Ida de Herzfeld
Ida de Herzfeld (née vers 770 ; † 4 septembre 825) est une bienfaitrice de l’Église, vénérée comme sainte par l'Église catholique.
Ida de Herzfeld | |
Ida de Herzfeld représentée sur un vitrail de l'église de Billerbeck | |
Sainte | |
---|---|
Vénérée à | Basilique Ste Ida de Herzfeld (de), (Lippetal) |
Fête | 4 septembre |
modifier |
Ses origines
modifierSi l'origine familiale d'Ida fait l'objet de nombreux débats[1], il est généralement admis qu'elle avait d'étroits liens de parenté avec la dynastie carolingienne.
Pour certains[2], Ida serait une fille de l'abbesse Théodrade de Soissons (sœur des abbés Adalard et Wala), donc une petite-fille de Charles Martel (par son fils Bernhard). Son père serait, dans cette hypothèse, le comte Thierry, fils du dernier des Mérovingiens Childéric III ; mais selon une autre version[3], Ida serait la fille de Carloman, frère de Charlemagne, et de la princesse Gerberge. Quoi qu'il en soit, Ida serait une petite-fille de Charles Martel, issue d'une branche cadette des Carolingiens.
Une troisième hypothèse l'exclut précisément, en avançant qu'Ida ne serait qu'une fille de la veuve de Carloman, Gerberge, et d'un comte franc inconnu.
Hagiographie
modifierAprès ses fiançailles avec le duc saxon Ekbert, elle part en 786 pour la Westphalie, dans les environs d'Osnabrück. Les deux princes traversent la Lippe au fort d’Hirutveldun (vieux-saxon pour Hirschfelder) et campent sur l'autre rive. Au cours de la nuit, Ida a la vision d'un ange lui ordonnant de fonder une église en ce lieu. Bouleversée par cette apparition, elle met tout en œuvre pour fonder une mission et fonde ainsi la première paroisse catholique de la région de Münster : Herzfeld.
Ce voyage en Westphalie intervenait au beau milieu de la guerre entre les Saxons et les Francs. Ida prit les Saxons sous sa protection. Le cerf souvent représenté aux côtés d'Ida est une allégorie de la Saxe menacée par les Francs. Cet animal héraldique se retrouve dans les armoiries de Herzfeld.
Ekbert meurt en 811, et sa femme le fait inhumer dans la moitié sud de l'église, le sarcophage surmonté d'un porche, ou Ida passera le reste de son existence. Là, à proximité de l’autel, elle partage son temps entre la prière et l'administration de la paroisse. Le sarcophage de son époux servait, selon la tradition, de coffre pour les offrandes, distribuées aux pauvres deux fois par jour ; toutefois cette activité caritative n'est pas attestée historiquement.
Ida meurt à son tour le 4 septembre 825. Le porche surmontant son tombeau devient le premier sanctuaire chrétien de Westphalie[4]. Une partie de ses ossements sera acheminée par la suite à l'Abbaye de Werden, devenue administratrice de l'église Sainte-Ida.
Une fille d'Ida, Ida la Jeune, épousera Asig, premier comte de Hesse.
Vénération
modifierLe 26 novembre 980, l'évêque Dodon de Münster présente les reliques d'Ida à la vénération des fidèles sur l'autel à l'occasion de la translation de ses reliques. Un moine de l'abbaye de Werden, Uffing, a composé une hagiographie d'Ida (Vita sanctae Idae Hertzfeldensis) pour la cérémonie : comme tous les écrits médiévaux de ce genre, l'héroïne est présentée comme une élue de Dieu et sa vie édifiante est une Imitation du Christ plutôt qu'une biographie au sens moderne[5]. L'humaniste Johannes Cincinnius compose vers une Vie de la sainte, Vita et sancta conversatio beatae Idae, qui s'appuie sur celle d'Uffing tout en proposant des conceptions sur le culte des saints caractéristiques de l'humanisme et du monachisme réformé propre à l'Allemagne avant la Réforme protestante. Cette Vie est conservée dans deux manuscrits[6].
Ce culte profane tourna ensuite à la légende[7].
Ida est fêtée par l’Église catholique le 4 septembre : c'est la patronne des affamés, des simples d'esprit et des pauvres[8]. La crypte du sanctuaire de Sainte-Ida de Herzfeld (basilique mineure depuis octobre 2011) abrite son sarcophage, la châsse et ses reliques ainsi que quelques vestiges de l'église primitive. Le pèlerinage de Sainte Ida se poursuit de nos jours. Le foire de Sainte-Ida se tient tous les ans au mois de Septembre : les reliques de la sainte sont escortée par une procession à travers la ville et la cérémonie se conclut par une bénédiction[9].
