Khalil Chérif Pacha
Khalil Chérif Pacha (en arabe: خليل شريف باشا)(en turc moderne : Halil Şerif Paşa), aussi appelé Khalil-Bey ou Khalil Bey[a], né le au Caire et mort le à Constantinople, est un diplomate et homme politique ottoman, célèbre collectionneur de tableaux.
Ambassadeur de l'Empire ottoman (d) | |
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Ambassadeur de l'Empire ottoman auprès de l'Empire russe (d) |
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Père |
Muhammad Sharif Pasha al-Kabir (en) |
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Ali Pasha Sherif (en) |
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Collection des tableaux anciens et modernes de S. Exc. Khalil-Bey, 1867 (d) |
Biographie
modifierKhalil est né en 1831 au Caire, en Égypte ottomane, dans la résidence du vice-roi Méhémet-Ali. Il est le fils de Mehmed Şerif Pacha, officier de l'armée égyptienne, né à Kavala dans la Macédoine ottomane, mort en 1865. Khalil, de même que ses frères Ali Pacha Chérif (en) (1834-1897) et Osman, étudie à l'École militaire égyptienne, établissement fondé à Paris en 1844 par décision de Méhémet Ali. En 1855, Khalil reçoit son premier poste officiel comme commissaire de l'Exposition universelle à Paris. En 1856, il entre dans les services diplomatiques de l'Empire ottoman ; il fait partie des négociateurs à la fin de la guerre de Crimée. Il est ensuite ambassadeur en Grèce puis en Russie et, dans ces différents postes, commence à collectionner des œuvres d'art. Vers 1865, il se retire du service et s'installe à titre privé à Paris, rue Taitbout. Sa compagne est alors Jeanne de Tourbey, future comtesse de Loynes.
Pour payer ses dettes de jeu, Khalil-Bey est contraint de vendre sa collection de tableaux lors d'une vente aux enchères à Paris le . Le catalogue de cette vente est préfacé par Théophile Gautier. On citera, outre les tableaux présentés ci-dessous, Les Amateurs de peinture de Meissonnier, Paris, musée du Louvre, n° 43 de la vente. Chevaux à la fontaine de Delacroix, Philadelphie, Philadelphia Museum of Art. Paysage aux chasseurs de canards de Philips Wouwermans, commerce d'art, n° 89.
Si Le Sommeil qui fait partie du catalogue a été vendu au collectionneur Jean-Baptiste Faure, l'Origine du monde, second tableau de Courbet acheté conjointement en 1866, a très probablement[b] été vendu sous le manteau (compte tenu de son caractère pornographique) à l'antiquaire Antoine de la Narde qui le masquera plus tard (vers 1875) derrière un autre tableau de Courbet représentant le Château de Blonay.
L'identité du modèle qui a posé pour l'Origine du monde a fait l'objet de nombreuses supputations ; les noms de Jeanne de Tourbay et Joanna Hifferman ont notamment été avancés. Claude Schopp[1], dans un livre paru en [2], affirme qu'il s'agit de Constance Quéniaux (1832-1908), danseuse à l'opéra de Paris jusqu'en 1859 et maîtresse de Khalil-Bey. Dans une correspondance d'Alexandre Dumas fils à George Sand, il a trouvé un indice qu'il pense décisif : Dumas, en parlant de Courbet dont il ne partageait pas la position vis-à-vis de la commune de Paris, écrit "On ne peint pas de son pinceau le plus délicat et le plus sonore, l'intérieur de Mlle Queniault de l'Opéra" , ce qui pour C. Schopp est une allusion au scandaleux tableau de nu pour lequel elle aurait posé. Si cette hypothèse reste à prouver[c], il est possible que C. Quéniaux ait posé pour le personnage de la femme brune du Sommeil, l'autre tableau de Courbet acheté par Khakil-Bey, car la ressemblance est frappante[d].
À sa mort, Constance Quéniaux possédait une peinture de Courbet qu'elle peut avoir reçu de Khalil-Bey ou de Courbet lui-même[e].
Khalil-Bey reprend la carrière diplomatique en 1868 comme ambassadeur à Vienne. De retour à Constantinople, il épouse en 1872 la princesse Nazli Fazl, appartenant à la dynastie de Méhémet Ali[f] et une des premières femmes à tenir un salon littéraire dans le monde arabe.
En 1877, il retourne à Paris comme ambassadeur pendant quelques mois mais il est relevé de son poste en septembre de cette année. Il meurt à Constantinople le .
Collection
modifier- L’Origine du monde de Courbet (1866), commande de Khalil-Bey à l’artiste, Paris, musée d’Orsay.
- Le Sommeil de Courbet (1866), commande de Khalil-Bey, musée du Petit Palais à Paris.
- L'Assassinat de l'évêque de Liège d’Eugène Delacroix (1830), Paris, musée du Louvre.
- Le Bain turc de Jean-Auguste-Dominique Ingres (1862), Paris, musée du Louvre.
- L’Allée des châtaigniers de Théodore Rousseau (vers 1837-1840), Paris, musée du Louvre.
Galerie
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Delacroix, L’Assassinat de l’évêque de Liège, 1830, Paris, musée du Louvre.
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Ingres, Le Bain turc, 1862, Paris, musée du Louvre.
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Courbet, Le Sommeil, 1866, Paris, musée du Petit Palais.
Notes et références
modifierNotes
modifier- Bey est un titre honorifique.
- Aucun document ne mentionne la date à laquelle l'antiquaire a acquis le tableau.
- Au sens figuré, il est possible de comprendre que Dumas critique la relation de Courbet avec Constance Quéniaux, mais sans que celle-ci lui ait forcément servi de modèle.
- Quand elle dansait à l'Opéra, les critiques vantaient la noirceur de sa chevelure et ses beaux sourcils noirs.
- La succession de Constance Quénault comportait le tableau Fleurs dans un vase, 1863 ; (Musée de l'Ermitage) représentant une composition florale. En son centre figure une plante grasse qui déploie une profonde corolle rouge épanouie et ouverte...
- Son arrière grand-père paternel était Méhémet Ali, son grand-père Ibrahim Pacha et son oncle Ismaël Pacha.
Références
modifier- « Claude Schopp (auteur de Alexandre Dumas) - Babelio », sur www.babelio.com (consulté le )
- « L’origine du monde - Claude Schopp - Phébus », sur www.editionsphebus.fr (consulté le )
Sources
modifier- Francis Haskell, « Un Turc et ses tableaux dans le Paris du XIXe siècle », essai n° 12 du livre De l’art et du goût jadis et naguère, Paris, Gallimard, 1989.
- Michèle Haddad, Khalil-Bey : un homme, une collection, éditions de l’Amateur, coll. « Regard sur l’art », 2000, 185 pages, 22 cm (ISBN 978-2-85917-301-2)
- Bertrand Tillier, Khalil Bey, Parisien de Stamboul, Tusson, Éditions du Lérot, 2016, 126 pages.