Bombe planante
La bombe planante (en anglais : glide bomb) est un type d'arme militaire imaginé durant la Première Guerre mondiale, mais non employé durant ce conflit[1]. Elles sont conçues pour détruire les cibles militaires hautement protégées à une distance de sécurité.
Histoire
modifierAvec les progrès de la technique, des modèles perfectionnés sont apparus en Allemagne nazie durant la Seconde Guerre mondiale, disposant d'un guidage à distance qui en faisait une arme redoutable[2].
La Fx 1400 Fritz X. Il s'agit du second engin guidé antinavire mis en service par l'Allemagne nazie après le Henschel Hs 293 A. Sa portée était d'environ de 5 à 9 km, son altitude minimum de largage de 5 000 m et sa vitesse maximale de chute de 280 m/s
Les progrès réalisés dans le domaine de la propulsion à réaction ont permis de réaliser, durant la guerre froide, des missiles air-mer n'ayant plus besoin d'ailes pour leur sustentation, mais seulement de surfaces de contrôle réduites (empennage). La bombe planante a alors disparu de l'arsenal des grandes puissances, sauf exceptions[3],[4].
Ce type d’armement n’est pas nouveau. Il a d’abord été imaginé durant la Première Guerre mondiale, bien que non utilisé. C’est durant la Seconde guerre mondiale que la bombe est devenue une arme redoutable, notamment avec les progrès techniques de l’Allemagne nazie, la dotant d’un système de guidage à distance. Aujourd’hui, l’armée russe y accroche désormais un système beaucoup plus moderne et des ailerons qui lui permettent de planer sans propulsion[5]. Les dégâts causés par ces bombes sont considérables, avec des cratères de 15 mètres de diamètre. Elles sont devenues un véritable objet de propagande pour les Russes[6].
Les bombes planantes russes ont une portée de 40 à 60 kilomètres[7],[8]
XXIe siècle
modifierEn 2024, une des caractéristiques de la bataille d’Avdiïvka et aujourd’hui de l’après-Avdiivka est l’emploi massif par les Russes de leur aviation tactique, aujourd’hui capable de tirer des bombes planantes en restant à plusieurs dizaines de kilomètres du front[9]. Leur charge explosive (jusqu’à 1,5 tonne pour les FAB-1500 et KAB-500L) et leur pouvoir de destruction sont bien supérieurs à ceux de l’artillerie conventionnelle ou des drones[10].
- Ukraine : La France s'est engagée à fournir à l’Ukraine une cinquantaine de bombes AASM par mois en 2024[11]. Première utilisation prouvée le 5 mars 2024[12]
- France : L’armée française embarque le AASM sur ses avions Dassault Rafale Marine et Air depuis 2008. Mis en œuvre à partir de ceux-ci, l’armement air-sol modulaire (AASM) a pour mission de détruire ou neutraliser des cibles terrestres. Chaque Rafale peut embarquer six bombes. L’arme a été tirée lors des conflits en Afghanistan, en Libye, au Mali et en Irak[13].
- États-Unis : La Paveway IV (en) est la dernière génération de Paveway (bombe bimode GPS/INS et à guidage laser) en date de 2019, elle est construite par Raytheon UK au Royaume-Uni[14]
Escalade dans la puissance
modifierLes Forces armées ukrainiennes détiennent désormais des GLSDB (Ground Launched Small Diameter Bomb), bombes de petit diamètre, qui ont été utilisées sur le terrain. Attendue depuis un peu plus d'un an, cette combinaison d'une roquette avec une bombe planante permet aux Ukrainiens de presque doubler la portée des projectiles des lance-roquettes HIMARS et MLRS, tout en augmentant leur précision[15].
- Russie 2024 : Les bombes FAB-3000 kg sont deux fois plus lourdes que les FAB-1500[16], elles-mêmes trois fois plus lourdes que les FAB-500. Mais le grand danger vient surtout des kits de guidage qui permettent de les transformer en « bombes planantes »[17].
