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Mouvement du 23 mars

groupe armé actif dans le Nord-Kivu, en rébellion contre le gouvernement congolais (RDC)
(Redirigé depuis Mouvement du 23 Mars)

Le mouvement du , également appelé M23, est un groupe armé, actif dans le Nord-Kivu en république démocratique du Congo, créé le par des officiers des forces armées de la république démocratique du Congo (FARDC), entré en rébellion contre le gouvernement congolais.

Mouvement du 23 Mars
(M23)
Image illustrative de l’article Mouvement du 23 mars

Idéologie
Fondation
Date de formation 6 mai 2012
Actions
Zone d'opération Nord-Kivu
Période d'activité 2012-
Organisation
Chefs principaux Colonel Sultani Makenga ; Jean-Marie Runiga ; Michel Rukunda
Membres 2 500 ()[1]
3 000 ()[2]
Guerre du Kivu

Le Mouvement du 23 mars est composé d'anciens rebelles du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) intégrés dans l'armée congolaise à la suite d'un accord de paix signé le entre le CNDP et Kinshasa[3], qui se sont mutinés en , considérant que le gouvernement congolais ne respectait pas les modalités de l'accord. Le , la rébellion adopte le nom de Mouvement du 23 mars, en référence à l'accord de paix.

En 2012 les rebelles du M23 conquièrent de grandes parties du Nord-Kivu[4], et le , prennent le contrôle de Goma, la capitale régionale. Ce fait de guerre déclenche une forte mobilisation de la communauté internationale visant à éviter un nouvel embrasement de la région[5]. Un accord est trouvé lors d'une médiation regroupant les pays de l'Afrique des Grands Lacs, imposant au M23 de se retirer de Goma, en échange de l'ouverture de négociations avec le pouvoir congolais[5],[6]. Le les rebelles quittent Goma[7], et le , les pourparlers avec le gouvernement de la RDC sont lancés à Kampala, mais les négociations n'avancent pas, les belligérants n'arrivant pas à s'entendre[8].

Il s'ensuit une période d'accalmie, au cours de laquelle aura tout de même lieu une guerre fratricide au sein de la rébellion, après la destitution de Jean-Marie Runiga de la présidence du M23 par Sultani Makenga, qui l'accuse de soutenir le général Bosco Ntaganda, sous mandat d'arrêt de la cour pénale internationale (CPI)[9]. Cette destitution entraine une scission au sein du mouvement, suivi d'affrontements entre les pro Makenga et les pro Ntaganda, qui se soldent par la déroute de la faction fidèle à Ntaganda, qui se réfugie au Rwanda[10], où Bosco Ntaganda se présente à l'ambassade des Etats Unis et demande à être transféré à la CPI[11].

Les affrontements entre les FARDC et le M23 reprennent en mai 2013, et à partir de fin octobre, les forces gouvernementales, soutenue par la Brigade d'Intervention de la mission de l'Organisation des Nations unies pour la stabilisation en république démocratique du Congo (MONUSCO)[12] dotée d'un mandat offensif, délogent le M23 de leurs positions[13]. Défait, le M23 déclare mettre un terme à la rébellion le [12],[14]. Les troupes du M23 sont désarmés et transférés dans des camps en Ouganda[4], et le , un accord de paix est signé à Nairobi, mettant fin officiellement à la rébellion[15].

En novembre 2021, le mouvement du 23 mars qui jusque là était resté discret, redevient actif en république démocratique du Congo[16], et à partir de 2022, intensifie son offensive dans la région du Nord-Kivu, prenant le contrôle de zones stratégiques[4],[16].

Depuis janvier 2024 les combats se sont à nouveau intensifiés et la rébellion du M23 continue sa progression dans les territoires du Rutshuru et de Masisi[17],[18], en mars 2024, selon Richard Moncrieff, directeur de la région des Grands Lacs du groupe de recherche International Crisis Group, le M23 contrôlerai environ la moitié de la province du Nord-Kivu[19],[20]. Malgré l'entrée en vigueur le , d'un accord de cessez-le-feu négocié entre Kinshasa et Kigali, le M23 poursuit sa progression, continuant à prendre le contrôle de localités dans le territoire de Rutshuru, dont Ishasha, une cité frontalière de l’Ouganda.

