Lucien Arman
Lucien, Jean Arman, né à Bordeaux le et mort dans cette même ville le , est un architecte, constructeur naval et député du Corps législatif (de 1857 à 1869) sous le Second Empire.
Député français | |
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Conseiller général de la Gironde | |
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Conseiller municipal de Bordeaux |
Naissance | |
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Décès |
(à 61 ans) Bordeaux, France |
Sépulture | |
Nationalité |
française |
Activités | |
Famille |
Gaston Arman de Caillavet, petit-fils (enfant des précédents), et Simone de Caillavet, arrière-petite-fille, épouse d'André Maurois |
Enfant |
Albert Arman (d) |
Parentèle |
Léontine Lippmann (belle-fille) |
Propriétaire de | |
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Membre de | |
Distinction |
Biographie
modifierLucien Arman suit la même voie professionnelle que son père, Jean-Léonard Arman (1788-1839) : il mène des études de mathématiques et obtient un diplôme de constructeur de navires. Sa mère Adèle Marguerite née Courau (1794-1822) est aussi la fille d'un constructeur de navire, les chantiers Courau[1],[2]. Il se marie en 1839 avec Laure Caillavet (1822-1860) avec qui, il a un fils, Albert (1841-1919), marié avec Léontine Lippmann, salonière et maîtresse d'Anatole France. Son petit-fils est l'auteur dramatique Gaston Arman de Caillavet. Son épouse, Laure Caillavet, apporte en dot le château de Malleret à Cadaujac, qu'il fera agrandir en 1860, ainsi que le domaine du Haut-Maurin et le domaine de Guionneau à Capian.
Il s'associe avec son oncle Gustave Courau[3] (1798 - 1869) dans l'entreprise familiale, puis créé les chantiers Arman qui produisent des bateaux de commerce et fournissent les marines française et russe en navires de guerre. Inventeur d'une technique de construction mixte (fer et bois) de bâtiments à vapeur, il joue un rôle important dans les chantiers navals de Bordeaux et reçoit une grande médaille d'honneur de la classe marine et arts militaires lors de l'Exposition universelle de 1855[4].
Membre de la chambre de commerce de Bordeaux, il est élu conseiller municipal de la ville puis conseiller général de la Gironde (canton de Cadillac) en 1854.
Proche de Napoléon III, il est candidat officiel du gouvernement dans la cinquième circonscription de la Gironde (Libourne), lors des élections législatives de 1857 et est facilement élu contre Jean David, le député sortant[5]. Aux élections législatives de 1863, il est plus difficilement réélu face au second duc Decazes, orléaniste opposant à l'Empire. Un redécoupage des circonscriptions, favorable à son adversaire, Gustave Gaspard Chaix d'Est-Ange, lui fait perdre les élections législatives de 1869[6].
Son épouse Laure, de santé fragile, meurt en 1860 à l'âge de quarante ans.
Il a l'honneur au mariage de son fils avec Léontine Lippmann en 1869 à la chapelle des Tuileries d'accueillir Napoléon III et l'impératrice Eugénie qui y assistent.
Lucien Arman entre par ailleurs à l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux en 1859[3].
Il démissionne de tous ses mandats en à la suite de la faillite de son entreprise en [1].
Il meurt dans sa ville natale en 1873 et est inhumé au cimetière de la Chartreuse.
Les Chantiers et Ateliers de l'Océan
modifierSous l'impulsion de Lucien Arman, les chantiers navals de l'Océan lancèrent plus de cent navires à voiles et à vapeur entre 1849 et 1860. Les ateliers couverts situés quai de Sainte-Croix et Bacalan[7] à Bordeaux pouvaient abriter plus d'une vingtaine de coque à la fois, et employaient plus d'un millier de personnes. En plus de canonnières pour la France, ils bâtirent des batteries flottantes, une frégate et une corvette pour la Russie, un aviso pour le bey de Tunis et une frégate cuirassée pour l’Italie[8].
