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John Frum

prophète d'un culte du cargo au Vanuatu

John Frum (ou Jon Frum) est le prophète d'un culte du cargo au Vanuatu.

Une croix de cérémonie de John Frum, île de Tanna, Vanuatu (anciennes Nouvelles Hébrides), 1967.

Culte de John Frum

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Sur l'île de Tanna, un dieu du nom de « Kerapenmun », associé à une montagne, le mont Tukosmeru, est vénéré. Un indigène du nom de Mancheri, sous le pseudonyme de John Frum, se fit passer pour ce dieu et fut à l'origine d'un culte[réf. nécessaire] en apparaissant à certaines personnes et en promettant « maisons, vêtements, nourriture et transports ». Dans la mémoire de Tanna, cet homme apparaît en 1939 ; il annonce la guerre du Pacifique et l'arrivée des troupes américaines plus d'un an avant qu'elles ne débarquent aux Nouvelles-Hébrides. En 1941, sa « vision » se réalise. Et les églises traditionnelles se vident de leurs fidèles : dès lors, John Frum est considéré comme un prophète. Le culte de John Frum prône surtout le retour aux anciennes coutumes. Il fait figure d'esprit incarné pour lutter contre la colonisation franco-britannique et le pouvoir des missionnaires. Car la colonisation ne s'est pas déroulée sans heurts. Le culte de John Frum est interdit par les missionnaires jusqu'à l'indépendance du Vanuatu en 1980 mais, malgré cela, il est toujours actif aujourd'hui à Sulphur Bay, sur l'île de Tanna, où vit une communauté de 300 personnes, vivant selon les principes établis par le culte. Ainsi, aucun argent ne circule, chaque personne travaille pour la communauté et a des tâches particulières à effectuer, celles-ci devant être effectuées sans attendre quelque chose en retour, comme le recommande le culte de John Frum. Chaque vendredi soir, les habitants du village et des alentours se réunissent pour chanter la gloire de John Frum à la manière d'une messe. Ses adeptes croient que John Frum sera de retour un (surnommé « jour de John Frum » au Vanuatu).

Les man Tanna (Tannais) subissent durement le joug des missionnaires presbytériens qui, à la fin du XIXe siècle, imposent la « Tanna Law ». Cette loi permet d'interdire les croyances, les rituels et les danses issues, selon les missionnaires, du « temps des ténèbres ». Le kawa - la plante cérémonielle du culte des anciens, dont est tirée une boisson - est aussi prohibé. Les missionnaires ont réprimé si durement l'usage des anciennes coutumes que, par réaction, le culte de John Frum s'est fortement ancré à Tanna. Mourant physiquement, spirituellement et socialement, la société doit se remettre totalement en cause pour survivre. Paradoxalement, cette transformation ne passe pas par un rejet total des Occidentaux. Au contraire, les Tannais sont impressionnés par l'armée américaine, fraîchement débarquée dans leur archipel. Certains se laissent même enrôler dans les troupes pour participer à de menus travaux. Ils en reviennent avec le goût des défilés et des cérémonies…

Ce nom de « John Frum » a comme possible origine les paroles de G.I.s lors de la Seconde Guerre mondiale, qui se seraient présentés aux indigènes comme « John from America » (John d'Amérique). Pour les man Tanna, « John » désigne communément et commodément l'homme blanc.

Les lieux de culte de John Frum sont matérialisés par des grandes croix peintes en rouge et entourées d'une clôture de bois, ces croix ressemblant à celles présentes sur les ambulances américaines que les adeptes ont vues à l'arrivée de l'armée américaine lors de la Seconde Guerre mondiale. D'autre part, John Frum étant arrivé dans un grand bateau, ses adeptes affichent dans leurs maisons des photos de bateaux et de yachts.

Le mouvement de John Frum possède aussi son propre parti politique, dirigé par Song Keaspai. Il participe aux élections législatives de 1979, obtenant un siège au Parlement, celui d'Alexis Yolou[1],[2]. Aujourd'hui, toutefois, le mouvement présente ses candidats sous l'étiquette de la Confédération verte[3].

Aujourd'hui, le culte de John Frum se cantonne à l'île de Tanna. Le reste des Vanuatans considère ce culte comme douteux. Malgré tout, des politiciens essaient régulièrement de récupérer le mouvement et les voix des Tannais, qui représentent plus de 10 % des 230 000 habitants du Vanuatu.

Dans une version amendée du culte John Frum, quelques villageois du sud-ouest de Tanna révèrent le prince Philip, duc d'Édimbourg qu'ils identifient à un des esprits jaillis du volcan Yasur, ou à un de ses fils[4].

Notes et références

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  1. (en) Joël Bonnemaison, The Tree and the Canoe: History and Ethnogeography of Tanna, University of Hawaii Press, 1994, p.279
  2. (en) "New Hebrides: High hopes are haunted by high dangers", Pacific Islands Monthly, janvier 1980, pp.14-15
  3. (en) Les partis politiques du Vanuatu, Université du Pacifique sud
  4. Voir notamment Joël Bonnemaison, Les fondements d'une identité : Territoire, histoire et soiciété de l'archipel de Vanuatu (Mélanésie), Livre II Tanna : les hommes et les lieux, Paris, Éditions de l'ORSTOM - Institut français de recherche scientifique pour le développement en coopération, , 540 p. (ISBN 2-7099-0819-0), p. 497-498 et « Waiting for Philip », (consulté le )

Voir aussi

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Bibliographie

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Filmographie

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Liens externes

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