En , 26 personnes, dont 21 sont en fuite, sont condamnées à la peine de mort par la justice militaire à Kinshasa. Le principal accusé, Corneille Nangaa, coordonnateur de l'Alliance Fleuve Congo (AFC), une coalition de groupes armés et politique incluant le M23, est accusé d'avoir commandité le bombardement d'un camp de déplacés en mai 2024, qui a fait 35 morts. Parmi les prévenus figurent des leaders du M23, dont Sultani Makenga et Bertrand Bisimwa.

Depuis 2012, plusieurs rapports des Nations Unies font états de l'implication du Rwanda, par son soutien au Mouvement du 23 mars. Le rapport de l'ONU publié en , estime entre 3 000 et 4 000 le nombre de soldats rwandais sur le sol congolais, et le groupe d'experts chargé du rapport fait observer que le Rwanda viole la souveraineté de la RDC par l'envoi de troupes dans le Nord-Kivu, et que la prise de commande des opérations du M23 par les troupes rwandaises rend le Rwanda responsable des actes de la rébellion.

Le M23 est accusé de nombreuses violences contre les populations civiles, par des ONG, dont Human Rights Watch, par la cour pénale internationale, et par le gouvernement américain.

Origines

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Région du pays dans lequel le mouvement est localisé.

Début , suite à un accord secret conclu entre Kigali et Kinshasa, et sous l'impulsion du Rwanda, Laurent Nkunda est destitué par Bosco Ntaganda du commandement du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) pour cause de mauvaise gestion. Le 22 janvier, Nkunda est arrêté par ses anciens alliés au Rwanda, et les officiers du CNDP reçoivent l'ordre de Kigali d'intégrer les Forces armées de la république démocratique du Congo (FARDC)[21].

Le un traité de paix est conclu entre le CNDP et le gouvernement de la république démocratique du Congo (RDC). L’accord prévoit la libération des prisonniers, la transformation du CNDP en parti politique, le retour des réfugiés se trouvant dans les pays limitrophes de la RDC, et dont sont issus la grande majorité des rebelles, l’intégration des civils membres du CNDP au sein des institutions gouvernementales ainsi que l’intégration des forces armées du CNDP dans l'armée congolaise[22]. Bosco Ntaganda est appointé commandant adjoint de l'opération Kimia II, et Sultani Makenga nommé commandant adjoint des opérations du Sud-Kivu[21].

Une fois intégrés au FARDC, les ex-officiers du CNDP, créent une administration parallèle dans le Nord-Kivu et abusent de leur position dans l'armée pour contrôler le trafic de minerais[23],[21], ce qui conduit le gouvernement de la RDC à partir de , à vouloir muter les officiers issus du CNDP dans d'autres régions de la RDC afin de briser les chaînes de commandement parallèles[21].

En , en raison de l’incertitude quant à leur sort, d'anciens dirigeants du CNDP intégré à l'armée congolaise, et quelques centaines de soldats, sous l'impulsion de Bosco Ntaganda, qui est sous le coup d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale, et pour lequel des rumeurs d'arrestations circulent, se mutinent[23],[24],[25],[21]. Le , convaincu par Kigali, Sultana Makenga, dont les relations sont tendues avec Ntaganda depuis la destitution de Laurent Nkunda, fait défection des FARDC, et rejoint avec ses officiers Ntaganda et sa rébellion qui sont retranchés dans une zone du Masisi à la frontière rwandaise[21].

Le , les rebelles publient un communiqué, et déclarent former le Mouvement du 23 mars (ou M23), avec pour objectif la mise en œuvre de l'accord du , qui selon eux se trouve dans l'impasse[21]. Ce nouveau groupe politico-militaire, dont les membres sont majoritairement Tutsis[26], et dont le nom fait référence à la date de l'accord du [27], est dirigé par Sultani Makenga[27].

