Martial Gueroult Levolution Et La Structure de La Doctrine de La Science Chez Fichte 2
Martial Gueroult Levolution Et La Structure de La Doctrine de La Science Chez Fichte 2
Martial Gueroult Levolution Et La Structure de La Doctrine de La Science Chez Fichte 2
DE L'UNIVERSITt DE STRASBOURG
Ji'ascicale :J J
Martial GUEROULT
Ancien Elhe de t'Ecole Normale SupCrieure .
Maitre de Conferences a l'Univer.sitC de Strasbourg
L 'EVOLUTION ET LA STRUCTURE
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DOCTRINE DE LA SCIENCE
FICHTE
TOME II
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1930
L'tVOLUTION ET LA STRUCTURE
de Ia
DOCTRINE DE LA SCIENCE
CHEZ FICHTE
ToM II
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DEUXIEME PARTIE
CHAPITRE I
A. -
L'in:ftuence de Jacobi
U) J.acobj S. W. III, JaCobi il. Fichte, les 3, 6, 21 mal'3 1799, p. 9--67. Sur les rapports de Fichte et de Jacobi, les circonstances et le'$ dt!tnils de Ja
_polt!mique: cf. :X. Lion, Fichte et son Temps (Paris, 1924), ll. 1, P. tS8~172.
renverse~
VOll
u.. s. f. des Herrn Pr. H. Jacobi und die ihm in derselben gemachten
Beschul~
B. -
L'influence de Schelling
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(14) Lettre de Fichte A Reinhold, 2 juillet 1796, F. L. zl. B., II, p. 217.
(15) Fichte, Ueber den Begriff der W. L., Preface de la seconde Cdition (1798),
I, p. 35.
(16) Lettre de Schelling a Fichte, le 24 mai 1801, F. L.a. B., n, p. 337.
(17) Kant, Kritik der Urteilskraft, 76-77.- Schelling, Vom lch als Prinzip der Philosophl'e (1795), S. W. 1, I, p. 195-204.
(18) Schelling, Briefe iiber Dogmatismus und Criticismus (1795), Lettres 1
et 10, S. W. 1, I, t .. lettre, p. 284 sq.. S. W. 1, I. p. 195-204; to- lettre, p. 336 sq.
(19) Ibid, p. 151-158
(20) Vom Ich .. prCface de la Ire edition, p. 155.
(21) Ibid., priface, p. 157-159. - Briefe iiber Doumatismus und Criticismus..
p. 294,..306.
(22) Vom Ich_., preface, p. 151.
huait Spinoza. Mais le prim at thCorique n,est pas substitue par 13., au
primal pratique, et l'homme ne retombe pas sous Ia sujCtjon de l'autorite exterieure constitnee par nne demonstration logique. Preeisement parce qu'elle revele Ia liberte absolue, Ia speculation en est !'expression directe, elle est elle-meme une activite libre qui exclut le
joug de J'enchatnement logique : c Rien n'est plus insupportable
pour un esprit qui s'est libCre et ne doit qua lui~meme sa philosophic, que le despotisme de cerveaux etroits, incapables de toJerer
d'autres systemes a cOte du leur. Rien n'indigne plus un genie Philosophiqne qne d'entendre dire que, desormais, toute philosophic dolt
rester prisonni~re, dans ies chaines d'un seul systCme. Jamais il ne
se sent plus grand que lorsqu'il aper~oit l'infinite de son Savoir.
Toute la sublimite de sa science consiste dans son inachCvement; des
qu'il croit son systeme acheve, il ne pent plus se supporter Jui-mCme,
car il cesse d'Ctre createur, pour tomber a l'etat d'instrument de
)'renvrc qu'il a creee. 'rant que nons realisons nptre systeme nons
avons de lui une certitude pratique. Des qu'il est achevC, il devient
objet de Savoir et cesse par Ja d'etre objet de liberte > (23). Ainsi, bien
queile soit faite pour realiser et manifester Ia Iiberte, la specula- /
tion n'est pas snbordonnee au pratique : subordination exclut liherte. Une te11e subordination n'existe que Iorsque la speculation est
con~ue comme ]'instrument qui seil a dimontrer Ia liberte, parce
qu'une demonstration, meme si elle a Ia liberte pour objet, n'est
jamais immediatement elle-meme liberte, mais nCcessite; parce que
Ja speculation ainsi entendne, meme si on Ia considCre a l'origine
comme emanant <:tela liberte, en faisant de Ia liberte son objet, I'exclut et s'en distingue d'une fa~on inconcevable. On ne doit done pas
supporter qne le < grand resultat de cette philosophic qui prend
comme principe fondamentall'affirmation que l'essence de l'homme
est absolue liberte, soil rabaisse par le temps present a une soumission A l'autorite d'une vCrite objective (24) . Schelling entend done
dans son sens Ie plus strict Ia formule : la liberte ne se prouve par;,
elle se realise (29).
Cette reaiisation s'opCre a Ia fois dans le vouloir proprement dit
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(2S) Briefe i1ber Dogmati$mUs und Criticismus, p. 305, 306 (note), 307.
(24) Vom Ich.-, p. 157.
(25) c La philosophic est un produit de I'homme libre ... L'homme est ne pearagir et poor specuier. Le premier principe A regard du lecteur est un. postulat :
l'exigeni::e d'une action li!Jre avec laquelle toute philosophic doit commencer..
Le premier postulat de foute philosophic: agir librement sur soi est ausst
necessaire que le premier postulat de Ia geometric: tirer une ligne. De ml!me
que Ie gComftre ne prouve pas Ia ligne, de meme le philosophe ne prouve pas.
Ia 1ibertC ~. (Reponse a une critique (lntelligenz-Rlatt zur Al; Lit. ZeilUltf,.
1796), S. W. I, p. :US).
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sion de creations pensees oil son action est sans cesse prCsente : Ia
speculation est elle-meme nne vie. Vue profonde -qui fonde Ia realite
de Ia speculation dans son infinite, mais qui demeurera toujours
etrangere a Fiehte.
L'assujettissement servile a une discipline speculative rCsultait des
limites imposCes 3. nous-ffiemes par notre finitude, elle durait tant
que Ia speculation n'avait pas surmonte celle-ci. Mais une fois en
possession de I'Absolu veritable, le caractCre faetice, extrinsCque et
provisoire de Ia speculation qui precede et conditionne cette possession apparait; Ia lumiCre de l'Absolu fait alors disparaitre, en meme temps que les denominations extrinseques que nons lui pretions,
les oppositions extCrieures de Ia nCcessitC et de Ia fiberte, ces deux
termes opCrant leur fusion dans la liberte absolue. La W.-L., apres
avoir decouvert Ia vraie nature de l'Absolu et les conditions de sa
connaissance, n'ose pas s'installer dans celui-ci pour se determiner
entierement par lui, en pleine in dependance du reste, et donner conge
3. Ia sCrie des choses finies. La speculation ne peut done y conquCrir
sa liberte. et ii est naturel de ne voir en elle qu'une propCdeutique (27)
de meme que Fichte n'avait vu dans l'Elementar-Philosophie (28), et
Reinhold dans Ia Critique de Ia Raison pure, qu'une propedeutique
a leur philosophie (29).
Ainsi Ia speculation de Schelling, animCe des le dCbut d'un esprit
tres different de Ia speculation fichteenne, dCpend d'une certaine conception de 1'Absolu et rCciproquement cette conception rCsulte de
I'esprit qui anime Ia philosophie. On ne s'Ctonnera done pas de trouver des les premiers Ccrits de Schelling nne conception du premier
prineipe !res differente de eelle de Ia W.-L. La W.-L. voulait detruire
le Spinozisme jusque dans son fondement. Si, dans un de ses tout
premiers ouvrages Du Moi comme principe de Ia philosophie ,
Schelling vent aussi detruire Ie Spinozisme, c'est d'une tout autre
maniere, par les propres principes de celui-ci, et pour retrouver son
fondement supreme qui lui a CcnappC (30). Fichte concevait l'Absolu
a partir du Pour soi, du Moi subjectif, Crige lui-mCme en Absolu ;
dans eette identite du sujet et de !'objet, I'objet etait eompletement
resorbC dans le sujet, Ia forme (Fiir) se donnant a elle-meme, ellememe comme matiere (Was). Schelling le con~oit en partant d'un
examen du concept d'inconditionne, lequel ne pent Ctre nne chose
(27) Lettrc de Schelling it Fichte, 3 oct. 1801, F. L. z.l. B., II, p. 350.
(28) Lettre de Fichte 8. Reinhold, 28 avril 1795, F. L. u. B., p. 209-210.
(29) Reinhold, Beitriige z. B., l, p. 335-336 ; - Ueber das Fundament, p. 129-
181.
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(Ding) puisque toute chose, comme le nom I'indique, est conditionnee (bedingt) par un sujet. Mais cet Absolu ne saurait non plus etre
un sujet proprement dit, parce que celui-ci est uniquement determinable par le Non-Moi.
Sans doute I'Absolu de Fichte s'obtient par I'Climination de ce
sujet determinable, mais alors il ne doit pas plus retenir de traces
de son caractere de sujet, qu'il ne doit en retenir de son caractere
~o~jet; il ~oit etre tout aut~t desubjective )) que << desobjechve ll. Ce nest plus le M!oi qui se pose comme Absolu, c'est ]'Absolu
qui se pose comme Moi, simplement dans Ia mesure oil l'on entend
par Moi, negation de Ia chosCite. Puisque dans cet Absolu s'est evanouie toute trace de .disjonction entre le sujet et !'objet, la liberte
abso!ue s'identifie en lui avec la necessitC absolue. Toutes Ies quaiificahons morales se rCferant a un sujet fini sont pour lui des denominations extrinseqnes, et le Moi infini ne pent etre caracterise
quant a sa causalite absolue que corume puissance absolue. Ce qui
pour le Moi fini pratique est loi morale, est pour lui loi naturelle
c'est-3.-dire donne avec son. etre. Par sa r&alitC absolue, il est audessus d'une simple IdCe; Ctre pur, Cternel objet d'intuition intellectuelle, on pent le decrire exactement comme Ia substance spinoziste (81).
.
SpinoZa a eu le tort d'objectiver sa substance, Fichte n'est pas encore accuse de I'a voir trop subjectivCe , mais Ie reproche est implique rlans le contraste entre cet Etre actueJ, eterncl et en repos au
del a de !'infinite pratique, et I' agilite intelligente , Ia mobilite, qui
caracterisent le premier principe de Ia W.-L. Cette doctrine de I'Absolu contient le germe des doctrines ultCrieures de Ia nature, de
l'identite et de !'indifference du sujet et de !'objet. Si I'Absolu n'est
plus negation de I' objet, mais negation du sujet et de I'objet et contient sons nne forme indifferenciee ce qui se manifeste dans I'un
comrne dans l'autre, l'objet ne doit pas plus etre considCrC comme
nne ~ure _limitation ~u sujet (W.-L.) que le sujet comme une simple
modification de Ia chose (Spinozisme). II y a autant de realite dans
l'un que dans I'autre, mais sous une forme diffCrente, et cette difference s'Cvanouit dans I'Absolu. Mais en meme temps, Ia rCalite de
cet Absolu actuel fournit pour l'Univers, pour Ie Savoir dans sa
totalite, ce substrat solide qui manque a Ia W.-L. Le Tout de notre
Savoir n'aurait aucun soutien s'il n'etait pas tenu par quelque chose
qui se porte par sa propre force (32) ))
Les Lettres sur le Dogmatisme et le Criticisme, en explicitant sans
ambigiiite Ia conception d'un Absolu actue] all-dessus du sujet et
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(33) Briefe Uber Dogmati:smus und Criticismus, lettres 1 et 10, p. 284, sq.;
336 sq.
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memes de part et d'autre. En supprimant le sujet au profit de !'objet, Spinoza semble devoir faire reg~er Ja. passivite absolue, _pourtant
iJ aboutit a une beatitude qu'iJ caractense comme exaltation absolue de l'activitC. C'est qu'il a realise en fait !'intuition intellectuell~
qui, supprimant Ia disjon~tion d~ sujet et d~ I' objet, _unit J'in?i~du
non a I'objet, mais au MOl supeneur a Ia fms au SUJet et a l Objet.
Ainsi nail Ia beatitude (Seligkeit), car en -meme temps que cesse cette
disjonction, s'evanouit !'opposition de Ja raison et de Ia s~nsibili~e,
de Ia vertu qui depend de Ia pure raison, et du bonheur (Giuck-Selz~
keit), qui depend du hasard (Giiick) des choses sens1bles. U.. oil il
y a absolue libertC, il y a absolue beatitude, et rCciproquement. Lorsque, d'autre part, le criticisme postule Ia suppression de l'objet ~u
profit du sujet, il tom be dans Ja mCme (( Schwa.rr:ze~ei >l, car le_ SUJC~
comme tel se supprime en rneme temps que l objet, et Ia liberte
absolue s'identifie 3. Ia nCcessitC absolue. Dogmatisme et criticisme
se rejoignent done dans l'identite absolue, mais le premier va immediatement vers l'identite de l'objet absolu, et mCdiatement vers
l'accord du sujet et de ]'objet; le bonheur est pour lui condition de
la morale. Le second va immediatement. vers l'identite du sujet absoiu et mCdiatement vers l'identite de l'objet avec le sujet; Ia morale est pour lui condition du bonheur. Dans I'Absolu cesse le conllit
des systemes, cesse ]'opposition du dogmatisme et du criticisme; le
dogmatisme s~evanouit 13. oil l'Absolu cesse d'Ctre objet (quand nons
sommes identifies avec lui) et le criticismc s'evanouit Ht oil il cesse
d'etre sujet (quand ii n'est plus oppose a un objet ) (38).
Oir. reside done Ia veritable diffCrence des deux doctrines? (39) EJle
ne reside pas dans Ia fin derniCre qu'elles se proposent respectivement, mais dans Ia {at;on dont elles en cont;oivent Ia. realisation,
c'est-a-dire non dans Ia nature (40) mais dans I'esprit de leur postulat pratique (41). Toutes deux sont d'accord pour rCclamer d'u~ action Ia realisation de l'Absolu qui mettra fin au conflit du sujet et de
!'objet. Mais 'realiser effectivement I'Absolu dans Ia philosophic, soit
comme objet, soil comme sujet, c?est en faire ipso facto, dans les
deux hypotheses, un objet de mon savoir, qui aneantit rna libre causalitC subjective. MCme quand l'Absolu est rCalise comme sujet, par
]a suppression de I'objet, i1 cesse, en devenant objet d'un savoir,
d'Ctre objet de liberte. Un tel achCvement, s'il s'accorde avec les
(38) Ibid., lettres 7, 8, 9. p. 313-331.
(39) DiffCrence qui ne pent Cvidemment l!tre
dans ]es consequences.
(10) Cette nature est thCoriquement diffCrente
identiquc, puisque ce qui est realise est .en
:sujet ni objet) et a des consequences identiques
(41) Ibid., p. 332-333.
.
.
que pratzque et qm s atteste
(Objet et ~ujet), pratiqu~ment
fail idenhque (c'est-A-chre. Di
: une m~me Schwirmere :t.
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que ]e criticisme con,ient au point de vue du moraliste. ct les reproches adressCs au moralisme suffisent a prouver que Schelling ne
Ie prCfere pas a I' art. Bien mieux, il est Cvident que Ie point de vue
de Ia LibertC ahsolue, oil l'on doit se placer pour comprendre et
juger Ie Criticisme et Ie Dogmatisme, requiert, pour l'immutabilite
de I'Absolu, un esprit surtout conforme au dogmatisme.
En mCme temps, Ia pensee, encore enveloppee dans Ie Vom lch,_
d'un Absolu niant egalement Ie Sujet et l'Objet, est ici completement explicitee. La doctrine de Fichte est representee comme n'etant
possible que dans Ia mesure oi1, malgre ses p:retentions a une genese
absolue, elJe reste, en vertu de I' esprit de son postulat, extCrieure a
I'Absolu en Jui-meme, indifference du Sujet et de !'Objet absolus;
dans la mesure oil eiJe sacrifie dCliberement le Savoir absola a l'act:i.on, oil elle reste volontairement inm:hevee. Tandis que Fichte ne
concevait pas d'autre Absolu possible que Ia suhjectivitC, et faisait
de l'IdCe son accident, Sche1Jing estime que cette subjectivite ne pent
jamais se concevoir, en tant que telle, comme Absolu, mais toujours
et uniquement comme IdCe. Enfin Ia condamnation de Ia methode
analytique qui, partant du fait du jugement synthetique a priori, est
incapable d'ahoutir :i l'Unite absolue et doit en rester a un Sollen,
!'affirmation si choquante pour la W.-L. que le point de depart doit
Ctre immediateinent porte au dela de Ia limite et que Ia methode
synthetique doit etre seule employee, sont formuJees des maintenant avec une nettetC que Ies reuvres ulterieures accroitront a peine.
C'est en 1797, dans les Erste und zweite Einleitur.g in die W.-L., que
se dessine Ia premiere reaction de Fichte. S'il est d'accord avec
Schelling pour convenir que deux systemes seulement peuvent ex.ister, ii estime que leur opposition est necessaire parce qu'ils partent
de principes contraires et irreductibles, et qu'ils ne peuvent se dCtruire l'un l'autre parce qu'ils se dCroulent chacun avec nne pleine
rigueur. lis veulent l;un et l'autre expliquer un meme fait, celui de
l'expCrience que constituent deux facteurs indissolublement unis :
Ia chose connue et I'intelligence qui connatt. Le dogmatisme fait
abstraction de I'inteiJigence et considere Ia chose en soi comme Je
premier principe; l'idealisme au contraire place le premier principe
dans l'intelligence en soi. Le premier sacrifie a l'indCpendance de Ia
chose celle du Moi; rCduisant tout ce qui est en nons, y compris nos
decisions volontaires et notre croyance a Ia liberte, a des effets de Ja
chose en soi, il est necessairement fataliste et materialiste. L'idealisme au contraire explique ]'experience en rCduisant Ia chose en soi
a nne simple chimCre. Tout ce que le dogmatisme pretend dCduire de
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Ia chose en soi est sans valeur contre l'idCalisme, ct ii .ne pent rCfu..
ter celui-ci puisqu'il a admis Ia validitC de tout principe capable
d'expliquer l'expCrience et que l'idCalisme possede un tel principe.
RCciproquement, l'idCalisme ne pent refuter le dogmatisme, sinon en
recourant a Ia liberte et a l'indCpendance du Moi, qui sont prCcisCment les postulats que le dogmatisme repousse. La raison absolue de
se decider entre ces deux principes contraires ne pent se tirer de Ia
raison meme, puisqu'ell.e est nCcessairement antCrieure a tout motif
apporte par le d"eveloppement de l'un ou de l'autre, et Fichte affirme
avec Schelling l'inlervention d'un acte de libre determination; mais
cet acte n'a pas Ia meme valeur dans les deux cas. II est toujours
dCterminC par une inclination et un intCrCt. L'intCrCt suprCme, con
dition de tons les autres,'est dans ce qui se rapporte a nons. Le philosophe par exemple a pour interet essentiel de ne pas perdre son
~oi dans Ie raisonnement, mais de le maintenir. Or il y a deux
classes d'hommes. Les uns, ne s'1Hant pas Cleves jusqu'au plein sentiment de leur Iiberte, ne se reconnaissent eux-memes que dans Ia
mesure oi1 leur image leur est renvoyCe par les choses; 1~-ms Ctats et
leurs actions sont done pour eux des effets du monde extCrieur :
ce sont les dogmatiques. Les autres, au contraire, convaiilcus de
J'auto-snffisance de leur moi, l'affirment sans rechercher I'appui
des choses exttrieures, l'Cvitant au contrair~ parce qu'ils convertiraient celle-ci en illusion : ce sont les idealistes. Les premiers croient
aux choses et ensuite a eux-memes. Les seconds croient d'abord a
eux-memes et ensuite aux choses (43).
Contrairement -a ce que croit Sch_elling, le dogmatisme contredit
radicalement l'idCalisme; ii est entierement faux si ce dernier est vrai
et reciproquement : lis n'ont aucun point commun qui leur permettrait de se comprendre mutuellement et de se concilier. S'ils
paraissent d'accord sur les mots d'une proposition, ils l'entendent
dans un autre sens (44) n, Le dogmatisme n'implique pas nne affir..
mation de l'Absolu dans.la philosophic, correlative et egale dans son
genr-e a celle de l'idCalisme, il n'exprime pas a un ~degrC Cminent,
par sa speculation, cette Iiberte absolue qui au dire de Schelling
soutient tous les systl'!mes. n est immCdiatement l'expression d'une
humanite inferieure : Ce qu'on choisit comme philosophic dCpend
de ce qu'on est comme homme, car un systeme philosophique n'est
pas un ustensile mort que I'on puisse deposer ou reprendre a volonte,
c'est quelque chose d'assume par l':ime meme de l'homme qui le possMe (45) " Formule diametralement opposee a celle que proposait
Schelling et qui subordonnait le respect pratique au respect tht!orique. La speculation n'a pas de Iiberte propre, mais exprime seulement, a sa maniCre, Ia Iiberte pratique que le sujet a pu conquerir.
La speculation n'est pas affranchie de l'auto~ite pratique, pas plus
d'ail1eurs que de l'autoritC demonstrative logique qui, tout en se fondant en derniCre instance sur Ia croyance pratique, a dans l'intuition
un principe propre ~evidence. Le dogmatisme en effet n'est pas
theoriquement irrefutable, car il est incapable d'expliquer par son
principe (Ia chose) ce qu'il pretend expliquer, c'est-il-dire Ia representation : ]'intelligence a pour caractCre de retourner sur soi pour
s'a:percevoir elle-meme; Ia chose au contraire n'est pas pour ellememe, elle ne pent done engendrer que la serie du rCel qui corres..
pond a I'etre per~u, non Ia serie de l'idCal qui correspond aussi a Ia
perception de I'etre. Seule i'intelligenc.e, par sa reflexion sur soi.
est capable d'expliquer ala fois I'etre et Ia perception de I'etre.
Le dogmatisme pent rCpCter son prjncipe sans se Iasser, il ne pourra jamais combler l'abime qui separe Ie reprCsentC de Ia representation. Meme au point de vue speculatif, il n'est pas une philosophic.
mais une affirmation vide et l'idealisme subsiste comme, !'unique
philosophic possible (46).
C'est dans une intuition intellectuelle que !'intelligence, principe
de l'idCalisme, s'aper~oit dans son retour sur elle-meme. Cette intuition n'a rien de commun avec I'intuition spinoziste de Ia chose que
la Critique a condamnf.e. Elle est au contraire supposee-par Ia Critique, impliquCe dans la conscience intellectuelle de l'imperatif categorique, dans celle de cet acte de spontaneitC que constitue Ie Je
pense (47). C'est elle qui est designee sons le nom d'aperception
pure. Sans doute Kant ne s'est pas ocCupe de caractCriser ce mode
de conscience, mais cela vient de ce qu'il n'a nulle pa.rt, quoi qu'en
dise Schelling, traite des fondements de toute philosophie (48). Quant
au Moi absolu sai.si par cette intuition, ii n'est pas une realitC existant en dehors du philosophe, mais une abstraction que le phiJosophe
realise seuJement .pour Iui-m:me. Seule exi~te pour le Moi, indCpendamment de toute philosophic, !'Idee du MoL Ainsi est exctue, une
fois de plus, Ia notion d' Absolu actuel et de son intuition telle que
Ia formule Schelling (40).
20
chose en soi, cette doctrine devra etre exclue. Tons Ies textes oil il
est question d'une affection de l'ime par tin objet doivent etre
interprCtes dans !'esprit general de Ia doctrine. Or, l'objet etant ce
que l'entendement ajoute aux phenomenes pour en comprendre la
OiversitC dans une conscience, }'expression << }'objet nous affecte
signifie << quelque chose est seulement pens:, qui nons affecte ll, ou
encore ii est pense comme nons affectant. Ce qui revient a dire que
l'Ame se con~oit comme affectee ou susceptible de l'Ctre (51).
Des cette Cpoque, Ia position antagoniste des deux doctrines apparalt comme bien prise et dCj:i suffisamment prCcisCe de part et d'autre, toutefois le conflit ne se declare ouvertement qu'apres !'apparition de Ia Philosophic de Ia Nature. Mais au fond, toute.la philosophie ulterieure de Schelling n'est que le d<\veloppement des motifs
esquissCs dans les Lettres sur le Dogmalisme et le Criticisme. La
Philosophic de Ia Nature correspond au dogmatisme, ]a Philosophic
transcendantale au criticisme, Ia Philo~ophie de l'Identite, telle
qu'elle rCsulte de 1' Exposition de mon Systeme 1> (1801), a Ia
complete identite dans I' Absolu de !'objet et du sujet, du dogmatisme
et du criticism e.
Puisque Ia philosophic pose comme identiques l'activite rCelle et
(50) Comparaison favorite de Salomon Maimon.
(51) Zweite Einleitung, S. W. I, p, 4-80 sq.
21
interet
(62).
22
de substrata une rCalite de I' objet (sujet-objet), aussi bien qu'3. une
realite du sujet (sujet-objet) independantes l'une. de !'autre. Cette
rCalite de Ia Nature, fondee elle-meme sur un suhstrat adCquat,
permet Ia dCduction- vCritablement gCnCtique de determinations que
Ia W.-L. ne rCussissait a poser que de fatton ex.trinsCque 3. l'Cgard
de Ia Nature, et pas meme comme determinations de Ia Nature, mais
.comme determinations du monde sensible. De telles determinations
dont ]e mode de subsistance en soi demeurait totalement inintelligible, restaient des qualih~s occultes, puisqu'elles n'Ctaient posCes
que par leur relation teteologique avec Je moi pratique (individue])
qui etait seul !'objet de Ia genese_
De Ia meme fac;on les theses sur I'hisfoire de Ia philosophie, con~ue dans les Lettres comme manifestation immediate et independante de I'Absolu dans la sphere de Ia pensee, preparent l'historisme
de l'Idialisme transcendantal de 1800 oil~ paraiiC:Iement a l'aciivite reelle qui sc manifeste dans Ia Nature, et sans entrer avec elle
dans un conflit que rC:soudrait un prod~s infini, se manifeste, dans
I'Histoire, I'activite idCale. Les theses sur la liaison du dogmatisme
et de !'intuition esthCtique prC:parent l'achevement du Savoir absolu
dans ]'intuition artistique. Un Absolu qui n'est ni IntelligenCe, ni
Liberte, ni Sujet, ni Objet, ni les deux a Ia fois, ni dualite, ni conscience, mais identite absolue, est le fondement de l'identite impliquee par ]'action de 1'homme entre !'Clement subjectif et conscient
(Ia Jiberte r.a'f'i;ox~v) et I'C:Jement objectif inconscient (Ia puissance qui predetermine le resultat objectif des actions de l'espCce). Cette identite, ce n'est ni l'acte libre lui-mCme, ni son resultat objectif dans I'Histoire, c'est Ia Nature qui en fournira au Moi
Ia conscience. Carla Nature, produite conformement a un but (ce qui
implique conscience), mais non en vue d'un but (ce qui implique in-
conscience), est bien I'identite originaire du conscient et de l'inconscient qu'enveloppe I'exercice de notre libre activite. Elle rend ainsi
possible a priori, avant Ie dC:ploiement de cette activite consciente,
Ia realisation des fins que ce11e-ci poursuit dans Ie monde extCrieur.
En consequence, l'intuition par Iaquelle Ia Nature appara'i:tra au Moi
conscient comme identite originaire du conscient et de l'inconscient,
realisera dans Ia- conscience !'union des forces c~nscientes et des
forces naturelles~ du reel et de l'ideal, et sera le point cuhninant du
Savoir absolu.
~
Cette intuition qui echappait a Ia sphere de Ia pure activite pra-
tique est celle de !'art et met fin a !'opposition de Ia Nature et de
l'Histoire que Ia rC:flexion avait sCparees (54-). La superiorite du dog-,
matisme que les Lettres laissaient presume~: est ici pleinement confirmee. L'idealisme Iui-meme conduit, dans Ia Philosophic transcendantale, a !'affirmation de Ia these dogmatique de Ia realite de Ia
Nature, qui rend a celle-ci la vie et fonde )'intuition esthetique. PrCcisement parce que l'achCvement du systeme que postule l'activite
artistique contrairement a l'inachevement et au devenir que postule
l'activite pratique du criticisme conduisait a l'intuition d'un Absolu completement dfsubjective, I'Absolu que I'art no us fait saisir est
cette identitC absolue, C:trangCre au pur sujet, i~entique a la Nature
a Iaquelle nons nons unissons par une contemplation oiL le sujet se
pe1d dans /'objet (55). Schelling s'abandonne done compiCtement a
cette Schwii.rmerei commune 'ati dogmatisme et au criticisme acheves, en subordonnant definitivement Ia sphere pr'atique a la sphere
esthCtique. Le resultat de cei abandon est l'Cpanouissemcnt de la
philosophic de l'art a partir de la Philosophie de l'identite. Alors appara:i:t ce nouveau spinozisme que les Lettres faisaient pr6voir. La
prescription d'abandonner toute methode analytique pour realiser
inteuraJement par la methode synthCtique 1'Absolu dans sa pleine
0
independance
est ici completement mise en oouvre. L'Absolu, 1"d entite du sujet-objet, en lui-mCme ni sujet, ni objet, reste identiquc
d'ans toutes ses manifestations ou puissances. Toutes Ies diff6renciations entre ]'objet et le sujet, que cellesci impliquent, sont purement quantitatives et expriment simplement~ :i partir de l'identitC
originaire, des exces ou accroissements inverses d'objectivite et de
subjectivite, qui se compensent et s'annulent rCciproquement dans
Ia syntbese ou indifference des opposes (56)_
23
24
25
La pCriode de polt!mique active bntre Fichte et Schelling commence en 1800, c'est-:l-dire apres !'expose complet de 1a philosophie
de Ia Nature par Schelling. On peut noter chez Fichte deux reactions contraires; d'une part et au debut, une conscience de plus en
de certains passages oil Fichte sffirme que Part rend sensible a tons le point
de vue transcendental, ce qui implique que l'essence propre du xnonde et Ia
plus profonde connnissance de cclui-ci se rCvCient de la fat;on Ia plus Cvidente et Ia plus saisissublc dans l"reuvre artistique con~ue par Ie gCnie (Cf.
Fichte, Ueber Belehrung und ErhOhung des reinen Interesses fiir Wahrheit
Abt. III, m, p. 342-352. -En ce qui concerne Ia Nature, con~ne comrnc un ob~
jectif, en soi subjectif-objectif, ou comme un rCel, en soi idCnl-rCel, _ Ja
Sittelliel1re de 1808 pcrmct d'cn cunccvoir In possibilitC, quand elle disjoint
de !'intuition intellectuclle du Moi, un sujet-objet autre que Ie Moi. La dCdnction de l'impCratif categorique pose en effet un sujet-objet objectif, l'activitC objective tendomt a l'Ah:wlu, qui par rnpport a l'activitC idCale est un
Ctrc subsistant par soi oU agi ct agissant sont unc seule et memc chose. C'est
cc sujet-(!bjet objectif considere comme existant independamment de Ia liberte
(de I'activite idCalc) que Fichte appclle Nature : <:r: Le Moi comme absolu doit
~voir ete dCjb. posC pour pouvoir l!trc snisi dans !'intuition: cctte absoluite
doit constituer un Etrc suhsist:mt par soi, independant de toute intuition. :.
(Sitlenlehre, 1798, IV, p. 32). Bien ente~du, si elle en suggere la pOssibilitC
!a S.-L. n'autorisc par unc rlCsubjectivation de PAbsoiu. Un dCveloppement d~
}p nature ne pent ~trc concu indCpC>ndamment de l'acthit6 idCaie. Mnis on doit
r~tenir, que lorsque Schelling isole par abstraction l'activitC rCelie pour en faire
unc puissance autonomc de dCYeloppement, Fichte affecte d'y voir non un
sujct-objet objectif, mais nn simple ob.iectif, alors qu'il avait pourtant Iuim~mo coni}U comme sujet-objet l'objectif isoM de !'intuition intelligente. La
vrai raison c'est que, dans cet objectif sujet-objet. aucune disjonction n'est
possible pour Fichte entre le sujet ct !'objet, done aucun dCveloppement; tout
sc passe, par consCquent, commc s'il Ctait purement ct simplemcnt objectif.
D'antre part. !'opposition de l'objectif et du subjectif~ du rCel et de !'ideal dans
Je developpement dynamique de l'idCalismc transccndantal est la m~me chez
Fichtc et chez Schelling. Selon ~- von Hartmann (Schelling [Leipzig, 18971.
p 102 sq.; approuve par M. Br6h1~r, Schelling [Paris, 1912], p. 73), une grave
diffCrence sCparerait Fichte et Schelling en ce qui conccrne la qualification des
divcrses nctivitCs commc ohiective ou comme subjective. Schelling admet deux
activitCs originairemcnt idCelles, naissant de l'activitC originaire ou pure
identitC. La premiere est thetique, expan<;ive:, repulsive, productive, rCelle,
objective, limitable, aveugle, sans conscience, nCcessaire; la seconde est antithCtique, contractive, abstractive, receptive, idCelle, subjective, Iimitante, intuitionnnnte, consciente et librc. Pour Fichte, d'apri-s H~rtmann, Ia premiCre
activitC, thCtiquc, expansive, repulsive. etc. scrait l'activitC idCale et subjective; la seconde, antithCtique, contractive, etc.' serait l'activite rCelle et objective. Enfin, ni l'une ni l'autre ne serait consciente, mais sculement nne troisieme activitC : l'activite synthCtique, ou plutat son produit. (Hartmann, Schel1ing, P.. 102-107). Laissons de cate ce dernier point, bien qu'il soit Iui-m~me
discutablc, Ia conscience appartenant essentiellement, pour Fichte comme pour
Schelling, a l'at'tivite rCflCchh:sante. Mais !'opposition attribnee ici aux deux
philosophes parait des plus eontestables, tellement m~me qu'on pent se demander comment nne telle interpretation a pu naitre, Les textes qui semblent
blent en apparence donner raison a Hartmann sont ceux du 5 de }a Grundlage, J, p. 207, 2~8 sq., 267 sq. L~activitC allant it I'infini (centrifuge) est
. choqu6e en un pomt C, ell? re!oumc ens~ite de C en A (activitC centripete)
entrant en confht avec Ia d1rechon A C; F1chtc appclle effectivement I"activite
i'CflCchic C A: activitC objective finie; ii I'oppose a l'activite allant a Pinfin"i
~omme queiquc chose d'Ctranger (Fremdartiges), d'oppose au Moi (entgegenge~
26
general comme une activitC synthCtique suprCme qui dCpasse l'acthitC limitee pose.e dwrs Ia representation, on doit l'appeler idCal, puisque en lui c'est
l'I!!Cment suhjecfif et idCal qui constituc J'Clnn vers l'infini (correlativement
l'action par Jaquel1e l"activitC rCelle contenue dans Ie Streben ira en s'Ctendan-i
est conditionne; p~r. Ia . conscience morale, c'est-a-dire par Ie complet dCvelop~ement de I a~:hv~te tdCale reprCsentante). L'activitC finie centripCte n'est
l!ose~ comme. ob.tec.hve. et ('.~mme q:uelquc chose d'Ctrangcr qu'cn vertu de
I,act~o!l centn~ete l~finte. qm ?onne na1ssance a Pexigence pour le Moi del achvtt~ centri~uge mfime (lb.zd., p. 275-276). Par rapport A cette exigence
est rendue posstble Ia comparaison entre l'activitC centrifuge conforme a J'exigence et I'activilC rCflCchie par le choc de C en A. Cettc derniCre est en vertu
dr rette opposition, objectivCc. comme quelque chose d'Ctranger au Moi done
ca~see. par. le Non-Moi. .Mais ce qui est objective. en l"espece, c'est Ia 'aetermznatzon tdCale de !'obJet. representee dans !'intuition, intuition qui recouvre I: sentim~nt venant de Ia limitation de l'activit~ centrifu~P en C. L'adivitl!
centrtpete flme a sa Source rCelle dans celte limitation en C dans Je sentiment, ou Ia matiere intensive qui constitue Ie contenu ct en 'mCme temos Ie
fondemcnt reel de }'intuition. (lei, Ia premiere dl!tcrmination idCale de Pintuition est immCdiatement synthClisCc avec Ia premiCre determination rCelJe
d_u sentiment; le rdel et l'idCal sont unis; Ja determination idCale est objectJvCe dans le Non-Moi par le Moi intelligent en vertu de J'onposltion avec l'exigence infinie, etc.), ActivitC objective et rCcTle par rapport a l'exittcnce idCale
cette activitC centripete finie est elle-mCme nne dCtcrmination idCale qui s;
d_ist_ingue du -~;nti~~nt maf~riel, c'est-R-dire de I'activitC centrifuge o;iginaire
hm1tCe en. C. L achv1tt! centrifuge est done Ia vraic activitC rCelle objective. Au
~urplus, Ftchte, des le dC~ut, avait assimilC_ cet~e acqvitC centrifuge a Ja force
mterne des rorps, sans vre et sans dme (erne rnnere, durr:h sein blosses Sein
ges<!lzte. Kraft des KOrpcrs, - fiir uns leblos, seelenlos. kein Ich) et posC cxpressCment l'activitC centript:te comm(' fondant Ia conscience et Ia vie (Ibid
p. 273'274).
.
