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== Historiographie ==
[[Fichier:Ichthys.svg|vignette|L'[[Ichtus]] (du [[grec ancien]] ''{{Grec ancien|ἰχθύς / |ikhthús''}}, « poisson ») est un symbole chrétien utilisé du {{s-|I}} au {{s-|IV}}.]]
 
Longtemps, dresser l’histoire du christianisme fut une entreprise difficile. En effet, elle était cantonnée dans l’[[apologie]] de l’[[Église (institution)|Église]] dominante dans le contexte géopolitique où se situait le candidat historien<ref>[[François Blanchetière]], ''Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien'', éd. CERF, coll. ''Initiations'', 2001 {{ISBN|978-2-204-06215-2}} cf. introduction</ref>. Par exemple, des ouvrages fondamentaux comme ''Oriens Christianus'' de [[Michel Le Quien]] ou l’''[[Encyclopédie catholique]]'' de [[Charles George Herbermann]] utilisent le mot « ''[[Catholicisme|catholique]]'' » dans le sens actuel du terme pour désigner toute l’[[Pentarchie|église des cinq premiers patriarcats]] d’avant [[1054]] faisant ainsi apparaître l'[[Église catholique|Église de Rome]] comme seule héritière légitime de l’église primitive<ref>C’est aussi le cas de nombreux films documentaires tels de ''Les Romains en Germanie'' de Christian Twente (2015) dans le troisième épisode ''Le centre de l’Empire''</ref> ; les auteurs grecs, russes, des [[Balkans]], du [[Caucase]] ou du [[Proche-Orient]] en font de même avec les [[Christianisme orthodoxe|églises orthodoxes]]. Depuis [[Walter Bauer]]<ref name="wb">Walter Bauer, ''Orthodoxy and Heresy in Earliest Christianity'', éd. Sigler Press, 1996 {{ISBN|978-0-9623642-7-3}} (rééd.); [http://ccat.sas.upenn.edu/~humm/Resources/Bauer Traduction originale en anglais (1934) en ligne]</ref>, on admet qu’aucune unité doctrinale n’existait dans le [[christianisme ancien]] ; et depuis [[Adolf von Harnack]]<ref>Adolf von Harnack, ''Histoire des dogmes'', éd. Le Cerf, {{2e}} éd. corr., 1993 {{ISBN|978-2-204-04956-6}}</ref>, que le [[dogme]] cause le [[schisme]] et que l’[[hérésie]] et l’[[orthodoxie]] font système. Ainsi, l’histoire du [[christianisme]] est une longue suite de fractures mais, si son élaboration a souvent relevé de la justification [[Anachronisme|anachronique]] ''a posteriori'' (sans rapport avec une stricte recherche de la restitution de faits), la méthode historique scientifique et l’évolution de disciplines telles que les [[sciences des religions]], permettent désormais d’en cerner les vicissitudes et d’éclairer les enjeux qui ont présidé à son développement.
[[Fichier:Stele Licinia Amias Terme 67646.jpg|vignette|[[Stèle]] funéraire de Licinia Amias sur marbre, au [[Musée national romain]]. L'une des premières inscriptions chrétiennes trouvées, elle provient de la zone de la [[nécropole]] du [[Vatican (colline)|Vatican]] au début du IIIe siècle{{s-|III}} à Rome. Il contient le texte ΙΧΘΥϹ ΖΩΝΤΩΝ ("poisson des vivants"), un prédécesseur du symbole Ichthys.]]
 
La question des [[racines juives du christianisme]] est problématique en soi, selon qu’on se réfère à la [[théologie dogmatique]] de telle ou telle Église ou bien aux diverses écoles d’historiens<ref>En particulier l'école anglo-saxonne, telle que réunie au colloque d'Oxford Princeton ''The ways that never share'' qui conclut que le christianisme ne commence qu'avec la dogmatisation du {{s-|IV}} considérant Jésus-Christ comme l’unique Sauveur : Karl-Heinz Ohlig (dir), ''Christologie'' (2 tomes). Tome 1 : ''Des origines à l'Antiquité tardive, textes en main'', Cerf;</ref>. Les [[Pères de l'Église]] fondent leurs réflexions sur les textes de la Bible, regardés comme un ensemble cohérent dont les différentes parties se complètent. À l’inverse, les chercheurs biblistes contemporains les regardent comme des textes indépendants<ref group=N>Voir par exemple le travail d'[[Adrian Schenker]] o.p. et alii, portant sur l'Ancien Testament dans ''L'Enfance de la Bible hébraïque'', [[Labor et Fides]].</ref>. Durant plusieurs siècles, l’alternance des opinions et des doctrines<ref>Karl-Heinz Ohlig (dir), ''Christologie'', I, ''Des origines à l'antiquité tardive'', CERF 1996 .</ref> amène les théologiens à définir avec une précision de plus en plus fine le [[dogme]] de l’Église.
 
Pour l’[[antiquité tardive]], l’historiographie occidentale<ref>[http://antiquitetardive.free.fr/Revue.html Revue de l'antiquité tardive] EPHESS.</ref>{{,}}<ref>[[Paul Veyne]], [[Peter Brown (historien)|Peter Brown]], [[Aline Rousselle]], ''Genèse de l'Antiquité tardive'', Gallimard 1983.</ref>, héritière de [[Hieronymus Wolf]], préfère envisager l’affirmation d’un [[Occident chrétien|christianisme spécifiquement occidental]] en tant que « nouvelle civilisation » née sous l’impulsion des [[Francs]], comme « synthèse entre la civilisation romaine et celle des Barbares », et dont la forme particulière deviendra le [[catholicisme]] romain par opposition au christianisme byzantin décrit comme un [[christianisme oriental]] plus ou moins dissident, décadent ou déviant. Mais pour l’historiographie des pays orthodoxes<ref>Nikolaos Svoronos, Ιστορία τών Μεσών χρονών (Histoire du Moyen Âge, en grec), ed. Λykeioy, Athènes 1963</ref>, c’est l’ensemble du monde [[Empire romain|romain]] puis « [[barbare]] » qui, au fil des [[Églises des sept conciles|sept premiers conciles]], a été orthodoxe (« [[Pentarchie]] »), avant que les suites du [[schisme de 1054]], et notamment les innovations de l’église de Rome au fil de ses 14 conciles ultérieurs (''[[Querelle du Filioque|Filioque]]'', [[purgatoire]], [[primauté de Pierre]], [[Primauté pontificale|autorité temporelle des papes]], [[Célibat sacerdotal|célibat des prêtres]], [[inquisition]] et bien d’autres nouveautés [[Théologie|doctrinales]] ou [[Droit canonique|canoniques]]) fassent naître, non pas une nouvelle civilisation, mais simplement une église séparée ; quant aux églises restées « orthodoxes » (patriarcats de [[Patriarcat orthodoxe de Jérusalem|Jérusalem]], [[Patriarcat orthodoxe d'Alexandrie|Alexandrie]], [[Patriarcat orthodoxe d'Antioche|Antioche]] et [[Patriarcat œcuménique de Constantinople|Constantinople]], puis ceux apparus ensuite), elles n’ont rien de spécifiquement « oriental » dans cette vision, mais sont la continuation après 1054 de l’église du premier millénaire, de sa doctrine et de ses pratiques.
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Les premières prédications se fondent sur une proclamation de foi : Jésus est le Messie, le [[Fils de Dieu]] ; il est [[Résurrection de Jésus|ressuscité]], et celui qui parle en rend témoignage personnellement ; il appelle à la [[conversion au christianisme|conversion]].
 
Le mot {{Citation|chrétien}} n'est pas utilisé par les disciples de Jésus pour parler d'eux ; ceux-ci sont habituellement appelés les {{Citation|[[Galiléens]]}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=Xavier Levieils|titre=Contra Christianos : la critique sociale et religieuse du christianisme des origines au concile de Nicée (45-325)|éditeur=[[Walter de Gruyter]]|année=2007|passage=139-140|isbn=}}</ref>. Les [[Actes des Apôtres]] indiquent que le nom de {{Citation|chrétien}}, dérivé de {{Citation|Christ}}, fut attribué aux disciples de Jésus de Nazareth à [[Antioche]]<ref group=N>{{Réf Bible|Ac|11|26}}</ref>, qui était à l'époque une ville de langue grecque. Les deux autres références les plus anciennes connues pour le terme {{Citation|christianisme}} se trouvent au {{s-|I}} : d'abord dans une citation de [[Tacite]] relatant les lendemains de l'[[incendie de Rome]] en 64 <ref>Tacite ''Néron'' XV 44 : ''vulgus christianos appelabat'', où l'auteur rapporte les tortures infligées par l'Empereur à ceux qu'il accuse de l'incendie.</ref>, puis, dans la lettre d'[[Ignace d'Antioche]] aux [[Magnésie du Méandre|Magnésiens]] à la fin du {{s-|I}}<ref>Lettre d'Ignace d'Antioche aux Magnésiens, note 14, dans ''Les Pères Apostoliques, Coll. Foi Vivante, Cerf, 1998'' {{p.}}174.</ref>.
 
=== Controverses théologiques du {{sp-|I|au|III}} ===
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L’Apôtre [[Paul de Tarse|Paul]] joue un rôle important dans le développement du christianisme. Sous le nom de Saül, ce Juif originaire de [[Tarse (ville)|Tarse]] aurait d’abord persécuté le ''mouvement de Jésus'' et ensuite connu une spectaculaire conversion après que le Christ lui fut apparu sur le chemin de [[Damas]]. Il consacre le reste de son existence au [[prosélytisme]]. Dans un premier temps, l'enseignement de Jésus n'est transmis qu'au sein de la communauté juive, puis, à la suite de difficultés avec les responsables des [[synagogue]]s, l'enseignement s'oriente vers les non-juifs, les [[Paganisme|païens]], aussi appelés les {{citation|[[Gentils (religion)|Gentils]]}}. Parmi ceux-ci, il en est, nombreux, sensibles à la voie du [[judaïsme]], on les appelle les « craignant-Dieu », mais qui ne franchissent pas, pour la plupart, le pas de la conversion, en particulier celui de la [[circoncision]]<ref>''Quand le christianisme a changé le monde'', chapitre09, {{p.|154}} Maurice Sachot, Édition Odile Jacob</ref>. La question est débattue lors d’une réunion qui se tient à [[Jérusalem]] vers l’an [[50]] appelée rétrospectivement {{citation|[[concile de Jérusalem]]}}. Il y est entériné que les prosélytes « chrétiens » n'auront pas à passer d'abord par une conversion au judaïsme.
 
Une grande partie de cette littérature se fait sous forme d'[[Épître]]s qui sont de courts traités de caractère moral ou philosophique, dont les auteurs ne sont pas toujours assurés<ref>Régis Burnet, ''Épîtres et lettres {{Ier}}-{{s-|II}}. De Paul de Tarse à Polycarpe de Smyrne'', Paris, éd. Cerf, coll. « Lectio divina » {{n°|192}} 192, 2003</ref>.
 
