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Religion (traduction)
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{{article détaillé|Seconde guerre de l'opium}}
 
Les revendications des pays occidentaux quantportant àsur la sécurité de leurs marchands et de leurs missionnaires aboutissent en [[1856]]-[[1857]] à de nouvelles interventions militaires, désignées sous le nom collectif de ''[[seconde guerre de l'opium]]'' : l'arraisonnement du navire commercialde commerce ''Arrow'' conduit à l'intervention du [[Royaume-Uni]], et l'exécution du missionnaire [[Auguste Chapdelaine]], à celle de la [[France]]. L'Empire Qing, déjà mis en grande difficulté parface à la [[révolte des Taiping]], n'est pas en mesure de résister. ; lesLes troupes chinoises sont à nouveau battues et les Qing doivent accepter le [[Traité de Tianjin (1858)|traité de Tianjin]]. Celui-ciqui impose l'ouverture de onze nouveaux ports chinois aux étrangers, autorise la présence de délégations étrangères à Pékin et l'activité des missionnaires chrétiens et légalise l'importation de l'opium. L'[[empire russe]] obtient également la signature du [[traité d'Aigun]], qui révise le [[traité de Nertchinsk]] et lui permet de révisermodifier le tracé la frontière russo-chinoise à son avantage, en annexant desplus de 600 000 km² de territoires situés au nord du fleuve [[Amour (fleuve)|Amour]].
 
En [[1860]], les réticences chinoises à ratifier le traité de Tianjin amènent àentrainent une nouvelle intervention anglofranco-françaiseanglaise, qui se solde par une nouvelle défaite chinoise. : aprèsAprès avoir écrasé les troupes chinoises à la [[bataille de Palikao]], les troupes françaises et anglaises pillent et incendient le [[Ancien Palais d'Été|palais d'été]], tandis que l'Empereur [[Xianfeng]] est contraint à la fuite. La Chine est obligée de signer la [[convention de Pékin]].
 
[[Fichier:Zhang Zhidong.jpg|vignette|[[Zhang Zhidong]], artisan du ''Mouvement d'auto-renforcement''.]]
L'Empereur [[Xianfeng]] meurt en [[1861]] : son successeur, [[Tongzhi]], est un enfant de cinq ans. Un coup d'État mené par l'impératrice [[douairière]] [[Cixi]] (Ts'eu-hi), ancienne concubine de Xianfeng et mère du nouvel Empereur, écarte le conseil des huit régents. ; laLa régence est assurée par elle-même, ainsi que par Yixin, le Prince Gong, frère de Xianfeng, et l'impératrice douairière [[Ci'an]], autre ancienne concubine de l'Empereur défunt. Le [[Zongli Yamen]], un l'équivalent ded'un ministère des Affaires étrangères, est créé. Tandis que le Prince Gong tente d'améliorer les relations avec les puissances occidentales, de hauts fonctionnaires impériaux, comme [[Zhang Zhidong]] ou [[Li Hongzhang]] se font les avocats d'une modernisation du pays, en intégrant les leçons et la technologie occidentales pour renforcer la Chine. Armes et machines occidentales sont acquises, tandis que des usines à l'occidentale sont construites et que des militaires étrangers sont engagés pour entraîner l'armée chinoise. Ce mouvement, désigné sous le nom d'{{citation|Auto-renforcement}} (自強運動) prône également la mise sur pied de forces terrestres et navales modernes, celles d'écoles techniques, la création de bureaux de traduction, ainsi que la traduction et la diffusion en Chine des ouvrages scientifiques occidentaux. La Chine doit également s'ouvrir aux cultures extérieures en envoyant ses élèves étudier à l'étranger<ref name="Zhong_192">''Histoire et civilisation de Chine'', Éditions Zhong Yang Wen, 2006, {{p.|192-193}}.</ref>.
 
Les industries militaires créées par les partisans de la réforme souffrent cependant de la sclérose administrative de l'Empire, qui se traduit par un personnel pléthorique. La construction et l'installation des équipements sont également totalement dépendantes de l'étranger, traduisant l'insuffisance de capitaux et le manque de ressources logistiques du pays<ref name="Zhong_192"/>.
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[[File:Qing Dynasty 1820.png|vignette|Le territoire Qing vers 1820 : les provinces en jaune foncé, les protectorats sont en jaune plus clair et les états tributaires sont en orange.]]
 