27
Ia W.-L. La W.-L. en effet, s'est jusqu'ici dCroulee 3. l'interieur de Ia conscience, dans Ie cercle du Moi comme
intelligence finie, que determine nne limite originaire trouvee comme
sentiment -materiel. C'est une tout autre question (3. supposer qu'on
ait le droit d'aller au delii du Moi) d'expliquer ces limitations originaires; d'expliquer Ia conscience par )'intelligible comme noumene
(ou Dieu), et les sentiments qui en sont le pOle infCrieur, par Ia
manifestation de !'intelligible dans le monde sensible. II en resulterait deux parties de Ia philosophic qui pourraient se concilier dans
l'idCalisme \ranscendantal. L'intelligence finie comme esprit serait
la puissance infCrieure de l'intelligible comme noumene et Ia puissance supreme de J'intelligible comme Nature. La philosophic de
ScheHing est dans le vrai, si elle considCre le subjectif dans la Nature comme !'intelligible. et comme ne pouvant se dCduire de !'intelligence finie (!j7). Mais I"opposition entre Ia philosophic transcen
dantale et Ia philosophie de Ia Nature lelle que Ia con~oit Schellin!<
semble imp1iquer une confusion entre l'activitC idCale- et l'activitC
reelle. La chose ne s'ajoute pas a Ia conscience, ni Ia conscience a Ia
chose, mais l'une et !'autre sont immediatement unies dans Je Moi
idCal-rCel et reel-ideal. Tout autre est Ia rfalite de la Nature. Dans
la philosophic transcend an tale, elle apparait comme completement
achevCe et comme trouvCe non en vertu de ses propres lois, mai.s en
vertu des lois immanentes a l'intelligence. C'est par une fiction que
Ia science, en faisant abstraction de !'intelligence, peut isoler Ia nature, Ia poser comme Ahsolu, concevoir qu'elle se reconstruit ellememe, tout comme Ia philosophic transcendantale, par une fiction
analogue, apert;oit Ia conscience comme se construisant elJe-mi!me (58),
(57) Fichte an Schelling, oct. 1800, F. L. u. B., II, Jl. 320 sq. - Ces rCflexions
ne peuvent dCja plus s'expiiquer par Ia Grundlage, mais par Ia W.-L. 1801 ;
Ia lihertC formelle, ou reflexion sur l'Etre absolu, constitue le subjeclif de Ia
Nature ; fix~e par l'Etre, elle donne la Nature ; cette rCOexion se saiSit en
un point de concentration d'oll nait le savoir rCel dans un individu .d.CtermioC
(sentiment materiel) : e'est 18. Ia puissance supreme de l'intelligible comme
Nature, mais en meme temps le pms bas degre rlu Moi fini comme tel : le
moment oU. le Savoir rCel s'allume (sich e.ntziindet), done Ia puissance infCrieure de l'intelligence comme noumene, La rCflexion d'oit nail Ia nature est
antCrieure a celle par laqueJle se constitue Ie Moi fini: Je subjectif dans Ia
, Nature ne peut done se dCduire de l'intelligcnce finie dont elle est le RealGrund ; il est l'inte11igib1e, c'est-a-dire libertC formeile. Dans ]a Grundlage,
In Nature n'a point d'autre Nalit6 que ceUe d'une projection du Moi fini, ici
elle a nne rCalite anterieure a celle du Moi fini; Ie chnngement de point
de vue est incontestable; nCanmoins toutes ces determinations ont leur source
dans la reflexion subjective qui est Ie principe du Moi fini; sur ce dernier
point, !'opposition avec Scli'elling reste complete. La W.-L. continue done bien
A CvoJuer dans son propre domaine,
(58) Fichte an Schelling, 15 Nov. 1800, F. L. u. B., II, p. 324-325.
28
II est vrai que, pour SchcHing, l'idE!e d'une addition de la conscience 3. Ia chose et rCciproquement n'est que le point de vue du sens
commun. Au point de vue philosophique leur unite est posee dans
un principe superieur, Ie Moi, fondement commun de l'activitC idCale
et de I'activitC rCelle. L'opposition de la philosophic transcendantale et de Ia philosophic de Ia Nature n'est done pa.s fondee dans
!'opposition de l'activite idCale et de I'activite rCelle, car Ia Nature
c'est le Moi ideal-reel Iui-meme, considCre comme objectif dans sa
production et le Moi de }'intuition intellectuelle ou conscience de
soi n'en est que Ia plus haute puissance (59). La rCalite dans la philosophie transcendantale n'est done pas en soi quelque chose de trouve, suivant les lois immanentes de l'intelligence, car c'est le philosophe seuJ qui trouve suivant les lois; l'objet de Ja philosophic, lui,
n'est ni ce qui est trouve, ni ce qui trouve, mais ce q~ti produit.
Et aprCs avoir fait cette decouverte, le philosophe s'aper~oit que
finalement cette rCalite n'esf. veritablement trouvee que pour la
conscience commune. Si parfaite que soit la W.-L., elle n'Cst done
pas encore Ja philosophie meme. Elle procCde de fa~on logique e.t
n'a r:ien a voir avec Ia rCalitC. Elle constitue Ja science et donne
de ridCaJisme In preuve formclle. La philosophic proprement dite
en donne la preuve matCrieUe.
Elle dt:duit Ja Nature avec toutes ses determinations dans son ob~
jectivitC, indCpendamment non du Moi qui est lui-meme objectif,
mais du Moi subjectif et philosophant, c'est-3.-dire de la W.-L. oU le
sujet-objet se pose dans Ia conscience de soi comm.e identique a luimeme.
Le sujet-objet obj~ctif qui subsiste aprCs cette abstqtction sert de
principe a Ia partie thCorique ou realiste de Ia Philosophic. Le sujetobjet suhjectif, qui n'est qu'une puissance plus haute du premier,
est le principe de Ia partie idCale, appelee jusqu'ici pratique, de Ia
philosophic. Cette dernic.~re partie repose sur Ia partie thCorique.
L'art supprime l'antithCse entre les deux et constitue la troisiC.me
partie du systCme de Philosophic. On pent admettre avec Fichte que
]'abstraction d'oil sort Ia Philosophic de Ia Nature est une fiction, a
condition de faire du rCsidu de l'abstraction, non un simple reel
d"oil rienne pent sortir, rnais un ideal-reel qui est objectif parce qu'il
ne se con~oit pas lui-m:me dans sa propre intuition.
Enfin,la Philosophie de Ia Natnre snppose moins que Ia W.-L. qui
s'occupant toujours du Savoir ne peut arriver a saisir son objet
29
(60)
(61)
(62)
(63)
(64)
(65)
342.
Schellirig a Fichte, 19 nov. 1800, F. L. r.t. B., II, p. 226 sq., 230.
Fichte a Schelling, oct. 1800, Ibid., p. 321.
Fichte it Schelling, 27 dCc. 1800, F. L. u. B., II, p. B32 sq.
ScheJling a Fichte, 15 mars 1801, F. L. u. B., II, p. 334 sq.
Schelling a Fichte, 3 oct. 1801, F. L. d. B., II, p. 851.
Fichte A SchelJing, Ibid., 31 mai et 7 aoftt 1801, F. L. d. B., II, p. Ml-
'c.
30
Grundriss der ersten Logik, gereinigt von den lrrtiimern der bisherigen Logik, besonders der Kantischen (Stuttgart, 1800).
(68) Antwortsschreiben an Herrn Prof. Reinhold, Ficht~ S. W. II, p. 507 sq.
(69) Schelling an Fichtc, 24 mai 1801. z.. L. tl. B., II, p. 335 sq.
31
1801~ S.
w
..
IV.
32
de principes, tout ce qui lui manque, c'est d'etre achevee, et Ia synthCse supreme du monde spirituel constitue cet achCvement. Mais
alors que jusqu'ici cette synthese semblait devoir fournir a Fichtc
tons Ies Clements d'un rapprochement avec Schelling, c'est en elle
maintenant qu'il decouyre les traits par lequels se marque !'opposition dCfinitive des deux systemes.
En effet, bien que Ia synthCse du monde spirituel ait institue le
concept d'un Absolu actuel au-deJa de l'Egoite, le foyer de Ia W.-L.,
sour.ce. vivante de Ia genese, reste toujours la subjectivite. En elle et
par elle ~evient possible Ia distinction du subjectif de I"ohjectif. s~.
bien que c'est poser une question vide de sens que se demander SI
I~ W.-L. envisage le Savoir subjectivement ou objectivement. C'est
d'elle, c'est-3.-dire de Ia Vision (Sehe.n, autre nom pour le Fiir) et non
d~ l'Etre que l'on doit partir, et l'identite de l'Ideal-Grund et du RealGrund n'est que celle de l'intuition et de Ia pensee. Saisissons notre
conscience de fa~on qu'entre deux points une seule ligne soit possible. L'acte par lequel nous nons saisissons et nons penetrons nous':"
memes ici est I'acte d'Cvidence, et constitue un point fondamental
(Grundpunkt). Mais nous supposons en meme temps que cette propoSition vaut de (von) toutes les lignes possibles, et pour (fiir) toutes
Ics intelligences. Dans le premier rapport, nous nous posons comme
determine, comme individu; dans le second, comme fonction d'un
dCterminable, le monde des esprits. La conscience universellc (finie)
est ainsi union absolue de Ia conscience du monde des esprits et
de l'individu. Ce dernier est /deal-Grund et Ia seconde, impenetrable
A}a conscience, est le Real-Grund. Ce qui rend possible Ia dCterminitC
originaire dans Iaquelle nons nons saisissons, c'est un acte de 1a
conscience absolue que nulle conscience reflechie ne pent saisir; cette
determination constitue notre Etre (l'Etre est une vision qui ne pent
se voir elle-m&me). Le fondement reel par lequel nons sommes poses
a l'intCrieur de Ia dCterminabilite, comme tel ou tel quantum, est impenetrable a J'Cvidence (=X). Soit Ia conscience absolue A, la forme
de Ia conscience comme determinable se reprCsente parB a C (71).
-1-
- B (monde spirituel) est fondement reel de C (individu). Le passage reel de B a C ne pent etre connu, il pent &tre decrit seulement
dans sa forme (72). C est fondement ideal de B, car en lui et par lui
nons connaissons I'universalite du rapport et le monde intelligible.
Ainsi I' evidence vaut de tous (von) dans Ia conscience C, et pour tons
(71) B est Ie di:terminable e~ tant que tel, q un individu determine dans
son etre, a l'intCrieur du dCtcrmiDahle, a Ia conscience absolue A comme support
du raPport reciproque entre B et C.
(72) Nons savons seulement que ce passage a lieu (dass), non en quoi il
consiste.
33
ne (75) et le (( Fiir 11 n'est que le (( Von )) pris comme determin?~le ( 76). Le (( Fiir l> est Ie fondement reel du Von 11 : le monde
intelligible est fondement reel du monde sensible; et le (( Von >> est
fonden_ten~ idCal du (( Fiir ,, : l'universet" ne pent etre connu que par
le parhcuher et le monde intelligible par le monde sensible, les deux
sont en rapport rCciproque. Ce rapport arrive a Ia conscience dans
l'action par le concept de fin, oil J'Intelligihle s'affirme dans le Savoir
comme fondement reel, romme le determinant par rapport auquel
Jc concept de chose est le dCtcnninable. C'est dans cette petite region
de la conscience qu'apparait un monde sensible ou une nature (77).
Toute Ia conscience C n'cst done qu'un objet de Ia conscience A mais
elle a nne valeur universelle pour tons parce qu'elle est con'tprise
dans cettc forme originaire A. Cette conscience C, re(,?ue de nouveau
en A, donne un systeme du monde des esprits (Ia conscience B) et un
fondement in~oncevable de ]'union et de Ia disjonction de tous Ies
individus qui est Dieu (78). On pent appeler Dieu: Etre, si l'on en tend
par Etre ce qui est impenetrable au regard rle Ja conscience, mais
cet Etr_e n'est pas ;n Iui-mCme quelque chose de mort, il est agilite,
et Ium1ere pure. 1 elle est Ia synthse supreme de !'intelligible.
La synthCse de Ia conscience A
C en X est le principe de ]a
raison finie.
La W.-L. expose a partir de ce principe Ia consci~nce universelle
du monde des esprits comme telle, elle est elle-m:me cette conscience
universel~e. Chaque indhIdu est une vue. particuliCre de ce systeme
en nn pomt fondamental dCtermin et ce point, pour Ia W.-L. qui
pourt~nt com~e science est connaissance (Durchdringen) de Ia
conscience umversellc, reste impenetrable. Ainsi, loin de partir de
(73) C'est en ef!et le rCsult,at du rapport rCciproque qui fait qu'en tous Ie
meme rapport ex_tste. B est 1 actc du rapport rCciproque par lequel le Savoir
-ou consci~nce. umv~rs~lle se saisit dans Ies individus, s'aper~oit en tous dans
sa determmat!on, s1 bten qu en elle le rapport est pour tous.
(74) Etre deter~inC de _I'individu, point fondamental oil Je Savoir se saisit,
con~u ~om.~e pomt de depart trouve et comme determination permanente du
ten;_~s mdiVIduel. V. plus bas W.-L. 1801, Syntheses B4. C4, D4, E4.
(,o) Le V~n est U_?e dCt~rmination particuliCre et autonome (dans un point)
de Ia consctence (Fur) umve::rsclle.
(76) Ce qui est dans la conscience ind.ividuelle apparaU comme universellement valable et dCcrivant ]a sphCre des possibles.
(77) V. plus bas W.-L. 1801, SynthCse B5, qui est une deduction du point de
v:ne du Dro~t natarel oil 1~ Nature apparatt comme posCe dans ses determinatiOns esscntlciies en fonchon de l'action selon une fin.
(78) V. pins bas1 W.-J.. 18()1, SynthCse Cti.
-~
34
35
Jindividu, Ja \V.-L. ne peut m8me pas y parvenir. Ce n'e.sl point gCuCtiqnement (par spCculation) mais facticement, d~ns I~ vie, qu,e ce
point peut etre connu. Chaque individu est le carre rahonnel dune
racine irrationnelle qui se trouve dans le monde spirituel, et le monde
des esprits est a son tour le carre rationnel d'une racine irrationnelle, Ia Vie ou Dieu, que l'individu ne peut atteindre, ou que 11e
peut atteindre Ia conscience universelle (79).
..
La Nature n'est done rien d'autre que le phCnomCne de Ia lumtere
immanente. Une philosophic de Ia Natute peut bien partir du c?ncept immobile et acheve de Nature, mHis ce concept et cette ph_Ilosophie doivent a leur tour se dCduire du system~ de tout 1~ Savot~ a
partir de l'X absolu, et Ctre dCterminCs par !es lo~s de la ra1s~n fime,
ear un idCalisme ne saurait toterer de rCahsme a c6tC de lu1 (80).
La reponse de Schelling est conforme a I' esprit qui se ma:ti_f~stait
des l'origine dans les Lettres sur le Dogmalisme et le. Crltzczsm_e.
L'intuition que Ia '\V.-L. oppose ala pensee n'est pour lm que Ia ~tf
fCrence quantitative, forme de !'existence de l:Ab~olu dans le pa~b~u
lier; la pensee n'est que !'indifference quanhtahve, form~ d~ I existence de l'Absolu dans le tout. La difference des deux n a heu que
dans un Ctre determine. L' Absolu fonde leur unitC, c'est-U.-dire leur
indifference et est pru consequent identitC de 1' Ideal et du Real-Gruncl
de !'intuition et de la pensee. La_ synthese de~ni~re de ~~chte. n~
ferait done que rejoindre Ie point de vue schelh~~en ~e liden...hte,
en posant Ie fondement reel, inconcevable de. I~ dtsjonch?n des, et~es
particuliers et le fondement idCal de leur umte 3. to us, F1ehte s. Cl~v~
A rEtre Ko:'t'E~ox~" qui est identite de ridCalite et de Ia reahte.
parce qu'il n'est ni l'une ni !'autre. etant au-dessus de tons les
contraires: Etre qui par consequent n'est pas plus mouvement.
agilitC, que repos, mais qui est purement et simplement. ,?r cet~e
synthese, prCcisement parce qu'elle est supreme et pose linconditionnC ne doit pas Ctre Ia derniCre, mais Ia premi~re. De deux chose.s
rune ; ou Ia W.-L. veut en rester a Ia subjectivite pure (le Sehen)
et l'absolue substance ne pent etre pour elle que celle de chaque
moi; ou elle en sort pour atteindre un principe rCel !n~oncevabl~,
et Ie recours a Ia subjectivite ne pent Ctre que proVIsmre ~t d~It
cesser une fois que le vrai principe a Cte saisi. On ne pourra Jamats,
alors, empecher un philosophe de s'emparer de cette synthese der-
9 V Ius bas, p. 465, W.-L. 1801, SynthAse B4. Entre Ia Vie et le Savoir,
leo ~a~oi; ~t l'individu, on trouve le mArne hiatus de l'i~nt et de la total!~e, d.e
!'intuition et de Ia pensCe. La pen see totalise scbemabquem~.nt ~ i quellmtUii
tion ne peut realiser facticement. elle est par rapport a Imtu1t on e carr
ratiunnel de la racine irrationnelle.
(80) Fichte a Schelling, 31 mai et 7 aoil:t 1R01, P 340-348.
36
37
F~ L. ll. B,
II,
39
(86) Hegel, Geschichte der Philosophic~ S. W., XVs p. 690 sq. Comme Fiebte~
et en opposition avec Schelling, Hegel voudra prouver par lc ~ouve~e.nt du
it
'
r
CHAPITRE II
LA W.-L. 1801
i
A. -
on est en eft'et incapable d'expliquer le concept d'Univers et de concevoir ]a possihilite d'un monde. Posons Je Moi absolu tel que nons
]e connaissons d'aprCs son concept, comme une activite absolue retournant sur soi, dans l'indistinction du reflCchissant et du rettechi.
Posons ensuite le Non-Moi, d'apres le processus dCcrit au paragraphe sde Ia Grundlage; l'activitC allant a l'~fini est choquee en un
point C. Comme ce qui est dans Ia partie en general doit se trouver
dans toutes les parties rCelles nons devons poser cette limite simultanCment dans Ia totalite des individus A qui l'activite centrifuge
doit servir de support commun, Ctant en chacun d'eux, avec Ia
limite qu'eHe pousse, Ia tendance objective. Mais il ne pent y avoir
de limite en chacun, sans que celle-ci soit dCterminCe. II n'y a done
de limite er.. C que si tons Ies individus se limitent les uns par rapport aux autres et I'on doit instituer un systCme de limites oil cellesci sont immCdiatement posees par le rapport rCciproque et le rapport
rCciproque par celles-ci. On dir~ alors : I'activitC originaire en tant
qu'elle est en general limitCe se quantifie; le Moi pur, dCs que sa
c dCchCance ,. est posee, se rCpCte en une multiplicite d'Ctres rationnels finis, cette multiplicite est nCcessairement une somme achev~e,
car le rapport rCciproque a pour condition Ia totalitC (categorie decommunaute).
Puisque par hypothese toute realite actuelle n'est posee que par
Il
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LA W.-L.
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l
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I.
a lui, mais
I'Absolu
qm m'est oppose el que je m'efforce Cternellement de concevoir est
. pour Moi, Non-Moi, Objet, En Soi, Non-Etre du Savoir.
La ~o~me .absolue n'est plus obtenue, comme primitivement, par
une dliDinubon, nne. soustraction operee sur I'Absolu, mais elle
semble s'ajouter a 1' Absolu comme une activite oricrinale. C'est 13.
l'origine de In notion de Verbe, telle que Ia dCvelopp:ra Ia troisieme
W.-L. : nne activite reprCsente l'Absolu et tend a rCaliser non I'Absolu lui-meme, mais simplenient son Image. Ce nouveau point de
v~e transcendantal est celui du Savoir absolu, du Moi Un (Ein Jclz,
Ern Erscheinung) qui s'oppose au Moi fini en general, car il exclut
le fini et re;oit le prCdicat d'Absolu. Ce M:oi reposant sur un Elrc qui
~e fixe. est une U~iversalite substantielle, distincte de Ia gCneralitC
Issue par abstraction, Uans Ia partie, de ce qui en fait cette partie.
Ainsi ~n s~ trouve ,en prCsenc~ de deux elements, l'Absolu proprement d1t qui fonde I Etre, -Ia hberte formeJle ou reflexion sur l'Etre.
Ces deux Clements, opposes quant a leur concept, sont unis simplem~nt en. fait (fakt~sch~, c'est-8..-d.ire de fac;;on contingente. De leur
uniOn sort Ie Savmr, I Univers. Mais comment s'assurer que cette
<< genese de I'Univers n'est pas arbitraire? En realite cette position
des Clements n'est qu'unc supposition; c'est moi, le thCoricicn de Ia
Science (Wissenschaftslehrer) qui unit l'Etre et Ia liberte dans un
Savoir, et qui affirme que de ce Savoir provient tout ce que je sais;
mais alors ce Savoir que je projette ne fonde pas rCellement ce que
j'affirme, dans cette disjonction du je ~ individuel et du Savoir,
non seulemcnt le "je l) n'est pas fonde, mais c'est le Savoir, Ie fondement, qui est pose CJ;I fait comme une conclusion, un resultat. La
gene~e ne pent done se realiser dans Ia certitude que si, entre le
Savotr et nons, s'anCantit cette disjonction qui paralyse Ia raison.
C~ n'est plus no~s (Moi fini en general) qui devons poser Ies premisses et construue le Savoir; c'est le Savoir qui do it lui-mCme les
poser et se construire lui-meme interieurement. Nons devons, en
construisant le .Savoir, nons apercevoir nous-mCmes comme identiqu~s avec Ie Savoir substantiel, Savoir qui porte en lui son propre
fondement, Savoir absolu qui se construit lui-mCme comme absolu
et s'C!eve par son proces interne a l'absolue clarte (In-Sich-Gehen des
Wissens).
Ainsi Ia W.-1... reste dans toute son extension un seul et meme
regard indivisible qui, du zero de clarte oil il est seulement Sans se
i::onna1tre, sticcessivement et par degre s'CICve .a Ia clarte absolue
oil ii se _penetre lui-nieme de Ia fa~on. Ia plus intime, pour retrouvcr
en lui le rcpos et l'Etre. Par Iii se confirme encore que I'reuvre de
la w.-L. n'est point nne acquisition et une production de nouveaux
objets de connaissance, mais seul~ment une explication de ce qui
LA W.-L.
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est, de ce que nous sommes de toute eternitC ... (2). Cette auto~cons~
truction du Savoir comme tel s'effectue dans Ia premiere partie de
Ia W.-L. 1801, au cours d'un procCs analytique de dix synthCse!. reparties en deux points de vue ou syntheses fondamentales quintuples. Le sujet s'CICve alors du Savoir rCel au Savoir absolu et Ie
Savoir se saisit dans ses fondements hors du savoir reel. La deuxieme
partie deroule un proces synthCtique de dix syntheses reparties
Cgalement en deux points de vue. Elle opere dans Ia pensCe abstraite
nne deduction du Savoir reel (point de depart de Ia premiere partie) a partir des concepts de ses principes hors du Savoir reel, jusqu'au point de vue de Ia W.-L., par lequel le Savcir absolu se rE:alisant comme tel (dans Ja conscience du philosophe) devient luimeme un Savoir reel.
Proces synthi!tiquc : Ia
Preliminaires.
;;
,.',,
:f
.~
Soit un angle de tant de degres, dont les cOtes ont telle longueur.
Une seule ligne parmi toutes les !ignes possibles pent le fermer en un
triangle. J'aper;ois cette nCcessite immCdiatement et je sais qu'elle
vaut de (Von) tons les angles possibles et pour (Fiir) tous les etres
raisonnables. Ce Savoir immuable qu_i embrasse en soi de fa~on
absolue uti divers infini de representations possibles est intuition.
II s'oppose a Ia perception ou Savoir particulier (dieses Wissen, Wissen des Etwas). Chaque fois que Ie Savoir particulier change d'objet, i1 devient different de lui-meme, mais comme Savoir, il reste
partout semblable a Jui-meme:
C'est cette unite et identite en soi du Savoir sons Ia diversite inlinie des Savoirs particuliers qui constitue le Savoir absolu, objet
de Ia W.-L. La W.-L. est en effet Savoir du SavoiT, et, - puisque Je
Savoir est intuition., -intuition de !'intuition, c'est-3.-dire intuition
intellectuelle. Le Savoir absolu est sans doute sons les Savoirs particuliers, mais il n'est pas pour lui-meme comme tel. II ne le deviendra
que par Ia W.-L. Le Savoir absolu, enfin, n'est pas l'Absolu. L'Absolu n'est ni Savoir, ni Etre, ni Identite on Indifference des deux, il
est ab!iolument et uniquement I'Absolu. Comme dans Ia W.ML. et
44
45
sans doute aussi hors de la W.-L., dans tout Savoir possible, nons ne
pouvons aller plus loin que le Savoir, Ia W.-L. ne pent partir cte
l'Absolu, mais du Savoir. L'Ahsolu n'est dans Ia conscience que Ia
forme du Savoir reel (3).
I. INTUITION. -
w.-L. 1801
.,
I
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aynthetiques Eire (A = a
b) et Liberte (B = b
a) ctaient unis
c facticement n en un Etre donne dans }'intuition. lei I'acte de cette
union. doi~ etre po.$t! ~ans .Ia conscience. Cette union doit s'opCrer par
ce qm umt, par Ia L1berte qui est supposCe a Ia fois comme Clement
e~ comm~ o~i~ine du Savoir, origine d'oll l'on part pour aller au
dtvers. L umte des deux aspects du Savoir a done sa source dans
le 4: Pour soi interne qui caractCrise !'unite de Ia Liberte. Elle est
done parce qu'elle est. C'est 13. sa forme.
Mais pour que cette unite, cette rCflexion puisse avoir lieu, il faut
que les Clements sCparCs soient. Sans doute, des que Ia rCflexion ies
a saisis, ils n'existent en elle que comme unite et ayant leur source
dans cette retlexion meme. Mais l'unitC ainsi produite n'cst pas unite
pure, elle est, de fac;on nCcessaire, unite d'tUiments separes. Le Savoir librement produit est ainsi lie a un Etre prCexistant, oil sont des
elements sCpares, un divers; il n'est done plus absolument libre,
m~is determine (matCriellement) par une ioi ou par un\ etre. On
appelle Pensee. l'unitC absolue du Pour Soi; Intuition, le flottement
dans le divers des sCpares. Le Savoir est Unite de l'unite et des Clements separes, de la Pensee et de !'Intuition. Ce qui en lui depend de
Ia Liberte est Unite, point; ce que la liberte ne fait point, mais ce qui
est, est diversite. L'union des deux donne un point etendu en une
sCparabilitC infinie qui cependant reste point et une sCparabilite
condensee en un point qui cependant reste sCparabilite; bref, Ja
forme vivante et lumineuse pour soi, de l'acte par leqnel nons tirons
une ligne. - Telle est Ia matiere de l'unitC deS deux termes A et B
dans Ia Liberte (8).
La production de Ia ligne est interpretee de deux fac;ons suivant
que I' on aper~oit cette unite du pole A ou du pole B. Du pole B, Li
berh~. Ia production de Ia ligne apparait comme creation absolue :
eclairement (Beleuchtung), c'est Ia serie ideale et subjective. Du pOle
A, Etre, elle apparait comme un simple dCveloppement, une simple
apprehension de ce qui est : Cclaircissement (AufklO.rung), c'est Ia
serie reelle et objective (9).
Par cette Liberte. nons sommes arrives au foyer du Savoir proprement dit, c'est-:\-dire a ce qui le constitue comme tel, comme penetration de soi par soi (Sich Durchdringen). Et par Ia nous eompre
nons tout I' esprit de la construction operee. En vertu de cette autopenetration, le Savoir doit etre tout entier pour lui-mCme; tout ce
qui le constitue comme Savoir absolu, c'est-:\-dire son Absoluite et
son caractere de Savoir, de Pour Soi doit Ctre pour lui-mCme. Sous
i
j
II
I.A W .-L.
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(13) Dans une certaine mesure seulement, ca~ elle. DC; dev1_ent c~mplete~ent
notre objet que lorsque non seulement le ~01 objectif SUJCt-?hJet, ~tus le
Moi subjectif, sujet-objet, sera devenu l'ob]et de notre Sav01r. Cec1 ne se
produira qu'il Ia synthese suivante.
.
(14) Le devenir est l'union de l'Etre et du Non-Etre, - Cf. Platon, Parmemde,
Philbe, etc., Hegel, Encyclopii.die der Wissenschaften im Grundrisse, 88.
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II, p. 33.35.
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II. PENSEE. -
LA W .-!.,
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-~.,...
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a Cte pensee comme Ctant absolument toute Ia Liberte et tout le Savoir. Dans cette pensee, le Savoir s'est embrasse et acheve, comme
Savoir Un et Total. La facticitC (acte particulier) de l"intuition que
Ia synthese B2 posait et supprimait en meme temps, est done ici
dCfi.nitivement supprimCe. Le divers inconditionne est alors ramasse
en un Sa.voir, parce qu'on saisit le caractere indestructible d'Unite
qui subsiste sous tousles actes particuliers du Sa voir, actes qui pour
lc reste sont entre eux infiniment difiCrents. L'intuition (flottement
entre Ia facticite [intuition) et Ia non-facticite [pensee] de B2, ou
Pour Soi du Savoir, est done completement unie ici avec Ia Pensee
qui Ia soutient f!t Ia rend possible puisque par elle seule le Savoir
pent se penser comme se suffisant et reposer dans l'unitC absolue
oU il s'enferme dans son Pour Soi.
Mais il est evident qu'en s'achevant de Ia sorte, Je Savoir s'Cl~ve
au-dessus de !'intuition qui le constitue matCr-iellement pour en decrire I~ sphere par Ia pensCe; que par consequent U aper~oit sa
propre limitation, sa propre fin (Ende), et sort de lui-meme pour
-apercevoir cette fin.
C'est ce qui se manifeste dans Jc sentiment de certitude, forme
absolue du sentiment, qui se pose en meme temps que rauto-substantiaJisation du Savoir. Cette union absolue de l'intuition et de Ia
pensee dans la pensCe est Je Savoir absolu Jui-meme, qui sail de 1ui
tout ce qu'il pent savoir, - est absoluitC, irnmutabiJite, indestructibilite, c'est-3.-dire certitude du Savoir (21).
Synlhese D2 (Liberte).- Synthese des syntheses B2 et C2.- Par
Je sentiment de certitude, Ia Liberte qui rend possible le Savoir (B2)
avail Cte supprimCe comme telle et transformCe dans Je Savoir reel
en nne nCcessite qui nons contraint d'affirmer (C2). La pensCe qui
unissait ainsi la LibertC et la nCcessite doit 3. son tour etre introduite
dans Ie Savoir et se subsumer sons -son Pour Soi. Cette syntbese est
done Ia replique de B2. En C2 on recherchait comment etait possible
dans le Savoir synthCtique Ia conscience de l'acte de Ia LibertC formelle. lei on recherche comment est possible Ia conscience de cette
necessite et de cette necessitC en elle-m~me, independamment de son
transfer!, effcctue par. Ia pensee synthetique, sur Ia Liberte formelle.
Si J'on examine les syntheses B2 et C2, on remarque que l'on y
passe de Ia liberte (possibilite) a Ia necessite (etre) par Ia negation
de ]'intuition ou de Ia liberte. La conscience de la necessite comme
telle est done fondCe dans une comparaison entre Ia Liberte (possi(21) W .-.1801, II, p. 47-61.- On remarque que l"intuition est unle A Ia pen..
see par Ia suppression dMniUve de la c facticite ~. c'e.st-A-dire de !'intuition
de Ia Iiberti:, si bien que Ia pensl!:e apparait dCjA IA comme Non-Intuition,.
:Non-LihertC fondement de l'intuition, bref comme posant Ia fin .do Savofr.
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Lt w .-L.
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dans sa facticitC; car en tant qu'il est absolument IegifCrC, il est IegifCn~ pour l'Cternite, indCpendamment de toute facticitC )), Cette
nCcessitC a done sa source dans ce qui est eternellement, c'est-A-dire
dans Ia pensee.
b) La Liberte se trouve contrainte de recevoir Ia forme de I'Etre
ou de Ia necessitc. La necessite de Ia Liberto provient done de Ia
Pensee (24).
C. Union des deux termes. - L'un et !'autre posent et crCent Ia
Liberte formelle, mais le premier (A) repose dans Ia Liberte, dans
l'indCterrninatiori pure; ii ne descend qu'A l'image vide d'un fait et
reste flottemcnt dans Ie vide d'un point qui peut Ctre fixC (dCterminatiiite), mais en rCaUtC jamais ne l'est (determination). C'est l'essai
d'un fait, sans fait rCeJ. Le deuxiCme (B) est au contraire factice ))
dans sa racine, pensCe contrainte, qui ne seu~ve a I'Absolu que pour
lc nier (Non-Etre).
Or cette contrainte -n'est qu'une fixation dans un Ctat .de Iumibre,
fixation qui rsulte d'une apprehension de soi du Savoir, dans rattention oil se supprime la Liberte formelle. Le Savoir sait immC_diatement cette apprehension de soi, par Ie simple acte absolument
createur de Ia Liberte formelle (dass). lei, Ia lumiere depend de Ia
Liberte,de I'acte ; le Savoir s'intuitionne de fa~on rCaliste et Ja Liberte est fondement rCel du Savoir pour Ie Savoir. - Mais pour que
cette Libert soit mienne, il faut qu'elle soit saisie comme telle dans
le Savoir (dans lalumiere). La Liberte depend ici a son tour de Ia
lumiere, parce qu'on ne pent saisir Ia Libert, en fait creatrice du
Savoir, que dans un Savoir qu'on lui presuppose et oU Ia lumiere
est immanente. Le Savoir ne pent etre Iibre sans Savoir, ni Savoir
sans Ctre libre; acte et etat, fondcment reel et fondement idCaJ. Savoir superieur et Savoir infCrieur doivent done etre unis. Ici nous
flottons d'un terme a !'autre. L'union dethiitive ne sera obtenue que
dans l'Etre pose comme tel de leur union, dans nne synthCse nouvelle dont Ie foyer se trouvera place au fondement suprCme et a
l'origine du Savoir absolu qui vient ici de se dCcrire entierement en
lui, et de concevoir Ia possibilite de se concevoir lui-mf:me, c'est-3.dire Ia possibilite de Ia W.-L. (25).
SyntMse E2 (Etre). - Le Savoir saisit son Etre comme Etre du
Savoir, ou Moi pur, et comme Non-Etre de I'Absolu. LaLiberte posee
dans Ie Savoir en D2 doit etr~ posCe comme telle par le Savoir luimf:me et Jes Syntheses C2 et D2 unies dans nne synthese supCrieure.
La Liberte avail pu Ctre posee dans le Savoir comme contingence~
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180~,
x, y, Z, Einheit.
F
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(27) On remnrquc que lc_ point d'appui de cc Moi pur Sujet-Objet n'cst plus
!'intuition et le sujct comme en 1794, mais 1'Etre et le S'-"'ntiment.
(28) W.-L. 1801, II, p. 60-64. - Le point de vne du pur Moralisme ne consiste
pas dans la reconnaissance lt l'intCrieur du Savoir, du Non-Etre du Savoir
comme RCalite Supr~me devant laquelle s'aneantit le Savoir, seul NonEtre verita~le. Cette demarche est accomplie en effet par Ia synthese E2 et
constitue Je point de vue Je plus Cleve du Savoir comme tel. - Mais precisCment parce que le Savoir cont;oit en se niant Iui-ml!me l"anteriorite de l'Etre
absolu, il cont;oit que cet Etre doit etre pose en lui-m~me independarnment
de la negation du Savoir en lui-m@me, et par consequent independamment de
tout le deroulement du Savoir, ou de Ia W.-L. La W.-.L. se cont;oit aiors
comrne subordonnee a un Etre qu'elle dl1crit: elle est libre formellement, et
.materiellement determinee. Cette opposition est celle Ge Ia philosophic et de la
vie, de Ia speculation et de son objet, de Ia pensCe et de l'intnition. L'objet
dont il s'agit en l'espece, c'est le Savoir reel qui existe originairement et que
la W.-L. se donne ultCrieurement pour mission de dt!crire en le reproduisant
sche~atiqnement par la pensee. (Cf~ plus bas synthese E4). II y a done on
double point de vue dans le rapoort de 1'Etre Absolu et du Non-Eh"e (dn
Savoir) : dans on cas, il s'agit de Dieu et de Ia connaissance de Dieu, e'est-hdire de la relation entre Dieu et le Mende en general, dans !'autre, il s'agit
de Ia relation entre la philosophic et son objet ; dans le premier cas, nons
nc sortons pas de la W. L., dans le second, au contraire, nons nons Clevons
au-dessus d'une simple thCorie du Savoir, bien que eette theorie rende ellem~me possible ce pas hers d'elle. Ces deux points de vne sent done liCs malgrC tout, l'un etant Ia condition de !"autre : c'est parce que nons apercevons par
Ia negation du Savoir dans le Savoir (W.-L.) l'Etre- absolu (Non Savoir) auque! le Savoir se subordonne, que nons concevons le rapport entre la speculation
et son objet (Ia vie on non-sp~cnlation), Dans Ia W .-L. 1804, le point de
vue realiste suprCme sera A son tour complk:ement interiorisC et deviendra l'un.
des moments de Ia dinlectique me me de Ia W .-L.
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Etre en
g~n~ral
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(dass) un Savoir, cela est contingent, mais qu'il soit ensuite Savoir en
repos sur soi, cela est n~cessaire. L'Etre contingent du Savoir est done
oppose a son contenu (So Sein); ii apparait comme Ia contrainte accidentelle d'une pensee libre (qui flo.tte entre le Non-Etre et l'Etre).
Le contenu (So Sein) apparaU comme Ia contrainte d'une pensee
qui n'a jamais ete lihre, qui est deja liCe en elle-meme dans son
origine, et qui doit etre prCsupposee 9. Ia pensCe libre qui allume Ie
Savoir. Ce sont 13. les deux aspects nCcessaires de Ia retlexion. Au
point de vue de Ia r~flexion, c'est-3.-dire de Ia Liberte proprement
dite, le Savoir parait se creer absolument sans rien presupposer. Au
point de Vue de I' objet de Ia r~flexion, il doit au contraire se prCsupposer lui-meme a sa propre creation. Ces deux aspects sont imm~
dhitement unis. L'origine du Savoir doit etrc, pour le Savoir, posC
comme une naissance ; mais ii ne peut etre pose comme une miissance, sans quelque chose qui ne nait pas, bref sans un Etre du
Savoir, ant~rieur au Savoir, qui predetermine sa matii~re et constitue
!'objet de Ia reflexion. Le Savoir ne pent done s'engendrer sans se
possCder dCjB, ni se possCder sans s'engendrer. La reflexion repose
ici visihlement sur un Etre; elle n'est que formellement pensee libre ; materiellement, elle est pensee contrainte (Gebundenes Denken) (29).
On peut done maintenant dCcrire dans ses trois termes Ia synthCse originaire du Savoir absolu.
