Mémoire Ingénieur Agronome Simeni Tchuinte Ghislaine
Mémoire Ingénieur Agronome Simeni Tchuinte Ghislaine
Mémoire Ingénieur Agronome Simeni Tchuinte Ghislaine
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FACULTE DES SCIENCES AGRONOMIQUES
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DEPARTEMENT D’ECONOMIE, DE SOCIO-ANTHROPOLOGIE ET DE
COMMUNICATION POUR LE DEVELOPPEMENT RURAL
THESE
Pour l’obtention du diplôme d’Ingénieur Agronome
Composition du jury
Président : Dr. Ir. Roch L. MONGBO
Rapporteur : Dr. Ir. Houinsou DEDEHOUANOU
1er Examinateur : Ir. Joachim P. D’ALMEIDA
2ème Examinateur : Dr. Ir. Erick ABIASSI
Le 14 Décembre 2005
ii
THESIS
Submitted to the requirement of Agricultural Engineer degree
Reporter : Dr. Ir. Houinsou DEDEHOUANOU
1st Examinator : Ir. Joachim P. D’ALMEIDA
2nd Examinator : Dr. Ir. Erick ABIASSI
CERTIFICATION
Je certifie que ce travail a été entièrement conduit et réalisé par Ghislaine Marilyne
SIMENI TCHUINTE, étudiante à la Faculté des Sciences Agronomiques de l’Université
d’Abomey-Calavi au Département d’Economie, de Socio-Anthropologie et de
Communication pour le développement rural, sous ma supervision.
A mes parents, Abraham SIMENI et Marie KWATCHOUANG, pour tout l’amour dont ils
m’ont entouré, pour avoir toujours œuvré dans le but de m’assurer un avenir meilleur.
Qu’ils trouvent en cette œuvre le fruit de leurs sacrifices.
A mes frères et sœurs Christian Gollnick, Marien Junior, Romuald Paulin, Sylvain Raoul,
Nicole Armelle, Isabelle Laure et Félicité Noëlle pour leur soutien et leur amour indéfectible
malgré cette longue séparation. Que ce travail comble tous leurs vœux ainsi que les efforts
consentis.
A mes grands-mères Thérèse WAMBO et Lydie TCHUINTE pour toutes leurs bénédictions
qui n’ont cessé de m’accompagner.
iii
REMERCIEMENTS
La réalisation de ce travail n’a été possible que grâce au concours de personnes qui n’ont
ménagé aucun effort pour son aboutissement. Je remercie particulièrement :
Le Docteur Maximin KODJO pour avoir accepté de superviser ce travail malgré ses
multiples occupations, qui après m’avoir proposé ce sujet, m’a suivi de bout en bout.
Docteur Erick ABIASSI pour avoir accepté malgré les impératifs de son calendrier de
consacrer son temps à l’aboutissement de cette œuvre.
J’exprime toute ma reconnaissance au Docteur Oscar EYOG-MATIG qui m’a fourni le
matériel et l’environnement scientifique pour réaliser ce travail, et n’a ménagé aucun effort
pour ses conseils.
Ma gratitude va également à l’endroit du personnel de la section économie rurale de l’Institut
International d’Agriculture Tropicale (IITA) particulièrement le Docteur Ousmane
COULIBALY, Messieurs Razack ADEOTI, Théodore NOUHOHEFLIN, Casimir
AITCHEDJI pour leurs conseils, leurs orientations scientifiques et la documentation mise à
ma disposition.
Je remercie le Docteur Guy-Appolinaire MENSAH pour son soutien dès le démarrage de ce
travail.
Que mon père et ma mère Abraham et Marie SIMENI, mes frères et sœurs Christian,
Marien,Romuald, Sylvain, Armelle, Isabelle et Félicité et tous mes autres parents retrouvent
ici les fruits des attentions et des encouragements qu’ils ont toujours tenus à mon égard.
J’adresse mes remerciements également :
Au Programme de Conservation et de Gestion des Ressources Naturelles (ProCGRN) pour
avoir contribué financièrement à la réalisation de ce travail.
A mes Professeurs de la Faculté des Sciences Agronomiques de l’UAC.
Aux Ingénieurs Antoine ADIDEHOU, Soul-Kifouly MIDINGOYI et Marie-Josée
SOGBOSSI pour leurs conseils tout au long de cette étude.
A Monsieur Jean ZOUMAROU DOKO et à sa famille pour leur accueil à Djougou.
A tous les maraîchers de Djougou pour leur accueil et leur disponibilité à répondre à mes
interrogations.
A mes guide et interprètes qui ont bien voulu m’assister pour la collecte des informations
notamment Monsieur Nourou Bello YACOUBOU et Prisca, Idriss, Ismaël, Daouda, Razack,
Latifou, j’exprime ma profonde reconnaissance.
A tous ceux qui ont contribué à la réalisation de ce travail.
iv
RESUME
Les résultats obtenus à l’aide de la statistique descriptive, de l’estimation des marges brutes
et des marges nettes et d’une régression multiple destinée à identifier les facteurs influençant
la marge brute montrent dans un premier temps que quatre sites de production maraîchère se
rencontrent dans la ville et ces sites sont relativement spécialisés : les cultures traditionnelles
pour le bas-fond de la Téro ; les cultures d’origine européenne pour le petit Sabari et
Zembougou-béri et une association des deux types pour le grand Sabari. Cette spécialisation
permet d’identifier trois principaux systèmes de cultures maraîchères dans la ville de
Djougou à savoir :
- Le système traditionnel caractérisé par la mise en place des cultures locales que
sont le piment et le crin-crin, avec très peu d’investissements, et qui est dominé par de
nombreuses associations entre les spéculations. Les exploitations ne sont pas limitées par le
foncier et elles sont dirigées par des chefs de ménages exclusivement Yom, avec des familles
de grandes tailles;
- Le système mixte qui associe sur la même planche ou la même parcelle des
spéculations aussi bien traditionnelles (tomate, piment, crin-crin) qu’exotiques (chou,
carotte, laitue). La tomate constitue la principale culture de ce système. Les superficies
emblavées sont importantes et le mode d’accès au foncier est surtout l’héritage. Comme dans
le système traditionnel, l’investissement de départ est faible et une forte proportion des chefs
de ménages est d’origine Yom avec les mêmes caractéristiques pour la taille des ménages.
Les Yom sont majoritaires dans ce système, mais on y retrouve d’autres ethnies telles que
les Dendi et les Peulh.
- Le système exotique est consacré exclusivement à la mise en place des cultures
exotiques (chou, carotte, laitue). Les terres sont plus restreintes et ne sont pas sécurisées. Les
v
chefs de ménages sont plus alphabétisés et plus instruits que dans les deux premiers cas. La
taille des ménages est plus faible. Les Yom n’appartiennent pas à cette catégorie bien que la
diversité ethnique y soit plus importante.
L’analyse des coûts et recettes de ces trois systèmes a révélé que c’est le système exotique
qui permet d’obtenir les marges brutes les plus importantes découlant des profits réalisés
avec le chou, la carotte et la laitue. Dans le système mixte, c’est le chou suivi du piment qui
permettent l’augmentation des marges brutes et dans une moindre mesure la laitue, le crin-
crin et la tomate. Pour le système traditionnel, c’est principalement le piment et ensuite le
crin-crin qui contribuent à l’augmentation de la marge brute. Le système exotique est le plus
rentable devant le système traditionnel et le système mixte. Les cultures les plus rentables
par ordre décroissant sont : le chou, la carotte, le piment, la laitue, le crin-crin et la tomate.
Les facteurs susceptibles d’augmenter la marge brute sont le coût de l’engrais, le coût des
pesticides, le coût des semences, et le type de système de production représenté par le
système traditionnel. Ces productions sont confrontées à deux contraintes principales que
sont l’absence d’eau en saison sèche et la forte pression parasitaire qui entravent le
développement des légumes.
Pour lever les contraintes recensées, différentes actions doivent être mises en œuvre
notamment l’amélioration des techniques traditionnelles de puisage par l’installation de
système gravitaire au tuyau ou encore par l’utilisation de motopompe ; la sélection des
variétés de légumes résistantes à l’attaque des parasites.
vi
ABSTRACT
Vegetables cropping in Benin have many advantages such as environmental conditions that
are favorable particularly in the North. But these potentials are still underdeveloped. The
objective of this research is to identify and describe the horticultural production systems in
urban and suburban areas of Djougou, a secondary town in North-west Benin.
This study describes features of vegetable production systems in Djougou using descriptive
statistics, gross margin and regression analyses. The results showed that horticultural
cropping activities occurred in lowland during the dry season and in upland during the
raining season. Vegetables are cropped under three major production systems. These are:
- Traditional vegetables production system that includes local vegetables such as
pepper and jute. All the farmers in this category belong to the Yom ethnic group. They are
illiterate and have large family size. The areas under cultivation are also large.
- Mixed vegetables production system where farmers combine local and exotic
vegetables crops such as tomato, pepper, jute for local ones and cabbage, carrot and lettuce
for exotic. Farmers in this system have the same features as those in the traditional system as
far as the level of education, the family and farm sizes are concerned. Most of them belong
to the Yom group, but some of them are also Dendi and Fulani.
- The third production system is that of exotic vegetables such as cabbage, carrot and
lettuce. Farmers in this group are not Yom. The features of both the family and the farm
sizes are different from the two others.
Cost-benefit analysis showed that the exotic system has the highest gross margin with
vegetables such as cabbage, carrot and lettuce. The vegetable, which earned the highest
profit in this group, is cabbage. In the mixed system, the most profitable crop is cabbage. As
far as profitability is concerned, cabbage comes first, next are carrot, pepper, lettuce, jute and
tomato. The results of the model showed that four major factors affected gross margin.
These are the cost of seed, the cost of pesticides, the type of production system and the cost
of fertilizer.
Certification………………………………………………………………………….. .. i
Dédicaces………………………………………………………………………………. ii
Remerciements………………………………………………………………………… iii
Résumé………………………………………………………………………………… iv
Abstract………………………………………………………………………………… xi
Table des matières……………………………………………………………………... vii
Liste des tableaux……………………………………………………………………… xi
Liste des photos………………………………………………………………………... xii
Liste des figures……………………………………………………………………….. xiii
Liste des annexes……………………………………………………………………… xiii
Liste des cartes……………………………………………………………………… xiii
Liste des sigles et abréviations………………………………………………………… xiv
CHAPITRE PREMIER : INTRODUCTION GENERALE………………………. 1
1.1. Introduction………………………………………………………………………. 1
1.2. Problématique…………………………………………………………………….. 2
1.3. Justification………………………………………………………………………. 4
1.4. Objectifs de recherche……………………………………………………………. 5
1.5. Hypothèses de recherche………………………………………………………….. 5
CHAPITRE II : CADRE CONCEPTUEL ET REVUE DE LITTERATURE…... 7
2.1. Cadre conceptuel………………………………………………………………….. 7
2.1.1. Concept d’agriculture urbaine et périurbaine………………………………… 7
2.1.2. Concept d’exploitation agricole………………………………………………. 8
2.1.3. Concept de système de production……………………………………………. 8
2.1.4. Concept de système irrigué…………………………………………………… 10
2.1.5. Concept de maraîchage……………………………………………………….. 11
2.2. Etudes antérieures sur le maraîchage……………………………………………... 13
2.2.1. Importance des cultures maraîchères…………………………………………. 13
2.2.2. Zones de production des cultures maraîchères………………………………... 14
2.2.3. Typologie des systèmes de production maraîchère…………………………… 14
2.2.4. Rentabilité des cultures maraîchères………………………………………….. 16
2.2.5. Contraintes à la production maraîchère……………………………………….. 19
CHAPITRE III : METHODOLOGIE……………………………………………… 21
3.1. Choix de la zone d’étude………………………………………………………….. 21
3.2. Phases de collecte des données…………………………………………………… 22
viii
5.5.5. Sarclo-binage……………………………………………………………….…. 47
5.5.6. Fertilisation…………………………………………………………………… 47
5.5.7. Traitement phytosanitaire……………………………………………………... 48
5.6. Systèmes de cultures……………………………………………………………… 48
5.6.1. Association des cultures………………………………………………………. 48
5.6.2. Rotation des cultures………………………………………………………….. 49
5.7. Caractéristiques socio-démographiques des maraîchers………………………….. 49
5.8. Production de l’arrière-pays………………………………………………………. 51
5.9. Conclusion partielle…………………………………………………………….…. 52
53
CHAPITRE VI : ACCES AUX FACTEURS DE PRODUCTION………………...