Durant la dynastie Quing , au {{s|18}}, la Chine atteint sa plus grande extension territoriale. A cette époque son territoire comprend les dix-huit provinces (division administrative) de la "Chine historique" mais également les régions actuelles du nord-est de la Chine, la [[Mongolie-Intérieure|Mongolie intérieure]], la [[Mongolie-Extérieure|Mongolie extérieure]], le [[Xinjiang]] et le [[Tibet]] soit une superficie totale de 13 000 000 km² (la Chine moderne compte 9,736 millions km² la différence portant principalement sur des territoires de la [[Sibérie orientale]] et l'[[Altaï]] faisant partie aujourd'hui de la Russie et la Mongolie-Extérieure devenu un [[Mongolie|état indépendant]])<ref>{{Harvsp|texte=Gernet : Le monde chinois|2005|p=419-420|id=Gernet2005}}</ref>. Par la suite le nombre de provinces passe de 18 à 22 à la suite de l'incorporation dans ce type de division administrative de la Mandchourie en 1907 (divisée en trois provinces : [[Fengtian]], [[Jilin]] et [[Heilongjiang]]) et du Xinjiang en 1884 ainsi que par la création en 1885 de la province de [[Taïwan]], qui faisait initialement partie de la province du [[Fujian]]. L'île sera cédée au Japon en 1895 à la suite de la défaite subie par la Chine durant la [[première guerre sino-japonaise]]. Par ailleurs 19 états sont des vassaux ou versent des tributs à la Chine durant des périodes de temps variables. Les plus notables sont la [[Corée]] ([[Période Joseon|Joseon]]), état tributaire jusqu'à son occupation par le Japon en 1895, le [[Viêt Nam|Vietnam]] jusqu'en 1885, la [[Thaïlande]] jusqu'en 1852 et le [[Népal]] jusqu'en 1908<ref>{{lien web|lang=zh |date=14 février 2021 |titre=清朝20个藩属国结局:10个消亡,1个坚持朝贡到1935年_王国 |site=[[Sohu]] |url=http://www.sohu.com/a/409035309_699296 |consulté le=2024-06-27 |archive-url=https://web.archive.org/web/20210214115041/http://www.sohu.com/a/409035309_699296 |archive-date=2021-02-14 }}</ref>.
 
=== Administration territoriale ===
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=== Démographie ===
[[File:Boy with men in China ca. 1860.jpg|vignette|Un enfant avec des adultes appartenant à plusieurs classes d'age photographiés vers 1860.]]
 
Durant la dynastie Qing, la population chinoise croit fortement et devient beaucoup plus mobile. Au début du règne des Qing, vers 1700, on dénombrait environ 150 millions d'habitants chiffre resté stable au cours du dernier siècle. La population double au cours du {{s|18}} et atteint un pic de 450 millions habitants à la veille de la [[révolte des Taiping]] en 1850<ref>{{Harvsp|texte=Rowe - China's Last Empire: The Great Qing|2009|p=91|id=ROW}}</ref>. L'essor des cultures du [[Nouveau Monde]] (maïs, arachides, patates douces et pommes de terre) permettent de réduire le nombre de décès résultant de la malnutrition. Les ravages de maladies telle que la [[variole]] sont maitrisés grâce à une augmentation des vaccinations. Les décès des nourrissons diminuent à la suite de campagnes menées contre l'[[infanticide]], du fait de l'amélioration des techniques d'accouchement et de l'augmentation du nombre de livres de médecine accessibles au public<ref>{{Harvsp|texte=Rowe - China's Last Empire: The Great Qing|2009|p=91-92|id=ROW}}</ref>. En Europe, au cours de cette période, la croissance démographique européenne est concentrée dans les villes alors qu'en Chine elle est faible uniquement dans les villes et dans le bassin inférieur du [[Yangtsé|Yangzi]]. La croissance démographique la plus élevée se situe dans les régions frontalières et sur les hauts plateaux, où les agriculteurs migrent pour profiter des vastes étendues de marais et de forêts inexploités<ref name=Rowe2009-p92>{{Harvsp|texte=Rowe - China's Last Empire: The Great Qing|2009|p=92|id=ROW}}</ref>.
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=== Religion ===
 
