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Artois

pays traditionnel de France
(Redirigé depuis Artois propre)

L'Artois ou Artois-Propre, pour « proprement dite », est un pays traditionnel picard situé dans le département du Pas-de-Calais en région Hauts-de-France.

Artois
Blason de Artois
Blason
Artois
Carte de l'Artois.
Administration
Pays Drapeau de la France France
Statut Pays traditionnel
Province Picardie Picardie
Territoires actuels Hauts-de-France
Capitale historique  Arras
Villes et bourgs principaux Bapaume
Avesnes-le-Comte 
Aubigny-en-Artois
Bruay-la-Buissière
Démographie
Gentilé Artésiens

Situé dans le nord de la France, l'Artois est borné au sud par le département de la Somme, et traversé par les rivières de la Scarpe, le Crinchon et la Lawe. Aussi appelé « Pays d'Artois », « Arrageois », en raison de la présence d’Arras sur ses terres, il bénéficie d'un important patrimoine architectural hérité du classicisme, de paysages verdoyants et de nombreux châteaux et de plus de trente communes classés « Village Patrimoine ».

Le nom de l'Artois provient d’une tribu celte, les Atrébates, qui ont peuplé le territoire dès l'âge du fer, qui a donné son nom au pagus Atrebatensis, et à la cité des Atrebates, Arras. En 853, on trouvait à la tête du pagus Atrebatensis un comte nommé Waltcaudus, qui administrait également l'Ostrevent.

Il forme une partie considérable de la division territoriale du Pays d'Artois, dont il donne son nom, ainsi qu'une grande partie du SIVOM du Bruaysis. En dehors de la capitale, Arras, les principales villes de l'Artois sont Bruay-la-Buissière, Bapaume, Houdain, Avesnes-le-Comte et Aubigny-en-Artois.

Étymologie

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Le nom Artois, viendrait du peuple celtique des Atrebates. Leur nom est probablement issu du celtique *Adtrebates de *Ad-treba-ti peut-être « ceux qui habitent » ou « ceux qui possèdent des villages » (cf. vieil irlandais ad-treba « il habite, il cultive », verbe dérivé de treb « habitation », cognat du breton tre- « village » cf. trève, gallois tref « habitation »), latinisé en Atrebates[1].

Leur oppidum Nemetocenna (ou Nemetacum « le pays, le terrain appartenant au sanctuaire » cf. nemeto- et suffixe -āko.) est connu à partir de la période du Bas-Empire romain sous le nom Arras (Athrebate XIe siècle) qui conserve également cet ethnonyme selon un processus fréquemment observé en Gaule[2].

Géographie et composition

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Localisation

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Géographie de l'Artois.

L'Artois partage ses frontières avec deux pays du département de la Somme : l'Amiénois et le Santerre. Il est borné à l'ouest par le Ternois, à l'est par l'Ostrevent et le Cambrésis et au nord par la Gohelle.

L'Artois occupe un espace défini par quelques frontières naturelles : au sud, il est bordé par le seuil de Bapaume, et au nord par les collines de l'Artois. À l'ouest, il se limite à partir des collines du Ternois vers Avesnes-le-Comte. Seulement l'est de la région n'a pas de limites naturelles, en direction de Cambrai et Oisy-le-Verger.

L'Atlas régional des Paysages atteste par ailleurs l'existence d'une entité naturelles nommée « grands plateaux artésiens et cambrésiens »[3]. En dehors de ces limites naturelles, l'Artois est principalement situé sur les plateaux artésiens, la plaine d'Arras et les marches artésiennes au nord[3].

L'Artois se trouve en grande partie dans la structure de regroupement de collectivités locales, Arras Pays d'Artois, également constituée de la majeure partie du Ternois, mais aussi presque intégralement dans le SIVOM du Bruaysis.

Paysages

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Basseux, un village typique de l'Artois : on aperçoit d'abord le clocher, derrière le sommet d'une butte.

