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Land art

forme de l'art contemporain utilisant le cadre et les matériaux de la nature

Le land art est une tendance de l'art contemporain utilisant le cadre et les matériaux de la nature (bois, terre, pierre, sable, eau, rocher, etc.). Le plus souvent, les œuvres sont en extérieur, exposées aux éléments et soumises à l'érosion naturelle ; ainsi, certaines œuvres ont disparu et il ne reste que leur souvenir photographique et des vidéos.

Les premières œuvres ont été réalisées dans les paysages désertiques de l'Ouest américain à la fin des années 1960. Les œuvres les plus imposantes, réalisées avec des équipements de construction, portent le nom d’earthworks (« terrassements »).

Caractéristiques

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Spiral Jetty de Robert Smithson, photographiée en avril 2005.
 
Jacek Tylicki, Papier aquarelle laissé sur la rive de la rivière pendant 4 jours. S.W. de Lund, en Suède, 473 x 354 mm.
 
Milton Becerra Meteorite Parc d'Ibirapuera, XVIII Biennial of Sao Paulo, Brazil (1985).

Avec les artistes du land art, la nature n'est plus simplement représentée : c'est au cœur d'elle-même (in situ) que les créateurs travaillent. Ils veulent quitter les musées et les galeries avec leurs tickets d'entrée et heures d'ouverture afin de véritablement « sortir des sentiers battus ». L'œuvre doit être non plus une valeur marchande vouée à une élite mais une véritable expérience liée au monde réel. Les œuvres sont souvent gigantesques, comme Double Negative de Michael Heizer, où 244 800 tonnes de roches sont déplacées dans le désert du Nevada. Spiral Jetty de Robert Smithson (1970) était une longue jetée de 457 m de long et de cinq mètres de large environ au bord du Grand Lac Salé[1]. Elle fut engloutie par une brusque montée des eaux en 1972. Outre les productions des artistes américains, qui forment le cœur du mouvement, il convient de citer la peinture des montagnes du Tibesti par Jean Vérame.

Les artistes utilisent les matériaux de la nature (bois, terre, pierres, sable, rocher, etc.) et creusent, déplacent, transportent, accumulent, griffent, tracent, plantent… Ils introduisent aussi des produits manufacturés : 400 poteaux en acier inoxydable dans le désert du Nouveau-Mexique (Walter De Maria, The Lightning Field), 2 700 parasols jaunes ou bleus simultanément sur la côte californienne et au Japon (Christo et Jeanne-Claude, The Umbrellas[2]), ou de gigantesques nénuphars de tissu rose autour des îles de Floride (Christo et Jeanne-Claude, Surrounded Islands).

Les artistes travaillent souvent dans des lieux éloignés des centres urbains et l'usage de la photographie leur permet de faire connaitre leurs œuvres. Des croquis, reportages et vidéos sont présentés au public et permettent à l'artiste de vivre et de réaliser d'autres œuvres. C'est ainsi que dans les années 1970, certaines œuvres intègrent les musées et expositions, d'abord par l'image puis par des installations dans les espaces intérieurs, comme Ligne d'ardoises de Richard Long au Centre d'arts plastiques contemporains de Bordeaux (CAPC). Ainsi cette aventure renouvelle-t-elle la longue tradition du paysage.

Si les « earthworks » sont des altérations durables du paysage, la plupart des œuvres du land art relèvent plutôt de l'art éphémère, vouées à plus ou moins longue échéance à la disparition sous l'effet des éléments naturels.

Histoire

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L'histoire du land art débute en avec l'exposition intitulée Earth Works[3], à la Dwan Gallery à New York. Avec la publication de son essai The Sedimentation of the Mind: Earth Projects en 1968, Robert Smithson s'impose comme le théoricien du land art et devient la figure emblématique de cette tendance artistique, aux côtés de Robert Morris, Nancy Holt, Dennis Oppenheim, Walter De Maria, Christo et Jeanne-Claude et Michael Heizer. En , une autre exposition, Earth Art[4], organisée par Willoughby Sharp au Andrew Dickson White Museum of Art (Ithaca, New York), confirme l'importance du land art sur la scène de l'art. Deux mois plus tard, le , le vidéaste Gerry Schum organise sur la chaîne Sender Freies Berlin (SFB) de la télévision allemande une exposition télévisuelle intitulée Land Art[5], réunissant cette fois Richard Long, Barry Flanagan, Dennis Oppenheim, Robert Smithson, Marinus Boezem, Jan Dibbets, Walter De Maria et Michael Heizer (ce dernier, en désaccord avec Schum, se désistera finalement).

Les motivations premières du land art étaient de se débarrasser de l'art de chevalet et des grands principes du modernisme prônés par le critique d'art Clement Greenberg. Comme la plupart des mouvements nés dans les années 1960, le land art cherchait à lier l'art et la vie, à arrêter de produire des œuvres destinées à être seulement admirées dans des musées.