Organisation et dirigeants

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Le , le congrès du M23 nommait président du mouvement Jean-Marie Runiga Lugerero, un ancien du CNDP et originaire du Sud-Kivu. Le colonel Sultani Makenga était nommé chef du haut commandement militaire[28],[29]. Devenu rapidement général de brigade, il est chef d’état-major général de la branche armée du M23, baptisée Armée Révolutionnaire du Congo (ARC)[30] ; il a été placé le par les États-Unis sur leur « liste noire », car tenu pour responsable « d'horreurs à grande échelle » contre les civils[25]. Mais en , des désaccords et des combats ont éclaté au sein du M23 entre les partisans de Sultani Makenga et ceux de Jean-Marie Runiga, après que celui-ci eut été remplacé à la tête du M23 politique par Bertrand Bisimwa, ancien porte parole du M23.

Pour les autorités de Kinshasa et certains observateurs, l'un des organisateurs, sinon le véritable chef du Mouvement serait en fait le général Bosco Ntaganda, surnommé « Terminator », un chef de guerre accusé par la Cour pénale internationale de recrutement d’enfants soldats, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Selon le rapport préliminaire fait par le Groupe d'Experts des Nations unies pour le Congo et remis en au Conseil de sécurité des Nations unies[31], le M23 aurait été créé à partir de la fusion de deux groupes de mutins dirigés respectivement, par le général Ntaganda et le colonel Makenga. Mais le rôle exact du général Ntaganda dans la création et les activités du M23 restent obscures et contestées. Celui-ci dit ne pas être impliqué dans les défections de membres du CNDP[32].

Accusation sur le rôle du Rwanda et de l'Ouganda

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Première rébellion (2012-2013)

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Publié dans sa version définitive le , le rapport du groupe d’experts indépendant sur la république démocratique du Congo, mandaté par le Conseil de sécurité des Nations unies, montre en détail le soutien militaire, financier et politique apporté à la rébellion du M23 par des membres haut placés du gouvernement rwandais, y compris du ministre de la Défense et du chef d’état-major de la Défense du Rwanda[31],[22] :

  • assistance directe à la création du M23 à partir du territoire rwandais ;
  • recrutement effectué par les Forces rwandaises de défense pour le compte du M23 ;
  • appui logistique des Forces rwandaises de défense au M23 ;
  • implication directe de responsables rwandais de haut rang dans la mobilisation de l’appui au M23 ;
  • appui direct fourni au M23 par des unités des Forces rwandaises de défense lors d’opérations en RDC ;
  • soutien au M23 par des officiels rwandais ;
  • soutien du Rwanda à des groupes armés et à des mutineries liées au M23 ;
  • soutien du Rwanda à des personnes visées par les sanctions, notamment le général Bosco Ntaganda.

Le Gouvernement rwandais a catégoriquement nié les allégations selon lesquelles le Rwanda soutiendrait le M23[31].

Le rapport met aussi en exergue le soutien plus discret de l'Ouganda au M23, en lui permettant d'opérer depuis Kampala et de renforcer ses relations extérieures[33],[34].

En 2012, le Rwanda aurait cessé son soutien au M23 à la suite des pressions internationales à son encontre, ce qui pourrait par ailleurs expliquer la défaite militaire du M23 face au FARDC et à la brigade d'intervention de l'ONU en 2013[12].

Nouvelle rébellion (2021-)

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Le , Félix Tshisekedi, accuse le Rwanda de soutenir le M23[35], les accusations du président de la République démocratique du Congo sont confirmées en août, dans un rapport de l'ONU, où le groupe d'expert en charge de sa rédaction indique que la présence des forces armées rwandaise et des interventions militaires ont été constaté en RDC, notamment le , lors de la prise de Bunagana, une ville frontalière de l'Ouganda, par le M23, avec une complaisance passive de l'armée Ougandaise, permettant au M23 de franchir la frontière pour participer à l'assaut sur la cité[36].

