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Deniz Gezmiş

personnalité politique turc

Deniz Gezmiş, né le à Ayaş (Ankara, Turquie) et mort pendu le au centre pénitentiaire d'Ankara (Turquie), était un militant révolutionnaire turc, l'un des fondateurs de l'organisation armée THKO (Armée de libération du peuple de Turquie), et devenu une figure emblématique de l'extrême gauche turque.

Deniz Gezmiş
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Biographie
Naissance
Décès
(à 25 ans)
Centre pénitentiaire d'Ankara (Turquie)
Sépulture
Cimetière de Karşıyaka (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Faculté de droit de l'université d'Istanbul (d)
Lycée Haydarpaşa (en)
Université d'IstanbulVoir et modifier les données sur Wikidata
Activité
Autres informations
Parti politique
Membre de
Generation 68' (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Site web
La tombe de Deniz Gezmiş au cimetière d'İvedik dans le district de Yenimahalle à Ankara.

Biographie

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Deniz Gezmiş est né à Ayaş, une sous-préfecture d'Ankara. Né dans une famille de professeurs, il suit l'école primaire et le collège à Sivas puis le lycée à Istanbul.

C'est pendant ses années de lycée qu'il découvre les idées et les mouvements de gauche.

En 1965, il adhère au Parti du Travail de Turquie (Türkiye İşçi Partisi) à Üsküdar. Deniz est arrêté pour la première fois le , lors d'une manifestation à Taksim en soutien aux ouvriers de Çorum.

 
Affiche dédiée à Deniz Gezmiş et faite par DEV-LIS (tr). « Contre les impérialistes, les racistes et les putchistes nous serons, le 1er mai, [comme] une marée. »

Deniz entre à la faculté de droit de l'université d'Istanbul le . Par la suite, le , il est arrêté lors d'une manifestation de la Fédération nationale des étudiants de Turquie (Türkiye Milli Talebe Federasyonu) et jugé le lendemain avec deux de ses deux amis, pour être relâché le jour-même. Lors d'un meeting consacré à la crise chypriote, organisé par des associations étudiantes, il met le feu au drapeau des États-Unis d’Amérique avec Aşık İhsani (tr), ce qui lui vaut une nouvelle arrestation, même s'il est rapidement relâché. Avec Aşık İhsanı, qui étudie dans la même faculté à Istanbul, il fonde le l'Organisation des juristes révolutionnaires (Devrimci Hukukçular Örgütü).

Le , il est arrêté pour avoir participé à une action de protestation contre le discours du ministre d'État Seyfi Öztürk (tr) à la faculté de science pendant le rassemblement de l'AIESEC, et est incarcéré jusqu'au 2 mai. Il est jugé le pour avoir manifesté contre la présence de la 6e flotte américaine en mer Égée. Il est acquitté le 20 septembre.

En , avec ses camarades Cihan Alptekin, Mustafa İlker Gürkan, Mustafa Lütfi Kıyıcı, Cevat Ercişli, M. Mehdi Beşpınar, Selahattin Okur, Saim Kurul et Ömer Erim Süerkan, il crée l'Union des étudiants révolutionnaires (Devrimci Öğrenci Birliği).

Le 1er novembre 1968, l'Union des étudiants révolutionnaires (DÖB), qu'il dirige, lance, en collaboration avec d'autres groupes, comme l'Organisation nationale de la jeunesse de Turquie (Türkiye Milli Gençlik Teşkilatı), l'AÜTB, et le ODTÜÖB, une « marche de Mustafa Kemal pour l'indépendance totale de la Turquie », qui doit rallier Ankara depuis Samsun.

Le , il est arrêté avec ses camarades pour avoir manifesté à l'aéroport de Yeşilköy (actuellement : Atatürk), contre la venue de Robert Komer (en), ambassadeur des États-Unis à Ankara. Le groupe est relâché rapidement.