On quitte les zones urbaine en prenant déjà la direction de la mer, les collines de l'Artois commencent à onduler et l'urbanisation intensive laisse enfin place au vert. L'habitat change aussi et les villes de briques rouges laissent place aux villages de pierres blanches[4].

La vallée de la Brette et la haute vallée de la Lawe offre des paysages verdoyants et boisés en bordure de l'ex-bassin minier, qui est d'ailleurs visible du mont Anzin. Le relief offre des parcours variés et des beaux points de vue pour les randonneurs et les vététistes. Non loin de là, le château médiéval d'Ohlain mérite sûrement une visite. À Bours, des visites de l'ancien donjon sont également possibles.

A quelque kilomètres d'Arras[5], on peut découvrir ces paysages champêtres autour de la Scarpe. La végétation alentour (vallée, bois) sert ainsi de refuge pour la faune environnante : amphibiens, reptiles, rapaces, Martins pêcheurs. Ce rôle est renforcé par la proximité d'importants sites urbains[3].

Histoire

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L'histoire humaine de l'Artois résulte tout d'abord de l'occupation de la tribu des Atrébates dans la région durant l'Antiquité. Il devient alors un pagus avant de devenir un comté féodal puis une possession des comtes de Flandre durant le Moyen Âge. Il sera ensuite détacher du comté de Flandre pour devenir un comté puis un gouvernement général militaire de France durant l'Ancien régime.

De nombreux pays traditionnels de France ont pu correspondre à une limite politique du Moyen Âge, héritée des pagi gallo-romains, et parfois, à travers eux, du territoire d'un peuple gaulois ou au rayonnement d'une ville sur son arrière-pays. La définition de « pays » peut être issue des travaux d'une société savante locale, d'érudits locaux ou encore des anciennes identités rurales, notamment depuis le XVIe siècle[6]. C'est ainsi que Alexis-Marie Gochet[7], identifie l'Artois propre comme relatif à l'ancien pagus d'Arras.

Gaule indépendante

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Les pagi de la civitas des Atrébates.

Pendant l'Antiquité, le territoire est occupé par la tribu celte des Atrébates, qui a donné son nom au pagus Atrebatensis, et à la cité des Atrebates, Arras. Ce pagus s'étendait à peu près sur l'étendue de l'Artois propre et était borné au nord par le pagus Scarbeius autour d'Hénin-Beaumont et le pagus Leticus autour de Lens et Béthune, ces deux pagi forment l'Escrebieu[8].

Lors de la Bataille du Sabis en 57 av. J.-C. Une coalition entre les Atrébates, les Viromanduens et les Nerviens est défaite par les légions romaines de Jules César[9]. L'année suivante, l'Atrébatie ainsi que la capitale, Nemetocenna passe sous l'allégeance Romaine en 56 av. J.-C.[10]

La paix romaine

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Un nouveau roi, Com (Commius en latin) est désigné pour régner depuis Nemetocenna. César lui confie la tâche de convaincre les peuples du sud de l'île de Bretagne de se soumettre au peuple Romain[10]. Cette tâche est si bien menée que César dispense les Atrébates du tribut levé sur les populations conquises et leur restitue leurs lois et leurs institutions[10].

Il part en exil en Bretagne. Il y rejoindra les Atrébates insulaires, remontant la Tamise et fondera un nouveau royaume en -40 dont la nouvelle capitale sera Calleva Atrebatum, ancienne Silchester[10].

En 27 av. J.-C., l’empereur Auguste réorganise le territoire gaulois. Il crée la civitas Atrebatum (« cité des Atrebates »). La romanisation de l'Artois, comme ailleurs en Occident, passe par l’urbanisation et la construction de routes : les actuelles « chaussées Brunehaut » seront construites à cette époque, pour reliée Arras, à Thérouanne et Amiens.

