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1917 en dadaïsme et surréalisme

Cet article présente les faits marquants de l'année 1917 en dadaïsme et surréalisme.

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Éphémérides

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Janvier

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  • André Breton est affecté comme infirmier à Paris, puis comme externe au centre neurologique de la Pitié (dans le service du Professeur Babinski)[1].

  • À Barcelone, paraît le premier numéro de la revue 391[2] créée par Francis Picabia : « C'est mieux que rien, car vraiment ici, il n'y a rien. »[3]

Février

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  • Paul Eluard obtient une permission pour épouser Gala arrivée à Paris depuis septembre dernier[6].

  • Parution du premier numéro de la revue Nord-Sud créée par Pierre Reverdy[8].
  • Lettre d'Apollinaire à Paul Dermée : « Tout bien examiné, je crois en effet qu'il vaut mieux adopter surréalisme que surnaturalisme que j'avais d'abord employé. Surréalisme n'existe pas encore dans les dictionnaires, et il sera plus commode à manier que surnaturalisme déjà employé par MM. les Philosophes. »[9]
  • Eluard victime des gaz, est évacué du front[10].
 
Couverture du premier numéro

  • Parution à New York du premier numéro de la revue The Blind Man[11].
 
Fontaine de Marcel Duchamp, photographie d'Alfred Stieglitz

  • Marcel Duchamp, Fontaine[12], ready-made.
    Proposée dans le cadre d'une exposition « sans jury et sans médaille » organisée à New York par la Société des artistes indépendants, l'œuvre est refusée pour cause d'« obscénité et de non-art ».
    Photographiée par Alfred Stieglitz, elle est aussitôt publiée dans la revue The Blind man.

  • Dans le programme du ballet Parade Guillaume Apollinaire emploie, publiquement et pour la première fois, le mot de « sur-réalisme »[14].
  • À Zurich, exposition Dada Musique et danse nègre[15].
  • Pressé par Pierre Albert-Birot qui veut imprimer le programme des Mamelles de Tirésias, Apollinaire tranche définitivement pour drame surréaliste au lieu de drame surnaturaliste[16].
 
Marcel Duchamp, Francis Picabia et Beatrice Wood, le 21 juin 1917

  • À New York, invité par Marcel Duchamp et Francis Picabia à participer à une conférence sur l'humour, Arthur Cravan, ivre, se met à rire sans rien dire et commence à se déshabiller jusqu'à l'intervention de la police[18].

  • Soupault achète à la librairie Ars et vita, située en face de l'hôpital du boulevard Raspail, un ouvrage broché dont le titre et l'auteur lui sont inconnus : Les Chants de Maldoror, Comte de Lautréamont. Soupault : « Depuis ce jour-là, véritable jour de ma naissance, personne ne m'a reconnu. Je ne sais plus moi-même si j'ai du cœur. »[20]

Juillet

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  • Paul Eluard, Le Devoir et l'inquiétude, publié par les soins de son ami Jules Gono, éditeur et relieur d'art[21].

  • Lettre de Vaché à Breton : « Nous ne connaissons plus Apollinaire, ni Cocteau - Car - Nous les soupçonnons de faire de l'art trop sciemment, de rafistoler du romantisme avec du fil téléphonique et de ne pas savoir les dynamos. »[22]

Septembre

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  • 1er septembre
    Breton, interne à l'hôpital du Val-de-Grâce y fait la connaissance de Louis Aragon[23].
    Breton : « Vraiment un poète avec des yeux levés très haut, sans rien dans le geste de convenu et si mal adapté ! »[24]
  • Adrienne Monnier solde le numéro de la revue Vers et pros contenant le premier des Chants de Maldoror de Lautréamont. Aragon et Breton achètent le lot, en distribuent les exemplaires à leurs amis et passent leurs nuits de garde au service des aliénés à se les lire à haute voix[23],[25].
    Aragon : « Parfois, derrière les portes cadenassées, les fous hurlaient, nous insultant, frappant les murs de leurs poings. Cela donnait au texte un commentaire obscène et surprenant. Les brusques trous de silence étaient plus impressionnants encore que le vacarme démentiel. »[26]