En , Le rapport définitif annuel de l'ONU sur la RDC[37], confirme les informations des précédents rapports concernant le soutien de Kigali au M23 depuis sa résurgence en 2021. De nouvelles preuves sur l'implication du Rwanda y sont apportées par le biais d'entretiens, photos ou images aériennes. Selon les experts les Forces rwandaises renforcent le M23 lors de combats dans des zones dont le contrôle est jugé stratégique, et participent à des assauts contre des bastions des forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Selon les sources des experts, l'objectif de Kigali serait « de renforcer le M23 pour sécuriser des sites miniers et décimer le groupe majoritairement hutu FDLR, soutien régulier de l'armée congolaise »[38],[39]. Les experts citent aussi le nom de plusieurs hauts gradés rwandais qui, selon leurs sources, seraient impliqués dans l'organisation d'opérations en RDC, dont le général James Kabarebe, conseiller défense et sécurité du président Paul Kagame au moment de la publication du rapport[38].

En décembre 2023, Félix Tshisekedi réitère les accusations de complicité du Rwanda lors d'un interview accordé aux médias après sa réélection à la Présidence de la RDC[40].

En avril 2024, le nouveau rapport définitif du groupe d’experts[41] affirme que « 3 000 à 4 000 militaires rwandais » combattent activement au côté du M23, mettant en œuvre de l'artillerie lourde, des véhicules blindés avec radar et système de missiles antiaériens, des pick-up et des camions de transport de troupes, modifiant ainsi la dynamique du conflit ; ils ont notamment cloué au sol tous les moyens aériens militaires des FARDC ». Les chercheurs mandatés par le Conseil de sécurité estiment que l’armée rwandaise a « de facto » pris « le contrôle et la direction des opérations du M23 et que son intervention militaire « a été déterminante dans la spectaculaire expansion territoriale réalisée entre janvier et mars 2024 ». Début avril 2024, la zone d’influence du M23 était ainsi la plus vaste jamais enregistrée, représentant une augmentation de 70 % par rapport à novembre 2023. Le M23 encercle désormais la grande ville de Goma. Kigali ne conteste même plus les accusations de Kinshasa d’ingérence et de pillage[42]. Le groupe d'expert fait observer que le Rwanda, par l'envoi de troupes dans le Nord-Kivu, « viole la souveraineté et l’intégrité territoriale de ce pays », et que la prise de commande des opérations du M23 par les troupes rwandaises, rend le Rwanda responsable des actes de la rébellion[43].

Le rapport dénonce aussi l’Ouganda, affirmant que des membres de son service de renseignements ont apporté un « soutien actif » au M23. Leur rapport souligne un « passage régulier de troupes » du M23 et du Rwanda en territoire ougandais. Ce que Kampala dément[42].

Il semble que le motif principal de l'activisme militaire rwandais dans la région soit de permettre une captation des richesses minières régionales, notamment le coltan, mais aussi l’étain, le tungstène, l’or et l’exploitation forestière dans tout le secteur de Mikeno du parc national des Virunga[44],[42].

Le 30 août 2024, La République démocratique du Congo, s'est engagée à poursuivre le Rwanda devant la Cour de justice de l'Afrique de l'Est.[45].

Crimes de guerre

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D’après Human Rights Watch (HRW), les membres du M23 « sont responsables de crimes de guerre commis à grande échelle, y compris des exécutions sommaires, des viols et des recrutements de force ». HRW a porté ces accusations à plusieurs reprises, y compris en 2023[46], tout comme Amnesty International[47], même si ces milices ne sont pas les seules à être accusées de telles exactions[46]. L'O.N.U. les accuse aussi d'avoir commis des crimes contre l'humanité en 2013[48] et un massacre en 2022, ainsi que de recruter des enfants-soldats[49].

Le M23 a été condamné de façon définitive à trois reprises par la Cour pénale internationale (CPI), après des plaintes déposées par le gouvernement de la RDC. En juin 2023, le procureur de la CPI annonce ouvrir un examen préliminaire concernant des crimes présumés de « forces et groupes armés » dans l’est de la RDC, après de nouvelles plaintes de ce gouvernement[26].

