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Mésalliance

mariage avec une personne de classe sociale ou de fortune considérée comme inférieure

Une mésalliance est un mariage avec une personne d'une naissance ou d'une condition inférieure[1].

L'Union mal assortie, peinture de Vassili Poukirev dénonçant le mariage arrangé au XIXe siècle, 1862.

Présentation

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Le terme décrit généralement une alliance, un mariage malheureux[2]. Par analogie, se mésallier peut signifier se compromettre en se liant avec des personnes méprisables, en se mettant en contact avec quelque chose d'avilissant[1]. Dans le domaine des arts, la littérature notamment a exploité les conflits émotionnels et sociaux issus de mariages inégaux.

Histoire

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Le mariage arrangé est la norme dans l'Europe féodale, où l'union entre les enfants de deux seigneuries constitue une alliance stratégique destinée à renforcer le pouvoir des familles sur une région, préserver un lignage, transmettre un patrimoine. Dans la noblesse notamment, un mariage avec une personne d'un milieu social inférieur est souvent jugé déshonorant[3].

L'effritement des frontières sociales consécutives aux révolutions industrielles et sociopolitiques amoindrit la notion de mésalliance et voit l'émergence de l'amour romantique comme fondement du mariage, avec des variations selon les contextes culturels.

Magna Carta

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Dans la « Grande Charte » (Magna Carta en latin) de 1215, l'aristocratie anglaise obtient notamment du roi Jean sans Terre l'interdiction de l'aliénation d'un fief (domaine noble) par mésalliance (mariage d'un noble avec un roturier)[4].

Lettres de cachet

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Sous l'Ancien Régime en France, la lettre de cachet à destination d'une prison du roi est le plus souvent prise à la demande, et aux frais des familles (aussi bien des nobles que des roturiers) pour faire emprisonner un de ses membres, soit pour des raisons disciplinaires (dettes de jeux), soit pour le faire échapper à une condamnation criminelle (cas du Marquis de Sade à la demande de sa belle-mère pour éviter la honte d'une condamnation à mort pour viol), soit encore pour éviter la mésalliance d'un fils amoureux[5].

Mariages royaux

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Le mariage secret de Louis XIV avec Madame de Maintenon, veuve du poète Paul Scarron, après le décès de la reine[n 1] est un exemple de mariage morganatique[6], c'est-à-dire une union entre un souverain ou une souveraine, ou un prince ou une princesse d'une maison régnante, et une personne de rang inférieur[7]. Pour respecter la règle d'égalité de naissance et éviter la mésalliance, les promis devaient idéalement appartenir à une famille régnante ou ayant régné. Un mariage morganatique était contracté lorsque ces conditions d'égalité sociales et patrimoniales n'étaient pas remplies[8].

Son successeur Louis XV épouse Marie Leszczynska le 4 septembre 1725. L'annonce du mariage n'est pas très bien accueillie à la cour de France ni à l'étranger où l'on se récrie sur les origines de la famille Leszczyński et sur sa nationalité polonaise. Élisabeth-Charlotte, duchesse de Lorraine et de Bar, sœur du défunt régent, et qui pensait asseoir sa fille aînée sur le trône, écrit ainsi :

« J'avoue que pour le Roi, dont le sang était resté le seul pur en France, il est surprenant que l'on lui fasse faire une pareille mésalliance et épouser une simple demoiselle polonaise, car […] elle n'est pas davantage, et son père n'a été roi que vingt-quatre heures. »

Usage politique

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En France, dans les années 2020, la NUPES est décrite comme une « mésalliance avec Jean-Luc Mélenchon » par des cadres du PS[9]

Œuvres

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Notes et références

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  1. Marie-Thérèse d'Autriche (1638-1683), épouse de Louis XIV et reine de France de 1660 jusqu'à sa mort.
  2. Voir le mariage dans les romans de Jane Austen.

Références

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  1. a et b Larousse du XXe siècle, vol. 6, t. 4, Paris, Larousse, , p. 823
  2. (en) Bryan A. Garner, Garner's Modern English Usage, Oxford University Press, (ISBN 9780197599051)
  3. Gérard Neyrand et France Lebreton, « Sous l’Ancien Régime, les mariages étaient tous arrangés », sur la-croix.com, (consulté le ).
  4. Ch. d’Eszarly, « La Magna Carta et son origine française. », in Comptes rendus des séances, 97e année, no 1, p. 57, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Paris, 1953 DOI 10.3406/crai.1953.10054.
  5. Nicole Castan, Histoire des galères, bagnes et prisons, Toulouse, Privat, 1991, 368 p. (ISBN 978-2-70895-348-2), p. 71.
  6. Éric Deschodt, Louis XIV, Paris, Gallimard, , p86.  
  7. « morganatique », sur Centre national de ressources textuelles et lexicales (CNRTL)
  8. (it) « Matrimonio morganatico - Enciclopedia », sur Treccani, (consulté le ).
  9. « Attaques contre Israël: Anne Hidalgo appelle à "mettre un terme à la mésalliance avec Jean-Luc Mélenchon" », sur bfmtv.com (consulté le ).
  10. « Mirèio », Bibliothèque nationale de France (consulté le ).
  11. « Notice du livret de Mireille », sur Catalogue SUDOC (consulté le ), § "Titre : ... d'après...".

Voir aussi

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