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[[Fichier:P. Oxy. 654.jpg|vignette|''[[Papyrus Oxyrhynchus 654]]'' sur lequel figurent quelques ''logia'' de [[Jésus de Nazareth|Jésus]].]]
Un '''''logion''''' (en grec : λόγιον), au pluriel '''''logia''''' (λόγια), est, dans la [[Grèce antique]], une parole d’inspiration divine ou sacrée. Dans la tradition du [[judaïsme hellénique]] comme du [[christianisme]], le terme est synonyme de « Parole du Seigneur ».
 
Depuis le {{XIXe siècle}}, les [[exégèse biblique|exégètes]] du [[Nouveau Testament]] emploient ce mot d’une manière quasi exclusive à propos des « dits » de [[Jésus de Nazareth]]. Ces ''logia'' occupent une place centrale dans la [[quête du Jésus historique]] car ils ont trait à la genèse des [[Évangiles canoniques]], en particulier des [[Évangiles synoptiques|synoptiques]]. La [[Source Q]] définie par la [[théorie des deux sources]] serait en effet un recueil de ''logia'' (sentences) de Jésus utilisé par [[Évangile selon Matthieu|Matthieu]] et [[Évangile selon Luc|Luc]].

La nature exacte de ces ''logia'' est en débat depuis [[Papias d'Hiérapolis|Papias d’Hiérapolis]] mais aussi depuis la découverte de l’[[Évangile selon Thomas|Évangile apocryphe de Thomas]].
 
== Origine ==
La parole sacrée des dieux grecs s’exprime sous la forme de l’[[Divination dans la Grèce antique|oracle]], le ''chresmoschrêsmos'' (χρησμός), ou encore ledu ''logion'', qu’interprètent les devins., Leset les deux termes sont synonymes<ref name=BBW>[[Benjamin B. Warfield]], « The Oracles of God », ''Presbyterian and Reformed Review'', 11, p. 217–260.</ref>.
 
Le ''logion'' réapparaît dans la [[Septante]] pour désigner la Parole de Dieu lorsqu’il s’agit de traduire le mot hébreu correspondant : אּמְרַת (''ameratAmrat [HaShem]''). Pour [[Philon d'Alexandrie|Philon d’Alexandrie]], l’ensemble de la [[Torah]] étant d’inspiration divine, chacun de ses passages constitue en soi un ''logion''<ref name=BBW/> et, de la même manière, avec le même sens, le mot est employé à quatre reprises dans le [[Nouveau Testament]]<ref>Ac 7:38, Rm 3:2, He 5:12, 1 P 4:11.</ref>.
 
== La phrase de Papias ==
 
Dans son ''[[Histoire ecclésiastique]]'', au {{s-|IV}}, [[Eusèbe de Césarée]] se réfère à une déclaration de [[Papias d'Hiérapolis|Papias d’Hiérapolis]] dans sa {{grec ancien|Λογἱων κυριακῶν ἐξηγήσεις}} (''Logiôn kyriakôn exêgêseis''), soit « Explication des paroles du Seigneur », ouvrage datantperdu dequi 120-125date etdu à{{IIe présentsiècle}} disparu(120-125). Commentant Papias, Eusèbe affirme : « Matthieu réunit donc en langue hébraïque les ''logia'' [de Jésus] et chacun les interpréta comme il en était capable ({{grec ancien|Ματθαῖος μὲν οὖν ἑβραΐδι διαλέκτῳ τὰ λόγια συνετάξατο, ἡρμήνευσεν δ' αὐτὰ ὡς ἧν δυνατὸς ἕκαστος}})<ref>[[Eusèbe de Césarée]], ''[[Histoire ecclésiastique]]'', III, :39, 16.</ref>{{,}}<ref name=ECIntr>[[Élian Cuvillier]], « L'Évangile selon Matthieu », in [[Daniel Marguerat]] (dir.), ''Introduction au Nouveau Testament : Son histoire, son écriture, sa théologie'', [[Labor et Fides]], 2008 {{ISBN|978-2-8309-1289-0}}, {{p.}} 90.</ref>. »

Cette phrase a suscité de multiples interrogationsspéculations parmi les exégètes, au point que certains ont voulu y voir la preuve d'und’un manuscrit original « sémitique » de l'Évangilel’Évangile selon Matthieu qui aurait ensuite été traduit en grec. Cette théorie n'an’a plus cours chez les spécialistes, qui contestent l'interprétationl’interprétation d'Eusèbed’Eusèbe et « {{citation|soulignent que rien, dans notre actuel Matthieu, ne donne à penser qu'ilqu’il s'agisses’agisse d'uned’une traduction »}}, comme le rappelle [[François Blanchetière]]<ref>[[François Blanchetière]], ''Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien (30-135)'', [[éditions du Cerf]], Paris, 2001 {{ISBN|978-2-204-06215-2}}, {{p.}} 97.</ref> : le texte matthéen, dès l'originel’origine, a étéfut rédigé en [[grec ancien]].
 