Le journal Libération rapporte que des femmes ont, dans un contexte de rumeurs invérifiables, déclaré avoir apporté leur témoignage à un enquêteur de HRW contre "compensations financières" versées aux habitants de la ville de Goma[50].

Chronologie

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2012 - 2013 : Première rébellion

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En juillet 2012, le M23 contrôlait deux villes, Bunagana et Rutshuru[51]. À la suite d'une médiation entamée en août par la Conférence internationale de la région des Grands lacs à Kampala (Ouganda), les deux camps restent plus ou moins sur leurs positions d'août à la mi-octobre, respectant une trêve précaire émaillée d’accrochages entre le M23 d’une part et les forces armées de la république démocratique du Congo (FARDC) [52] ou la MONUSCO d’autre part[53]. Le , la RDC lance un ultimatum de 14 jours au M23 pour désarmer. Les combats reprennent dans le territoire de Rutshuru, au nord de Goma, tenu par le M23.

Prise de Goma

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Le , le M23 attaque les FARDC dans les environs de Kibumba, à une trentaine de kilomètres au nord de Goma, Mboga et Ruhondo[54]. Il s’empare de Kibumba dont les FARDC se retirent malgré l’intervention des hélicoptères d’attaque de la MONUSCO[55],[56],[57],[58], et se positionnait autour de Goma[59]. La position du gouvernement congolais est alors claire : « Il n'y a pas de M23, c'est le Rwanda qui agresse la RDC » déclare son porte-parole Lambert Mende[60]. Le , le M23 affirme qu’il s’agit d’une offensive des FARDC qu’il n’a fait que contenir[61] et exige du gouvernement l’ouverture de négociations. Le même jour, le Secrétaire-général de l’ONU condamne fermement « la reprise des hostilités par le M23 », son avancée vers Goma et « les violations graves des lois internationales humanitaires et des droits de l’homme commis par le M23. Il déplore les conséquences humanitaires dévastatrices des combats[62],[63]. Le Conseil de Sécurité de l’ONU condamne lui aussi les « attaques du groupe rebelle M23 » et exige leur arrêt[64],[65].

Le , les rebelle prennent le contrôle de la ville de Goma[66]. Ce fait de guerre déclenche une forte mobilisation de la communauté internationale visant à éviter un nouvel embrasement de la région[5], alors que le même jour, le Conseil de sécurité adopte à l’unanimité la résolution 2076 (2012) dans laquelle il demande « le retrait immédiat du M-23 de la ville de Goma, de stopper ses avancées et de déposer les armes de manière permanente ». Il exprime son intention d’envisager d’autres sanctions ciblées contre le leadership du M23 et de ses soutiens extérieurs[67], et demande des sanctions contre deux chefs du groupe M23[68]. L’Union européenne demande au M23 « d’arrêter immédiatement l’offensive militaire contre Goma »[69]. Le , la Cour Pénale internationale CPI relance le dossier de l’arrestation de Bosco Ntanganda et Sylvestre Mudacumura[70]. Le même jour, pour ramener la paix dans cette région de l'Est de la RDC, le président de la RDC Joseph Kabila rencontre à Kampala ses homologues rwandais, le président Paul Kagame et ougandais, le président Yoweri Museveni. Les trois présidents font une déclaration commune appelant les combattants du M23 à se retirer de la ville de Goma, conquise la veille[71]: ce que ces derniers refusent, car ils exigent avant tout retrait que le président de la RDC Joseph Kabila accepte de les rencontrer et de dialoguer afin de trouver une issue à cette guerre.

Le , la ville de Sake, à l'ouest de Goma, tombe sous le contrôle du M23[72],[73].

Reddition du mouvement armé

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Le , lors d’un congrès de la rébellion, l'ancien porte-parole Bertrand Bisimwa est nommé président du M23 à la place de Jean-Marie Runiga. Le clan de Runiga contestant cette décision, des combats éclatent ensuite entre les deux factions dans la région de Rugari. Selon Radio Okapi[74], la radio de la Monusco, il y aurait eu 5 morts, ainsi que des blessés civils.