==== Premiers théologiens ====
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Les [[Actes des Apôtres]] et les lettres de Paul laissent entrevoir des dissensions au sein de la première communauté de Jérusalem, notamment entre deux courants : les {{citation|hellénistes}} et les {{citation|hébreux}} (issus de [[Palestine (région)|Palestine]])
 
Pour la période qui suit la disparition des apôtres, les [[Pères de l'Église]] constituent une source dont on doit avoir une approche critique<ref>[[Enrico Norelli]]et [[Bernard Pouderon]], ''Histoire de la littérature grecque chrétienne, 1. Introduction. Initiations aux Pères de l'Église'', avec Bernard Pouderon et alii, éd. Cerf, 2008, Cerf, 2008</ref>. C’est le début de la littérature [[patristique et patrologie|patristique]] (90-160 après. J.-C.). Ces textes, de caractère non canonique dénommés souvent, les Pères Apostoliques se préoccupent avant tout d’instruction et de prédication, et non pas de reconstitution historique<ref>{{Ouvrage|titre=Les Pères Apostoliques|lieu=Paris|éditeur=Cerf|dateannée=2001|isbn=}}</ref>.
* la ''[[Première épître de Clément]]'' (fin du premier siècle)
* la [[Didachè]] ou Enseignement des Apôtres (à la charnière des premier et second siècle)
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Face à la concurrence, aux courants centrifuges, mais aussi au scepticisme païen, le christianisme développe une littérature [[apologétique]] :
* face aux Juifs. [[Justin de Naplouse]] (première moitié du {{s-|II}}) écrit le ''Dialogue avec Triphon''<ref>Edition critique et traduction française du ''Dialogue avec Triphon'' par Philippe Bobichon, Fribourg, 2003 : [https://www.academia.edu/7280008/JUSTIN_MARTYR_Dialogue_avec_Tryphon_Dialogue_with_Trypho_%C3%A9dition_critique_VOLUME_I_Introduction_Texte_grec_Traduction_Coll_Paradosis_%C3%A9ditions_universitaires_de_Fribourg_Suisse_no_47_1_2003_563_pages Vol. I]; [https://www.academia.edu/7280015/JUSTIN_MARTYR_Dialogue_avec_Tryphon_Dialogue_with_Trypho_%C3%A9dition_critique_VOLUME_II_Commentaires_Appendices_Indices_Collection_Paradosis_%C3%A9ditions_universitaires_de_Fribourg_Suisse_n_47_2_2003_562_pages Vol. II] </ref>. Une lecture chrétienne de l’Ancien Testament y voit l’annonce de la venue du Christ.
* face aux païens. Ceux-ci, (par exemple [[Celse (philosophe)|Celse]]) méprisent le christianisme. C’est à nouveau [[Justin de Naplouse|Justin Martyr]], ex-philosophe païen, qui veut montrer qu’on peut concilier le [[platonisme (doctrine philosophique)|platonisme]] avec le christianisme. Il soutient qu’une parcelle de la Révélation (la semence du Logos) est également présente chez les philosophes païens. [[Tatien le Syrien|Tatien]] est son disciple . Un peu plus tard, vers la fin du second siècle, [[Théophile d'Antioche]] et Athénagore, et plus tard, [[Lactance]] (fin du quatrième siècle) et [[Eusèbe de Césarée]] (début du quatrième siècle) développeront les mêmes thèmes.
* « contre les [[hérésie]]s » (par exemple l'ouvrage d'[[Irénée de Lyon]] contre les [[gnose|gnostiques]], les ouvrages d'[[Hippolyte de Rome]]<ref group="N">Hippolyte est souvent qualifié « d'antipape » ; c'est un anachronisme. La direction de l'Église de Rome à l'époque considérée était collégiale. Cette Église a adopté très tardivement le système de l'évêque Monarchique né en Orient. Il y a discussion sur le premier à tenir ce poste et ce serait soit en 280, soit en 320. Sur ce point voir Yves-Marie Hilaire et alii, ''Histoire de la papauté, {{unité|2000|ans}} de tribulations''.</ref>, qui écrit, outre la ''{{Lien|Réfutation de toutes les hérésies|trad=Refutation of all Heresies}}'', un ouvrage décrivant la liturgie chrétienne, dénommé ''[[Tradition apostolique]]'', etc.)
[[Irénée de Lyon]], dans son ''Contre les hérésies'', s’attaque aux gnostiques. Il leur oppose l’unité de l’Ancien et du Nouveau Testament ainsi qu’une vision optimiste de la chute d’Adam et Ève, rachetée par le sacrifice du Christ.
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Ces doctrines créent le débat dans les communautés chrétiennes et incitent à l'approfondissement théologique par ceux que l’on qualifiera ensuite de [[Pères de l'Église]] à s’opposer à ces tendances et à élaborer des réfutations de ces doctrines. Ils s’y prennent de plusieurs manières :
* en insistant, comme [[Ignace d'Antioche]], sur le rôle de l’évêque, représentant de Dieu sur la terre en vertu de la [[succession apostolique]] ; on crée donc un pouvoir ecclésiastique. S'est ainsi développé la notion de hiérarchie cléricale qui se déploie dans certaines régions au cours du {{s-|II}}, de même que celle de [[laïcat]], regroupement ceux faisant simplement partie du Peuple de Dieu (''laos toû Theoû'')<ref>{{Ouvrage |auteur1=Jean-Marie Mayeur {{et al.}} |titre=Naissance d'une chrétienté (250-430) |sous-titre=Histoire du christianisme |éditeur=Desclée |année=1995 |isbn= |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=Rq30AwAAQBAJ&pg=PA41}}.</ref>.
* en élaborant un [[Canon (Bible)|Canon]] du Nouveau Testament, c’est-à-dire un corpus de textes faisant autorité. Concernant les évangiles, on finira par s’accorder sur quatre textes : les trois [[Évangiles synoptiques]] ([[Évangile selon Matthieu|Matthieu]], [[Évangile selon Marc|Marc]] et [[Évangile selon Luc|Luc]]) et celui de [[Évangile selon Jean|Jean]], fermement défendu par [[Irénée de Lyon]]. Les [[Valentiniens]] en reconnaissent d’autres, comme l’[[Évangile selon Thomas]].
* en élaborant, au cours des conciles, un {{citation|symbole de la foi}}, c’est-à-dire un court texte, qui résume ce qu’il convient de croire<ref group=N>Voir [[Profession de foi#Christianisme|confession de foi]]</ref>, et permet de construire une orthodoxie en démarcation d'avec l’[[hétérodoxie]] (Irénée de Lyon et [[Tertullien]]).
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=== Les institutions ecclésiales ===
[[Fichier:Vingerring met christogram in zilver, 300 tot 400 NC, vindplaats- Tongeren, noordoostgrafveld, Jaminéstraat, 1982, zone A, graf 21, collectie Gallo-Romeins Museum Tongeren, 82.H.1.jpg|vignette|Bague en argent avec chrisme trouvée dans un cimetière chrétien romain tardif du IVe siècle{{s-|IV}} à Tongres (Belgique), l'une des plus anciennes preuves d'une communauté chrétienne dans le Benelux, [[Musée gallo-romain de Tongres]]]]
Au début du {{s-|IV}}, les chrétiens sont peu nombreux et réunis en communautés diffuses. Les communautés chrétiennes prennent le nom d’{{citation|Églises}} (du grec ''Ekklèsia'' = assemblée). Ils ne sont réellement organisés qu'au Moyen-Orient : {{citationCitation bloc|Quatre secteurs ont un épiscopat nombreux, ce qui suppose a priori une christianisation plus avancée : l'Asie Mineure, avec 98 à 102 évêques, le bloc Syrie-Palestine, avec 75 évêques, l'Égypte, avec entre 70 et 100 évêques, et tout en haut l'Afrique du Nord, qui compte alors entre 200 et 250 évêques.([[Yves Modéran]]<ref>Yves Modéran, ''La conversion de Constantin et la christianisation de l'empire romain'' [http://aphgcaen.free.fr/conferences/moderan.htm en ligne]</ref>)}}
 
Ce terme « église » ne s'applique aux bâtiments qu'à compter du {{s-|III}} de l'ère commune. Ces communautés, dans les zones où les chrétiens sont nombreux, sont dotées d’un conseil, avec à sa tête un {{citation|[[évêque]]}} (du grec ''{{lang|grc-Latn|épiskopos}}'' =, surveillant) ou {{citation|[[presbytre]]}} (du grec ''{{citationlang|presbyterosgrc-Latn|presbuteros}} ='', ancien). Le premier terme finira par l’emporter. Il est assisté de [[diacre (christianisme)|diacre]]s. Les fidèles se réunissent, d’abord dans des maisons particulières, puis dans des maisons spécialement aménagées (dont il subsiste un exemple connu du {{s-|III}} à [[Doura Europos]], où une pièce sert de lieu de réunion et une autre de [[baptistère]]).
 
=== Statut de l'empereur ===
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De [[Constantin Ier (empereur romain)|Constantin]] à Justinien, il est le « président de l'Église »<ref>L'expression est de [[Paul Veyne]], ''[[Quand notre monde est devenu chrétien]]'', éd. Albin Michel, Paris, 2007, {{p.}} 141</ref>.
 
Sa position dans l’Église est clairement définie par [[Paul Veyne]]<ref>[[Paul Veyne]], ''Quand notre monde est devenu chrétien'' (312-394) Paris, Albin Michel, 2007 [http://assr.revues.org/16163 recension] dans ''Actualité de Sciences sociales des religions''</ref>. Entre le moment où [[Byzance]] change pour devenir [[Constantinople]], sa personne acquiert un caractère sacré<ref>[[Louis Bréhier]], ''Les institutions de l'Empire Byzantin'', évolution de l'humanité, Albin Michel</ref><sup>et</sup>{{,}}<ref>[[Hélène Ahrweiler]], ''L'idéologie politique de l'Empire byzantin'', Revue des études byzantines, 1976, Volume 34, Numéro 34</ref>; depuis [[Constantin Ier (empereur romain)|Constantin {{Ier}}]] il est {{citation|égal aux apôtres}} (''isapostolos''). Il n’est pas prêtre, mais pourtant, comme le prêtre, il pénètre dans le Saint des Saints, derrière l’[[iconostase]], et communie sous les deux espèces.
 
L’empereur fait respecter les lois de l’Église ; les codes de {{souverain2|Théodose II}} et de [[Justinien]] intègrent les lois de l'Église au droit civil, y compris la [[Théologie dogmatique|dogmatique]]. Quand le besoin s’en fait sentir, c’est lui qui convoque les conciles œcuméniques. En principe le patriarche, comme chef de l’Église, est lui aussi l’émanation de Dieu. Dans la pratique, l’empereur nomme le patriarche comme bon lui semble, même si en théorie il choisit parmi une liste qui lui est présentée. Le patriarche choisi peut même être un laïc, comme {{souverain3|Photios Ier de Constantinople}}, qui reçoit en catastrophe tous les ordres. Au cours des premiers siècles de l’empire, l’empereur intervient dans des questions de dogme. Cet interventionnisme culminera au cours de la [[iconoclasme|crise iconoclaste]] (voir ci-dessous). Par la suite s’instaure un équilibre fragile entre l’empereur et le patriarche. Il doit en théorie régner entre eux une harmonie (telle que la définit l’{{citation|''[[Epanagoge]]''}} de {{souverain2|Basile Ier}} en vue du bien-être de l’État et de l’Église. L’empereur peut difficilement franchir certaines barrières morales. On peut en donner pour exemple le quatrième mariage de {{souverain2|Léon VI le Sage}}, qui fait scandale. Le patriarche Nicolas Mystikos refuse alors à l’empereur l’entrée de [[Sainte-Sophie (Constantinople)|Sainte-Sophie]]. Bien qu’il ait forcé le patriarche à abdiquer, Léon devra faire pénitence. Au cours des derniers siècles de l’Empire, les souverains qui veulent se rapprocher de Rome (voir ci-dessous) se heurtent à l’opposition de l’Église.
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Si, théoriquement, tous les évêques sont sur le même pied, certains acquièrent progressivement plus d’importance du fait de l’importance des premiers titulaires du siège : ce poids n’est pas nécessairement lié à la place du [[diocèse]] dans la structure administrative de l’[[Empire romain]]. Au sommet de cette hiérarchie se trouvent cinq sièges qu’on appellera les [[Patriarcat (Église)|patriarcats]] à partir de [[Justinien]] et que [[Justinien II]] organisera, au [[concile in Trullo]], en « [[Pentarchie]] ».
 