6.1. Foncier maraîcher…………………………………………………………………. 53
6.1.1. Modes de faire-valoir…………………………………………………………. 53
6.1.2. Gestion foncière…………………………………………………………….…. 56
6.1.3. Superficies exploitées…………………………………………………………. 57
6.2. Main d’œuvre……………………………………………………………………… 58
6.2.1. Main d’œuvre familiale…………………………………………………….…. 58
6.2.2. Main d’œuvre salariée temporaire………………………………………….…. 59
6.3. Capital……………………………………………………………………………... 61
6.3.1. Capital de départ………………………………………………………………. 61
6.3.2. Accès à l’équipement…………………………………………………………. 62
6.3.3. Accès aux intrants…………………………………………………………….. 64
6.4. Typologie des systèmes de cultures maraîchères…………………………………. 69
6.4.1. Système de cultures traditionnelles…………………………………………… 69
6.4.2. Système de cultures mixtes…………………………………………………… 70
6.4.3. Système de cultures exotiques………………………………………………… 71
6.5. Contraintes à la production maraîchère…………………………………………… 73
6.6. Conclusion partielle…………………………………………………………….…. 76
78
CHAPITRE VII : RENTABILITE DES SYSTEMES DE CULTURES…………..
7.1. Rentabilité des systèmes de cultures……………………………………………… 78
7.1.1. Estimation des produits physiques………………………………………….…. 79
7.1.2. Estimation des charges opérationnelles…………………………………….…. 79
7.1.3. Estimation des marges brutes…………………………………………………. 88
7.1.4. Estimation des coûts fixes…………………………………………………….. 91
x
1.1. Introduction
Cependant, il faut noter que l’estimation des surfaces des légumes et l’identification des
zones de production souffrent de manque de précision. Il n’y a pas en fait de relevé
systématique des superficies couvertes au fil des années sur l’ensemble du territoire national
(Mbaye et Renson, 1997; Adegbola et Singbo, 2001). En effet, selon Gnimadi (1995), les
Centres d’Action Régionaux pour le Développement Rural (CARDER) des anciens
départements de l’Atacora, du Borgou et du Zou ne procédaient pas à l’enregistrement des
statistiques relatives à la production des cultures maraîchères il y a quelques années. Bien
que les statistiques ne soient pas très précises, on peut toutefois dire sans trop se tromper que
les données récentes traduisent un engouement croissant pour les activités maraîchères dans
ces régions, en particulier dans la Donga.
On note actuellement une importante extension des superficies des cultures maraîchères dans
les départements de l’Atacora et de la Donga. Pour le piment, l’accroissement a été de 120%
entre 1990 et 1998 (PADSA, 2001). D’une manière générale, elles sont passées de 6423 à
11513 ha de 2002 à 2003, soit un taux d’accroissement de 79% (ONASA, 2004).
Contrairement au sud Bénin où les problèmes relatifs au maraîchage sont très documentés, le
2
Nord du pays, en particulier le département de la Donga a très peu retenu l’attention des
chercheurs.
La présente étude analyse du point de vue financier les principaux systèmes de production
des cultures maraîchères dans le département de la Donga. Elle s’inscrit dans le cadre des
travaux de recherche de fin d’études requis pour l’obtention du diplôme d’Ingénieur
Agronome à la Faculté des Sciences Agronomiques (FSA) de l’Université d’Abomey-Calavi
(UAC).
1.2. Problématique
D’un taux d’urbanisation inférieur à 10% il y a trente ans, l’Afrique subsaharienne est passée
aujourd’hui à un taux moyen supérieur à 35%. Cette urbanisation rapide a augmenté dans de
nombreuses villes, la proportion et les effectifs de la population marginalisée (FAO, 1996).
Le taux d’urbanisation au Bénin est élevé ; il a été de 35,7% entre 1992 et 2002 à cause d’un
exode rural non négligeable (INSAE, 2003).
Parallèlement à cette situation, la FAO (1996) a observé que la crise économique obligeant
plusieurs pays africains dont le Bénin à adopter les programmes d’ajustement structurels, a
abouti à une compression massive du personnel administratif. Face à la montée du chômage,
ces désœuvrés n’avaient pas d’autres alternatives que de se reconvertir dans le secteur
informel, notamment l’agriculture en milieux urbain et périurbain en vue de subvenir à leurs
besoins quotidiens (Soumahoro, 1999). De nos jours, cette activité connaît dans les zones
urbaines et périurbaines un essor caractérisé par la multiplication du nombre d’acteurs et la
diversité des acteurs et des cultures (Assogba-Miguel, 1999 ; Hounkpodoté et Tossou, 2001).
Destinées en grande partie aux principales villes du Bénin et malgré un engouement de plus
en plus important des producteurs, les cultures maraîchères assurent un approvisionnement
irrégulier et insuffisant des zones de consommation surtout caractérisé par une offre
importante de produits sur de courtes périodes (Mbaye et Renson, 1997 ; Agossou et al,
2001 ; Tiamiyou et Sodjinou, 2003). D’une manière générale, la production nationale de
cultures maraîchères ne satisfait pas la demande interne. Les marchés béninois dépendent
très nettement des importations alors que les conditions agroécologiques favorables pour la
3
pratique de ces cultures ne sont pas suffisamment exploitées (Mbaye et Renson, 1997 ;
Agossou et al, 2001 ; Tiamiyou et Sodjinou, 2003 ; LARES, 2004). Le département de la
Donga appartient à ces zones agroécologiques et fait partie de l’une des cinq grandes régions
de production maraîchère au Bénin (Tiamiyou, 1995 ; Mbaye et Renson, 1997).
En effet, le maraîchage est soumis à plusieurs contraintes. D’après Hounkponou (2003), les
problèmes d’insécurité foncière et de pénurie de terres consécutives à l’extension des zones
bâties à vocation résidentielle, commerciale ou industrielle limitent le développement des
activités maraîchères. Singbo et al. (2004) distinguent trois contraintes majeures. Il s’agit en
premier lieu des contraintes liées à l’acquisition des intrants telles que le manque de moyens
financiers, la disponibilité et la cherté de ces intrants. Le second type de contraintes est
relatif aux opérations culturales à savoir : la destruction des graines par les pathogènes et la
disponibilité des semences de qualité ; ceci entraîne un faible taux de germination en
pépinière. La dernière catégorie de contraintes est liée aux problèmes de santé : affections
respiratoires, digestives, olphatiques et cutanées dues au contact avec les pesticides
chimiques de synthèse.
Ces contraintes multiples amènent à s’interroger sur l’état des systèmes de production
maraîchère au Nord-Ouest Bénin : quelles sont les caractéristiques socioéconomiques des
systèmes de production maraîchère rencontrés? Quelles sont les contraintes de production de
ces spéculations? Sur quels déterminants peut-on agir pour les améliorer ? Ce sont autant de
questions qui méritent des réponses pour améliorer la connaissance des systèmes de
production à base des cultures maraîchères au Bénin en général et dans le département de la
Donga en particulier.
4
1.3. Justification
La diversification des cultures est une préoccupation qui suscite de plus en plus une grande
attention auprès des acteurs du développement agricole et rural. Ce regain d’intérêt pour la
recherche d’alternatives au coton est d’autant plus marqué que ces alternatives apparaissent
de façon évidente comme des compléments indispensables à l’équilibre économique des
exploitations agricoles et à celle de la balance commerciale du Bénin (Tiamiyou et Sodjinou,
2003). A cet effet, dix-sept filières agricoles qui devront être développées ont été identifiées
au nombre desquelles figure celle des cultures maraîchères (Agossou et al., 2001).
En effet, les marchés béninois dépendent très nettement des importations en produits
maraîchers alors que les potentialités agroécologiques nationales ne sont pas suffisamment
exploitées. Dès lors, l’augmentation de l’offre nationale en produits maraîchers est
nécessaire d’une part pour satisfaire la demande nationale et d’autre part pour réduire
l’augmentation actuelle des importations officielles et informelles de ces produits et par
conséquent de la sortie des devises (Tiamiyou et Sodjinou, 2003).
Par ailleurs, les légumes apparaissent comme les principaux éléments constitutifs de la
source protéique qui accompagne la base calorifique de l’alimentation des Africains
(manioc, riz, mil). Les légumes les plus fréquemment cités comme éléments constitutifs des
sauces dans les études de consommation réalisées en Afrique sont les morelles, les
amarantes, les oseilles et les feuilles de manioc dans certaines zones (Moustier, 1991).
Les légumes sont des aliments nécessaires à l’équilibre du régime alimentaire. L’importance
des légumes feuilles réside dans leur richesse en éléments nutritifs. Ils contiennent du
carotène, quelques vitamines B (riboflavine et thiamine), de la vitamine C, des minéraux et
des protéines. Ces éléments sont d’autant plus abondants que les feuilles sont jeunes. Les
principaux minéraux présents dans les feuilles vertes sont : le fer, le calcium et le phosphore
(Diouf et al., 1999).
Au Bénin, les principales poches d’insécurité alimentaire sont observées dans le sud-ouest
du pays et dans le nord-ouest (Atacora et Donga) (Aho et al., 1997). En effet cette dernière
région constitue une zone de déficit alimentaire lors de la période de soudure (ONASA,
2004). Cette situation se traduit par des carences en vitamines et minéraux chez les femmes
5
enceintes et les enfants en bas âge. L’une des stratégies proposées aux ménages pour lutter
contre la pénurie alimentaire saisonnière est la production de cultures maraîchères donc celle
des légumes (N’tchagaba, 2000). Ces légumes peuvent par conséquent suppléer à la carence
en éléments nutritifs dont sont victimes les couches vulnérables des zones d’insécurité
alimentaire.
L’objectif général de cette étude est d’identifier et de caractériser les systèmes de production
maraîchère urbains et périurbains de la ville de Djougou.