À partir de fin , les forces congolaises, appuyées par une brigade d'intervention de l'ONU, lancent une offensive avec des moyens lourds.

Dans la nuit du au , l'armée congolaise chasse les combattants du M23 des dernières positions qu'ils occupaient dans les montagnes du Nord-Kivu, à la frontière avec le Rwanda et l'Ouganda. Les pertes sont, selon l'armée congolaise, de 292 morts dans les rangs du M23.

Le , le M23 déclare qu'il dépose les armes[75]; deux jours plus tard, environ 1 500 membres du M23 se rendent aux autorités de l'Ouganda. Après l'échec de l'élaboration d'un premier document commun sur un accord début novembre, la RDC et le M23 signent le , à Nairobi, un accord de paix qui confirme la dissolution du M23, définit les modalités de la démobilisation et conditionne à l'abandon de la violence la reconnaissance des droits de ses membres[76].

2021 : Résurgences du mouvement

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À partir du mois de novembre 2021, les combats reprennent entre le M23 et les forces congolaises[77] et s'amplifient à partir de mars 2022.

Depuis le , la ville frontalière de Bunagana et ses environs sont sous contrôle du M23[78]. Première localité majeure à tomber aux mains du groupe armé durant cette nouvelle rébellion[79], elle est désormais considérée comme le quartier général du M23, et ce malgré plusieurs tentatives des FARDC et des forces régionales de la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC) pour reprendre la ville[80].

Le , un accord de cessez-le-feu entre Kinshasa et Kigali est négocié par l'entremise de l'Angola, il doit entrer en vigueur le [81]. Mais ce même , le M23 s'empare d’Ishasha, une localité frontalière de l’Ouganda, sans combat, après la chute de Nyamilima, grosse agglomération voisine, là aussi sans opposition[82].

Le M23 et l'Alliance du fleuve Congo

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Le , quelques jours avant l'élection présidentielle en RDC, Corneille Nangaa, homme politique congolais et président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) de 2015 à 2021 annonce depuis Nairobi au Kenya, la création d’un mouvement politico-militaire, l'Alliance Fleuve Congo (AFC), une coalition de groupes armés, de parti politiques et de mouvements citoyens, incluant le Mouvement du [83],[84]. Le but revendiqué de cette coalition est de « refonder l'État » congolais, la prise de pouvoir par la lutte armée n'étant pas exclue. L'annonce de la fondation de cette coalition engendre une crise diplomatique entre le gouvernement de la RDC et celui du Kenya. les États-Unis critiquent aussi cette annonce, faisant part de leur « profonde préoccupation »[85],[86],[87].

Procès de Corneille Nangaa et des leaders du M23

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Le , à l'issue d'un procès express commencé le , vingt-six personnes sont condamnées à la peine de mort par la justice militaire à Kinshasa pour « crime de guerre », « participation à un mouvement insurrectionnel » ou « trahison ». Lors du procès, seules cinq personnes étaient présente physiquement : Éric Nkuba, Nangaa Baseyane Putters, Safari Bishori Luc, Nkangya Nyamacho alias Microbe et Samafu Makinu Nicaisse[88], les autres étaient jugés par contumace[89]. Le principal accusé, en fuite, Corneille Nangaa, ancien président de la commission électorale nationale (CENI) de la RDC, en tant que chef de l'Alliance Fleuve Congo (AFC) est considéré comme le commanditaire du bombardement d’un camp de déplacés en mai 2024, qui selon les autorités congolaises avait fait 35 morts. Parmi les condamnés en fuite, se trouvent aussi le président du M23, Bertrand Bisimwa, le chef militaire de la rébellion Sultani Makenga, et les porte-parole Willy Ngoma et Lawrence Kanyuka. À la suite du procès le président congolais Félix Tshisekedi accuse l’ancien président de la république démocratique du Congo, Joseph Kabila et son parti, le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) de préparer une insurrection et d’appartenir à l’AFC[90],[89].

Voir aussi

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Notes et références

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Bibliographie

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Annexes

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Liens externes

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Rapports des groupes d'experts mandatés par le conseil de sécurité de l'ONU

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