gifle
Étymologie
modifier- (1531) Giffle « joue », de giffe (XIIIe siècle), de l'ancien picard, du wallon tchife, du vieux-francique *kifel « joue, mâchoire » (cf. néerlandais kevel « gencive », flamand kavel), apparenté à l'allemand Kiefer « mâchoire », du berbère jief « gifler ».
Nom commun
modifierSingulier | Pluriel |
---|---|
gifle | gifles |
\ʒifl\ |
gifle \ʒifl\ féminin
- (Archaïsme) Joue.
Les vents Eure, Note et Zéphire, s'ébouffent, mais non pas de rire, oui bien à force de souffler, ce qui fait leurs gifles enfler.
— (Paul Scarron, Virg. II)Ses joues [d'un gardien de la Bastille] plissées comme des bourses à jetons, ressemblent aux gifles d’un singe,
— (Mémoires d’un prisonnier de la Bastille réfugié en Hollande, fin du XVIIe siècle, dans le National, 15 décembre 1850)
- (Courant) Coup donné avec la paume ou le dos de la main sur la joue.
Je donnerais beaucoup pour recevoir une gifle ; ma mère est contente quand elle me donne une gifle, — cela l’émoustille, c’est le frétillement du hoche-queue, le plongeon du canard, — elle s’étire et rencontre la joue de son fils ; quelle joie pour une mère de le sentir là à sa portée et de se dire : c’est lui, c’est mon enfant, mon fruit, cette joue est à moi, — clac !
— (Jules Vallès, L’Enfant, G. Charpentier, 1889)Cependant, en attendant Legras et ses Fleurs du pavé, deux chanteuses s’étaient succédé sur l’estrade, l’une grasse, l’autre maigre, l’une distillant des romances niaises, avec des dessous polissons l’autre lançant des refrains canailles, d’une violence de gifles.
— (Émile Zola, Les Trois Villes : Paris, 1897)Version ultraséduisante chez Fuller (Le Port de la drogue) qui utilisa sa nervosité au service d’une sorte de pédagogie amoureuse aussi violente qu’efficace, lorsqu’un homme et une femme construisent une histoire d’amour à coups de gifles (reçues par Jean Peters, la meilleure des teigneuses hollywoodiennes).
— (Les inrockuptibles, no 640 à 648, 2008, page 49)Parpoil lança à Gaspard une telle gifle que le garçon chancela.
— (André Dhôtel, Le Pays où l'on n'arrive jamais, 1955)Le sorcier imposait les mains sur les malades ; les malades donnaient une gifle au sorcier, et ils s’en retournaient guéris. Cela coûtait deux sous.
— (Octave Mirbeau, Rabalan)L’éventualité de la gifle dissuade l'enfant de déchirer les livres de la bibliothèque paternelle, comme l’éventualité de la contravention dissuade l'automobiliste de stationner, dans la zone bleue, au delà de l'heure marquée au cadran.
— (Raymond Aron, Paix et guerre entre les nations, éd. Calmann-Lévy, 1962, page 400)Un adage revenait dans leur bouche : « Il faut qu’un paysan ait toujours une gifle près de la nuque » ; voulant dire qu’on doit constamment le faire vivre dans la crainte, l’épaule basse. Souvent, d’ailleurs, « gifle n’était qu’un raccourci pour dire « fers », « fouet », « corvées »…
— (Amin Maalouf, Le rocher de Tanios, Grasset, 1993, collection Le Livre de Poche, page 21)Pour moi, la seule chose assez évidente c'est qu'il a reçu une belle rafale de gifles, pas longtemps avant de canner, lui dit le médecin.
— (Jacques Barbancey, Mort au con!: Polar humoroïde, Mon Petit Éditeur, 2015)Ma mère découvrit immédiatement mon forfait : je reçus une gifle et, en même temps qu'elle le mot « gifle », qui me parut ressembler à sa réalité. Le mot exprimait parfaitement, avec son f sifflé, cette fente où le vent de toutes les violences parvenait à s'immiscer pour s'abattre sur la joue. Le i, par sa stridence, préfigurait l'aspect cinglant de l'opération. Et le l final, mouillé, comme si la main surgissait de l'océan, transportait de l'écume et portait des ailes. La gifle, comme son avatar lexical, était maritime et aérienne; il y entrait un je ne sais quoi de voltige salée.
— (Yann Moix, Reims, Grasset, « Le livre de poche », 2019, page 24)
- Coup reçu au visage et rappelant une gifle infligée par une personne.
Eux goûtaient simplement cette fraîcheur qui leur redonnait de l'énergie, exposant leurs visages aux gifles de l'eau et du vent.