Les dirigeants mandchous dirigent un empire multiethnique et l'empereur, qui était tenu responsable de « tout le paradis », patronne et assume la responsabilité de toutes les religions et systèmes de croyance. Le « centre de gravité spirituel » de l’empire étaiest « l’État religieux et politique »{{sfnp|Goossaert|Palmer|2011|p=3}}. Puisque l'empire fait partie de l'ordre du cosmos, qui confère le Mandat du Ciel , l'empereur en tant que « Fils du Ciel » est à la fois le chef du système politique et le prêtre en chef du Culte d'État. L'empereur et ses fonctionnaires, qui sont ses représentants personnels, assument la responsabilité de tous les aspects de l'empire, en particulier la vie spirituelle et les institutions et pratiques religieuses.<ref>{{lien web|lang=en|titre=Religion, the State, and Imperial Legitimacy |url=https://afe.easia.columbia.edu/cosmos/irc/emperor.htm |chapter=Living in the Chinese Cosmos: Understanding Religion in Late Imperial China (1644–1911)|éditeur=Columbia University}}</ref>. Le magistrat du comté , en tant que représentant politique et spirituel de l'empereur, fait des offrandes dans les temples reconnus officiellement par l'empereur Le magistrat a donné une conférence sur l'édit sacré visant à promouvoir la moralité civique ; il surveille de près les organisations religieuses dont les actions pouvaient menacer la souveraineté et les prérogatives religieuses de l'État<ref>{{ouvrage|lang=en |auteur=Stephen F. Teiser|titre=The Spirits of Chinese Religion |éditeur=Princeton University Press |année=1996 |passage=27 |chapitre=Introduction |chapter-url=http://afe.easia.columbia.edu/cosmos/main/spirits_of_chinese_religion.pdf |archive-url=https://web.archive.org/web/20150824055938/http://afe.easia.columbia.edu/cosmos/main/spirits_of_chinese_religion.pdf |archive-date=24 August 2015 |url-status=live}}</ref>.
{{…}}
 
=== Les mandchous et la religion impériale ===
[[image:Yonghe Gong sign.jpg|vignette|Inscription en mandchou, chinois, tibétain et mongol (de droite à gauche) sur la [[temple de Yonghe|lamaserie de Yonghe]] à Pékin.]]
 
La famille impériale mandchoue est particulièrement attirée par la secte jaune ou le bouddhisme Gelug qui s'était répandu du Tibet à la Mongolie. Le Cinquième Dalaï Lama, qui accède au pouvoir en 1642, juste avant la prise de Pékin par les Mandchous, se tourne vers la cour des Qing pour obtenir son soutien. Les empereurs Kangxi et Qianlong pratiquent cette forme de bouddhisme tibétain comme l'une de leurs religions familiales et construisaient des temples qui font de Pékin l'un de ses centres et construisent une réplique du palais du Potala de Lhassa dans leur résidence d'été de Rehe<ref>{{ouvrage|lang=en|last=Henrietta Harrison |titre=China |éditeur=London: Arnold; New York: Oxford University Press |année=2001 |isbn=0340741333 |passage=36–42}}.</ref>.
 
Le [[chamanisme]], la religion la plus répandue chez les Mandchous, est un héritage spirituel de leurs ancêtres [[toungouses]] qui les distinguait des Chinois Han{{sfnp|Elliott|2001|pp=235, 241}}. Le chamanisme d'État est important pour la famille impériale à la fois pour maintenir son identité culturelle mandchoue et pour promouvoir sa légitimité impériale parmi les tribus du nord-est{{sfnp|Rawski|1998|pp=231–236, 242–243}}. Les obligations impériales comprenaient des rituels le premier jour du Nouvel An chinois dans un sanctuaire chamanique (tangse){{sfnp|Rawski|1998|p=236}}. Les pratiques dans les familles mandchoues comprenaient des sacrifices aux ancêtres et le recours à des chamanes, souvent des femmes, qui entraient en transe pour chercher obtenir une guérison ou effectuer des exorcismes{{sfnp|Elliott|2001|pp=237–238}}.
=== Religion traditionnelle ===
 
