Mohamed Ould Cheikh M'Kheitir
Cheick Mohamed MKhaitir, né en 1985 à Nouadhibou[1], est un Mauritanien condamné à mort pour apostasie en , avant que sa peine soit réduite en appel.
Biographie
modifierMohamed Cheikh Ould M'Kheitir est le fils du préfet de la ville de Nouadhibou[2], ingénieur employé d'une société minière[3].
Peine capitale
modifierFaits
modifierDepuis , la mouvance islamiste s'était déployée sur les réseaux sociaux pour faire la chasse aux apostats et à l'athéisme. Cheick Mohamed MKhaitir a été pris dans cette battue le mois suivant et en est devenu le bouc-émissaire. MKhaitir a écrit et publié sur les réseaux sociaux un texte considéré comme blasphématoire à l'encontre du prophète Mahomet. MKhaitir assure que son texte à défendre les droits de l'homme, dont sa famille est issue et qui est victime de discriminations systémiques dans la société mauritanienne[réf. souhaitée]. Il affirme dans ses écrits que les "castes" (les groupes méprisés pour leurs métiers manuels) n'ont pas de fondement religieux. M'Kheitir ne renonce pas pour autant à sa foi, mais l’Association des oulémas (érudits) l'accuse tout de même d'apostasie devant le Tribunal de Nouadhibou, qui accepte l’affaire et ordonne son arrestation[4].
Lorsque le parquet de Nouadhibou prononce le délai de 3 jours pour se repentir avant condamnation à mort, lui se fait expulser par la famille de sa femme et son mariage devient caduc pour crime d'apostasie. Il est renvoyé de son travail et harcelé par ses collègues. Malgré son repenti formulé dans les 3 jours, le juge d'instruction choisit de poursuivre avec la procédure criminelle engagée[4]. Le , il publie sa réaction aux événements le site chezvlane.com. Il rappelle que les écrits pour lesquels il est condamné ne font que insinuer que la violence des forgerons envers le prophète sont le fruit de l'intervention inopinée d'autres castes dans les interprétations des écrits[2].
Arrestation et jugement
modifierIl est arrêté le . Son procès s'ouvre le dans une ambiance extrêmement tendue: depuis son arrestation, des manifestations se sont déroulées pour demander sa mort, les avocats commis d'office se sont désistés et les différents partis politiques du pays ont appelé ouvertement à sa condamnation, y compris le président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz. Le , après un très court procès, M’Kheitir est condamné à mort (champ d'application de l'article 306 code pénal mauritanien)[3]. Cette condamnation est accueillie par des manifestations de joie de la foule rassemblée dans les rues[5].
S'adressant au Conseil des droits de l'homme des Nations unies en tant que représentant de l'Union internationale humaniste et éthique, Kacem El Ghazzali a mis en avant le cas de Mkhaitir[6], auquel l'ambassadeur mauritanien auprès du CDH a répondu que Mkhaitir avait été arrêté pour sa propre sécurité. Le diplomate aurait également insisté sur le fait qu'"il n'y a pas lieu de parler de la peine de mort"[7].
Le , la Cour d'appel change le statut de son crime d'apostasie à mécréance, ce qui redonne un espoir pour ses soutiens[2].
En , le père de Mohamed Cheikh Ould M'Kheitir demande pour son fils l'asile politique en France[8].
Le , la cour d'appel de Nouadhibou ramène sa peine à deux ans de prison et 60 000 ouguiyas d'amende[9]. Alors que M'Kheitir avait déjà passé plus de trois ans en prison, il n'est pas libéré, mais transféré en isolement dans un lieu tenu secret. Cette détention illégale est dénoncée jusqu'à aujourd'hui par plusieurs ONG.
Soutiens
modifierMariem Mint Derwich, journaliste et blogueuse mauritanienne, dénonce sur sa page Facebook la peine capitale à la suite de sa prononciation[10].
Il est aussi soutenu par la militante pour les droits de l'homme Aminetou Mint El-Moctar, immédiatement visée par une fatwa de mort de la part de Yadhih Ould Dahi, chef du courant islamiste radical Ahbab Errassoul (Les amis du Prophète)[11], et l'organisme Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), qui lutte contre l'esclavage.
Me Fatimata Mbaye, présidente de l’Association mauritanienne des droits humains (AMDH), rappelle que cette condamnation pour apostasie est la première prononcée par la justice du pays depuis son indépendance (1960)[12].
Mohamed Cheikh Ould M'Kheitir est également soutenu par L'ACAT, L'Action des chrétiens pour l'abolition de la torture, qui réclame sa libération immédiate[13].
Références
modifier- «En Mauritanie, tu ne blasphémeras point», Le Monde, blog «Le Maghreb dans tous ses États»,
- Abdoulaye Bah, « Un blogueur condamné à mort en Mauritanie pour avoir dénoncé la discrimination contre la caste des forgerons », sur Globalvoices.org, (consulté le )
- «En Mauritanie, un homme condamné à mort pour apostasie», L'Express,
- Mariella Villasante Cervello, « La condamnation à mort de Mohamed Cheikh Ould Mohamed Ould Mkhaitir : un cas de dysfonctionnement de la justice », sur Opinion-international.com, (consulté le )
- « Affaire Apostasie Nouadhibou-Verdict : Peine de mort, la rue a eu raison de cet homme ! », sur Leral.net, (consulté le )
- « IHEU | IHEU laments Human Rights Council member states who imprison “blasphemers” », sur web.archive.org, (consulté le )
- « Mauritanian ambassador at the UN (Right of Reply to my speech) » (consulté le )
- Cheikh Sidya, « Mauritanie: Le père du blogueur condamné à mort demande l'asile en France », sur Le360.ma, (consulté le )
- «Mauritanie: le blogueur accusé de mécréance échappe à la peine de mort», Le Monde, 9 novembre 2017
- « Un blogueur mauritanien condamné à mort pour blasphème », sur Mondafrique.com, (consulté le )
- «Mauritanie : Menaces de morhttps://www.peinedemort.org/document/7884/Mauritanie-condamnation-a-mort-sous-pression-de-l-opinion-estime-une-ONGt à l’encontre de Mme Aminetou Mint El Moctar», FIDH,
- « Mauritanie : la FIDH et l’AMDH condamnent la répression des voix contestataires », sur Fidh.org, (consulté le )
- « Les autorités doivent immédiatement libérer Mohamed Mkhaïtir, blogueur condamné à mort pour apostasie | ACAT France », sur www.acatfrance.fr (consulté le )
Voir aussi
modifierArticles liés
modifierLiens externes
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