Constantin Phaulkon
Constantin Phaulkon, né Κωσταντής Γεράκης - Costantin Gerachi en 1647 et mort le est un aventurier grec, qui devient le premier conseiller du roi Narai du Siam (Royaume d'Ayutthaya). Phaulkon est un personnage très controversé dans l’histoire de la Thaïlande.
Constantin Phaulkon | ||
Gravure de Constantine Phaulkon (XVIIe siècle). | ||
Fonctions | ||
---|---|---|
Samuhanayok (ministre en chef) d'Ayutthaya | ||
– (3 ans) |
||
Monarque | Ramathibodi III | |
Prédécesseur | Chuen | |
Successeur | Somboon | |
Ministre du Trésor et des Impôts | ||
– (2 ans) |
||
Monarque | Ramathibodi III | |
Biographie | ||
Nom de naissance | Costantin Gerachi Κωσταντής Γεράκης |
|
Date de naissance | ||
Lieu de naissance | Forteresse d'Assos (Grèce) | |
Date de décès | ||
Lieu de décès | Province de Lopburi (Royaume d'Ayutthaya) | |
Nature du décès | Décapitation (exécuté) | |
Nationalité | Grecque | |
Conjoint | Maria Guyomar de Pina (1682-1688) | |
Religion | Catholicisme | |
|
||
modifier |
Biographie
modifierOrigine grecque
modifierPhaulkon naît dans la forteresse d'Assos (région d'Érisos) en Céphalonie (Grèce) de parents grecs et de religion grecque orthodoxe. La famille Gerachi (Γεράκη) est originaire du village de Plagia (Πλαγιά) situé dans la même région, où elle était établie depuis le dernier quart du XVIe siècle.
Au service de l'Angleterre
modifierIl s'engage dans la Compagnie britannique des Indes orientales. Lors d’un séjour à Londres, il change son nom de Gerachi (Γεράκης) en Phaulkon ; gerakis et falcon signifient tous deux « faucon », respectivement en grec et en anglais. Il apprend les langues étrangères au cours de ses voyages : en plus du grec, sa langue maternelle, l'anglais, le français, le portugais, le malais et le thaï[1],[2].
Carrière au Siam
modifierPhaulkon arrive aux Indes avec deux Britanniques en 1670, il est envoyé au Siam (aujourd’hui Thaïlande) huit ans plus tard pour s'occuper du comptoir anglais. Il plait, comme interprète, au ministre siamois du Trésor, et est promu surintendant du commerce extérieur, ce qui lui confère un droit de regard sur la diplomatie. C'est là que, parmi les nombreux parrains qui se penchent sur le Siam, il choisit Louis XIV. Il passe donc du christianisme "orthodoxe " au catholicisme gallican et entre dans le jeu français, coupant court à toutes les autres influences extérieures, notamment « friponneries des mahométans » (abbé de Choisy), puisque le chah de Perse s'était mis en tête, lui aussi, d'amener la famille royale siamoise à sa propre foi, l'islam chiite.
En 1684, Louis XIV reçoit deux ambassadeurs du Siam à Versailles. En 1685, après de longs mois d'une navigation périlleuse via le cap des Tempêtes (Bonne-Espérance), l'ambassade française, conduite par le chevalier de Chaumont (huguenot ramené dans l'obédience de Rome par les Jésuites), arrive au Siam. En 1686 les Hollandais quittent le Siam et l'an d'après arrivent de Brest, six navires fleurdelisés convoyant plus de six cents soldats français. Ils sont installés dans un repli fluvial du golfe de Siam, Banko, fondant alors le futur Bangkok
Voici ce que dit de Constantin Phaulkon l'abbé de Choisy, membre de l'ambassade de Louis XIV à Ayutthaya et LopBuri, dans son Journal du voyage de Siam : « M. Constance a l'âme grande. Aussi, faut-il avoir bien du mérite pour s'être élevé au poste qu'il tient ici. Il est de Céphalonie, de parents nobles et pauvres. À dix ans, il prit parti sur un vaisseau anglais et a passé par tous les degrés de la marine. Enfin, après avoir fait commerce à la Chine et au Japon, après avoir fait naufrage deux ou trois fois, il s'attacha au Barkalon de Siam qui, lui trouvant de l'esprit et de la capacité pour les affaires, l'employa et le fit connaître au Roi ; et depuis la mort du Barkalon, sans avoir aucune charge, il les fait toutes »[3]
Sa position suscita beaucoup de jalousie de la part des Thaïs de la cour. Quand le roi Naraï tomba gravement malade en 1688, la rumeur courut que Phaulkon voulait utiliser l'héritier désigné, Phra Pui, pour devenir roi lui-même. Lors du coup d’État initié par le général Petracha, le beau-frère de Narai, Phaulkon, ses partisans et le dauphin furent arrêtés et exécutés le à Lopburi. À la mort du roi quelques jours plus tard, Petracha lui succéda sur le trône d'Ayuthayya et instaura un régime xénophobe. Les soldats français de Fort-Banko sont envoyés à Pondichéry.
Vie privée
modifierDe son mariage avec Maria Guyomar de Pinha (1682), il a eu deux fils, João (mort le ) et Jorge, qui lui a survécu.
Références
modifier- Auparavant, il a travaillé sous les ordres de Burnaby, le responsable de la Compagnie des Indes orientales au Siam (cf ouvrage de l'historien Axel Aylwen, Le Faucon du Siam (Anne Carrière), un roman dont la trame reprend le parcours le plus authentique possible[réf. souhaitée] de ce Constantin Gerachi.
- Raymond Vergé, « Relation franco-siamoise : des liaisons parfois dangereuses : Constance Phaulkon, le faucon », Gavroche Thaïlande, no 120, , p. 18 (lire en ligne)
- « La Thaïlande au temps du Siam », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
Bibliographie
modifier- George A. Sioris, Phaulkon - The Greek First Counsellor at the Court of Siam: An Appraisal, Bangkok 1988 (en anglais) (ISBN 974-8298-41-8)
- P.D.Cangelaris, Histoire et Généalogie de la famille Cangelari de Céphalonie (XVIe-XXe siècles), Corfou 2011 (en grec) (ISBN 978-960-85532-2-4)
- Panayotis D. Cangelaris, Constantin Gerachi (Constance Phaulkon) - Une nouvelle approche généalogique, Athènes 2012 (en grec)
- Sportès, Morgan: Pour la plus grande gloire de Dieu, Seuil 1993 (sur les rapports entre la France et le Siam au XVIIe siècle).