Adhémar Barré de Saint-Venant
Adhémar Barré de Saint-Venant[1], né le 6 fructidor an V (soit le ) au château de Fortoiseau[2], à Villiers-en-Bière (Seine-et-Marne) et mort le à Saint-Ouen (Loir-et-Cher)[3], est un ingénieur, physicien et mathématicien français.
Président Société archéologique du Vendômois |
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Nom de naissance |
Adhémar Jean Claude Barré de Saint-Venant[1] |
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Mathématicien, ingénieur des ponts et chaussées, chimiste, traducteur littéraire |
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Conjoint |
Julie Rohault de Fleury (d) (à partir de ) |
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Hubert Rohault de Fleury (beau-père) |
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Biographie
modifierFils de Jean Barré de Saint-Venant[4] (Niort, 1737 - Paris, ), officier, colon à l’Île de Saint-Domingue, et de Marie-Thérèse Joséphine Laborie (Cap-Français, auj. Cap-Haïtien, Haïti, 1769 - ?), il entre 2e à l'École polytechnique en 1813[1], est classé 1er à la fin de la première année[1].
À la fin mars 1814, les armées coalisées approchant de la capitale, les Polytechniciens sont mobilisés en vue de la bataille de Paris (1814). Saint-Venant, en tant que major, est premier sergent d'un contingent d'artilleurs qui doivent porter leurs batteries sur les forts de Paris. Alors qu'ils progressent, Saint-Venant se tourne vers ses camarades et leur déclare : « Ma conscience me défend, dût-on me fusiller, de combattre pour l’usurpateur[2],[5]! » L’École polytechnique, après la capitulation de Paris, resta fermée pendant plusieurs semaines ; quant à Saint-Venant, déclaré déserteur, il s'abstint prudemment de reprendre les cours à l’École polytechnique. Son condisciple Chasles qui, comme ses autres camarades, l'avait d'abord méprisé, écrira plus tard à propos de cet événement : « Lorsque Barré de Saint-Venant croyait sa conscience engagée, ou son droit certain, on l’aurait coupé en morceaux sans obtenir la moindre concession. L’accusation de lâcheté était absurde. Follement audacieux, au contraire, il avait montré, le 30 mars, cent fois plus de résolution et d’énergie pour affronter l’indignation de ses chefs et les huées de ses camarades, et pendant deux ans à l’École des ponts et chaussées leur injurieux silence, que pour s’exposer à la lance des cosaques[5]. »
Lors de la Première Restauration, élève de Gay-Lussac, il se passionne d’abord pour la chimie, ce qui le conduit à opter, à sa sortie, pour le service des poudres et salpêtres (qui est devenu l'École nationale supérieure de techniques avancées), où il se signale par la découverte d’un procédé rapide de dosage du chlore. Huit ans après, le gouvernement de la Restauration l’admet sans examen à l’École des ponts et chaussées. Bravant toutes les protestations, Saint-Venant suit tous les cours, passe les examens d'où il sort premier[5] en 1825[1] et fera partie du corps des Ponts et Chaussées pendant plus de vingt ans.
Affecté en premier poste à Guéret, il s'y fait remarquer par la construction d'un pont en charpente sur la Creuse, où il fait intervenir pour la première fois la « théorie du glissement » qu'il devait développer plus tard, et qui assoit sa réputation de physicien et de mathématicien. Bien qu’il n’ait jamais eu d’attaches professionnelles ou personnelles avec la Sologne, il s'intéresse très tôt à cette région alors réputée pour son insalubrité et sa misère, par pure philanthropie. En octobre 1826, il effectue un premier voyage dans la région, puis un second en 1828. Il conçoit alors le projet d’un canal permettant d'amener en Sologne la marne des confins du Berry, et les eaux chargées de marne de la Sauldre en vue de l'irrigation d'une partie de la région. En 1844, au cours d’un troisième voyage, il parfait son enquête et dresse les plans du canal de la Sauldre, qu'il propose vainement au ministère des Travaux publics, mais qui sera, avec d'importantes modifications par rapport au projet initial, effectivement réalisé de 1848 à 1868, sans que personne ne se réfère alors ni à ses travaux, ni à son rôle en faveur de la Sologne.