De façon spécifique, il s’agit de :
- faire une typologie des systèmes de production de cultures maraîchères rencontrés ;
- identifier les contraintes à la production maraîchère à Djougou ;
- évaluer la rentabilité financière des différents systèmes de production existants;
- analyser les facteurs susceptibles d’augmenter les marges brutes de production.
La présente section aborde dans un premier temps les éléments théoriques sur lesquels
s’appuie notre étude. Par la suite elle présente les différents travaux réalisés sur l’activité
maraîchère en général et quelques spéculations en particulier aussi bien sur les plans national
que régional.
Selon Fleury et Donadieu (1997), l’agriculture périurbaine, au strict sens étymologique, est
celle qui se trouve à la périphérie de la ville, quelle que soit la nature de ses systèmes de
production. Avec la ville, cette agriculture peut soit n’avoir que des rapports de mitoyenneté,
soit entretenir des rapports fonctionnels réciproques. Dans ce dernier cas, elle devient
urbaine et c’est ensemble qu’espaces cultivés et espaces bâtis participent au processus
d’urbanisation et forment le territoire de la ville.
8
Pour Doucouré et Fleury (2004), cette agriculture contribue à plusieurs titres à la gestion de
la ville :
– en participant à l’approvisionnement, surtout en produits frais ;
– en créant des emplois et des revenus, qui contribuent à l’équilibre social ;
– en améliorant l’environnement par une gestion spécifique des déchets ;
– en occupant des terrains qui font office de coupures vertes dans le tissu urbain et en
participant ainsi à l’aménagement des espaces verts et à l’amélioration de la qualité de l’air.
Pour Ruthenberg (1980), les analyses sur les exploitations agricoles sont importantes pour
les questions relatives au développement parce que l’exploitation est le principal centre de
décision pour le développement agricole. Elle est aussi bien un écosystème qu’une unité
indépendante de l’activité économique. L’exploitation agricole représente l’unité de
production, de consommation et de gestion des ressources naturelles largement dominant où
se construit l’essentiel de l’économie, de la société et de l’environnement (ROPPA, 2001).
C’est un cadre organisationnel que l’on peut repérer à partir d’un ensemble de personnes
dont les décisions vont déterminer une production agricole, des moyens de production et des
résultats réalisés. Chaque exploitation a sa spécificité propre, qui est déterminée par les
disparités des niveaux de ressources et par les objectifs au plan familial (Dixon et Gulliver,
2001). Par conséquent, l’exploitation agricole peut être assimilée au ménage agricole.
temps en des activités variées qui sont elles aussi des systèmes (cultures, élevage, tracteurs,
etc.). L’exploitation est par conséquent un système « homme-biologie-machine » c’est-à-
dire un système hybride et encore plus complexe que les systèmes de cultures ou d’élevage
qui sont stochastiquement déterminés.
Les instruments politiques de mesure se basent sur des agrégats qui nécessitent de regrouper
en classes, les exploitations qui sont similaires dans leurs structures et qui sont supposées se
retrouver au niveau de la même fonction de production.
Etant donné que l’objectif général de notre recherche s’intéresse aux cultures maraîchères,
le système de production maraîchère sera identifié dans notre cas au sous-système de
cultures maraîchères en considérant le système de production tel que défini par Jouve.
Selon Dixon et Gulliver (2001), les analyses des systèmes de production peuvent permettre
de déterminer les priorités régionales en matière d’investissement rural et de recherche,
contribuer à identifier et à diffuser les meilleures pratiques dans un système de production et
à surveiller leur impact. Ces applications intéresseront probablement le secteur privé et les
autres utilisateurs non gouvernementaux. Mais, le secteur privé y compris l’industrie des
engrais, peut aussi tirer des informations utiles des données déjà disponibles, par exemple en
10
Carloni (2001) a défini quinze (15) grandes catégories de systèmes de production agricole
en Afrique subsaharienne parmi lesquels le système irrigué. D’après cette auteure, le système
irrigué possède un potentiel élevé de croissance en agriculture et dans la réduction de la
pauvreté. Les projections de la FAO pour l’année 2030 indiquent que dans les trente
prochaines années, la production provenant des terres irriguées pourrait s’accroître de 100 à
200 %.
En principe toutes les cultures peuvent être mises en valeur par un système irrigué. Mais,
d’une manière générale la culture irriguée par excellence est le riz. Les cultures maraîchères
étant des cultures de marais nécessitent un approvisionnement permanent en eau pour leur
production. L’eau constitue en conséquence un intrant au même titre que l’engrais, les
pesticides et les semences. Ainsi, les productions maraîchères peuvent être assimilées à des
cultures irriguées d’où l’importance de préciser les caractéristiques de ce système.
Selon Ruthenberg (1980), l’irrigation décrit les pratiques qui sont adoptées pour
approvisionner en eau une surface où les cultures sont installées afin de réduire la longueur
et la fréquence des périodes au cours desquelles l’absence de l’eau dans le sol est le principal
facteur limitant de la croissance de la plante.
Comparés aux systèmes non irrigués, les systèmes irrigués se caractérisent d’après cet auteur
par :
- les rendements élevés par hectare pour une culture donnée ;
- la possibilité de réaliser plusieurs récoltes par an ;
11
Dans le système irrigué, les techniques traditionnelles de fertilisation qui sont très exigeantes
en temps de travail ont été largement complétées ou même substituées par les engrais
minéraux. De faibles quantités d’engrais minéral sont utilisées de préférence sur les terres
irriguées parce que les rendements par unité d’input sont plus élevés et plus efficaces.
Dérivé du mot latin mariscus relatif aux lacs et marais, le terme maraîchage s’est d’abord
appliqué aux cultures de légumes effectuées dans les marais. Ce terme a connu des
évolutions dans le temps et est devenu une branche de l’horticulture orientée vers la culture
intensive et professionnelle des légumes (Habault, 1983). L’horticulture est définie comme
une branche de l’agriculture comprenant la culture des légumes, des petits fruits, des fleurs,
des arbres et arbustes d’ornement (Petit Larousse, 2003). Le maraîchage en zones urbaines et
périurbaines est une forme d’agriculture urbaine et périurbaine orientée vers la production
des légumes pour la vente dans les villes (Lavoisier, 1977). Le petit Larousse (2003) signale
que le maraîchage est la culture intensive des légumes et de certains fruits, en plein air ou
sous abris. Ce qui nous amène à définir les notions de légumes et de culture intensive.
12
D’après Westphal et al. cités par Diouf et al. (1999), certains auteurs définissent les légumes
comme des plantes herbacées dont les parties comestibles sont récoltées sur la plante encore
sur pied ou pendant sa période de repos. D’autres définissent les légumes comme étant des
parties fraîches des plantes, qui sont consommées seules, comme compléments alimentaires
ou comme plat d’accompagnement.
Les principaux légumes cultivés peuvent être classés selon leur nature, leur demande sur le
marché et leurs lieux de culture.
Selon la nature de l’organe consommé, Agossou et al. (2001) distinguent :
- Les légumes fruits : tomate, poivron, piment, gombo, concombre, navet;
- Les légumes feuilles : amarante, grande morelle, crin-crin, chou, laitue;
- Les légumes à bulbes : oignons, échalotes;
- Les légumes à racines ou tubercules : carotte, pomme de terre.
Selon le critère de la demande, Tiamiyou (1998) répartit les légumes en deux grandes
catégories : les légumes de grande consommation (grande morelle, amarante, crin-crin,
tomate, oignon, gombo, piment) et ceux produits en quantités moins importantes (pomme de
terre, carotte, chou, laitue, navet, concombre, courge, courgette, aubergines,…).
Les légumes produits varient également selon les zones de production (Agossou et al.,
2001):
- Les cultures traditionnelles de plein champ pratiquées aussi bien en milieu rural
qu'en milieu urbain : tomate, piment, gombo, oignon, grande morelle, amarante, crin-crin,
célosie;
- Les cultures exotiques également désignées sous le vocable de légumes de type
européen pratiquées dans les zones urbaines et périurbaines. Elles concernent la carotte, le
chou, la laitue, le concombre, le poivron, le navet, etc.
Dans le cadre de ce travail, les légumes précédemment mentionnés seront désignés par le
terme général de cultures maraîchères ou spécifiés. Le maraîchage étant défini comme une
culture intensive, ceci nous amène à préciser le concept d’intensification.
facteurs de production autres que la terre » (Habault, 1983). Cette conception met l’accent
sur les quantités d’intrants par unité de surface.
Le terme « intensif »peut également être utilisé par rapport aux produits (outputs) ou au
niveau de production. L’intensification désigne dans ce cas une augmentation de la
productivité de la terre, c’est-à-dire du volume de production par unité de surface récoltée
(Hounkpodoté et Tossou, 2001).
Les cultures maraîchères de par les vitamines et les éléments minéraux qu’elles fournissent
à l’organisme, occupent une place essentielle dans l’alimentation. Elles constituent une
source importante d’emploi et de revenus pour de nombreux producteurs dans les zones
périurbaines et rurales du Bénin (Sikirou et al., 2001).
D’après le PADAP (2003), les exploitations axées sur le maraîchage sont porteuses de plus
de 60.000 emplois directs au sud Bénin (chefs d’exploitation, actifs familiaux, salariés et
main d’œuvre temporaire) et 25.000 emplois indirects en amont et en aval de la filière. En
outre, les revenus générés par le maraîchage permettent à des milliers de familles de vivre.
Une étude spécifique effectuée par Soumahoro (1999) a examiné dans quelle mesure la
production maraîchère urbaine et périurbaine pourrait contribuer à la résolution de l’épineux
problème du chômage des jeunes à Cotonou. Les résultats obtenus à l’aide des tableaux de
synthèse des informations des enquêtes, des outils de statistique descriptive montrent que les
522 exploitations maraîchères recensées dans la circonscription urbaine de Cotonou, à
Godomey et à Abomey-Calavi sont mises en œuvre par des jeunes de moins de 40 ans dont
52,6% constituent les chefs d’exploitation et 47,4% des emplois d’ouvriers salariés
permanents. En général, une exploitation crée deux emplois. Cependant, le niveau
d’instruction est bas de même que la formation en agriculture, ce qui constitue un handicap
dans la gestion efficace de leurs exploitations. Les contraintes majeures à la promotion de
l’emploi dans ce sous-secteur sont l’étroitesse des débouchés des produits maraîchers de
type européen ; l’insuffisance d’informations de la population sur les plans du revenu et de la
valeur nutritive des légumes ; les problèmes fonciers (précarité, insuffisance et cherté des
terrains de culture).
14
1
Ces départements correspondent à l’ancien découpage territorial.
15
Une étude réalisée par le PADAP (2003) a identifié à l’aide d’une analyse financière basée
sur la valeur actualisée nette, trois ensembles principaux de systèmes au sud Bénin qui sont :
- Des systèmes très extensifs de la plaine inondable de l’Ouémé-Sô, des terres de
barre ainsi que de la zone sableuse au sud de Ouidah qui exploitent généralement de grandes
superficies. Dans ces types de système, les producteurs de la basse vallée de l’Ouémé
dégagent les revenus annuels par actif familial les plus élevés par rapport aux deux autres qui
ont des revenus annuels inférieurs au Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG)
au Bénin ;
- Des systèmes moyennement extensifs représentés par les maraîchers du littoral de
Grand-Popo/Agoué dont les surfaces exploitées se situent entre 1500m² et 6 ha. A ce niveau,
le revenu par actif agricole familial augmente globalement avec le niveau d’équipement ;
- Des systèmes très intensifs caractéristiques des maraîchers urbains qui leur
permettent de produire sur des surfaces très réduites (moins de 3000m²) et assurent un
revenu par actif équivalent à 1 à 2,5 SMIG.