Haut Moyen Âge

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En 853, on trouvait à la tête du pagus Atrebatensis un comte nommé Waltcaudus, qui administrait également l'Ostrevant.

À la fin du IXe siècle, l'abbaye de Saint-Vaast, qui était en même temps la citadelle d'Arras, se trouvait entre les mains du comte Raoul, cousin du comte de Flandre Baudouin II et probablement fils d'Évrard (de Frioul) et de Gisèle, sœur de Charles le Chauve.

Quand Raoul mourut, en 892, Baudouin s'empara de la place, avant que le roi Eudes eût pu en disposer. Baudouin, frappé d'excommunication, n'en brava pas moins le roi qui vint mettre le siège devant Arras, mais qui finit (895) par en reconnaître la possession au comte dont il désirait se ménager l'appui.

En 899, Charles le Simple, à qui la mort d'Eudes avait valu l'adhésion unanime des grands, réussit à expulser Baudouin du château d'Arras, et il le remit au comte Aumer ; l'archevêque Foulques de Reims avait énergiquement combattu les prétentions de Baudouin et celui-ci, par vengeance, n'hésita pas à le faire assassiner (17 juin 900). Il ne récupéra pourtant ni Saint-Vaast, ni le pays d'Arras, qui demeurèrent à Aumer et à son fils Aleaume jusqu'en 931.

Le comte Aleaume paraît avoir pris parti, avec Héribert II de Vermandois, contre le roi Raoul de Bourgogne qui vint, en 931, assiéger la place. Aleaume fut tué à Noyon en 933. Le comte de Flandre Arnoul, qui s'était mis en possession de son comté, le conserva jusqu'à la fin de son règne.

Le roi Lothaire envahit la Flandre en 965 ; il obligea les vassaux du comte à lui rendre hommage et garda par-devers lui le pagus Atrebatensis, ainsi que l'Ostrevent et tout le pays jusqu'à la Lys. C'était les conquêtes d'Arnoul Ier qu'il annulait. Il est probable que cette confiscation n'a été que temporaire et que Lothaire remit lui-même la partie méridionale de la Flandre au jeune comte Arnoul II.

L'Artois en tant que comté

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Au moment où le comte de Flandre Philippe d'Alsace mariait Isabelle, fille de sa sœur Marguerite, à Philippe Auguste (1180), il engagea, à titre de dot de la jeune reine, une notable portion de ses États, dont le pagus Atrebatensis. Cette cession fut confirmée par le traité d'Arras (octobre 1191).

Population et société

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Villes et bourgs principaux de l'Artois

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L'Artois est concentré autour d'Arras, mais aussi de Bapaume, Bruay-la-Buissière, et les agglomérations des pays voisins de Doullens (Amiénois) et Saint-Pol-sur-Ternoise (Ternois).

Capitale de l'Artois, Arras a une position centrale en Artois, traversée par deux chaussées romaines, Arras est reliée à Houdain et Pas-en-Artois. Arras est membre du réseau des sites majeurs de Vauban. Elle compte 225 monuments classés ou inscrits aux monuments historiques, ce qui fait d'elle la 7e ville française en nombre de monuments, équivalent à ceux de Rouen et Strasbourg. L'importance de ce nombre est due au classement de chaque façade de ses deux places principales. Comme de nombreuses villes de la région Hauts-de-France, Arras possède ses géants, Colas et Jacqueline, et leur fils Dédé. À l'été 2015, un quatrième géant a rejoint définitivement la famille, l'ami Bidasse.

Bruay-la-Buissière

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Deuxième ville de l'Artois, Bruay-la-Buissière est née de la fusion des communes de Bruay-en-Artois et Labuissière. De part sa situation la plus septentrionale, Bruay-la-Buissière forme avec Béthune, une agglomération minière. L'architecture de la ville est très hétérogène, l'ancienne commune de Bruay-en-Artois est marquée par la brique rouge et une architecture minière, alors que La Buissière est quant à elle marquée par une architecture picarde. On retrouve à Bruay la piscine Art déco Roger Salengro, et à Labuissière le quartier des charitables.