Octobre

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  • Arrivée à Paris de Jacques Vaché, profitant d'une permission. Avec Breton, ils projettent une conférence sur «l'Umour» au théâtre du Vieux-Colombier[27].
  • À Barcelone publication du recueil Cinquante-deux miroirs de Francis Picabia regroupant les poèmes écrits depuis 1914[29]

Novembre

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  • Conférence de Guillaume Apollinaire au Vieux-Colombier, L'Esprit nouveau et les poètes avec un programme de lectures choisies par André Breton : « Un mouchoir qui tombe peut être pour le poète le levier avec lequel il soulèvera tout un univers. »
    Déception de Breton quand il entend Apollinaire parler de « bon sens français » et de son « horreur du chaos ou du désordre »[30].

Décembre

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Dada n°2, décembre 1917


Cette année-là

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  • Séjour d'Artaud à Divonne-les-Bains (Ain). Un médecin croit reconnaître dans les symptômes une syphilis héréditaire et prescrit un traitement par piqûres à base d'arsenic, de mercure et de bismuth[31].
  • Contraints de fermer le Cabaret Voltaire, les dadaïstes ouvrent une galerie dans l'artère principale de Zurich, la Bahnhofstrasse[32].


Œuvres

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  • Guillaume Apollinaire
    • Les Mamelles de Tirésias, sous-titré « drame surréaliste en deux actes et un prologue »
  • Jean Arp
    • Fleur-marteau, relief en bois peint à l'huile[33]
    • Formes terrestres (Forêt], broderie[34]
    • Larmes d'Enak : formes terrestres[35]
    • La Mise au tombeau des oiseaux et papillons (Portrait de Tristan Tzara), reliefs : planches de bois aux contours sinueux, découpées, fixées et peintes ou non[36]
    • Série de collages comportant le titre récurrent […] selon les lois du hasard[37]
  • Hugo Ball
    • Karawane, poème non-sensique[38]
  • Marc Chagall
    • Les Amoureux au-dessus de la ville, huile sur toile
  • Serge Charchoune
    • Chant-canon, huile sur toile
  • Giorgio De Chirico
    • Les Bains mystérieux[39]
    • La Chambre enchantée[40]
    • Grand intérieur métaphysique[41]
    • Le Grand métaphysicien, huile sur toile[42]
    • Hector et Andromaque, huile sur toile[43]
    • Les Jeux du savant, huile sur toile[44]
    • La Muse métaphysique, huile sur toile[45]
  • Marcel Duchamp
    • Apolinère Enameled, huile sur toile[46]
    • Fontaine, ready-made : urinoir renversé et signé « R. Mutt »[47]
    • Trébuchet, readymade : portemanteau en bois et métal, fixé au sol[48]
  • Paul Eluard
    • Le Devoir et l'inquiétude
  • Max Ernst
    • La Bataille des poissons, aquarelle sur papier[49]
  • Elsa von Freytag-Loringhoven
    • God, sculpture : tuyau de plomb fiché dans un socle en bois[29]
  • George Grosz
    • Crime sadique dans l'Ackerstrasse, dessin[50]
    • Hochbahn Berlin, encre sur papier[51]
    • Metropolis, huile sur carton[52]
 
Picabia, couverture du n°3 de la revue 391, mars 1917
 
Francis Picabia, Parade amoureuse
  • Francis Picabia
    • Fille née sans mère, gouache sur papier[53]
    • La Musique est comme la peinture, vernis sur linoléum[54]
    • Novia[55]
    • Parade amoureuse[56]
    • Portrait de Marie Laurencin, Four in hand[57]
  • Man Ray
    • Boardwalk, collage sur bois[58]
    • Trois parasoleils pour dames et cavaliers délicats, dessin[59]
  • Georges Ribemont-Dessaignes
    • Civilisation : « Il est avéré désormais que le plus pur moyen de témoigner de l'amour à son prochain est bien de le manger [...] Posséder par le cœur, ou posséder par l'estomac ? Celui-ci est plus certain. Et puis, en cas de contre-ordre, il y a toujours la nausée. »
  • Hans Richter
    • Autoportrait visionnaire, huile sur toile[60]
  • Philippe Soupault
    • Aquarium, poésie[61]
  • Sophie Taeuber
    • Symétrie pathétique, broderie de coton à partir d'un dessin de Jean Arp[62]
  • Beatrice Wood
    • Un peut d'eau dans du savon, tableau composite[63]

