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Mangareva

île principale de l'archipel des Îles Gambier, Polynésie française

Mangareva (en tahitien Ma’areva) est la principale et la plus centrale des îles de l'archipel des îles Gambier. Elle est administrativement divisée en six districts (Rikitea, Kirimiro, Gatavake, Atituiti, Akaputu et Taku). Le village de Rikitea est le chef-lieu de l'île ainsi que de l'archipel des Gambier.

Mangareva
Vue satellite de la NASA.
Vue satellite de la NASA.
Géographie
Pays Drapeau de la France France
Archipel Îles Gambier
Localisation Océan Pacifique
Coordonnées 23° 06′ S, 134° 57′ O
Superficie 15,4 km2
Point culminant Mont Duff (441 m)
Administration
Collectivité d'outre-mer Polynésie française
Démographie
Population 1 384 hab. (2017[1])
Densité 89,87 hab./km2
Gentilé Mangarevien / Mangarevienne
Plus grande ville Rikitea
Autres informations
Fuseau horaire UTC-9
Géolocalisation sur la carte : Polynésie française
(Voir situation sur carte : Polynésie française)
Mangareva
Mangareva
Îles en France

Géographie

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Situation

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Mangareva est situé à 1 590 km au sud-est de Tahiti. L'île mesure 8 km de longueur pour une surface totale de terres émergées de 15,4 km2. Les points culminants de l'île sont le mont Duff à 441 m d'altitude et le mont Mokoto à 423 m.

Démographie

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En 2017, la population totale de Mangareva est de 1 384 personnes[1],[2] principalement réparties dans sept villages : Rikitea (511 habitants), Gatavake, Kirimiro, Taku, Akaputu, Atirikigaro et Atiaoa ; son évolution est la suivante :

1983 1988 1996 2002 2007 2012 2017
1239 1384
Sources ISPF[3] et Gouvernement de la Polynésie française.

Histoire

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L’île de Mangareva a été abordée durant le premier millénaire ap. J.C. par les Polynésiens qui y ont élevé des marae. Cette île commerçait beaucoup avec d'autres, dont en particulier les îles Pitcairn et Henderson. Cependant ces premiers habitants ont surexploité les ressources de l’île, ce qui a eu pour conséquences de distendre les liens avec les autres îles[4].

La première mention de l’île par un Européen est faite par le navigateur anglais James Wilson le  : il y séjourne une semaine[5],[6]. L’île est aussi visitée durant quinze jours à partir du par Frederick William Beechey qui la nomme « Pear Island », puis le par l'explorateur français Jules Dumont d'Urville qui y fait escale durant onze jours[5].

Au XIXe siècle, Mangareva devient un territoire français peuplé alors d’environ 1 500 habitants autochtones vers 1850[7].

Au XXe siècle, en juillet 1966, les Mangareviens sont exposés aux retombées radioactives dues aux essais nucléaires de l’armée française à Moruroa et Fangataufa (lesquels ont pris fin en 1996) : les responsables militaires ont connaissance des doses reçues par l’île et de leurs effets, mais les Mangareviens ne parviennent pas à faire reconnaître leurs maladies comme liées à ces essais et à en obtenir réparation : cette information ne sera rendue publique qu’en 1998 par le journaliste Vincent Jauvert[8].

Environnement et biodiversité

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L'île et son environnement marin abritent une riche biodiversité, même si en partie dégradée par l'exploitation ou la surexploitation de certaines ressources naturelles. Ce patrimoine est encore incomplètement inventorié [9],[10].

Retombées des essais nucléaires

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Cette île et son environnement marin font partie des zones touchées par les retombées des 41 « tirs » aériens effectués de 1966 à 1974 pour les essais nucléaires français réalisés dans le Pacifique sud[11]. Lors de ces tirs, les populations étaient abritées dans des hangars ou des bunkers équipés d'un système de filtration – par charbon de bois activé – de l'iode radioactif et du césium présents dans l'air[12]. Cependant, l'île a été officiellement exposée à des retombées radioactives importantes, en particulier en 1966 et 1971[13]. Ainsi, le , le niveau de radiation aux Gambier était plus de 1 000 fois supérieur à celui relevé, en France métropolitaine, après le passage du nuage de Tchernobyl (et plus de 100 fois supérieur, le , à Tureia)[14] ; la radioactivité de la pluie a dépassé, aux Gambier et à Tureia, « le 26 septembre 1966, respectivement 850 millions de fois et 199 millions de fois le niveau de radioactivité naturelle des précipitations »[14] et le , elle était « 69 000 fois supérieure aux valeurs maximales publiées par la Direction des centres d'expérimentations nucléaires (DIRCEN) pour les eaux de captage des Gambier (essai du 2 juillet 1966) »[14]. À Tureia, le , elle « a été 600 fois supérieure aux valeurs maximales publiées par la DIRCEN pour les eaux de citerne de Tureia (essai du 12 juin 1971) »[14].