A. These : determination ahsolue (Pensee absolue, Etre). Le Savoir li~ dans I' Absolu A. s'en arrache avec une Liberte formelle absolue, c'est-3.-dire de fac;on contingente. Comme cette Liberte est pour
soi, elle se sait elle-meme dans cet accomplissemCnt. Elle se pense
done comme recevant de son objet, Ia Pensee absolue, une determination materielle, une n~cessit~. et se pense alors absolument. II y
a par consequent ici deux termes secondaires (Nebenglieder) : a) Ia
Pensee libre par laquelle Ia Liberte con~oit son libre accomplissement; b) Ia Pensee contrainte par laquelle elle devient pour elle ce
qu'elle est. c) Les deux term.es sont unis dans Ia Pensee absolue a
Iaquelle se subordonne la Libert: ; une fois que !'accident Est, il
est necessairement ce qu'il est, c'est-3.-dire accident absolu. Un Savoir de Ia substance n'est possible que par Ia Libert~, que par Ia
conscience prise par celle-ci de Ia contrainte qll'elle rec;oit de Ia
substance, contrainte qui fixe et qui determine ainsi !'accident. Le
centre de ce terme synthetique est Ia determination rfelle et idCale
de Ia Liherte formelle oil notre Savoir de Ia substance s'explique
(29) W.-L. 1801, II, p. 64-68.
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II. -
III. INTUITION. -
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avec l'Etre, elles sont vides. Un tel Savoir ne peut done reposer dans
le Savoir (repos de Ia certitude) et s'effondre. Par JQ s'affirme Ia neeessite de Ia pensee qui seule pent etablir au deJa de !'intuition (du
Savoir proprement dit) Is rapport a I'Etre (34).
Synthese C3 (Etre). - Union de Ia Llberte de Ia quantitabilite
(B3) et de I'Etre de Ia quantitabilite (A3) dans I'Etre : ESPACE, MATlERE, TEMPS. En A3, !'intuition s'etait aper~ue comme fixCe dans
un Etre, mais alors elle cesSait d'Ctre pour elle-mCme; en B3 ellc
s'Ctait aper~ue comme Ctant pour elle-meme et libre, mais alor; elle
devenait vide. AS et B3 doivent Clre unis de telle sorte que ]'intuition s'aper~oive comme Iibre et en meme temps comme fixCe dans
sa plenitude .
A) Premier terme synliu!tique (1" Nebenglied) : Espace (Etre).
Si la quantification s'intuitionne comme fixee en elle-meme elle
doit se quantifier rCellemcnt et se saisir elle-mCme. Elle doit se' presupposer avant I'exercice de cette activite. Correiativement a l'acte
de quantification doit se poser ainsi, immediatement, comme etant
d'une fa~on absolue, Ie pouvoir de quantifier. L'Etre en repos de
cette intuition immobile constitue l'espace. CohCsion, homogCnCite,
etc., expriment sons forme d'une actualilC donnee, cette simple possibilite de quantifier, de diviser a l'infini que suppose l'acte. La solidite interne de l'espace immobile explique qu'il ne s'Cvanouisse pas
en lui-meme comme une nuee et rend compte de ce qui dans toute
construction se produit en elle indCpendammen-t d'elle (35),
. B) Deuxieme terme synthttique (2 6 Nebenglied) : Forme on pensee du Temps (Liberte). - L'iptuition quantifiante ne pent se supposer comm;e etant au repos, si elle ne s'accomplit pas dans sa Li-
berte. ll n'y a done pas d'espace sans cOnstruction de l'espace : Ie
premier est fondement rCel, Ie second fondement ideal, et Ies deux
sont en rapport rCciproqne. La construction est essentiellement celle
de Ia ligne (Linienziehen), qui part d'un point Iibrement choisi dans
I'espace donne, suivant nne direction elle-meme librement choisie.
Le point initial et la succession des points discrets qui constituent
la Iigne sont fondes dans la Liberte, non dans I'espace immobile qui
n'a ni point ni _direction, mais unit~ et homogemHte.
Toutefois la cohesion et l'homogeneite de l'espace solide conditionnent, nne fois choisis le point et Ia direction, Ia determination
nCcessaire de Ia succession des points. La Liberte ne pe_ut done pas
prendre conscience d'elle-mCme dans l'intuition de l'acte par lequel
elle tire Ia ligne, sans apercevoir cet acte comme determine par
..
T.
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(36) W.-L. 1801, F. p. 93-100. - B est un termc dont le foyer est intuition
et Liberte, n~anmoins, on y obtie.nt un ~tre et une pensee dn temps. parce que
Ia LibertC ne peut s'intnitionner e1le-m~me sans se pose~ comme,.det~~fnee,
comme Etre de la Libert~. B. lmplique done deux Nebengl1eder : llnt~1ho~.de
J"acte et la pen:u!e de sa loi, les deux etant ,r~ellement fond~s dans 1 mlmhon
de Ia Liberte, en opposition avec l'Etr~ de 1 espace.
2) Discretion. - La discretion est immCdiatement nee a Ia concretion (et reciproquement); elle est a Ia concretion ce que le repos
est au mouvement. l'Ctre a Ia liberte. elle represente l'arret on le
resultat du concresCieren. Chaque arret ou rCsnltat de Ia construction donne un tout isolC. La succession des arrets donne une succession de moments discrets, grilce auxquels nous obtenons non plus
la simple forme d'un temps vide (pensee du temps), mais la matiere
d'un temps plein (intuition dn temps). De plus il est evident que
chaque tout ou moment discret pent etre divise a son tour en d'an-:
tres tout :so, par consequent entre chaque moment deJa succession
peut Ctre introduite par Ie mCme procCde une infinite d'autres mo-ments; le floltement entre l'arret de Ia division et Ia continuatiOI!:I
de celle-ci est ce qui donne au moment tempore! son Cpaisseur et sa.
solidite.
Avec le temps concret s'achevent Ia construction du Savoir it
sa premiere puissance et Ia synthese du monde materiel. Loraque le Sa\oir se pose comme cc etant '' il se pose comme mSr
LiCre, lorsqu'il se pose commc etant librement . il se pose comme suc
cession dans le temps, comme inteiiigence liez; en soi et en repoS sur
soi. Pas de Iumiere, de savoir hors de Ia matiere, pas de matiere
hors du temps et de la lumiCre. La matiCre dans sa concretion et le
temps dans sa discretion Ctani egalement fonction de Ia Liherte
formelle. on comprend que Ia matiere doive etre necessairement
spirituelle et !'esprit nC:cessairement materiel (37).
Synthese D3 (Libert:). - L'Etre du Savoir enferme en lui-mC..
me s'intuitionne lihremcnt en un point de concentration individuel
(37) W.-L. 1801, II, p. !J!J-106. - On rctruuve ici deux <i: Nebe.ngliecler :to qui
correspondent dans un plan plus Cleve et different (celui de l'Ctre) aux deux
NebeJzglieder de B. Ln concretion He ln. malii~re reprCsentc, a l'interieur de
cctte synthCse, l'Etre, la discrCtion reprCscnle la Liberte. Mais si pour les
caraetCriser. on se place non plus au foyer de Ia synthCse, mais successivement dans ebacun des Nebenglierler, on leur attribuera tour it tour un aspect
conlraire. Par rapport au Nebenglied N<> l, Etre de Ia matiCrc, - Ia concretion
comme possibiJitC infinic de eonstruire, fixCe comme tellc reprCsente Ia Libertt!, tandis que Ia discretion qui suppose l'achCvement ou !'arret de la construction represente l'Etre. Par rapport au Nebenglied n" 2, acte de libre
construction de l'espace selon le temps - Ia matiCre dans sa ('.OncrCtion eXprime
PEtre parce que le monvement possible y est reprCsente comme determine par
l"Etre et reposant sur lui; Ia discretion, au contraire, sc represente comme Liber~
t{ parce qu'en elle l'Elre apparaU comme le resultat, le prodnit du mouvement,
lequel mouvement sc pose comme fondC en lui-mC-me ou dans Ia Liberti!. Ainsi
l"on s'explique quen B (terme dont le foyer est intuition, LibertC) on ail nne
pensee et un 4!tre dn temps (forme!) parce que !'intuition de la LibertC reveJait sa determination par l'Etre, landis qu'en C (termc dont le foyer est Etre
et PensCe) on ait nne intuition du temps (Iiberte du temps) parce que la pcnsCc
de l'Etre de Ia matiere a rCvCJe la a.~termination de l'Etre par Ia Liberte : temps
plein, creation de moments rliscrcts.
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1801
67
sa substance commc Etre, de l'Et.re absolu, tundis que Ia determination spCciale de son Ctre rCsulte du rapport rCciproqne de sa
Liberte avec le To~t. Le caractere de l'Ctre reel est done Ic suivant :
un rapport. de la Liberte aYec Ia LibertC selon nne Ioi.
Par ce nouvel acte de rCflexion se produit done un rapport rCd
proque entre l'Etrc et ]a Liberte. Dans le Savoir comme monde maMriel, Ia determination reciproque de Ia Liberto et de I'Etre donnait
nne loi imposCe a la quantification. De 13. dCrivaient les formes fondamentales de tout le factice ::- dans lc Savoir (espace, temps, matiere). En se saisissant nne seconde fois de fa~on <! factic.e , le Savoir n'est plus seulement quantification. mais limitation de cette
quantification. L'Etre fait sentir sa contrainte non plus seulement
par une loi de quantification, mais par Ia fixation de l'individu en
nne limitation determinee a rintCrieur des formes fondamentalcs
deduites precedemment. I.. a determination de cette limite, de mCme
que l'ex.istence de la loi imposee naguere a Ia quantification, depend de Ia Liberte. Si bien que toute loi (de l'Univers on de J'individu sons tous ses aspects et dans toutes ses puissances), dCpend de
la Liberto (41).
Pour examiner le Savoir reel, il suffira de considerer un de ces
points de concentration conunc representant tous les points possibles. En lui se concentre le temps de tons les individus et tons les
individus en un instant. II est l'univers deJa Liberte en un seul point
et en tous les points (42).
B) Deuxieme terme synthetique (Etre) (43). - Conscience de I'in
dividu particulier comme sentiment. - Dims le terme prCct!dent,
le Savoir .se saisissait dans un point quelconque de rf!flexion et se
Jimitait ainsi. Par l:i Ctait dCduite en general une determination alu
Savoir : l'individu on le point en general.
Mais ce qui constitue en chaque individu sa determination particuliere restait inconcevable (44). Bien mieux les points individuels
repetables a l'infini de fa~on identique semblaient identiques. Puisqu'i1s apercevaient de ]a meme fa~on ]e meme univers, qu'ils etaient
tous compris dans la meme quantitabilite, aucun fondement de difrerenciation ne semblait subsister entre eux. A cette deduction simplenient forme11e et schematique de Ia determination du Savoir dans
LA W.-L.
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1801
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meme dans chaque point oil il se saisit reellement et qu'il est lie a
son intuition comme a Ia sienne. II recevait ainsi Ie caractere de r~a
lite empirique (49). lei Ia Liber!e opere Ia synthese de !'intuition A
ct de lapensCe B (sentiment). L'intuition ell le Savoir se saisit originairement est quantification ; exterieurement, construction (Li~
nienziehen); intCrieurement, mati~re penCtrCe de vie, se realisant
dans le temps. En s'ullissant a celle-ci, le sentiment, comme immCdiat pour soi du Savoir qui se saisit dans un point ou commencement, devient point initial du construire :so, c'est-a-dire force absolue, interne, immanente.
La force est en effet Ia Liberte du construire :~~, trouvee absolument en un point, point initial de Ia construction. Elle est ce qui
tient lieu d'Etre pour Ia LibertC qui sc saisit en un point. On decouvre par 13. de nouvelles caxacteristiques du Savoir empirique. Le
Moi ne pent etre pour lui-meme, sans s'attribuer nne force. II est
une Iiberte qui se saisit en un point determine. La force ne peut done
etre posee sans une manifestation de Ia force a I'intCrieur de ceUe
quantite determinCe, et sans etre elle-meme completement determinCe. Des que le Savoir apparait, eette manifestation est immediatement trouvCe ; eHe Cchappe done a la liberte consciente qui
s,exerce ultCricurement et tous Jes individus sont identiques A ce=z
Cgard. La determination (Bestimmtheit) qui particularise chacone
de ces forces est fondCe dans le Savoir existant par soi, substratum
commun des individus. Pour les individus, ce ne sont pas les
forces en elles-mCmes, mais leurs manifestations qui sont determinCes.
L'ensemble du Savoir determine est done un systeme de manifestations de forces, determinCes par leur rapport rCciproque avec toutes les autres dans I'Univers; - lequel rapport determine d'ailleurs
originairement les forces elles-memes. Dans l'intuition, Ie Moi, dCs
qu'il se saisit comme force dCterminCe, s'aper~oit nCcessairement
dans le temps comme vivant et se manifestant dans la duree: c'est
la vie temporeJie; - et dans l'espace, comme un quantum de matiere animee et libre : c'est le corps. Le Moi, completement lie a lui
meme ,!}ans ce Savoir e~pirique, ne peut sortir de fintuition de son
temps et de sa materia1it~. Le corps saisi dans ]'intuition originaire
demeure identique. Toute perception, nne fois ramenee dans l'intuition a son principe est rapportCe au corps et Ia perception de quelque chose d'autre n'est dans le Moi que Ia perception d'un changemen! en lui. De mCme le Moi ne pouvant sortir de son temps, qu'il
70
LA W.-L,
con~oit
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1801
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~aq~e p~int, Ia liberte de Ia d-irection et !'action par Iaquelle ii se saiSit lm-meme pour continuer Ia ligne, il n'aboutirait jamais A une li!D~. On doit done admettre que, tout en se saisissant de fa-ton a donner Ia direction, il s'oublie dans !'intuition de fa'ton que se produise
. Ja concretion de Ia Iigne. Or I'acte de prise de direction doit apparai~
tre au Moi, donne immCdiatement dans le Savoir empirique, comme
Sur le plan de l'empirie, il n'y a done pas de liberte reelle, puisqu'il ce niveau l'action du Moi n'est pas action veritable, mais tendance de l'Univers, aper~ue, a travers le Moi ne de Ia rCflexion sur
cet Univers, comme nne action. L'Univers, comme domaine de J'empirie, est ainsi un systeme vivant de tendances qui, en tout point et
en tout temps, se dCveloppe suivant nne loi inhCrente a son Ctre mCm~. La tendance exprimant le simple Etre, encore sans Savoir expli~
cite, est simple nature representee dans liD corps materiel, c'est-:idire manifestation organique. Mais comme cette tendance a construire nne ligne dans nne eertaine direction, elle est immCdiatement
unie a !'action mCcanique. Manifestation organique et manifestation mCcanique ne sont pas differentes, ~ais deux aspects d'une
sei.Ile et mCme manifestation. L'action mCcanique est impossible
sans Ia forme organique qui est son Real-Grund, et !'organisation
est inconcevable sans le schematisme mCcanique qui est son
ldeai-Grund. Tel est Ie caractere de cette nouvelle syntbese de !'intuition et de Ia pensee dans l'Etre (51).
(51) W ~L. 1801, II,
LA W .-L.
41, p. 127-131:
IV. PENSEE. -
j"
1801
73
Le precedent point de vue donnait nne deduction du monde sensible. Le quatriCme point de vue dCduit le_ monde intelligible. Monde
sensible et monde intelligible sont entre eux comme rintuition et
Ia pensCe et doivent etre unis en consequence. Le monde intelligible
est alors pose comme le fondement du monde sensible. Pas de ~on
de ~ en general, ni d'Etre de l'intuition, sans Ia loi int~lligible absoJue, qui determine Ia totalite (52).
Synthese A 4 ( ~ E2) (Etre). - UN!VERS COMME SYSTEME DE TENDANCES.
Le Moi empirique considCre a chaque moment le phenomCne nature} comme tendance organique. Mais cette tendance ne saurait
etre robjet d'un Savoirj d'un se:qtiment, si elle ne se rCalisait pas par
nne action. Le Moi se manifeste done immCdiatement -comme l'agis~
sant (das Handelnde). Son action est linCaire. mecanique, libre mouvement se dCroulant dans 1., temps. En ellc aussi, le Moi s'abandonne
complCtement a la nature, abandon qui conditionne Ia concretion
de Ia ligne, et fait du Moi le phenomCne supreme de Ia Nature. Toutefois si rintelligcnce s'abandonne a 1a loi naturelle de Ia concr~~
tion, elle aperl(oit, en chaque point de cette concretion, nne infinite de
directions possibles que Ia Nature ne pent determiner. En ces points,
le Moi, de par Ia loi formelle de son existence, s'arrache :i son propre
etre, et s'aperc;oit comme libre dans Ia direction qu'il suit. II s'approprie ainsi Ia serie naturelle pour en faire le cours de son propre
mouvement et de son propre temps. Mais il relie egalement entre
eux tons ces points de sa liberte, pour esquisser, au-dessus de Ia
sCrie naturelle, Ie concept d'une sCrie indCpendante : le concept de
fin. Toutefois, bien que le Moi ait dii s'arracher a Ia nature pour
poser cette fin, cette derniCre ne contient rien d'autre qu'un plan
naturel, simplement executable selon Ia loi d'un etre rationnel. La
Liberte du Moi au-dessus de Ia Nature n'est done encore que forme1le
et vide. Ainsi s'explique Ia proposition : tant que je ne me suis pas
eleve a Ia Loi morale, je n'agis pas, inais seule Ia Nature agit en
Moi.
Le Moi ne pent parvenir a Ia perception de Ia nature inerte ~ans
se trouver lui-meme comme agissant. :\las de perceptio:t du monde
74
LA W.-L.
sensible, sans perception de Ia Liberte et rCciproquement. La Liberte est Ideal-GTund et fonde Ia connaissance du monde sensible ;
le monde sensible est Real-Grund, et apporte a Ia Liberte Ia possibilite de se rCaliser. C'est Ia Liberte qui preside au choix de Ia direction determinee (dass I) et dans cette action, le Moi per~oit qoelle
est Ia direction dCterminCe dont il est le fondement, sans toutefois
sa voir en quoi consiste ce fondement qui est Cvidemment en lui. Le
Moi individuel n'intuitionne sa Liberte qu':i l'interieur de Ia Liberte
universelle (qui est nne pensee renfermee en elle-meme). Sa liberte
n'est done rCelle qu'3. l'interieur d'une intuition de Ia Liberte infinie,
c'est-3.-dire comme nne limitation quelconque de cette infinite. Or
nne liberte en tant que telle, ne pent Ctre limitCe que par d'autres
libertes, d'autres individus Iibres.
Aucun individu ne pent done arriver a Ia conscience de soi, sans
arriver en mCme temps a Ia conscience d'autrcs Ctres Iibres, ce qui
implique nn systeme d'etres rationnels. C'est Ia doctrine exposee
dans Ia Thforie du Droit nature/.
D'autre part, comme Ia LibertC qui passe reellement a I'acte est
l'accompli~ement determine d'une possibilitC de Ia perception universelle, dans laquelle les Moi ~ ne sont pas separes. mais uni~
dans un senl Moi pensant, Ia perception particuliere de rna liberte
coincide tonjours avec Ia perception universelle (5il).
Synth~se C4 (Etre). Union de I'Etre (sentiment de la tendance
E3. A4) et de Ia Liberte (concept de fin, B4) dans Ia pensee de I'ETRE
PUR nu MOI AnsoLu, en repos au-dessus de Ia Nature et fondement
de Ia perception : Monde des Hres rationnels. - Dans Ia syntMse
precedente, le Moi se donnait nne fin simplement formelle et s'abandonnait a nn plan nature! qui lui demeurait etranger. lei, Ie Moi,
apres s'Ctre saisi comme action dans I'esquisse d'une fin, reflechit sur
cet acte et se saisit corhme Etre absolu, subsistant par soi et independant au~essus du plan de Ia ~ature. Dans cette intuition immediate d'elle-meme, Ia raison se pose necessairement hors d'elle-meme
et Ie Moi pur se repete schematiquement en nne somme d'Ctres ra..
tionnels constituant un systeme. C'est 13. nne consequence nee;essaire
de Ia pensee de son absoluitC formelle. L'achCvement de ce systCme
se concilie fort bien avec l'inachCvement perpetuel de ]a perception.
en vertu de Ia forme de quantification infinie qui intervient entre Ia
pensee et Ia perception. C'est pourquoi tout moi rationnel individuel,
d'une part est enferme dans .chacun des moments oil il arrive a une
perception, d'autre part glisse sans cesse du moment present a un
moment futur, a I'infini.
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18Ql.
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dire dans I'union de cette PensCe pure et de Ia Loi morale qui est le
substitut supreme de toute intuition saisie ici dans son Reai~Grund
comme inte11igenCe (56).
Synthese E4 (Etre). - Union de l'Etre abso/u du Moi (C4) et de
I'Intelligence, principe de Ia perception, du Savoir (D4) dans la Pensee de l'Etre absolu : WISSENSCHAFTSLEHRE. - Dans Ia synthCse
prCcCdente, le monde sensible et Ie monde intelligible Ctaient unis
a l'intCrieur du Savoir. Lent" fondement a I'exterieur du Savoir, c'esta-dire l'Etre absolu, doit Hre pose comme tel. Autrement dit, l'exterioritC et Ia contingence du Savoir par rapport a l'Etre absolu doivent 8tre poses comme telles dans Ie Savoir.
Le Savoir avait ete pose en D4 dans sa puissance suprCme comme
creation ex nihilo. Cette creation absolue implique pour le Savoir
possibilitC d'etre Oll de ne pas etre, c'est-9.-dire Non-Savoir. La Liberte du Savoir ne peut done 8tre posee comme telle que par Ia
pensee du Non-Savoir. Cette pensee de Ia Liberte .,,.,~, x~v contingence, indifTCrence a l'Cga;:d de tout Savoii:- qui peut Ctre ou ne
pas etre, est, puisqu'elle fait abstraction de tout Savoir, Ia plus abstraite de toutes. On com;oit done que Ia Liberte soit essentiellemcnt
faculte d'abstraction et qu'elle s'accroisse avec cclle-ci. D'abord abstraction de te1le ou telle fin sensible, puis de toute fin sensible et de
tout objet, elle devient finalement abstraction a I'Cgard de tout Savoir et se pose alors, dans Ia lVissenscha{tslehre, comme Liberte
absolue.
lei comrue ailleurs, nne intuition doit rendre possible cette pen~
see (Ia W.-L.). C'est !'intuition du Savoir reeL Mais pour que Ia pensee du Non-Savoir se pose, ii faut que le Savoir rCel (intuition) soil
lui-meme pose dans Ia pcnsCe et pour Clle. Le Savoir n'est en effet
pas nie absolument, mais seulement par rapport a I'Etle. Pour t:?C
rapport, il doit etre pensC comme quelque chose qui pourrait rie
pas etre. Mais penser le Savoir, c'est s'Ciever au-deSsus de son intuition et Ia nier comme telle pour le saisir schCmatiquement. Pour
penser le Non-Savoir comme tel, Ia W.-L. doit done poser scbematiqucment Je Savoir, et pour le poser schCmatiquement, elle doit en
fait le nier. La W.-L. doit ainsi anCantir I_e Savoir dans Ia pensCe et
le reproduire ensuite dans Ia W.-L. Le developpement de Ia W.-L.
est Ia reproduction du Savoir de fac;:on schCmatique et vide (Ia negation de Ia rCalitC Ctant Ia condition meme de Ia pensCe et de son
developpement) de fa~on a parvenir au Pour soi, a Ia pensee de
cette pensee pure, A Ia representation pour Ia pensee de cette negation de !'intuition, de cette negation par laquelle elle se pose origi-
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LA W.-L.
Synthese A1
Intuition
(Construction
de !'intuition intellectuelle. Savoir absolu).
Savoir simple
t~ Partie
Le Savoir remonte du Sa voir
donne, 8 !OD origine, et se rcprCaente 11a propre
~onstitution
comme SaYoir.
p. 157-162.
Pcruee
(Autoconstruclion de !'intuition intellectuelle. Le Savoh
absolu se saisit
comme tel).
SnYoir double
2 Partie
Le Savoir l!le
represente son
dCveloppementa
partir de l!lon originejul!lqu'A son
parfait acbCvement comme Savoir de son ori1ne ou W.-L.
s,
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La Wissenschaftslehre ;1801
intuition
Monde sensible
Sa\oir simple
1801
Synthese A3 - Etre
(E~) J.e Sa voir ::;e pose comme
principe deJa causalitC en general.
SynthCse B~ - Liberte. - Lc Savoir se pose comme
principe de toute causalitC particnliere.
SynthCse C' - Etre, - Le Sa voir se pose com me matiCre dam; le Temps concret (Espace
temps abslrait
matiCre).
SynthCse D'- Liberte. - Le Savoir se po5e comme
manifestnt.ion de force dans l'individu (point de concentration, sentiment, manifestation de force).
SynthCse E3 - Etre. - Le Savoir se pose comme tendance et systeme de tendances individuclles.
Pensie
Monde intelligible
Savoir double
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I
CHAPITRE III
LA W.-L. 1801
( St~ite)
A. -
Esprit de Ia construction. -
Le proces analytique
La dialectique de Ia W.-L. 1801 est, dans ses deux parties, une re~
futation comp!l~te du point de vue de Schelling, refutation fondCe
nCanmoins sur un renversement de la hit!rarchie primitivement Ctablie des principes.
Dans le S!Jsfeme de l'Idialisme transcendantal, Schel1ing avait
dCclarC que le Savoir ne pent poser en lui l'Etre sur lequel il repose,
car il ne peut ~Her hors de lui-meme, Ctant condamne a rester enfermC dans son propre pour soi. Le point de vue de 1'Etre demeurait
done, selon lui,_ etranger par nature au point de vue transcendantal ;
il consl.ituait celui du dogmatisme. Le Savoir regarde en arriCre,
non en avant (1). Fichte, au contraire, tout en proclamant que le
Savoir ne peut sortir de lui-meme, estime que celui-ci, en s'interiorisant, doit rencontrer en lui sa limite, rejeter hors de lui, comme
Non-Savoir, ce qui Ie limite, le concevoir comme un Etre clos qui
poss~de son intCriorite, analogue a celle du Savoir. Cette interiorite
d'ailleurs, le Savoir ne Ia pCnetrera jamais puisqu'il ne pent que projeter daM !'en tant que par lequel il le con~oit, cet Absolu qui devient de Ia sorte pour lui Etre immobile.
L Cvolution de Ia W.-L. consideree comme un approfondissement
du Savoir en Iui-mfune, a precisCment fait toucher au Wissenschaflslehrer, cette force Ctrang~re ~, dont Ia presence occulte, en se reveIant a Ia lumiCre, marque Ia limite de creation du Pour Soi. Originairement, ce dernier, en se posant pour Iui-mCme, pretendai~ reduire tout a lui, suivant Ia formule, ce qui est pour soi, est par soi,
causa s~i. II croyait pouvoir faire surgir de sa forme sa propre rna...
7
LA w.-L.
1801 (suite)
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(!;!)Neue Darstellung, 1797, I, p. 529.- Cf. Rezension desAenesidemus : . .:: Toules Jes .oh~ections d'Ent'!sideme contre ce procedt'! viennent de ce qu'ii veut
do~ner a I absolue sent~nce et autonomic du Moi Ia valeur d'un en soi, alor 3
qu eJJes ne peuvent av01r de valeur ~ne pour le Moi lr1i-mBme. :so I, p. 16.
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consiste a poser Ia manifestation de l'Absolu dans ce qui le ni_e exactement? L'absoluite doit elle done s'aneantir pour devenir relation!
On ne doit-on pa.s plutOt convenir que 1'A'bsolu lui-mCme est un pur
neant, car si I'objectif et le subjectif sont en lui indifferents, il ne
suhsiste plus rien qui puisse recevoir ~ne denomination. Ce sysa~me d'identite absolue serait au fond Systemc de nullite absolue.
Aucun moyen n'est offert pour sortir du zero originaire. Au contraire, si Ie sujet et I' objet sont ubsolumellt diffCrents (comme les
sCparCs originaires) leur union et leur opposition constituent le Savoir a Ia fois dans son unite et dans sa divisibilite (3).
Au surplus, le rapprochement avec Schelling, qui rCsulte dll transfer! a l'objectif d.e Ia dignitC de principe premier ne doit pas lui
mCme etre exagerC. Toute l'activitC organisatrice et Ia production
mCme du Savoir - lequel engendre toutes les determinations de Ia
matihe - ont en etfet leur source dans Ia forme subjective. Sans
doute1 au point rle vue reel, I'Etre et Ia Liberte sont les elements
constitutifs, Ia matihe du Savoir; de leur union postCrieurement
acquise semble naitre le Savoir (Syntltfse A1, a); mais l'acte de Ia
synth:se est Une unite originai!"e, un lien qui ne peut etre crM du
dehors et par Iequel se produit toute creation. L'union n'aurait
jamais lieu, sans }'existence prCalable des separ.es; mais runite qu'elle implique est indCpendante de ce qu'eHe unit. C'est lA le foyer du
Savoir en tant que Savoir. La matiere proprement dite n"est que _le
principe du Savoir en tant qu'Etre (comme Non-Savoir). A Ia limite.
!'opposition de l'Etre et de Ia Liberte pent se reduire a celle de l'activite qui lie, et de Ia liaison effectuee. Ce qui lie, c'est Ia Liberte qui
intervient deux fois, comme objet, et constituant l'un des Clements
sCpar~s destines a ~tre lies, et comme sujet, c'est-a-dire comme
J'acte par Iequel s'opere la liaison entre elle-meme et I'Etre. La duplication de Ia Liberte comme objet et ~ujet n'est que le double~
l'imnge de Ia duplication premiere suivant l'Etre et Ia Liberte. La
Liberte doit etre (these) puis s'arracher a elle-mf:me librement (antith:se) pour se poser en elle comme LibertC, synth:se du sujet et de
}'objet. Ainsi est maintenue _I'autonomie du Savoir. On_ s'aper~oit
-que son essence est irrCductible a celle de I'Etre, que sa prCtendue
matiere constitutive (Etre et Liberte) n'en est que Ia forme, c'est-.A(3) W .-L. 1801, II, p. 66. - Fichtc confirme ici ses toutes premieres d~cla
rations. q: Le Moi absolu est absolument semblable A lui-meme ... ~n lw on
ne pent rien distinguer; nul divers; le Moi est tout et il n'est r1en, parcc
qu'il n'est rien pour lui et qu'il ne pent distinguer. en 1?-i-meme nn ~o~a_nt
et un pose. (Grundlage, I, 264). C'est ce qui consbtue lmcomprChensibihtc
de Dieu (Ibid., I, p. 275). C'est pourquoi il faliait cbercher ailleurs un prineipe de diff6rence (le Non-Moi). Schelling, dans sa philo1'ophJe de l'identitiS.
-est done revenu au vieux pCch4! dogmatiqne, en faisant sortir directement .de
1'AbSolu indiff6renCJ6 la difference.
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LA w.-L.
dire de simples prCdicats; que sa matiere veritable est ce qui le constitue essentiellement, c'est-il-dire l'acte d'unitC, de Pour Soi (Synth~se
-AI, terme A, Synthese BI). Cette autonomic du Savoir entratneraitle subjectivisme absolu, si l'on nc concevait pas qu'il ne pourrait
rCflCchir sur lui, ni subsister pour lui comme objet d'une retlexion,
sans un Clement d'immobilite, l'Etre, faute duquel l'activitC intelligente se perdrait a l'inflni sans jamais pouvoir se saisir.
Mais Ia position de Cet Etre n'est toujours possible qu'en fonction et qu'A partir de !'intuition. L'intuition elle-meme, commc.
etant, c'est-3.-dire considCree dans la forme d'Etre qu'elle revet nCcessairement pour subsistcr dans sa rCflexion sur e1le, est non-intui
tion, et c'est parce que l'Etre fmmel de l'intuition est Non-Savoir
qu'un Absolu pent etre pose au del:i d'e11e, en soi, comme non-intuition.
Quand l'Absolu est pose comme Pensee pour le Savoir, c'est que
)'intuition considere que son propre etre forme! (Was) projete par
Ia negation de sa matiere (Weil) doit etre cont;u comme un Etre
subsistant par soi (Von Sich, In sich) indCpendant de l'energie subjective de l'intuition par laquelle i1 parvient 3. Ia lumihe. Le concept
de l'Etre formel de l'intuition peut alors etre compare par !'intuition
e1le-meme au concept de l'Etre en soi qui donne a !'intuition la forme
de I'Etre. L'Etre forme! appara!t alors comme J'aspect revetu par
l'Absolu dans !'intuition pout;: ce1le-ci et en meme temps comme ]'aspect que donne l'Absoiu a Ia !iberte. (Gebundenheit) (cf Syntheses
D2, E2,). L'Etre forme! du Savoir est une pure limite, il est a Ia foisNon-Savoir, et Non-Absolu, il unit le Savoir et l'Absolu en les niant
l'un }'autre, se posant comme siniple substitut de I' Absolu dans le
Savoir. La realisation de I'Absolu dans le Savoir est Ia conception de
cette limite comme telle, ce qui n'est possible que par Ia conception
d'nne double realite, celle du Savoir et de I'Absolu hors du Savoir.
Ainsi, !'affirmation de cet Absolu n'est pas initiale, comme Je croit
Schelling, mais dernier il'esultat d'une dialectique ascendante, ineluctable aboutissement du proces interne du Savoir. Elle D.est pas Ia
prCmisse qui permet de tout comprendre, mais le probleme auquel
!'esprit hnmain aboutit nCcessairement, quand il appTofondit les
questions du jugement synthetique et de Ia predication. La possibilite d'affirmer 1' Absolu est Ia recherche qui s'impose au Savoir
pretendant A une certitude absolue, raisonnee et non aveugle. Si
l'Etre qui fonde le Savoir est absolument hors du Savoir, lui Cchappe
irrCmCdiablement dans son simple concept, le Savoir ne pent jamais
s'achever en lui-mCme, et trouver en lui, avec le repos, Ia certitude de
. son fondement (cf. Synlhese BS); I'Etre de son cOte ne pent etre que
!'objet d'une affirmation dogmatique, c'est~it-d.ire arbitraire et gratuite, qui n'est pas un Savoir. La certitude du Savoir absolu implique
1801 (suite)
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cus).
Die Tatsachen des Bewu.ntseins (1813), II, p. 467. Nachg. Werke, Mar-
M w.-L.
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89
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XIX, p, 179.
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1801 (suite)
91
Comme genese du Savoir, Ia W.-L. est intuition, Liberte intelligente. Le rCsultat fix: de son intuition est pensee ou Etre. Cet Etre
ou Pensee absolue constitue sa certitude. II est atteint lorsque Ia
W.-L. a pose pour elle-mCme comme telle l'intuition qui constitue son
foyer. Elle ne pent Ia poser comme telle qu'en Ia c.omparant avec ce
qui s'oppose 9. elle, c'est-3.-dire avec l'Etre.
L'Etre qui fixe !'intuition est en mCme temps ce qui Ia fixe ellemCme dans 1e certain. La W.-L. repose en dCfin1tive sur I'Absolu.
Aussi tons les points de df:part et d'arrivCe sont-ils dans l'Etre
(Syntheses A et E). Le rythme de la dialectiq?e cxprimc le con~~nu
de la doctrine. La Liberte precede toujours I Etre dans la postbon
du Savoir comme Savoir (toutes Ies syntheses D); mais elle ne pent
engendrer le Savoir comme tel, si l'Etre n'est pas simplemen~. po~e
(toutes les syntheses C). Enfin, Ia W.-L. etant une analyse de I mtmtion intellectuelle, synthf:se quintuple qui est son foyer, son proces
est une synthf:se quintuple de synthCses quintuples, et il en est ainsi
dans Ia construction comme dans Jauto-construction, dans le proces synthetique eomme dans le proces analytique (Cf. Tableau
p. 79).
B. -- Le proces synthetique
.\
j
'
Les dix synthCses du prod~s synthCtique realisent Ie dessein entrevu des les premieres Jettres a Schelling (Lettre d'octobre 1800).
.Fichte Clargit son point de vue en prenant comme point de depart
non Ie Moi fini en general c.hoque en C, mais le Moi universe!. Par
18., il se hasarde au-deJa de Ia limite, qu'i1 doutait naguCre encore
avoir '}e droit de franchir, au del3. de mon Moi, qui etait l'unique
point d'appui solide avant 1801; il veut expliquer, avec Ia li"?itation, Ie sentiment. C'est ici Ie corrCiatif dans le procf:s synthCbque
de ce changement dans Ia thCorie des principes confesse dans Ia
Lettre du 27 decembre 1800, et methodiquement opere dans le procCs nnalvl.iqn'.
.
Pour parvenir a Ia conscience de soi, 1e Moi universe! dOI~ se
concentrer en un point ou foyer (Synthese D3, terme A) et en meme
temps penser son rapport et son opposition avec Ie ~out_ (S~nt~es_e
ns, terme B). De Ia conscience de ce rapport du parbcuher a I_universe1 surgit Ia pensee des individus et Ia repetition des ?mnts,
}'opposition du particulier et de l'unive~sel devan! s~ prodmre ,autant de fois qu'il y a de particulier possible .~ans_ l umversel et. 1 o~
jectivation ideelle etant ipso facto reelle a I mteneur ~e ce M01 un~
versel qui est ideal-reel. Ainsi se trouve deduit le pomt C a Ia f01s
comme limite physique du Moi fini en general (Synthfse D') et com-
92
93
i;
l
j
leurs etre poses dans IeS < moi comme les < moi ;, eux-memes, en
vertu de nC:cessitCs pratiques). Le Moi universe! qui suscite pour sa
conscience Ia diversitC des <1: moi ;, finis, suscite par le mCme acte
de crCation ex nihilo les determinations de Ia Nature qui rendent
possibles Ia coexistence et !'action rCciproque de ces Ctres finis. Ces
determinations n'existent que dans la mesure oil le Moi universe! a
pris Ia forme de Moi fini. U n'y a done pas un proces de genese de
Ia Nature distinct du proces de genese des libertes individuelles. Ce
qu'il y a d'inexpliquC dans I' apparition des determinations concretes,
en fonction d'une cxigence tCICoJogique, exprime le caractCre iJ;lintelligible qui marque tout acte de LibertC xa:-r'Ei;ox~v toute creation ex nihilo, toute information non antCrieurement determinee.