Dans le Nord Bénin, Tiamiyou et Sodjinou (2003) ont identifié et caractérisé à l’aide d’une
étude diagnostic, les systèmes de production maraîchère dans la vallée du fleuve Niger. On
distingue ainsi :
- un système pluvial caractérisé par la culture du gombo (cultivé essentiellement par
les femmes après la mise en place des cultures de céréales à l’Ouest de la vallée) et de
courge ;
- un système semi-pluvial et semi-irrigué caractérisé par les cultures d’oignon local et
de piment gbatakin ;
- le système irrigué proprement dit qui concerne l’oignon local, l’oignon violet de
Galmi, la tomate et la pomme de terre ;
16
- un quatrième système peut être observé dans certains villages où les plaines bordant
l’Alibori sont inondées. Les dépôts de matériaux organiques confèrent à ces sols un potentiel
élevé de fertilité. Ce système moins tranché peut être assimilé à un système mi-décrue, mi-
irrigué. Les sites de production occupent les Communes de Karimama et de Malanville.
De ces typologies, il ressort que les critères utilisés ne sont pas identiques et dépendent des
auteurs. En outre, ils ne rassemblent pas tous les éléments nécessaires à une caractérisation
exhaustive des systèmes de production maraîchère comme ceux de Moustier et al. (2004)
dont les variables utilisées dans la typologie des systèmes de production maraîchère sont les
suivantes : la taille et le statut du foncier ; l’âge et le sexe de l’exploitant ; la nature de la
main d’œuvre ; le niveau du capital ; le mode de commercialisation ; le recours à l’achat des
intrants : semences, engrais, pesticides ; le type d’arrosage : manuel à partir de puits et
céanes, gravitaire à partir de pompage et tuyaux ; le type de matière organique utilisé :
fumier d’élevage, drêches de brasserie, ordures ménagères, compost ; le type de légume
cultivé : légumes-feuilles de cycle court (moins d’un mois), légumes-feuilles de cycle long
(deux à trois mois), légumes africains, légumes tempérés et la disponibilité de l’appui
technique.
En se basant sur les systèmes précédemment définis par le PADAP (2003), Singbo et al.
(2004) ont réalisé une étude financière qui a porté sur l’évaluation du budget partiel.
L’utilisation du taux marginal de rentabilité a montré que c’est la tomate qui procure la
meilleure rentabilité dans la vallée de l’Ouémé et dans les villages de Gnito et Sazoué de la
Commune de Grand-Popo. Les principales cultures dans ce système sont la tomate, le piment
et la grande morelle.
Les résultats obtenus montrent que dans la zone côtière (Communes de Grand-Popo, de
Sèmè-Kpodji et de Ouidah), l’oignon, le piment et la tomate constituent les principales
cultures dans les systèmes identifiés. A l’instar de la tomate dans la basse vallée de l’Ouémé,
c’est l’oignon qui représente ici la culture la plus rentable pour les maraîchers.
Enfin, pour ce qui est des systèmes très intensifs des zones urbaines de Cotonou et Porto-
Novo, la laitue et la grande morelle apparaissent comme étant les cultures les plus
importantes et dans une moindre mesure l’amarante. L’amarante est plus rentable que les
deux autres cultures.
17
Contrairement au Sud Bénin, la rentabilité des différents systèmes et des spéculations qui
fournissent les revenus substantiels n’a pas été déterminée pour le Nord. Toutefois, ces
systèmes sont relativement plus mécanisés qu’au Sud.
Il ressort des études effectuées sur le maraîchage en Afrique que les types de légumes
cultivés sont reliés aux objectifs de trésorerie des exploitations. Ainsi, Moustier et al. (2004)
distinguent :
- les légumes-feuilles à cycle court (moins d’un mois) comme l’amarante, le chou
chinois et l’oseille locale qui sont peu sensibles aux parasites et ne demandent que peu
d’intrants. Ils s’adressent à une large clientèle qui les consomme régulièrement et assurent
ainsi une rentrée d’argent quasi-quotidienne au producteur. Leurs marges par hectares sont
les plus faibles ;
- les légumes–feuilles à cycle long (un à deux mois) comme les morelles, les choux,
la ciboule et les épinards permettent de disposer de fortes recettes périodiques qui peuvent
répondre à des besoins financiers importants : problème de santé, épargne pour construction
d’une maison ;
- les légumes tropicaux et les légumes d’origine tempérée à cycle court (moins de
deux mois) comme la laitue et le persil qui peuvent servir de tête de rotation pour financer le
reste de la campagne maraîchère ;
- les légumes d’origine tempérée à cycle long (plus de deux mois) comme les
tomates, les carottes, les aubergines violettes et les concombres présentent des risques liés à
la production et à la commercialisation. Leurs marges par hectare sont cependant les plus
élevées.
Des spéculations spécifiques ont fait l’objet d’une étude de rentabilité. On note des études
sous-régionales et des études localisées au Bénin.
Le LARES (2004) s’est appuyé sur une analyse de la compétitivité prix, des coûts de revient
(coûts de production et coûts de commercialisation) des filières tomate et pomme de terre au
Bénin, au Niger et au Nigéria pour montrer que les coûts de production de tomate
augmentent fortement au Bénin en contre-saison. Dans le bassin de Lalo, la technique
d’arrosage avec de l’eau achetée à l’ex-Société Béninoise d’Electricité et d’Eau (SBEE) est
très coûteuse ; à Natitingou, l’augmentation des coûts provient de la faiblesse des
rendements de cette période, due à l’absence d’un système performant d’irrigation ; à Guéné,
18
La Matrice d’Analyse de Politique (MAP) a été utilisée par l’IITA (2002b) pour déterminer
la compétitivité des systèmes de production de la tomate et du chou au Bénin et au Ghana.
Les résultats obtenus stipulent que le système de production de chou le plus rentable au
Bénin est celui qui utilise la motopompe pour l’irrigation et assure les traitements
phytosanitaires par un biopesticide (Dipel ou biotit). Au Bénin, la tomate produite dans un
système utilisant les pesticides chimiques et les engrais est la plus rentable ; mais ses coûts
sont aussi les plus élevés.
Dans le cas des recherches localisées au Bénin, Ando (1985) a effectué dans la basse vallée
du fleuve Ouémé une étude sur le problème de l’allocation rationnelle des facteurs de
production dans les systèmes de production maraîchère en rapport avec les autres cultures
vivrières. L’approche de programmation linéaire a été utilisée. Ce modèle a révélé que les
productions de piment et de gombo ne sont suffisantes que pour l’autoconsommation ; seule
la tomate permettrait de réaliser un surplus commercialisable, le gombo procurant les
revenus marginaux les plus faibles. Au même moment, la détermination des marges a montré
que le piment représentait 40% du revenu total par hectare et la tomate 36%. D’autre part, les
enquêtes ont établi que le piment avait la préférence des paysans. Ces derniers résultats ont
été confirmés par Singbo et al. (2004).
Gonroudobou (1984) a réalisé une étude portant sur l’économie de la production maraîchère
dans les quartiers périphériques de Porto-Novo. Cette étude avait plusieurs objectifs : la
détermination des coûts de production et de commercialisation des légumes, le calcul des
marges des maraîchers et des commerçantes, l’étude des circuits de distribution et
l’identification des contraintes liées à la production et à la commercialisation et enfin, l’étude
de la consommation des légumes. Les outils utilisés sont ceux de la statistique descriptive
pour la caractérisation des producteurs, des commerçantes et des consommateurs. Une
19
Tiamiyou (1995) a également identifié les contraintes aux systèmes de production qu’il a
définis. Elles sont : l’utilisation des semences de mauvaise qualité ; la pression parasitaire
très importante ; la maîtrise partielle des techniques culturales, particulièrement celles
concernant la préparation des sols, la fertilisation et la lutte contre les principaux ravageurs ;
les difficultés liées à l’arrosage en raison des disponibilités en eau limitées vers la fin de la
saison sèche, particulièrement dans le Nord du pays. Ces contraintes engendrent la faible
productivité des systèmes de cultures maraîchères.
Les problèmes fonciers (précarité, insuffisance, cherté des terrains de cultures) avaient déjà
été mentionnés par Soumahoro (1999). Ils ont fait l’objet d’une étude par Hounkponou
(2003) dans le but de circonscrire la dynamique qui prévaut dans la gestion du foncier urbain
et périurbain par rapport aux activités de maraîchage à Cotonou, Ouidah, Grand-Popo et
Agoué. L’analyse de concordance entre certaines variables caractérisant le foncier maraîcher
a montré que d’une manière générale, le maraîchage est menacé par les problèmes
d’insécurité foncière et de pénurie de terres consécutives à l’extension des zones bâties à
vocation résidentielle, commerciale ou industrielle (surtout à Cotonou). Cette situation est
aggravée par l’absence de législation spécifique et de contrats écrits entre propriétaires et
exploitants sans terre. Cotonou apparaît comme étant complètement saturé et ne disposant
pratiquement plus de terres agricoles. A Ouidah et Grand-Popo/Agoué sur le littoral, la
situation est moins critique même si les terres disponibles s’amenuisent progressivement du
fait du développement des localités. Dans ces trois zones, la prédominance des modes de
faire-valoir indirects entraîne une certaine insécurité qui limite le développement de ces
activités.
Singbo et al. (2004) ont analysé les facteurs qui déterminent l’utilisation des pesticides qui
constitue l’une des principales contraintes identifiées. L’étude a été effectuée par le modèle
économétrique Logit. Trois principaux facteurs ont été identifiés. Il s’agit du genre, de la
20
méthode d’arrosage et de la nature des légumes cultivés. Cette étude est complétée par celle
de Zossou (2004) qui a analysé les facteurs socio-économiques qui sous-tendent l’adoption
des pratiques phytosanitaires par les maraîchers à Cotonou avec comme principal outil
statistique le test du Khi-deux. Selon cet auteur, les principaux facteurs identifiés et qui
influencent le respect des pesticides chimiques recommandés, le respect des doses
recommandées et l’utilisation des produits naturels sont : l’âge, le niveau d’instruction, le
nombre d’année d’expérience, la présence du chou dans l’exploitation, les perceptions des
maraîchers des risques liés aux pesticides chimiques sur l’environnement et sur la santé
humaine.
En vue de palier les conséquences engendrées par l’acquisition des intrants en général et des
produits phytosanitaires en particulier, une étude réalisée par l’IITA (2002a) au Ghana et au
Bénin (Porto-Novo, Cotonou, Ouidah, Parakou, Bohicon), dans le but d’évaluer les
potentialités d’un marché de biopesticides pour contrôler les maladies des légumes feuilles
sur la base des modèles de prix hédonique et Probit a montré que les principaux facteurs qui
peuvent affecter l’adoption des biopesticides par les producteurs sont les rendements élevés,
une meilleure qualité des produits, une action rapide contre les parasites, un épandage aisé et
un large champ d’action.