Une étude faite par la CRIIRAD s'est basée sur des mesures radiométriques au niveau du sol par scintillomètre DG5, et sur l'analyse d'échantillons solides (béton, remblais, terres spécifiques) ainsi que sur des carottages de sol et ou de sédiment « à la fois sur des sites représentatifs de terrains soumis aux retombées directes et sur des secteurs d’accumulation spécifique »[15] afin de reconstituer la contamination au moment des retombées, et déterminer la contamination résiduelle actuelle. Le seul radionucléide artificiel émetteur gamma encore détecté dans les horizons superficiels est le césium 137 (dans les 3 strates de chaque carottage : Taku (0,7 à 1,8 Bq/kg sec), Taravai (3,1 à 6,8 Bq/kg sec), Rikitea (0,5 à 2,8 Bq/kg sec)[11]. La radioactivité due au césium 137 (à Taravai) est le double d'ailleurs, sans doute en raison de la situation de sous-bois, qui est propice à une interception plus forte et à une meilleure fixation du césium dans les sols[11].

Le tritium radioactif a été absorbé par les plantes et se montrait encore en 2005 nettement plus concentré dans les cernes du bois de cocotier formé après les essais qu'avant et aujourd'hui[16]. Dans le bois de cocotier le taux de césium diminue (décroissance radioactive). À l'inverse, le taux de carbone 14 n'a cessé de croître selon la CRIIRAD, « ceci s’explique probablement par la longue période du carbone 14 (5 730 ans) qui permet des accumulations »[17].

Les eaux de distribution ne présentent pas ou plus d’excès de radioactivité selon les analyses faites en 2005. L'étude conclut que dans les domaines terrestre et de l'eau potable, sur Mangareva (et Tureia et Hao) les analyses d'échantillons abiotiques n'ont pas révélé d’anomalies radiologiques susceptibles en 2005 de mettre en péril la santé publique, mais que des radionucléides ont été accumulés ou bio-accumulés dans certains sols, sédiments, bois ou végétaux ; le rapport recommande des analyses complémentaires (faites avec des moyens plus importants) sur la faune, la flore et les réseaux trophiques terrestres et aquatiques[14].

Économie

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L’économie de l’île de Mangareva est fortement dépendante du tourisme balnéaire, mais aussi culturel avec la cathédrale Saint-Michel construite en pierre de corail et coquillage, ou d’autres ruines laissées par les missionnaires[18]. Par ailleurs, se trouvait sur la pointe nord-est de l’île un bunker, désormais détruit, qui servait dans les années 1960, à l’époque des essais nucléaires, à protéger les militaires lors des tirs nucléaires français. Un autre bunker, près de Rikitea, construit initialement pour protéger la population, servait de lieu d’entreposage pour la commune et fut lui aussi détruit en . Une génératrice à gaz alimente une partie de l’île en électricité.

Grâce à l’aérodrome de Totegegie construit en 1967 et situé sur le motu homonyme, Air Tahiti assure des liaisons régulières depuis l’aéroport international de Tahiti Faa'a situé à 1 652 km. Il accueille, en moyenne, environ 220 vols et 8 000 passagers par an[19].

Culture

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Les mythes et les légendes orales mangaréviennes rapportent que c’est de cet atoll qu’est parti, vers l’est, un groupe de navigateurs à la recherche de terres nouvelles, qui atteignit Rapa Nui (la « grande Rapa ») et aperçut la mythique Hawaiki[20].

L’île est le siège de la cathédrale Saint-Michel de Rikitea.