En juin 1969, il mène une action d'occupation de la faculté de droit de l'université d'Istanbul, à la suite d'un projet de réforme des universités. Il est blessé lors d'une charge de la police. Un mandat d'arrêt est lancé contre lui. Alors à l'hôpital, il s'enfuit et part pour la Palestine. Il reste en Palestine jusqu'en septembre. Le , il est officiellement exclu de la faculté de droit pour avoir participé à l'occupation de l'université.

Durant sa période de cavale, il envoie des déclarations aux journalistes dans des lieux tenus secrets. Le , alors qu'il se rend à la faculté de droit, il est arrêté par la police sur dénonciation, mais il est relâché le 25 novembre. Après le décès d'un étudiant de gauche, nommé Battal Mehmetoğlu, lors d'une bagarre avec de jeunes militants de droite, la police perquisitionne l'université et y trouve un fusil à lunette. La police inculpe Deniz Gezmiş de possession illégale d'arme à feu et réclame un nouveau mandat d'arrêt. Il est arrêté le en compagnie de Cihan Alptekin (tr). Les deux camarades sont relâchés neuf mois plus tard, le .

À sa sortie de prison, il est envoyé au service militaire, mais il ne s'y rend pas. Se concentrant sur ses projets de guérilla, il s'éloigne ensuite des mouvements étudiants, et continue ses activités dans d'autres secteurs.

Création de la THKO (1971)

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Deniz Gezmiş, Sinan Cemgil, Hüseyin İnan, Cihan Alptekin (tr), Yusuf Aslan et Alpaslan Özdoğan (tr) fondent en 1971 une organisation clandestine qu'ils nomment Armée de libération du peuple de Turquie (Türkiye Halk Kurtuluş Ordusu). Yusuf Aslan avait précédemment milité au sein de la fédération de la jeunesse révolutionnaire de Turquie (ou Dev-Genç). Ce groupe avait fait l'objet d'une infiltration par un agent américain, Aldrich Ames, qui avait soudoyé une amie et camarade d'études de Deniz Gezmiş pour obtenir des renseignements[1].

La première action revendiquée par la THKO, à laquelle participe Deniz Gezmiş, est le braquage d'une banque à Ankara le . Le , la THKO enlève quatre Américains à Ankara. Ceux-ci seront relâchés par la suite.

Arrestation et exécution

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« Avec le peuple qui se rallie autour de Deniz et qui formera une marée de gens. »[2].

Trois jours après le coup d'État du 12 mars 1971, Deniz Gezmiş et Yusuf Aslan décident de rejoindre Sivas. Mais, en cours de route, ils s'arrêtent pour réparer leur motocyclette. Ils sont dénoncés. Un affrontement avec les forces de police a lieu à Şarkışla[3]. Yusuf Aslan est arrêté. Deniz Gezmiş parvient à s'échapper mais, arrivé à Gemerek dans la région de Sivas, il est cerné par la police et arrêté à son tour le 16 mars Ils sont transférés à Kayseri, puis à Ankara.

Le procès de la THKO s'ouvre le à Altındağ (Ankara). La cour est présidée par le général Ali Elverdi (tr). L'accusation est assurée par le procureur de la République Baki Tuğ (tr). Le procès s'achève le . Deniz Gezmiş, Yusuf Aslan et Hüseyin İnan sont condamnés à la peine capitale.

Les trois inculpés sont pendus le , entre 1 heure et 3 heures au centre pénitentiaire d'Ankara. Avant leur exécution, les trois hommes refusent la présence d'un imam.

Ses derniers souhaits

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Différentes versions existent sur les derniers souhaits que Deniz Gezmiş aurait prononcés avant son exécution.

Selon certains, Deniz aurait voulu écouter, en buvant un verre de thé, le Concerto d'Aranjuez de Joaquín Rodrigo. D'autres prétendent qu'il aurait crié, au moment de son exécution, « Vive l'indépendance totale de la Turquie, vive le marxisme-léninisme, vive la fraternité des peuples turc et kurde, vivent les travailleurs et les paysans, À bas l'impérialisme… »[4] et qu'il aurait poussé lui-même le tabouret pour se pendre lui-même. On dit que Hüseyin İnan aurait fait de même.

