisation actuelle, le débat est très animé sur ce sujet en Grande-Bretagne, où le ministre Jack Straw s'est dit personnellement opposé au port public du voile intégral. Cependant, le port du hijab n'est pas soumis à restriction.

Notes et références

  1. Larousse
  2. Souvenirs d'un séjour d'un mois en Afghanistan en 1973; "Afghanistan" (Fodor) de 1972.
  3. Interview accordé à Catherine Fournier, de 20.minutes.fr, le 16 juillet 2008
  4. a et b Abdennour Bidar, « Aucune justification religieuse à la burqa », Le Monde, 30 juin 2009, p. 19
  5. Chambre des représentants de Belgique, Proposition de loi insérant un article 563bis dans le Code pénal en vue d’interdire à toute personne de circuler sur la voie publique et/ou dans les lieux publics le visage masqué, déguisé ou dissimulé, déposée par M. François-Xavier de Donnéa, 21 février 2005, DOC 51 1625/001
  6. Karim Fadoul, Le port de la burqa interdit, La Dernière Heure, 24 janvier 2004
  7. Mehmet Koksal, Carnaval avec ou sans burqa?, La Libre Belgique, 8 février 2005
  8. Mathieu Ladevèze, 33 P.-V. pour port de la burqa, La Dernière Heure, 19 mai 2008; Karen Meerschaut, Paul De Hert, Serge Gutwirth et Ann Vander Steene, « L'utilisation des sanctions administratives communales par les communes bruxelloises. La Région de Bruxelles-Capitale doit-elle jouer un rôle régulateur ? », Brussels Studies, n°18, 19 mai 2008
  9. Règlement général de police de la Ville d'Arlon, Règlement général de police de la commune d'Etterbeek
  10. Dépêche Reuters sur Yahoo! Actualités : L'Assemblée installe la mission sur le port du voile intégral. Consulté le .
  11. http://www.la-croix.com/afp.static/pages/090730085921.0x313bmd.htm
  12. Règlement général de police d'Esch-sur-Alzette
  13. Le gouvernement néerlandais veut interdire le port du voile intégral en public Le Monde


Voir aussi

Sur les autres projets Wikimedia :

Articles connexes