Il est ensuite attaché au service du canal d'Arles, puis à celui du Nivernais[2], au canal des Ardennes[2] (1830) et enfin au service de l'Yonne. Simultanément, il soumet à l'Académie des sciences différents essais : l'un sur les limites de la déformation élastique qu'un corps peut endurer, l'autre sur la dynamique des intumescences à la surface d'un cours d'eau. Ces travaux le font connaître des savants de Paris, et c'est ainsi qu'en 1837-38, Coriolis, malade, lui demande d'assurer à sa place les cours de mécanique appliquée de l’École des ponts et chaussées[2].
De 1838 à 1849, Adhémar Barré de Saint-Venant présente divers mémoires à l'Académie des sciences, dont deux portant sur la résistance et la flexion des pièces solides, dans lesquelles il expose la fameuse théorie du « glissement » qui lui doit son nom. Parmi les nombreux travaux qui suivirent, deux retiennent l'attention des scientifiques : un mémoire sur la torsion des prismes (1855), et un autre sur la flexion (1856) où il montre les déformations éprouvées par un corps cylindrique ou prismatique (« problème de Saint-Venant »). Ces deux mémoires, malgré quelques imperfections relevées par Vicat (le cisaillement n'est pas pris en compte dans l'étude de la flexion) et Lamé, marquent l'acte de naissance[6] des méthodes semi-inverses[7] en mécanique . Elles exerceront une influence profonde[8] sur l’École allemande (Weisbach, Bach puis Müller-Breslau, Prandtl et Reissner) et annoncent les méthodes variationnelles modernes.
Hydraulicien reconnu, Barré de Saint-Venant est cependant nommé en 1843 ingénieur en chef et attaché à la voirie (le « pavé ») de la ville de Paris, où il contribue à faire accepter le principe des plantations d'arbres le long des grandes avenues. En 1848, il est mis à la retraite par le gouvernement provisoire. Il se voit confier, en 1850, le cours de génie rural de l'Institut agronomique. Cette institution ayant été supprimée en 1852, il rentre dans la vie privée tout en continuant ses travaux scientifiques qui donnent lieu à de nombreuses publications.
On doit encore à Saint-Venant de nombreuses publications (La question du choc des barres, 1853-1866 ; La théorie générale de l'élasticité, 1868 ; Du roulis sur mer houleuse, 1871, etc.). Toutes ces études lui valent d'être reçu en 1868 à l'Académie des sciences.
À partir de 1871 il publie une série d'articles sur les écoulements dans les cours d'eau qui donneront leur nom aux équations de Saint-Venant[9],[10],[11]. Par la suite il continuera à s'intéresser à la mécanique des fluides[12].
Il est fait chevalier de la Légion d'honneur le , puis officier de la Légion d'honneur le .
Le 27 août 1869, Adhémar Barré de Saint-Venant reçoit du pape Pie IX le titre de comte héréditaire en raison de son activité pour le rayonnement du catholicisme[13]. Il est par ailleurs président de la Société archéologique du Vendômois ; à ce titre, il fait paraître en 1863 un Rapport sur le projet de rédaction d'un dictionnaire géographique de l'arrondissement de Vendôme, qui devait servir de point de départ à son fils Raoul (1845-1920) pour son Dictionnaire topographique, historique, biographique, généalogique et héraldique du Vendômois (3 volumes, 1914-1917).
Il est enfin le maître de Alfred-Aimé Flamant et de Joseph Boussinesq.
Publications
modifier- « Mémoire sur la torsion des prismes, avec des considérations sur leur flexion, ainsi que sur l'équilibre intérieur des solides élastiques en général, et des formules pratiques pour le calcul de leur résistance à divers efforts s'exerçant simultanément (lu le ) », Mémoires présentés par divers savans à l'Académie royale des sciences de l'Institut de France, et imprimés par son ordre, t. 14, , p. 233-569 (lire en ligne)
Références
modifier- Site de la bibliothèque de l'École polytechnique, onglet « Catalogues de la BCX → Famille polytechnicienne », recherche « Barré de Saint-Venant Adhémar », résultat : « Barré de Saint-Venant, Adhémar Jean Claude (X 1813 ; 1797-1886) ».