— (Madeleine Mansiet-Berthaud, Wanda, Presses de la Cité, 2017, page 31)
Synonymes
modifierJoue (1)
Coup (2)
- baffe (France) (Familier)
- beigne (France) (Familier)
- claque (Courant)
- giroflée
- gnon (France)
- mandale (France) (Familier)
- mornifle (Familier)
- prune (France)
- taloche (Familier)
- taquet (Familier)
- tarte (France) (Familier)
- tarte aux doigts (France) (Familier)
- tarte à la phalange (Familier)
- tartine de doigts (Familier)
- tartine de phalanges (Familier)
- torgnole, torgniole (France) (Familier)
- soufflet (Littéraire)
- tourlousine (Familier)
- revivre-Marion (Parler gaga)
Quasi-synonymes
modifierApparentés étymologiques
modifierDérivés
modifierVocabulaire apparenté par le sens
modifier→ voir coup de poing
Traductions
modifierCoup sur la joue (2)
- Allemand : Ohrfeige (de) féminin, Schlag (de) (ins Gesicht) masculin
- Anglais : slap (en) (in the face), punch (en), smack (en)
- Arabe : صفع (ar) ṣiḡaʿ, صَفْعَة (ar)
- Arménien : ապտակ (hy) aptak
- Basque : matelako (eu), ahutzeko (eu)
- Watschn (*) féminin, Fotzn (*) féminin :
- Breton : fasad (br), skouarnad (br), skouarniad (br) féminin
- Bulgare : шамар (bg) šamar
- Catalan : bufetada (ca)
- Chinois : 掴 (zh) (摑) guó
- Chleuh : ⴰⵎⵕⵕⵉⵇ (*)
- Coréen : 따귀 (ko) ttagwi
- Corse : ciaffu (co) masculin, pattone (co), mustaccione (co)
- Créole mauricien : calote (*)
- Croate : pljuska (hr), šamar (hr)
- Danois : lussing (da) commun
- Espagnol : bofetada (es) féminin, (Familier) torta (es) féminin
- Espéranto : vangofrapo (eo)
- Estonien : kämblalöök (et)
- Gallo : avire-mouche (*)
- Grec : χαστούκι (el) khastúki neutre
- Hébreu : כַּפָה (he) kafa féminin
- Hongrois : csatt (hu)
- Ido : vango-frapo (io)
- Indonésien : tamparan (id)
- Italien : schiaffo (it), sberla (it) féminin, ceffone (it) masculin
- Japonais : 非難 (ja) binta
- Kotava : kavalku (*)
- Letton : pļauka (lv)
- Lituanien : antausis (lt)
- Macédonien : шлаканица (mk) shlakanitsa féminin
- Néerlandais : kaakslag (nl) masculin, klap (nl) (in het gezicht)
- Norvégien : dask (no), ørefik (no)
- Occitan : bofa (oc), gautada (oc), gautal (oc), emplastre (oc), gaunhada (oc)
- Polonais : policzek (pl)
- Portugais : bofetada (pt)
- Roumain : palmă (ro)
- Russe : пощечина (ru) pochtchetchina
- Shingazidja : mbeye (*)
- Slovaque : zaucho (sk)
- Tchèque : facka (cs), políček (cs)
- Turc : tokat (tr)
- Ukrainien : ляпанець (uk) liapanets’
- Vietnamien : cái tát (vi)
- Vieux haut allemand : hantslac (*)
- Wallon : berlafe (wa) féminin, tchofe (wa) féminin
Forme de verbe
modifierVoir la conjugaison du verbe gifler | ||
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Indicatif | Présent | je gifle |
il/elle/on gifle | ||
Subjonctif | Présent | que je gifle |
qu’il/elle/on gifle | ||
Impératif | Présent | (2e personne du singulier) gifle |
gifle \ʒifl\
- Première personne du singulier du présent de l’indicatif de gifler.
Lave ta tignasse ou je te gifle ; fais-toi des locks, des tresses, rase-toi le crâne ; donne ta chemise ; cesse d’être ma honte, le soir, quand les voisines viennent, avec leur air de pimbêches, Fatoumata surtout, et qu’elles demandent : et ton frère ? où donc est-il, notre chéri ? où est-il, petit Abou ?
— (Bernard-Marie Koltès, Tabataba, 1986, suivant Roberto Zucco, page 100)
- Troisième personne du singulier du présent de l’indicatif de gifler.
- Première personne du singulier du présent du subjonctif de gifler.
- Troisième personne du singulier du présent du subjonctif de gifler.
- Deuxième personne du singulier de l’impératif de gifler.
Prononciation
modifier- France (Nancy) : écouter « gifle [Prononciation ?] »
Anagrammes
modifier→ Modifier la liste d’anagrammes
Références
modifier- « gifle », dans Émile Littré, Dictionnaire de la langue française, 1872–1877 → consulter cet ouvrage
- Tout ou partie de cet article a été extrait du Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition, 1932-1935 (gifle), mais l’article a pu être modifié depuis.
Nom commun
modifiergifle *\Prononciation ?\ féminin
- Variante de gife.
Références
modifier- Frédéric Godefroy, Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle, édition de F. Vieweg, Paris, 1881–1902 → consulter cet ouvrage