La religion traditionnelle chinoise est centrée sur la famille patriarcale et les shen ou esprits. Les pratiques courantes comprenaient le [[culte des ancêtres]], la piété filiale , les dieux et esprits locaux. Les rites comprenaient le deuil, les funérailles, l'enterrement,..<ref>{{lien web|lang=en|auteur=Richard J. Smith|année=2007|url=http://afe.easia.columbia.edu/cosmos/prb/journey.htm|titre= Settling the Dead: Funerals, Memorials and Beliefs Concerning the Afterlife |url= http://afe.easia.columbia.edu/cosmos/prb/journey.htm }} </ref>. Puisqu'ils n'exigeaient pas d'allégeance exclusive à une religion, les formes et variantes du [[confucianisme]] , du [[bouddhisme]] et du [[taoïsme]] sont combinées, par exemple dans les [[Trois enseignements]] syncrétiques<ref>{{lien web|lang=en|titre=Living in the Chinese Cosmos: Understanding Religion in Late Imperial China (1644–1911) Institutional Religion: The Three Teachings |éditeur=Columbia University)|url=http://afe.easia.columbia.edu/cosmos/ort/teachings.htm |date=2017}} </ref>. La religion populaire chinoise combine des éléments des trois religions, avec des variantes locales{{sfnp|Lagerwey|2010|pp=6–7}}. Les magistrats des comtés, dans la mesure où leur évaluation et leur promotion dépendaient de leur capacité à maintenir l'ordre local, toléraient les sectes locales et même fréquentaient les temples locaux tant qu'ils étaient en ordre, mais se méfiaient des [[Nouvelles religions chinoises|sectes hétérodoxes]] qui remettaient en question l'autorité de l'État et rejetaient les doctrines impériales. Certaines de ces sectes avaient en effet une longue histoire de rébellion, comme la [[Xiantiandao|Voie de l'Ancien Ciel]] , qui s'inspirait du [[taoïsme]], et la [[Secte du Lotus Blanc]], qui s'inspirait du [[bouddhisme|bouddhisme millénaire]]. La [[Révolte du Lotus blanc|révolte du Lotus blanc]] (1796-1804) a renforcé la défiance des autorités vis à vis de ces sectes, tout comme la [[révolte des Taiping]], qui s’est inspirée du christianisme millénaire.
 
=== Christianisme, judaïsme et islam ===
 
Les [[Religion abrahamique|religions abrahamiques]] ([[judaïsme]], [[islam]] et [[christianisme]]) arrivent d'[[Asie occidentale]] durant la [[dynastie Tang]] (vers 700 ap J.C.), mais leur dogme, qui exclue la pratique des autres religions, les rend moins adaptables que le [[bouddhisme]], qui était rapidement devenu une religion indigène. L’islam prédomine dans les régions d’Asie centrale de l’empire chinois, tandis que le judaïsme et le christianisme sont pratiqués dans des communautés bien établies mais isolées<ref>{{ouvrage|lang=en |auteur= Frederick W. Mote |url=https://books.google.com/books?id=SQWW7QgUH4gC |titre=Imperial China, 900–1800 |éditeur=Harvard University Press |année=1999 |isbn=0674445155 |passage= 958–961}}</ref>.
 
Plusieurs centaines de missionnaires catholiques arrivent en Chine entre la fin de la dynastie Ming et 1724, date de l'interdiction du christianisme. Les [[jésuites]], qui savent s'adapter à la société chinoise en adoptant les coutumes et les habits des lettrés, évangélisent des membres de l'élite tout en assimilant les classiques confucianistes et en s'abstenant de remettre en cause les valeurs morales des Chinois. Ils démontrent leur valeur auprès des premiers empereurs mandchous grâce à leurs travaux dans le domaine de l'artillerie, de la cartographie et de l'astronomie. Mais par la suite ils tombent en disgrâce jusqu'à l'édit de tolérance de l'empereur Kangxi en 1692{{sfnp|Bays|2012|pp=21–23}}. Dans les campagnes, les religieux [[dominicains]] et [[franciscains]] nouvellement arrivés établissent des communautés rurales qui s'adaptent aux pratiques religieuses traditionnelles locales en mettant l'accent sur la guérison, les fêtes et les jours saints plutôt que sur les sacrements et la doctrine{{sfnp|Bays|2012|pp=25–26}}. En 1724, l'empereur [[Yongzheng]] interdit le christianisme, qui est considéré comme un enseignement [[Hétérodoxie|hétérodoxe]]{{sfnp|Reilly|2004|p=43}}. Cependant, comme les missionnaires catholiques européens ont gardé le contrôle de leur communauté et n'ont pas permis la création d'un clergé indigène, le nombre de catholiques augmente plus rapidement après 1724 parce que les communautés locales pouvaient désormais fixer leurs propres règles et normes. En 1811, les activités religieuses chrétiennes sont encore davantage criminalisées par l'empereur [[Jiaqing]]{{sfnp|Reilly|2004|p=44}}. L'interdiction impériale est levée par un traité en 1846{{sfnp|Elliott|2001|p=241}}.
 