- Boussinesq et Flamant, « Notice sur la vie et les travaux de Barré de Saint-Venant », Ann. des ponts et chaussées, 6e série, vol. XII,
- Ou peut-être le ; voir cette note publiée dans le Livre du Centenaire de l'École polytechnique, 1897.
- Gustave Chaix d'Est-Ange, Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle, tome 2, pages 373 à 374 Barré de Saint-Venant.
- Cité par J. Bertrand, « Michel Chasles », La Revue Scientifique, (lire en ligne)
- Timoshenko, History of Strength of Materials, (ISBN 0-07-064725-9), « The semi-inverse method », p. 233-238
- Ces méthodes consistent à former une fonction auxiliaire satisfaisant, par sa forme algébrique, l'équation d'équilibre de Lamé, et dont les coefficients vérifient les conditions aux limites du problème. Saint-Venant introduit ainsi une « fonction de gauchissement » pour résoudre le problème de la torsion simple d'un cylindre élastique.
- (de) K.-E. Kurrer, Geschichte der Baustatik. Auf der Suche nach dem Gleichgewicht, Berlin, Ernst & Sohn, (ISBN 978-3-433-03134-6), « Die Rezeption der Saintvenantschen Torsiontheorie durch den Eisenbau und die klassiche Baustatik von 1890 bis 1920. ».
- Adhémar Jean Claude Barré de Saint-Venant, « Théorie du mouvement non permanent des eaux, avec application aux crues des rivières et à l'introduction de marées dans leurs lits », Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences, t. 73, , p. 147–154 et 237–240
- M. de Saint-Venant, « Mémoire sur la prise en considération de la force centrifuge dans le calcul du mouvement des eaux courantes et sur la distinction des torrents et des rivières », Mémoires de l'Académie des sciences de l'Institut de France, t. 44, , p. 245-273 (lire en ligne)
- M. de Saint-Venant, « Mémoire sur la perte de force vive d'un fluide aux endroits où sa section d'écoulement augmente brusquement ou rapidement », Mémoires de l'Académie des sciences de l'Institut de France, vol. 44, , p. 193-243 (lire en ligne)
- M. de Saint-Venant, « Résistance des fluides : considérations historiques, physiques et pratiques relatives au problème de l'action dynamique mutuelle d'un fluide et d'un solide, spécialement dans l'état de permanence supposé acquis par leurs mouvements », Mémoires de l'Académie des sciences de l'Institut de France, t. 44, , p. 1-192 (lire en ligne)
- Dominique de La Barre de Raillicourt, Les titres authentiques de la noblesse en France, Perrin 2004, p. 370.
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Dossier individuel (administration des Ponts et Chaussées) : Saint-Venant (23/8/1797) - Archives nationales, F/14/2318/2
- Joseph Boussinesq et Alfred-Aimé Flamant, « Notice sur la vie et les travaux de Barré de Saint-Venant », Annales des ponts et chaussées, 6e série, t. XII, 2e semestre 1886, p. 557-595 (lire en ligne).
- Édouard de Laage de Meux, « M. de Saint-Venant et le Service spécial des ingénieurs des Ponts et Chaussées en Sologne », Mémoires de la Société d'agriculture, sciences, belles-lettres et arts d'Orléans, , p. 42-69 (lire en ligne).
- [Anonyme], Adhémar-Jean-Claude, comte Barré de Saint-Venant, membre de l’Institut (1797-1886), Le Mans, Impr. de Monnoyer, 1926.
- A Brunot et R. Coquand, Le Corps des ponts et chaussées, Paris, Editions du Centre national de la recherche scientifique, coll. « Histoire de l'administration française », , 916 p. (ISBN 978-2-222-02887-1, OCLC 9441467), p. 224-227.
- Christophe Verneuil, « Adhémar Barre de Saint-Venant 1797–1886, X 1813 », Bulletin de la Sabix, vol. 9, (lire en ligne, consulté le ).
- Karl-Eugen Kurrer, « Accueil de la théorie de la torsion de Saint-Venant dans la littérature technique allemande jusqu'en 1950 », Revue Construction métallique, no 1, , p. 5-16
Articles connexes
modifier- Principe de Saint-Venant
- Liste de familles subsistantes d'ancienne bourgeoisie française
- Liste des familles françaises subsistantes de la noblesse pontificale
Liens externes
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- Ressources relatives à la recherche :
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- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :