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Juda Halevi

rabbin et poète du XIIe siècle
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Rabbi Juda (Yehouda) ben Shmouel ibn Alhassan haLévi, rabbin, philosophe, médecin et poète séfarade, né à Tudela dans l'émirat de Saragosse vers 1075, surnommé le Chantre de Sion. Auteur du Kuzari, il laisse huit cents poèmes dont les Odes à Sion, à sa mort vers 1141.

Juda Halevi
Biographie
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יהודה הלויVoir et modifier les données sur Wikidata
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Œuvres principales

Biographie

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Judah Halevi perd très jeune ses parents. Il se rend à Lucena (près de Cordoue) pour étudier le Talmud et la grammaire hébraïque auprès du maître de l'Académie rabbinique de la ville, rabbi Isaac el-Fassi (dit le Rif), une sommité rabbinique de l'époque. Il rejoint Tolède pour y poursuivre des études philosophique et de médecine[1]. Il parcourt l’Espagne en proie aux guerres entre chrétiens et Berbères almoravides venus du Maroc en 1090. Il descend au pays d'al-Andalûs afin d'y compléter ses études dans les centres culturels. Il remporte une compétition de poésie à Cordoue, puis rencontre à Grenade les poètes séfarades Moïse ibn Ezra et Abraham ibn Ezra, avec lesquels il sera lié sa vie durant. A l'imitation d'Ibn Ezra, « il se laisse gagner par le doux hédonisme qui marquait alors la production poétique hébraïque » et compose également pour les dignitaires et les notables[1].

La situation des Juifs se dégrade à travers les persécutions des Almoravides qui dispersent les poètes de Grenade. Juda Halevi quitte la ville et reprend ses voyages qu'il poursuivra pendant vingt ans, errant d'une ville à l'autre, « se cherchant dans cette grande dispute entre les religions dont l’Andalousie était le théâtre »[1]. Il se rend auprès du vizir juif Abraham ibn Kamnial à Séville et du maître talmudique Joseph ibn Migash à Lucène. Il pratique à contrecœur[2] la médecine à Tolède, alors redevenue chrétienne, où sa poésie traduit ses préoccupations pour son peuple pris entre les musulmans et les chrétiens[3].

« En 1108, le protecteur de Halevi, Salomon ibn Ferrizuel, est assassiné. De même, en 1109, un an après la mort du roi Alphonse VI, des pogroms sont perpétrés contre les Juifs en Castille »[1]. Il quitte Tolède en 1109 avec son ami Abraham ibn Ezra. Ils poursuivent alors leurs voyages à travers l’Espagne musulmane, notamment à Cordoue « où il aurait abandonné la médecine pour le commerce »[1] et l’Afrique du Nord où ils visitent les centres de culture. « Les deux hommes sont bouleversés par les malheurs qui se succèdent et perturbent le rêve d’intégration religieuse et culturelle qu’ils avaient caressé en se posant, pour un moment, pour les arbitres des querelles entre chrétiens et musulmans... L’Andalousie se révélait une aire de heurts et de guerres plutôt que de rencontres et de réconciliations... Les Berbères almohades se montrent plus intolérants et intraitables que les Almoravides. Ils ne reprennent pas une ville sans convertir ou massacrer ses habitants. Le judaïsme andalou, qui s’était épanoui sous le régime éclairé des Omeyyades, succombe aux persécutions des Berbères qui mêlent juifs et chrétiens dans une même haine de l'Infidèle »[1]. Juda Halevi exprime sa souffrance dans ses élégies[4].

Lassé de la poésie de cour et face à « la ruine de Grenade, la déliquescence de Tolède et l’intolérance de Cordoue », il exploite alors la veine messianique du judaïsme. Il rêve de la restauration de Jérusalem et prie pour la venue du Messie censé la relever de ses ruines, qu'il prédit pour 1130[5].

Partisan du retour à Sion, Juda Halevi arrive à Alexandrie où la communauté juive l’accueille chaleureusement[6], puis au Caire où il meurt en 1141 avant d’avoir pu s’embarquer pour la Palestine. La légende le fait mourir aux portes de Jérusalem sous les sabots d'un cavalier arabe[7].

Agacé par l'attrait qu'exercent christianisme, islam et philosophie jusqu'au sein du peuple juif, il rédige vers 1140, à la fin de sa vie son grand-œuvre, rédigée en arabe Kitab alhuyya wa-l-dalil fi nusr al-din al-dhalil, en français, le Livre de l'argumentation pour la défense de la religion méprisée, plus connue sous le nom que lui a donné son traducteur Juda ibn Tibbon, le Kuzari[8] en réponse aux questions d'un karaïte dira-t-il, s'inspirant de la conversion au judaïsme du roi des Khazars et de son peuple quatre siècles auparavant. Il rejette aussi bien la pratique de la philosophie que celle du kalâm ou théologie rationnelle[9].

Il est aussi l'auteur d'élégies, regroupées sous le nom de « Sionides » (ou Chants de Sion), basés sur les poèmes de nostalgie pour le pays ou la ville aimée, ici Sion, dont certaines sont reprises dans la liturgie traditionnelle du 9 av, qui commémore la chute du temple de Jérusalem[10]. L’une de ces odes, Tsion halo tishali (« Sion, que ne t’enquiers-tu pas »), bien que non composée dans un but liturgique à l’origine, a cependant intégré le rituel de l’ensemble des congrégations juives. Celle-ci a également été mise en musique sous de multiples mélodies et appartient au répertoire des chansons populaires.

Notes et références

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  1. a b c d e et f Dan Scher, op. cit., p. 11, lire en ligne
  2. « Je consacre », dit-il, « des heures qui ne sont ni du jour ni de la nuit aux vanités de la médecine ». Dan Scher, op. cit., p. 12
  3. « Entre les armées de Séïr et celles de Kédar », écrit-il, « la mienne s’est perdue... Quand elles se livrent leurs guerres, nous essuyons les revers des unes et des autres... Les Philistins battent-ils en retraite, les Édomites s’adonnent au pillage... », D. Scher, op. cit., p. 13
  4. H. Shirmann, Ha-Shira ha-ivrit bi-Sefarade ou-bé-Provence, vol. I, p. 570
  5. Dan Scher, op. cit., p. 15-16, lire en ligne
  6. Dan Scher, op. cit., p. 17
  7. (es) Simon Dubnow, pp. 396-399.
  8. On en trouve la traduction en anglais de la première partie sur la Jewish Virtual Library.
  9. Moïse Maïmonide. Guide des égarés, ch. LXXI, page 339 (note du traducteur, Salomon Munk).
  10. (en) Richard Gottheil, Max Schloessinger et Isaac Broydé, « Judah Ha-Levi », sur Jewish Encyclopedia, .

Voir aussi

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Articles connexes

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Bibliographie

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Traductions

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Études sur Juda Halevi

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Liens externes

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