Simples médecines
Les simples ou simples médecines (simplicis medicinae ou simplicis herbae selon ses appellations latines) était le nom donné au Moyen Âge aux plantes médicinales.
En France, les savoir-faire entourant la connaissance et le ramassage des simples sont reconnus par l'Inventaire du patrimoine culturel immatériel.
Définition
modifierLa médecine médiévale était basée sur les vertus des herbes médicinales : elles servaient à fabriquer les médicaments. Les monastères médiévaux en particulier avaient tous, sinon une pharmacie et infirmerie, au moins un jardin de simples (herbularius) : l'officine de l'apothicaire et le jardin des simples étaient liés. À Milly-la-Forêt, dans une ancienne maladrerie (léproserie) se trouvait la chapelle Saint-Blaise-des-Simples : on les cultivait pour soigner les lépreux.
Elles étaient étudiées depuis des temps immémoriaux (on en trouve la trace dans le Livre de la Sagesse, dans la Bible), et dans Dioscoride, et toute la médecine grecque, puis arabe, pour leurs vertus thérapeutiques.
Les simples constituaient un remède (medicina, dans ce cas, les simples peuvent désigner aussi bien des plantes, animaux ou minéraux[1], néanmoins l'examen des sources disponibles montre que les plantes représentaient au moins 75% de l'effectif des simples référencées[2]) ou une herbe (herba) à base d'une seule plante à la différence des remèdes composés (composita : lochs, électuaires…).
Quelques plantes
modifierLa sauge était d'une renommée proverbiale : son nom vient du latin salvare qui signifie guérir, sauver, on en avait toujours dans son jardin. L'achillée millefeuille était très réputée au Moyen Âge car vulnéraire et cicatrisante : Hildegarde de Bingen recommande son utilisation en compresses ou en poudre dans du vin chaud. Les moines auraient cultivé la rue dont le nom latin ruta signifie « conserver la santé », pour ses propriétés anti-aphrodisiaques. La consoude soignait les blessures de flèches ou d'arquebuse. L'armoise soulageait les pieds fatigués de voyageurs. Le lys soignait les blessures de serpent (Strabo). La molène soignait la malandre des chevaux (une crevasse suintante, à l'odeur nauséabonde, aux plis de leur jarret). Le millepertuis soulageait en cas de brûlures. La guimauve officinale soignait les dents. L'angélique protégeait de la peste. La verveine soignait les pustules. On cultiva aussi plus tard la mélisse, pour fabriquer l'eau de mélisse. La pulmonaire était utilisée pour les poumons. Roses et violettes entraient dans la composition des électuaires, ainsi que la réglisse[3].
Repères chronologiques
modifier- Charlemagne promulgua le capitulaire De Villis qui établissait la liste des 88 plantes, légumes, simples et tinctoriales à cultiver dans les jardins.
- Le plan de l'Abbaye de Saint-Gall représente un herbularius de seize plantes : menthe et menthe-coq, cumin, rue, fenouil, sauge, rose, lis, iris, pouliot, fenugrec, romarin, sarriette, livèche, mongette, barbarée.
- Sainte Hildegarde de Bingen, abbesse bénédictine, fut une grande spécialiste des simples médecines : elle écrivit plusieurs ouvrages décrivant 300 plantes, leurs vertus et leur emploi thérapeutique (Physica).
- Saint Albert le Grand au XIIIe siècle dans le De Vegetabilibus décrivit de nombreuses plantes et énuméra leurs propriétés médicinales.
- Le Livre des simples médecines (Liber de simplici medicina), ouvrage écrit par Matthaeus Platearius[4] au XIIe siècle, est une sorte de dictionnaire de toutes les plantes médicinales médiévales, avec une notice sur leur emploi. Au XVe siècle les herboristes de Paris étaient tenus sous serment d'en posséder un exemplaire. Il ne fut traduit du latin et publié qu'au XXe siècle par le Dr Paul Dorveaux.
Les vertus des simples
modifierLe ramassage des simples aujourd'hui et la structuration de la filière
modifierL'intérêt pour la botanique n'a jamais vraiment disparu. Aujourd'hui encore, des associations et des connaisseurs se retrouvent pour cueillir des plantes sauvages à des fins médicinales ou alimentaires. Cette pratique se perpétue plus rarement dans le cadre familial. Elle témoigne de la relation qu'a l'homme avec son environnement, mais entre aussi dans une démarche de collecte de savoir-faire liés aux plantes et à leur utilisation. C'est cependant une pratique aujourd'hui reniée et qui tend à disparaître. Pour cela, des recherches ont été faites, notamment en Bretagne pour valoriser ces savoir-faire, qui ont mené à l'inscription de la pratique à l'inventaire du patrimoine culturel immatériel en France[5].
Le renouveau de l'herboristerie est aujourd'hui, en 2024, bien d'actualité. Le Syndicats des simples regroupe les producteurs et cueilleurs de Plantes à Parfum Aromatiques et Medicinales, respectant une certaine charte de bonnes pratiques disponible et détaillée sur leur site internet[6].
Notes et références
modifier- Apothicairerie de l'Abbaye de Lérins : inventaire
- « Les simples médecines », sur scalpeletmatula.org, (consulté le )
- Source : le Jardin d'Hérondine, site sur les Plantes médicinales au Moyen Âge : voir liens externes
- « Le livre des simples medecines », sur arlima.net, (consulté le ).
- Fiche d'inventaire « Le ramassage des simples en Bretagne » dans l'inventaire du patrimoine culturel immatériel français sur le site PCI Lab (consultée le 22 juin 2021).
- « Site web "les simples" »
Annexes
modifierArticles connexes
modifier- Jardin de simples
- Herbes médicinales
- Chapelle Saint-Blaise-des-Simples de Milly-la-Forêt
- Liste des plantes potagères recommandées dans le capitulaire De Villis
- Albarello
- Mire
- Pierre Lieutaghi
- Plantes médicinales du Briançonnais
Liens externes
modifierBibliographie
modifier- (la)Liber De Cultura Hortorum, Walahfrid Strabo, IXe siècle.
- Le Livre des simples médecines, Matthaeus Platearius, XIIe siècle.
- Les Remèdes de santé d'Hildegarde de Bingen, Paul Ferris, Marabout.
- Le Livre des subtilités des créatures divines, Physica, sainte Hildegarde de Bingen, XIIe siècle.
- Le Traité des simples, Ibn al-Baytar (Damas, 1245).
- (la) Le Tacuinum sanitatis, XIVe siècle et XVe siècle.
- Les Jardins de simples au Moyen Âge, Caroline Mitre, 2004, 184 pages.
- Plantes et Jardins du Moyen Âge, Michel Cambornac.
- Claude Revol, « Les simples du Mézenc », Les Cahiers du Mézenc, Privas, t. cahier n° 1, (lire en ligne)
- André Crémillieux, « L’herbier de Théophile Chanal », Cahiers de la Haute-Loire, Le Puy-en-Velay, (présentation en ligne) (herbier de 293 espèces, toutes récoltées à Freycenet-la-Tour par Théophile Chanal (1862-1937), instituteur).
- Pierre Ribon, « Vertus et usages des plantes médicinales en Ardèche : dans cahier consacré aux plantes à parfum, aromatiques et médicinales en Ardèche », Cahier de Mémoire d'Ardèche et Temps Présent, no 144,
- Lyonnel Nocéra, « Plantes aromatiques et médicinales au travers des publications du Dr Hugues (1901-1904) : dans cahier consacré aux plantes à parfum, aromatiques et médicinales en Ardèche », Cahier de Mémoire d'Ardèche et Temps Présent, no 144,