Le premier missionnaire protestant en Chine, Robert Morrison arrive à Canton en 1807{{sfnp|Daily|2013|p=1}} et acheve une traduction de la Bible en 1819{{sfnp|Daily|2013|p=145}}. Liang Afa (1789-1855), un chinois converti formé par Morrison étend l'évangélisation à l'intérieur de la Chine{{sfnp|Daily|2013|pp=188–189}}{{sfnp|Reilly|2004|pp=61, 64}}. Les deux guerres de l’opium (1839-1860) marquent un tournant décisif pour les missions chrétiennes protestantes. La série de traités signés entre le Traité de Nanjing de 1842 et le Traité de Tianjin de 1858 distingue le christianisme des religions locales et lui accorde un statut protégé{{sfnp|Reilly|2004|p=43-50}}. À la fin des années 1840, Hong Xiuquan, qui a lu la Bible chinoise de Morrison, ainsi que le pamphlet évangélique de Liang Afa, annonce à ses disciples que le christianisme était en fait la religion de la Chine ancienne avant que Confucius et ses disciples ne le chassent{{sfnp|Reilly|2004|pp=57, 62}}. Il crée dans le sud de la Chine le mouvement Taiping qui fait la fusion entre la tradition chinoise de rébellion millénariste et le messianisme chrétien », dela « révolution apocalyptique, du christianisme et « l'utopisme communiste » {{sfnp|Goossaert|Palmer|2011|pp=38–39}}.
 
A compter de 1860, l’application des traités permet aux missionnaires d’étendre leurs campagnes d’évangélisation en dehors des ports. Leur présence se heurte à une opposition à la fois culturelle et politique. L'historien John K. Fairbank observe que « [pour] la noblesse érudite, les missionnaires chrétiens sont des subversifs étrangers, dont la conduite et l'enseignement immoraux sont soutenus par des canonnières »<ref>{{ouvrage|lang=en|auteur=John King Fairbank |first=John King |titre=China: A New History |passage =221–222 |année=2006 |url=https://books.google.com/books?id=nBDC2cqb6I0C&q=Protestant%20missionaries |édition=2ème |éditeur=Harvard University Press |isbn=978-0674018280}}.</ref>. Au cours des décennies suivantes, il y aquelque 800 conflits entre villageois chrétiens et non-chrétiens, principalement sur des questions non religieuses, telles que les droits fonciers ou les impôts locaux, mais des conflits religieux sont souvent à la source de ces événements{{sfnp|Goossaert|Palmer|2011|pp=38–40}}. Au cours de l'été 1900, alors que les puissances étrangères envisagent la partition de la Chine, des jeunes villageois, connus sous le nom de Boxers car ils pratiquaient les arts martiaux et les pratiques spirituelles chinoises, attaquent et assassinent des chrétiens chinois et des missionnaires étrangers lors du [[révolte des Boxers]]. Les puissances impérialistes envoient leurs armées, qui viennent à bout de la révole en occupant une partie de la Chine, et imposent une indemnité substantielle. Cette défaite convainc de nombreux membres des élites instruites que la religion traditionnelle est un obstacle au développement de la Chine en tant que nation moderne et certains membres se tournent vers le christianisme comme outil spirituel pour construire une nouvelle société{{sfnp|Goossaert|Palmer|2011|pp=40–41}}.
 