[[Fichier:Pentarchy year 1000.jpg|vignette|redresse=1.2|La [[Pentarchie]] (non reconnue par l'[[Papauté|Église de Rome]]) instituée au {{VIIe siècles-|VII}} par [[Justinien II]] et le [[concile in Trullo]] : [[Église de Romecatholique|Rome]], [[Patriarcat œcuménique de Constantinople|Constantinople]], [[Église d'Antioche|Antioche]], [[Église de Jérusalem|Jérusalem]] et [[Église d'Alexandrie|Alexandrie]].]]
En Occident, la direction des premières communautés chrétiennes de Rome est longtemps de type synodal et la prééminence de l’évêque de Rome n’est que très progressive ; si, vers 220, l'évêque romain présente pour la première fois « un visage quelque peu consistant » en la personne de {{souverain2|Calixte Ier}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Yves Marie|nom1=Hilaire|lien auteur1=Yves-Marie Hilaire|responsabilité1=dir.|titre=Histoire de la papauté|sous-titre=2000 ans de mission et de tribulations|éditeur=[[Éditions Tallandier|Tallandier]]|année=2003|pages totales=590|passage=44|isbn=978-2-02-059006-8|lire en ligne=https://books.google.be/books?id=w-MRAQAAIAAJ|consulté le=2019-09-16}}</ref>, il ne prend de l'importance qu'à partir de la fin du {{s-|IV}} avec [[{{noble|Léon Ier (pape)|Léon {{Ier}}]]. Une partie des pouvoirs dont jouit l'évêque de Rome de nos jours en Occident n'est acquis qu'au {{s-|IX}} sous [[Charlemagne]], avec {{souverain2|Léon III (pape)}} en 800<ref>Le monde de la Bible, Bayard, numéro hors-série : « Aux origines de la papauté moderne », Automne-Hiver 2002, Bayard</ref>, quand sa primauté d’honneur se transforme en primauté juridictionnelle pour la partie occidentale de l'empire.
 
Le patriarche romain {{souverain2|Léon Ier (pape)}} s’opposera au canon 28 du [[concile de Chalcédoine]] (451) qui fait de Rome le second siège de l’Église à l'égale de Constantinople. Ces prétentions du pape de Rome seront mal acceptées par les Églises d’Orient, surtout quand il interviendra en matière doctrinale.
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Jusqu’aux [[expansion de l'islam|conquêtes arabes]], la politique impériale variera entre la répression à l’égard des adversaires des thèses chalcédoniennes et diverses tentatives d’accommodement théologique, comme l'[[henotikon|hénotique]]. Sous l’empereur [[Justinien]], la répression des [[monophysisme|monophysites]] aboutit à la constitution d’[[Églises des trois conciles|Églises non-chalcédoniennes]] dite aussi « [[Églises des trois conciles|des trois conciles]] », avec une hiérarchie parallèle à celle de l’Église officielle : l’[[Église syriaque orthodoxe]], dite aussi [[Église syriaque orthodoxe|Église jacobite]] en Syrie, l’[[Église copte orthodoxe]] en Égypte, qui comprennent la majorité des fidèles, ou encore l'[[Église apostolique arménienne]]. Subsiste toutefois une Église chalcédonienne, dite « [[Église grecque-catholique melkite|melkite]] » (du [[syriaque]] ''melek'', « roi »).
 
Au début du {{s-|VII}}, le christianisme au Proche-Orient reste donc profondément divisé entre chalcédoniens, monophysites et nestoriens<ref name=islam21>{{Ouvrage|auteur1=Gérard Troupeau|titre=Chrétiens face à l'Islam|sous-titre=premiers temps, premières controverses|éditeur=[[Groupe Bayard|Bayard]]|année=2009|passage=21|isbn=|titre chapitre=La situation religieuse au Proche-Orient à l'aube de l'islam}}</ref> quand la région est conquise par l'empire Perse à partir de 611 (l'Égypte en 618)<ref name=islam22>{{Ouvrage|auteur1=Gérard Troupeau|titre=Chrétiens face à l'Islam|sous-titre=premiers temps, premières controverses|éditeur=[[Groupe Bayard|Bayard]]|année=2009|passage=22|isbn=|titre chapitre=La situation religieuse au Proche-Orient à l'aube de l'islam}}</ref>. Les Églises monophysites sont alors privilégiées par rapport aux chalcédoniens, vus comme alliés de l'Empire Byzantin. Après la reconquête byzantine (de 622 à 630), les divergences s'étant exacerbées, le patriarche [[Serge Ier de Constantinople|Serge {{Ier}} de Constantinople]] tente encore de mettre fin à la controverse du monophysisme qui divise toujours la chrétienté en contournant la question de la « nature » du Christ et propose le ''[[monothélisme]]'' (du grec ''monos'', « seul » et ''thelein'', « vouloir ») qui professe la seule volonté divine « seule volonté du Christ incarné »<ref>Cf. Michel Kaplan, ''La chrétienté byzantine, du début du {{s-|VII}} au milieu du {{s-|XI}}. Images et reliques. Moines et moniales. Constantinople et Rome'', Paris, éd. Sedes, coll. ''Regards sur l’Histoire'', 1997, cité dans l'article ''Monothélisme'', sur le site de l''Institut européen en sciences des religions'', [http://www.iesr.ephe.sorbonne.fr/index2898.html article en ligne]</ref>. Le [[monoénergisme]] proposé comme tentative de conciliation des doctrines est bientôt imposé aux monophysites par de nouvelles persécutions<ref name=islam23>{{Ouvrage|auteur1=Gérard Troupeau|titre=Chrétiens face à l'Islam|sous-titre=premiers temps, premières controverses|éditeur=[[Groupe Bayard|Bayard]]|année=2009|passage=23-24|isbn=|titre chapitre=La situation religieuse au Proche-Orient à l'aube de l'islam}}</ref>.
 
[[Fichier:CarteReligions de11-e la premiere croisadesiècle.jpg|vignette|redresse=1.2|Islam et christianismeReligions au {{s-|XI}}.]]
C'est alors qu’apparaît une nouvelle religion [[monothéisme|monothéiste]], l'[[islam]], dans les tribus arabes du Hidjaz<ref name=islam25>{{Ouvrage|auteur1=Gérard Troupeau|titre=Chrétiens face à l'Islam|sous-titre=premiers temps, premières controverses|éditeur=[[Groupe Bayard|Bayard]]|année=2009|passage=25|isbn=|titre chapitre=La situation religieuse au Proche-Orient à l'aube de l'islam}}</ref>, qui bientôt entament [[Expansion de l'islam|une guerre de conquête]] en direction de la Syrie, la Palestine et l'Égypte<ref name=islam26>{{Ouvrage|auteur1=Walter Kaegi|titre=Chrétiens face à l'Islam|sous-titre=premiers temps, premières controverses|éditeur=[[Groupe Bayard|Bayard]]|année=2009|passage=26-27|isbn=|titre chapitre=Les défaites de Byzance en Orient}}</ref>. Entre 631 et 643, trois des centres du christianisme oriental (Alexandrie, Antioche et Jérusalem) tombent aux mains des [[islam|musulmans]]<ref name=islam26/>. Les Byzantins pratiquent une [[politique de la terre brûlée]] et laissent derrière eux une très mauvaise image<ref name=islam31>{{Ouvrage|auteur1=Walter Kaegi|titre=Chrétiens face à l'Islam|sous-titre=premiers temps, premières controverses|éditeur=[[Groupe Bayard|Bayard]]|année=2009|passage=31-32|isbn=|titre chapitre=Les défaites de Byzance en Orient}}</ref>. La vie chrétienne continue dans les régions conquises, avec le statut de ''[[dhimmi]]s'' (« protégés »), mais seules [[Patriarcat œcuménique de Constantinople|Constantinople]] et Rome gardent leur liberté politique.
 
Le [[Troisième concile de Constantinople|concile œcuménique de Constantinople de 680]] condamne le monothélisme et confesse la pleine humanité du Christ en lui reconnaissant une volonté humaine, faillible (colère face aux marchands du Temple, « ''Eli, Eli, lama sabachtani ?'' » : « mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? ») distincte de sa volonté divine, infaillible (chaque fois qu'il parle au nom du « père »). Selon certains auteurs, le monothélisme se prolonge dans le [[Église maronite|maronisme]]<ref>Hervé Legrand, article « Monothélisme », in ''Encyclopaedia Universalis'', édition 2010, [http://www.universalis.fr/encyclopedie/monothelisme/ extrait en ligne]</ref>. Cette décision ne fit pas disparaître le [[monothélisme]] du [[Proche-Orient]] : un [[schisme]] eut lieu dans l'[[Église orthodoxe|Église melkite]] d'[[Alexandrie]], dirigé par Harmasios (les « harmasites ») ; au [[Liban]], l'[[Église maronite]], qui s'autonomisa dans les années suivant le concile (son premier évêque, [[Jean Maron]], fut intronisé vers [[687]]), était sans doute à l'origine un [[schisme]] [[monothélisme|monothélite]] (mais la question est controversée) ; d'autre part, l'Arménien [[Philippicos|Bardanès]], devenu empereur byzantin en [[711]], n'eut rien de plus pressé que d'annuler ce concile et rétablir le [[monothélisme]] comme doctrine officielle, ce que l'épiscopat grec accepta d'ailleurs sans broncher (selon le chroniqueur [[Théophane le Confesseur|Théophane]], son conseiller religieux était un moine de [[Constantinople]]).
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L’histoire des rapports entre l'[[Occident chrétien|Église d'Occident]] et les [[Églises des sept conciles|Églises d’Orient]] devient chaotique et reflète les rivalités de personnes et de sièges. Selon cette vision, du {{sp-|V|au|XI}}, naît, de l’Irlande à la Pologne, et de la Suède à l’Italie, une nouvelle civilisation romano-barbare, dont la religion sera une forme particulière de christianisme qui deviendra le [[catholicisme]] romain.
 
Sous [[Damase Ier{{noble|Damase {{Ier}}]] ([[366]]-[[384]]) débute la revendication de l’autorité de l’évêque de Rome, comme successeur de [[Pierre (apôtre)]], en matière de discipline et de liturgie. Le pape [[{{noble|Léon Ier (pape)|Léon {{Ier}}]] ([[440]]-[[461]]) pousse encore davantage dans de nombreux écrits l’exaltation du siège de Pierre mais déclare être un fidèle sujet de l'empereur. Au [[concile de Chalcédoine]], l'église occidentale refuse l'une des conclusions du concile : le document {{numéro|38}} faute d'accepter de partager la primauté d'honneur en commun Constantinople ; elle la réclame pour elle seule.
 