Ainsi se trouve rCintroduite telle queUe la dCduclion de Ja dt:rniCre partie de ]a Grundlage, sim-plement fondue avec celle de Ia
Rechislehre et de Ia Sittenle.llre relative au corps et au monde
sensible.. Eileest rCintroduite dans un cadre nouveau qui ne lui fait
rien perdre de son caractere teJeologique, mais grace auquel nous
pouvons comprendre comment le Moi fini pent, tcut en projetant
hors de lui des determinations sensibles qui ont leur source en lui,
accorder a celle-ci, sans se contrcdire, nne realite independante de
lui (de lui, comme subjectif-objectif). 'La justification de cette
realitC ne repose plus seulement d'une f:lJ,?Oll prCcaire, comme dans
Ia premiCre philosophic, sur )'opposition dans le Moi, de sa nature
objective et de sa nature subjective, mais sur ce que Ia nCcessitC de
Ia projection interieure sentie dans mon Moi fini, exprime en
moi-meme comme en tons les autres, la nCcessitC inht!rente an
Moi universe! qui m'enveloppe. La projection n'est plus une simpJe
i1lusion necessaire, mais )'expression immediate des activites ."n
rapport qui dCcoupent a l'inte.rieur du rCel (Ia quantitabiJite com:truCtible) les spheres variables de leur influence rCciproquC, suivaJ:t
une loi determinee de toute eternite dans le Moi universe! (Syntheses na, E3, C4).
La notion de Ia Liberte formelle, source du Savqir, permet a Fichte
de concilier avec Ies nCcessitCs de Ia genese le rCalisme objectif issu
des exigences pratiques, tout en maintenant son opposition avec
Schelling et Spinoza. Sans cette Liberte comme intermCdiaire, Ia separation operee entre l'Absolu et taccident absOiu ou Savoir, reste
arbitraii-e et n'arrive jamais a s'Ctablir, Ja mCme chose etant tour .
A tour appe!Ce substance et accident. La difference entre l'accident
et Ia substance residC alors dans l'infinite (numerique) des modifi~
cations qui expriment ainsi d'une autre faf.(on }'infinite qualitative
de Ia substance. Mais outre q'ue ce passage a Ia divisibilite demeure inexplicable, on aboutit a une infinite qui va en se perdant,
non a un monde ou a un univers comme systeme clos, somme
94
LA w.-L.
achevCe. Si l'Etrc est en soi un, on ne sait pas d'oii nait son opposition a un monde de I'Ctendue et de Ia pensee ; s'il n'existe au
contraire que dans des modifications infinies, on ne voit pas comment passer a l'idCe de l'Etre Un, ni Ia valeur que pent bien possedet nne tellc pensee. Seule Ia cteterminabilil<\ comme rCsultat de
la rCflexion de Ia Liberte sur l'Etre pe.ut permettre d'unir !'infinite
de Ia rCflexion avec Ia totalite constituee par Ia sphere de son objet et de justifier Ia multiplicitC et !'unite de la reflexion sans Ia
confondre avec I"Un absolu (7).
L'originalitC du deuxieme moment de Ia W.-L. consiste done a affirmer une substantialite en acte au dela de mon Moi, eta permettre
par consC(IUenl lt Spinoza ce que Ia Grundlagc lui refusait (tl).
C'est par ce trait que le deuxU~me moment s'oppose au premier. Elle
consisle aussi a poser l'absoluc contingence de }'accident et a faire
de !'hiatus qui separe le Sa voir de l'Absolu, non le resultat on Ie phCnomCne du phCnomtme, dCja ex.istant en vertu d'une nCcessite propre,-:__ mais Ia condition mCme de Pexistcnce de ce phCnomCne: il y
a creation ex nihilo. Ce trait s'oppose aux dCveloppements ultCrieurs
de Ia doctrine, dans le troisibme moment. Fichte ne reproche done
plus a Spinoza de poser nne substance au-deJa du 1\:foi. mais d'effectuer le passage a I' accident dans I' Absolu ct non hors de lui << L'accident de l'Etre n'est pas en lui, car l'Etre perdrait ainsi Ia substantialitC; il est hors de lui dans le formellement libre >> (9). En sauvegardant ainsi Ia rCalitC de Ia Liberte, Fichte estime conferer aux individus nne valeur plus grande que celle qui leur etait laissee par
le Spinozisme. En mCme temps. il continue a affirmer, suivant l'esprit kantien de Ia W.-L., l'irrCductibilitC de !'existence a Ia necessitC
logique. Ainsi sont reprises avec Ia signification gCnCrale que leur attribuait le Kantisme, les notions de forme, de matiere, de limite, Ia
limite critique de Ia connaissance, contraignant l'Absolu a n'apparaitre jamais dans le Savoir que sons !'aspect de Forme absolue.
La W.-L. essaye done de combiner le monisme spinoziste et le dualisme kantien. << Elle est unitisme au point de vue idCal, car l'Un eternel qui fonde Ie Savoir est au dell!. de tout Savoir: elie est dualisme
au point de vue rCel, a l'Cgard du SavOir pose comme reel. Aussi at-elle deux principes, Ia Liberte absolue et l'Etre absolu, et elle sait
que I'Etre absolu, quoique objet de Ia pensee pure, ne pent etre atteint dans aucun Savoir reel (factice) > (10). Reste a savoir si Ia W.L. pourra subsister dans ce flottement entre ces deux points de
I
I
l
I
I
1801 (suite)
95
vue : qui constitue pour I' instant son foyer. D'une part l'intC~io
rite de mon Moi ne soffit plus a en fonder Ia r:alite; d'autre part
le fondement sur lequel repose cette rCalite de moi-meme a une
intCrioritC propre qui nons Cchappe Loujours.
La rCalitC du Moi fini qui ne pent se soutenir lui-meme est done
infiniment moindre ici que dans le Kantisme ou dans le premier
moment de Ia W.-L. Mais comme le Moi fini est rejete eternellement
hors de l'interiorite de 1'Absolu, peut-on penser qu'il re<;oive ainsi
plus de realite que dans Ie Spinozisme qui en fait des determinations
me me de Dieu (Deus quatenus)? Pour conserver Ia Liberte, Fichte a
dU la poser hors de l'Absolu, c'est-3.--d.ire en faire un pur non-Hre. II
suit de IA que l'individu, determination de Ia LibertC, ne peut plus affirmer Ia reaute en niant simplement sa limite, c'est-a-dire ce qui le
eonstitue comme Moi fini, mais en niant sa rCalitC essentielle, c'est.a dire Ie Pour Soi qui le constitue com me Moi, en dehors de r Absolu. Le rCalisme issu de Spinoza et le subjecthisme issu de Kant ne
sont pas conciliCs par Ia, mais sont en plein conflit, et le flottement qui a cet Cgard caracterise actuellement Ia W.-L. ne saurait
constituer apparemment son foyer dCfinitif.
Cette difficultC reparait dans la determination du Savoir comme
creation absolue. L'absolue creation, comme acte createur, non
comme creature, tel est le point de vue du Snvoir absolu. Celui-ci
se crCe Iui-meme de sa pure possibilitC qui est comme Ia seule
chose donnCe avant lui, et cette possibilitC c'est prCcisCment l'Etre
pur~ (11). Puisqu'il rCsulte d'un itcte contingent de creation. l'Acci-dent absolu ne saurait etre considCrC nCcessairement comme contemporain de Dieu et ayant Ia meme CternitC que lui ; il doit apparaitte comme quelque chose de devenu. Or, Fichte proclamera
plus tard l'absurdite de vouloir trouvCr un fondement genetique
faisant du Savoir absolu quelque chose de devenu. Cette opposition
entre .]es deux moments du systbme est flagrante. Tout d'abo~d Ia
forme de l'absoluite echappe ll. Ia genese. La pure Pensee est un
Etre qualitatif du Savoir (Waswissen) au sujet duquel on ne pent
poser Ia question : D'oil vient-il ? > (Woher?) impliquant Ia ge1nese, et cela doit ~tre connu, dit Fichte, car Ia W .-L. a voulu
guCrir d'une excessive extension de Ia genese n (13).
En effet, l'absoluite que rev~t Ie Savoir est en el1e-m~me indt!pendante de Ia genese du Savoir. La forme d' Absolu en tant que qualite qui sera attrihuee au Savolr est done soustraite a Ia genese, mais
l'Absolu comme forme, ou !'existence en dehors de l'Absolu, d'une
96
LA
forme de l'Absolu (forme efiectivement prise par le Savoir) en depend au contraire. L'existcnce de I' Absolu hors de l' Absolu, autrement dit I'existence de Dieu, depend de Ia position absolue de Ia gc.nese, et non !'inverse. Ainsi le Savoir, gCnCtique en lui-meme, aboutit dans son auto-genese, non a nne non-genese comme force de
l'Absolu posant de toute CternitC son existence sons Ia forme d'un
Savoir, - mais a Ia position de Ia genese comme cQndition de son
existence et de toute existence. La non-genese ou Absolu n'est en
soi aucune force productrice (1eales Prinzipiieren),mais un Etre qui
ne contient d'aucune fa'ron Ia nCcessite de !'existence. De l'Etre ne
provient absolument pas, ni Ia possibilite, ni Ia realite du Savoir,
comme cela devait Ctrc chez Spinoza, mais seulement, - au cas de
sa realilt!,- sa determination en general > (13). L'Etre est absolument et U est jamais devenu et rien n'est devenu en lui, d:clarera au
contraire Fichte dans l'Anweiszmg zum seligen Leben. Or, cet Etre
existe aussi exterieurement ct, une fois qu'on a trouve qu'il existait,
on pent facilement concevoir que cetle existence non plus n'est pas
devenue, mais qu'elle est fondCe dans Ia necessitC interne de l'Etrc
et fixCe par cette necessitC absolue )) (14). Cette opposition marque
l'impuissance oil se trouve Fichte actue1lement a depasser l'hiatus
de Ia conscience. Cet hiatus qui separe Ia genese de Ia non-gen~se est
place ici entre Ia Substance et le PhCnomCne qui re~oit le caractere
de devenu et semble exclu de Ja contemporan~ite posee plus tard
entre le Verbe et Dieu. II ne subsistera dans le troisif:me moment
qu'entre le PhCnomCne et le PhCnomf:ne du PhCnomeD.e. Enti-e le
PhenomCne et Ia Substance, 1'biatus sera simplement ideal et n'existera que _pour une c.onnaissance imparfaH<>. 1.-e Savoir absolu, conduit jusqu\ sun terme, tCvHe en c.tl"C'I !a nt":css:ure production de
!'accident par Ia substance.
On peut trouver des 1801 des germes de cette opposition-. Fichte
affirmt- en effet des cette epoque J'eternitC du Savoir absolu, possedant, comme l'Etre absolu lui-meme, !'Unite, l'immobilite, etc. La
Liberte du Savoir introduirait ultCrieurement le mouvement, etc. 11
faudrait done attribuer au mot devenu :t>, Ie sens que Piaton donnail dans le Timee (15) a }'expression jjSY1]p.lV1)'1 oUcrfa:v. Ce qui nait
toujours, c'est, comme le devenu, ce qui est Cternellement produit, eternellement effet (16). Mais comment conciJier cette CternitC avec l'absolue contingence de l'acte createur ? On pourrait
7
(15)
(16)
Platon,: Timee, 27 d.
Platon, Loi3, Livre X,
97
penser que le Savoir, une fois cxistant, participe A tons les cara~
teres de l'Absolu spr Jequel il 1epose : unite, immobilite, etc ... Mais
commc il est partout affirmC, en 1801, que I'A!bsolu n'emporte a
aucun degre l'etre de son existence, on devrait toujours refusCJ.r
a }'existence sa contemporaneit~ avec l'Absolu. On serait ainsi amene a distinguer deux Cternites inegales, J'une de Ia Substance,
l'autr~ du Savoir absolu, ce qui est absurde. II ne reste done plus
qu 11i se refugicr dans l'inexplicable mystere de toute creation; mais
c'est une ressource de peu de prix pour nne philosophic qui vent
hannir de l"Absolu Ia qualitC occulte.
La mCme difficultC reparait a propos de Ia continuation de la
creation. Pour que Je Savoir soit, iJ faut non seulement que J'Etre
lui serve de substrat, mais que Ia Liberte qui le produit persevere
dans son existence, c'est-3.-dire dans sa production. Cette perseverance est Ic. fondement de Ia subsistance de !'accident absolu, ce qui
fait de lui nne seconde substance. Mais elle est aussi le fondement
du Savoir comme tel. r.'est-il-dire comme complete auto-penetration
de soi. La perseverance de la Liberte n'cst pas seulement Ia perseverance dans un certain etat, car elle cesserait alors d'Ctre Liberte, activitC productdce; ,mais affirmation continue de son essence, c'est-3.dire rCflexion et creation i:ricessante. Par hl seulement peut etre ~ssu
re le developpement interieur de 1'auto-con!?truction. A ce titre les !I"Ctlexions par Iesquelles le Savoir se developpe peuvent Ctre envisagees de deux fa\!ons differentes : comme contingentes, parce qu'elles
ex.priment Ia Liberte, comme necessaires, parce qu'elles sont nCces-.
sairement impliquees par Ia substance de la Liberte. (Cf. en particulier Synthese A3) (17). (( Le Savoir, une fois pose et dCcrit, refiCchit de
nouveau sur lui-mCme pour etre en soi et pour soi. II pent le faire
absolument, comme tout Savoir le pent, grace a sa forme fondamentale ... , mais il n'y est pas oblige. Toutefois, si }'intuition fondamentale premiere est durable et sUbsiste, sans s'eteindre aussitOt,
comme un eclair. pour laisser place a l'obscurite primitive, cette
reflexion va de soi. Au fait; elle n'est rien d'autre que l'accomplissement meme de cette intuition n (18). Cette observation contient en
germe le principe du troisieme moment : (( La Vie vit necessair~
ment x, principe sur Ieque1 se fondera une nouvelle forme d'argumentation ontologique. Si la Liherte doit se sout~nir, elle doit engen"drer necessairement tout Ce qui dCpenrl d'elle. Si d'autre part l'Ab-
(17) W.-L.
zwar. da sie
kOnnte, und
es. :t'
(18) W .-L.
1801, II, p. t!)-82; p. -U: Si<: rcflcktierl sich in i1JJ: selbst, und
das nicht etwa zuflilligerweisc, so dass sic es. auch unterlassen
doch ware, tut; - sic tnt es eigcntlich gar mcht, sondcrn sic ist
1801, II, p. 75.
98
LA
w .-L. 1801
(suite)
99
~.
solu n'est pas mort, anti-Esprit (Wider-Geist), mais Vie, Esprit, IntelJigence, il doit se manifester eternellement comme tel et l'acte
eontingent de Ia Libert.\ doit se produire de toute eternite. Mais cette
veritable contemporanCite de J'acte crCateur et de l'Etre substantiel entralne ipso facto !'abolition de l'acte meme de Ia Liberte
eomme telle dans le passage a !'existence (Phenomenes 3. la pre
miCre puissance). Ainsi la Liberte doit finir par ne plus etre le principe absolument premier du Phf:nomCne, mais un simple moyen, essentiel sans doute, toutefois subordonne - dans Ia trame du
df:veloppement necessaire du Savoir.
En rCalisant methodiquement, dans Ia W.-L. 1801, sa conception du
monde intelligible, Fichte a rationalise Ia doctrine qu'il avait apportee dans Ia Bestimmung des lf.fenschen. II en resulte un amoindrissement de !'importance atitibuee au point de vue religieux. Le suhstrat objectif, force etrangere regnant au-dessus des (( moi , n'est
plus pose en vertu d'une croyance religieuse, mais uniquement en
vertu d'un sentiment moral purement rationnel. Si Ic caractCre intelligible de l'action ne pent Ctre saisi par l'individu que lorsque
celui-ci s'est Cleve par la pensee jusqu'au systeme des Ctres ration-
nels >>, bref que << s'il s'est. intuitionnC lui-mCme et le monde en
Dicu n (19); si Ia thCorie du monde intelligible constitue nne veritable
.e: thCorie de l'Eternel , il n'en reste pas moins vrai qu'aucune place
Speciale n'est attribuee a Ia religion dafis Ia sCrie des syntheses, pas
mCme comme intermCdiaire entre !'action morale (Synthese D4) et
Ia Science (Synthese E4). L'idee de Dieu n'a de prix que dans Ia
mesure oU elle apporte a Ia loi morale le contenu spCcifique a rCaliser dans le monde de Ia perception. La distinction Ctablie au moment
de Ia Querelle de l'atheisme entre Ia loi qui oblige l'individu et Ia
loi qui conditionne Ies rCsultats de I'action morale, tend ainsi a
s'effacer (20). Au surplus, le style lui-mCme a perdu cet aspect d'Cloquencc sacree qu'il avait rcv:tu pendant Ia derniCre partie de Ia
Bestimmung d'es ~fenschen.
Toutefois, et conformement au renversement de Ia hh~rarchie des
principes, le sentiment de certitude a pris dans la doctrine Ia place
du Real-Grund occupee prCcCdemment par !'intuition. Si }'intuition
conditionne toujours !'apparition du sentiment de certitude, celuiJCi n'est plus dCrive de celle-1:\ et par consequent subordonne a
~lie, mais il a un fondement prOpre situe au-dessus d'elle et qui precisement, par Ia contrainte et Ia subordination qu'il lui impose,
fait naitre Ie sentiment.
(19) W. L. 1801, II, p. 155.
(20) Mais alors qu'avant 1800, Ia loi qui oblige cnVeloppait celle qui rCalise,
aprCs 1800, Ju loi qui realise est cclle qui enveloppe !'autre.
(21) Sittenlehre, 1798, IV, p. 43-44.- La synthese A4 de la S.-L. 1798 correspond a peu pres a la syntbese C4 de Ia W.-L. 1801. - L'une !!t I'autre s'appuierit sur l'Etre absolu du Moi, mais cet Etre est en 1798 Intuition, et en 1801,
non-Intuition.
rl2) Sittenlehre 1798, IV, p. 48.
100
LA
Dans Ies deux cas, Ia position de la PcnsCe absolue est conditionnee par Ia libre intuition de soi de Ia LibertC, c'est done parce
que !'objet de la Liherh! est dans les deux cas de nature diffCrente,
que cette PensCe absolu~ pcut etre succcssivement caractCrisCe de
fa~on diffCrente.
En 1798, !'objet, c'est la tendance objeciive absolue, intCrieure
au Moi, appartenant. comme Ia LibertC, au Moi lui-mCme. La fixation
de l'intelligence n'est done pas ici sa determination par quelque
chose d'autrc (ce qui a lieu par exemple quand elJc est dCterminCe
par un moi objectif limite) mais par quelque chose d'identique a
elle tant par sa nature (c'est le Moi lui-meme) que par son mode
d'exister (c'est un infini, une AbsoluitC). Cette fixation du meme par
le meme, d'oll rCsulte Ia tendance originaire de tout le Moi, ne pent
done etre un pdtir, mais l'objet d'une intuition. En 1801, comme
!'objet est un Etre, exterieur au Moi subjectif-objectif, Ia determination de ce Moi par l'Etre, meme absolu, impose au Moi une contrainte externe et doit par consequent se traduire par un p3.tir, objet d'un sentiment. Meme au sein de Ia loi morale, ou le Moi a intuitionne !'intelligence comme Real-Grund du Savoir, en tant que
tel, et s'est pose comme absolument crCateur, subsiste, dans nne certaine mesure, le p.tir (dans Ia contrainte), comme Ia malfqne de
!'opposition fondamentale du Savoir et de l'Etre. Le sentiment
expression de ce p3.tir se retrouve meme au fond de Ia simple Liberte
consciente d'elle-meme. La Liberte, en effet, qui s'est reveiCe a ellememe par nne libre intuition de soi, .comme fiottement Iibre entre
l'Etre et
Non-Etre correspond a Ia faculte de I' attention par Ia-
queUe .Je Moi devient dans Ia perception principe de son Ctat. Capable de se fixer a un Etre ou d'en faire abstraction, le Moi esi: alors
expressCment JiJ)fe, car il n'est plus attachC a l'Etre immobile de
l'empirie, (W.-L. 1801, Syntl!ese D2). Cette Liberto qui est, pour Jes
individus, l'origine de leur difference, est Liberte Y.a:r't~ox~v. C'est,
dit Fichte, une libertC sentie, expression qui cUt paru absurdc
en 1798, - une pensee de la Liberte, on de Ia contingence, pensee qui
est elle~eme pCnsCe libre (24). Ainsi, comme }'intuition de soi de la
Liberte requiert, pour sa fixation dans une pensee, l'Etre qui s'oppose a eHe, comme Ia pensCe libre qui fait abstraction de cet Etre
doit le poser pour l'abstraire, les plus pures manifestations de la
LibertC comportent toujours un facteur de sentiment.
Une autre difference est Ih!e a celle-I:i. On peut distinguer dans Ia
JCcrislation morale comme PensCe absolue, la determination de l'in~
telligem~e comme ~cnsCe et le rCsultat de cette determination, c'esl3.-dire le contenu de la lCgislation comme exigence. Or, en 1798} Ia
simple dCterminatioli de l'intelligence libre par l'objectif explique
Ia nCcessite de Ia PensCe absolue (so muss) mais n'explique pas a
elle seule Ia nCcessitC morale, c'est-:i.-dire l'exigence qui constitue le
contenu de Ia legislation. II faut pour cela un caractCre particulier de
robjectif, celui de tendance. Dans Ia ll'.-L. 1801, au contraire, I'objectif comme Absolu en acte est a Ia fois lc fondement de 1~ nCcessitC
de Ia PensCe et de Ia contrainte qui s'exprime par son ex1gence. La
Liberte est en effet :i. tons ses degres contrainte par un Etre, qui en
constitue Ia loi. Cette AbsoluitC, qui met un terme au progres infini
de Ia Liberte, rend en meme temps ce progres possible : des qu'est
posee Ia Liberte sons toutes ses formes, l'Etre lui impose le progres
infini embrasse dans la sphere de I' Absolu. Ainsi I' Absolu apporte
au Savoir 1a forme de Ia Pensee absolue et son contenu comme
exigence. Si Ia contrainte de 1'exigence, et Ia necessite de Ia Pensee
comme determination absolue, s'identifient dans leur source, c'est
que cette source est un objectif autre que le Moi. La satisfaction de
I'exigence, par laquelle tend a se rCaliser 1' AbsoluitC, n'est pa~, comme dans le premier moment, abolition de cet autre, par extensiOn des
limites~ mais au contraire confirmation de eel autre, par nne absorption finale de Ja Liberte par l'Etre, comme immobilite absolue, pensee, dependance absolue, etc.
le
3~-36.
101
TROISIEME PARTIE
~---
r,.c
-
-, .
.
CHAPITRE IV
A. -
!'
a Reinhold de hi decouverte
Ann~es
1801-1804, p.
106
LA W.-L.
1I
ration du Savoir et de l'Etre, qui les saisit tous deux dans l'unite de
I
I
(3) Schelling, Ideen :zu einer Philosophie der Natur (2 ed. 1803), S. W. 11.
107
l'Absolu au relatif, qu'une tellc phiJosophie a precisCment pour mission d'expliquer, doit Ctre ignore d'une doctrine comme celle de
Fichte, qui reste confinCe a l'interieur du Savoir fini (6).
Prouver que Ia connaissance finie est le seul point de depart d'oll
no us puissions non seulement nons Clever a I' Absolu, mais encore
en prendre veritablement possession, tel est le but que, par un Cmouvant effort de dialectique, Ia W.-L. 1804 va essayer de realiser.
Supposant acquise Ia decouverte effectuee avec Ia philosophic
kantienne de I' Absolu (A) comme union de l'Etre (Sein = S) et de
la Pensee (Denlcen = D),la W.-L. 1804 pose a son origine, non I'Absolu lui-mCme, mais Ia disjonction originaire de l'Absolu, sinon comIDe Pensee et comme Etre, du moins conune monde sensible = .r,
monde moral = z, et unite inconnue des deux = y. II s'agit de parvenir a un point oil se realise la connaissanc.e de leur unite (x, y z3
Einheit). Postuier cette union, ce n'est pas en effet .Ja voir se realiser,
mais poser simpl.ement. lcs termes d'un probleme. Reprenant Jes
expressions de Schelling, Fichte considCre ces trois modifications
originaires, comme trois Absolus,- qui peuvent etre compares, ainsi
que I'avait dCja fait Maimon (7), aux trois Critiques de Kant (8).
Cette comparaison ne se justifie pas uniquement par des raisons de
symetrie. Le probleme que la W.-L. 1801 pose a son auteur : retablir !'unite de Ia connaissance entre les deux mondes et leur unite.
exterieure au Savoir, - est analogue a celui qui pose les trois Critiques. Le terme y reprCsente non point le beau ou Ia teieologie, mais
l'unitC que ceux-ci font supposer entre ces deux mondes, le premier
par !'union du sentiment de beau et d'esthetique avec !'Ideal et Ia Liberte creatrice, Ia seconde par Ia subordination de Ia teleologie physique a Ia teieologie morale, et Ia necessite de poser Ia raison pratique comme absolu dernier terme de Ia chaine des fins. Enfin le
Dieu de l'ethicothCologie unie a Ia tCJeologie morale, meme s'il est
hypothCtiquement conc;u comme entendement infini, intelligence etc.,
est projete comme irremediablement inconn~ dans l'En soi. Nons
ignorons comment cette unite ontologique cree l'unitC du thCorique
et du pratique. L'esthCtique et Ia tCICologie n'Ctant ni !'emanation,
D.i !'expression de cette unite, mais seulement son signe, nons n'avons par elles aucun moyen d'entrer en contact avec celle-ci. L'unite
reste ainsi simple objet de croyance, situCe hors des termes quene a
pour mission d'unir, nons laissant ignorants de I'acte mCme de cette
union. La W.-L. 1801 aboutissait au meme resultat. L'Etre et Ie
(6) Schelling, Fernere Darstellll.llgen, S. W. IV, p. 358..S~ : 372 sq.; 291 .aq.
(7) Maimon, Kritische Untersuchungen iiber den m. Gelst (1797), p. 258-259.
{8) w.-L. tso4, s. w.
P tos.
~M~
1804
x.
108
Savoir sont poses comme unis, mais l'Unite est projetee hors du
Savoir dans un En Soi, qui, etant avant tout Non-Savoir, est essentielJement sentiment de croyance.
Comme dans Ia Critique du jugement, la synthese (po.:t factum)
de Ia Liberte et de l'Etre dans Ie Savoir est !'indication de I' existence
(i'Un Un origi~aire <.Iui doit en consequence etre suppose, projete ,
mais ce Savoir n'en est ni I'Cmanation, ni Ia revelation, ni I'expression, il en est seulement le tCmoignage ou le signe. Aussi cette affirmation de !'union est-elle mains Ia fusion originaire des deux termes
que ]a suppression absolue de run des deux, au profit de rautre.
Comm:e dans Ia Critique du jugement, ]'unite des deux t"ermes (Sein,
DenkenJ Einheit) n'eniCve rien a l'absoluite des deux autres et doit
etre placCe comme un troisiCme Absolu a cOte des deux autres (Sein,
Denken, Einheit = x, y, z). II s'agit maintenant de faire rentrer a
son tour dans I'orbite, dans l'un~te du Savoir, cett.e unite placCe hors
de lui, de fa'ron que naisse unc vision de l'identite rCellt des termes
conc;us jusqu'ici en nne sorte de repulsion reciproque (x, y, z Einheit).
La penetration dans le Savoir du terme reste jusqu'ici etranger it
son orbite implique un nouveau progres de Ia science, une nouvelle
-,erie de syntheses. En m.Cme temps, le poinl de "ue de la croyance,
expressCment pose maintenant comme celui de la religion, doit Ctre
dCpasse par celui de Ia science ou de !'intuition. A Ia construction
du Savoir, telle qu'elle s'effectue suivant Ia W.-L. 1801, s'ajoute effectivement nne seconde partie, (trois points de vue de chacon cinq
syntheses), oil le Pht\nomcne (Ia manifestation de l'Absolu) est d<!duit, avec toutes ses conditions, de I' Absolu lui-m:me. Aussi, tout
en persistant a affirmer que sa philosophic est restee identique,
Fichte dCclare-t-H c.ependant, au debut de r.ette seconde partie,
qu'une telle deduction dans J'unitC du principe est quelque chose de
tout a fait nouveau dans Ia W.-L. (9).
B. -
(9)
sition
ti:me,
risent
u w.-1.. 1804
109
cas ips~ facto comme tel. La premiCre synthCse oi1 s'opCre, du point
de vue de Ia W.-L., une description factice du Savoir, rCvCle done
dCs l'abord le rCsultat et le point d'aboutissement de toute Ia construction.
l. -
T
1
110
se trouve supposCe; elle est faclicement substituCe a Ia contingence affirmCe en 1801, oil Ia construction de. l'Etre qualitatif sc
donnait simplement pour but Ia connaissance par le Savoir de ]a
determination materielle que la Liberte crCatrice rec;oit de l'Absolu.
A, unite de S D, doit etre construit dans son Etre ; par cette construction de l'Jmmobile, sera mCdiatement construit le Mobile. L'Immobile etant l'Etre (S) et le Mobile, Jc Concept ~D). Je r<isultat de
cette construction sera la connaissance de l'UnitC de S et de D, ou x,
y, z Einheit.
/A"-..
x, y, z
S-D
lc~:rons
3 et 4, S. W. X, p. 106-114.
LA W.-L.
1804
111
f
I
112
LA W .-L.
tiel, mais conditionne sa Vie. - Le concept va maintenant se concevoir IQi-meme pour apercevoir sa limite (14).
2. -
Synthese A2 (= Synthese E1). lmmediatite, Realisme.- Le Concept originaire est Ia position rrCciproque de Ia LumiCre (Licht = L)
et du Concept (Begriff = B) par le concept, dans le concept. Lors de Ia Synthese C1, regnait un rCalisme illusoire et Ia LumiCre
connue Ctait posee comme en soi, se disjoig~ant en S D. Lors. de
Ia Synthese D1, cette disjonction est attribuee a Ia Connaissance de
Ia LumiCre. Ce n'est pas en soi, mais dans )a connaissance que nons
avons (on qu'elle a) d'elle que se pose S D. De 13. resulte Ia formule
L+ B+S--D, ou plutOt, car on donn era 3. D (qui reprCsente ici Ia
connaissance de B comme principe de disjonction), une denomination nouvelle, L+ B+S--a (a = Ia connaissance que nous en avon.s)
= x~ y, z Einheit. On retrouve ici Ies deux fondements de disjonction. Mais Ia contradiction se trouve portee a son maximum, car
on ne sait pas, deB ct deL, lequel des deux est l'Absolu. D'une part~
en efl"ct, Ia comlilion de x, y, z semble Cbre Ia Connaissance eest-8.dire Je concept (repl'Csentant j:)Qsant un reprCsentC, S D); l'idCalisme
serait alors le point de vue supreme. D'autre part, Ia LumiCre est
posec comme fondement de Ia connaissance (L = y, S D = x, z) et
x, y, z avec le realisme parait a son tour etre Ie point de vue su~
premc.
De plus, si nons nons ll"eposons dans le concept, qu'est-ce qui nous
autorise :i poser comme Absolu soit sa quiddite, soit son existence ?
Si nons posons Ia LumiCre com'me Absolu, de quel droit, dans ce flot~
tement entre le represente et le representant, s'arreter au reprCsente
comme a I'Absolu ? Ainsi, dans le concept, nons oscillons entre 1e
rep-rCsente et son image, sans pouvoir nons fixer a un veritable antecedent et a un veritable consequent. L'essence du concept est en
effet une mediatite, ein Durch (15).
II s'agit de dCpasser cette mCdiatitC en construisant l'unite de L
et de B. On y parv'lendra en operant Ia genese de B par L, et celle de
L par B.
1.) Genese de B par L. - Le concept nous fait connaltre que L
dans sa vie interieure se scinde en B S (16), Mais nons savons aussi,
llS
1804
lc~on
4, S. W; X, p. 116-120.
5, 6, 7e,
le~on, p.
123-152.
114
LA W.-L.
115
par le concept, que Ia Lumiere a deux fa~ons d'exister une existence int~rieure, et une existence extCrieure dans Ia libre connaissance. Or Ia Lumiere ne peut ebre interieurement que par Ia negation
de l'ext~rieur, c'est-3.-dire de Ia connaissance. La connaissance nous
apportait Ia scission de L en S D. Cette connaissance doit etre anCantie, done S D doit s'aneantir avec elle. II reste alors Ia Lumiere =
zCro. L B S n'est ainsi que l'exteriorite a anCantir d.evant l'inaccessible
B
Lumiere de I' Absolu = zero; en d'autres termes, L se scinde en 0
On obtient pair Ht une genese de B par Ia LumiCre et tonte Ia disjonction tombe dans un seul et meme concept B.
2.) Genese de L par B. - Le veritable L, pose par Ia genese de
B par L, etant Cf{al a zero, notre speculation se trouve arretee dans
son cours, force nons est done de revenir a B pour opCrer Ia genese
de L en partant de B. L perdra ainsi son caractere d'inaccessibilitC.
B est une mCdiatitC qui ne fonde pas de difference intrinseque entre
Ies termes. II a ainsi besoin, pour se rCaliser, d'une Vie qu'il n'a pas
Iui-meme. L'existence de Ia mCdiatitC (Durch) presuppose done une
Vie originaire fondee en soi. Tel est Ie rCalisme suprCme qui pose
Ia Lumiere comme antecedent du Concept (17).
SyntMse 82. Mediatite. Idealisme. - Examinons Ia forme de Ia
~ynth~e precCdente. La Vie posee comme originaire s'y trouve encore mMilrtement posee (Durch) .. II y done 13. nne nouvelle mCdiatit6 dont les termes sont Ia mCdiatitC elle-meme et Ia Vie. Cette nouvelle mMiatite pose, de fa~on categorique, Ia Vie comme antecedent
et Ia mCdiatitC comme consequent. L'ancienne mCdiatitC (Sgnthese
D1 ne posait qu'une duplicite formelle des termes, avec interversion possible du consequent et de !'antecedent. L'anteeedent veritable
(Prius) de Ia medialite posee lors de Ia Synthese Dl ne serait done
pas Ia Vie, mais une mCdiatite supreme. La sUpposition factice (Soll
ein Durch sein ... so muss ein Leben sein ... ) au moyen de laquelle on
va d'un terme a l'autre, expliquerait l'autonomie de cette derniere
mediatite. Ou plutO! cette mediatite supreme qui donne naissance a
I'intuition de Ia Vie est une connaissance qui se fait elle-meme de par
Ia Vie de cette mediatite supreme. Le veritable antecedent (Prius)
serait Ia Vie interieure de cette mCdiatite supreme, serait I'fnergie
de la reflexion. La mCdiatite supreme n'en serait que I'exposant,
et Ia supposition factice, le Soil :z> serait l'exposant de cet expoSant. -C'est 13. un raisonnement idCaliste oil I'~nergie de la rCflexion
est posee comme veritable Absolu (18).
(17) W.-L.
1804
1.~'~
I.
116
et Ia vie intCrieure a Ia Vie (rCalisme), qui constituent les deux fandements supCrieurs de disjonction, se trouvent ici l'un en face de
l'autre, en contradiction absolue et on ne pent Ies penser unies qu'au
moyen de cette cOntradiction elle-mfune.
Critique de ce rCalisme. - S'en tenir au simple coutenu, en aneantissant toute autre verite qui ne serait pas contenue en lui, c'est 13.
nne attitude arbitraire, Ia position d'un simple fait, qui s'Crige en
Absolu sans qu'on puisse en rendre compte. On retrouve ici une facticitC analogue a celle de Ia pensCe idCaliste. Au surplus, cette vCritC
interne .qu'admet seul le rCalisme, est l'image immuable de Ia Vie,
qui est, comme cette image, immuable et tout entiCre fondee en ellemCme. II y a done ici un rapport entre !'image de la Vie et la Vie en
soi d'apres Iequel l'image et son objet sont identiques et ne different
que par la forme, prCcisCment negligee par le Realisme. On retrouve
ici le rapport S D (Sein, Denken, Einheit) particulier au concept. Ce
qui prouve que ce pretendu rCalisme n'est au fond qu'un id~alisme
deguise (20).
Synthese C2. RCalisme superieur. - RCalisme et IdCalisme se
posent absolument ou posent absolument leur maxime. L'une
pose uniquement Ia validitC de Ia forme, c'est cellc de l'idCalisme qui
:tf:firme absolument !a forDle cxistentielle externe ; !'autre pose uniquement celle du contenu, c'est celle du rCalisme qui affirme absolument Ia forme existentielle interne. Ces deux affirmations n'apportent pas plus l'une que !'autre leur justification. L'idCalisme
ignore le rCalisme et en dCtruit jusqu'a Ia possibilitC. Le rCalisme nie
le principe de l'idCalisme, et natt de cette negation. II est done plus
haut que l'idCalisme et conserve avec lui un rapport au moins nCgatif.
le~ron
11, S. W. X, p. 174-176;
lc~on
12, p. 181.
LA W.-L.
1804
117
118
(22)
LA W.-L.
w.~L.
180..,
s.
w~
X, leJ;ODS 1 et lS, p.
119
I
!
I
ear nons disions : Pensez l'En Soil et I' on ne pouvait penser cet
En Soi que par Ia ne~ation. L'hiatus vient done ici de ia simple possibilite de Ia conscience. II faut done abandonner cet hiatus et le rapport En Soi - Non-En Soi, pour s'Clever a l'En Soi inconditionne,
c'est-a-dire a ce qui est par soi, sans avoir besoin d'un autre d'un
Non-En Soi pour Ctre ce qu'ii est. Cet En Soi est intCriorite p~re, In
Sich et non An Sich. Nous pouvons a son Cgard repeter : cc II n'a pas
besoin de cet: II n'a pas besoin d'un autre- l>, etc ... l'En Soi (In
sicl1) rcste maintenant toujours idcntiqne a Iui-mCme; cette rCpe~
tition ne change rien a Ia chose. Bref, il y a Ia un Esse in mero actu.
L'Etre et la Vie sont identiques et nons sommes unis a cet Etre dans
Ia Vie.
Mais, dirons-nous, nons avons encore ici nne connaissance qui
objective l'Absoln. Sans doute, mais cette connaissance nons apprend
en meme temps que cette objectivite ne signifie rien et que nons
devons en faire abstraction. Ainsi, dans cette coruiaissance, nons
devenons I'Etre lui-mCme et par consequent nons n'avons plus a
rlCsirer, comme auparavant, nons Clever jusqua l'Etre. Nons prouvons de la sorte le realisme qui e:xige )'abolition de ]'objectivation,
et le realisons puisque dans cette connaissance nons n'objeetivons
plus le contenu. II subsiste toutefois nne possibilite d'objectivation~
qui n'est plus disjonction de Ia Chose comme Etre et Non-Etre, mais
simple repetition de l'Etre comme copie d'un original. Cette eopie,
cette image sera le premier terme que nons aurons a examiner quand
nous descendrons a Ia Phl!nomt!nologie (24).