== Le débat exégétique ==
[[Fichier:Théorie des deux sources.png|vignette|redresse=1.3|Les [[théorie des deux sources|deux sources]] de [[Évangile selon Matthieu|Matthieu]] et de [[Évangile selon Luc|Luc]] : l’[[Évangile selon Marc]] et la [[Source Q]], auxquels s’ajoutent leurs contenus spécifiques (''[[Sondergut]]'').]]
Le débat est ouvert en 1832 lorsque [[Friedrich Daniel Ernst Schleiermacher|Schleiermacher]] s’interroge à son tour sur la phrase de Papias et sur le sens du mot ''logia'' : si elle ne signifie pas que Matthieu ait écrit en hébreu ou en araméen, peut-être veut-elle dire que l’évangéliste eut accès à un autre ensemble de ''logia'', en l’occurrence un recueil de paroles de Jésus.
 
Peu après, en 1838, [[Christian Hermann Weisse]] reprend la thèse de Schleiermacher en la complétant par celle de l’[[antériorité de Marc]], ce qui donne lieu à sa [[théorie des deux sources]] : Matthieu et Luc se sont inspirés de deux sources, l’Évangile selon Marc et le recueil de ''logia''<ref name=FAEL/>. Cette théorie est confirmée par [[Heinrich Julius Holtzmann]] dans un ouvrage décisif, ''Die synoptischen Evangelien, ihr Ursprung und geschichtlicher Charakter'' (« Les Évangiles synoptiques, leur origine et leur historicité »), publié en 1863. Depuis cette date, la théorie des deux sources fait autorité parmi les spécialistes.
 
Cette seconde source se nomme alors ''Logia'', en référence à Papias, et on la désigne par son initiale en grec : Λ ([[lambda]]). Cependant, à la fin du {{XIXe siècle}}, il apparaît de moins en moins pertinent de subordonner l’existence de cette source à la phrase de Papias, d’autant que le débat reste ouvert sur le fait qu’il s’agirait d’un recueil de paroles. Un terme plus générique est donc adopté : ''Quelle'' - « source » en allemand - dont l’initiale sert depuis lors à la désigner. Les travaux exégétiques traitent désormais de la « [[Source Q]] », considérée comme le « plus ancien témoin » de la tradition théologique du [[christianisme]]<ref name="FAEL">[https://www.evangile-et-liberte.net/elements/horserie/001.html « Sur les traces de la Source des paroles de Jésus (Document Q) : Une entrée dans le judéo-christianisme des trois premiers siècles »] par [[Frédéric Amsler]] sur le site d'''[[Évangile et Liberté]]'', 2004.</ref>. Les controverses sur la nature exacte de la Source Q se poursuivent jusque dans les [[années 1960]], époque où une découverte archéologique apporte plusieurs éléments de réponse : celle d’un [[évangile apocryphe]].
 
== L’Évangile selon Thomas ==
{{Loupe|Évangile selon Thomas}}
Cet [[Apocryphes bibliques|apocryphe]] est découvert en décembre [[1945]] à [[Nag Hammadi]], en [[Haute-Égypte]]. Les premiers travaux sur l’Évangile selon Thomas consistent principalement en une comparaison des 114 paroles attribuées à Jésus dans ce texte copte et dans les [[évangiles canoniques]], afin de savoir si, et dans quelle mesure, cet évangile reflète des traditions indépendantes des évangiles canoniques<ref>{{ouvrage|auteur=Margaretha Lelyveld|titre=Les Logia de la vie dans l'Évangile selon Thomas : à la recherche d'une tradition et d'une rédaction|éditeur=Brill Archive|date=1987|passage=2}}.</ref>.
 
La moitié des ''logia'' dans l’Évangile selon Thomas trouvent leurs parallèles néotestamentaires dans les [[Évangiles synoptiques|synoptiques]], l’autre moitié dans la [[source Q]] reconstituée<ref>{{ouvrage|auteur=Hubertus R. Drobner|titre=Les Pères de l'Église. Sept siècles de littérature chrétienne|éditeur=Desclée|date=1999|passage=page 31|isbn=9782718906935}}.</ref>.
 
== Notes et références ==
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== Bibliographie ==
* [[Andreas Dettwiler]], [[Daniel Marguerat]], ''La Source des paroles de Jésus (Q) : aux origines du christianisme'', [[Labor et Fides]], 2008
* Roger Gryson, « À propos du témoignage de Papias sur Matthieu : le sens du mot λόγιον chez les Pères du second siècle », ''Ephemerides Theologicae Lovanienses'', n° 41, p. 530–547, 1965
 
== Liens externes ==
* [https://www.cairn.info/revue-etudes-theologiques-et-religieuses-2011-2-page-209145.htm « PromenadeEffervescence exégétiqueautour dansde lela Nouveausource Testamentdes et le logion 42paroles de l'Évangile deJésus Thomas(Q) »] par Pascale RenaudJean-GrosbrasPaul Michaud sur ''cairn.info'', 2011
* [https://www.cairn.info/revue-etudes-theologiques-et-religieuses-2011-2-page-209.htm « Promenade exégétique dans le Nouveau Testament et le logion 42 de l’Évangile de Thomas »] par Pascale Renaud-Grosbras sur ''cairn.info'', 2011
 
{{Palette|Livres du Nouveau Testament|Exégèse du Nouveau Testament}}
 
{{portail|christianisme|Bible}}
 
[[Catégorie:Problème synoptique]]
[[en:Logia]]
[[Catégorie:Expression grecque]]
[[Catégorie:Philologie]]
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