« Sergueï Choïgou ne paraissait pas très grand à côté de la « FAB-3000 » kg lors de sa visite d’une usine d’armement, le 21 mars dernier près de Nijni Novgorod, dans le centre de la Russie. « La Russie a commencé la production en masse des bombes aériennes FAB-3000 depuis le mois de février », a expliqué à cette occasion le ministre russe de la Défense[18]. »
Activités situationnelles
modifier: Depuis plus de deux semaines, la Russie a intensifié ses attaques contre les infrastructures critiques ukrainiennes en lançant des dizaines de drones kamikazes[19] [ou munitions téléopérées – MTO] et de missiles de croisière. En outre, elle a également généralisé l’emploi de bombes planantes « KAB-1500B » et « KAB-3000 » kg conçues pour détruire des cibles militaires hautement protégées à une distance de sécurité. Selon Kyïv, au moins 3500 bombes auraient été larguées par les chasseurs-bombardiers russes depuis le 1er février[20],[21].
: Avec l'Offensive de Kharkiv (2024), les forces russes utilisent des bombes planantes lancées depuis l’espace aérien russe pour permettre aux manœuvres terrestres russes dans l’oblast de Kharkiv[22]. L’armée de l’air russe a largué des bombes planantes contre les villes de la ligne de front lorsque la Russie a commencé la phase initiale de son opération Kharkiv le 10 mai et a largué pas moins de 20 bombes planantes contre la ville de Vovchansk, sur la ligne de front, pour la seule journée du 11 mai[23]. Les forces russes ont continué à frapper les villes de la ligne de front à Kharkiv avec des bombes planantes le 12 mai[24]. Les forces russes ont précédemment démontré leur capacité à utiliser des frappes massives de bombes planantes pour détruire les points forts ukrainiens afin de permettre des manœuvres tactiques lors de la bataille d’Avdiivka en février 2024[25]. L’armée russe reproduit cette tactique dans sa nouvelle opération à Kharkiv[26].
: Dans la guerre qui poursuit son cours en Ukraine, les fameuses bombes planantes, utilisées par un camp comme par l'autre, se taillent la part du lion. Munitions datant souvent de l'ère soviétique[27], sur lesquelles l'armée russe a ajouté un kit d'ailes escamotables et un système de guidage à une gamme d'armes à chute libre existante, ces armes façon cyberpunk[28] sont, comme de nombreux équipements utilisés sur le terrain ukrainien, redoutables de par leur quantité et leur force brute plutôt que par leur précision[29].
: Guerre d’attrition[30] ; Sur la ligne de front, les soldats combattent, se replient, combattent encore, sous le feu intense de l’armée russe. « On tient, jusqu’à ce qu’on ne puisse plus. Quand les KAB tombent, on ne peut plus rien faire », soupire Ivan, tankiste de la 110e brigade mécanisée. « Pendant tout le printemps et jusqu’à la fin du mois d’août, ils attaquaient par vagues très importantes : cinq blindés, des dizaines de gus », raconte Ivan, dans les environs de Pokrovsk[31]. « Il pouvait y avoir 40 attaques par jour », ajoute-t-il. Sur le front, cette violence se couple de bombardements intenses, et de déluges de « KAB », ces bombes planantes qui peuvent réduire en poussière les fortifications et les abris des soldats ukrainiens[32].
Kit d'extension de portée de vol
modifierExtension du vol plané par un kit de guidage ː
- Russie ː Le système de guidage et la fonction de vol plané du kit UMPK peuvent fournir aux bombes aériennes ordinaires des capacités de frappe à plus longue portée et plus précises. Ils sont largement utilisés par l'armée de l'air russe.
- États-Unis ː Auprès des Forces armées des États-Unis, les premières générations de JDAM peuvent être larguées à 24 km de leur cible avec l'ajout d'ailes, un propulseur à poudre permet d'accroître leur portée à plusieurs dizaines de km.