I
I
I
II. -
3. -
Toute cette premiere partie pent etre considCree comme un c Comprendre ,. de l'Etre. La seconde est un Comprendre de ce comprendre (26). Si le comprendre est le Phenomene de J'Etre, cette seconde partie posera expressCment ce comprendre comme Phenom~me, c'est-a-dire comme manifestation necessaire de l'Absolu. La
dCduction n'a done plus maintenant comme objet la decouverte de
185~194.
(23) C'est le point de vue de 1101, eel hiatus Ctait apparu pour la premihe
lola ll Ja darM de Ia eonselence, Ion de Ja Sgnthe&e B2 (id6alisme) sous Ia forme
1804
l'id~aUsme ...
120
LA W.-L.
l'Absolu. Celle-ci s'est effectuCe lors de Ia Synthese E2; elle porte sur
Ia prCcCdente deduction elle-meme et recherche comment elle est fandee dans I'Absolu. Elle recherche done le principe du Phenomlme,
et comment celui-ci est nCce~sairement pose par l'Absolu.
Le Pht'momene nCcessairc est Ia connaissance absolue (Synthese
/?A) et tout ce qui la conditionne (les deux premiers points de vue de
Ia rCflexion A et B). On a done cette connaissance, ou comprendre : S. D. Einheit. On a ensuite Ia connaissance que celle-ci a de
son fondement, c'est-3.-d.ire S.D. Einheit
Ia connaissance que nons
en avons = x, y, z Einheit; Comprendre du Comprendre >.-b)
On verra que run et !'autre termes s'impliquent rCciproquement et
('onstituent Ia Vie de l'Absolu S D Einheit
x, y, z Einheit = PhCnomCne, realisation du schema suivant :
'I
'
Dieu
Verbe
~~~
SD
~a voir
ordinaire
a:. y. z
Sa voir transcendental
(27) W.-L. 1804, Ic!ton 27, S. W. X. p. 300-301. - L'Etrc n'est pas constitne
de Ia somme des realitCs possibles, mais complCtement renferme en lui-m~me.
et ce nest que du dehors quil est Ia contiitlon et le support de tout was (existence). Kant a le premier fait valoir cette proposition meconnuc de 1ancienne
philosophic. La premiere partie de Ia W.-I . 1804 ahoutit a poser l'Etre renferme
en soi. La seeonde partie deduit genetiquement Ia se~onde partie de Ia proposition : condition et support du Was ~. Bref, dednire le phCnom~ne au prouver les deux determinations attribuees it resse, c7 est un seul et m!me probl~me. (W.-I.. 1804, Ie~on 23, p. 271-272).
.I
1804
121
le~ons
122
LA W .-L.
Synlhese ca. Immediatite, Realisme. - En supposant (en projetant) nne distinction entre Ia construction idCale et Ia construction
rCelle de l'Etre, nons nons sommes engages dans un idCalisme superieur. Conformement. a Ia regie, nons devons pour en sortir, nous
adresser au r:alisme.
Le rCalisme revele immediatement l'erreur du precedent idCalisme. Cette erreur est Ia suivante : sons pretexte qu'il est necessaire, pout que }'auto-construction originaire de l'Etre apparaisse
en nons, de faire librement abstraction de Ia reconstruction, au
cours de Ia speculation que nons avons .librement entreprise dans
Ia W.-L., - on attribue a l'auto-construction elle-meme, qui est en
fait indCpendante, cette contingence, necessaire pour. que nous puissions nons unir a elle. Or, aprCs ]'abstraction de l'unite de l'enten-
t.
'
l
J
l
1I
'
1804
123
124
r
.l
"t
or
'
LA W .-L.
1804
125
li
I
I
I
i
LA W.-L.
126
1804
127
ment, par une action reciproque de soi sur soi qui constitue sa realisation originaire ou I'accomplissement de la certitude dans Ja Vie
(Vollziehung des c1 Sehens ,,),
La Syntlzese. C4 est dans Ia realisation de la prCmisse, le point
critique, oit Ia methode deYient creatrice , c'est-3.-dire no us eiCve
au-dessus de I'existence facticement posee, ou de Ia necessite relative du o! nous :!',a Ia nCcessitC objective de l'Ahsolu. EJle sc prCsentera done so us deux aspects : 1.) I'aspect factice l>. pro pre a
l'idCalisme absolu qui sert de rCalisme supreme au troisic:~me point
de vue ; 2) I' aspect nCcessaire qui dCtruit Ia facticite :. on Ia probJematicite, dans la position de !'existence mCme de Ia Lu~ihe.
Sgnthfse .4 .t. ImmCdiatitC, H.ealisme. - = SyntlleSe E3, position
contingente de Ia LmniCre dont nous connaissons Ia quidditC.
Synthese 8-i. MediatitC, IdCalisrue. Projection per hiatum de
!'intuition de Ia certitude. - Le PhCnomCne (Savoir, Genesis, Dasein, Prinzipiieren, etc.) a ete Ctabli comme auto-genese (Sich-Genesis). Nous sommes facticem!ent le PhCnomCne. Mais celui-ci doit
etre ce cju'il est, c'est-H-dire Ctre pour soi c.e qu'il est (manifestation,
genese). Il doit done operer la genese de son pro pre Etre qui est
interieurement genCse. 1l est genetique par rapport a lui-mCme. C'est
pour cela que !'existence du PIH~nomene tel qu'il a ete Ctabli aux
Syntheses E3 - A<, est supposee. Seule sa quiddite a ete categoriqu<>ment posee comme auto-genese (Sich Genesis) (<Soli das Licht, d. /1.
die Genesis sein ... So muss u.s. w ... :.). Bref, dans son immediate
facticitC, l'Etre de la genese ou de Ia certitude n'est pas certain.
Seule est certaine Ia realisation de Ia certitude (ou genese). La certitude n'existe verital>Iement que dans cette realisation oii elle vit.
La realisation de cette genese, genese de Ia genese, donne Ia certitude
dans Ia penetration de soi (Sich Durchdringen), Ia connaissance
de ce qui fonde Ia genese (Einsicht des F.aktums oder des realen
Prinzipiieren). - Cette nouvelle genese a le caractCre d'etre renfermCe en elle-mCme, caractere de l'Etre, qui est prCcisCment celui de Ia
certitude. Dans cette immediate position oii il n'a pas penetre jusqu'it son fondement, le Phenomene apparait comme sans fondement
et rechercharit celui-ci au moyen d'un.e supposition (Soli). De lA
resultent deux aspects du Savoir : 1.) un aspect subjectif oii l'auto~
genese reclame une genese ; 2.) un aspect objectif ; c'est le Savoir
superieur, qui doit exister si l'on dCcouvre Je principe de cette ge-
nCse. Ces deux aspects sont unis par la ~enCse qui dCclare q~e si un
principe doit Nre suppose ala genese projetee, U doit nCcessaxrement
etre non-genese.
Dans }'application a soi-mCme de Ia genese, celle-ci se !fCvCie comme
etant non~genese, dans son Etre. L'Etre en question, resultat de !'intuition de soi de Ia genese, est en effet son Etre meme, que Ia gen~se
dCcouVre comme Etant absolument, sans qu'on ait a l'expliquer de
nouveau par nne autre prCmisse genetique. Cette genese ab~olue
n'est done plus, encore une fois, genese (genese de la genese.) Pmsque
I'Etre de Ia &enCse ne pent apparaitre comme tel que par Ia suppression de ]'auto-genese comme absolue, cette derniCre (Synthese
E8), apparait comme une re-construction de l'Etr~ de Ia g~nese,
comme principe de la qualitC (V. pius bas, Synthese BG). L autogenese est I'entendement de Ia raison, raison qui est alors da~s sou
puisqu'H est connu dans sa racine) grace auquel ~a :eah~e du
unite, separCe du PhCnomCne par un hiatus (non plus uratwnnel
PMnomene est ancantie a son egard. L'Etre (de Ia genese) est Ia
raison de I'entendement, raison qui cxplique deja gCnCtiquement Ia
position de cette ante-genese comme moyen de co~pren~re Ia ra!son.- No us ne sommes pas encore ici identiques a Ia ra!sOn.. mal&
nons la connaissons.mOOiatement par l'entendement. Le support de.
("ette disjonction supreme est dans l'Ebre de Ia certitude (genCse) s'accompHssant interieurement (37).
.
.
Synthese C<. Immediatite. Realisme. - On peut operer cette nouvelle synthese de Ia fa~on factice > employee a Ia Synthese E3,
mais comme ce mode factice de prouver est prCcisement ce qui est
en question, cette solution ne sera qu'un aspect provisoire de la
synthese.
.
Premier aspect. - C'est problematiquement que nons openons
la genese de !'auto-genese, puisque nons disions : c Si nons posons
un principe a cette auto-genese ... alors ... (Soli so muss). Nons av?n~
applique a !'auto-genese Ia maxime de Ia genese. De que!. dr...It .
En realite, on a pu voir que c'etait l'auto-genese qui s"apphqua1t. 3.
elle-meme Ia genese,- eta bon droit, car elle etait projetee per.~w
tum au moyen d'une supposition (Soli ... ) ; or une teUe supposition
'
requiert
une genese. Nous savons, grace a Ia Synthese E s que .I a
~enese, c'est Ia Lumiere, et que nons-memes nous sommes le Sav01r.
Par consequent, en tant que nons operons, ou plut6t, en tant. que Ia
genese opere Ia gen~se de soi, c'est Ia LumiCre ou le Savoir lm-m~~e
qui !'opere. Cette genese est, par Ia, reelle et valabl~. La fachcite
abolit ici Ia probtematicitC. La genese absolue Est subs1stance comme
128
Je~OD
22,
s. w.
X, p. 262-270.
,,
~.
.i'
.
LA W.-L.
1804
129
130
LA W.-L.
1804
131
plus cesser d'exister. Elle doit done subsisler commc source autonome, capable par son C.nergie inCpuisable de se rCpCter en une infinite d'actes particuliers de genCse ou de principiation ideaie (quantitabilitC), dans cet Un qualitatif que Ia Loi dCtermine interieurement (40). Bref, toute cette principiation idCale est la forme existentielle externe posCe comme image de c.e qui est en soi et commc
s'abo1issant devant Ia Loi. originaire.
Dans cette synthCse, en meme temps que Ja mCdiatitC re~toit un
fondement, il semble que nous nons soyons Cleves au-dessus d'elle,
et que Ia loi pose immCdiatement en nons cette energie de Ja rCflex.ion
qui n'est pas autre chose que nous-mimes.
Ainsi Ia Loi, Ia Lumiere nous pose sans notre cooperation. Nons
sommes identiques avec Ia LumiCre. C'est ce qu'il fallait dCmontrer.
Mais en vCritC, il n'en est pas tout a fait ainsi. Nous avons applique
a une connaissance factice deJa Loi qn'elle contenait, et nons l'avons
appliquee par un acte de Hbre reflexiou. Nons avons ainsi projetc
cette Loi co.mme son principe. Cette loi projetee n'cSt done pas encore Ia Loi originaire, mais une re~constrnction qui ne se donne pas
pour tell e. Le (( nons l) contingent de Ia reflexion apparait encore
comme fondement de cette connaissance, qui est ainsi elle-meme
contingente. Nous devons done nous Clever plus haut et nous en reli- ,
citer, car ii subsiste icLtme disjonction entre deux formes de Ia Vie:
la Loi et son Image, l'intCriorite et J'exteriorite quaJitativement identiques par le contenu (41).
SyntJzese E4. ImmCdiatite, Realisme. - lei est re9ue dans l'immCdiatitC du fait Ia realisation de ce fait, c'est-3.-dire son auto-penetration de soi comme Vie de I'Absdlu .. Cette auto-penetration s'effectuait, depuis Ia Synthese A4, daDs Ia mediatite, parce que I'on n'avait
pas encore atteint le fondement qui supprime rautonomie de Ia re-
flexion comme absolue. Cette immCdiatite est l'immCdiatite factice
de Ia SyntJrese 3, mais qui s'est penetrCe par un retour a l'imm~
diatite, comme revelation immanente de I'Absolu.
II s'agit de supprimer Ia contingence de Ia connaissance precedente. Si Ia loi projetee est, en tant que projetee, reconstruite, Ia
construcUon interieure de cette Ioi objective est Ia construction originaire elle-meme. Or cette projection implique en nons cette construction interieure, car pour reconnaitre l'image comme image (Bild
a/s Bil<f) Ia loi doit deja etre presente en nous virtuellement et dans
(40) C'cst par un de ces actes particuliers qu'au troisH~me point de vue de
la Rl!flexion nous nous sommes 6levis au c Von ,,
(41) W.-L. 1804:, lei}OD 24, S. W. X, p. 278-285,
132
LA W.-L.
1804
133
des deux fondements de disjonction en rapport rCciproque : S D Einheit (Savoir ordinaire) .r, y, z Einlreit (Savoir transcendantal). (42).
.J. -
,V.
13i
LA W .-L.
1804
135
nons n'est pas autre chose que le Verbe dans son accomplissement
originaire. Tout est Un, dans le mCme Un de Ia certitude.
Remarque. - Dans cette realisation du Savoir, conformement a
son essence, se trouve genetiquement expliquee Ia construction de
l'Etre comme un esse, construction qni se rCalisait facticement par
!'abolition de !'intuition exterieure a l'Etre. Nous appliquions sans
savoir pourquoi cette regie. Nons sommes capables maintenant de
l'appliquer en connaissance de cause : c'est parce que !'existence
est suppression de l'exteriorite (lebendiges Sich Schliessen). Par Ia
construction de cet Etre, no us rCa1isions d'une fac;on facti'ce :r> (sans
comprendre pourquoi) Ia Vie eiie-mCme ou certitude.
Quels sont les ri:sultats de cette synthCse? En lui, 1e Savoir est
passe pour lui du fait a Ia conna!ssance de ce fait, c'est-:\-dire :\ Ia
projection par Ie fait lui-m&me d'un Etre dont !'essence est manifestation. II est parvenu a connattre qu'il est lui-mCme cette manifestation, et que cette manifestation est Ia connaissance de I'Etre qui le
constitue. Ainsi. nous avons assiste, semble-t-il, au passage. dans
le Savoir, du Savoir ordinaire au Savoir transcendantal, mais en
reaiite ce dernier est subordonne au premier. En effet, si Ie fait
Ia Vision (das Sehen), existe, el!e se penCtre ct pose un Etre qui
se manifeste absolument. Mais Ia Vision doit etre posee tout d'abord
dans son autonomic pour que Ie resultat soit realise. Elle est le cinquieme terme qui doit au prCalable exister et continuer a exister pour
que Je Savoir transce"ndantal se realise. I... e Savoir ordinaire reste
done Ia condition derniere, et l'on ne s'eieve pas en reante au Savoir
absolu. Tout reste subordonne a nne mt!diatisation autonome du Savoir ordinaire par lui-mCme, mediatisatifln dont nons trouvions plus
haut }'expression factice :. , dans Ie Soll als Soli :~>. En outre, Ia
contingence s'ajoute a Ia mCdiatite, car il depend de notre seule liberte que nons entreprenions Ia synthese presente. Enfin nous avons
dans notre connaissnnce de Ia certitude objective sa descri._ption.
L'hiatus entre le Savoir ordinaire et le Savoir transcendantal n'est
done pas combJe (43).
Synthese cs. - Immediatite, Realisme. - Une connaisSance supreme etait contenue dans Ia connaissance precedente. Nons a~com
plissons une Vision. Or cet accomplissement, c'est Ia Vision eUemCme. La Vision ne pent pas ne pas .etre Vision. Elle s'accomplit
done necessairement : Ia Vision voit necessairement (das Sehen
.sieht notwendig). - A Ia Synthese BS, nons realisions !'essence de
la Vision en disant que celle-ci Ctait ceci on cela. Mais nons n'affirmions rien au sujet de son existence possible. lei, en disant que la
le~on
::!6, S. W. X, p. 292-300.
La
~>
W!uenchaftslohre 1804
A. - Jr point de vue
de la rejlezion.
Construction de
l'Etre f'actice du Savoir. ProlP.gomfmes.
!!
Q
"',
"
~ ~ X!
Com prendre
S, D. Einkeit
!!
~
B. - 2 point de vue
~
c.
:e"
Autoconstruction
de l'Etre interne du
Savoir, au moyen
de Ia projectio per
hiatum. Decouverte
de l' Absolu ou manifestation de l'Absolu.
7 Syntht:se
de la rejlexion.
c.
Construction de
Ia qulddite du pbenom8ne (principiation idtSale, genese)
indtSpendamment
de son fondement
r6el dana l'Etre et
au moyc!ln deJa pro
.l!i
....
"'
"'
8 SynthCsc
9 Syntht:sc
1.0 SynthCse
t;;
;l
""
~
II:
0
II:
"'
"'"'
~
,ol!
r
,-1..
orlginahe dont l'aetioJJ. imm6dJate en nou111 rend pol!ll'lible.Ja 'tmppre"SBfon du rapport' An Si~II- Nioh{-"(Jn Slch.
!!
z)
iii
Com prendre
du Comprendre
'
16 Synt.heae
x, y, z Einheit
A.~
-lmmediame, rii&lisme
Synthese 1!: 1
.~
~
0
.;
"'o.
..;
'
il=
!!
~
="
ol!
c.
~
""
"'
B~-
E. - 5 point de vue
de la rejlexion.
Le Ph6nomene
quis'est reveie luimerna comme tel,
construit pour luimt\me son auto-rCvelation absoluc
comme necessatrc.
D'oll unite de S. D.
et x, y. z dans la
/""y.
s. D.
x,
'cl
Vie.
MCdiatile, idealisme. - Le Verbe s'aperyoit dP. fllQOn contingente, comme source du comme ou en tant que (connaissance du Fait) ; mais le Fait (Savoir ordinaire).
restP. condition de sa connaissance {Sa voir transcendant}
et cetle derniere contingente par rapport a lui.
....
00
...
0
o~-
....
"'"'
138
VisiOn voit nCcessairement, nous posons necessairement son existence (Sehen = Erscheinung, Dasein, Wissen, Verbum). Ainsi est
rCalisCe, grAce 3. Ia Vi~- car Ia Vision est Vie, acte,- ce qu'exigeait
sans le realiser la preuve scolastique per Ens realissimum ,. .
Nous venons d'obtenir une connaissance de Ia Vision. c: La raison
voit le Voir ,. et le pose comme nCcessairement existant. 11 y a done
13. deux Clements : a) Ia raison pose nCcessairenient !'existence (An
Sich, S D Einheit, Faktum, Savoir ordinaire); b) Ia raison se penetre
comme posant nCcessairement !'existence (Fiir Sich In Sich x y z
Einheit, Einsicht des Faklums, Savoir transcend~ntal). En~ ;st
connaissance du fait et connaissance immediate du Fait. A Ia Synthese B5, Ia Vision posait un Etre en s'anCantissant. lei, Ia ra~..:;on
pose immediatement cet Etre (de la Vision, du PhCnomime) dans Ia
connaissance de Ia Vision. La raison se pl:nCtre elle-mCme en tant
~ue raison; elle est raison de Ia raison, raison ahsolue; ellc pose
Independamment de toute autre condition immediatement son existence ; eHe est par consequent en soi et par soi (In, l'on) (44).
- Synthese D5. - MCdiatite, Idealisme. - Examinons Ia precedente
synthCse, sous son aspect gCmHique. La raison pose necessairement
son existence (Faktum) et se pCnCtre comme posant son existence
(Einsicht des Fakiums). La raison est gCnetique en elle-mCme, si
elle est. Or elle est vivante et active, puisqu'elle pose nCcessairement
!'existence; et son existence Ctant essentiellemnt realisation, penetration de soi, Ia penetration de soi ou connaissance absolue (Sagen
vom Sehen) est sa vie, son existence (Dasein) fondCe intCrieurement.
II semble bien, en consequence, que Ia connaissance absolue obtenue Ia n'est pas hors de Ia Vie de Ia Raison, mais au contraire Ia
constitue essentiellement. Toutefois cette connaissance du passage
necessaire a !'existence a ete produite librement par nons et obje~
tive ce passage. Sans doute, nons disOns : c'est parce que Ia raison
passe a !'existence que nons pouvons ensuite connaitre ce passage.
car Ia connaissance de ce passage constitue prCcisCment l'existence
necessaire de Ia Vie. Mais nons ne pouvons raisonner ainsi que parce
qu'au prCalable nons nons sommes Cleves ~e fa~Jon contingente a
cette connaissance. II y a ici un rapport rCciproque dont nons ne
pouvons pas sortir, car nons ne savons pas oil fixer Ie fondeinent
absolu. II en rCsulte nne problt~maticite de Ia connaissance ici Obtenue, et Ia mCdiatitC en est le signe. On retrouve en effet Ie Soil :
Si nons supposons que Ia Vision est, alors elle voit necessairement
(Soll ... so muss... ). Le nous ,. se pose done ici de nouveau commeprincipe de Ia connaissance Ce nest pas Ia raison qui parle, c'est
le~on
27J S. W. X, p. 300-302.
LA W.-L. 1804
139
nons, c'est Ia LibertC, fondement de possibilite de ce Savoir ; ou pintOt la raison parle par notre intermCdiaire, or, c'est elle-mCme qui
doit s'exprimer et immCdiatement (45).
Synthese E5. ImmCdiatitC, Realisme. - Pour sortir de cette mediatite, nons n'avons qu'a user de Ia rCgle qui prescrit !'application
du contenu de Ia connaissance a sa forme. La raison est fondement
de son existence, disions-nous. Cela signifie : elle pose absolument
son existence, sans que celle-ci ait a etre fondee par nne autre premisse genCtique qui l'expliquerait. C'est Ia Ie fait absolu, qui vient de
ce qu'on atteint I" existence fondCe par la raison absolue. De ce fait,
oit nons vivons. nons ne pouvons pas sortir; toutefois, dans Ia connaissance de ce fait absolu, de ce fait comme acte par Iequel I' Absolu
s'objective, nons ne sommes plus dans ce qui est objective, ni dans
ce qui objective, mais nous sommes dans l'acte mCme de cette objectivation (das Objelctivieren.).
Nons sommes unis par 1:\ a Ia Vie de 1'Absolu. Mais Ia raison ne
pose immCdiatement son existence que dans Ia connaissance qu'elle
prend d'elle-meme, dans Ia duplicite du Phenomene qui, en sol el
dans le Savoir ordinaire, est Un. En efiet, c'est << en tant que raison que Ia raison pose son existence. Or la raison n'est en tant
que telle , que dans Ia duplicitC, ou dans l'objectivation de soi qui
se produit dans Ia W.-L. Puisque ]a Vie de la raison, son existence,
c'est essentiellement s'apparaitre a soi-meme, se comprendre, se connaitre completement, par consequent duplicite, nous saisissons ici
immediatement cette connaissance absolue, et Ia W.-L. tout entiere
nons apparait comme ma:nifestation necessaire de I' Absolu, existence
de Dieu. Le Savoir transcendantal, x, y, z, Einlleit, est Vie immediate
et toutes les conditions de cette manifestation (toute Ia deduction
depuis A1 au moyen du Soil n) sont necessairement posees avec Ia
Vie absolue, comme de simples dCpendances de cette Vie. Le Savoir
ordinaire (S D Einheit), Ia contingence, Ia W.-L in specie, etc ..., sont
en consequence necessaires comme moyen, condition sine qua non de
Ia connaissance absolue, qui Pourtant ne nons unit a l'Absolu et ne
nons apporte Ia Beatitude qu'en nons affranchissant de Ia contin~
gence de Ia prCmisse, du Soil. Entin, puisque c'est le Savoir transcendantal qui constitue Ia manifestation immediate de I' Absolu,
c'est lui qui est dans Ia realite le premier commencement, vCritablement premier. C'est done lui Ie fondement reel du Savoir ordinaireet
non I'inverse, comme il apparaissait jusqu 'ici. C'est parce que 1'Absolu' se manifeste nCcessairement dans le Savoir transcendantal
qu'il produit le Savoir ordinaire, condition de ]'autre.
HO
A Ia Syntlu!se B3, nous disions : Si I' on peut obtenir une connaissance nous revelant que Ia construction idCale est fondee necessairement dans I'Etre, alors Ia pro jectio per hiatum est nCcessaire. lei
nous dCmontrons que cette connaissance est Ia manifestation nCcessaire de I'Etre, tout devient alors nCcessaire, el I'Cnergie de la rC1lcxion e.st dCfiuithement su:bordonnee a un_ fondement, sans que ce
dernier dCpende par ailleurs d'elle.
Le PhCnomene est nCcessairement (S D Einheil), parce qu'il est
necessairement ce qu'il est (lVas, quidditC), c'est-3.-dire auto-penetration de soi {Sich-Durchdringcn, x, y, z Einheii). 11 est nCcessairement
ce qu ii est, parce qu'il est nCcessairement. II y a entrecroisement
des deux fondemenis de disjonction (Durchkre.uzung dcr Yon)~ dans
Ja connaissance de Ia raison en tant _que raison (46).
Quand nous posons que Ia raison est fondement absolu de sa
propre existence, n'oLjectivons-nous pas et n'intuitionnons-nous pas,
I~ encore, Ia raison, en faisant d'elle le sujet Iogique de Ia proposition? Cette raison ainsi objectivee par nous doit s'objectiver en ellemCme et devenir son propre predicat. Mais Ia raison absolue est-elle
celle qui est en nons, ou celle qui est hors de nons? Est-ce notre projection de Ia raison qui resulte de Ia projection originaire de Ia raison objective, ou est-c.e cette dcrniCre projection qui resulte de ceHe
que nons faisons subir 3. Ia raison objective? - Cette duplicite du
sujet et de I'objet disparait des que nons analysons Ia formule qui
exprime I'objectivation de 1a raison. La raison n'est pas, mais se
fait (macht siclz) absolument et necessairement intuitionnante, car
eHe n'est lelle, que dans !"existence et non dans son interiorite absolue. Dans eel acte par Iequel elle se fait intuitionnante (in diesem
lntllicrend lJ!aclzen) consiste Ia Lurniere trans_parente et claire en
soi de Ia raison, eievee au-dessus de toute intuition objectivante.
En lui s'abolif Ia duplicite du Sujet et de !'Objet.
Ce 11 se fa ire )) , activite par laquelle I a raison se met en activite,
implique unc a.ctivite originaire comme en soi, et une mise en ceuvre, nne reproduction de cette acti.vite (ein lJ.-liachen, und Nachmachen der Urtii.tigkei.t als ihr Bild). La premiere explique !'existence
or~ginaire,. independante de nous, apparue dans toutes les syntheses rCahstes; la seconde explique Ia reconstruction. Par ce ({ se
Caire n, elle se convertit en Etre (sich seiend) et en Faire (sich machend), en subjectif et en objectif. L'effet par Iequel eiie pose un
objet immobile est le mCme que celui par lequel elle pose une vie
objective : Ia construction originaire re\ient done a Ia raison objec-
tive. L'effet par lequel elle pose Je sujet est le meme que celu~ par
9
LA W .-L.
1804
141
lequel elle pose le representer comme tel (das Bilden als Bildenl.
Cette activitC reconstructive revient done a Ia raison subjective. Ainsi
la raison se divise dans Ia Vie meme de I'acte par lequel elle se fait
intuitionnante, en c1 Etre )) et en <c Faire )> : acte de faire l'Etre, comme fait et non fait (immobilite et activite), et de Caire le Faire, comt8.e originaire et non originaire (original et copie, construction
et reconstruction).
On pent rapprocher ces diffCrents moments des denominations
connues, rEn Soi etant mis en rapport avec l'lmage par le Verbe.
Le Verbe dans sa vie se caracterisera )) (47) Iui-mCme et Dieu en
opposant rCciproquement a l'intCrieur de lui ces deux Clements au
moyen de I'(< en tant que )). Il po"sera en consequence l'Etre absolu,
En soi (nicht gemaclrt) posant son image (gemacht) d'une part et
l'image en tant qu"image, posant une image originaire (Urbild, loi objective) dont elle est Ia copie, ou image (Nachbild.. cf Synthese E4:
BUd als Bild, setzend zur Entdeckung des Bildes, ein Gesetz des Bitdes; x, y, z Einheit). llref, il posera rEn Soi, S D Einheit (Faktum)
et Ia connaissance de l'En Soi, :r, y, z Einheit (Einsicht des Faktums).
Telle est, deduite de son principe, Ia disjonction originaire.
Ainsi est r6alise le schema primitif.
Got!
Notwendige! Sich-Machen: Verbum
:;t;,
y, z
S-D
~
Faktum
Objekt
Si I'on fait observer que toutefois il subsiste encore en fait ici nne
objectivation de la raison productrice, on repondra qu'il n'est attribue aucune valeur a cette objectivation factice et que nons en faisons abstraction pour nous confondre avec ]a Vie originaire de Ia
raison. Nons som:mes nons-memes raison absolue. Toutefois, je puis
me laisser aller a objectiver tout ce rapport. Je m~abandonne alors a
un -fait sans principe (Hiatus, Prinziplosigkeit des Soil), car l'autonomie et la Liberte dans leur position nient Ia principiation reelle de
I'Absolu et se posen! comme ahsolument detacbees de lui. C'est le
fait de !"existence qui, Ctant par sa nature <c concevoir , << caracterisation >> de ce qui est, l'un par !'autre au moyen de l' cc en
(47) Expression employee dans l' Anweisung zum seligen Leben ,,.
142
tant que :~~ (als), se separe de Ja raison absolue (Dieu) pour se poser
comme un Moi spontanC et autonome. Ce Moi est le fondement du
Je ll par lequel je suis Iihre, si je veux, de faire ou de ne pas faire
abstraction de l'objectivation. Si je procCde a cette abstraction, Ia
raison apparatt comme absolument une. En meme temps s'exprime
la genese : c'est grAce a la suppression de l'objectivation que s'est
produite Ia representation de la raison Une (unite qualitative). Comme toute production suppose le contraire de ce qui est produit, ]a
production de l'Un suppose Ia suppression et par consequent la position prCalable du divers. De mCme notre union avec l'inMriorite supposait Ia position et Ia suppression de l'exteriorite. C'est en effet par
l'abo1ition du divers que s'est produite l'unite qualitative. Mais l'interiorite est egalement Unite pure. L'objectivation et le divers .sont
done un seul et meme effet (affirmation qui nons est familiere depuis 1801). L'hiatus entre le concept et l'Etre resulte de !'opposition
du Verbe avec son propre Eire, et cette opposition. de Ia libre re
flexiori de l'existence sur eHe-meme en vue d'une compU~te intellection de soi. Le concept projette alors cet Etre qui lui est inconcevable et qu'il s'efforce a J!infini de decrire: cette repetition a l'infini ou
quantitatibilite est le principe du divers. Pour ce Moi facticement
projete, cet hiatus separe rCellement Dieu du PhenomCne, qui devient ainsi pour ce Moi un effet de la raison radicalement inaccessible dans sa source.
L'incomprehensibilitC de l'Elre jointe 3. l'infinite de !'effort comprehensif constitue Ia matiere du Phenomime. Elle est Ia condition permanente de sa forme, qui est concevoir. Cette forme nons l'avons,
elle, con~ue dans ses quatre termes : I'Eu Soi, so:rl image, l'image
originaire, !'image reproductrice, termes qui sont les quatre moments du cc Se comprendre )) ou l'Etre forme! du Phenomene.
A l'interieur de ce ~ Se comprendre total, et par consequent
fini, subsiste le se comprendre ~ infini ou matiere de l'effet qui est
condition de cette forme. De meme que !'unite exterieure du PhCnomCne requiert pour sa genese Ia diversitC infinie (la quantitabilite
supprimee devant l'un qualitatif), de meme !'unite interieure du
PhCnomene, comme (c Se comprendre absolu )), requiert nne diversite, celle des qnatre moments de ce comprendre, saisis independamment de I' unite comme des principes sCpares:
l.) Point de vue de !'objet dans Ia diversite : Sensibilite; materialisme.
2.) Point de vue du sujet comme identique a Iui-mCme dans le
divers : Ligalite, personnalite; formalisme, Kantisme.
3.) Point de vue du sujet comme reduisant le divers a !'unite, et
principe stable d'une action progressive dans le temps : Moralit~.
LA W.-L.
18.04
143
4.) Point de vue de Ia Vie, representation (Bilden) dans Ia Vie absolue qui ne revient a l'uniM que par Ia moralite : Religion.
On pent enftn ajouter comme moment distinct, celui oti s'effectue
Ia syntMse quintuple :
5.) Le principe unissant tons ces principes dans Ia Vie absolue
du Phenomime (le (( Se comprendre absolu ))): Science (49).
En chacun de ces points de vue se retrouvent avec nne couleur diffCrente les autres points de vue, et Ia diversite infinie. II y a done
vingt-einq moments fondamentaux du Savoir, nCcessaires et exprimant Ia Vie de I'Absolu (60).
La W.-L. 1804 teHe qu'ellc s'est derou.Iee sons nos yeux s'articule
conformCment a ces divisions. Elle contient cinq points de vue de
la reflexion, contenant eux-memes chacon cinq syntheses quintuples. Elle compte ainsi vingt-cinq moments fondamentaux. La pre
miere partie on doctrine de Ia VCrite embrasse deux points de vue
qui constituent le cc Comprendre n = x; Ia seconde partie ou PhCno
menologie embrasse trois points de vue, dont les deux premiers constituent essentiellement le (( Comprendre du comprendre )) = z; le cinquieme point de vue apporte Ia connaissance du lien synthetique =
y. (Cf. Tableau, p. 136-137).
(49) Ces eta pes constituent les faits de Ia conscience : Die Tatsachen
des Bewu~~t~eim , C'est le Utre m~me de l'ouvrage de Fichte parn en 1810
et 1818.
(50) W.-L. 1804, le!;on 28, S. W. X, p. ::108-S14.
145
CHAPITRE V
A- -
(3) Publie en 1806, a peu pres du m~me temps que les Grandziige des gegenwiirtigen Zeitalters (1804-1805), et PUeber. das Wesen des Gelehrten (mai
1805), les trois ouvrages constituent nne sorte de trllogie.
(4) Gurwitch, Fichtes System der konkreten Ethik, op. cit. - La Sittenlehre, comme tout point de vue particulier, sc pose en el1e-m~me absolument,
c'est-A-dirc commc se sufflsant pleinement et ignorant tout des points de vue
qui Ia surpassent. Ln seule diff~rencc dan;, I'attitude prise maintenant par le
philosophe, c'est qu'il a conscience que l'affirm:ation absolue du fait qui sert
de point de dCpart au Sittenlehrer ne pent ~tre ju:rtiflC par cclui-ci et reste
une supposition dont Ia W.-L. aura a contr6ler !'exactitude et A determiner Ja
portCe. La S.-L. se prCoccupe simplement d'analyser le contenu et Jes conditions de possibilitC d'un tel fait. Ce concept, paree qu'il est absolument premier, n'est la copie (Nachbild) ni d'un monde infCrieur, ni d'un mondc superieur; l'~tre qui en rCsulte eonstitue pour Ia s.-L. tout l'~tre. hors duquel 1l
n'y en a point d'autre. Ce concept a beau, en rCalite, ~tre !'image de Dieu, Ia
S.-L. ne doit rien en savoir a son point de vue, et son Absolu n'est pas autre
chose que ce concept Iui-m~me. La S.-L. est done bien une science distincte
de la phiJosophie~ Aussl nne philosophie dOnt le principe supr~me n'est que
Ia moralitC, est-elle une philosophie inachevee, par exemple celle de Kant
(Fichte aurait pu ajouter et Ia premiere W.-L. ~). (S.-L. 1812, S. W. XI, p. 1-6).
De tout cela rCsulte 1 o que le nouveau point de vue de I a W.-L. a sur Ia
S.-L. nne importance aussi minime que possible (quoique non nCgligeable,
puisquc Ia vie prCsente est con~uc conune preparation A In vie divine [p. 72]).
2 que Je contenu de la Loi d~terminC maintenant par Dieu, ne nons fait
guere cffcctucr hors do formolisme un progrCs plus marque qu'en 1801.
10
146
du subjectivisme en general, a un point de vnc oppose dans sa tendance :i celui de Schelling - ou d'une identitC des Clements n1emes
de Ia doctrine, identite plus 'prCdse que Ia simple similitude des intentions et de I' esprit :io?
B. -
I. -
147
148
(6)
(5) W.-L. 180/J., let;.on 17, S. W. X, p. 223.
14~
W.-L~
1804,
lc~on
15, S. W.
X.
p. 211.
150
151
arrete Iui-meme dans. sa propre genese du Savoir. Le rapport originaire des deux termes projetes comme Absolus, Etre et Liberte, restail ainsi cache. Toutefois, comme aucune qualitC occulte ne devait
subsister, cette interruption mCme de Ia genese a ete considCree
comme son achCvement u1time, et !'hiatus a ete erige en absolu. La
W.-L. 1804 ne pourra done dCmontrer I'insuffisance du point de vue
de Ia contingence qui est celui de 1801, qu'en prouvant Ie caractCre
inacheve d'une construction qui, selon la W.-L. 1801, portait Je
sceau de son achCvement, et qu'en achevant elle-mCme cette construction. De fait, Ia W.-L. 1804 ajoute trois nouveaux points de vue
a ceux de 1801.
On prouvera Ia nCccssitC de poursuivre Ia construction :
1.) En considerant l'Etre construit (Synthese B3).
MCme si l'auta-construction nons a reveJC J'identitC absolue de
!'Etre en lui-mCme et de l'Etre construit en nons, nons devons admettre que cet Etre en nons est formeHement une simple image de
l'Etre hors de nons. L'identite de Ia copie et de l'original vient de
ce qu'il n'y a dans Ia copie rien qui ne provienne de nons (en tant que
diff<!rents de I'Etre), mais que tout, au contraire, est determine en elle
par l'Etre. Nons dirons done : ({ Si l'on reussit effectivement a construire Ia forme ou l'image de l'Etre (Soli .. ), on doit (so muss .. ) reconnaitre qu'e11e est fondee dans l'Etre, et noli hors de lui dans un pretendo Moi autonome (8) )) .