D’une manière générale, ces études donnent une vue globale de la production des cultures
maraîchères au Bénin et la compétitivité de certaines spéculations sur les plans national et
régional. On peut retenir que les systèmes de production intensifs caractéristiques des
maraîchers urbains sont les plus rentables ; les principales contraintes sont relatives aux
problèmes phytosanitaires, à l’acquisition des intrants (engrais, pesticides, semences) et aux
difficultés d’arrosage, particulièrement dans la partie septentrionale. Toutefois, toutes les
régions du pays ne sont pas représentées, la qualité des informations et les contraintes
soulevées sont spécifiques à chaque zone. Il apparaît clairement un manque d’informations
sur les systèmes de production maraîchère dans la Donga notamment pour ce qui est des
données relatives aux caractéristiques socio-économiques des systèmes de production
maraîchère qu’on y rencontre, à leur rentabilité et aux principales contraintes.
21
Ce chapitre justifie dans un premier temps le choix de la zone d’étude et expose par la suite
les différentes méthodes de collecte, de traitement et d’analyse des données.
Cette zone confère à ces entités administratives une position géostratégique en terme de
porte d’entrée dans ce pays et même au-delà (Burkina Faso, Côte d’ivoire);
- les aménagements hydro-agricoles les plus importants réalisés au Bénin pour la
production maraîchère sont ceux de l’ex-SONAFEL dont les superficies sont présentées dans
le tableau n°1.
Tous ces facteurs ont induit le développement relatif dans le temps des activités maraîchères
à Djougou.
Elle a consisté en la consultation d’ouvrages, d’articles publiés, d’études de cas. Les résultats
de cette phase ont permis d’identifier les aspects non encore ou pas suffisamment explorés
de la production maraîchère dans les zones urbaines et périurbaines de Djougou, de fixer les
objectifs, de mieux appréhender notre sujet de recherche et d’en cerner les différents
contours. Pour ce faire, nous avons collecté les informations dans les centres de
documentation et sur Internet tout au long du déroulement de cette étude.
Dans le but d’évaluer la faisabilité avec laquelle les objectifs visés et les hypothèses émises
peuvent être atteints et vérifiés, cette étape de deux semaines, a consisté à l’identification et à
la localisation des sites de production maraîchère dans la ville de Djougou, à des rencontres
avec des personnes-ressources et des institutions notamment : les agents du secteur du
Centre Régional de Promotion Agricole (CeRPA) de Djougou, la Direction de
23
L’objectif est de collecter les données au niveau des unités d’enquête. Les méthodes utilisées
regroupent les entretiens structurés avec comme outil principal le questionnaire ; les
entretiens semi-structurés et enfin les observations participantes lors de la mesure des
superficies. Cette collecte s’est déroulée du 17 juillet au 03 septembre 2005. Les principales
informations recueillies ont été relatives :
¾ aux caractéristiques socioéconomiques et culturelles des producteurs (sexe, âge,
ethnie, origine, nombre de personnes par ménage, nombre d’actifs agricoles, niveau
d’instruction, nombre d’années d’expérience) ;
¾ aux caractéristiques des différentes exploitations (variétés de légumes cultivés,
superficie, aux différents systèmes de cultures : successions culturales, associations,
assolement, techniques culturales, calendriers culturaux, quantité produite, statut du
foncier) ;
¾ à l’estimation des coûts des intrants agricoles (semences, engrais minéraux :
urée, NPK ; engrais organique : bouse de vache, fécès de mouton ; pesticides). La quantité
de chaque intrant est spécifiée par système de culture et par unité de surface, les prix relatifs
aux intrants ont également été collectés ;
¾ à l’estimation de la quantité et du type de main d’œuvre utilisée dans le champ
par activité (défrichement, préparation des planches, semis ou repiquage, sarclage/binage,
24
Les superficies exploitées par culture en saison pluvieuse ont été mesurées à l’aide d’un
métrage parce que non seulement il n’y a pas d’unité de mesure locale, mais aussi, les
maraîchers ignorent la taille des espaces qu’ils exploitent. La taille des superficies par
culture en saison sèche est donc basée sur une estimation fournie par le producteur et
obtenue à partir de la superficie de la saison pluvieuse. De même, les prix considérés sont
ceux fournis par les maraîchers.
Cette phase a abouti au traitement des données collectées, puis à l’analyse des résultats
obtenus utilisés pour la rédaction de ce rapport.
3.2.4. Echantillonnage
Le principe de l’échantillonnage est aléatoire. Les unités d’enquêtes sont constituées par les
ménages maraîchers. Un taux de 30,18% a été appliqué au nombre total de maraîchers
recensés par site. Au total, quarante-huit (48) exploitations maraîchères ont été retenues pour
l’enquête fine. Le tableau suivant montre la répartition des unités d’enquête.
Les critères permettant de réaliser une typologie des systèmes de production maraîchère sont
ceux proposés par Moustier et al. (2004) qui nous semblent plus appropriés à cause de leur
exhaustivité et que nous avons énoncé dans la revue de littérature. Toutefois, la variable
relative à la disponibilité de l’appui technique n’a pas été prise en considération puisqu’elle
n’existe pour aucun des sites.
Les données collectées pour chaque exploitation couvrent la période d’un an à savoir la
période Août 2004-Août 2005 ; à cause des cycles relativement courts des spéculations
maraîchères qui permettent au moins trois saisons de cultures pendant une année.
Les données issues du dépouillement ont été enregistrées dans le logiciel EXCEL 2000 ainsi
que certains résultats obtenus par les différents outils d’analyse suivants.
3.3.2. Budgétisation
Pour ce qui est de la rentabilité financière des systèmes de production, Coulibaly et Nkamleu
(2004) proposent trois méthodes d’analyse à savoir : le budget d’entreprise (une culture par
exemple), le budget total (toutes les cultures prévues) et le budget partiel (coûts variables).
Le budget d’une culture consiste à l’évaluation des coûts des intrants utilisés pour la produire et
à l’estimation des revenus du produit obtenu évalué au prix bord champ. Les intrants incluent
l’engrais, la main-d’œuvre salariée temporaire, les pesticides et les semences. Le capital fixe
est constitué des outils tels que : les houes, dabas, arrosoirs, binettes, pelles, brouettes, râteaux
et machettes. Le résultat est la production issue de la parcelle utilisée pour la culture en
question. La marge brute est la différence entre le produit brut de l’output évalué au prix
26
bord champ et le coût des intrants. Dans ce cas, les calculs ont été effectués de la manière
suivante :
- les coûts variables correspondant aux coûts des semences, de l’engrais, des
pesticides, de la main d’œuvre salariée temporaire sont les prix auxquels ces intrants ont été
achetés ou payés. A ces intrants, les coûts des remparts sont ajoutés. Ils sont tous évalués
par unité de superficie ;
- les coûts fixes représentent l’amortissement de tous les outils utilisés chez le maraîcher
par unité de superficie. Le principe de l’amortissement est linéaire. L’annuité par type
d’outillage a été estimée par la formule suivante : Ami = ni * Pi / Di
où Ami = annuité de l’outillage considéré chez le maraîcher n° i ;
ni = le nombre d’exemplaires de l’outillage considéré chez le même maraîcher ;
Pi = le prix d’achat unitaire ;
Di = la durée de vie de l’outillage.
- le produit brut est égal à la multiplication de la quantité totale vendue par le prix
unitaire diminuée du prix de transport de la production vendue (cas du chou seul) ;
- la marge brute d’une spéculation est la différence entre le produit brut et la somme des
coûts variables par unité de superficie. La somme des marges brutes pour une spéculation mise
en place au cours des deux saisons correspond à la recette totale par unité de superficie de cette
culture.
- la marge nette est la différence entre la marge brute et les coûts fixes associés. Elle est
estimée pour chaque spéculation et système comme la marge brute.
La budgétisation agricole ou budget total est la combinaison des budgets des cultures mises
en place dans l’exploitation. Par conséquent, la recette totale du maraîcher est la différence
entre la somme des recettes pour chaque culture et les coûts des intrants correspondants. La
marge brute d’un système correspond à la somme des marges brutes des cultures de ce système.
Ainsi, se calcule la marge nette d’un système.
Un autre type de budgétisation peut être utilisé pour prendre des décisions relativement
mineures: il s’agit du budget partiel. Le budget partiel estime la rentabilité des nouvelles
activités introduites dans l’exploitation et montre la nette croissance ou décroissance du revenu
agricole résultant du changement proposé. La nouvelle activité ou technologie devrait être
techniquement faisable, ceci signifie qu’elle répond au système de culture existant. Le budget
27
partiel comporte quatre éléments: a) Nouveaux coûts, b) Revenu renoncé, c) Coûts épargnés et
d) Nouveau revenu.
Etant donné que le système de production est assimilé au système de culture dans notre étude, le
budget d’entreprise a été utilisé pour évaluer la rentabilité de chaque culture et le budget total
pour l’estimation de la rentabilité des différents systèmes rencontrés.
L’analyse de variance avec le test F de Fisher et le test t de Student ont été utilisés pour voir s’il
existe une différence significative entre les différents coûts et marges moyennes par hectare des
systèmes de cultures maraîchères.
L’analyse des déterminants sur lesquels on peut agir pour augmenter les marges brutes de
production a été faite par une analyse de régression multiple avec comme variable expliquée
la marge brute par unité de surface qui est une donnée quantitative donc continue. La forme
théorique du modèle retenu pour tester l’hypothèse (4) est la suivante :
MB = b0 + A bi (1)
Avec :
MB = variable expliquée représentant la marge brute du système de cultures
maraîchères par unité de surface ;
bo = terme constant ;
A = vecteur de variables susceptibles d’affecter la marge brute ;
bi = vecteurs de coefficients estimés.
La forme empirique complète du modèle se présente comme suit :
MB = bo + b1 MOS + b2 ENGRAIS + b3 PEST + b4 SEMEN + b5 SYSTEME 1
+ b6 SYSTEME 3 + b7 EXPER + b8 TMEN + µi (2)
MOS = le coût de la main d’œuvre salariée temporaire par hectare de culture. Il s’agit
de la valeur des salaires payés à cette main d’œuvre pour les différentes activités dans le
système considéré;
ENGRAIS= le coût de l’engrais par hectare pour un système donné.;
PEST= coût d’achat du pesticide par hectare pour un système donné ;
SEMEN = le coût de la semence destinée à un hectare dans un système ;
SYSTEME = représente la nature du système dans lequel l’exploitant maraîcher se
trouve avec :
28
La purification du modèle a été effectuée par la suite. Elle a consisté à éliminer les variables
non pertinentes à l’aide de la matrice de corrélation entre les variables explicatives (annexe
n°2). Le tableau n°3 justifie les choix des variables et donne leurs signes attendus.
Le logiciel SPSS version 9.0 a été utilisé pour estimer cette régression.