Face à l’empereur [[Anastase Ier (empereur byzantin)|Anastase]], le pape {{souverain2|Gélase Ier}} ([[492]]-[[496]]) affirme dans un texte célèbre la primauté du pouvoir spirituel face au temporel. La [[Guerre des Goths (535-553)|reconquête de l’Italie]] par l’empereur [[Justinien]], achevée au milieu du {{s-|VI}}, replace néanmoins provisoirement le pape dans l’orbite de l’Empire. Au {{s-|VII}}, à la suite de l’[[royaume lombard|invasion des Lombards]], l’empire byzantin perd progressivement la plus grande partie de ses territoires italiens et la papauté cherche à devenir une puissance autonome en Italie. Les ravages des Lombards en Italie coïncident avec le pontificat de {{souverain2|Grégoire Ier |le Grand}} (590-604). Ce pape énergique assume le gouvernement civil de Rome, affermit l’autorité de Rome sur les évêchés italiens, s’efforce d’entretenir des relations suivies avec les autres Églises d’Occident et travaille à la conversion de l’Europe du Nord. C'est aussi à partir du {{s-|VI}} qu'on assiste progressivement à l'[[Essor des écoles chrétiennes en Occident|essor des écoles cléricales]] qui prennent le relai du [[Éducation dans l'Antiquité|réseau scolaire antique]], qui s'était désintégré lors des invasions barbares. Ce processus culmine avec la [[Renaissance carolingienne]] aux {{s2-|VIII|IX}}. Charlemagne assure la papauté comme puissance autonome en vers 756, au moment où il vainc les Lombards, en la dotant d'un patrimoine dit « de Saint-Pierre » et légitimé ultérieurement par la [[donation de Constantin]], qui est un faux. En retour, le pape le sacre « empereur d'Occident » signifiant la fin du pouvoir, sur ces territoires, de l'empereur d'Orient dont le trône est à ce moment tenu par une femme : Irène. La rupture politique entre Orient et Occident est alors consommée ; mais religieusement, l'Église de Rome fait toujours partie de la « [[Églises des sept conciles|communion des sept premiers conciles]] » et de la « [[Pentarchie]] ».
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[[Fichier:Gregor7 g.jpg|vignette|Dans le ''[[Dictatus papæ]]'', {{souverain2|Grégoire VII}} affirme la primauté du pape sur les autres souverains.]]
 
L’idée d'indépendance fait son chemin. Au {{s-|XI}}, sous l’influence du moine [[Grégoire VII|Hildebrand]], le pape [[{{noble|Nicolas II (pape)|Nicolas II]]}} confie l’élection pontificale au collège des cardinaux ([[1059]]). En [[1073]], Hildebrand devient pape sous le nom de [[{{noble|Grégoire VII]]}}. Il va lancer ce que l’on appelle la {{citation|[[réforme grégorienne]]}}. Sa doctrine est élaborée dans le ''[[Dictatus papæ]]'', qui affirme la primauté du Pape y compris sur les autres souverains. Au même moment, Grégoire VII favorise la construction du [[droit canonique]], discipline centrale de l'[[Université de Bologne]] fondée en 1080, qui sera codifiée avec le [[décret de Gratien]] au {{s|XII}}.
 
En s’attaquant à l’investiture laïque, Grégoire VII entre en conflit avec l’empereur germanique [[{{noble|Henri IV du Saint-Empire|Henri IV]]}}. Celui-ci fait déposer le pape par une assemblée d’évêques à [[Worms (Allemagne)|Worms]]. C’est le début de la [[Querelle des Investitures]]. Le pape fait à son tour déposer l’empereur. Face à la rébellion de nombreux vassaux, l’empereur {{citation|va à [[Canossa]]}} : en tenue de pénitent, il va implorer le pardon du pape au château de Canossa en Toscane ([[1077]]). En fin politique, en [[1080]], l'empereur fait élire un antipape, [[{{noble|Clément III (antipape)|Clément III]]}}. Ce n’est qu’en [[1122]], que son fils [[{{noble|Henri V du Saint-Empire|Henri V]]}} conclut avec le pape [[{{noble|Calixte II]]}} un accord connu sous le nom de [[concordat de Worms]]. Aux termes de ce compromis, l’investiture temporelle des évêques et abbés revient à l’empereur, tandis que le pape leur accorde l’investiture spirituelle. La papauté n’entend cependant pas renoncer à ses prétentions. En [[1139]], le [[deuxième concile du Latran]] affirme que {{citation|Rome est à la tête du monde}}. Le conflit reprend de plus belle au milieu du {{s-|XII}}: il oppose l’empereur [[Frédéric Barberousse]] au pape [[{{noble|Alexandre III (pape)|Alexandre III]]}}, avec un schéma sensiblement identique : l’empereur fait désigner un antipape, tandis qu’Alexandrequ’{{noble-|Alexandre III (pape)}} s’allie à la ligue des villes lombardes. Le conflit militaire tourne au désavantage de Frédéric Barberousse, qui doit signer la paix de Venise ([[1177]]). Cet épisode aura une conséquence importante : au [[troisième concile du Latran]] ([[1179]]), il est décidé que le pape sera dorénavant élu à la majorité des deux tiers du collège des cardinaux.
 
=== La rupture de la « Pentarchie » par le schisme de 1054 ===
{{article détaillé|Séparation des Églises d'Orient et d'Occident}}
Au {{s-|IX}}, le premier problème grave tourne autour de la nomination du [[patriarche de Constantinople]]. L’empereur [[{{noble|Michel III (empereur byzantin)|Michel III]]}} dépose le patriarche [[Ignace de Constantinople|Ignace]], et le remplace par [[Photios Ier de Constantinople|Photios]]. Le pape [[{{noble|Nicolas Ier (pape)|Nicolas {{Ier}}]], qui y voit une occasion d’intervenir dans les affaires de [[Constantinople]], finit par refuser de reconnaître Photios: c'est le {{citation|schisme de Photius}}. On évoque alors, pour la première fois, la question du {{citation|[[Querelle du Filioque|filioque]]}}, qui reste en suspens lorsque le pape et Photios réconcilient. Le [[schisme de 1054]] dont les origines sont politiques, intervient lorsque le légat du pape Hubert de Moyen-moutier et le patriarche de Constantinople [[Michel Ier Cérulaire|Michel Cérulaire]] s’excommunient mutuellement. La séparation des églises suit en gros la frontière linguistique et politique qui partageait les deux Empires d'Occident et d'Orient<ref name=Atlas>Antoine Sfeir (s. dir.), ''Atlas des religions'', Plon-Mame, 1994</ref> : les églises de liturgie latine suivent Rome, celles de liturgie grecque, slavonne ou roumaine suivent Constantinople. Les quatre patriarcats d'Orient ([[Patriarcat orthodoxe de Jérusalem|Jérusalem]], [[Patriarcat orthodoxe d'Alexandrie|Alexandrie]], [[Patriarcat orthodoxe d'Antioche|Antioche]] et [[Patriarcat œcuménique de Constantinople|Constantinople]]) continuent à suivre le [[symbole de Nicée|symbole de Nicée-Constantinople]], tandis que l'église de Rome y ajoute le {{citation|[[Querelle du Filioque|filioque]]}}, une modification doctrinale due à [[Charlemagne]], qui change complètement les rapports de l'Église romaine avec les non-catholiques, puisqu'avec le {{citation|[[filioque]]}}, seule une âme chrétienne peut être sauvée, alors que sans lui, Dieu peut sauver toute âme, chrétienne ou non : cette différence va rendre le prosélytisme et les missions de l'Église latine, mais aussi sa volonté de contrôle sur ses fidèles ([[Inquisition]]) beaucoup plus fortes qu'auparavant, et va contribuer à motiver les [[croisade]]s, émaillées d’une multitude d’incidents entre {{citation|Latins}} et {{citation|Grecs}}.
 
En [[1204]], le [[Quatrième croisade|sac de Constantinople]] par les [[Quatrième croisade|croisés]] va consommer la rupture. Mais ce sont les innovations doctrinales et canoniques de Rome qui la rendent irréversible ([[Querelle du Filioque|Filioque]], [[Purgatoire]], [[Primauté pontificale|autorité temporelle des papes]], [[célibat sacerdotal|célibat des prêtres]], [[inquisition]]...). À deux occasions, au [[deuxième concile de Lyon]] en [[1276]] et au [[concile de Bâle-Ferrare-Florence-Rome|concile de Florence]] en [[1439]], pour obtenir le soutien des armées occidentales contre la conquête musulmane, des empereurs byzantins reconnaissent la primauté du pape de Rome, et tentent de reconstituer la « [[Pentarchie]] », mais sont désavoués par la hiérarchie de ce que l’on peut maintenant appeler l’[[Église orthodoxe]]. Après la chute de l'empire d'Orient, du [[Œcuménisme#L.E2.80.99.C3.89glise catholique romaine et l.E2.80.99.C5.93cum.C3.A9nisme|{{s mini-|XI}} au {{s-|XV}}]], l'Église occidentale n'aura de cesse que de reconquérir les petites églises en sorte d'isoler les églises orthodoxes.
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{{Article détaillé|Catharisme|Inquisition|Béguines|Libre-Esprit}}
 
Le processus engagé aux {{sp-|XI|-|XII|s}} culmine au {{s-|XIII}}, sous le pontificat d’[[{{noble|Innocent III]]}}. Celui-ci a une conception élevée de la fonction pontificale. Sur le plan spirituel, son autorité est sans partage et s’exerce à travers toute la chrétienté occidentale par l’envoi de [[légat|légats pontificaux]]. Sur le plan temporel, il fait une distinction entre l’''auctoritas'' du pape et la ''potestas'', que les souverains tiennent du pape. {{noble-|Innocent III}} intervient dans les affaires temporelles de nombre d’États en excommuniant ou déposant les souverains. Il obtient par ailleurs que plusieurs de ces souverains se déclarent [[vassalité|vassaux]] du Saint-Siège (notamment [[Jean d'Angleterre|Jean sans Terre]], roi d’Angleterre). Ses successeurs reprennent la lutte contre l’Empire incarné par le [[Maison de Hohenstaufen|Hohenstaufen]] [[{{noble|Frédéric II du Saint-Empire|Frédéric II]]}}. Le conflit sans merci qui oppose les [[Guelfes et gibelins|guelfes]] (partisans du pape) aux [[Guelfes et gibelins|gibelins]] (partisans de l’empereur), tourne à l’avantage de la papauté : grâce à l’appui de [[Charles Ier de Sicile|Charles d’Anjou]], la dynastie des Hohenstaufen est éteinte et le Saint-Empire éliminé d’Italie. La papauté triomphe également en Orient : au [[deuxième concile de Lyon]] ([[1274]]) l’empereur [[{{noble|Michel VIII Paléologue]]}}, partisan de l’{{citation|union des Églises}}, reconnaît la primauté du pape de Rome. Ces succès sont de courte durée : dès la mort de {{noble-|Michel VIII Paléologue|}}, l’Église byzantine rejette l’union, tandis qu’en Occident le roi de France [[Philippe IV de France|Philippe le Bel]], irrité par les ingérences du Saint-Siège, opère un coup de force : lors de l’épisode connu sous le nom d’{{citation|[[attentat d'Anagni]]}}, il s’en prend physiquement au pape Boniface VIII ([[1303]]), qui meurt du choc de cette humiliation.
 