NoU.s sommes engages par 1:1 a poursuivre !'auto-construction
pour rCaliser, dans nne connaissance cerlaine, ce qui est projet<! dails
cette proposition hypothCtique, - sons peine d'enlever toute leur
valeur aux rCsultats obtenus dans Ia construction de la Verite.
2.) En considCrant Ia nature de l'auto-construction.
L'auto-construction est principiation ideale. Par cette principialion, l'Cnergie de la rflexion dans Ia position du principe fait du
principiat, c'est-a-dire d'elle-mCme, un principe par rapport a Ia connaissance du principe. Cette subordination est d'autant plus grave
que Ia W.-L. a professe au dCbut comme_ un axiome que ]'essence
du princiPe etait connaissance de soi. Le principe de la connaissance
du principe se poserait done en fait (Tun) comme le premier principe au moment oil l'on affirme (Sagen), grace a lui, !'existence d'un
autre principe superieur. La W.-L. 1801 considCre cette disjonction
comme insurmontable. Comment pourrait-on considerer Ia disjonctiOn comme I'effet de la connaissance, alors que sans cette diSjonction il n'y a pas de principia lion ideal e. done pas de connaissance du
(8) W.-L.1804,
le~on
l'i,. S. W. X, p. 223.
152
tout. Elle semble par consequent etre moins un effet que Ia nature
meme de Ia connaissance, i:t tel point que Ia cessation de cet effet est
!'abolition de Ia connaissance elle-meme devant l'Etre mort = 0.
A eette remarque, Ia W.-L. 1804 objecte que si I' on se figure, dans
!'abolition de Ia connaissance devant l'Etre, se confondre avec celuici, par Ia suppression de tout ce qui appartient au sujet, on se trompe
du tout au tout. Dans cette.negation d'elle-meme, Ia connaissance
en effet se rnaintient comme connaissance de l'Etre, possible par Ia
negation du connattre, conditionnee par ceJie-ci, et projetee en consequence hors d'elle. Avec Ia connaissance est conserve son effet qui
est Ia projection; et cet effet nons sCpare de l'Etre vCrilable, au moment meme oil nons croyions le saisir. On estimera ne plus Ctre le
jouet de cet etfet. en posant le principe, non dans le Savoir qui projette et par rapport auquel le principe projete est seulement nCgativcmcnt dCterminC comme Non-Savoir, mais dans l'Etre indCpendant
de cette projection; en rejetant !a negation sur le Savoir lui-mCme,
comme Non-Etrc de l'Absolu, c.e qui correspond, pense-t-on, a nne
affirmation positive de I'Absolu. Mais 1:\ encore, on est dupe d'une
illusion; l'effet de Ia conscience suhsiste encore malgrC tout par rapport:\ l'Absolu projete. PrCcisCment lorsque 1' Absolu est positivement
determine comme Par Soi, il demeure qualite occulte, Lumiere inaccessible, qui nie toute representation de lui-mCme issue temporellement d'un acte etranger a lui, issu de l'acte par Iequel nons nions
le Savoir pour faire surgir dans celui-ci un concept de l'Etre, concept ne de l'energie de Ia reflexion.
On reste done enferme dans la conscience autonome, mais alors
on n'a pas le droit d'Cnoncer une loi qui rCglerait, hors de Ia conscience mCme, le rapport entre I' Ahsolu et Ia conscience. Pour la conscience, - et c'est 1:\ une proposition qui s'impose necessairement ;\
elle, Si elle ne pent sortir d'elle-meme, - Ia conscience est autonomic absoluc, position contingente, et le passage de Ia non-conscience
a Ia conscience est abwlument Iibre. Mais peut-on Ctendre cette affirmatiOn au passage, anterietir A Ia conscience, .de !'essence de 1'Absolu a l'existence, tant qu'on n'est pas certain de s'etre dCbarrasse
de tous les Clements qui .sont relatif.s a Ia conscience et n'appartiennent pas.a l'Absolu lui-meine? Or cette affirmation de !'hiatus
absolu de Ia Iiberto n'est-elle pas un elfet de Ia conscience 1 A-t-on
le droit d'assimiler l'effet de Ia conscience, a l'effet de l'Absolu qui
produit Ia conscienCe elle-meme? Si l'on voulait justifier nne telle
affirmation par Ia souverainete inCluctable du point de vue de Ia
consCience, il vaudrait mieux revenir iranchement a l'idCalisme de
Ia premiere W.-L. et nier tout Etre de l'Absolu, independant de Ia
conscience.
La W.-L. 1801 a parlaitement raison d'affirmer que I'Absolu au-
153
154
l
J
'I
155
xenversement s'effectue parce que )e rapport de finalitC vient s'ajouter au rapport simple de condition a conditionnC, pour transforme1
la condition en moyen, et Je conditionne en cause finale immuable
et immanente (9).
Et cette cause finale qui est en meme temps Ia pleine activite pro
ductrice de I' AbsoJu est ip.sO facio cause product rice des moyens qui
lui sont nCcessaires. Comme le lieu du Savoir ordinaire est celui de
Ia disjonction, il etait impossible, en concluant de lui au Savoir transcendantal, de supprimer celle-ci dans ce dernier; et tant qu'on ne
supprimait pas cette disjonction dans le Savoir transcendantal, on
ne pouvait s'apercevoir de sa vraie nature comme emanation directe
de l'Absolu. On ne pouvait pas, en consequence, voir en lui lc fondement du Savoir ordinaire, ni conclure de sa vraie nature A Ia vraie
nature et au veritable rOJe .du Savoir ordinaire. C'est done parce que
la disjonction n'Ctait pas surmontee dans la duplicite, qu'eiJe nc
J'Ctait pas non plus dans Ia simplicite (10). Mais des que I'hiatus, Ia
mediatite comme moyens de construction du princ:ipe, sont fondCs
dans le principe, com:JDe le moyen de la connaissance ahs?Jue de soi
qu'il enveloppe necessairement, la Vie necessaire du principe apparail comme comprenant en elle Ia totalitC de l'autopenetration de
soi. Alors Ia preuve que Ie principe produH nCcessairement le Savoir
dans sa simplicite est que dans le Savoir double, oil nous saisissons
]a Vie absolue, ce principe apparait comme produisant nCcessairement cette connaissance (10 his), resultant du Savoir double. Comme
cette duplicite on penetration absolue est Ia Vie immCdiatement necessaire de l'Etre, le Savoir dans sa simplicite est produit nCcessairement, car Ia nCcessite du premier degre est impliquee par l.l. nt~es~
site du second.
On conclut ainsi du Savoir transcendantal au Savoir ordinaire.
Alors les moyens de Ia construction, donm~s necessairement par Ia
Vie, ne sont plus au fond indCpendants comme les fondements autosuffisants et necessaires de son existence, mais sont seulement comme des consequences necessaires de sa nature. L'opposition entre Ja
contingence de Ia forme et Ia nCcessite du contenu est abolie parce
qu'el1e est dCduite du contenu eomme un moyen de son existence,
parce qu'elle est dCduite de Ia forme nCces~aire de l'autogenCse qui
(9) c L'existence absolument, quel que soit son nom, sons sa plus basse,
comme sons sa plus haute expression, n'a pas sa flu en elle-ml!m~ mais dans
one fin absolne, celle-ci: c Le Savoir absolu doit Ctrel :~o ( W.-L.1804, le~on
25, S. W. X, p. 290).
(10) Et cette disjunction a pu ~trc surmontCe prCcisement paree que l'Absolu
'Si en nons et que sa nCces~ite nons conduit.
(10 bia) Connaissance de la production nicessaire.
156
.,
ne peut exister que par la IibertC d'un cOte, mais qui est entiereJnent posee d'un autre cOte, par l'Absolu.
. Ainsi, parce ~ue l~ dupl~citC nons permet de penetrer Ia disjonchon_ c~mm~ phenomene necessaire, nons penetrons du meme coup
Ia diSJo_n~tiOn dans la simplicitC (S D Einheit), Ia disjonction dans
Ia dupl~c~te (x, y, z Einheit) et Ia disjoncti~n de Ia simplicitC et de
Ia duphm~e (S D Einheit
x, y, z Einheit) comme effet du Phenomene. Sx dans lc t~m_ps, Ia simplicitC fonde toujours Ia penetration
absolue p~r Ia. ~uphcxte, dans l'eternite, cette penetration absolue
fo~de. l~ s_Imp~tc.Ite et le temps Jui-meme. C'est le cercle ferme de Ja
prm~tpi~t~on ~deal~ et de la principiation n~elle, de la quantitabilite
ou ~epe~thon mfime dans la ralitC (l-Firklichkeit) el de I'Ctcrnelle
p~oa~cho~ _dans Ja sur-realite (Ueberwirklichkeit), qui constitue Ia
VIe lmmedwte de l'Absolu immuable.
Sans doute: Ia VV.-L. 1801 di:ciare-t-eHe qu'une fois posCe I rberte, celle-ci ne s'Cteint pas conune l'Cclair fugitif, qu'elle
et que sa perseverance implique la nCcessite de tout son developpement : u La Vie vit nCcessairement >>. Ma.is il n'y a xien de
commun entre cettc ncessitC et celle de 1804. La Vie vit necessair:~ent~ .sans doute, mais a condition d' etre posee, l'insurmontabJe
diSJOncbon est done toujours au fondement.
L~ subsistanc~ de.la liberte n'a pas sa source dans )a puissance
de ~ Absolu! ma1s . dans sa propre puissance, celle du Soli (Selbstsch~pfer semes Sems, und Selbsttriiger seiner Dauer) (11). Cette necessite en~eloppe ~e~~-etr~ Ia s_implicitC du Savoir, mais enveloppet-elle
auss1 sa duphc1te, pu1squ'd faut selon Ia W .-L 1801, une crca"
.
hon nouvelle (neue SchOpfung) pour passer de l'une a]'autre? Me
.
me
~u cas ou 1a ~ece~s1te s'Ctendrait a la duplicite, on conclurait touJOUrs d.u. Savmr s.n~ple au Savoir double, et Ie premier commencement _veritable conhnuerait d'apparaitre comme pur rCsultat.
. ~fa1s toute cette ~rgumentation ne sous-entend-elle pas une suppoSition que re_cusera~t ]a w.-L. 1801 ? Nons disions en e:ffet que si l'auto-eonstru~ti~n d~It construire le principe, elle doit ]e construire
comme. pnnc~pe, c est-3.-dire comme Vie en.gendrant necessairement
sa mamfestabon. Ne postule-t-on pas ainsi dans la premiss 1 .(
t
'il , t d
e a ncces8 1 e qu . s agi . ~ ~rouver? La W.-L. 1804 repondrait qu'on ne peut
concev01r Ia vahd1te de la construction sans nne telle supposition _
qu'~l~e ne conteste pas au surplus que son commencement soit ;upposition. Une supposition est necessaire tant que la construction
n:e~t pas achevee. L'achevement de Ia construction aura pour etret
d ailleurs de nons montrer pourquoi elle Ctait nCcessaire. Mais a cet
sub~st~
le~on
16, S. W. X, p. 21Q.
157
egard meme, Ia W.L. 1804 est bien superieure a Ia W.-L. 1801 qui
elle aussi prCsupposait son rCsultat dans sa description factice initiale (Synthese A1). La W.-L.1801 en e!Iet au lieu deviser a supprimer cette supposition comme telle, ce qui aurait conduit a abolir
l'absoluite de Ia contingence du Savoir, ne pense qu'a )a produire
genCtiquement~ si bien qu'il n'est pas Ctonnant que la supposition
etant absolue, elle la retrouve comme absolue dans le resultat de sa
deduction ll (12).
L'opposition de Ia W.-L.1801 et de Ia W.-L.1804 pourrait se carac
tCriser comme )'opposition entre le probh~me de Ia limite et celui du
fondement, qui est consid<\re par Ia W.-L. 1804 comme le probleme
dernier. Celle-ci est done necessairement, pour une part, une refutation de Ia W.-L.1801 dans Ia mesnre oll la limite doit pouvoir etre
Iegitimement franchie pour que nons puissions poser un fondement
valable.
Jusqu'ici notre examen des differences separant les deux W .-L.
n'a porte que sur la possibilite et Ia necessitC, aperc;ues en 1804,
d'ajouter :\ }'auto-construction considCrCe comme achevee en 1801,
de nouVelles syntheses et de nouveaux points de vue de Ia rCflexion.
II reste a savoir si cette addition, et si le resultat de cette addition,
(c'est-3.-dire Ia deduction de toute l'auto-construction dCj:\ op~.ree aux
deux premiers points de vue de Ia rCflexion). n'a pas pour effet de
modifier le rapport et le contenu memes des syntheses effcctuCes au
cours de ces deux premiers moments. Le paraliClisme entre Ies deux
premiers groupes de syntheses des deux W.-L. est-il aussi parfait
qu'on pent le croire en premier lieu?
Tout d'abord, Ia substitution de Ia necessitC inconditionnee de
I' Absolu a Ia contingence de Ia Jiberte, comme fondement reel du
SaVoir, a pour consequence de modifier Ia nature du rapport qui
relie entre elles les syntheses successives. CeUes,..ci continuent toujours :\ s'opposer l'une :\ l'autre comme Je r6alisme a l'idCalisme,
mais idealisme et realisme ne sont plus entendus de Ia meme fa~on.
En 1801, le centre des syntheses idt\alistes etait dans l'acte absolu de
la Liberte : U'enn .... Soil ... , celui des syntheses realistes dans Ia determination matCrieiie de Ia Liberte par l'Etre : So Sein. En 1804, le
centre de la synthese idCaliste, est celui de Ia synthese realiste de
1801, c'est-a-dire Ia necessite (so muss ... ) conditionnee par le Soil ...
La synthese rCaliste dont le centre est dans une necessite independante d'un Soli, necessitC inconditionnee, non seulement quant au
contenu, mais quant a sa forme, n'a aucun correspondant dans les
syntheses de 1801. Nons avons Ia une indication utile pour re(12) W.-L. 1804, le~on 11, S. W. X, p. 173.
)58
159
161
160
II. -
Si Ia W.-L. 1804 rCvCle un incontestable changement dans la doctrine, elle fournit d'auti'e part entre les diffCrents << moments )) traverses par celle-ci un lien d'unitC. - Par le troisiCme Inoment, nons
t~ommes sortie dCfinitivement de ia mediatite et sommes revenus
3. l'interioritC au moyen d'une synthCse du sujet et de J'objet dans un
..~solu superieur et a Ja conscience pure et a l'objectivite morte. Cet
Absolu est par rapport a Ia conscience pure de soi nne veritable
EgoitC objective, - 3. Ia fois transsubjective et transobjective - et
ainsi apparait un concept analogue a cet egard (3. cet egard seulement) a !'Esprit h<!gelien.
Si ron considCre dans son ensemble !'evolution de Ia W.L., elle
apparalt comme nne realisation progressive de ce point de vue su
preme. Elle n'apparatt de Ia sorte que si I' on se place a ce point de
vue luimeme. Suivant le troi~ieme Moment de Ia W.~L., en effet, nons
sommes, dans l'immediatitC du point de depart, conscience c< factice qui s'ignore dans sa racine. En consequence, cette conscience
se pose absolument et pose abSolument son effet, qui est de projeter
sa propre energie (D) et !'En Soi (S) dans un rapport reciproque dont
elle n'arrive point a s'affranchir, ni a rendre compte.
A son point de depart en 17.94, Ia W.-L. se trouve devant Ia disjonction ineluctable de l'energie subjective et de l'En Soi. Comme elle
a pour objet Ia genese du Savoir a partir d'un principe unique, elle
ne pent rester dans cette disjonction; mais parce qu'elle en ignore
la racine, elle doit choisir l'un de ces termes comme premier prin~
cipe. La condition du Savoir rCel Ctant l'Cnergie d'un Moi autonome,
Ia W.-L. placee au point de vue du Moi fini en general choisit l'energie du Moi et non !'Objet (le Non-Moi) comme absolu. C'est le Moi
pur, dCfini comme autonomic de Ia conscience pure de soi. La nega
tion a laquelle elle procede, du Non-Moi toujours uni a elle dans
le fait de I' experience, l'invite a croire qu'elle s'est ClcvCe au-dessus
du c~ fait ll et qu'elle est parvenue a Ia Tafhandlung. En realite, nous
"
162
appartient a ce dernier ne pent reunir en un ces deux termcs disjoints. Si Ia W.-L. se place dans l'Cnergie, alors l'Etre s'aneantit ; si
elle se place dans l'Etre, alors elle perd I'Cnergie.
La W.-L. reste ainsi plonljc!e dans Ia inediatite, dans l'efiet. II faut
done encore s'Clever plus haut pour rfaliser Ia genese rCclamCe. De
la conscience, on doit en consequence faire une abstraction totale,
eta cette fin abolir !'hiatus au lieu de !'Criger en Ahsolu. La projectio per hiatum pent alors se comparer au <c principe de raison ~
(Salz des Grundes) du premier moment grace auquel le Moi projetait
hors de lui le Non-Moi comme cause de ce qu'il trouvait en lui indCpendamment de son Cnergie. Comme dans le premier Moment on
affirme que cet Etre projete n'a aucune rCaHtC, du mains sous la
forme oti ii se prCsente. NCanmoins, ii n'est plus un simple reflet du
Moi, mais nne image de l'Absolu, distinct du Moi qui en projette
!'image. De plus, comme dans le second moment, on affirme que ce
qui projette n'est pas Ia souveraine rCalite. Entin Ia negation de
}'hiatus on de la DlOrt abolit la " faeticitC :!> de Ia creation contingente, au profit de Ia nC<'essite de l'Etre, tandis que l'Absolu et Ia Vie
se rejoignent dans l'immCdiat.itC productrice du Fait. L'Absolu n'est
plus dans-la conscience pure, D (x), ni dans l'Etre mortS (z), mais
dans rAbsolu vivant, Unite (y), qui est interioritC comme D et qui nie
Ia conscience pure autonome comme S. Ce qu'il y a de supreme
n'est pas l'identitC interieuredu ~ioi, niant en eiJe-meme Ia possibilitC du PhCnomCne (representation, limite), qui en serait Ia dCcheance; ce n'est pas non plus Ia contrainte sentiej cest nne interiorite qui
nous dCpasse et a laquelle nons participons; c'est une union avec
nne nCcessite qui nons affranchit, nne LumiCre qui nons dClivre,
qui n'est ni intuition intellectuelle, ni sentiment, mais intuition rationnelle, jouissance, beatitude.
La W.-L. a maintenant acheve son developpement, aprCs s'etre
modifiee progressivement dans un cadre immuable, celui du subjectivisme, sons !'influence de l'impCrieuse maxime de Ia genese. Mais
s'il y a continuite dans la methode et dans I'esprit, il y a un changement considCfable dansla mise en ceuvre et ~ans les resultats. Si
toutes les determinations du reel ont toujours leur source ..dans le
libre dCploiement de la seule activite subjective, cette activite ne se
suffit tout de mfme plus, elle requiert non seulement un substrat,
mais encore un principe au-dessus d'elle, a Ia fois transobjectif et
transsubjectif. On pent alors observer un renversement du pour au
contre, un passage de }'extreme idCalisme a }'extreme rCalisme, au
mains dans les principes. A cet Cgard, les trois moments de la W.L. se presentent moins comme des confirmations successives d'un
seul et meme point de vue, que comme la rCfutation successive, les
uns par les autres, de points de vue diffCrents. C'est seulement apres
Ia rCfutation du point de vue prCcCdent, que le suivant parait completer le premier, pour l'embrassera'\'Cc d'autres Clements dans une
synthCse plus vaste.
C'est seuiement aprCs coup, qu'il est possible de parter d'achCvement, car au fur et a mesure qu'ils :tpparaissaient, chacun de ces
points de vue se posait comme dCfinitif, immuable, absolument suffisant, portant en soi le sceau de son achCvement :~>. C'est cette absoluite qu'il faut commencer par detruire, lorsqu'on pretend ache-.
ver ce qui s'affirmait dCj:\ comme parfait. Et cette destruction
revient, somme toute, a ruiner l'absoluitC et Ia primautC solennellement prodamees de certains principes, a detruire un ordre de leur
h:iCrarchie, qui etait considCrC co1nme l'essentiel. Si done on considere !'evolution en train de se faire, on sera amene a proclamer
centre Fichte lui-meme, Ia solution de continuite Ia plus complete
entre les differents moments :t> de Ia doctrine. On expliquera les
declarations de Fichte par Ia nCcessitC polemiqne de 1.o:iler les transformations les plus Iegitimes, aux ycux d'adversaires prets a denoncer Ia retractation, Ia paJinodie ou Je plagiat. Mais si l'on considCre
l'Cvolution nne fois {aile, on eprouve le sentiment qu'elle Ctait nCcessaire, qu'elle se prCsente comme un dCroulement logique, une sorte
de phfnomCnoiogie interne n'a:yani rien de comparable avec une
succession de changements accidentels. Le rCsult.at de !'evolution est
de fournir Ia loi et Ia justification de cette evolution. Bien mieux,
l'absoluitC que s'arrogeait chaque point de vue, au fur et a mesure
de leur apparition, se trouve elle aussi justifiee et apparait comme
nCcessaire. Chaque point de vue s'isole en effet dans sa sphere et
colore de sa nuance propre toute Ia realitC, chacun d'eux s'affirme
comme suffisant, tant que Ia dialectique n'a pas decouvert son defaut, et fait snrgir le point de vue superieur. C'est dans Ia syntbese
definitive qu':ils apparaissent comme des moments l> d'une seule
et meme evolution IQgique continue.
Cette duplicite d'aspect, - jointe a Ia difficulte de preciser les limites de chaque moment et !'articulation precise de la doctrine en
cbacun d'eux, - explique Ia diversite des interpretations.
LE VERDE
CHAPITRE VI
LE VERBE
C'est aussi par ses resultats que Ia W.-L. 1804. manifeste son originalite par rapport aux exposes plus anciens. Elle menage nne place
speciale au point de vue religieux. EUe apporte une nouvelle theologie rationnelle qui comprend nne thCorie du Verbe et nne preuve
ontologique renouvelee.
A. -
Le Verbo et la liberte
(1) Anweisung zum seligen Leben (180G), leson VI, S. W. V, p. 480 sq.
165
Lec;on
a.
166
LE VERBE
B. -
167
le~n
.w.
168
169
LE VERDE
Grundrisse~
l. -
A CONTINGENTIA.
"I
til
~
170
dra de Ia nCcessitC d'une demonstration supplementaire pour prouver que cet Absolu produit Ia pensee (ce sont Ies trois derniers points
de vue de 1804); ou, tant que l'.on en rester a strictement au seul deuxieme point de vue de Ia rCflexion, on posera cet Absolu, non comme
nne cause, mais comme nne limite, un en soi. Bref, une neccssite
nous contraint de poser le Non-Etre du concept comme Etre se suffisant a soi. Quant a affirmer que ce concept d'auto-suffisance est
lui-mCme produit en nons par l'Absolu (Ia LumiCre est genese), c'est
13. nne simple hypothese, qui loin de constituer le nerf de notre
preuve, devra Ctre el1e-meme prouvCe. Elle constitue un point de
vue superieur non dCmontre, d'oil I'on pourra ultCrieurement contempler l'auto~construction. Mais celle-ci, en fait, n'a pas encore dCpasse
le concept de limite, ce point all cc l'absolu hiatus et Ia projectio per
hiatum se .Produisent et sont poses comme la pure expression rationneUe du vrai rapport des chases )) (12). Demander pourquoi cette
limite de Ia pensee est posee comme Absolu plutOt que comme nCant
Cquivaudrait a demander si Ia Pensee, quand cUe est 1imitee, est
limitee par Rien. Dans ces deux premiers points de vue n'intervient
pas Ia notion d'Ens realissimum. C'est en effet, hors de l'Etre qu'est
cherche a ce moment-13. le fondement de toutes les realites, c'est-adire du Savoir.
Fichte semble ainsi confirmer Kant, pour lequel le concept d'Ens
J'ealissimum ou de totalite des conditions, apte seulement a faire
reconnaitre a priori a !a-raison un Etre comme inconditionne ne
nons garantit pas l'impossibilite d'un Etre inconditionne autre que
celui-I:i. Nons obtenons effectivement ici un Etre absolu qui ne possede nullement en lui Ia possibilite de toutes les determinations du
Savoir, et du Savoir en general, Iequel eonstitue la realite (Wirklichkeit) ou l'ensemble de l'experience.
Cette connaissance de l' Absolu com me en soi, et de l'origine des
chases, est rendue possible chez Fichte par un moyen terme qu'on ne
trouve pas dans la Critique : !'experience suprasensible sons forme
de sentiment de l'Etre, on de sentiment de certitude. Pour Kant Ia
connaissance speculative et Ia certitude morale se referent a deux
criteres absolument etrangers l'un A l'autre; Ia premiere requiert
uniquement nne intuition (intellectuelle ou sensible) par laquelle
Ia realite, soil phenomenale, soil noumenale, penetrerait elle-meme
dans notre connaissance; Ia seconde se refere, en dehors de toute
intuition, au sentiment de l'obligation, et les hypotheses speculatives
que nons pouvons fonder sur lui ne font absolument rien penetrer
de Ia realite dans notre faculte de connaitre. Pour Fichte, le fonde-
(12)
LE VERBE
171
172
a ceux-;ci, vont ~ettre fin les trois derniers points de vue qui realisent spCcifiquement Ia preuve per Ens realissimum.
.Quand nous avons examine simplement Ia forme de Ia doctrine,
nous avons vu comment Fichte dCmontrait Ia possibilite de s'Clever
plus haut en proclamant l'inachCvement de Ia construction considCrCe. comme achevee. Une conclusion analogue sera obtenue, si I'on
examine la matiere, c'est-3.-dire Ja necessite sentie (Zwang, Gefii.hl).
Puisque toute necessite intCrieure de Ia Pe,nsee, d'aprCs le second
point de vue de Ia retlexion, repose sur un plitir, Ie p.3.tir lui-mCme
doit Ctre dCpasse, si I~ pensee affirme qu'il doit l'Ctre.
La pensee ne pent en effet formuler cette obligation que parce
qu'elle est eUe-meme obligee de Ia formuler. C'est la contraintc
exterieure qui, ici, reclame. dans la pensee un affranchissement a
YCgard de celte contrainte. II n'y a done dans cette exigence rien
qui contredise au fondement de certitude sur lequel repose la validite
objective de toutes Ies affirmations du sujet (14). Tout ce que je
suis oblige de faire dans Ia Pensee (sons la condition d'une libre
reflexion) m'est impose par I'Etre. Or jc suis oblige de poser J'Etre
comme In Sich, Von Sich, etc ... , et de dire qu'il embrasse tout Ctre,
tons les Ctres puisqu'il est Un et partout ce qu'il est (c'est le substitut de I'Ens realissimum). Je dais done, dans cette :rp.esure, poser en
lui le fondement de tout ce qui existe. Je dirai alors : Ia Pensee de
l'Etre, Ie Savoir absolu doit etre fonde dans l'Etre, d'une fayon qui
lui est conforme, c'est-a-dire Cternellement, et sans changement, de
fayon nCcessaire. Cette assertion, c'est Ia Pensee, le Savoir qui Ia
pose a l'interieur de lui-mf.me. Mais il ne dit rien a l'intCrieur de lui,
sans une contrainte subie de Ia part de l'Etre. Done c'est I'Etre luimCme qui me contraint, moi ou le Savoir, de poser dans cet Etre
le fondement de Ia Pensee abso1ue, c'est-a-dire de poser l'identite
de Ia Pensee et de l'Etre. Ainsi !'affirmation factice, a l'interieur
de ]'existence, de Ia necessite posant en soi cette existence est possible seulement parce que cette necessite.affirmCe est reene en dehors
de notre affirmation, sa rCalite m~me rendant possible notre affirmation.
Le W.-L. est ici d'accord au fond avec le Kantisme ante-critique
et Jacobi. Dans son Ccrit c Du seul fondement de la preuve pour
nne demonstration de /'existence de Dieu )} Kant avait dCclare. hautement approuve par Jacobi, que nous n'Ctions pas certains de P'exis(14) . PAtir ~ semblcrait pTuMt cxprimcr Leiden que Zwang, mais Ia contrainte a :sa sonn:e dana le pAtlr, et c:e dender terme convient partaitement au
aentiment par lcoucl scxprime !:1 contrainte. J.a categoric de !'existence est celle
de Ia pa:ssivit~. Kaimon avail ded~ : U n-y a nulle part de nt!:cessitt!: objective propoemcnt dite, car celle-ci se rCduit lt unc contraintc subjective (Subjelt.liver Zwang).
LE VERBE
178
I
'I
.I
I
Iii
]I
,,
II
II
II
174
affirme que l'identite des deux neva pas de soi; il s'oppose au dogmatisme qui pose tout d'abord, implicitement on explicitement
d'aprCs Kant, I'Ens realissimum sans le dCmontrer. II rCpond enfin
avant Hegel, - et conformCment au vceu de Herder, quoique par
une methode differente,- :i I'objection de Jacobi contre Ia possibilite
d'une demonstration de !'existence nCcessaire (17). Si I' Absolu fonde
tout, disait Jacobi, ce fondement absolu ne doit pas etre conclu; mais
alors il ne pent etre prouve. Si ~a preuve est possible, ce n~ pent Ctre
que si ce fondement absolu Ia realise lui-mCme, car si c'est lui 1'Absolu, c'est lui qui ,prouve. En ce cas, il est ]a mineure, or en tant
qu'Absolu contenant tout, il doit etre majeure universelle. Pour
qu'une pareille preuve fUt possible, il faudrait que !'existence necessaire en question flit a Ia fois majeure, mineure, et conclusion.
Selon Fichte, le dogmatisme Cchoue devant cette difficulte parce
qu'il ignore la.. Vie de l'Absolu. Alors il se contente d'affirmer facticement I'Ens realissimum sans pouvoir en rendre compte. Or,
la Vie est auto-connaissance, auto-demonstration de soi (18) ; cette
Vie constituc l'cxistence de 1'Etre identiquc avec lui ; sa manifestation est de sfparer l'Etre de I'existence, c'est-3.-dire d'elle-meme,
mais en meme temps de ramener a l'identite, par son auto-realisation, ce qu'elle a sfparC. Elle est done, - elle, Ia Vie qui est !'existence meme - a Ia fois majeure, mineure et conclusion, c'est-3.dire le lien du sujet et du prCdicat, qu'elle a poses afin de les lier
(Das Wort ist Band, Liebe). Le sujet, on majeure, est l'objectivation
absolue du sujet (Etre) par le prCdicat ou mineure (existence). La
mineure et Ia majeure Ctant ici en rapport reciproque, on doit en
conclure qu'il y a quelque chose de plus profond que Ia majeure
apparente; c'est ce qui en est la cause absolue et veritable : ]'existence comme autogenCse. La genese en effet, afin de s'effectuer, projette per hiatum l'Absolu vide d'un cOte, et elle-mCme, )'existence, de
l'autre, comme mineure. L'existence se realise pour elle-m:me, en
voyant ce .qu'elle est elle-meme, c'est-3.-dire identite de J'Ctre et de
)'existence, de l'etre et d,e Ia connaissance de soi; mais elle ne pent
voir cette identite qu'en Ia rampant, pour Ia rCaliser ensuite sons
175
LE VERBE
ses yeux. On encore Ia Vie est Voir, Ia Vie doit done se Voir; mais
elle ne peut se voir vivre, qu'en se faisant vivre pour elle, c'est-3.-dire
en s'opposant, en elle, a l'Etre mort et aveugle, pour lui attribuer ensuite Ia Vie et le Voir, dCcouvrant, en mCme temps qu'elle voit, Ie
caractCre provisoire et en quelque sorte instrumental de Ia disjonction (19).
Aussi, trouvons-nous (( facticement ))' au point de depart de la
demonstration, c'est-3.-dire de Ia realisation de l'existence comme
telle, tout d'abord Ia simple existence avec taus ses caractCres : ideolite avec I'Etre, possibilite de se distinguer de l'Etre, liberte, etc. La
Sgnthese E2 (ou A3) nous donne facticement a Ia fois I'Etre et Ia
connaissance de I'Etre, immediatement l'un dans l'autre et identifies, c'est I'existence in se, identique :i I'Etre. La SynthCse BS considCre l'existence, non plus sons !'aspect de son identite avec l'Etre,
mais sons celui de manifestation de l'Etre, et de principe de cette
manifestation, principe de Ia connaissance absolue, Soli absolu,
principe du Soli. Ce principe manifeste immediatement son effet en
reintroduisant aussitOt la disjonction de l'Etre et de Ia connais..
sance, du reel et de l'idCal, disjonction supprimee a Ia Synthese E2.
II produit done immediatement eu fait (Tun) dans notre Savoir,
l'effet que notre Savoir lui attribue (Sage11).
IV. -
!'
''
,,
176
177
termes, l'effet de Ia conscience est IibertC; si ma connaissance en
tant que telle a le droit d'apparaitre comme contingente, son objet,
l'Absolu ne doit pas participer ace caractCre, et doit etre pose comme nCcessaire .. En effet, 3. Ia Synthese E2, il avait Cte pose dans
sa rCalite propre comme etant par soi, indCpendamment de toute
liberte. Mais en fait, Ia connaissance mf:me de son indCpendance et
de sa nfcessite rCsulte de l'entreprise absolument libre et contingente de Ia W.-L. Si elle reste subordonnee a cette Jiberte, notre conn3.issance n'est en aucune favon le prod nit de Ia nCcessitC de I'Absolu, alors elle n"est pas sa revelation et tout notre effort est vain. I1
est done absolument indispensable, pour prouver que notre connaissance a nne valeur et qu'elle est revelation de l'Absolu, de l'affrancbir de toute Ia sCrie de libres rHlexions qui parait Ia conditionner,
pour Ia fonder immCdiatement dans Ia nCcessitC de I'Ahsolu. II faut
par consequent rapporter toute l'existence a l'Etre, c'est-A-dire realiser ou prouver I' Ens realissimum.
DCmontrer que c'est l'Absolu qui pose cette connaissance, c'est
dCmontrer I'identite, simplement postuiCe jusqu'ici, de I'Etre et
de Ia Pensee, et resoudre une difficultC prCjudicielle de toute preuve
ontologique. La Pensee existe, voila le fait. Si Ia Pensee existe, elle
existe nCcessairement, en Ctab1issant cette propositio:a nous nons
elevons au-dessus du fait. Ainsi, on ne conclut pas de Ia dC:finition
d'une essence objective a }'existence nCcessaire de celle-ci, !'essence
en soi est impCm!trS.ble. On conclut de !'existence donnee, a Ia nCcessitC de cette existence, nCcessite aper~ue a l'interieur de cette existence meme.. Cette nCcessitC, des qu'elle est aper~ue, rattache Ja
mobilitC de !'existence a l'immutabilitC qui oblige Cternellement,
principe de Ia loi, bref, a I'Etre de I' Absolu. Par 13. est rCsolue nne
autre difficultC, celle de I'homogCnCitC de !'essence et de I' existence.
On dCduit de Ia natu.re de Ia pensCe son existence nCcessaire, comme
de Ia nature du triangle I'CgalitC de la somme de ses angles a deux
droits. Mais I'existence nCcessaire dCduite de la Pensee n'e~t pas
une autre existence que celle de la Pensee elle-meme, en tant que
Pensee .. Ainsi, tombe I'argumentation dirigCe contre Ia preuve dogmatique, oil etait dCduite du concept existant en nons une existence
nCcessaire autre que celle du concept. Cette difficulte se rCduit entierement a Ia premiere : Ia Pensee est-elle identique a l'Etre (20)!
V. -
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d:
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LE VEIUIE
178
1:
179
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180
truction (Naclr Konstruieren) .. car s'il n'Ctait capable que d'une reconstruction, il pourrait seulement l'ef{ectuer, sa vie durant, sans
jamais s'Clever jusqu'il dire que c'est nne re-construction )) (22). Cette
af:fjrmation suppose effectivement Ia possession de ce qui n'est pas
reconstruit (die Vor-Konstruktion; - Bild als Bild est ici nervus
probandi). L'opposition entre !'Image et !'Original a laquelle on
s'tHCve par Ht diffCre profondement de celle qu'on trouve entre le
Savoir et le Non-Savoir. L'imag,e, en effet, doit, en tant que telle,
s'identifier a ]'original, sauf qu'elle est extCrieure. II n'y a rien de
plus dans }'original que dans !'image : Ia vie est tout entiCre, dans
l'extCriorite, absolument semblable a ce quelle est dans l'interiorite.
Autrement I'image ne serait plus image. La representation de Dieu
et de son Etre different en ce qu'ils sont extCrieurs l'un a }'autre,
mais Ia representation contient. tout ce qui est en Dieu. L'existence
ne saurait done, comme J>a remarque Kant, Ctre une proprit~te appurtenant a Ia comprehension de !'essence. Neanmoins, on pent
prouver Ia nCcessitC de I'existence, non comme nne partie constitutive de }'essence, mais comme sa manifestation hors d'elle. si ce qui
constitue cette essence est acte de manifester. Entre Etre et exister,
il n'y a qu'une difference formelle et identitC de contenu. Done Ia
forme constitue cette existence meme.
II s'en faut toutefois encore que I'idCalisme forme! soit vaincu.
La Pensee, disions-nous, a construit .Ia necessite de son existence
oll son identite avec I'Etre; mais cette construction et son rCsultat ne valent que pour Ia Pensee. L'accord de Ia parole et de I'acte
n'est pas I'accord du dedans et du dehors, mais seulement celui
de Ia Pensee avec el1e-m~me. Nons retombons done a nne connaissance conditionnee par le sujet, c'est-:1-dire problematique et hypothCtique : << Si Ia Pensee pense, etc., alc;>rs ... :t - Tontefois, en effectuant a l'intCrienr de soi sa propre ~enese, Ia Pensee a rCvCie sa
quiddite: elle est genese d'elle-meme. Cette conclusion vaut absolnment, semble-t-il, parce qu'elle po.rte sur Ia seule Pensee et non sur
son rappOrt avec I"Absolu. Le troisi~me point de vue de Ia rCflexion
e.st ainsi !'analyse de !'existence~ Ia revelation factice ~ de son
essence. II nons fournit par Ia Jes elements memes de nofre preuve.