Hommages
modifierPlusieurs fondations portent son nom à travers la Rhénanie-du-Nord-Westphalie : ainsi le Centre œcuménique Sainte-Ida dans le faubourg de Resser Mark à Gelsenkirchen, à Moers et dans le faubourg de Gremmendorf à Münster. Il y a une école primaire Sainte-Ida à Herzfeld et à Münster.
Bibliographie
modifier- (de) Norbert Colmar, « Ida von Herzfeld », dans Biographisch-Bibliographisches Kirchenlexikon (BBKL), vol. 2, Hamm, (ISBN 3-88309-032-8, lire en ligne), colonnes 1249–1250
- Eduard Hlawitschka, Zur Herkunft der Liudolfinger und zu einigen Corveyer Geschichtsquellen. In: Rheinische Vierteljahrsblätter, 38e année (1974), pp. 92–165, ici plus part. 147 et suiv.
- Gabriele Isenberg, Heiligenleben als Geschichtsquelle: ein schwieriger Zugang. Der Fall Ida von Herzfeld. In: Westfälische Zeitschrift, 162e année (2012), pp. 23–43.
- Franz Josef Jakobi, Zur Frage der Nachkommen der heiligen Ida und der Neuorientierung des sächsischen Adels in der Karolingerzeit. In: Géza Jászai (Hg.): Heilige Ida von Herzfeld 980–1980. Festschrift zur tausendjährigen Wiederkehr der Heiligsprechung der heiligen Ida von Herzfeld. Gemeinde Lippetal-Herzfeld / Landschaftsverband Westfalen-Lippe, Herzfeld / Münster (1980), pp. 53–63.
Notes
modifier- Cf. à propos des thèses exposées ci-après : Franz Josef Jakobi et Géza Jászai (éd.), Heilige Ida von Herzfeld 980–1980. Festschrift zur tausendjährigen Wiederkehr der Heiligsprechung der heiligen Ida von Herzfeld, Herzfeld / Münster, , « Zur Frage der Nachkommen der heiligen Ida und der Neuorientierung des sächsischen Adels in der Karolingerzeit », p. 53–63 ; Wilhelm Schneider, « Paderborn und die Abtei Liesborn. Karl der Große als Mitbegründer? – Verwandte der hl. Ida », Jahrbuch Westfalen, 40 année, , p. 120–125.
- Ainsi pour Augustin Hüsing, « Die Genealogie der hl. Ida », Zeitschrift für vaterländische Geschichte und Altertumskunde, 38année, , p. 10; Hans-Walter Krumwiede, Das Stift Fischbeck an der Weser. Untersuchungen zur Frühgeschichte 955–1158, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, , 49, 51, 53, 56.
- Eduard Hlawitschka, « Zur Herkunft der Liudolfinger und zu einigen Corveyer Geschichtsquellen », Rheinische Vierteljahrsblätter, 38e année, , p. 92–165, ici plus spéc. p. 147 et suiv.
- Clemens Hillmann, Die Kirche und Grabstätte der heiligen Ida von Herzfeld, druck Werl, pour la paroisse catholique de Ste Ida de Herzfeld (réimpr. 2e revue et augm. 2003).
- (en) David Joseph Collins et Gabriela Signori (dir.), „Heiliges Westfalen“. Heilige, Reliquien, Wallfahrt und Wunder im Mittelalter, Bielefeld, Verlag für Regionalgeschichte, (ISBN 3-89534-491-5), « Chorography and Hagiography: Johannes Cincinnius’s Revision of Uffing’s Vita s. Idae Hertzfeldensis », p. 211–236.
- (en) David J. Collins, « Renaissance Revisions. A Brief Analysis and Critical Edition of Cincinnius’s Vita s. Idae, a Revision of BHL 4143 », Analecta Bollandiana, vol. 124, , p. 335–358.
- (de) Peter Ilisch et Géza Jászai (dir.), Heilige Ida von Herzfeld 980–1980. Festschrift zur tausendjährigen Wiederkehr der Heiligsprechung der heiligen Ida von Herzfeld, Herzfeld / Münster, commune de Lippetal-Herzfeld / association régionale Westfalen-Lippe, , « Die volkstümliche Verehrung der heiligen Ida in Westfalen vor 1800 », p. 146–149.
- Géza Jászaï, Heilige Ida von Herzfeld 980–1980. Festschrift zur tausendjährigen Wiederkehr der Heiligsprechung der heiligen Ida von Herzfeld, Herzfeld / Münster, , « Ikonographische Bemerkungen zum Ida-Kult in Westfalen », p. 108–136.
- « Der Soester Anzeiger über die Große Identracht 2015 in Herzfeld », (consulté le ).
Voir également
modifier- (de) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « Ida von Herzfeld » (voir la liste des auteurs).
- « Mittelalter Genealogie – Heilige Ida von Herzfeld » (version du sur Internet Archive)