Notes et références

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  1. André Breton, Œuvres complètes tome 1, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, Paris, 1988 (ISBN 2-07-011138-5), p. XXXV.
  2. Laurent Le Bon (sous la direction de), Dada, Éditions du Centre Pompidou, Paris, 2005, catalogue de l'exposition présentée au Centre Pompidou du au , p. 65 et Marc Dachy, Archives Dada. Chroniques, Hazan, Paris, 2005 (ISBN 2-7541-0009-1), p. 466 pour la date.
  3. Lettre à Alfred Stieglitz, Le Bon, p. 64
  4. Europe no 769 mai 1983, p. 9.
  5. Lydie Lachenal, Philippe Soupault, littérature et le reste, Gallimard, Paris, 2006, p. 323.
  6. Paul Eluard, Poésies complètes, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, Paris, 1968, p. LXI.
  7. Dachy 2005, p. 138.
  8. Breton, OC1, p. XXXV & p. 1075 note 3.
  9. Adam Biro et René Passeron, Dictionnaire général du surréalisme et de ses environs, Office du livre/Presses universitaires de France, (ISBN 2-13-037280-5), p. 28 et Pierre-Marcel Adéma, Guillaume Apollinaire, La Table ronde, 1968, p. 304.
  10. Eluard, p. LXI.
  11. Dachy 2005, p. 468.
  12. Serge Lemoine, Dada, éditions Hazan, Paris, 1991-2005,p. 25.
  13. Jacques Vaché, Lettres de guerre, éd. Mille et une nuits, 2001, p. 19.
  14. Mot qu'il reprend pour la présentation des Mamelles de Tirésias le 24 juin suivant. Sarane Alexandrian, L'Art surréaliste, Hazan, Paris, 1969, p. 27 et Dachy 2005, p. 468.
  15. a et b Lemoine, p. 91.
  16. Albert-Birot explique comment cette hésitation a été tranchée lors d'une conversation « en mai, quand [il] prépare l'impression du programme », « Naissance et vie de SIC », les Lettres nouvelles no 2, septembre 1953.
  17. Dachy 2005, p. 85.
  18. Dachy 2005, p. 469.
  19. Même si en 1952, dans ses entretiens avec André Parinaud, Breton évoque l'attitude de Jacques Vaché qui, déguisé en officier anglais et revolver au poing, aurait sommé de faire cesser le spectacle sous menace d'user de son arme contre le public et qu'il serait parvenu à le calmer; il cite ce geste comme un premier acte surréaliste qui symbolise « le fossé » qui sépare « deux styles de vie » et « deux styles de pensée » (Gallimard, 1969, p. 35), l'authenticité de l'anecdote est, depuis, discutée. En 1995, Marc Polizzotti note que sur une vingtaine de comptes rendus de ce spectacle, aucun ne mentionne la « spectaculaire » réaction de Vaché et que seul Aragon a relaté cet incident bien qu'il ne fut pas présent (Mark Polizzotti, André Breton, 1995, Gallimard, Paris (ISBN 2-07-073298-3), p. 73). Dans la chronologie, Olivier Barbarant mentionne quant à lui la présence d'Aragon (Louis Aragon, Œuvres poétiques complètes, tome I : chronologie, Gallimard, Bibliothèque de La Pléiade, Paris, 2007 (ISBN 978-2-07-011327-9), p. LII). Quant à Pierre Albert-Birot, il « doute qu[e cet incident] ait pu avoir lieu » (Marie-Louise Lentengre, Pierre Albert-Birot ou l'invention de soi, éditions Jean-Michel Place, 1993, p. 122).
  20. Lachenal, p. 322 et témoignage réitéré par Soupault lui-même dans NRF no 172 : André Breton et le mouvement surréaliste, 1967, Gallimard, réédition de 1990 (ISBN 2-07-072093-4), p. 82.