La Pensee est necessairement autogenese, c'est-a-dire connaissance
de soi, done Ia Pensee existe ncessairement (nCcessite identite
avec J'Etre), car I'autogenCse constitue son essence ,,, Pour rCaliser cctte preuve, il faut rCsoudre deux difficultCs :
(22) W.-L. 1804, lc<;on 18, S. W. X. p. 237.- C'est en posant !'image comm(
nne imar;e que Ia pensee pent post>r I'!Jrif,!inal comme ce qui en soi ne peut
~tre construit : Bild als Bild est Ia condition de possibtliM de Ia construction
de l'inconstructible, Transzendentale Logik, le~on 11, S. W. IX, p. 215-220,
LB VERDE
181
182
notre genese, se trouve lu:i-meme rattach6 3. l'Etre, en consequence, la problematicite s'anCantit. L'Etre est genese, c'est 13. un fait
absolu. La facticitC >>, Ia contingence est le mode de Ia manifestation de l'Etre. II n'est done pas Ctonnant que la genese ne puisse
pas etre entreprise autrement que de fat;on (( factice l).
Mais il subsiste malgre tout nne pCtition de principe. La Pensee
a pu s'apercevoir elle-mfune comme autogenese, tout simplement
parce que nons l'avons pr6alablement supposee telle. De quel droit ..
par consequent, avons-nous applique a Ia Pensee Ia maxime de
l'autogenCse ? - Si Ia Pensee, rCpondra-t-on, est vCritablement
en elle-mCme autogenese, elle doit par d6finition arriver a se construire elle-meme comme ce qu'elle est, de telle {at;on qu'il lui soil
impossible de douter qu'elle est en soi vtlritablement genese. Elle
doit done elle-mCme rendre impossible cette affirmation, que c'est
arbitrairement, de fa~on contingente, que Ia pensCe s'est dCclarCe
genese, puis s'est construite comme genese (a opere Ia genese de
soi comme genese). L'autogenCse qu'elle a construite pour elle-mCme,
qui est le contenu de son affirmation, elle doit pouvoir Ia placer
en quelque sorte tout entiere dans I' Absolu, comme quelque chose
d'indCpendant de son libre vouloir, d'ext6rieur a sa liberte, d'Ctranger a son energie propre, qui se pose comme autonomc dans Ies affirmations auxque11es elle procCde (cette Cnergie c'est Ie Soli als fester,
selbstiindiger Mittelpunkt und Trager des Absolut-Sich-Schaffens
und Tragens ,. ). De par Ia nature de sa propre quiddite, elle fera a
son existence, a Ia position mCme de cette quidditC, l'application de
son contenu. Ainsi se justifie Ia maxime rCafiste de !'application du
contenu a Ia forme ; moment dCcisif et crCateur de Ia methode, oil
Ia nCcessitC conditionnee par Ie sujet se tronve transformee en
nCcessite objective independante de son caprice, oti, pour parler
comme Kant, la nCcessite inconditionnCe des jugements vient s'identifier a Ia nCcessitC inconditionnee des choses. Tel est le resultat acquis par le developpement des Syntheses C4 et E4 qui aboutissent a dCmontrer que l'autogenCse (Bild als Bild) constitne }'essence
necessaire de la Pensee et qu'elle est ainsi n~cessairement posee par
J'Etre.
2o La seconde difficulte pent s'exprimer de Ia fa~n suivante : La
PensCe ou autogeD.Cse existe nCcessairement, disions-nous ; sans
: doute, mais d: supposer qu'elle exist e. Lequel des deux membres de
la proposition conditionne l'antre ?
LE VERBE
183
I
i'
!I
il
II
I
II
II
II
i!
I.,,
184
'
ce du moyen. La Vie se rCv~le immCdiatcment comme passant .necessairement a I'existence et conditionnant elle-mCme Ia c<;>nnaissance de ce passage, si bien que du mCme coup se trouve rCsolu
Ie prohleme du rapport de Ia necessite du jugement avec Ia necessite objective.
Toutefois, pour affirmer I'acte de Vie, j'ai dll auparavant me donner Ja Vie d'une fa~on contingente. La Vie vit nCcessairement, si elle
existe. Dans cette derni~re condition, disions-nous~ se refugie toute
Ia difficulte. Si j'affirme en eifel que cette Vie ainsi presupposee par
moi depend de Ia Vie nCcessaire - ear de celle-ci seule doit dCpendre toute Vie, - c'est que je me suis Cleve prCalablement de fa~on
contingente a une telle Vie nCccssaire. II faut done que je trouve
dans Ie contenu de mon affirmation une .raison su.ffisante me permcttant d'alfranchir ce contenu de sa condition formelle. II Y a 1:1
de nouveau ]a mise en reuvre de la maxime realiste de !'application
du contenu a Ia forme. La forme, c'est Ia connaissance qui objective, et par 1aquelle la raison connaft qu'eHe-meme pose nCcessairement son existence. Le contenu. c'est Ia necessitC absolue de cette
existence. Cette nCcessite est done en eJle-mCme indCpendante de
toute condition. L'existence qui possCde une telle necessite doit Ctre
au contraire condition supreme. D'autre part. cetle necessitC de
!"existence, ce fait, nons le connaissons. Nons le connaissons comme
vision nCcessaire, c'est-3.-dire comme connaissance de soi. Or, Ia Raison ne se connaft que dans la connaissance de ce fait. Le fait et
13. connaissance d u fait sont un seul et meme fait. sons deux aspe_cts
differen!s, !'aspect objectif et l'.speet suhjectif. Ou pluto! le fait est
en rCalitC Ia connaissance du fait, ii n'est pose que pour cette connaissance, l'aspect objectif est subordonne a l'aspect suhjectif. En
d'autres termes. Ia reVtHation absolue et nCcessaire est connaissance
de soi~ ce qui imp.Iique Ia position necessaire du soi (comme objet)
mais !'essence de ce o: soi et ce pour quoi il est pose (necessairement) dans son objectivite, cest Ia c_onnaissance de soi. Par consequent si le fait est decouvert ~omme necessaire et si Ia connais-sance du fait s'identifie au fait, celle-ci est auss_i nCcessaire que ce-
LB VBRBB
185
(24) La forme achevee de Ia W.-L. ne doit pas atre snisie comme nne simple disjonction, mais commc Ia disjonction de deu?C fondcments differents de
disjonc~ion, non simple division, mnis division oU s'entrecroisent deux divi.dons dont Ia premiere est supposCe par la aeeonde: c Kein einfaches Von, sondern Von im Von, und Von du Von, .stc. :., X, p. 265 (l~ri 22).
186
La dependance de Ia necessitC de !'existence 3. l'egard de la connaissance, elle-mCme nCcessaire, de cette necessite souieve nne diffi-
187
LE VEJIBE
422.
I!II
ISS
189
LE VERDE
prin~ipiat
ll
(27).
Cet effort ontologique nou,s montre comment, malgre Ia restriclion portant sur Ia matiCre du comprendre, malg;rC l'impossibilitC
d'expliquer la determination (Bestimmtheit) de !'existence (comme
conscience), Fichte parvient a une sorte de panlogisme, fruit nature!
du principe de genese applique sans defaillance, Cette genese parait,
au cours de son extension, s'inspirer toujours du meme souci : nier Ia
chose en soL C'est 13. un des traits essentiels de ce cadre immobile a
l'interieur duquel se dCroule revolution. Mais, au fond, Ia negation a
change d'objet, ce n'est plus l'Absolu hors de nons qui est rejete avec
Ia chose en soi, mais c'esl seulement le caractCre de chose, et l'impCnCtruhilitC de cet Absolu hors de nous.
A ce changement se relie un effacement du primal pratique et
unc transformation du sens et de Ia valeur attribues a Ia W.-L. A
P.arlir du moment oil Ia W.-L. 1801 avail pose au-dessus du Moi
pratique un Absolu en acte, le primat pratique se trouvait dejaJ
compromis. II subsistait nCanmoins dans Ie rapport Savoir Non-Savoir, oil Ia negation du Savoir paraissait l'exprimer (28). En 1804,
cette opposition devient nn simple effet du PhCnomtme, Ie Savoir
n'est plus negation, mais expression directe de l'Absolu. La principiation rCelle dCtruit, avec .l'hiatus, Ia disjonction Etre Non-Etre et
la valeur absolue 4_u primat. La Praticite devient un fondement
id.eal, un moyen,- et pas mCme le moyen supreme- dans Ia chatne
de moyens qui sont les effets du PhenomCne de l' Absolu. La limite
qui demeure dans notre Savoir et laisse inexpliquee Ia determination de !'existence absolue comme Savoir, dernier vestige du Kantisme et du primal, ne subsiste elle-meme que comme condition de
la connaissance absolue; beancoup plus que comme son objet ultime;
En revanche, Ia Vie necessaire de I' Absolu etant connaissance parl'aite, Raison en tant que Raison, que seule pent produire dans sa
plenitude la science, celle-ci devient la Fin absolue a laquelle tout
se subor~onne.
(27) Die Tatsachen des Bewunteim (1812), S. W. IX, p. 422.
(28) 11'.-L. 180~. S. W. II, ! 27, p. 65.
Riicker~"nnerungen, 14.
W.-L.
180~,
W.-L. 18M,
l~on
T
'
LA BEATITUDE
191
CHAPITRE VII
LA BEATITUDE
A. -
racterise retat nouveau que Ja science fait naitre dans l'8.me. Puisque ce rCsultat est en rCalite premier commencement immanent, elle
reprend, dans I'Anweisung zum seligen Leben, la philosophic tout
entU~re pour Ia caractCriser d'apres cet ideal de sagesse qui est
devenu sa fin derniCre.
De meme que Spinoza, au dCbut de Ia Re{orme de l'Entendement,
Fichte pose comme premiCre question celle de savoir s'il n'y a pas
pour l'Amour un objet tel que le bonheur eternel no us soit assure.
La douleur provient de notre Cparpillement dans le divers, d'une
vie dans l'apparence, oi1 l'on essaye d'aimer le pCrissable (1). La
bCatit~e est le retour a I'unite de notre amour CparpillC, Ia Vie
veritable aimant l'Un, l'Immuable, l'Eternel (2). De mCme que Ie
Non-Etre spinoziste et l'inadequation des idees resultent de Ia passivit6 de l'homme, inapte a saisir 'les choses dans leur unite interieure et nCcessaire, de mCme pour Ia W.-L., le Non-Etre et l'apparence rCsultent de Ia passivite et de l'exteriorite d'un contemplateur inerte cc qui fait mourir l'Etre sons son regard l) (3), Mais dans
ce contemplateur, Ia tendance Q lQ Satisfaction, r6plique de Ia tendanCe apersCvCrer dans l'Etre, est une force capable, si l'homme sait
le~n
8, p. 515.
(4) W.-L. 1804., lec;on 26, S. W. X, p. 291. - Cf. Splnoza, Ethiqae, II, prop.
4g, 4 scolie, a); IV, prop. 26; V, 27, 32, 33, etc.
(6) W.-L. 1804, le~on 25, S. W. X. p. 290. - Anweisung.. ., le~n 1, S. W, V,
p. 411.
(6) Ibid., p. 409.
(7) Spinoza, Ethique, IV prop., 67.
(8) Anweisung ..., le~on 10, p. 538-546; p. 444 sq.
192
193
LA BEATITUDE
le~on
3, S. W. V, p. 436.
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194
LA BEATITUDE
195
et de I'oLjet, creCe par Ia conscience qui manifeste eel Etrc. C'est par
lit que le troisiCme moment de Ia W.-L. reste reliC au premier. Des
l'origine, la W.-L. s'est etablie dans Ia conscience et non -dans l'Absolu hors d'elle. L'absoluite Ctait conferee a la conscience par ce fait
que nous ne pouvions pas Ia dCpusser. On pouvait objecter que cette
ab~oluite lui etait attribuCe arbitrairement et mCdiatement; que la
constatation de fait, avec ce qu'e11e implique d'extCrieur, est incompatible avec !'affirmation d'un Absolu qui implique l'Cternite, de~
passe le fait et l'exterioritC. Pour se poser comme Ahsolu, Ia cons~
cience Uoit se saisir immCdiatement eHe-mCme com me Absolu, c'est3.-dire s'apercevoir com me douCe des prCdicats de 1' Absolu -: nCcessite
d'existcr, Cternite, prCdicats qui Ia contredisent puisqu'elle est contingence, liberte, creation ex nilzilo. Si elle reussit dans cette tache,
c'est elle-meme, c"est-il-dire cette contingence, cette liberte qui sont
posCes comme Ctant ct c.omme nCcessaires, qui par Ht s'affirment,loin
de s'abo1ir au profit d'une necessitC Ctranghe. En mt-.me temps, comme iJ n'y a aucune similitude entre cet Etre et cctte nCcessitC, d'une
part, et Ia contingence ct le devenir qui lui sont, d'autre part, attribuCs, cette attribution nCcessairc reste un fait que nous ne pouvons
expliquer (c'est {acticement que Ia genese est attribuee a Ia nongenese comme son essence, W.-L. tBb.f., Synthese B'~).
Cette Vision immCdiaf.e de Ia conscience dans l'Absolu, doit, sans
doute, prCalahlement Ctrc mCdiatisCe, et rCsulte de cette mediation,
puisque Ia contingenc~ et. Ia liberte contredisent tout d'abord l'Absolu. C'est pourquoi elles ne sont que manifestation, done negation
de l'Absolu en llli-meme. :Mais comme sans elles, I'Absolu ne serait
paS .ce qu'il est, c'est-3.-dire Vie, et par consequent ne serait pas, purement et simplement, cette manifestatio'n qui le nie est en mCme
temps son expression, par laqueBe il s"'affirme. Ce n'est done pas Ja
loi de I'Etre qui rCgne dans ]a conscience, c'est Ia conscience et sa
Ioi qui se revelent comme etant et comme constituant Ia loi de manifestation de l'Etre. C'est pourquoi toute ]'existence se resume dans
l'acte de Ia conscience. La fusion de l'Etre et de Ia PensCe ne compromet pas finalement l'autonomie de la PensCe.
Dans ces conditions, Ia beatitude n'est pas l'absorption dans I'objet, I'union avec Ia force, mais l'union avec Ia Vie. Toute Ia force de
l'Etre est dCterminee par Ia Vie de Ja conscience. L'hiatus entre ]a
substance et ses manifestations, entre les diffCrentes retlexions est
comme la liberte de Ia reflexion fondC dans Ia necessitC. II est !'expression directe de Ia Vie de Ia conscience, le mode necessaire de
l'action de cette Vie. Spinoza au contraire en ramenant l'amour et
la vie a Ia force ne pent savoir comment et pourquoi celle-ci se manifeste. Sans doute Spinoza a-t-il senti l'insuffisance pour !'rune humaine de Ia demonstration generale de !'existence nCcessaire de
196
LA BEATITUDE
197
conservant, grace a Ia Vie, un AbsoJu vivant et des individus voulant (18)). Sans doute l'indivictu, division du Moi, lui-meme exterieur
a I'Absolu, est en soi pur nCant: En dehors de Dieu et du Savoir,
il n'existe vCritablement et a proprement parler rien; ~n dehors
d'eux, tout ce qui parait avoir une existence, Jes chases, les corps,
les ames, nons m~mes en tant que nons nous attribuons une autonomic et une indCpendance, n'existe pas vCritablement et en soi >> (19).
Mais outre que. son cxteriorite rCeJie a regard del' Absolu Jui garantit une realitC propre, ne fllt-ce que commc instrument pratique pour
Ia realisation de'I'IdCal, c'est3.-dire cmnme valonte, Ia participation a
la Vie eternelle n'implique pas une negation ahsolue du monde et
de l'individuaiitC. La forme de reflexion subsiste en effel b. cette hauteur, elle y subsiste comme infinite de Ia Vie divine (20). L'individu
a par consequent lui-mCme nne infinite de vie qui depasse Ies barnes
de J'existence terrestre. II est done tout a fait certain que Ia beatitude subsiste au dela du tombeau pour cenx chez qui cUe avait
commence durant leur ""i.e )) (21).
Pourtant J'3.rne n'est pas immortene (hypothese que Fichte repousse comme Spinoza et ScheHing), car la W.-L. ne reconnait ni
:1me, ni morta1ite. ni immortalitC, mais Ia Vie, Ia Vie en soi, Ia Vie
Cternelle; el!e fait sien le mot de .Jesus : ~::Qui c::oit en moine meurt
pas, mais a celui-J:l est donne de possCder Ja Vie en lui-meme >> (22).
L'individu est iternel : La division de Ia rCflexion s'opere de par
du deuxiCDte genre, et dont notre arne n'est pas affectCe de la meme maniet'e
que si cette mCme conclusion est tirCe de }'essence mCmc d'une chose quelconquc singnliCrc ... ,. La realisation de In Vi.e amCne done Spinoza a _donner,
dans le v~ livre, une nouve1le demonstration de cette -verite, demonstration fondCe sur !'Amour de !'Arne comme Amour de Dieu par soi, demonstration qni
s'effectue dans le 3 genre de connaissance, qni affecte l'ilme d'une joie supri1me, qui lui dCvoHe sa genCse, en lui faisant percevoir clairement par JA
comment et en quelle condition elle suit de Ia nature de Dieu quant A !'essence et a !'existence. (V, p. 36 et scolie). C'est lit Ia eonnaissance pour soi,
In libl!ration pour soi. Et comme ce qui est fond!! en Dieu, c'est le maximun
d'interiorite, nnl doute, semble-t-il, que le resultat auquel nons aboutlssons
et qui se convertit immediatement en premier commencement Cternel et immanent, soil cette connaissance pour soi. - Outre que, sur ce dernier point, les
textes de l'Elhique affirment que c'est I'Ame en soi (dCfinie au 2* livre)
qui est Ia cause de l'Ame pour soi, on devra convenfr que l'~tre ou l'apparenec
du mouvement de la conscience non seulement est frappe de nulliM, mais restc
en lui-m~me radicalement inintelligible. - Ficbte reconnaitrait peut-~tre chez
Spi:rioza l'z"ntention d'exalter et de Uberer le dynamlsme de Ia conscience, mais ii
lui reprocherait pent:~tre. faute de s'~tre complCtement liberl! des formes ontologiques, de n'avoir pas realise cette intention, en fait, dans son systeme. II y"
aurait contradiction entre Ia Parole et l"Acte.
(18) W'.-L. 180.6-. let;on 8, S. W. X, p. 147.
(19) Anweisung, le~on 4, S. W. V, p. 448.
(20) Anweisung, le~on 6, S. W. V, p. 471.
(21) Anweisung, let;on 1, S. W. V, p. 409.
(22) W.-L. 1804-, let;on 9, S. W. X, p. 158.
198
B. -
LA BEATITUDE
199
(27) Anweisang .... Ie~n 11; Grundziige des gegenwiirtigen Zeitaltus, passim,..
W .-L. 1804, lel}on 25, S. W. X, p. 291.
.
200
LA BEATITUDE
e.!
472-473.
201
202
dyn~misme
genetique, la W.-La
1804 est trCs proche de Hegel par Ia dialectique, et tres proche de Lessing
LA BEATITUDE
203
204
volontC morale, La science a pour o!Jjet non de crCer, mais d'expliquer Ia religion. Elle rCpond simplement a Ia question causale :
d'oU vient le sentiment reli&ieux chez l'homme ? Elle ne remplace
pas le sentiment religieux,mais ellc en donne une thCorie, une genese
analogue a celle de Ia representation et de Ia Ioi morale. Ses rCsultats n'ont qu'une valeur pCdagogique; ils permettent une purification du sentiment, par Climination de ce qu'il y a en lui d'etranger.
La deduction de Ia religion est tout. entiCre rCsumCe dans Ia dtHinition que nons venons d'ep. donner, et dans sa genese par Ia reflexion sur Ia volonte morale. Elle n'apporte rien a Ia religion ellcmeme, mais rCvCle simplement ce que tout homme moral accomp1it
inconsciemment Ue par Ia loi de sa pensCe. Kant n'envisageail pas
autrement Ia philosophic transcendantale (40). Tout au plus, en elfet,
Fichte le dCpassait-il quelque peu en faisant de cette croyance une
connaissance. Et ce trait est lui-meme conserve par l'Anweisung.
Il y a done, en ce qui c.onccrne Ia forme, accord complet de l'Anweisung avec les Ccrits de Ia premiere periode, et desaccord indiscutable
avec Ia \V.-L. 1804.
Si maintenant nous exarninons Je contenu de la religion, nons
trouvons .au contraire nne opposition inconciliable entre I' Anweisung et les theses de 1799, mais nne similitude avec les rCsultats
de 1804. Pour Ia philosophic de 1799, Ia conscience religieuse imme. diate ne donnait pas :i Ia croyance d'autre contenu que l'ordre suprasensible, seul nCcessaire a Ia moralite. Toute croyance religieuse
qui contient plus que ce concept d'ordre moral, est fantaisie et superstition 11 (41). L'Eternite du Verbe, sa contemporaneite avec Dieu,
la creation du monde, n'Ctaient point objets de foi, car ce sont incontestablement des connaissances speculatives qui d:passent Ja
simple conscience religieuse naturelle, et qui appartiennent plutOt
a Ia th:ologie qu'a Ia religion. La religion ne comprend ni connaissances ni doctrines (42),
A cet egard, Fichte se rencontrait alors avec le Spinoza du Theologico-politique (43) qui T:duisait 3. tres pen de choses ]e conteuu
LA BEATITUDE
205
spCculatif de Ia religion et ne lui laissait que des dogmes tres simples, necessaires a l'accomplissement de l'action bonne pour ellememe (44). Dans I'Anweisung, profitant du caractere de connaissance,
attribue de3 1799 a Ia croyance, Fichte donne a Ia religion un contenu spCculatif tres etendu. Elle apporte en effet des enseignements
sur Ia creation du monde, le rapport du monde a Dieu, Ies Clements
principaux de Ia connaissance, etc. Fichte rompt ainsi avec l'interprCtation Prudente recommandCe par le Theologico-Politique pour
se raUie:f a Ia ntCthode de Maimonide condamnCe par Spinoza (45).
(44) <! Si nons voulnn:-; fJIIC I:! divinitl: de l'Ecritnre nous appa1'aissc en dehors .d~ tout prt:jugC, it faut que de l'Ecriturc mCmc, il rCsulte qu'elle cnseigne
In Vcr1tC mor~le, de Ia sorte sculement sa di\'initC pent Ctre dCmontrCe, car
nous avons fall voir que Ia certitude des propbetes se fonde principalement
sur ce que les Prophetes avaient one Arne encliue A la justice et b. Ia bout.~. ;,
(!bid., chap. VII, p. 39). <1: De tout cela suit que Ia doctrine de l'Ecriture n'est
pas une philosophie, nc conticnt pus de hautes speculations, mais seulement
des vCdtCs tres simples qui sont aisCmcnl perceyables it !'esprit le plus paresseux... ,. (Chap. XIII, p. 101).
(45) La doctrine de Jean est dCclarCe par Fichtc (A11weislzng, le!;On 6, S, W.
V, p. 478 sq.) lc vrai christianismc, parce qu'ellc est la seule conforme a Ia
raison, dans scs enseignements speculatifs. Par sa thciorie du Verbc contemporain de Dieu, elle rejettc en effet la notion de creation et s'affirme par 13.
::omme dCgagCe deflnitivement du pnganisme et du judaisme dont elle coustituerail l'enem fondamentale. En ce qui conet'l'De Ia doctrine religieuse, !'affirmation d'une crCalion est le premier critCrium de la fnussete. (Ln m.oralite
cesse done d'i!-i!e le cri!Criam nnique de toute rCveiation). -- Le Verbe est
interprCtC comme con~ciencc. Les trois premieres verilCs: Au commencement
etait Ie Verbe, etc ... ,., deviennent : Aussi originairement que J'Etre intCrieur
de Dieu, est son existence, et celle-ci est inseparable de celui-1~ et toute semblable a celui-Ht. Cette existence divine est dans sa matiere propre nCcessairement Snvoir et dans ce seul Savoir naissent un monde et tootes les ehoses qui
soot dans le monde. - En I.ui Ctait la Vie ,.dedent Ia Vie est Ie fondement profond et cache de !'Existence . - c: Et Ia Vie l!tait Ia Lnmiere des
Hommes : Cette LumiCre dans l'homme, cest Ia rCflexion consciente. ,.
- Les versets 53-55 En verite, je vous le dis, si vous ne mangez point Ia
chair du Fils de J'homme et ne buvez son sang, vous navez point Ia Vie en
\'ous-mCmes signifierait <t Ne pas imiter JCsus de loin com'me un Modele
inimita~Ie, mais de~enir comple:tement semblable lt lui, voilA ce qui conditionne
Ia beatitude. :t (lbzd., le~on 6, p. 481-491). - Enfin; tou.iours au nom de Ia
rationalite des doctrines sp6culatives, Fiehte Ccarte du vrai christianisme ,.
le~ :mtres ?-pOtrc,s que Jean, en pnrticulier Paul reste a demi Juif, et ayant
latsse substster 1 erreur fondamentnle des paiens et des Juifs ,. (Ia creation). Spin?za, nu contraire? .interdit de dCcider arbitrairement lequel des Prophetes
a r:uson sur les maheres spCculatives A propos desquelles ils ne sont jamais
d:accord entre eux.. n interdit Cgnlement de rechercher ce qu'ont voulu signifier ou repr6se~ter Ies .proph~tes par leurs images sensibles (Tractatus, cap.
VII, p. 4-l). Spm~za re.]etterait done t.outes les interpretations de Fichtc, et
son choix arbttrall'C entre les ap6tres, il admettrait encore moins son interpretation du Verhe, oh Ia tbeologie se fait servante de Ia raison. c Quant A
Ia nat~re d_e Die~ ll In fa~n doit ll voit toutes chases et y pourvoit, l'Ecri-_
tm::e n cnse,Ig11e rten expressC..ment et com me une doctrine CterneJie sur ees
pomts et d autres semblables. :t (Ibid., p. 42) - Ma"imonide avait au contraire
declare que les textes qui se rencontrent dans l'Ecriture au sujet de In creation du monde, ne I'empf!cher.'lient pas d'admettre son ~ternit6, si celle-ci
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206
II est clair qu'une teHe union faite d'CICments disparates est abusive et arbitrn.ire. Le contenu de la W.-L. 1804, conditionne par Ia
science, mais .ravi a elle pour etre place dans Ia forme factice de Ia
religion, nc peut a l'interieur de cette forme, ni se justifier par le
fondement moral de Ia croyance dont ii depasse infi.niment les exigences, ni non plus par Ia science, puisque celle-ci est, par hypothese, exclue.
LA BEATITUDE
207
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LA BEATITUDE
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209
(dass) en est ainsi, mais non ce qu'est cette unite qualitative. IJ faut
s'Ciever au-dessus du dm;s, pour rialiser en nous Ia veritable nature
(le was) du principe.
Seule la ~--L. pent nons eJever au-desus de ce dass, par Ia gen~se ou le wze. Elle rCpond alors a Ia question suivante : ~ Qu'estce (was) qu'il y a dans cette unite qualitative :t~ ? La science seule
pe~t done par s~ ~enCse (wie) transform-er le contenu, de qualitC en
unite pure, et rcahser de cette fa~on Ia Vie (48). << Ainsi, toute l'affirmation de Ia W.-L. tient en ceci que le Savoir ou Ia certitude ... est
reellement (wirklich) une substance subsistant pour soi, qu'elle
pent Ctre _comme telle rCalisee par nons, et que c'est dans cette realisation (Rcalisierung) que consiste Ia rCelle realisation (wirkliche
R_ealisierung) de Ia ,V,-L. (rCelle par opposition avec un expose du
Simple concept, qui n'est pas la chose eHe-meme) (49). La (( facticite
e.st au contraire le principe de l'erreur dogmatique, qui tarit a sa
source toute Ia Vie de Dieu. C'est 1 parce qu'il n'a pas p!.'is de nouveau conscience de sa connaissance , parce qu'il s'est conte~tc
d'affirmer !'accident comrue fondC dans I'Absolu, sans deduire Je
- comment , que Spinoza tout. en fondant directement en Dieu les
essences eternelles et les existences fugitives~ ({ tue )) I'Absolu et ne
parvient pas, maJgrC qu'il en croie, a Ia veritable bCatitude (50).
C'est Ia meme ~ faciicite qui tient a I'Ccart de Ia Vie, Reinhold,
aussi bien que Kant (51). La religion qui souffre de Ia mCme facticite ne doit done pas pouvoir nons conferer Ia Vie. Elle ignore Ia
genese (wie); si elle affirm'e que ton! est fonde dans Ia Vie necessaire de l'Absolu, elle ne fonde pas sa propre affirmation dans cette
necessitC. Comment peut-elle pretendre alors qu'elle tst Ia flamme
completement transparente interieurement pour soi de Ja connaissance claire? l) (52) Tandis qu'elfe nons reprCsente comme immCdiatement unis a I'Absolu, elle ne peut poser cette affirmation que mfdiatement, par l'exigence moi"ale qui fonde Ja croyance!
Mais si nons nons pla~ons strictement au point de vue de Ia religion requise par 1a morale, pourrons-nous dCduire de Ja simple exigence pratique ce riche contenu speculatif? La philosophic religiense
de 1799 le niait. L'Anweisung reussit-elle a triompher de cette negation? Nullement. F~chte au contraire est oblige de reconnaitre que
pour enseigner de fa~on popu1aire Ia beatitude, i1 lui faut esquis-
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210
a des profondeurs
(53) Anweisung. le':;QD 5, S. W. V, p. 472 (... So wie wir die Grundziige diescr
\Vissenschaft in dicscr und in den lctztcn heiden Vorlesungen vor Ihrcn Augen
cntwickclt haben ... lt'): Ibid., lc~on 8, S. W. V, p. 508.
(54) La religion est pour Hegel identique a Ia philosophic dans son conlena commo Savoir (dans In revelation) et ce contenu est spl.culatif; toutefois,
dans Ia religion, l'Esprlt qui s'est pos~ pour lui-m~me comme Esprlt llhsolu.
ne se pose pa;.; ninsi dans la forme nH::mc qui constitue essentiellemcnt son
contcnu, mais dans lcs formes infCdeurcs ct finics des representations de la.
sensibilitC et de l'entendentcnt; objcctivcment, ce sont lc:> n!vClations succes:o:ives, suit.e de representations Httx:queiles le Savoir subjectif (reflel(ion) qui
les fait naitrc donne nne autonQmie, si bien qu'ellcs apparaissent comme nne
suite de suppositions, subjectivement, c'est le sentiment et In croyanee, oil
l'Esprit pnrvicnt a se poser comme immanent a Ia conscience de soi et prCsent
en elle. Dans Ia philosophic, !'Esprit se pose pour lui-mArne, ou pose son contenu dans la forme qui le con~titue essentiellemcnt comme tel, c'est-il~dire
dans Ia peusCc. Alors Ia dh,.crsit{! de In manifestation dans les revelations objective~ s'onit iJ la simplicitC ct a !'unite de In croy:mce pour donner Ie dC~
ploiement infini interne et necessaire de l'Esprit universe}, simple et Cternel.
Cctte connaissance est une reconnaissance de la finite et de l'imperfcetion de:>
formes par oil se manifestait ]'Esprit dans In religion; elle est liberation a
l'egard de ces formes, ClCvation a liz forme absolue qu.i est convertie en contenu.
reste idcntique avec ce contenu et constitue Ia connaissance de cette nCcessitC qui est en ct pour soi. Ln difference entre la religion et Ia philosophic
reside done dans la diffCrence de la forme de Ia pensee speculative et des
formes de la representation de l'entendcment reflexif. C'est seulement en
nons rendant compte de eette difference que nons pouvons nons apercevoir
que Ia philosophic et Ia religion ont le m~me contenu. Mais Ia religion est
In vCrit~ pour tons les hommes ; avec elle, !'Esprit se pose en eux par un
Umoigndge qui se refracte suiVant les diversitCs historiques de la conscience
humaine et contracte ainsi des determinations finies. 1\lajs dans Pemploi de
ces symboles sensibles, !'Esprit reste en contradiction avec eux et leur fait
violence dans In mesurc oil Jcs categories finies sont inadequates a traduire
un contenu speeulatif. Cettc esp~e d'inconsequence est precisCment ce par quoi
il SUpplee A ce qu'elles out d'imparfait. n est done tr~s facile a l'entcndement
discursif de trouver des contradictions dans Ia croyance, et s'il vent, sons pretexte de raison et de philosophic (rationalisme) assurer en l'espece Ie triomphe
de son idenlitC formelle, il detroit ce qu'il y a d'infini dans la religion et
I"anCantit completement. (P. ex. Wolff et Reimarus). Recipr.oquement, ~ou
loir, au nom du contenu religieux, laisser toute raison et philosophic speculative,
LA BEATITUDE
211
La religion, qui occupe.a pen pres chez Fichte Ia mCme place que
la connaissance du deuxiCme genre chez Spinoza, devrait jouer un
rOle analogue. La facticite de Ia croyance religieuse, qui nous revele Ia puissance de Ia pensee, est assez semblable en effet a cette
Idee vraie donnCe qui est notre norme originaire dans le dCveloppement de notre puissance de connaitre. C'est elle sans doute .que Spi-
noza dCsigne d'une autre fac;.on dans le Theologico-politique, Iorsqu'il
parle de << Ia Ptuole eternelle de Dieu, divinement ecrite dans Ie
creur de l'homme, c'est-A-dire dans In Pensee humaine. la veritable
charte de Dieu qui l'a scellee de son sceau, c'est-a-dire de son IdCe
comme d'une Image de sa divinite )) (55). Cette Idee vraie, ces notions
communes au Tout et n la Partie, source de Ia connaissance du deuxiCme genre, ternoignent en nons de Ia puissance immanente .du Vrai
et de Ia Lumiere naturelle, elles nons permettent de concevoir de
fal(on generate Ia necessite et l'immanence, !'union de nous-memes et
de toutes choses en Dieu. Mais incapable d'unir immediatement
notre essence singuliere a Dieu, elle ne nous apporte pas Ia Vie eternelle. Condition de Ia connaissance qui realise Ia beatitude. elle ne Ia
;-Calise pas ellewmeme. La Moralite et Ia Religion du Sage, auxquelles
e-He nons conduit, nons donnent mains de joi~ naturelle que de rCsi-
212
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CHAPITRE VIIi
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LES RAPPORTS AVEC SCHELLING ET AVEC HEGEL
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215
I~ P_hilosoph~e speculative. En aperce,ant non seulement le Chrisb~nrsme, mars ~es formes essentielles comme historiquement nCcessaires, et en fa1sant de cette vue supreme --de l'histoire nne emanation de Ia necessite .eternelle, Ia possibilitC nons est donnee de le
concevoir historiquement comme une manifestation absolue et di~
vine, et par 13. devien t elle-meme possible une science vraiment historique de Ia religion, ou theologie {7).
Mais prCcisCment 1'Absolu que Ia philosophic nons dCvoile, a
change d'aspect, comme si la philosophie, a partir du moment oil elle
ne se pose plus simplement comme le moyen de saisir par une intui~ion, Ia Nature, mais comme 1' (( organe n de la thCologie, adaptait
Ingenument 3. cette nouvelle fonction son concept essentiel. Au lieu
de se Clt.racteriser suivant le schCma de Ia substance spinOziste, l'Absoiu. se car~ctCrise maintenant d'~res celni de Ia Trinite, dont
Lessmg avart en le mCrite de devoiler Ia signification philosophique (8).
L'Abso!u n'est plus maintena.nt simplement Raison, identite absolue, con~u de fac;on logique comme negation de tons les contraires
f~rce~ po~iti";e et negative, rC:el et idCal, objet et sujet, Nature ei
H1st01re, n~dif~e~ence des pOles, il est maintcnant Dieu et recupere
par Ia subjecbv1te et pcrsonnalite. ll doit done, tout en Ctant uni
au monde, s'en distinguer. Le passage entre les deux doit Ctre tel
que leur indf:pendance reciproque ne leur porte a chacun nul tort.
<:?m~e ~ediateur, Sch:~lling a d'abord recours a ces Idees, que, sons
l Inspuabon de Hegel, II avait dC:j3. introduites dans le Bruno comme
~es des cho~es, lesquelles constituent leurs corps. L'origine de cette
naissance llDIVerselle des ldCes rCside dans ]a Loi eterneile de toute
abso~~itC : < _devenir po~r soi-m~~e objet .Par 13., en effet, ]a production de D1eu est une Information de l'universalitC et de I'essence
dans d~s forme~ p~rticulieres, qui en tant que particulieres sont
des Un1versaux, appeles par les philosophes monades on IdCes. Ces
Jde:s sont les seules mCdiatrices grace auxquelles les chases parU~
.euheres sont en Dieu.
(7) Ibid., p. 295.
(8) ~eber die ~etllode.. fles akademischen Sludlu.ms, S. W. V, )~p 8:
On ~att que J.cs~mg a de~n ~~ere?~ dan~ son ouvrage c L'Cducation du genre
(4) Hegel, Ueber das VerhO.ltnis der Natarphilosophie :zur Philosophie iiber-
!.
e . 1eu, D~ de esse~ce du Pere de toutes les choses, est le Fini lui~m~me tel
qu II est dans I mtuihon eternelle de Dicu : II apparatt aussi comme un Olen
soutr_rant e_t soumis nux vlci:ssitudea temporelles pour, enfln, au sommet de sa
man!~es~a~ton: se r~v~er _dans le Christ qui c16t le monde du fini ct ouvre celui
de lmfuu, c estRa-d1re maugure lc regnc de l'Esprit :. (p. 294).
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216
217
principe de cette distinction, ni de Ia volontC qui exclut cette nCcesrationnelle (14), ni de Ia vertu qui DC peut se coDcevoir que par
Ia sociCtC des Ctres raisonnables (15).
Schelling estime que Ia nCcessite, pour fonder Ia religion hors de
Ia philosophie, .de poser deux Absolus, d'opposer a I'Ahsolu reeii'Idee
de I'Absolu telle que Ia philosophie l'esquisse, suffit a demontrer Ia
vanitC de cette distinction. Par !'intuition intellectuelle, nons satsissons immCdiatement, dans Ia philosophic, Ia rCalitC mCme de I'Absolu. La philosophic absorbe done en e11e Ia religion. Elle ne laisse
subsister hors d' elle-mCme aucun espace vide pour Ia croyance et
la piete 11 (16). Mais puisque I'intuition nous rCvele Ia Vie de l'Absolu,
clle doit pouvoir nous expJiquer du mCme coup !es determinations
immanentes a I'Absolu, et !'existence des Ctres finis hors de l'Absolu. lei rC:o.:.pparait, mais plus Ctroitement alliee aux concepts religieux de Ia TrinitC, commentes par Lessing dans l'Education du
genl'e humain et Ie Clrristianisme de la Raison, la conception des
IdCes cxposCe pour Ia premiere fois dans le Bruno, et reprise dans
Ia 11" le~on sur Ia !Jfl!thode de !'Etude academique. L'Absolu doit se
connaitre, et pour cela s'opposer a lui-m&me de toute eternite, dans
Je Concept, Image, IdCe, Logos. Dans cette Idee, I' Absolu devient objectif pour lui-rnCme.