Galerie
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Bombe hautement explosive FAB-500 M62, bombe planante russe.
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Bombe aérienne KAB-500L et KAB-500S-E au Patriot Park (en).
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Armement air-sol modulaire, présenté au salon du Bourget 2011, stand Safran. Sont visibles : un AASM complet et les trois kits de guidage : INS/GPS/Laser, INS/GPS/infrarouge et INS/GPS[36].
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Joint Direct Attack Munition, différents types de bombes JDAM[38].
Notes et références
modifier- Les différents types de missiles : une exploration détaillée.
- L’art de la guerre dans un monde hyperconnecté. Lionel Meny. Dans Revue Défense Nationale 2021/HS4 (N° Hors-série), pages 155 à 168.
- Les bombes guidées sont largement considérées comme un développement récent des arsenaux de combat, au mieux la dernière partie du conflit du Viêt Nam et de l'Opération Tempête du désert de 1991.
- Alexandre Lüdeke (trad. de l'anglais), Armes et armements de la Seconde Guerre mondiale : armes de l'infanterie, véhicules non blindés, véhicules blindés, artillerie, armes spéciales, avions, navires, Bath (GB)/New York/Paris, Parangon Books Ltd., , 320 p. (ISBN 978-1407510248), p. 181 (bombe planante).
- L’industrie de défense russe a repris la production de bombes FAB-3000, possédant une charge explosive de 1,5 tonne. Elles pourraient être dotées d’un kit pour augmenter leur précision.
- Guerre en Ukraine : que sont les bombes planantes utilisées par l’armée russe ?.
- La Russie produira en masse des munitions à sous-munitions « Glide » en 2024.
- Bombes aériennes guidées : qu’est-ce que c’est, caractéristiques d’utilisation et portée de destruction
- Face à une Ukraine délaissée par ses alliés, la Russie enchaîne les frappes aériennes tactiques. Son arme fatale : les bombes planantes, munition (entre autres) dont Kiev manque cruellement. (consulté le 22 mars 2024).
- Alexis Feertchak, « Guerre en Ukraine : après leur victoire à Avdiivka, les Russes cherchent à «consumer» les réserves de Kiev » , sur Le Figaro, (consulté le ).
- « Paris promet de fournir à l’Ukraine une cinquantaine de missiles air-sol A2SM par mois en 2024 », sur lemonde.fr, (consulté le ).
- « Ukraine : première utilisation d'une bombe AASM HAMMER livrée par la France », sur Air et Cosmos, (consulté le ).
- Guillaume Lecompte-Boinet, « A2SM, l’arme fatale française en Libye », sur usinenouvelle.com, (consulté le ).
- Michel Cabirol, « MBDA propulse son carnet de commandes à des niveaux record », sur La Tribune, (consulté le ).
- L'Ukraine a tiré pour la toute première fois une GLSDB : la Russie expose des débris.
- FAB-1500 : Bunker Buster russe avec un rayon de souffle de 1 600 pieds (vidéo).
- Alexis Feertchak, « Guerre en Ukraine : la Russie a lancé la production de bombes aériennes de trois tonnes », sur Le Figaro, (consulté le ).
- Le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a visité plusieurs usines d'armement, dont une qui fabrique des FAB-3000, des bombes de trois tonnes.
- Guerre Ukraine - Russie : comment les drones kamikazes sont-ils utilisés par les deux pays ?.
- Laurent LAGNEAU, « La France va donner un nouveau lot de missiles Aster et des centaines de véhicules de l’avant blindé à l’Ukraine », sur Opex360, (consulté le ).
- La bataille de Chasiv Yar / L’aviation russe change la donne au sol : à bonne distance du front, les bombardiers Soukhoï Su-34 déversent leurs bombes planantes FAB-500 et FAB-1500 sur les fortifications, sans que les Ukrainiens puissent pour l’instant trouver la parade, faute de munitions sol-air, 17 avril 2024.