29
La détermination des superficies de la saison sèche a été effectuée à l’aide des estimations
fournies par les maraîchers, en se basant sur les superficies de la saison pluvieuse. Des
erreurs dues à l’interprétation peuvent avoir influencé ces données, mais en raison de la taille
de l’échantillon, cette influence est réduite.
De même, la réticence des certains maraîchers à fournir les revenus issus de la vente de leurs
produits nous a amené à procéder à des estimations. Les prix collectés au niveau de plusieurs
maraîchers sur le même site permettent de rendre ces estimations réalistes. Enfin, les
informations collectées font appel à la mémoire des producteurs.
Nous pouvons dire que les données recueillies reflètent la situation de la production
maraîchère dans la ville de Djougou malgré les insuffisances mentionnées.
30
4.1. Localisation
4.2. Historique
Djougou, une des plus anciennes villes du Bénin a été fondée au XIVème siècle. D’après la
tradition, les Diarra (Yom) originaires du Mali étaient les rois à Sassirou (quartier actuel de
Djougou). Il y avait eu un souverain dont la longue régence rendait impatients ses fils et
petits-fils. Au moment de l’accomplissement des rites au marigot appelé « là où le roi se lave
les pieds », il fut noyé par ses propres enfants. Après les cérémonies funéraires, un nouveau
monarque fut intronisé. Il régna pendant trois (03) mois et mourut. Il en fut de même pour le
deuxième et le troisième, ainsi de suite. Les princes interrogèrent l’oracle. Ce dernier leur
répondit en arguant que puisqu’ils avaient tué le roi, aucun prince de ce royaume ne montera
plus sur le trône.
31
32
En raison de la mort qui emportait de façon mystérieuse et répétée les souverains qui se
succédaient, les princes firent appel à Adjoukouma pour régner à Sassirou dans l’espoir
qu’un étranger échapperai à la malédiction. Mais Adjoukouma craignant aussi la mort,
s’enfuit une première fois dans le village de son père à Bouloum où il fut retrouvé. La
seconde fois, il se cacha dans la forêt. Recherché pendant longtemps, il fut retrouvé et gardé
dans cet endroit (forêt), maîtrisé par des chaînes aux pieds. Là fut installée la résidence du
roi. C’est à cette occasion que le royaume pris la dénomination de royaume de Kilir qui
signifie « le roi qui court, qui fuit » en Yom.
Le village Bouloum et la forêt de Kilir sont des lieux de pèlerinage et sacrés, ainsi que la
chaîne gardienne que l’on passe autour des pieds des rois lors de leur intronisation. Ainsi,
naquit la dynastie royale de Djougou. D’Adjoukouma, naquirent trois enfants : Kpetoni,
Atakora et Gnora. Ces trois grandes familles constituent des dynasties qui accèdent au
pouvoir à tour de rôle. Aujourd’hui, c’est la Dynastie des Kpetoni qui est au trône. Si le
souverain venait à décéder, c’est un membre de la famille Atakora qui lui succèdera.
4.3.1. Relief
Le relief est formé d’un plateau relativement accidenté, ponctué des Monts Tanéka au nord-
ouest (654m), Kouffè et Sabarao au sud-est (658m). Des affleurements rocheux sont
remarquables à l’ouest.
4.3.2. Sols
Les principales caractéristiques des sols et leur répartition ont été établies par Vivien et
Faure (1976). On distingue :
33
- les sols ferrugineux tropicaux, peu lessivés en argile, lessivés en sesquioxydes sur
gneiss à muscovite, sur quartzite et micaschiste atacoriens ou sur roche basique : ce sont des
sols de profondeur utile plus ou moins importante, leur perméabilité et leur porosité sont
généralement bonne. Par contre, ils ont des réserves minérales et hydriques faibles, une
acidité forte et une saturation réduite. On les retrouve au nord-ouest de la Commune ;
- les sols ferrugineux tropicaux lessivés concrétionnés sur matériau kaolinique issus
de quartzite et de micaschiste atacoriens dont la profondeur utile est souvent importante,
ainsi que les réserves hydriques. Mais la texture est sableuse en surface et les réserves
minérales sont médiocres. Ils sont visibles au sud de la ville de Djougou ;
- les sols hydromorphes, alluviaux, limono-argileux des bas-fonds et des zones
inondables. Ils sont caractérisés par des réserves minérales et hydriques importantes, un taux
de saturation élevé, une faible épaisseur des horizons lessivés et une absence d’éléments
grossiers. Par contre, leur caractère très massif et compact, leur perméabilité réduite et leur
risque de submersion les rendent très difficiles à travailler.
4.3.3. Climat
Le climat est tropical, de type soudanien nuancé par le relief montagneux, avec deux saisons
contrastées : une saison de pluies allant de mai à octobre et une saison sèche de novembre à
avril.
4.3.4. Hydrographie
4.3.5. Végétation
Elle est constituée par une savane arborée assez dense et d’importantes étendues forestières
(forêts classées de Kilir à Djougou, de Bélléfoungou et une partie de l’Ouémé supérieur dans
l’arrondissement rural de Onklou) où on note la présence dominante des arbres tels que
Vitellaria paradoxa et Parkia biglobosa.
Le Nord-Ouest, secteur le plus peuplé constitue le périmètre des cultures intensives. La forêt
ne cesse de reculer sous la forte pression démographique, ce qui a conduit à la disparition
des grands mammifères. Ainsi, les animaux encore fréquemment rencontrés sont les petits
rats, les lièvres, les singes, les francolins, les écureuils, les pintades sauvages, les rats
palmistes et les chats sauvages.
D’après Triaca (1997), Djougou est un ancien carrefour sur les routes du sel et de la noix de
cola. Là se croisaient deux pistes caravanières les plus importantes : celle qui reliait le Niger
avec la Moyenne Volta et celle entre le pays Haoussa au Nord-Est et le pays Akan au Sud-
Ouest. Lieu de rencontre des peuples, la ville conserve encore son carrefour au Nord-Ouest.
Elle est habitée par une population très variée, attirée ici par la vivacité et l’intensité des
échanges commerciaux.
Poussés à l’ouest par l’expansionnisme des royaumes Mossi et Gourmantché, Yowa (Pila-
Pila ou Yom) et Tangba (ou Tanéka) sont les premiers à s’établir dans la ville vers le XIVème
siècle. Le commerce caravanier a amené les Dendi et les Haoussa au XVIème siècle. Située
entre les royaumes Baatombu étroitement centralisés et les sociétés indépendantes des
montagnes de l’Atacora, Djougou a trouvé son équilibre : un pouvoir centralisé sans
l’expansionnisme Baatombu mais fort dans la défense de son territoire.
Les activités spirituelles se pratiquent à Sassirou, siège du chef de terres et les activités
politiques à Kilir où se trouve le palais du roi actuel de Djougou, Kpetoni. Zougou Wangara
est le quartier commercial.
Département contre 3,25% pour le Bénin tout entier (INSAE, 2003). La densité moyenne est
de 31 habitants au km2. Elle est constituée par 51,5% de Yom et Lokpa, 16,8% de Dendi ,
5 ,1% de Ditamari, 3,9% de Bariba, 1,6% pour les Fon, 1,2% pour les Yoruba et 9,1% pour
les autres.
Les activités principales sont l’agriculture avec comme spéculations les plus importantes le
sorgho, le maïs, l’igname, le manioc et le niébé qui occupent 27,09% des actifs ; le
commerce constitue l’activité dominante avec 30,34%. L’industrie manufacturière est très
faible et emploie seulement 14,37%. Les autres actifs s’investissent dans le transport
(9,72%), les travaux publics et d’autres services. Les techniques culturales demeurent
traditionnelles avec des outils aratoires rudimentaires qui exigent des efforts physiques
laborieux.
36
Ce chapitre donne une présentation globale de l’activité maraîchère dans la ville de Djougou
en particulier et dans la Commune en général à travers ses fondements historiques, les
différents sites de production, le calendrier maraîcher, les principales spéculations, les
systèmes de cultures et les caractéristiques socio-démographiques des producteurs
maraîchers. Ces informations permettront de réaliser une typologie des systèmes rencontrés
dans le chapitre suivant.
Les informations disponibles sur la production maraîchère à Djougou révèlent qu’elle est
antérieure à la colonisation et orientée vers la production de légumes-feuilles et/ou fruits
locaux : crin-crin, amarante, gombo, piment, oseille de Guinée, aubergine africaine. Elle se
faisait dans les champs en association avec les cultures vivrières dont les techniques
culturales lui étaient également appliquées. Cette association existe jusqu’à présent surtout
dans les arrondissements ruraux où le maraîchage ne constitue pas une activité à proprement
parler.
Actuellement, le maraîchage (cultures exotiques) à Djougou est effectué par des anciens
assistants du Commandant Babio ou bien par des jeunes qui ont eu à l’apprendre auprès de
ces assistants.
- des zones basses de versant caractérisées par une pente relativement faible et la
présence de hautes herbes. Les sols sont sableux avec des pertes par lessivage importantes.
C’est dans ces zones que se rencontrent des puits aménagés de grande profondeur avec
margelles. Les arbres fruitiers y sont plus nombreux. Il s’agit des espèces telles que
Mangifera indica et Psidium guyava, servant d’abri au matériel des maraîchers. Elles ne
bénéficient d’aucun entretien et leur exploitation se limite à la cueillette. Ces zones sont
totalement exondées toute l’année mais ne sont pas à l’abri de grandes inondations. En
outre, en raison de la concurrence entre les activités agricoles et le maraîchage du début à la
fin de la saison des pluies, elles sont très peu mises en valeur. A cet effet, la stratégie
développée par les maraîchers consiste à installer des parcelles à proximité des habitations
au cours de cette saison, ce qui facilite le suivi qui est assuré par la présence permanente de
l’exploitant, réduisant ainsi les distances à parcourir même si les activités sont souvent
38
limitées à quelques opérations essentielles. Les zones basses de versant sont par conséquent
utilisées à d’autres fins telles que l’installation des cultures de maïs ou d’igname ;
A la différence des autres quartiers, Kilir constitue une exception en ce sens que les
exploitations ne sont pas éparses mais toutes situées à l’orée ou à l’intérieur de la forêt
classée, ce qui en fait un site à part entière du maraîchage en saison pluvieuse. Toutefois,
étant donné que 63,15% des maraîchers du grand Sabari sont constitués des maraîchers de
Kilir, Les résultats relatifs à ce dernier site y seront donc pris en considération.
Ces zones sont mises en valeur dès le début de la saison des pluies après un rapide
désherbage et une simple réfection des planches. Elles n’ont pas de problème d’eau. Ainsi,
seuls les maraîchers ayant mis en place des cultures exotiques prennent la peine d’arroser les
39
planches lorsque plusieurs jours s’écoulent sans pluies. Ce dont témoigne la présence de
puits aménagés (surtout pour la consommation familiale) sur ces sites qui tarissent très
rapidement en saison sèche.
En somme les sites de production varient selon les saisons et selon les spécificités
topographiques alors que l’activité maraîchère elle, est permanente. Lorsqu’un maraîcher
possède des parcelles sur plusieurs séquences, il peut opérer des transferts de force de travail
qui lui permettent de passer de la saison sèche à la saison pluvieuse sans interruption et par
conséquent de bénéficier de la complémentarité des différents sites qui lui accordent
l’installation d’une gamme très étendue de légumes. Ce qui assure des revenus tout au long
de l’année.