Cette tradition s'est perpétuée chez plusieurs artistes contemporains qui travaillent directement dans la nature. Les œuvres sont souvent éphémères et ne deviennent durables que via la photographie : feuilles, fleurs, neige, glace par Andy Goldsworthy ou Nils-Udo ainsi que la plupart des œuvres de Richard Long.

Earthwork

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Image satellite de Roden Crater en Arizona, où James Turrell transforme le cratère d'un volcan en observatoire astronomique.

Le terme anglais « earthwork » (« terrassement ») désigne une œuvre d'art créée dans la nature et dont le matériau de base est la terre. Alors que land art désigne l'ensemble du courant artistique qui utilise la nature comme matériau, earthworks s'applique surtout aux œuvres des artistes américains qui ont profité des déserts du Sud-ouest pour lancer des projets utilisant de gros moyens techniques et laissant une empreinte permanente dans le paysage.

Selon Robert Smithson, l'un des principaux artistes du land art américain, le terme earthworks aurait été inspiré par le titre d'un roman éponyme, paru en 1967, de l'auteur de science-fiction britannique Brian Aldiss[6]. Le mot earthworks est utilisé pour la première fois lors d'une exposition du même nom organisée à New York en 1968 ; l'année suivante, c'est l'expression Earth Art qui s'impose pour l'exposition présentée au White Museum de Ithaca. La dénomination Land Art est forgée par l'artiste Walter De Maria qui nomme ainsi ses propres projets[7].

Artistes

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Aux États-Unis, Levitated Mass de Michael Heizer, rocher de 308 tonnes perché au-dessus d'une tranchée où les visiteurs peuvent circuler.

Galerie

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Notes et références

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  1. Collectif, Histoire de l'art, du Moyen Âge à nos jours, Baume-les-Dames, Larousse, 2006, (ISBN 2035833205), p. 872
  2. Cependant, Christo et Jeanne-Claude ne se réclament pas du land art, selon leur site web.
  3. Visuels et documentation, sur Leftmatrix
  4. Visuel du catalogue, sur Leftmatrix
  5. Visuel du catalogue, sur Leftmatrix
  6. Maxence Alcalde, « L'Imaginaire science-fictif de Robert Smithson », puv, Marges, no 14, 2012 : « [...] il est courant de dire qu’une des premières expositions structurées du Land Art new-yorkais s’est tenue sous l’appellation Earthworks — titre semble-t-il emprunté directement au roman éponyme d’Aldiss ».
  7. Encyclopædia Universalis, « LAND ART », sur Encyclopædia Universalis (consulté le ).

Voir aussi

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Une catégorie est consacrée à ce sujet : Land art.

Bibliographie

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  • (en) John Beardsley, Earthworks and Beyond: Contemporary Art in the Landscape, Abbeville Press, New York, 1984 (ISBN 9780896594654)]
  • Gilles A. Tiberghien, Land Art, Carré, Paris, 1993. (ISBN 9782908393187)]
  • Colette Garraud, L'idée de nature dans l'art contemporain, Flammarion, Paris, 1994 (ISBN 9782080110022)]
  • (en) Gilles A. Tiberghien, Land Art, Princeton Architectural Press, 1995 (ISBN 9781568980409)]
  • Gilles A. Tiberghien, Land Art travelling, École Régionale des Beaux-Arts, Valence, 1996 (ISBN 9782910423094)]
  • (en) Jeffrey Kastner, Brian Wallis, Land & Environmental Art, Phaidon, 1998 (ISBN 0714835145)]
  • Anne-Françoise Penders, En chemin. Le Land Art (T1: partir), La Lettre Volée, Bruxelles, 2000 (ISBN 2873170964)]
  • Anne-Françoise Penders, En chemin. Le Land Art (T2: revenir), La Lettre Volée, Bruxelles, 2000 (ISBN 2873170972)]
  • (en) Suzaan Boettger, Earthworks: Art and the Landscape of the Sixties, University of California Press, Berkeley, 2003 (ISBN 9780520221086)]
  • Jean-Paul Brun, Un sociologue sur les terres du Land Art - Journal de voyages et de recherche 1996-2000, Harmattan, Paris, 2004 (ISBN 9782747566940)]
  • Colette Garraud, avec la collaboration de Mickey Boël, L'Artiste contemporain et la nature - Parcs et paysages européens, Hazan, Paris, 2007 (ISBN 9782850259876)]
  • Michael Lailach, Land Art, Taschen, Cologne, 2007 (ISBN 9783822856161)]
  • (en) Bill Gilbert, Chris Taylor, Land Arts of the American West, University of Texas Press, Austin, 2009. (ISBN 9780292716728)]
  • Gilles A. Tiberghien, Land Art, Carré, Paris, présentation
  • Larisa Dryansky, Cartophotographies : de l'art conceptuel au Land Art, Paris, éditions du Comité des travaux historiques et scientifiques-Institut national d'histoire de l'art, , 335 p. (ISBN 978-2-7355-0850-1).
  • Gilles A. Tiberghien, Land Art travelling, Fage, Lyon, 2018 (réédition revue et augmentée (ISBN 9782849754917)]

Articles connexes

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Liens externes

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