Avesnes-le-Comte

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Bourg principal des campagnes de l'Artois à l'ouest d'Arras, Avesnes-le-Comte est caractérisé par une architecture en craie blanche, la rapprochant ainsi de Frévent, d'Houdain ou de la Cité d'Arras. Aménagé en longueur au bords de la très longue rue Principale, « Les anciens disaient que ça faisait référence au nombre de commerçants par rapport au nombre d’habitants », toutes proportions gardées, entre Avesnes et Paris, éclaire le maire Albert Decoin. Bien que le commerce de proximité ne soit plus nulle part à la fête, la commune fut en son temps et demeure encore une place forte de l’activité commerçante[11].

Culture locale et patrimoine

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Pignon à couteau picard à Étrun

Architecture

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Architecture rurale

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Le pays d'Artois est caractérisé par une architecture picarde, l'habitat change et les villes de briques rouges des pays voisins du nord laissent place aux villages de pierres blanches. Le pignon à couteau picard y est aussi très présent, il consiste en un pignon de briques ou de moellons en forme de triangle bordé de chaque côté de motifs en forme de dents constitués de briques disposées en oblique. Le rouge barre, un appareillage de pierres blanches et de briques liées à la chaux, que l'on retrouve aussi en Amiénois, dans le Ponthieu et dans le Cambrésis voisin.

Matériaux

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Les constructions utilisent les matériaux régionaux, principalement la craie blanche et la pierre, mais aussi le moellon, pierre à bâtir très utilisée dans la Somme et en Artois ; le rouge barre, appareillage de pierres blanches et de briques liées à la chaux, ou encore les charpente et pans de bois des murs : structure porteuse en chêne ; frêne, orme, châtaignier.

Héraldique

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Les armoiries de l'Artois se blasonnent ainsi :
« D'azur semé de fleurs de lys d'or au lambel de gueules chaque pendant chargé de trois châteaux d'or (châtelé de neuf pièces d'or). »

Notes et références

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  1. Pierre-Yves Lambert, La Langue gauloise, éditions Errance, , p. 35
  2. Ugo Janssens, op. cit., p. 46.
  3. a b et c Région Nord - Pas-de-Calais, Planches extraites de l'Atlas des Paysages régional NPdC, (lire en ligne)
  4. « Le Ternois : A24, autoroute, nature,balade, vtt, forêt. Rivière; ternoise, canche, brette, lawe. Arras, Lille, Lens, Saint Pol, Hesdin. », sur aascalys.free.fr (consulté le )
  5. « La haute Scarpe »
  6. Voir par exemple : Schweitz, Aux origines de la France des pays : Histoire des identités de pays en Touraine (XVIe - XXe siècle), Paris, L’Harmattan, 2001.
  7. Alexis-Marie Gochet, La France pittoresque du Nord : histoire et géographie des provinces d'Ile-de-France, Champagne, Flandre, Artois, Picardie, Normandie et Maine et des départements qu'elles ont formés, Tours, Alfred Mame et fils, , 367 p. (lire en ligne), p. 223
  8. Alexis-Marie Gochet, La France pittoresque du Nord : histoire et géographie des provinces d'Ile-de-France, Champagne, Flandre, Artois, Picardie, Normandie et Maine et des départements qu'elles ont formés, Tours, Alfred Mame et fils, , 367 p. (lire en ligne), p. 223
  9. (la) Caius Julius Caesar, La Guerre des Gaules, livre II, , p. 16-33
  10. a b c et d histoire du monde, « Atrebates »
  11. « Avesnes-le-Comte : pourquoi dit-on qu’« après Paris, ch’est Avesnes » ?! », La Voix du Nord,‎ (lire en ligne)