Cependant, ces avantages nécessitent des concessions notamment en ce qui concerne la main
d’œuvre parce que le passage d’un site à un autre ne se fait pas instantanément mais en
plusieurs étapes en fonction de l’évolution de la parcelle du moment. Car ne pouvant être à
deux endroits à la fois, le maraîcher est obligé de faire appel à la main d’œuvre salariée pour
effectuer les premières opérations (défrichement, confection des planches) si une certaine
période de récolte et de vente est visée.
Les sites de production maraîchère se différencient également selon l’origine des légumes
cultivés. Par origine, nous entendons la provenance de la plante cultivée au moment de nos
40
observations selon que la semence ou le plant soit produit sur place (récolte antérieure) ou
importé de l’étranger. A cet effet, les sites suivants se distinguent :
- le petit Sabari spécialisé dans les cultures d’origine importée où 100% des
maraîchers cultivent le chou ; 72,72% la carotte de même que la laitue ;
- le grand Sabari où la production de laitue occupe 73,68% des maraîchers ; 63,15%
d’entre eux cultivent la carotte. Cette proportion est également valable pour le chou. Tandis
que 57,89% s’occupent de la production de tomate. Le piment, le gombo et le crin-crin étant
effectuées par les mêmes proportions de jardiniers : 36,84% ;
- la Téro où les spéculations d’origine locale telles que le piment et le crin-crin sont
produites par 100% des maraîchers, la grande morelle et l’amarante respectivement par
93,75% et 62,5% ;
- le site de Kilir où 66,67% des maraîchers cultivent la laitue, la même proportion
s’observe pour la tomate et 41,67% le piment ;
- le site de Zembougou-béri dont tous les maraîchers échantillonnés cultivent le chou,
la laitue et la carotte.
Il apparaît que les sites du petit Sabari et de Zembougou-béri sont spécialisés dans la
production de légumes d’origine importée, celui de la Téro dans la mise en place des cultures
traditionnelles.
Le grand Sabari et Kilir se différencient des autres par la forte mixité qui existe entre les
deux types de légumes. Ceci est dû au fait qu’en premier lieu, la majorité des maraîchers de
saison sèche du grand Sabari (63,15%) est celle qui se retrouve à Kilir en saison pluvieuse.
Ensuite, ce sont des anciennes zones de production de tomate et d’autres cultures d’origine
locale (gombo, piment, crin-crin). Cela fait une dizaine d’années que les productions de chou
et de carotte pour le premier et celle de laitue pour le second y ont été initiées. Enfin, ces
cultures traditionnelles sont peu exigeantes, de même que certains légumes d’origine
importée (laitue, haricot vert), adaptées aux conditions de cultures traditionnelles (billons et
non planches, pas d’arrosage en saison pluvieuse, possibilités d’association avec plusieurs
autres cultures) et surtout vendues sur place. Ce qui permet au maraîcher de minimiser les
risques liés aux pertes éventuelles ou mévente de légumes d’origine importée.
41
Le calendrier maraîcher à Djougou est marqué par une saisonnalité forte liée aux contraintes
climatiques. Ainsi, les saisons maraîchères se greffent aux saisons sèche et pluvieuse
habituelles de la région. Cette saisonnalité détermine par conséquent le type de toposéquence
sur lequel les cultures seront installées.
Dans les zones de bas-fonds et les zones basses de versant, le début des activités coïncide
avec la fin de la saison pluvieuse. On observe la mise en place des pépinières dès le mois
d’août pour les plus précoces et en octobre pour les tardifs. Le défrichement s’effectue au
mois de septembre suivi du semis et/ou du repiquage. Les activités d’entretien sont des
opérations permanentes (arrosage, sarclo-binage, épandage d’engrais ou de bouse de vache,
traitements phytosanitaires) qui s’achèvent avec la fin de la saison sèche. On a le calendrier
suivant :
Tableau n° 4: Calendrier cultural des zones de bas-fonds et des zones basses de versant
Opérations Jan Fév Mar Avr Mai Juin Juil Août Sept Oct Nov Déc
Pépinières
Défrichement
Planches
Semis/Repiquage
Céanes
Récolte
Source : Résultats d’enquête, 2005
La situation est légèrement décalée dans le temps en ce qui concerne les zones hautes de
versant. L’activité maraîchère sur ces sites commence avec le début de la saison des pluies et
s’achève avec elle. Les différentes opérations sont relativement semblables (tableau n°5).
Selon l’origine des légumes cultivés, deux principales catégories s’observent à savoir :
- les cultures exotiques qui regroupent le chou, la carotte, la laitue, le concombre, le
poivron, le haricot vert, l’aubergine européenne ;
- les cultures traditionnelles parmi lesquelles on distingue la tomate, le piment le
gombo, la grande morelle, l’amarante, le crin-crin, la célosie, l’aubergine africaine, l’oseille
de Guinée.
Cependant, en terme de superficie, ces cultures n’ont pas la même importance. Ainsi, les
résultats suivants s’observent par site :
Ce tableau confirme la préférence des maraîchers du petit Sabari pour l’installation des
cultures exotiques avec par ordre d’importance le chou, la carotte et la laitue. Le même ordre
est également obtenu lorsqu’on compare les classements effectués par les producteurs en
fonction de l’importance d’une culture par rapport au revenu qu’elle génère.
43
Toutefois, les maraîchers de cette zone ne lui accordent pas la même importance quant au
revenu qu’elle génère puisque d’après leur classement, elle n’intervient qu’après le chou et la
carotte et avant la laitue ; ce qui pourrait traduire la rentabilité de chacune de ces cultures.
Etant donné que les cultures traditionnelles en général et la tomate en particulier sont
installées en saison pluvieuse par les producteurs des Arrondissements ruraux, la
surproduction qui en découle et les prix faibles induits, conduisent les maraîchers à
privilégier d’autres spéculations, en l’occurrence la laitue. La forte proportion des surfaces
occupées par cette culture en saison pluvieuse est également relative la courte durée de son
cycle qui lui permet d’être installée plusieurs fois. Elle a peu d’exigence en terme
d’entretien. Les maraîchers agriculteurs peuvent ainsi se concentrer sur les cultures vivrières.
44
L’observation du tableau n°9 montrent que les principales spéculations installées sont le
piment et le crin-crin. Ces résultats s’expliquent par la présence chez tous les maraîchers de
ce site de l’association qui se fait au moment de la mise en place des cultures entre le piment,
le crin-crin et la grande morelle. Ces spéculations, traditionnellement produites par les
populations sont demeurées inchangées en raison des cycles et des itinéraires techniques qui
sont maîtrisés, du désir de prendre moins de risques par rapport aux cultures exotiques.
Toutefois, les cultures les plus anciennes dans cette zone sont le crin-crin, l’amarante et la
grande morelle. Le piment existait également mais il était cultivé de manière plus rustique.
Cette situation s’est inversée depuis la campagne agricole 1993-1994 où les superficies
occupées par le piment n’ont cessé de croître, notamment dans le département de l’ex-
Atacora (PADSA, 2001). Le piment est devenu une culture d’exportation dont les bénéfices
attirent chaque année un peu plus de paysans. Ce qui traduit l’importance qui lui est accordée
par les maraîchers par rapport au revenu reléguant au second plan le crin-crin et la grande
morelle.
Les grandes superficies occupées par la laitue en saison sèche (tableau n°10) sont relatives à
une stratégie développée par les maraîchers de ce site pour palier au manque d’eau. Cette
culture moins exigeante que les deux autres est donc installée plusieurs fois. La situation
s’inverse en saison pluvieuse à cause de l’abondance de l’eau, les producteurs privilégient la
45
culture du chou. Quant à la carotte, elle souffre à la fois d’un excès ou du manque d’eau et
est exigeante en matière d’entretien. Elle est cultivée par un maraîcher sur deux d’où la
faiblesse de la proportion emblavée en terme de superficie.
En considérant les superficies emblavées sur tous les sites, il apparaît que (figure n°1) la
culture principale est le piment avec une occupation de 29,53% des superficies suivie du
crin-crin avec 25,11% ; le chou vient en troisième position avec 14,40% suivi de la tomate
12,44%. Les deux dernières sont la laitue et la carotte avec respectivement 12,28% et 6,22%.
La situation est résumée par la figure suivante.
Carotte;
Laitue;
6,22% Piment;
12,28%
29,53%
Tomate;
12,44%
Chou; Crin-crin;
14,40% 25,11%
Figure n°1 : Proportions des superficies emblavées par spéculation sur l’ensemble des sites
D’une manière générale, les légumes de cycle court assurent les dépenses quotidiennes
destinées à l’alimentation de la famille ainsi que les produits d’utilisation courante tels que le
savon et le pétrole. Ils servent également à financer l’achat d’intrants (semences, engrais,
bouse de vache) pour les cultures de cycle long et le reste de la campagne maraîchère. Pour
46
cette raison, ils peuvent être observés en tête de rotation mais surtout en association avec les
légumes de cycle long. Dans ce dernier cas, ils sont récoltés en première position ;
- les légumes de cycle long (deux à trois mois après semis ou repiquage)
regroupent le chou, la carotte, le piment. Ils sont installés pour d’importantes recettes
financières périodiques qu’ils permettent d’avoir. C’est la principale raison pour laquelle, en
considérant la taille totale de notre échantillon, 31,25% cultivent le chou, 22,91% la carotte
et 41,67% le piment.
Les revenus issus de ces types de légumes permettent de répondre à des besoins financiers
importants tels que la construction d’une maison, l’achat d’un moyen de déplacement, le
financement de diverses cérémonies et la scolarisation des enfants.
Les deux types de légumes sont cultivés par tous les maraîchers. Aucun d’eux ne fait
exclusivement l’un ou l’autre, ce qui permet de bénéficier de leurs avantages respectifs et de
minimiser les risques.
Elles font intervenir des opérations légèrement différentes selon la toposéquence sur laquelle
les cultures sont installées. Il s’agit essentiellement du défrichement qui est nécessaire lors
des travaux d’ouverture des planches.
5.5.1. Défrichement
Après le défrichement, les planches de dimensions variables sont confectionnées. Elles sont
généralement de forme rectangulaire. Leur hauteur varie selon la saison et selon le site. Elles
sont beaucoup plus surélevées en saison pluvieuse qu’en saison sèche pour empêcher
l’inondation des planches par les eaux de ruissellement. A cet effet, des diguettes sont
47
réalisées. De même, si les activités maraîchères commencent assez tôt dans les bas-fonds, les
planches sont très élevées.
Sur le site de la Téro, la préparation du sol n’est pas uniforme. Chez certains, on note la
confection des planches, chez d’autres celle des billons ou encore l’inexistence de planches.
Dans ce dernier cas, les cultures sont installées soit directement après le défrichement, soit la
terre est légèrement surélevée sur une grande superficie pour supporter les différentes
spéculations.
La confection se fait avec la daba. Le râteau est ensuite utilisé pour aplanir les planches et les
rendre uniformes.