Deniz aurait aussi souhaité que son avocat assiste à la scène de sa pendaison pour démentir d'hypothétiques rumeurs. Il aurait souhaité que son avocat embrasse un par un tous ses camarades, et il aurait voulu être enterré à côté de son camarade Taylan Özgür mort en 1969. Sa veste, devenue légendaire, est rendue à son père, comme il l'avait demandé.

La légende littéraire de Deniz Gezmiş

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La figure de Deniz Gezmiș est rapidement devenue très populaire dans le milieu de la gauche radicale turque. De nombreux artistes lui ont consacré des chansons et des poèmes. Nombre d'entre eux l'ont fait de manière légèrement voilée, en jouant avec le champ lexical marin, deniz signifiant « la mer » en turc. On peut notamment citer :

  • Hoşçakal Yarın (1998), réalisé par Reis Çelik (tr)Berhan Şimşek (tr) joue le rôle de Deniz Gezmiş. Le film se base sur les faits réels.
  • Aşk olsun sana çocuk (documentaire) – Barış Koçak (tr) joue le rôle de Deniz Gezmiş.
  • Hatırla sevgili (TV) – Barış Koçak joue le rôle de Deniz Gezmiş.
  • Bu Kalp seni unutur mu? (TV).
  • Le film comique Son Ders: Aşk ve Üniversite (2008) de Mustafa Uğur Yağcıoğlu comporte de nombreuses allusions à la vie de Deniz Gezmiş. Il est notamment mis en scène environ trente secondes, entouré de Yusuf Aslan et de Hüseyin İnan.

Bibliographie

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  • Bizim 68, Aydın Çubukçu, Evrensel Basım Yayın.
  • Acılara Yenilmeyen Gülümseyişler, Atilla Keskin, Gendaş Kültür, Istanbul, (ISBN 978-975-308-680-6).
  • Bizim Deniz, Turhan Feyzioğlu, Doruk Yayınları, Ankara, 1998 (ISBN 975-553-145-9).
  • Darağacında Üç Fidan, Nihat Behram, Everest Yayınları, Istanbul, , 39. Basım (ISBN 978-975-316-817-5).
  • Deniz: Bir İsyancının İzleri, Turhan Feyzioğlu, Ozan Yayıncılık, Istanbul (ISBN 978-975-7891-40-6).
  • Deniz: Fırtınalı Yıllar, Tarkan Tufan, Nokta Yayınları, Istanbul, (ISBN 978-9944-174-02-2).
  • Deniz Gezmiş Anlatıyor, Erdal Öz.
  • Deniz Yusuf Hüseyin, Ahmet Kahraman, Civiyazıları, Istanbul, 2001 (ISBN 978-975-8086-47-4).
  • Emirle Gelen İdam Kararı, Veli Yılmaz (ISBN 975-7350-07-9).
  • Gülünün Solduğu Akşam, Erdal Öz, Can Yayınları, Istanbul, 1997 (ISBN 978-975-510-086-9).
  • İdam Tarih Oldu, Utancı Kaldı, Türey Köse, Ümit Yayıncılık, Adana, Mais 2004 (ISBN 978-975-8572-54-0) (OCLC 57613230).
  • İdam Gecesi Anıları, Halit Çelenk, Tekin Yayınevi, Istanbul, 1996 (ISBN 978-975-478-104-5).

Notes et références

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  1. « Dışişlerinde CIA köstebeği », Sabah, 2 mars 1997.
  2. Traduction quasi impossible à cause du calembour impliquant le nom Deniz qui signifie « la mer » en turc. Même un nouveau verbe — voir le participe denizleş-en — se crée pour l'occasion.
  3. Metehan Akbulut, Şarkışla'ya Düşürmesin Allah 04 mars 2022.
  4. İdam Gecesi Anıları, Halit Çelenk, Tekin Yayınevi, 2002, p. 86.
  5. Avec allusion à Deniz, « la mer ».

Liens externes

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