L'affaire du Sphinx et du Chéops
modifierEn 1863, Napoléon III qui ne cachait pas son soutien aux États confédérés pendant la Guerre de Sécession, demande aux Chantier Arman[9] la construction de deux navires-béliers cuirassés, afin de les aider à percer le blocus maritime imposé par les forces de l'Union. L’achat de ces navires devait être financé par les recettes de l’emprunt sur le coton sudiste[10]. Pour ne pas éveiller les soupçons, la commande est officiellement passée pour le compte de la marine égyptienne, et les deux cuirassés sont produits sous les noms de Sphinx et Chéops. Cependant, le consul de l'Union John Bigelow finira par découvrir la supercherie et obligera la France à exiger la rupture du contrat[11]. Lucien Arman vendra alors ses deux navires à la Prusse et au Danemark ; les deux nations étant en guerre l'une contre l'autre. Finalement le Sphinx, devenu le Staerkodder sera refusé par le Danemark, et en 1865, Arman pourra alors le vendre secrètement à la marine confédérée sous le nom de CSS Stonewall[12]. Arrivé trop tard en Amérique alors que la guerre est finie, il n'aura pas l'occasion d'être utilisé au combat par les Sudistes mais, après plusieurs péripéties, il rejoindra le Japon, participant sous le nom de Kōtetsu à la guerre de Boshin[13].
Distinction
modifierLucien Arman est fait commandeur de la Légion d'honneur en 1864[14],[15].
Notes et références
modifier- Charles Albert, « L'industrie de la construction navale à Bordeaux sous le Second Empire. », Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, vol. 66, no 25, , p. 47-60 (lire en ligne)
- « Généalogie de Lucien Arman », sur geneatique.net (consulté le )
- « Arman », sur napoleontrois.fr (consulté le )
- « Arman (Jean-Lucien) », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition] [texte sur Sycomore]
- Christophe-Luc Robin, Les hommes politiques du libournais de Decazes à Luquot : Parlementaires, conseillers généraux et d'arrondissement, maires de l'arrondissement de Libourne de 1800 à 1940, Paris, Éditions L'Harmattan, , 556 p. (ISBN 978-2-296-03127-2, lire en ligne), p. 438-439
- Christophe-Luc Robin, Les hommes politiques du Libournais de Decazes à Luquot : Parlementaires, conseillers généraux et d’arrondissement, maires de l’arrondissement de Libourne de 1800 à 1940, Paris, éditions L’Harmattan,
- Alain Clouet, A. Hermant, « Chantiers Arman-Chantiers de l'Océan », bordeauxaquitainemarine.org (consulté le ).
- V. Labraque-Bordeve, Études sur les Constructions navales à Bordeaux, Bordeaux,
- Serge Noirsain, La Flotte européenne de la Confédération sudiste, Bruxelles, CHAB,
- « Comment les Confédérés payaient-ils leurs armes et leurs navires en Europe », sur www.noirsain.net (consulté le )
- Serge Noirsain, « La France et les Confédérés, la flottille confédérée de Bordeaux » (consulté le )
- (en) Karl Jack Bauer, Stephen S. Roberts, Register of Ships of the U.S. Navy, 1775-1990 : Major Combatants, Westport, Greenwood press, , 350 p. (ISBN 0-313-26202-0, lire en ligne)
- « Un peu d'Histoire #1 », sur www.hermione.com (consulté le )
- « Cote LH/49/71 », base Léonore, ministère français de la Culture
- Promu au grade de commandeur de la Légion d'honneur par décret du 20 août 1864, base Léonore, ministère français de la Culture
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- « Lucien Arman », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]
- Éric Anceau, Dictionnaire des députés du Second Empire, Rennes, P.U.R., , 421 p. (ISBN 2-86847-436-5)
- Alain Clouet, Lucien Arman, un constructeur de navire à Bordeaux au XIXe siècle, autoédition, , 146 p. (lire en ligne)
Liens externes
modifier- Ressources relatives à la vie publique :