Copiste
Un copiste est un professionnel chargé de la reproduction de documents écrits ou d’œuvres d'arts. Ce métier est né de la nécessité de produire des copies de documents administratifs et de textes destinés à l'enseignement et à la propagation du savoir, bien avant l'invention de l'imprimerie, puis de la photographie et d'autres moyens de reproduction.
ROME (France) |
E1306 |
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Histoire
modifierAntiquité
modifierDans l'Égypte antique, les scribes effectuaient d'abord la transcription puis la copie de documents nécessaires à l'administration du pays et d'autres travaux administratifs.
À l'époque gréco-romaine il existait des professionnels qui travaillaient pour le compte d'éditeurs. Leur rémunération était calculée grâce à la stichométrie qui divisait toute œuvre en fragments d'égale longueur, type verset.
À Rome, le copiste jouait souvent un rôle de secrétaire ((la) amanuensis).
Moyen Âge
modifierLes moines copistes (et des moniales[1],[2],[3]) copiaient des livres à la main pour la population alphabétisée, une faible minorité. Le copiste pouvait aussi orner son texte d'enluminure. Il travaillait dans un atelier, le scriptorium, sous le commandement d'un armarius (bibliothécaire).
Bien des copistes ont laissé leur nom dans le colophon, ainsi que la date à laquelle ils ont fait leur travail.
Un copiste expérimenté pouvait maîtriser plusieurs types d'écriture. Le cas le plus extrême est probablement celui du « moine Léonard Wagner, à Augsbourg, mort en 1522, [qui] se vantait de savoir tracer soixante-dix sortes d'écriture »[4].
À la fin du Moyen Âge, la montée en puissance de l'écrit permit l'émergence de scriptoriums laïcs.
Par corps de métier
modifierDans le domaine des arts plastiques
modifierSuivant leurs spécialités, les copistes peuvent exécuter des copies d'œuvres d'arts : peintures, gravures sculptures. De très nombreux artistes, notamment de la Renaissance jusqu'au XIXe siècle, ont commencé par apprendre le métier puis exercer leur art par la copie des grands maîtres (ainsi, Le Caravage, à Rome, commence par exécuter des copies d'œuvres pour les amateurs peu fortunés).
Des copistes pratiquent encore de nos jours leur métier ou leur passion dans les musées. En France, les musées du Louvre et d'Orsay sont ainsi célèbres pour leurs copistes[5]. La copie peut faire partie de cours d'arts plastiques donnés par certains musées.
Dans les musées nationaux français, depuis 1957, pour éviter la production et la vente frauduleuse de « faux », « la copie doit être au minimum d'une taille supérieure ou inférieure de 1/5 de la hauteur et de la largeur de l'original. Le copiste n'est pas autorisé à reproduire la signature du maitre de l'œuvre originale[6]. »
En dehors des musées nationaux, la copie d'une œuvre du domaine public (soixante-dix ans après le décès de l'artiste) peut être de dimension libre, y compris de la taille originelle, à condition qu'elle soit identifiée comme étant une copie de manière permanente et définitive.
En imprimerie
modifierDans une imprimerie, le copiste est celui ou celle, qui prépare la forme imprimante, c’est-à-dire la plaque offset, c'est aussi le copiste qui effectue les retouches (bord de film, tache, etc.). Cette spécialité devient obsolète depuis l'arrivée du CtP (Computer to Plate) qui copie la plaque depuis l'ordinateur, sans l'intermédiaire de films.
En informatique
modifierDans une entreprise d'informatique, le copiste est la personne chargée de reprendre des documents d'analyse et les réécrire sous un format mis à jour avec les nouvelles exigences de la société (en cas de rachat de projet ou d'entreprise par exemple). Ce processus peut aussi entraîner une suppression des informations obsolètes ou incompréhensibles permettant d'alléger considérablement le document.
Dans la musique
modifierDans le monde de la musique, un copiste[7] est la personne qui réalise les partitions destinées aux instrumentistes, à partir de partition d'orchestre ou de relevé à l'oreille, ce qui demande de bonnes capacités d'écoute et des compétences en solfège. Depuis l'arrivée de l'informatique musicale, le travail de copiste est surtout réalisé sur ordinateur, avec des logiciels tels que LilyPond, MuseScore, Encore (en) ou les trois logiciels que les professionnels utilisent au quotidien que sont Finale (1988), Sibelius (1993) et Dorico (2016).
Dans la culture populaire
modifierUn roman d'Umberto Eco, Le Nom de la rose, décrit le travail des moines copistes au XIVe siècle.
Notes et références
modifier- Du tartre Pierre Barthélémy, « Du lapis-lazuli entre les dents d’une nonne. Le pigment retrouvé dans le tartre aurait servi à peindre des enluminures médiévales », sur lemonde.fr, .
- (en) A. Radini, M. Tromp, A. Beach, E. Tong, C. Speller, M. McCormick, J. V. Dudgeon, M. J. Collins, F. Rühli, R. Kröger & C. Warinner, « Medieval women’s early involvement in manuscript production suggested by lapis lazuli identification in dental calculus », Science Advances, vol. 5, no 1, (DOI 10.1126/sciadv.aau7126).
- Andrew Curry, « Une découverte archéologique prouve l'existence de femmes scribes au Moyen-Âge », sur National Geographic, (consulté le )
- Javal 1905, p. 12.
- site de l'A.C.M.F. Association des copistes des musées français.
- Décret no 1255 du , article 41 de La copie d'œuvre originale dans les musées..
- Être compositeur, être compositrice en France au XXIe siècle, Éric Tissier.
Annexes
modifierBibliographie
modifier- Émile Javal, Physiologie de la lecture et de l'écriture, Paris, Félix Alcan, (lire en ligne)
- BLASSELLE Bruno, Histoire du livre, vol.1, Paris, Gallimard, , 160 p.
- BLASSELLE Bruno, Histoire du livre, vol.2, Paris, Gallimard, , 160 p.