  21. Eluard, p. XLI.
  22. André Breton : la beauté convulsive, éditions du Centre Pompidou, Paris 1991 (ISBN 2-85850-567-5), p. 91.
  23. a et b Daix, p. 26.
  24. Lettre à Théodore Fraenkel, citée dans Breton, OC1, p. XXXV.
  25. Marc Dachy situe cette découverte en 1918 sans préciser le mois, Dachy 2005, p. 472.
  26. Daix, p. 28.
  27. Breton, OC1, p. XXXV.
  28. Magazine littéraire no 256, juillet 1988, p. 10.
  29. a et b Dachy 2005, p. 471.
  30. Breton, OC1, p. XXXVI.
  31. Antonin Artaud, Œuvres, 2004, Gallimard, collection Quarto (ISBN 2-07-076507-5), p. 1711.
  32. Lemoine, p. 21.
  33. Reproduction dans José Pierre, L'Univers surréaliste, Somogy, Paris, 1983, p. 115.
  34. Reproduction dans Dachy 2005, p. 42.
  35. Reproduction dans Gérard Durozoi, Le Surréalisme, Hazan, Paris, 2002, p. 12.
  36. 40 × 32,5 × 9,5 cm. Reproduction dans Lemoine, p. 21.
  37. Reproduction dans Le Bon, p. 465.
  38. Lemoine, p. 22.
  39. Museo d'arte moderna di Ca'Pesarfo, Venise. Reproduction dans Dossier de l'art no 160, février 2009, p. 70.
  40. Reproduction dans Gabriele Crepaldi, L'Art moderne 1900-1945, Gründ, 2006, p. 189.
  41. 95,5 × 70,5 cm. Reproduction dans Beaux Arts magazine no 335, mai 2012, p. 162.
  42. Reproduction dans Crepaldi, p. 186.
  43. Fondation Gianni Mattioli, Milan. Reproduction dans Alexandrian, p. 65.
  44. Crepaldi, p. 186.
  45. Fondation Gianni Mattioli, Milan. Reproduction dans Crepaldi, p. 190. Autre titre : Les Muses inquiétantes dans Alexandrian, p. 37.
  46. Reproduction dans Le Bon, p. 82.
  47. 23,5 × 18,8 × 60 cm. Reproduction de l'œuvre photographiée par Alfred Stieglitz et publiée dans la revue The Blind man no 2 dans Dachy, p. 452.
  48. 11,7 × 100 cm. Disparu. Reproduction dans Janis Mink, Duchamp, Taschen & Le Monde, Paris, 2006, p. 51.
  49. Reproduction dans Gaëtan Picon, Le Surréalisme 1919-1939, 1976, éditions Albert Skira (ISBN 2-605-00021-4), p. 32.
  50. Reproduction dans Beaux arts magazine no 132, mars 1996, p. 66.
  51. 31,2 × 17 cm. Collection particulière. Reproduction dans Dachy 2005, p. 115.
  52. 68 × 47,6 cm. New York, Museum of Modern Art. Reproduction dans Le Bon, p. 336 et Lemoine, p. 42.
  53. Reproduction dans René Passeron, Surréalisme, 2005, éditions Terrail/Edigroup (ISBN 2-87939-297-7), p. 34.
  54. Reproduction dans Crepaldi, p. 200.
  55. Ancienne collection Tristan Tzara, Paris. Reproduction dans Alexandrian, p. 42.
  56. Collection Morton G. Neumann, Chicago. Reproduction dans André Breton, Le Surréalisme et la Peinture, Gallimard, 1928-1965, p. 20.
  57. Reproduction dans Lemoine, p. 27.
  58. Reproduction dans André Breton : la beauté convulsive, p. 155.
  59. Reproduction dans Beaux Arts magazine no 82, septembre 1990, p. 25.
  60. Musée national d'art moderne, Paris. Reproduction dans Dachy 2005, p. 29.
  61. Europe no 769 mai 1983, p. 9.
  62. 76 × 65 cm. Musée national d'art moderne, Paris. Reproduction dans Durozoi, p. 13.
  63. Il n'y a pas d'erreur d'orthographe : il faut écrire peut. Reproduction dans Le Bon, p. 977.

Article connexe

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