=== Crises de l’Église aux {{s2-|XIV|XV}} ===
{{Article détaillé|Occident chrétien|Mystique rhénane|Ordre du Temple|Joachim de Flore|Chasse aux sorcières}}
Grosso modo, du point de vue l'église latine, le christianisme connait une hérésie par siècle, parfois plus. Venu s’installer provisoirement à [[Avignon]] pour préparer le [[concile de Vienne]], destiné à condamner les Templiers, le pape français [[{{noble|Clément V]]}} finit par y demeurer, vu l’insécurité qui règne en Italie. Cette situation se perpétue sous ses successeurs [[{{noble|Jean XXII]]}} et [[{{noble|Benoît XII]]}}. L’administration papale atteindra un degré de centralisation inégalé jusqu’alors, notamment en matière de fiscalité pontificale, mais les prétentions de la papauté à gouverner le monde chrétien suscitent de plus en plus d’opposition, notamment de la part de théologiens comme [[Marsile de Padoue]] ou [[Guillaume d'Ockham]]. Les monarchies occidentales comme la France et l’Angleterre, elles aussi sur la voie de la centralisation, se rebiffent. C’est cependant le luxe de la cour papale qui finit par scandaliser bon nombre de chrétiens.
[[Fichier:Spiezer Chronik Jan Hus 1485.jpg|vignette|[[Jan Hus|Hus]] au bûcher. [[Chronique de Spiez|Chronique de Spiez illustrée]] de [[Diebold Schilling le Vieux]], 1485]]
L’écrivain [[Pétrarque]] la traite de {{citation|nouvelle Babylone}} et [[Catherine de Sienne]] la dénonce en termes encore plus violents. Sensible à ces critiques, le pape [[{{noble|Grégoire XI]]}} revient s’installer à Rome en [[1377]]. À peine élu, son successeur [[{{noble|Urbain VI]]}}, extrêmement autoritaire, entre en conflit avec les cardinaux. Sous prétexte qu’ils ont élu le nouveau pape sous la contrainte de la population romaine, une majorité de ceux-ci procèdent à l’élection d’un nouveau pape, [[{{noble|Clément VII (antipape)|Clément VII]]}}, qui s’installe à Avignon. {{noble-|Urbain VI}} refuse de s’effacer. C’est le début du [[Grand Schisme d'Occident]] ([[1378]]-[[1417]]).
 
La querelle d’obédience divise le monde chrétien occidental tout entier. Le schisme se prolonge après la mort des deux protagonistes, qui ont chacun un successeur. Le [[concile de Pise]] ([[1409]]), embrouille encore un peu plus la situation en élisant un troisième pape. Dans une Chrétienté occidentale désorientée, des remises en cause doctrinales voient le jour: en Angleterre celle de [[John Wyclif]] condamnée en [[1382]] et surtout en [[Bohême]] celle de [[Jan Hus]], moins radicale mais plus durable. L’empereur [[Sigismond Ier du Saint-Empire|Sigismond]] convoque le [[concile de Constance]] en [[1414]]. Celui-ci condamne les théories de Wyclif et Hus. Ce dernier est exécuté. Le concile dépose ensuite les trois papes et procède à l’élection d’un pape qui fait enfin l’unanimité : [[{{noble|Martin V]]}}. Si l’unité de l’Église est rétablie, le besoin de réformes continue à se faire sentir. Certains théologiens voient la solution dans la tenue régulière de conciles ([[conciliarisme]]). Ces thèses se retrouvent d’ailleurs dans les décrets ''Haec sancta'' et ''Frequens'' du concile de Constance. Le [[concile de Bâle-Ferrare-Florence-Rome|concile de Bâle]] à peine réuni en [[1431]], il est dissous par le pape [[{{noble|Eugène IV]]}}. Les participants au concile se rebiffent et refusent de se disperser. Ce mini-schisme se termine par la victoire du pape qui manœuvre habilement en convoquant un nouveau concile à Ferrare puis à [[Concile de Bâle-Ferrare-Florence-Rome|Florence]].
 
Si la primauté du pape sur les conciles est acquise pour longtemps, le pouvoir papal est néanmoins battu en brèche sur plusieurs fronts, qu’il s’agisse de l’indépendance des Églises nationales, comme en France où le roi promulgue la [[Pragmatique Sanction de Bourges]], ou de la persistance de mouvements radicaux, comme en Bohême, où le pape doit transiger avec les Hussites. Par ailleurs, les conflits au sommet de l’Église ont jeté le trouble dans l’esprit des fidèles, dont la piété prend un caractère plus personnel. Au {{s-|XV}}, le christianisme occidental est traversé par un courant mystique, dont [[Maître Eckhart]] et [[Jean de Ruisbroek]] sont les représentants les plus connus.
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==== Facteurs politiques ====
Au début du {{s|XVI}}, la chrétienté est essentiellement répartie entre l'[[Espagne]] et le [[Saint-Empire romain germanique]], vaste ensemble dirigé par [[Charles Quint]], la [[France]] dirigée par {{François Ier}}, le [[Portugal]], l'[[Angleterre]], les [[États pontificaux]], et les pays scandinaves. Elle est menacée à l'est par l'[[Empire ottoman]]. Les rivalités entre certains souverains, surtout ceux qui dirigent les deux principales puissances du continent, Charles Quint et {{noble-|François I<sup>er</sup>Ier}} (qui n'hésitera pas à s'allier avec les Ottomans contre Charles Quint), auront pour effet de retarder la tenue d'un concile pour régler les questions religieuses. Le [[concile de Trente]] n'ouvrira qu'en [[1545]] et ne se terminera, après deux interruptions, qu'en [[1563]], alors que la rupture entre catholiques et protestants est déjà consommée<ref name="ReferenceA"/>.
 
==== Facteurs démographiques ====
Le mouvement des [[essart]]ages produit une meilleure nourriture et l'allongement de la durée de la vie. Des surplus se dégagent et créent des courants commerciaux et donc monétaires. L'Église encourage le retard de l'âge du mariage ; une nouvelle période de la vie se développe : l'adolescence propice aux études<ref>Dans ''Le Temps de Réformes'' tome 1, Pierre Chaunu expose comment l'âge du mariage recule de 12 à 18 ans entre le {{sp-|X|et le|XV}}.</ref>. L'Église développe donc des écoles.
 
==== Facteurs culturels ====
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Cette doctrine, dont le succès est partiel en France, s’impose en Suisse, dans le nord des [[Provinces-Unies]] (actuels Pays-Bas) et en Écosse. Par ailleurs, des calvinistes persécutés en Angleterre émigrent en Amérique du Nord, notamment aux [[Immigration aux États-Unis|États-Unis]].
 
En France, la Réforme aboutit à la persécution des [[Huguenot]]s et à de sanglantes [[Guerres de religion (France)|guerres de religion]]. En 1598, l’[[édit de Nantes]] y mit un terme pour 60 ans en autorisant le culte réformé, jusqu'à la [[Édit de Fontainebleau (1685)|révocation de cet édit]] par [[{{noble|Louis XIV]]}} en 1685. Les Huguenots sont à nouveau persécutés par les [[Dragonnades]] et forcés à se convertir au catholicisme.
 
==== La Réforme en Angleterre ====
{{Article détaillé|Oliver Cromwell| Non-conformisme|Isaac Newton|Réforme anglaise}}
 
Dans ce pays, les motivations sont d'abord politiques ; leur caractère religieux tient à l'indépendance de l'église d'Angleterre en regard d'une volonté pontificale [[théocratie|théocratique]]. Le roi d’Angleterre, [[{{noble|Henri VIII d'Angleterre|Henri VIII]]}}, veut être le seul à contrôler son royaume (absolutisme). Il désire donc se débarrasser du pouvoir que détient le pape sur l’Église d’Angleterre. Il trouve un prétexte (son divorce refusé par le pape) et, en [[1534]], se proclame chef de l’Église d’Angleterre ou anglicane. L’[[anglicanisme]] réunit une grande partie de la doctrine calviniste et la hiérarchie et du rituel catholique (décorations, fastes nécessaires pour célébrer la gloire de [[Dieu (christianisme)|Dieu]]).
 
Les [[Jean Calvin|calvinistes]] qui ne tolèrent pas cette adaptation sont persécutés et s’exilent (voir [[puritanisme]]). En Angleterre les puritains ou non-conformistes estiment que l’[[Anglicanisme|Église anglicane]] ne s’est pas suffisamment dégagée du catholicisme; ils sont notamment opposés à l’organisation épiscopalienne à laquelle ils préfèrent des communautés d’anciens et des synodes, c’est-à-dire une conception congrégationaliste de l’Église. Ils sont aussi partisans d’une plus grande rigueur morale. Face à l’opposition et à la politique de persécution de la plupart des souverains anglais (sauf sous [[Oliver Cromwell|Cromwell]]) du {{sp-|XVI|au|XVII}}, ils émigreront d’abord vers les [[Provinces-Unies]], où ils entreront en contact avec la tendance baptiste.
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=== La Contre-Réforme ===
{{Article détaillé|Contre-Réforme|Concile de Trente|Édit de Nantes}}
« Depuis le concile de Trente, l'Église catholique n'a développé de théologie qu'anti-protestante », écrit [[Yves Congar]]<ref>Yves Congar, ''Journal du concile'', tome 1, Cerf, 2001</ref>. C'est une tendance de fond qui préside encore à la [[crise moderniste]]<ref>Sous la direction de Alain Dierkens, ''L’intelligentsia européenne en mutation (1850-1875). Darwin, le Syllabus et leurs conséquences'' dans ''Problème d'histoire des religions'', publication de L'ULB</ref> et dure jusqu'au [[concile Vatican II|concile {{nobr|Vatican II}}]]<ref>Yves Congar, op.cit.</ref>.
 
Devant la crise politico-religieuse, l'Église catholique engage le mouvement de la [[Contre-Réforme]], parfois nommée « Réforme catholique ». La [[Compagnie de Jésus]] y joue un rôle primordial en se plaçant directement sous l'autorité du pape et en se chargeant de la formation intellectuelle des fidèles et des [[Missions catholiques aux XVIe et XVIIe siècles|missions évangélisatrices]], notamment dans le [[Nouveau Monde]] et en [[Asie]]. L’[[Inquisition]], tribunal religieux créé au {{s-|XIII}}, est rétablie malgré l'opposition des Jésuites. Elle fait torturer et brûler les hérétiques. En [[1543]], l’[[Index librorum prohibitorum|Index]] des « livres interdits » est instauré.
 
Pour consacrer ces décisions, le pape [[{{noble|Paul III]]}} réunit le [[concile de Trente]] ([[1542]]-[[1563]]). Celui-ci décide de mettre un terme aux nombreux abus : concubinage des prêtres, absentéisme des évêques, ignorance intellectuelle de nombreux curés... Il maintient la doctrine catholique dans ses [[dogme]]s (le pouvoir intercesseur de la [[Marie (mère de Jésus)|Vierge Marie]] et des [[saint]]s, les [[sept sacrements]], la [[transsubstantiation]]…) Il réaffirme également les pratiques et les traditions de l’Église romaine : la prière et Bible en latin, l'obligation du [[célibat]] clérical), la nécessité de la foi et des œuvres pour le salut, l’existence du [[purgatoire]] et l’émission (mais non pas la vente) d’indulgences. En d’autres termes, toutes les objections des protestants ont été rejetées sans compromis.
 