En 1900, il y a environ 1 400 prêtres et religieuses catholiques en Chine et près d’un million de pratiquants{{sfnp|Mühlhahn|2019|p=170}}. Les missionnaires occidentaux créent des cliniques et des hôpitaux et dirigent la formation médicale en Chine<ref>{{ouvrage|lang=en|auteur=Gerald H. last=Choa |titre='Heal the Sick' was Their Motto: The Protestant Medical Missionaries in China |éditeur=Chinese University Press |année=1990}}</ref>. Les missionnaires commencent à créer des écoles pour former d'infirmières à la fin des années 1880, mais ils se heurtent aux traditions qui interdisent que les femmes soignent des hommes. Aussi le nombre d'infirmières formées reste faible jusque dans les années 1930<ref>{{article|lang=en |auteur=Chen Kaiyi |année=1996 |titre=Missionaries and the early development of nursing in China |périodique=Nursing History Review |volume=4 |pages=129–149 |doi=10.1891/1062-8061.4.1.129 |pmid=7581277 |s2cid=34206810}}</ref>.
 
== Économie ==
 
À la fin du {{s|17}}, l’économie chinoise se remet des ravages causés par les guerres qui ont suivi le renversement de la dynastie Ming<ref>{{Harvsp|texte=Myers et Wang - The Cambridge History of China, Volume 9: The Ch'ing Empire to 1800, Part One - Economic developments, 1644–1800|2002|p=564, 566|id=Myers2002}}</ref>. Au siècle suivant, le commerce continue à se développer avec une forte croissance des échanges entre les régions, une plus grande dépendance à l’égard de l'étranger et une population considérablement accrue<ref>{{Harvsp|texte=Myers et Wang - The Cambridge History of China, Volume 9: The Ch'ing Empire to 1800, Part One - Economic developments, 1644–1800|2002|p=564|id=Myers2002}}</ref>. À la fin du {{s|18}}, la population était passée à 300 millions d'habitants, contre environ 150 millions à la fin de la dynastie Ming. Cette augmentation spectaculaireaspectaculaire a plusieurs origines, notamment la longue période de paix et de stabilité du {{s|18}} et l'introduction de nouvelles cultures originaire des Amériques, notamment les arachides, les patates douces et le maïs. De nouvelles espèces de riz originaires d’Asie du Sud-Est entrainentpermettent une forte croissance des rendements et donc de la production. Les corporations de marchands se multiplient dans toutes les villes chinoises qui sont en pleine croissance et cette classe sociale acquièrt souvent une grande influence sociale et même politique. Certains marchands, parmi les plus riches et ayantbénéficiant des relations officiellesavec les autorités, bâtissent d’énormes fortunes tout en s'intéressant à la littérature au théâtre et aux arts. La production textile et artisanale est en plein essor<ref name=Murphey2007-p151>{{ouvrage|lang=en|auteur=RhoadsMurphey|année=2007|titre=East Asia: A New History (4ème édition)|isbn=978-0-321-42141-8|éditeur=Pearson Longman|passage =151 }}</ref>.
 
Le gouvernement accroit la superficie de la propriété foncière en restituant les terres qui avaient été vendues à de grands propriétaires fonciers à la fin de la période Ming par des familles incapables de payer l'impôt foncier<ref>{{Harvsp|texte=Myers et Wang - The Cambridge History of China, Volume 9: The Ch'ing Empire to 1800, Part One - Economic developments, 1644–1800|2002|p=593|id=Myers2002}}</ref>. Pour inciter davantage les gens à participer au marché, le gouvernement réduit le fardeau fiscal paren rapportvigueur à la fin desde la dynastie Ming et remplace le système des [[Corvée|corvées]] par une taxe perçue sur l'embauche des ouvriers<ref>{{Harvsp|texte=Myers et Wang - The Cambridge History of China, Volume 9: The Ch'ing Empire to 1800, Part One - Economic developments, 1644–1800|2002|p=593,595|id=Myers2002}}</ref>. La gestion du [[Grand Canal (Chine)|Grand Canal]] est rendue plus efficace et le secteur des transports est ouvert aux marchands privés<ref>{{Harvsp|texte=Myers et Wang - The Cambridge History of China, Volume 9: The Ch'ing Empire to 1800, Part One - Economic developments, 1644–1800|2002|p=598|id=Myers2002}}</ref>. Un système de surveillance des prix des céréales élimine les pénuries les plus graves et permet de limiter le prix du riz qui augmenter lentement et sans acoups tout au long du {{s|18}}<ref>{{Harvsp|texte=Myers et Wang - The Cambridge History of China, Volume 9: The Ch'ing Empire to 1800, Part One - Economic developments, 1644–1800|2002|p=572–573, 599–600|id=Myers2002}}</ref>. Se méfiant du pouvoir des marchands les plus riches, les dirigeants Qing limitent les licences commerciales et refusent généralement l'ouverture de nouvelles mines sauf dans les régions les plus pauvres<ref>{{Harvsp|texte=Myers et Wang - The Cambridge History of China, Volume 9: The Ch'ing Empire to 1800, Part One - Economic developments, 1644–1800|2002|p=606,609|id=Myers2002}}</ref>. Ces restrictions imposées à l'exploitation des ressources nationales ainsi qu'au commerce extérieur sont considérées par certains chercheurs contemporains comme une des origines de la [[Grande Divergence]] durant laquelle l'Occident a dépassé la Chine sur le plan économique<ref>{{ouvrage|lang=zh |auteur=Suming Xu |titre=La grande divergance selon une perspective humaniste : Pourquoi Jiangnan ne fut pas le Royaume-Uni ? |collection=Tianjin Social Science |volume=6 |année=2005 |url=http://www.jylw.com/guest/wzhtml/27/wz128130.htm }}</ref>{{,}}<ref>{{ouvrage|langue=zh |auteur1= Bo Li|auteur2=Yin Zheng |titre=5000 années d'histore chinoise |année=2001 |éditeur=Inner Mongolian People's publishing corp |isbn=978-7-204-04420-7 }}</ref>.
 