- (en) « Liberated Ukrainians embrace troops on lightning advance near Kharkiv », sur POLITICO, (consulté le ).
- La police continue d’évacuer les civils des villes frontalières de la région de Kharkiv.
- Le département principal du Service d'urgence de l'État d'Ukraine dans la région de Kharkiv.
- Évaluation de la campagne offensive russe, 16 avril 2024.
- La Russie met cruellement à l’épreuve la défense ukrainienne sur le nouveau front de Kharkiv.
- L’ère soviétique fait référence à la période pendant laquelle l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) a existé. Fondée en 1922, l’URSS était une fédération de quinze républiques, dont la Russie était la plus grande.
- En Ukraine, cette guerre "cyberpunk" qui mélange armes soviétiques et drones FPV.
- Mauvaise nouvelle pour l'Ukraine : Moscou aurait réussi à faire planer sa bombe FAB-3000, lourde de 3 tonnes.
- Qu’est-ce qu’une guerre d’attrition ?.
- (en) « Battle of Western gates of Donbas: Life in frontline city of Pokrovsk (Bataille des portes occidentales du Donbass : la vie dans la ville de Pokrovsk, en première ligne) », sur RBC-Ukraine (consulté le ).
- Stanislas Poyet, « En Ukraine, l’armée recule mais veut faire payer cher chaque mètre carré de terrain perdu », sur Le Figaro, (consulté le ).
- Tupolev TU-22M : bombardier lourd soviétique/russe à ailes pivotantes, (ISBN 978-0764363542).
- Armes de la Guerre RUSSO-UKRAINIENNE : Bombes planantes guidées UPAB-1500.
- (en) « AGM-154 Joint Standoff Weapon (JSOW) », sur Raytheon Company (consulté le ).
- « L'armement air-sol modulaire (AASM) », sur Ministère des Armées (consulté le ).
- (en) « Here Is What Each Of The Pentagon’s Air-Launched Missiles And Bombs Actually Cost », sur thedrive.com, (consulté le ).
- L'utilisation accrue de bombes à guidage de haute précision par tout temps, siglées « JDAM »
Voir aussi
modifierArticles connexes
modifier- KAB-1500S-E
- Bombe Mark 83 - homologue américaine
- GBU-49
- KH-59
- AGM-154 Joint Standoff Weapon - bombe guidée planante américaine
- AGM-62 Walleye - bombe planante américaine guidée par télévision
- Incident de drone de 2023 en mer Noire
- Drone de combat
- Armement air-sol modulaire
- Bombe guidée laser
- Armes de la guerre russo-ukrainienne
Bibliographie
modifier- Alain Marchand, « Bombes planantes contre cuirassés », Le Fana de l'Aviation, no 237, , p. 23-30.
- (en) Michael P. Kreuzer (trad. Les drones et l'avenir de la guerre aérienne : l'évolution des avions télépilotés), Drones and the Future of Air Warfare: The Evolution of Remotely Piloted Aircraft, Routledge, , 248 p. (ISBN 978-1138187122).
- Rodolphe Jobard, Les drones : Fonctionnement - Télépilotage - Applications - Réglementation, Eyrolles, , 196 p. (ISBN 978-2212178449, présentation en ligne), p. 8.
- Barthelemy Desprairies et Bernard Cochin (préf. Alexis Vahlas), Les drones aériens dans la guerre russo-ukrainienne : Missions, limites et enseignements (février-juillet 2022), Editions L'Harmattan, , 226 p. (ISBN 978-2140343650). .
- Autres
- Jacques Baud, Ukraine entre guerre et paix, Max Milo Editions ed., , 320 p. (ISBN 978-2315010752).
- Michel Goya et Jean Lopez, L'ours et le renard : Histoire immédiate de la guerre en Ukraine, Perrin, , 300 p. (ISBN 978-2262105105).
- Jacques Hogard (colonel), La guerre en Ukraine : Regard critique sur les causes d'une tragédie, Hugo Document, , 300 p. (ISBN 978-2755674453).