Le développement de la Contre-Réforme ne suit pas le même cours dans les différents pays catholiques. Dans une politique défavorable à l’égard du pape et de l’Espagne, la France n’accepte pas les principes du concile de Trente et s’oppose catégoriquement à l’inquisition. La Contre-Réforme ne débute en France que dans les années 1580. Elle atteint son apogée sous le règne de Louis XIV. En Allemagne, elle débouche sur la [[guerre de Trente Ans]].
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{{Article détaillé|Missions catholiques aux XVIe et XVIIe siècles{{!}}Missions catholiques aux {{s2-|XVI|XVII}}||Religion aux États-Unis}}
 
En 1455, le pape [[{{noble|Nicolas V]]}} concédaconcède au Portugal l'exclusivité du commerce avec l'Afrique et encourageaencourage [[Henri le Navigateur]] à soumettre en esclavage les {{citation|sarrasins et autres infidèles}}, comptant sur les progrès des conquêtes pour obtenir des conversions<ref>{{Ouvrage|auteur1=Alphonse Quenum|titre=Les Églises chrétiennes et la traite atlantique du {{s mini-|XV}} au {{s-|XIX}}|éditeur=Karthala éditions|année=2008|passage=72-73|présentation en ligne=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/assr_0335-5985_1994_num_86_1_1443_t1_0303_0000_3}}</ref>. Après la [[découverte et exploration de l'Amérique|découverte de l'Amérique]] par les Européens en 1492, le pape [[{{noble|Alexandre VI]]}} est amené à arbitrer le partage du nouveau monde entre les puissances espagnoles et portugaises<ref group=N>Le [[traité de Tordesillas]], signé le {{date|7 juin 1494}} institue une ligne de partage qui passe à cent lieues à l'ouest des Açores</ref>, et leur attribue l'activité de [[mission (christianisme)|mission]] qui a souvent été considérée par les puissances coloniales comme un instrument permettant d'introduire les intérêts occidentaux, voire de légitimer des interventions politiques ou militaires. Le [[catholicisme]] s'implante aux [[Amérique]]s avec les [[Colonisation espagnole de l'Amérique|conquêtes espagnoles]], au [[Mexique]] avec la conquête de [[Hernán Cortés|Cortés]] et au [[Pérou]] à la suite de celle de [[Francisco Pizarro|Pizarre]]<ref name=DicoEliade122>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Mircea Eliade]]|titre=Dictionnaire des religions|lieu=Paris|éditeur=[[Pocket]]|collection=Agora|année=1994|pages totales=364|passage=122|isbn=2-266-05012-5}}</ref>. Les missions vers l'Asie remportent peu de succès, sauf aux [[Philippines]] et à [[Goa]]<ref name=DicoEliade123>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Mircea Eliade]]|titre=Dictionnaire des religions|lieu=Paris|éditeur=[[Pocket]]|collection=Agora|année=1994|pages totales=364|passage=123|isbn=2-266-05012-5}}</ref>.
 
Les bulles pontificales ''[[Sublimis Deus|Sublimus Dei]]'' ({{date|29 mai 1537}}) et ''[[Veritas ipsa]]'' du pape [[{{noble|Paul III]]}} ({{date|2 juin 1537}}) condamnent l'esclavage des [[Amérindiens]]<ref name="Delacampagne">{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=[[Christian Delacampagne]] |titre=Histoire de l'esclavage. De l'Antiquité à nos jours |lieu=Paris |éditeur=Le livre de poche |année=2002 |pages totales=319 |isbn=2-253-90593-3}}, {{p.|144}}.</ref> ainsi que {{citation|toute mise en doute de la pleine humanité de ceux-ci}}, mais n'évoque pas les Noirs. Après la [[Controverse de Valladolid]] en [[1550]] la [[traitesTraite négrière négrièresoccidentale|traite négrière]] se généralise.
 
À l'issue des [[guerres de religion (Europe)|guerres de religion]] qui opposèrent catholiques et protestants en Europe, les [[Treize colonies|colonies anglaises d'Amérique]] offrirent dès le {{s-|XVII}} un asile à ceux qui fuyaient l'intolérance religieuse en Europe. Alors que le Nord-Est restait [[puritanisme|puritain]] et les États du Sud [[anglicanisme|anglicans]], dans les États du centre l'arrivée des immigrants [[anabaptisme|anabaptistes]] et [[piétisme|piétistes]] allemands, des [[frères moraves]] tchèques, des [[presbytérianisme|presbytériens]] écossais et nord-irlandais, des [[huguenot]]s français, des [[méthodisme|méthodistes]] et [[Baptisme|baptistes]] anglais notamment provoquèrent le foisonnement religieux du [[grand réveil]]. C'est dans ce contexte que de grands prédicateurs itinérants parcoururent le territoire.
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=== L’Église catholique et les Lumières ===
{{Article détaillé|Siècle des Lumières|Relation entre science et religion}}
À la fin du {{s-|XVI}}, les premières lectures critiques<ref group=N>par exemple, la ''Critica Sacra'' de [[Louis Cappel]]</ref> de la Bible entamèrent le monopole spirituel de l’Église catholique romaine, tandis que la [[Révolution copernicienne]] avait mis en cause le [[géocentrisme]]. La hiérarchie catholique ne reviendra sur cette question qu'au milieu du {{s-|XVIII}}, sous [[{{noble|Benoît XIV]]}}. Si ce dernier admet une ouverture relative de l'Église au monde moderne, il condamne toutefois sévèrement la [[franc-maçonnerie]] (''[[Providas romanorum]]'', 1751). Au même moment, des philosophes [[athéisme|athées]] (comme [[Denis Diderot|Diderot]] ou [[Jean le Rond D'Alembert|D'Alembert]]) ou [[déisme|déistes]] (comme [[Voltaire]]) ne se privent pas de critiquer l’Église, le [[fanatisme]] et les [[superstition]]s.
 
Bien que certains, tels [[Maurice Sachot]]<ref name=SHPV>[http://www.scienceshumaines.com/index.php?id_article=21104&lg=fr Quand le monde est devenu chrétien], compte-rendu croisé des livres de [[Paul Veyne]] et de [[Maurice Sachot]] dans ''[[Sciences humaines (revue)|Sciences humaines]]''.</ref>, attribuent au christianisme une part importante dans la [[séparation de l'Église et de l'État|séparation des pouvoirs religieux et politiques]] (« [[rendez à César ce qui est à César]] »), selon [[Paul Veyne]], « l’initiative et le gros du travail sont dus aux [[siècle des Lumières|Lumières]] »<ref name=SHPV/>. L'influence grandissante de l'idée de [[laïcité]] et de [[sécularisation]] n'est cependant pas portée uniquement par des adversaires des [[Christianisme|Églises]] : [[Emmanuel Kant|Kant]], croyant et protestant, qui pose un jalon décisif dans l'histoire des rapports entre [[foi et raison]], prône leur autonomie respective.
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* Elle adopte le {{date|12 juillet 1790}} la [[Constitution civile du clergé]] qui subordonne l’Église à l’État, met en place des [[diocèse]]s correspondant aux départements, et des [[Prêtre catholique|prêtres]] et évêques élus.
 
Les biens du clergé sont par ailleurs confisqués. Cette décision entraîne un [[schisme]] entre l’Église {{citation|officielle}} du point de vue de la Révolution (c’est-à-dire {{citation|assermentée}}) et les membres du clergé restés fidèles au [[pape]] (les prêtres {{citation|réfractaires}}). En novembre [[1791]], un [[décret contre les prêtres réfractaires|décret est voté contre les prêtres réfractaires]]. Après quelques années de persécution pure et simple de la [[religion]], [[Napoléon Ier{{noble|Napoléon {{Ier}}]] négocie avec le [[pape]] le [[Régime concordataire français|Concordat de 1801]], qui servira plus tard de modèle dans de nombreux pays. Cet accord marque un souci d’apaisement et permet malgré tout au pape d’affirmer son autorité sur l’Église gallicane. Le {{s|XIX}} sera marqué par l’[[ultramontanisme]], un courant de pensée qui reconnaît l’infaillibilité et la suprématie pontificale.
 
=== Le courant moderniste ===
{{Article détaillé|Mouvement d'Oxford|Crise moderniste |Modernisme dans l'Église catholique|Protestantisme libéral}}
 
Le monde {{citation|moderne}} qui émerge des [[guerres napoléoniennes]] a changé, et l’Église catholique ne retrouveraretrouve ensuite jamais la position qu’elle occupait durant l’[[Ancien Régime]]. Les sociétés se sécularisent rapidement. En revanche, le Vatican envoie de nombreux [[Missions catholiques auaux XIXe et au XXe siècles|missionnaires dans les colonies]]<ref group="N">Voir Encyclique [[Qui Pluribus Impar]]</ref>.
 
En [[France]], la politique pro-cléricale de la [[Restauration (histoire de France)|Restauration]] (loi [[Louis de Bonald|Bonald]] abolissant le [[divorce]], [[loi sur le sacrilège]] punissant ce dernier de la [[peine de mort|peine capitale]], etc.) est emportée par la [[Trois Glorieuses|révolution de 1830]]. La question religieuse continue toutefois de faire débat tout au long du {{s-|XIX}} et même après, de la [[loi Falloux]] de 1850 favorisant l'enseignement confessionnel, à la [[loi de séparation des Églises et de l'État]] de 1905 en passant par les [[lois Jules Ferry]] sur l'[[Système éducatif français|éducation laïque, gratuite et obligatoire]]<ref>Voir article ''[[Laïcité]]'' et [[Alain Dierkens]] (éd.), « Pluralisme religieux et laïcités dans l'Union européenne », in ''Problèmes d'histoire des religions'', Volume 5, éd. Université de Bruxelles, 1994</ref>.
 
Les [[États pontificaux]], dernier vestige du pouvoir temporel de la papauté<ref>[[Alain Dierkens]] (éd.), « Le libéralisme religieux », in ''Problèmes d'histoire des religions'', Volume 3, éd. Université de Bruxelles, 1992</ref>, sont absorbés par le [[Risorgimento|nouvel État italien]], et à partir de [[1870]], le pape se considère comme prisonnier dans la Cité du [[Vatican]]. Cette affaire ne sera réglée que sous [[Benito Mussolini|Mussolini]] par les [[accords du Latran]] ([[1929]]).
 
En [[1864]], [[{{noble|Pie IX]]}} publie l’encyclique ''[[Quanta Cura (Pie IX)|Quanta Cura]] '', à laquelle s’ajoute le ''[[Syllabus de Pie IX|Syllabus]]'', qui condamne sans appel {{nobr|80 « erreurs}} modernes ». De nombreux ouvrages suspectés de « modernisme » sont mis à l’[[Index librorum prohibitorum|Index]]. Cette tendance se confirme lors du [[premier concile œcuménique du Vatican]] ([[1870]]), dont la principale décision est de proclamer l’[[infaillibilité pontificale]] (encyclique ''[[Pastor Æternus]]'') : le pape, lorsqu'il parle ''ex cathedra'' et en tant que docteur suprême de l'Église, ne peut, selon ce dogme, se tromper. Certains [[évêque]]s sont en désaccord avec les décisions, ce qui donne lieu à un schisme dans la seconde moitié du {{s-|XIX}} : celui de l'[[Église vieille-catholique]].
 