Au cours de la période des dynastie Ming et Qing (1368-1911), le développement le plus important de l'économie chinoise est sa transition d'une économie dirigée vers une économie de marché, cette dernière devenant de plus en plus omniprésente tout au long du règne des Qing{{sfnp|Porter|2016|p=}}. Entre 1550 et 1800 environ, la Chine connait une deuxième révolution commerciale qui prend de manière naturelle la suite de la première révolution commerciale des Song, qui avait vu l’émergence du commerce interrégional à longue distance de produits de luxe. Au cours de la deuxième révolution commerciale, pour la première fois, un pourcentage important de ménages agricoles commence à cultiver des produits agricoles destinés à être venduesvendus sur les marchés locaux et nationaux plutôt que pour leur propre consommation ou le troc dans l'économie traditionnelle. Les récoltes excédentaires sont mises en vente sur le marché national, intégrant les agriculteurs dans l’économie commerciale. Ce phénomène conduit certaines régions à se spécialiser dans des cultures de rapport destinées à l'exportation, l'économie chinoise étant devenue de plus en plus dépendante du commerce interrégional de produits de base en vrac tels que le coton, les céréales, les haricots, les huiles végétales, les produits forestiers, les produits d'origine animale et les engrais{{sfnp|Rowe|2009|p=}}.
 
Jusqu'aux [[guerres de l'opium]], la Chine sous la dynastie des Qing était très proche du système très faiblement interventionniste idéal d'[[Adam Smith]], avec leun poids de l’État compris entre 1 et 2 % du PIB, alors où laqu'en Grande-Bretagne ce taux était à 10 %<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Thomas Piketty]]|titre=[[Capital et Idéologie]]|passage=581-630|éditeur=[[Éditions du Seuil]]|année=2019|isbn=978-2-02-133804-1}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|prénom1=Kenneth|nom1=Pomeranz|titre=The great divergence: China, Europe, and the making of the modern world economy|éditeur=Princeton University Press|collection=The Princeton economic history of the Western world|date=2000|isbn=978-0-691-09010-8|consulté le=2023-12-13}}</ref>.
 