Notes et références

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  1. a et b Recensement de 2017 – Répartition de la population de la Polynésie française par îles, Institut de la statistique de la Polynésie française (ISPF), consulté le 27 février 2019.
  2. Atlas de Polynésie : Mangareva, Direction des ressources marines du Gouvernement de la Polynésie française, consulté le 27 février 2019.
  3. Population, naissances et décès entre deux recensements (RP), Institut de la statistique de la Polynésie française (ISPF), consulté le 27 février 2019.
  4. Jared Diamond (trad. de l'anglais), Effondrement • Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie, Paris, Gallimard, , 648 p. (ISBN 2-07-077672-7)
  5. a et b Les Atolls des Tuamotu, par Jacques Bonvallot, éditions de l'IRD, France, 1994 (ISBN 9782709911757), p. 275-282.
  6. Tahiti et ses archipels, par Pierre-Yves Toullelan, éditions Karthala, 1991 (ISBN 2-86537-291-X), p. 61.
  7. Notices sur les colonies françaises, Étienne Avalle, éditions Challamel aîné, Paris, 1866, p. 642. Ouvrage disponible sur le site Google Livres.
  8. Épisode Les dégâts nucléaires français en Polynésie de la série Rendez-vous avec X, d'une durée de 38. Diffusé pour la première fois du 13 h 20 au 14 h 0 sur la chaîne France Inter du réseau Radio France. Autres crédits : Patrick Pesnot. Visionner l'épisode en ligne, 25e minute.
  9. Cochereau, P. (1974). Ébauche d’un inventaire faunistique de l’île Mangareva (Archipel des Gambier). Cahiers du Pacifique, éditions IRD, 2(18), 479-532.
  10. Richard, G. (1974). Bionomie des mollusques littoraux des baies envasées de l’île de Mangareva. Cahiers du Pacifique, (18), 605-614.
  11. a b et c Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité ; Rapport no 05-49 V3 Compte rendu de la mission préliminaire de contrôles radiologiques sur l'île de Mangareva et les atolls de Rureia et Hao (Polynésie française), étude faite en 2005 par la CRIIRAD à la demande de la Commission d’Enquête sur les conséquences des essais nucléaires (sur le site de l'IAEA)
  12. Voir photo page 7 et p 47 du rapport déjà cité de la CRIIRAD
  13. Revue Damoclès no 112-114
  14. a b c d et e Voir p. 116 et suivantes du rapport déjà cité de la CRIIRAD (chap 9 : Principales conclusions et recommandations)
  15. carottages faits à la pelle (carré de 10x10 cm) par strates de 10 centimètres « jusqu’à une profondeur de 30 centimètres de manière à étudier en priorité la partie arable du sol » (...) bien qu'« une partie des radionucléides déposés par des retombées vieilles de 30 à 40 ans puisse se trouver à des profondeurs plus importantes » ; source : p. 21/145 du rapport déjà cité de la CRIIRAD
  16. Voir texte et photo page 51 et suivantes du rapport déjà cité de la CRIIRAD.
  17. Voir p. 53 du rapport déjà cité de la CRIIRAD
  18. Nouviale G (1989). Notes sur la vie d'un missionnaire de 1912 à 1945. Bulletin de la Société des Études Océaniennes, 20(246), 28-35. (résumé)
  19. Statistique de l'aérodrome de Totegegie, Union des aéroports français, consulté le 28 février 2019.
  20. Histoire des littératures, tome I, chap. « Littératures océaniennes », par Patrick O'Reilly et Jean Poirier, Encyclopédie de la Pléiade, 1956, p. 1482.

Annexes

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Bibliographie

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  • Asia, N. The NN Miklouho-Maclay's collections from the Museum of Anthropology and Ethnography-MAE and its source-evaluation and attribution problems (as shown on the examples of a drum and a bier to support for a corps from the Mangareva Island) Les collections NN Miklouho-Maclay du Musée d'Anthropologie et d'Ethnographie-MAE et ses problèmes d'évaluation des sources et d'attribution (à partir des exemples d'un tambour et d'une bière destinée à soutenir un corps de l'île de Mangareva) (notice Inist-CNRS).
  • Bescherelle, E. (1895). Florule bryologique de Tahiti et des iles de Nukahiva et Mangareva. publisher not identified.
  • Janeau, V. F. (1908). Essai de grammaire de la langue des îles Gambier, ou Mangaréva. Impr. Zech.
  • Kirch, P. V., & Conte, É. (2009). Combler une lacune dans la préhistoire de la Polynésie orientale: nouvelles données sur l’archipel des Gambier (Mangareva). Le Journal de la Société des Océanistes, (128), 91-116.
  • Laval, H., Desmedt, M., & Buck, P. H. (1938). Mangareva : l'histoire ancienne d'un peuple polynésien. Mémoires ethnographiques conservés aux archives de la Congrégation des sacré-cœur de Picpus. Maison des pères des sacré-cœur.
  • Orliac, C. (2002). Le dieu Rao de Mangareva et le Curcuma longa. Le Journal de la Société des Océanistes, (114-115), 201-207.
  • Rensch, K. H. M. (1991). Tikionario'Arani-Mangareva. Archipelago Press.
  • Tercinier, G., & Dauteloup, J. (1974). Les sols de l'ile de Mangareva (Gambier): Étude pédologique témoin d'une ile haute de la Polynésie Française. Cahiers du Pacifique, 2(18), 341-457.
  • Mangareva: Te fare Manaha: panthéon de Polynésie : exposition, Musée du quai Branly, -
    exposition, Musée de Tahiti et des îles, -. Somogy, 2009.

Articles connexes

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Liens externes

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