L’Église catholique doit affronter des courants intellectuels [[athéisme|athées]] et [[anticléricalisme|anticléricaux]]<ref>Sous la direction de [[Alain Dierkens]]. ''L'intelligentsia européenne en mutation (1850-1875). Darwin, le Syllabus et leurs conséquences''. Problèmes d'histoire des religions, volume 9, 1998.</ref>. En France, le [[positivisme]] d’[[Auguste Comte]] secoue les fondements de la [[métaphysique]] et de la religion. Des penseurs tels que [[David Strauss]] ou [[Ernest Renan]] lancent la [[quête du Jésus historique]] et fondent les [[Sciences des religions|sciences religieuses]] ainsi que l'exégèse critique de la Bible<ref>[[François Laplanche]], ''La Crise de l'origine, la science catholique des Évangiles et l'histoire au {{s-|XX}}'' Paris, Albin Michel, coll. « L'évolution de l'humanité », 2006.</ref>. Les progrès des sciences naturelles, en [[géologie]] et en [[paléontologie]] notamment, symbolisés par la publication en 1859 de ''[[De l'origine des espèces]]'' de [[Charles Darwin|Darwin]], invalident la [[lecture littérale]] de la Bible. Face à cet effritement, la papauté réagit par un raidissement doctrinal<ref>[[Émile Poulat]], ''Histoire, dogme et critique dans la crise moderniste'', Albin Michel.</ref> et répond par le [[Sacrorum Antistitum|serment antimoderniste]] qui encourage le [[fondamentalisme]].
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En réaction à l'infaillibilité pontificale d'une part et d'autre part à l'[[Évolution de la lecture de la Bible au XIXe siècle|évolution de la lecture de la Bible]], les Églises conservatrices américaines se réunissent à leur tour en Églises fondamentalistes.
 
Après la [[crise moderniste]] des premières années du {{s-|XX}}, le débat sur le [[modernisme dans l'Église catholique]] se poursuit jusqu'au [[IIe concile œcuménique du Vatican|concile {{nobr|Vatican II}}]] (1963-1965), lancé par [[{{noble|Jean XXIII]]}} et poursuivi par [[{{noble|Paul VI]]}}.
 
=== Le christianisme et la question sociale ===
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Les problèmes sociaux consécutifs à la [[révolution industrielle]] ([[révolte des Canuts]]…) poussèrent les chrétiens et l’[[Église catholique]] à un renouvellement de leur pensée sociale. En effet, les profondes transformations économiques, sociales et politiques ne permettaient plus aux chrétiens et aux structures existantes de l’Église catholique d’exercer la [[charité]] dans les mêmes conditions. Il fallait refonder l’action sociale. Les premiers à contester l’idée que la misère était inévitable et même nécessaire furent des [[Clergé|ecclésiastiques]] et des penseurs [[catholicisme|catholiques]]. On peut citer [[Frédéric Ozanam]] et [[Félicité Robert de Lamennais|Lamennais]] en France, [[Wilhelm Emmanuel von Ketteler|Wilhelm von Ketteler]] en Allemagne.
 
Certains de ces penseurs furent d’abord condamnés par l’autorité religieuse. Il faut distinguer différentes attitudes, celle des individus (prêtres, intellectuels catholiques), celle des Églises nationales et des partis politiques qui y sont liés, et celle du [[pape]]. Peu à peu, une position officielle de l’Église par rapport au problème social prit forme. Elle aboutit en [[1891]] à la promulgation de l’[[encyclique]] ''[[Rerum novarum]]'' par la plus haute autorité de l’Église, le pape [[{{noble|Léon XIII]]}}. Cette attitude obligea les Églises nationales à modifier leur point de vue et à admettre que des mesures politiques étaient nécessaires pour soulager la misère. Au niveau politique, ce nouveau courant finit par donner naissance à diverses formations politiques qui se rassembleront ultérieurement sous le nom de [[démocratie chrétienne]]. Celle-ci fut longtemps combattue par une partie importante des catholiques et par l’épiscopat.
 
==== Théologie de la libération ====
{{article détaillé | Théologie de la libération}}
Dans les années 1960 en [[Amérique latine]], l’ampleur des inégalités sociales et la violence des luttes incite des ecclésiastiques catholiques à soutenir les combats pour la « libération des pauvres », y compris par la révolution qui, dans cette aire culturelle, est essentiellement [[Marxisme-Léninisme|marxiste-léniniste]], donc en théorie [[Athéisme|athée]]. Ce courant, dénommé « [[théologie de la libération]] » soutient qu’existe, à cotecôté du péché personnel, un péché collectif et structurel, c’est-à-dire un aménagement de la société et de l’économie qui cause la souffrance d’innombrables « frères et sœurs humains »<ref name=":12">{{Ouvrage|auteur1=Maurice Lemoine|titre=Les enfants cachés du général Pinochet. Précis de coups d’Etat modernes et autres tentatives de déstabilisation|éditeur=Don Quichotte|année=2015|passage=144|isbn=}}</ref>.
 
Au cours des années 1960 et 1970, des régimes militaires ont été établis dans la plupart des pays d’Amérique latine. Alors que la hiérarchie ecclésiastique soutient le plus souvent les dictatures en place, les militants de la théologie de la libération participent activement à la résistance contre ces dictatures et contribuent à leur déclin à partir des années 1980. Ils ont été un facteur important, sinon décisif, de la démocratisation de ces États<ref name=":0">{{Lien web|langue=fr|titre=La vraie Eglise des pauvres|url=https://www.lemonde.fr/idees/article/2013/03/30/la-vraie-eglise-des-pauvres_3150919_3232.html|site=Le Monde|date=30.03.2013}}.</ref>. En [[Colombie]], plusieurs prêtres s’engagent dans les guérillas paysannes. Parmi eux, [[Camilo Torres Restrepo|Camillo Torres]], qui meurt au combat en 1966, et Manuel Pérez, qui commande la guérilla de l’[[Armée de libération nationale (Colombie)|ELN]] (''Ejército de Liberación Nacional'') au cours des années 1980<ref>{{Lien web|langue=es|titre=Homenaje a los Líderes de la Teología de la Liberación - Voces de Colombia|url=http://www.eln-voces.com/index.php/editorial-index/108-homenaje-a-los-lideres-de-la-teologia-de-la-liberacion|site=Revista Insurrección|date=15 février 2015}}.</ref>.
 
.Au [[Salvador]], l’archevêque [[Oscar Romero]] est tué par des paramilitaires en {{date-|mars 1980}}. Ignacio Ellacuria et ses cinq collègues jésuites de l’Université centre-américaine d’El Salvador sont assassinés en {{date-|novembre 1989}} par l’armée gouvernementale. En Argentine, certains prêtres sont torturés à mort sous le régime de [[Jorge Rafael Videla|Jorge Videla]]<ref name=":12" />.
 
==== Le christianisme social ====
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=== Sciences religieuses et libéralisme théologique ===
{{Article détaillé|Recherches de science religieuse|Relation entre science et religion|Sociologie des religions|Philosophie de la religion|Anthropologie religieuse|Hypothèse documentaire|Histoire deutéronomiste|Problème synoptique|Quêtes du Jésus historique|Critique radicale|Politologie des religions}}
[[ImageFichier:Diversité historique du Christianisme.png|thumb|Deux points de vue [[Historiographie|historiographiques]] de la diversité évolutive du christianisme illustrés par des [[Branches du christianisme|diagrammes en branches]].]]
 
Les [[science]]s religieuses se classent parmi les [[sciences humaines et sociales]]. L'expression est souvent usitée au pluriel car il s'agit d'approches pluridisciplinaires mais non [[théologie|théologiques]] du fait religieux en [[sociologie]], [[anthropologie]], [[psychologie]], [[philosophie]], [[art]], [[histoire littéraire]], [[philologie]], [[linguistique]], [[exégèse]] ou [[archéologie]]. Le [[droit]] et les [[sciences politiques]] peuvent également être associés aux sciences religieuses lorsqu'il s'agit d'étudier comment les [[Société (sciences sociales)|société]]s régulent, de façons très diverses, le fait religieux, allant du statut des institutions et des communautés déclarées croyantes (comme par exemple les [[République islamique|républiques islamiques]]) à celui des accommodements raisonnables comme la [[laïcité]]. En [[1885]] l'[[école pratique des hautes études]] fut la première en France à créer une section de sciences religieuses<ref>{{article|titre=Le développement institutionnel des sciences religieuses en France|prénom1=E. |nom1=Poulat |prénom2=O. |nom2=Poulat|périodique=Archives des sciences sociales des religions |année=1966 |volume=21|numéro=1|passage=23-36 |lire en ligne=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/assr_0003-9659_1966_num_21_1_2582}}</ref>. Les sciences religieuses n'ont de rapports avec la [[théologie]] que pour éclairer la compréhension de certaines manifestations phénoménologiques.
 
Le « [[libéralisme théologique]] », lui, a été décrit comme une interprétation de moins en moins littérale des textes sacrés, prenant en compte les apports des sciences religieuses<ref>« Courant libéral » dans ''Foyer de l'âme'' - [https://www.foyerdelame.fr/faire-vivre-la-parole/protestantisme-liberal/courant-liberal/] ;
Charles Kurzman, {{en}} ''Modernist Islam, 1840-1940'', Oxford University Press 2002, {{ISBN|9780195154689}}.</ref>, selon l'[[aphorisme]] de [[1862]] {{Citation|La parole de Dieu est rendue caduque par les traditions des hommes}} du [[bibliste]] {{lien|trad=Robert Young (biblical scholar)|langue=en|texte=Robert Young|fr=Robert Young (bibliste)}}<ref>{{lien web|langue=en|titre=Young's Translation: Publisher's Note and Preface (La traduction de Young : note de l'éditeur et préface)|site=ccel.org|date=1898|url=http://www.ccel.org/bible/ylt/ylt.htm|consulté le=7 janvier 2020}}.</ref>.
{{Article détaillé|Judaïsme libéral|Islam libéral|Catholicisme libéral|Protestantisme libéral}}
 
L'[[histoire des religions]] est un intérêt objectivant pour les traditions religieuses, dans une tradition comparatiste. La mise à distance historique a permis de traiter la diversité des faits religieux comme une réalité non polémique. Évitant toute folklorisation du religieux, d'autres disciplines analysent le fait religieux comme une réalité vivante spécifique, à la fois englobée et distincte des ''[[cultural studies]]''. La sociologie des religions est la branche des sciences religieuses qui étudie les aspects quantitatifs (comme la géographie) et la [[phénoménologie de la religion|phénoménologie]] des religions (comme l'anthropologie le fait dans les sociétés premières). La question de la place en sciences religieuses d'une approche des théologies comparées, vide à élucider les invariants ou les singularités [[herméneutique]]s de chaque tradition<ref>Sources : École pratique des hautes études, section des sciences religieuses - [http://www.ephe.sorbonne.fr] ; Institut de recherche pluridisciplinaire « Religions, Spiritualités, Cultures, Sociétés » de l'[[UCLouvain|Université catholique de Louvain]] - [https://www.uclouvain.be/rscs] et « Enjeux des approches empiriques des religions », revue en ligne ''ThéoRèmes'' - [http://theoremes.revues.org/].</ref>.
 
== L'œcuménisme ==
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La première tentative de nouer un dialogue global interconfessionnel a été le [[Parlement des religions|Parlement des religions du monde]], qui s'est réuni à [[Chicago]] du 11 au {{date-|27 septembre 1893}}, à l'occasion de l'[[Exposition universelle de 1893|exposition universelle de Chicago]] ou ''{{lang|en|World Columbian Exposition}}''. Il était coordonné par un chrétien [[Unitarisme (théologie)|unitarien]], {{lien|lang=en|Jenkin Lloyd Jones}} (1843-1918)<ref>[https://parliamentofreligions.org/history/ Histoire du parlement Mondial des Religions sur le site du Conseil du Parlement M.R.]</ref>.
 