=== Système monétaire : l'argent s'impose comme monnaie d'échange ===
 
L'[[argent]] (métal) en provenance du [[Nouveau Monde]], où il est produit en abondance, pénètre en Chine en grande quantité à la suite de la conquête des [[Philippines]] par les espagnols dans les années 1570. La côte sud-est du pays est rouverte au commerce en 1684 (elle était fermée à celui-ci auparavant du fait de la difficile conquête de la Chine du sud par les Qing) ce qui relance la croissance de celui-cicette région qui atteint 4% par an à la fin du {{s|18}}<ref>{{Harvsp|texte=Myers et Wang - The Cambridge History of China, Volume 9: The Ch'ing Empire to 1800, Part One - Economic developments, 1644–1800|2002|p=587|id=Myers2002}}</ref>. Durant cette période les exportations de thé, de la soie et des produits manufacturés permettent de maintenir une balance commerciale positive avec l'Europe<ref name=Murphey2007-p151/>. L'expansion de la masse monétaire qui en résulte soutient des marchés compétitifs et stables<ref>{{Harvsp|texte=Myers et Wang - The Cambridge History of China, Volume 9: The Ch'ing Empire to 1800, Part One - Economic developments, 1644–1800|2002|p=587 et 590|id=Myers2002}}</ref>. Au milieu de la [[dynastie des Ming|dynastie précédente des Ming]], la Chine s'étaitétae tourne progressivement tournée vers l'argent comme support de monnaie pour le règlement des transactions les plus importantes et à la fin du règne de l'empereur [[Kangxi]], l'estimationévaluation et la perception de l'impôt foncier se faisaitfait en argent. Les propriétaires commencent réclamer le paiement des loyers en argent plutôt qu'en produitproduits des récoltes, ce qui incite les agriculteurs à produire pour la vente sur les marchés locaux et nationaux plutôt que pour leur propre consommation personnelle ou le troc{{sfnp|Rowe|2009|p=}}. Contrairement aux pièces de cuivre, [[sapèque]] (qian) ou autre, utilisées principalement pour de petites transactions, l'argent n'était pas utilisée sous forme de pièce de monnaie, mais plutôt échangé en unités de poids : le [[tael|liang ou tael]] qui représente environ 36 grammes d'argent. Un tiers devait être sollicité pourPour évaluer le poids et la pureté de l'argent un tiers doit être sollicité , ce qui entrainaitentraine des « frais de fusion » supplémentaires qui étaientsont ajoutés au prix de la transaction. De plus, comme ces frais n'étaientne sont pas réglementés, ils étaitsont une source de corruption. L'empereur [[Yongzheng]] (1722-1735) combat la corruption sur les « frais de fusion », en les légalisant et en les réglementant afin qu'ils puissent être perçus sous forme d'impôt. L'empereur Yongzheng a utiliséutilise cette nouvelle source de revenus pour augmenter lesle salaires des fonctionnaires chargé de les collecter, légitimant ainsi davantage l'argent en tant que monnaie standard de l'économie Qing{{sfnp|Porter|2016|p=}}.
 
=== Urbanisation et prolifération des bourgs ===
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La deuxième révolution commerciale, que connait la Chine durant la première moitié de la dynastie Qing, a un impact profond sur la répartition de la population. Jusqu'à la fin du règne des Ming, il existait un contraste très net entre les campagnes et les villes, car la collecte et le transport des surplus de récoltes des campagnes était traditionnellement pris en charge par l'État. Cependant, à mesure que le commerce se développe à la fin des Ming et au début des Qing, des agglomérations de taille intermédiaire commencent à apparaître pour jouer le rôle de relais dans les flux du commerce intérieur. Certaines de ces agglomérations brassent un volume d'affaires tellement important qu'elles deviennent de véritables centres commerciaux. Les bourgs les plus actifs deviennent de petites villes et sont le foyer d'une nouvelle classe marchande en plein essor{{sfnp|Rowe|2009p=}}. La prolifération de ces villes de taille moyenne n’est rendue possible que grâce aux progrès des transports et des communications longue distance. Alors que de plus en plus de chinois parcourent le pays pour faire du commerce, un besoin croissant d'hébergement apparait. Des maisons de corporation se développent pour répondre à cette demande{{sfnp|Porter|2016|p=}}.
 
De véritables corporations de marchands (huiguan) émergent qui, entre autres, publient des règlements ainsi que des barèmes de prix et fournissent des gites et des lieux de réunions aux marchands ambulants. Parallèlement à ces organisations commencent à apparaitre des corporations dédiéesportant àsur des professions plus spécifiques (gongsuo) pour contrôler l'artisanat commercial ou les industries artisanales telles que la menuiserie, le tissage, la banque et la médecine{{sfnp|Porter|2016|p= }}. Au {{s|19}} , les corporations contribuent à transformer les zones urbaines en centres cosmopolites et multiculturels, organisent des représentations théâtrales ouvertes au grand public développent le secteur de l'immobilier en mettant en commun des fonds sous la forme d'une [[fiducie]] et certaines contribuent au développement de services publics comme l'entretien de la voirie, l'approvisionnement en eau et la création d'un réseau d'égouts{{sfnp|Rowe|2009|p= }}.
 
=== Le commerce avec l'Occident ===
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