Cette image ne constitue pa.s un autre Ahsolu a cOtC du premier,
car a]ors, dCpourvue de toute rCalitC, elle serait idCale, non idCale
et n~elic ala fois, elie DC serait done pas la rCplique de Dieu, et l'Ailsolu Iui-meme cesserait d'Ctre reel et idCal. Cet objet Ctant dans l'Ahsolu, a Ia fois rCel ct idCal, doit possCrler Iui-meme Ia vie, et en vertu
de cette vie, Ia puissance de s'objectiver a son tour dans un monde
d'IdCes. Ce monde d'Idt!es constitue le nlonde en Dieu, il est pure
natura naturans, i1 est tout le dCveloppement de Ia revelation a soi
de Dieu dans I'Eternite. C'est Ia vraie thtogonie transcendantale.
Mais, renfermC en Dieu, cet univers d'ldCes ne donne pas encore 1e
monde materiel lui-meme; ii fournit seulement le moyen d'y parvenir. Puisqu'il est Ia rCplique de I' Absolu, parce .qu'il est lui-mente
absolu, il doit posseder tout autaDt que l'Absolu Ia subjectivite, Ia
liberte et l'autonomie. Autrement dit, I'Absolu,lorsqu'il se reprCsente
a lui-meme dans une copie, doit nCcessairement confCrer A cette
copie Ia liberte, qui constitue l'un de ses caracteres essentiels. D'autre part, cette rCpJique doit faire effectivement usage de sa liberte.
sons peine de n'Ctre pas rCe1lement Iibre; ene doit done se saisir dans
~>ite
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218
(17)
(18)
(19)
(20)
Ibid., p. 28-35.
Ibid, p. 3&-52.
Ibid., p. 57 sq.; 63,
Ibid., p. 53-56.
219
-et qu'elle constitue une initiation a Ia Vie bieJzlleureuse (21). Religion et morale sont done nne seule et meme chose. - Originairement, Ia philosophic et Ia religion ne faisaient qu'un. 11 a fallu que
les superstitions de Ia religion populaire aJterassent Ia purete de la
connaissance speculative, pour que ceHe-ci, afin de conserver son
integritC, soit contrainte de se separer de Ia religion. La philosophic
critique, en representant l'Absolu comme inconnaissable, a accru
!'opposition.
La philosophic devint nne simple science des conditions de la
connaissance empirique; }'affirmation de Dieu fut reservCe a Ia
croyance re1igieuse, et celle-ci a son tour Ctait conditionnCe par Ja
morale. Or il est Cvident qu'une ph_ilosophie restreinte A la simple
explication des phenomenes est incomplete, et laisse echapper avec
)'Ahsolu ce qu'il y a de philosophique dans Ia philosophie (22). Mais,
dCs que par }'intuition intellectuelJe I' Absolu lui-mCme nons est
rendu, Ia philosophic nous assure, comme Ia religion, la possession
de Dieu. Puisque Ia rCalitC de Dieu n'est plus subordonnee a nne
exigence de la moralite, Ia religion, a son tour, cesse d'C~c serva~te
de Ia morale. Au contraire, c'est Ia vraie moralitC qui dCpend de notre
union etroite a Dien par Ia connaissance (23).
Schelling revient alors an thCme favori des Lettres sur le Dogmatisme et le Criticism e. Par morale il ne faut pas entendre nne vertu
de pure soumission, qui repose sur le commandement du Devoir, ni
une simple contrainte imposee au sensible et au maL Une telle vertu
n'est pas, en effet, le bien supreme, puisqu'elle se distingue du bonheur, et meme s'oppose a lui .. La vraie moralite est au contraire
absolue Iiberte; et Ia beatitude absolue s'y trouve immCdiatement
impliquee. Cette liberte absolue est, en effet, union absolue avec Dieu,
oil se confondent necessite et liberte. Comme expression de la necessite immanente de Dieu, Ia moralite est beatitude, et comme reposant
sur Ia necessite absolue, Ia beatitude est moralit6 absolue. La moralite se confond avec Ia religion parce qu'elle s'accomplit en Dieu (24).
La vertu supreme consiste a s'affranchir de Ia finitude; elle se
realise par I'acte de Ia raison, qui nous identifie avec l'Infini, et supptime toutes les differences. C'est un contresens que de supposer
!'Arne affranchie dans Ia mort de toute sensibilite et neanmoins
continuant a etre individuelle. Ce serait concevoir l'immortalite de
I'Ame comme une persistance de Ia vie martelle : 1< La finitude en
elle-meme est ch.Atiment l', L'etat fntur de 1'3.me est done condi-
(21) P. 17.
{22) Ibid., p. 16-21.
(23) P. 53.
(24) Ibid., p. 5556.
...
.....
220
a la
(25) P. 60 sq.
(26) P. 43.
(27) Schelling, Darlegung der wahren Verhdltnisse der Naturphilosophie zu
der verbesserten Fichteschen Lehre, 1806, S. W, l, VH, p. 21~27, p. 82-83
(note).
221
(28)
(29)
(oO)
(31)
(32)
Ibid., p.
P. 69-73.
P. 75-80.
P. 52-64.
P. 87-88.
27-29.
222
pas nne expression de l'Absolu oit se manifeste son dynamisme interne, mais une construction formelle, mathematique, mecanique,
pur objet de Ia pensCe, sans intCrioritC. En disciple de Kant, Fichte
n'a vu dans Ia Nature qu'un obstacle a Ia liberte, et s'est etforcC, en
consequence, de lui enlever toute vie propre, et de Ia convertir en
instrument de Ia liberte. Une telle meconnaissance a sa source dans
!'ignorance de Ia physique modeme, qui a reveJe, derriere le mecanisme superficiel de Ia Nature, le dynamisme profond qui !'anime (33).
En marquant avec indignation les differences - toujours le6
mCmes - qui sCparent Ia \\"".-L. de sa propre philosophic, Schelling
montre que, malgre les changements survenus, Fichte demeure, a
certains egards, fideJe a l1;1i-mCme. On ne pent reprocher a Fichte
des emprunts a Schelling que si !'on ignore Ia W.-L. 1804, don! Ia
dialectique a justifie Ies formes nouvelles de la doctrine.
C'est d'une fa!fOn tout a fait personnelle, par Ia poursuite de la
construction diaiectique depuis Ia Syntlzese A3 jusqu':\ Ia SynthCse
E5 que Fichte, Ia meme annee que Schelling (1804) aboutit a une
conception de Ia Vie Cternelle_ Au cours de cette auto-realisation
nCcessaire de I'Absolu au moyen de Ia connaissance, I'Absolu se com..
porte comme il s'est toujours comporte dans Ia W.-L. L'objet et Ie
sujet se scindent de telle sorte que !'objet est completement dt!pouille de sa subjcctivite, et Ie sujet entierement depouille d'objectivitC. Le mo~vement de realisation devient ipso facto etranger a e.AlJ..
solu; il n'y a done pas, comme pour Schelling, nne dialectique intc..
rieure 3. l'Absolu, une procession d'ld~es immanentes :\lui. Est-ce 3.
dire nCanmoins que l'aboutissement soit un acte irrationnel, une
suppression arbitraire d'un terme au profit de }'autre? En realite, Ia
dialectique aboutit, non a supprimer Ia rCflexion, mais a poser dans
l'Etre de l'Absolu Ia necessite de l'acte de cette rtlf!exion; le resultat
de l'acte de Ia rtlf!exion, c'est-iHiire !'objet depouille de subjectivite,
le sujet depouiJie d'objectivite, se tronve ainsi aboli, mais non point
Ia rCflexion elle-meme dans ce qu'elle manifeste d'activite et de vie.
Les deux termes, objet et sujet, sont au contraire rCintegres dans
l'Absolu lui-meme, comme unis originairement et absolument dans
la Vie necessaire dorit ils sont uJtCrieurement Ia manifestation. Le
Savoir ne pose plus I'Absolu en s'abolissant simplement devant lui,
mais en identifiant en lui-meme l'original et !'image qu'il en donne.
II fonde ainsi so:ri eternite et celle de Ia vie qu'il nous confere.
. Le choix exclusif entre deux termes a fait place a une premiere
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227
sur lesquelles, apres le grand effort de 1804, !a W.-L. et l'Hegelianisme s'accordent, en somme contre Schelling. Et de fait, si dans
Ia Philosophic speculative on laisse de cOte le contenu, qui
emprunte a Schelling tout l'essentiel de Ia Philosophic de Ia Nature,
pour ne considCrer que Ia dialcctique qui en constitue, suivant
Hegel, toute I~ verite, les nouvelles formes de Ia W.-L. apparaissent
a regard de Ia Logique hegelienne comme nne propCdeutique, on plus
exactement comme nne vCritable phCnomCnologie.
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l,il
(88) W.-L. 1804, S. W. X. p. 276. Bericht aber den Begriff der W.-L., VIII,
p. 384-386.
.
(89) Hegel, Phlinomenologie des Geistes (1807) (ed. Lasson), Vol'l'cdc, II,
p. '15-16.
1~-lG.
228
229
.,
(41) Phiinomenologie, p. 621.
.'
(42) Phii.nomenologie,
22
. --- .,,.
230
sen). L'oppose n'est plus simplement exclu, mais pose par I'Absolu
lui-mCme comme moyen. L'opposition Etre-Non-Etre, Savoir-NonSavoir, n'est plus le point de dCpart rCel, c'est le rCsultat, c'est-3.-dire
Ia rCvClation a soi de sa propre essence (43). Dans cette revelation 3.
soi, les termes cessent prCcisCment de s'exclure rCciproquement par
I'Entweder-Oder pour s'inclure l'un et I' autre dans le rCsultat qui Ie:s
conserve et qu'ils conditionnent de fatton permanente. L'Absolu est
la puissance qui pose a Ia fois le moyen et Ia fin, et conserve le
moyen comme tel dans Ia fin rCalisCe. C'est Ia mise en reuvrc rl~
principe CnoncC par Ia Pltinomenologie : : Le Vrai est Ie Tout, le
Tout n'est que I' essence s'achevant pur son developpement. On doit
dire de l'Absolu qu'il est essentiellement resultat... et ce rCsultat est
lui-meme simple immediatite 1> (44). La W.-L. 1804 dissipe, comme
le reclame l'Encyclopedie, cette illusion du premier commencement
liCe a Ia disjonctioil non surmontee de i'interieur et de l'exterieur (45). La W.-L. 1801 entretenait au contraire celte illu-sion. Son
rCsultat etait de prouver que le point de depart apparent, Ia Liberte
ou creation absolue, etait le point de depart veritable, l'origine reeiie,
La W.-L. 1804 opere an contraire un renversement, en mettant dans
le Savoir absolu, resultat de Ia dialectique contingentc, resultat en
lui-meme nCcessaire, le premier commencement reel par lequel s'explique Ia position de Ia contingence, du Savoir ordinaire, et de Ia
mediatite. La synthesc concrete de J'Etre et de Ia Liberte est operee
grace a Ia Vie.
En dCcouvt:ant Ia source de Ia disjonction, de I'Entweder-Oder, Ia
W.-L. y echappe. Elle acquiert alors de nouveaux traits qui Ia rapprochent de l'Hegelianisme. Fondee niaintenant dans 1' Absolu, Ia
rCflexion participe a sa nCcessitC et a son Cternite (46). La rCflexion
n'est plus seulement divisibilite, temps, elle est aussi, comme forme
de l'effet de Ia raison, intellection de l'Absolu, en uncertain nombre
de degres qui constituent Ia dialectique eternelle de I'Absolu. C'est Ia
triplicite-quintuplicite : En Soi, Image, - Image originaire, Image
reproductrice, - Unite synthetique des termes de chaque couple, et
des deux couples l'un avec I'autre. Cette unite reside dans l'immutahilite de Dieu. Ces degres du developpement de Ia Vie de I' Ahsolu
constituent comme chez Hegel, des << moments fondamentaux
(Grundmomente) qui se subdivisent chacun en autant de moments
(43) Hegel, Phlfnomenologie : c L'Esprit est en son le monvement qui constitue Ia connnissnnce, la transformation de cet En soi en le Pour Soi de Ia substance. en Sujet. ~ p. 516.
(44) Hegel, Phiinomenologie, p. 14-15.
(45) Hegel, Encyclopiidie der Wissenachaften, 242.
(46) Ficbte, Anwei:IUng, S. W. V, p. 480 sq.; 541 sq.
--~->;!
231
(47) W.-1 .. 1804, le<;on 28, S. W. X, p. 308-314. - Die Tatsachen des Bewusstseins (1813), le<;on 2: Momente des Sich-Verstehcns :. (S. W. IX, p.
417 sq.)
(48) W.-L. 1804:, Synthi!se W.- Die Tat11achen des Bewusstseins (1813), lec;ons
1 et 22, S. W. IX, p. 403-424. On trouve dCjit dans la Grundlage (1. p. 207, 2Hi)
!'expression de Hauptmomente. On trouve aussi dan:5 la Sittenlehre 1798 an
cours de l'histoire de l'~lre ratJonnel emplrique, des c points de vue ~'qui
correspon~ent :m_ns doute nux ~rundmomente de 1804, mais ils ne sont pas
r~ttac~l>s 1mmedmtcment a Ja Vt: d'un Absolu actuel, ils n'expriment pas une
thalect1que fondCe dans l'essence mternc de cet Absolu, etc. Enfin, leur contenu
est diffCrent, et caracterise d'une tout autre maniere.
(49) Fichte, Anwdsung, lec;on 5, S. W. V, p. 49.
(50) \V.-L-.1804, le\iOn 28, 8, W. X, p, 313,
I
I
232
233
I
I
234
de Fichte, que pour le Savoir absolu, qui est l'immCdiate manifestation de Dieu. Mais dans la religion, !'Esprit, pour Hegel, la Vie, pour
Fichte, ne s'est pas encore completement rCvCICe :i soi, une opposition subsiste entre Ie contenu et Ia forme; Ia conciliation est opere~
dans le creur, mais Ia conscience apporte encore nne .disjonction )) (57). L'Esprit n'a pas encore surmonte Ia conscience comme
teiJe. De meme que pour Ia W.-L. 1804-, Ia forme de Ia connaissance
doit devenir a son tour objet et se fonder dans le contenu, de mCme,
pour vaincre Ia conscience, !'Esprit doit prendre, comme objet de sa
conscience, la conscience de soi qu'il avait precedemment realisCe (58). Par ce proces, se realise lc Savoir absolu, qui est lc Savoir de
!'Esprit dans sa propre certitude (Ia realisation en elJe-merue de Ia
certitude), Ia conciliation absolue de Ia forme et du contenu, le
veritable (( Cther de Ia spirituaJitC pure ~>.
Aussi, Fichte et Hegel se rencontrent-ils maintenant dans Ia demonstration de ]"existence de Dieu. Chez l'un comme chez l'autre,
Ja demonstration de )'existence necessaire ne pent se faire que par
Ia realisation de I' existence eile-meme, du Verbe, considere non comme un produit mort, mais comme un mouvement de mCdiation de
lui-meme par lui-meme. C'cst pourquoi I"Absolu se prouve lui-meme,
el n'est point alors conditionnC par ce qui pourrait le prouver. S~ns
doute, Ia Vie - comme !'Esprit - doit se presupposer pour se reaUser : Ia Vie vit necessairement, si elle existe, mais sa realisation a
prCcisCment pour effet d'aholir Ia supposition, par ]'acquisition du
premier commencement reel, qui est /'existence, a Ia fois majeure,
mineure et conclusion, existence qui est necessairement, parce
qu'eHe se realise immCdiatement aVec nCcessite.
Cette realisation est essentiellement raisonnement, preuve de soi :
<' Ia forme absolue du Savoir est raisonnement >> (59). Le sujet et le
prCdicat, moments du raisonnement, sont moments de Ia realisation
de !'existence, qui ,par son mouvement, pose et abolit ces (( exw
tremes dans le principe de leur union et de leur disjonction. Ainsi,
pour Hegel, l'Idee est elle-meme la dialectique (60), le raisonnement
est le rationnel, tout le rationnel, fondement essentiel de tout l'e
vrai : Ie raisonnement est l'Absolu (61). II itbolit Ies extremes pour
les rf!duirc a des apparences (62). La division par laqueHe se realise
le raisonnement ou la Vie, est, dans Ies deux philosophies, celle de
235
. -:
.
<
236
cett~ f?rme vide de Ia _rCflexion sur soi, par laquelle seule Ia Force
se d1stmgue de sa mamfcstation (70). La w.-L. a surmo'nte cette disjonction par J'identite absolue des deux, et en fondant Ia forme dans
Ia nCcessite de J' Absolu. Pas d' Absolu sans PhCnomCne, et rCciproq_uement, telle est la formule retrouvCe par l'EncyclopCdie. <c L'exte_rieu~ est, a:vant tout, le meme contenu que l'intCrieur. Ce qui est
mteneur extst_e auss~ exteri_eurement et rCciproquement: Ie phCnomene ne revele nen qm ne soit dans I' essence, et ii n'y a rien dans }'essence qui ne soit pas manifeste )) (71). Mais Ia W.-L. ne s'eU~ve pas audessus de l'identite de l'intCrieur et de l'exterieur, c'est-3.-dire au-dessus du rapport de !'essence et de I' existence (72). Elle demeure done
ant~tCc dans Ic dCveloppcment de l'IdCe au moment de Ia rtalite. Sa
plus haute expression est celle de Ia causalite (73) qui dans sa dia!ectique intern~ ar~ive j~tsqu'au rapport rtciproque sans que ce dernier
rapport pmsse Jamats se poser pour _lui-mf:me. En eiTet, Ia manifestation de la Vie etant non seulement Fait, mais connaissance du Fait
est rapport rCciproque des deux; mais !'ensemble de cette manifes~
tation en ~oi, on rapport rCciproque (S D Einheil
x, y, z EinheiO
est Vie 4f!n soi comme. cause. Ainsi Ia cause reste Ie point de vue supCneur et Ia W.-L. est Incapable d'atteindre 8. Ia vraie nCgativite. La
manifestation de Ia Vie posee comme phCnomCne extCrieur a r Absolu, m~l?re i'act~ d~ .re~our_ sur soi (L_ebendiges Sich-Schliessen) qui
3ynthehse Ia prmcipiahon IdCale et Ia principiation reene. laisse a Ia
negativite le caractere de manifestation apparaissant dans /'Autre
(Scheinen in Anderes). qui caracterise l'Entendement, I'(c essence ))
(Wesen) par rapport au concept (74). L'individualite du concept est
ce qui est efficace (das Wirkende), non plus, comme Ia cause, avec
l'apparence d'Ctre efficace dans un autre (75), mais en Ctant efficace
en soi-mf:me. Or, pour Ia W.-L., 1n Vie de l'Absolu ne peut etre efflcace que par Ia position de I'Autre hors de lui, du rapportrCciproque
hors de lui. La source de Ia nCgativite est placee a l'interieur de
l'Absolu comme cause, mais toutes les .manifestations -de cette negativite sont immCdiatement placees hors de lui. Le passage de !'essence :\"}'existence qui se faisait hors de l'Absolu en 1801, est maintenant pose dans l'Absolu; toutefois le resultat de ce passage, c'est3.-dire I' existence en tant que telle reste en dehors de lui.
L'Absolu de Ia W.-L. et celui de Ia Philosophic speculative sont
done reprCsentes par des concepts tres diffC~ents. Sans doute, ajou-
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238
A VCgard de l'Absolu hegelien, !'impuissance de l'Absolu de Ia w.L. dont tCmoigne I'exterioritC de son dCveloppement et l'attachement
au point de vue de Ia conscience, se revele encore dans Ia W.-L. 1804
en ce que le rCsultat de Ia dialectique est un Fait absolu qui limite
notre connaissance. C'est 13. !'expression dans Ia doctrine d'un arret,
qu'elle ne pent comprendre, de son dCveloppement dialectique. Le
mouvement dialectique Ctant, en vertu de Ia domination du point
de vue de Ia conscience, fondC tout entier sur !'opposition de Ia
forme et du contenu, doit necessairement s'arrCter Iorsque Ia synthf:se concrete fait cesser cette opposition. 11 se heurte a la cause,
dont Je concept semble rendre compte de Ia facticite'b incomprehensible de l'arrCt. En effet, si le dCveloppE:ment dialectique est prod nit
par I'Absolu, cette production (das Ob jectivieren) ne peut etre depassC:e. Elle constitue le fondement absolu qui n'a pas besoin :i.
son tour d'etre fondC. Ainsi Ia causalite est le fait qui limite Ia genese idC:ale, en la subordonnant a Ia genese rCe1le. En rCaliU:, elle
constitue un vestige du criticisme, de Ia chose en soi, de l'irrC:ductithCo:rie de Ia connaissance, ct d'avoir ainsi insuffisamment CclairC et fondC
la diff~rence entre Ja PensCc du sujct et lc Savr>ir de l'E:;pril ab:solu, (Cf. Lasson, Introduction it l'l!dition de 1!105 de l'Encyclopiidie, p. XLIV'. et de l'edition
de 1911 de Ia Phenomenologie, p. cvn). Que le proci!s de l'abstrnit au concret
soil pose comme dialectique objective, cela prouve que le monvement dialectique
present dans la conscience (PhCnomCnologie) n'est pas une creati'on de cette conscience, que rien de la ViP- n'cst Ctrangcr a la Vic intCrieure de l'Absolu, et
qu'ainsi lc mouvement nCcessairc de la conscience est lc mouvement ml!me
de l'Absolu, mouveruent que In conscience nc prodnit pas, mais reproduil a son
point de vue dans la PhCnomCnologie . ....:... II ne peut pas en Ctrc autrcment, si
Ja puissance de la negativite est tout entiC:re posCe dan~ !'Esprit nbsolu. La
dialcctique obje<'live rend compte lt son tour de la difference entre la PensCe
du snJet et lc Savoir de l'Espril ahsolu; en retrouvant In conscience et Ia PhCnomCnologie. eomme un moment objectif du dCvcloppement de !'Esprit,
moment qui n'c!Ot plus alors envisage, it. travers le prisme de cc moment luimeme. c'est-3.-dirc a travers le :rapport du sujet it l'objet, mnis au point de
vue de l'Esprit absolu, c'est-A-dire dans l'immCdintc identitC du Sujet connaissant (Wissendes Selbst) et de Ia Forme objective de Ia VCritC. Par Ut
s'explique que In PhCnomenologie soit definie dans l'Encyclopedie non par sa
methode, mais par .son objet. On ne caracterlse la Phenomenologie par sa
methode que lorsqu'on recourt a elle pour avancer dans !'investigation, bref,
lorsqu'on se place a son propre point de vue, pour l'exRmlner elle-m@me, et l'ensemble des dCterminites de !'Esprit absolu. On Ia dCfinit par son objet, au
contrairc, lorsque pour Ia caractCx:iser, on se place au point de vue de !'Esprit
absolu, c'est-b.-dire en Ia situant objeetivcment. au degre qu'e11e occupe dans
l'ordre des determinitCs objectives. En effet, au point de vue de !'Esprit; -l'identit6 est immediate entre le Sujet et la dCterminite objective du concept (PhenO.
menologie, p. 619). Pour la mCme raison, les formes supCrieures du dCveloppement, contemplees, e1Ies anssi, du point de '\"Ue de !'Esprit, ne soot .pas
considCrees dans la forme sons laquelle Ia conscience les retrouvait dans son
experience. - Les diffCrenees dans la definition de Ia Pbenomenologie, et
dans Ia fac;on d'envisnger les formes supCrieures, ne doivent done pas @tre
attribuees A un changement dans Ia pensCe de Hegel, mais A un changement
de point de vue, que le dCveloppement du systCme sulvant sa loi et ses principcs originaires, determine, exigc et realist!.
239
hilite du Non-Moi au Moi. La Philosophic speculative abolit ce vestige en supprimant cette subordination, c'est-3.-dire en rCalisant !'action rCciproque qui conduit au concept (die fiir sich substantielle
~Macht). Elle rend ainsi possible une nouvelle marche en avant de
Ia dialectique.
La suppression de cette facticite permet le passage de la Phenomenologie :\ Ia Logique. L'Absolu dCveloppe en lui-meme sa manifestation. Le concept de cette realisation immanente etait dCj3. inclus dans le concept Schellingien de Ia Nature, Absolu objectif a Ia
fois sujet-objet, puis dans celui de Dieu se rC:alisant en soi dans un
monde d'IdCes. Pour Fichte, si Ia realisation de I' Absolu cree nne
opposition de l'Absolu a lui-mimic, qui lui est non pas intCrieure,
mais extC:rieure, c'cst que le resultat de cette opposition est d'isoler le pur sujet du pur objet. C'est pourquoi il ne saurait y avoir
pour le sujet, dans l'Etre qu'il pose au deh\ de lui et au dela de l'opposition du sujet et de I'objet, un proces qui maintiendrait dans cet
Etre Ie conflit des deux. La dialectique nons revele neanmoins que
cette manifestation exterieure est fondee dans l'Etre interne de I' Absolu; mais cette m!cessite interne de s'extCrioriser n'interiorise pas
la manifestation. Ce resultat s'exprime encore d'une autre fat;on.
Com me nons ne pCnetrons pas avec cette dialectique :\ l'intrieur de
l'Absolu lui-meme, nous avons beau pouvoir, grace a elle, poser lanecessite de cette manifestation, nous ne saurons jamais pourquoi
elle est nCcessaire, nons n'arriverons jamais a Ia tirer analytiquement de I' essence de l'Absolu. Aussi, cette manifestation dont l'aboutissement supreme est Ia synthCse de deux concepts contradictoires, celui d'Etre et celui de genese, reste-t-elle un simple fait. La
(( facticite >' exprime done non seulement l'impossibilite de supprimer dC:finitivement Ia contradiction de l'extCricur et de l'interieur, mais l'incapacitC de justifier le caractCre rationnel de Ia s.ynthese
concrete, parce qu'on est incapable d'en rendre compte par le principe vide d'identitt!, apporte par I'entendement. Il suffira done de
prendre conscience de cette synthese, comme de l'acte meme par lequel ['Esprit se realise et se construit, pour dCcouvrir la marche)
intrinsequement rationnelle par Iaquelle est abolie au contraire toute
({ faeticite .
Quoi qu'il en soit, du maintien ou de Ia suppression de Ia _ fa~
ticite > depend le role que joue le temps et l'inintelligible comme tel.
Si Ia dialectique de Fichte, dont Ies cinq moments constituent Ia totalite du comprendre, eXiste de toute eternite, c'est-a-dire independamment du temps, elle est neanmoins liee dans son existence eter
nelle a Ia position du temps ou de l'inintelligible.
Le Fait pose du m~me coup Ia Realite et Ia Sur-Realite, Ia matiere
et Ia forme de l'effet, !'infinite et le divers de !'objet et Ia quintupli-
I
240
241
CONCLUSION
iI
C. -
Conclusion
Bien que l'Cvolution de Ia W.-L. paraisse conduire a l'HCgClianisme comme a Ia seule doctrine capable de se suffire par elle-meme,
bien que cette evolution semble poss:der un caractere inCluctable,
ce serait s'exposer a des dCboires que d'interprCter et de juger la
W.-L. au point de vue de l'H:gelianisme, que de voir dans la necessite
de son developpement interne, Ia manifestation de l'Esprit tel que
Hegelle con~oit. Philosophiquement parlant, l'Hegelianisme pas plus
que Ia W.-L. on que tout autre systeme ne constitue Ia doctrine ultime capable de suffire a tout. En elle, Ia contradiction non resolue
ent:ie la r:alite proclamee de l'Histoire, qui nie, par son infinite, I'ab-
II
i
(79)
Encgclopiidie,
248.
..
242
son infinite, laisse le champ ouvert a de nouveaux concepts spCculatifs. L'historien de Ia philosophic, pour apprCcier revolution de Ia
W.-L., ne saurait retenir que Ies Clements logiques effectivement
combines, et que les factfmrs psychologiques qui ont conditionnC leur
mise en reuvre a travers maintes hCsitations et maints retards. Le
caractere logique inCluctable de l'Cvolution n'apparait que si l'on
maintient dans toute sa force, comme I' a fait librement Fichte, mal-
APPENDICE
NOTES ET REMARQUES
244
NOTES ET REMt\.RQUES
NOTES ET REMAROUES
lats de la gComCtric pure qui sont des rbgles pratiqucs soumises a une
condition prol.JI6nt:1tique de Ia volontC, et l'autonomie qui est une regie
pratique in~onrlitionnCe de Ja volontC (1). Le postulat mathCmatique
est un impCratif technique, regie d'habilct~ oU Ia nCcessitC thCorique
est complete et Ill nCcessite pratique nulle; !'action est en effet abso
lument indCterminCe pour Ie sujet (situ veux tracer un cercle .. alors) (2);
mais la nCcessitC d'agir de telle fa~on,_ c'est-8.-dire d'employer Ia regie, est
dCterminee en toute certitude par I'objet ( ... alors fais ou dCflnis ainsi. .. ) (3).
Uautonomie est un impCratif catCgorique oil Ia necessitC pratique est
compU~te ct Ia nCcessitC thCoriqut. nulle. Cette opposition prouve bien
qu'il s'~git lit de concepts du meme genre. On a affaire de part et d'autre
a une rCalitC qui ne saurait ni lHre, nl constituer un objet pour notre
spCcnlation, sans une Jibrc dCtermination de notre activitC.
D'autre part, cc que Kant dit des postulats vaut Cvidemment )JOUr les
definitions. Lc postulat est le precede pratique de realisation de Ia figure
dont Ia validHe repose sur le concept, mais connuc Ia definition n'est
que l'acte par lequel est constitue synthCtiqucment Ie concept, on voit
qu"au fond postu1at et definition mathCmatiques se rCdnisent a une seule
et mCnw operation. Quand Fichte et Schelling disenl que les matbemafiqucs commt~ncent par un postulat, i!s sont done d'accord avec Kant.
Seuls pcuvent &tre definis, selon Kant, lcs. concepts arbitrairement
pensCs, a prio1i, car dans ce cas, jc dois bien savoir ce que j'ai voulu
penser, puisque je l'ai formC moi-mCmc it dcssein. C'cst pourquoi Ie
concept mathCmatique est Ie seul a pouvoir Ctre defini parce qu'il est une
synthese arbitraire et pourtant objective, etant constructible a priori (4).
Dans l'ordre pratique, l'autonomie se constituant elle-meme par l'acte
ahsolument lihre de prendre Ia legislation universclle comme maxime,
ne pourra-t-on pas Cgale-ment en donner une definition adequate, bien
qu'on ne puisse ici procCder it tme constrUction spatiale ? II est Cvident
qu'on le pourra dans Ia mesure oU l'on considCrera l'autonomie non
pas comme un donne, mf.:me a priori, dans Ia conscience claire du
sujet, mais ~omrne I'acte E"ssentiellement conscient de l'<~ctivite du sujet.
Ce qui fait en effet Ia complete clarte du concept, ce n'est pas son
a priorite, mais c'est ce fait qu'il est fabrique sur le champ en pleine
coi:tscience par l'esprit. qui de la sorte sait exactement ce qu'il y a mis.
En un mot, Ia philoSophic pratique acquerra un caractere de rigueur
mathematique a partir du moment oil, bannissant toute qualitC occulte,
propose n'a de valeur (tbeorique) que pour com prendre Ia philosophic de.
Kant (Si tu veux comprendre le Kantisme... :\lors), mais n'implique nullement Ia nCcessite dn Kantisme. On pent done reponsser 8. Ja fois le Kantisme
et ce point de vue, tout comme on pent, ainsi que le dit Schelling, se refuser
a se placer au point de vue de Ia Lune; surtout si l'on contcste avec Schelling
que !'objet, c'est-ll-dire, en l'espece, Ia representation, n'implique nnllement
de fn!r()n nCcessaire le mode antidogmatique dcxplieation.
(3) Kant, Krifik der reinen Vernunfl, HI, p. 201-205; 489.
(4) Kant, KriUk der reinen Vernunft, III. p. 487.
245
(1)
i"
246
NOTES ET REMARQUES
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I
i;
\,
NOTES ET REMARQUES
247
'\ent alors etre genCti<JUCm<'nl conslruits, mais dCduits de fat;on discursive par le recours a un troisiCme terme absolument transcendant a
l'Cgard de Ia conscience immediate du sujet : le monde intelligible ou
la libertC transcendantalc. Lc foyer de Ia certitude reste en bas, dans
Ia donnCe du devoir, non en haut dans Ia Raison pratique qui constitue
son principe. En consequence Cchoue Ia pretention de prouver Ia rationame de cette donnCc. On peut prouvcr tout au plus qu'il est possible
que cette donnCe exprime en nous unc causalitC de Ia raison, non qu'elle
l'exprime; ou qu'elle l'exprime, si le devOir est effectivcment un commandement absolu, ce qu'on pcut contester. Maimon a done raison de
rCclamer a cet egard une genese (Entstehungsart), seule capable de dissipcr le doute cmpirique. Cette genese devient possible lorsqua l'En Soi
de In Libcrte occulte t:f trilnscendante au sujet, sc snbstitue !'intuition
intcllectuelle immanente au sujet. Alors pcut se rCaliser une construction
de concepts qui rend effective Jn mCthode synthCtique.
En tout cas, l'idCc d'une unification du thCorique ct du pratique s.uivant mt mode mathi!matique est sans doute contraire, mais non absolument etrangCre au Kantisrue. II en est de mi!me pour cette idee que Ia
moraHte ct la philosophic reposent sur un seul et meme postulat. L'autonomie, telle que Kant la pose en face du postulat geometrique, est
un commandement, non un postulat, mais clle suppose une librc decision, bi_en qu'une fois plcinement rCalisCe, l'autodCtermination absorbe
et fasse disparaitre Ia con!ingence extCrieure a elle du Wenn, ou du
Soil. Si l'on consid~re, d'autre part, Ia science qui prend l'autonomie
pour objet, Ia philosophic pratique. on voit qu'elle impliquc un postulat:
Si tn veux le reprCsenter dan1) ton autonomic, retlechis de telle fa~on ~. Ainsi formuiec, cette proposition n'implique aucune nCcessitC
du point de vue du sujet, puisque le si ;, exprime Ia IibertC. Elle
semble impliquer une nCcessitC au point de vue de !'objet. Or, !'objet
n'est pas ici un objet de connaissance thCorique, mais man Moi pratique et librc. La necessite thCorique est .done en l'esp~ce, ipso facto,
pratique. Je ne puis formuler JlimpCratif hypothCtique qui conditionne
Ia philosophic qu'aprCs avoir pris conscience de !'autonomic. Mais d~s
que j'ai conscience de !'autonomic, j'ai conscience que je dois avoir
de lui une sc.!ence parfaitement adequate (1). Je dais en consequence
conformer ma raison a la nature de son objet (le sujet) et m'elever a une
mCthode uniquement synthCtique oil Ia forme mCme de la philosophic
exprimera !'autonomic de s~n contenu.
(1) Knnt, Grundlegung der Meiaphysik der Sitten, lre section (S. W. VIII).
p. 26-27.
248
NOTES ET RBMARQUES
-f
./
(1) Kant, Gnrndlegung der Metaphysik der Sitten, S. W. VIII, p. 22-24; 48-5.0.
Dans tous Jes exemples qu'll donne. Kant montre que Ia maxime du_ voulotr,
itant lntCrieurement contradictoire comme loi objective, ne peut aboubr lt reaJiser la fin qui eai envlsagee par l'Cgofsmc.
NOTES ET REMARQUES
U9
1:
rI
250
-~,
ERRATA
TOME I (Snit e)
P.
ii~,
TOME ll
P. 3;{. notes 17 et 78, lire: SynU1e.Rc B 1 cl. synthOsc c~
lin~:
faclice la Loi.
'\
'
DEUXIEME PARTIE
3-39
A.. -
3-1;
B. -
6-39
Ca:niTBE II. -
4().79
W .-1. {801 .. , . , . . . . .
fiECONSTLTUTlON DES VUWT SYNTHESES DE I.A \V,-L. :1801.....
S I. Premiere partie deJa W.-L. :1.801, p. 43-Gi. - S 11.
Deuxiemc partie de Ia W.-L., p. 61-78.- Tableau p. 79.
A. B.
CHA.PlTII.D
.J
......
LE POINT DE VUE DE LA
m. -
A, -
ESI'Rl'l' DE LA
B. -
LE E>Roct~:s
CONSTHl:CTIO~. -
80-101
LE PROCE:::i Sl'NTHETIQUF. .
sYNTnETIQUE .... _ . . . . . . . .
40...43
43-79
8().91
91-tOt
TROIS!EME PARTIE
1804. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
A. -
105-143
:1.804 ...... , . . . . . . . . . . .
-100-{08
f08-U3
V. - Rapport du trolsl~me moment avec l.e second. vue d'ensembl.e sur revolution de 1a W.-L....................
CRA.PITRE
:14-i-146
:146-163
-LA W.-L.
W.-L.
{804
:1.4(..:163
A.
W.-L . p. 16().!63.
de
revolution
de
la
252
16~18~
fl.
.s
i64-Hi7
167-187
I. Les deux premier!! points de vue et la preuve a contingenlia, p. 169-t7t. - S IT. Passage il !'analogue d'une
preuve per ens realissimum. - Principe du passage de Ia
modalite existence a Ia modalite nCcessile. p. 1.71-1.79.
- s III. Possibilite d'une preuve de !'existence nCcessaire,
p. i73-i7~.- S lV. Cara"ctCre indispensable de Ia pre:nve,
p. 171-S-t 7fi. -- ~ V. Preuve de I' existence nCce!lsaire, p. t 77189.
CHAVJTRr-: VII. -
La Beatitude ........... .
A.
B.
190-198
iI
. .................. .
198--212
213-242
1
190-212
A.
213-227
B.
227-24-1
c. -
GO,CLC-"0'.
241.-2-i-2
243-2~0
i
I
I
I
I
II
I