[[ImageFichier:John Raleigh Mott, 1910.jpg|vignette|gauche|upright|[[John Mott]] en 1910]]
On fait généralement remonter le départ de l'[[œcuménisme]] moderne à la Conférence internationale des Missions qui s'est tenue à [[Édimbourg]] en [[1910]], présidée par le laïc américain [[John Mott]]<ref>{{chapitre|prénom1=Georges|nom1=Tavard|titre=De l’œcuménisme au renouveau de la visibilité|auteur ouvrage=Jean-Robert Armogathe et Yves-Marie Hilaire (dirs.)|titre ouvrage=Histoire générale du christianisme|volume=2|titre volume=Du {{s-|XVI|e}} à nos jours|éditeur=Presses universitaires de France|année=2010|passage=1105-106}}</ref>.
 
La conférence de Stockholm en [[1925]] rassemble anglicans, protestants, et chrétiens orthodoxes, sous l'égide de l'archevêque luthérien suédois [[Nathan Söderblom]]. Elle aboutit à la constitution du mouvement œcuménique « Life and Work » qui préfigure le Conseil œcuménique des Églises<ref>Jean Baubérot, « L'archevêque luthérien Nathan Söderblom et la création du mouvement œcuménique « Life and Work » », ''Revue historique'', T. 262, Fasc. 1 (531) (juillet-septembre 1979), [https://www.jstor.org/stable/40953304 lire en ligne]</ref>. Le Vatican est cependant absent.
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Prévue initialement pour [[1941]], la création du [[Conseil œcuménique des Églises]] (COE) fut retardée par la guerre de [[1939]]-[[1945]] et par l’opposition de l’Église catholique<ref>[[Yves Congar]], ''Journal d’un théologien, 1946-1956'', éd du Cerf, 2000 ; ce témoignage est confirmé dans les mémoires de Visser 't Hooft</ref>. L'assemblée constitutive du COE s'est tenue en [[1948]], à [[Amsterdam]]. Dans sa première déclaration commune - rédigée à Utrecht et acceptée à Amsterdam -, le COE se présente tout d'abord comme « une communauté [''fellowship'' (sic)] d'Églises qui acceptent notre Seigneur [[Jésus-Christ]] comme Dieu et Sauveur »<ref>{{chapitre|prénom1=Jean-Marie Roger|nom1=Tillard|titre=La question de Dieu et le mouvement œcuménique|auteur ouvrage=[[Michel Deneken]] (éd.)|titre ouvrage=L'Église à venir|sous-titre ouvrage=Mélanges offerts à Joseph Hoffman|éditeur=Cerf|année=1999|passage=184}}</ref>. Le premier président du COE fut [[Willem Visser 't Hooft]], de 1948 à 1966.
 
L’œcuménisme entre les catholiques et les « frères séparés »<ref group=N>Expression désormais employée pour désigner les autres confessions chrétiennes, les termes schismatiques et hérétiques ne sont plus employés</ref> a pris son essor dans la seconde moitié du {{s-|XX}}, particulièrement à la suite du [[concile Vatican II]] (1962-1965) qui institutionnalise l’œcuménisme par le ''Décret sur l’œcuménisme'' (''[[Unitatis Redintegratio]]'') de 1964<ref>Approuvé en dernière lecture par les pères conciliaires le {{date|21 novembre 1964}} par {{formatnum:nb|2137}} voix}} contre 11.</ref> qui reconnait le côté chrétien du protestantisme et favorise la poursuite du dialogue<ref>{{chapitre|prénom1=Jean-Paul|nom1=Willaime|lien auteur1=Jean-Paul Willaime|titre=Œcuménisme/Œcuménicité|auteur ouvrage=Régine Azria et Danièle Hervieu-Léger|titre ouvrage=Dictionnaire des faits religieux|éditeur=Presses universitaires de France|année=2010|passage=824}}</ref>. Le théologien dominicain [[Yves Congar]] fut l'artisan du ralliement de l'Église catholique au mouvement œcuménique lors du concile Vatican II<ref>LEGRAND Hervé, « Yves Congar (1904-1995) : une passion pour l’unité. Note sur ses intuitions et son herméneutique œcuménique, à l’occasion du centenaire de sa naissance », ''Nouvelle revue théologique'', 2004/4 (Tome 126), p. 529-554. DOI : 10.3917/nrt.264.0529. [https://www.cairn.info/revue-nouvelle-revue-theologique-2004-4-page-529.htm lire en ligne]</ref>.
 
Dans son encyclique ''[[Ut unum sint]]'', le pape [[{{noble|Jean-Paul II]]}} réaffirme l'engagement œcuménique irréversible de l'Église catholique<ref>Cf. [http://www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/encyclicals/documents/hf_jp-ii_enc_25051995_ut-unum-sint_fr.html ''Ut unum sint''], encyclique du pape [[{{noble-|Jean-Paul II]]}} sur l'engagement œcuménique, 25 mai 1995.</ref> : {{Citation bloc|Au [[concile Vatican II]], l'Église catholique s'est engagée de manière irréversible à prendre la voie de la recherche œcuménique, se mettant ainsi à l'écoute de l'Esprit du Seigneur qui apprend à lire attentivement les « [[signes des temps]] ». Les expériences qu'elle a vécues au cours de ces années et qu'elle continue à vivre l'éclairent plus profondément encore sur son identité et sur sa mission dans l'histoire. L'Église catholique reconnaît et confesse les faiblesses de ses fils, consciente que leurs péchés constituent autant de trahisons et d'obstacles à la réalisation du dessein du Sauveur}}.
[[Image:Congar concile 1964.jpg|vignette|droite|upright|[[Yves Congar]] au concile Vatican II en 1964]]
L’œcuménisme entre les catholiques et les « frères séparés »<ref group=N>Expression désormais employée pour désigner les autres confessions chrétiennes, les termes schismatiques et hérétiques ne sont plus employés</ref> a pris son essor dans la seconde moitié du {{s-|XX}}, particulièrement à la suite du [[concile Vatican II]] (1962-1965) qui institutionnalise l’œcuménisme par le ''Décret sur l’œcuménisme'' (''[[Unitatis Redintegratio]]'') de 1964<ref>Approuvé en dernière lecture par les pères conciliaires le 21 novembre 1964 par {{formatnum:2137}} voix contre 11.</ref> qui reconnait le côté chrétien du protestantisme et favorise la poursuite du dialogue<ref>{{chapitre|prénom1=Jean-Paul|nom1=Willaime|lien auteur1=Jean-Paul Willaime|titre=Œcuménisme/Œcuménicité|auteur ouvrage=Régine Azria et Danièle Hervieu-Léger|titre ouvrage=Dictionnaire des faits religieux|éditeur=Presses universitaires de France|année=2010|passage=824}}</ref>. Le théologien dominicain [[Yves Congar]] fut l'artisan du ralliement de l'Église catholique au mouvement œcuménique lors du concile Vatican II<ref>LEGRAND Hervé, « Yves Congar (1904-1995) : une passion pour l’unité. Note sur ses intuitions et son herméneutique œcuménique, à l’occasion du centenaire de sa naissance », ''Nouvelle revue théologique'', 2004/4 (Tome 126), p. 529-554. DOI : 10.3917/nrt.264.0529. [https://www.cairn.info/revue-nouvelle-revue-theologique-2004-4-page-529.htm lire en ligne]</ref>.
 
Dans son encyclique ''[[Ut unum sint]]'', le pape [[Jean-Paul II]] réaffirme l'engagement œcuménique irréversible de l'Église catholique<ref>Cf. [http://www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/encyclicals/documents/hf_jp-ii_enc_25051995_ut-unum-sint_fr.html ''Ut unum sint''], encyclique du pape [[Jean-Paul II]] sur l'engagement œcuménique, 25 mai 1995.</ref> : {{Citation bloc|Au [[concile Vatican II]], l'Église catholique s'est engagée de manière irréversible à prendre la voie de la recherche œcuménique, se mettant ainsi à l'écoute de l'Esprit du Seigneur qui apprend à lire attentivement les « [[signes des temps]] ». Les expériences qu'elle a vécues au cours de ces années et qu'elle continue à vivre l'éclairent plus profondément encore sur son identité et sur sa mission dans l'histoire. L'Église catholique reconnaît et confesse les faiblesses de ses fils, consciente que leurs péchés constituent autant de trahisons et d'obstacles à la réalisation du dessein du Sauveur}}.
L'œcuménisme se concrétise aujourd'hui par la traduction commune des textes saints ([[Traduction œcuménique de la Bible]]), la [[Semaine de prière pour l'unité des chrétiens]] (créée dès 1908), qui se tient chaque année du 18 au 25 janvier, et par plusieurs [[Œcuménisme#Sauvegarde de la Création|initiatives communes]] en vue de la [[sauvegarde de la Création]] ([[Temps de la Création]], [[Église verte]]) ou de l'évangélisation ([[Parcours Alpha]]).
 
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* Pierre Gisel, Patrick Évrard, ''La Théologie en postmodernité'', Éd. Labor et Fides, 1996
* [[Yves-Marie Hilaire]] (sous la direction de), ''Histoire de la papauté'', Le Seuil, Points Histoire, Paris, 2003
* [[Yves-Yves Lacoste]] (dir.), ''Histoire de la théologie'', Points/Sagesse, 2009 {{isbnISBN|9782757879801}}
* [[Manfred Lütz]], ''Le Christianisme en procès, Lumière sur 2000 ans d’histoire et de controverses'', éditions Emmanuel, 2019
* [[Jean-Marie Mayeur]], Charles (†) et Luce Piétri, André Vauchez, Marc Venard (dir.), ''Histoire du christianisme : des origines à nos jours'', Éd.: 1990-2000 en 13 tomes
 
=== Judaïsme et christianisme ===
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* [[Bart D. Ehrman]], ''La Construction de Jésus : Aux sources de la tradition chrétienne'', H&O, 2010 {{ISBN|9782845472174}}
* Bart D. Ehrman, ''Jésus avant les Évangiles : Comment les premiers chrétiens se sont rappelé, ont transformé et inventé leurs histoires du Sauveur'', Bayard, 2017 {{ISBN|978-2-227-48913-4}}
* [[Dan Jaffé]], ''[http://www.editionsducerf.fr/html/fiche/fichelivre.asp?n_liv_cerf=6791 Le Judaïsme et l'avènement du christianisme. Orthodoxie et hétérodoxie dans la littérature talmudique du {{sp-|I|-|II}}]'', préface de [[François Blanchetière]], Cerf, 2005, {{isbnISBN|978-2204077590}}. Voir recension en {{lien brisé|url=http://www.ict-toulouse.asso.fr/ble/site/550.html |titre= }}
* [[Marcel Simon (historien)|Marcel Simon]] et André Benoît. ''Le Judaïsme et le Christianisme antique, d'Antiochus Épiphane à Constantin''. PUF. {{5e|édition}}. [[1998]].
* Marcel Simon, ''Les Sectes juives au temps de Jésus'', PUF, 1960
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* [[Steven Runciman]], ''Le Schisme d’Orient, la papauté et les Églises d’Orient, {{XIe}}-{{s-|XII}}s'', Les Belles Lettres, Paris, 2005
* Jean-Pierre Valognes, ''Vie et mort des chrétiens d’Orient'', Fayard, Paris, [[1994]]
 
=== Magazines et revues spécialisées ===
 
* Le [[Le Monde de la Bible|Monde de la Bible]], revue trimestrielle
* [[Codex (revue)|Codex]] (ex "Histoire du Christianisme magazine"), revue trimestrielle
 
== Voir aussi ==
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{{Portail|histoire|christianisme|théologie}}
 
[[Catégorie:Histoire du christianisme|* ]]