Il est réalisé manuellement pour toutes les cultures en ligne (tomate, chou, laitue, piment,
grande morelle) et par poquet (carotte, gombo) et à la volée (crin-crin, amarante). La
profondeur et la densité de semis sont variables selon les cultures. Toutefois, on retient que
pour la tomate, le chou, le piment, la grande morelle, les écartements sont de 40 cm x 40
cm ; pour la laitue ils sont de 20 cm x 20 cm et pour la carotte d’environ10 cm x 20 cm.
5.5.4. Démariage
C’est une opération qui se fait pour la carotte et le gombo. Elle consiste à réduire à un le
nombre de plants par poquets. Les plants enlevés sont jetés.
5.5.5. Sarclo-binage
Il consiste à débarrasser les planches des mauvaises herbes à l’aide de la houe ou d’une
machette transformée en binette ou encore d’une binette artisanale tout en ameublissant la
terre autour du plant. Le nombre de sarclo-binage varie suivant la culture, la saison et le
producteur.
5.5.6. Fertilisation
Elle est minérale et organique. Lorsqu’elle est organique, elle utilise le fumier d’élevage
(bouse de vache, fécès de mouton). La fumure organique s’utilise à l’état frais (bouse de
vache) ou sec (fécès de mouton). Les maraîchers préfèrent ce dernier type de fumure parce
48
qu’il permet à la planche de garder son humidité, ce qui réduit le nombre d’arrosage. Son
épandage se fait manuellement.
Les engrais minéraux tels que le NPK sont utilisés comme fumure de fond au moment de la
confection des planches. L’urée est appliquée aux légumes traditionnels (gombo, piment,)
généralement au moment de la floraison. Au moment de son application, l’urée est enfouie
au pied de chaque plant ou bien mélangée à l’eau d’arrosage.
Exceptés la carotte, la laitue, le concombre, le gombo et le haricot vert toutes les autres
spéculations bénéficient d’une protection phytosanitaire. Les produits utilisés sont
biologiques (neem et piment, cendre) et chimiques. Ils sont appliqués autant de fois qu’il y a
des attaques parasitaires par épandage à la volée sur les feuilles pour la cendre et par
arrosage pour le mélange neem et piment.
Elle est effectuée pour tous les types de légumes, mais surtout pour les légumes locaux. Les
principales associations s’observent sur le site de la Téro avec le piment, la grande morelle et
le crin-crin aussi bien en saison sèche qu’en saison pluvieuse tandis que pour le grand
Sabari, la tomate et la laitue sont des spéculations auxquelles sont associées de nombreuses
autres. En effet, la laitue ou la tomate sont installées seules ou en association sur les planches
(laitue-tomate, laitue-piment) ou les billons ; le crin-crin et l’amarante sont ensuite semés
dans les allées et dans les espaces vides des planches.
Pour les légumes exotiques, les associations se font surtout autour de la laitue : chou-laitue,
carotte-laitue et s’observent également sur le site du grand Sabari.
49
Les raisons qui expliquent ces associations sont : le désir d’obtenir rapidement des revenus
issus de la vente des légumes à cycle court pour financer la campagne maraîchère ou
d’autres activités; l’utilisation rationnelle de la planche ; l’association entre deux cultures
permet d’accorder un entretien plus rigoureux à celle qui n’en bénéficie pas lorsqu’elle est
seule (cas du piment et du crin-crin où l’arrosage du crin-crin permet d’humidifier toute la
planche ce qui n’est le cas lorsque le piment est en monoculture car l’arrosage dans ce cas se
fait par plant).
Les associations n’ont pas été effectuées sur les sites du petit Sabari et de Zembougou-béri.
La principale culture de tête de rotation est le chou auquel succède le plus souvent la laitue.
Dans une moindre mesure la carotte. La rotation se justifie par le fait que les spéculations qui
demandent beaucoup d’entretien ne doivent pas être installées au même moment (cas du
chou et de la carotte) et aussi pour une utilisation judicieuse de l’espace disponible (si la
carotte a un mois, on peut y repiquer du piment et si ce dernier a deux mois, on sème le
gombo).
Les maraîchers de la ville de Djougou sont essentiellement des hommes soit 93,75% de
l’échantillon pour 6,25% de femmes. Cette situation n’est pas limitée au seul cas de l’activité
50
maraîchère mais s’observe dans l’agriculture en général. Les femmes exerçant ces activités
pour la plupart ne sont pas originaires de la ville ou des arrondissements ruraux.
L’activité maraîchère est exercée par des personnes relativement jeunes car 75% d’entre
elles ont moins de 40 ans. La tranche d’âge est comprise entre 19 et 60 ans.
Malgré cette jeunesse, les maraîchers sont relativement peu instruits, 25% ont eu à effectuer
des études limitées au primaire et 14,58% des études secondaires du premier cycle. Aucun
d’entre eux n’a reçu une formation relative au maraîchage. De même, ils ne sont pas
alphabétisés en arabe pour la plupart soit 50% ; ce qui montre que l’animisme est la religion
dominante, suivie de l’islam 47,91%. La proportion de chrétien est très faible (2%).
Les maraîchers sont des autochtones, originaires de la ville de Djougou et souvent même du
quartier dans lequel ils exercent leur activité maraîchère (Sassirou, Kilir). Très peu viennent
des arrondissements ruraux (6,25%) ou d’autres départements (6,25%). Par conséquent
l’ethnie dominante est celle des Yom, premiers occupants, chefs des terres et agriculteurs
avec 60,41%, suivie des Dendi, surtout commerçants. Des minorités telles que les Peulh et
les Yoruba (6,25% chacune), les Gourmantché, Bariba, Haoussa et Fon (2% chacune) se
retrouvent également dans cet échantillon.
Les chefs d’exploitations maraîchères sont mariés pour la majorité d’entre eux soit 89,58%.
La proportion restante est constituée de célibataires. Ils ont pour activités principales le
maraîchage (52,08%), l’agriculture (31,25%) ou d’autres métiers relatifs au commerce, au
transport, à l’artisanat (16,67%). Toutefois, pour la majeure partie d’entre eux, la source
principale de revenus reste l’activité maraîchère. En effet, seulement 25% ont une expérience
en maraîchage inférieure à 5 ans. Ce qui traduit l’ancienneté de cette activité dans la zone.
De plus, les raisons évoquées par les enquêtés pour justifier leur arrivée dans l’activité
maraîchère sont relatives à son exercice par un membre de la famille, et généralement leurs
aînés (parents, grands-frères) pour 47,91%. 33,33% ont trouvé que cela était la solution
idéale pour améliorer leurs revenus.
On peut également noter qu’il n’existe pas au sein des maraîchers des regroupements en
associations ou d’autres types d’organisation. Ils ne bénéficient d’aucun appui technique de
la part d’un projet ou des CeRPA. Ce sont des exploitations individuelles. L’apprentissage
de l’activité se fait auprès de proches parents ou d’amis. La situation se présente de manière
quelque peu différente pour la production maraîchère issue des arrondissements ruraux.
51
Contrairement à ce qui se passe dans la ville de Djougou, la production maraîchère est aussi
bien l’œuvre des hommes que celle des femmes dans les arrondissements ruraux. Les
premiers s’investissent dans la mise en place des deux types de cultures alors que les
secondes se concentrent sur la production des légumes traditionnels.
Les légumes sont cultivés aux pieds des buttes d’ignames (tomate) ou en association avec les
cultures vivrières (gombo, piment, aubergine africaine). L’oignon-feuille est installé dans
des bassines d’émail usées et remplies de terreau ou bien en plein champ.
Le maraîchage n’est pas une occupation principale mais constitue une activité d’appoint ou
complémentaire qui permet de dégager des revenus qui servent à subvenir aux besoins en
attendant les premières récoltes vivrières. Les récoltes maraîchères vont du mois d’août à
celui d’octobre uniquement, contrairement à celles de la ville qui couvrent toute l’année.
Deux types d’organisation du travail s’observent :
- une organisation où le producteur travaille seul et peut bénéficier de la main
d’œuvre familiale ;
- des groupements de femmes maraîchères qui peuvent bénéficier de l’encadrement
d’un agent de développement rural ou même d’un projet. Mais, ce ne sont pas tous les
groupements qui bénéficient de ces encadrements.
On observe une spécialisation relative de ces villages par rapport aux différentes
spéculations. On peut citer les cas de Bélléfoungou et de Kolokondé où la production est
dominée par le crin-crin, le gombo et le piment ; la tomate à Pélébina et l’oignon-feuille à
Barei.
52
La production maraîchère est une activité ancienne dans la ville de Djougou. Elle s’effectue
en saison sèche dans les bas-fonds de la Sabari et de la Téro ; en saison pluvieuse sur les
zones hautes de versant. Les spéculations de cycles court et long sont mises en place. Il
s’agit aussi bien des cultures traditionnelles que celles d’origine européenne. Le piment est
la spéculation la plus rencontrée sur les parcelles. C’est également celle qui installée par le
plus grand nombre de maraîchers.
Les pratiques culturales sont traditionnelles en général particulièrement chez les producteurs
de l’arrière-pays spécialisés dans les cultures locales mais elles sont nettement améliorées
lors de la mise en place des cultures exotiques. Ainsi, toutes ne font pas l’objet d’association
comme c’est le cas avec l’autre catégorie. Les maraîchers de Djougou sont des autochtones,
sans formation, peu instruits et peu alphabétisés en arabe. Ils sont surtout animistes et
relativement expérimentés (la moyenne est de dix années).
53
L’objectif de ce chapitre est de présenter les facteurs de production utilisés par les
maraîchers (terre, main d’œuvre, capital) ainsi que les conditions dans lesquelles ils y ont
accès. Il s’intéresse ensuite aux contraintes qui limitent la production maraîchère à Djougou.
La prédominance de l’héritage sur les sites du grand Sabari (tableau n°11) et de la Téro
(tableau n°12) peut s’expliquer par le fait que la plus grande proportion de maraîchers, soit
60,41% appartiennent au groupe des populations autochtones qui sont également les
2
L’héritage est dit non partagé lorsqu’il existe un usage commun par les exploitants de la parcelle mise en valeur
par eux.
54
propriétaires terriens à savoir les Yom. En effet, ces deux zones sont d’anciens lieux de
production de cultures vivrières appartenant à leurs ancêtres premiers occupants qui les leur
ont légués. Sur ces deux sites, l’héritage augmente en saison des pluies, ce qui traduit le fait
que les parcelles utilisées et proches des lieux d’habitation appartiennent à des domaines
familiaux.
Le don apparaît également dans le sillage de l’héritage, toujours chez ce groupe ethnique en
raison du transfert de parcelles entre familles alliées ou apparentées.
L’héritage et le don sont directement liés à la préservation d’un mode de vie propice au
regroupement familial qui caractérise les ménages Yom enquêtés avec la présence au sein de
la même concession ou « grand Tata » de plusieurs générations à savoir les grands-parents,
parents, frères et sœurs, petits-fils. Ainsi, l’usage des terres obéit dans leur système foncier
au principe de solidarité et d’inaliénabilité du sol (la vente est interdite en principe). Les
propriétaires terriens offrent à qui le veut, autochtone comme étranger des terres de culture
dans la mesure de leurs possibilités, d’où la présence du don. Cependant, dans les
agglomérations urbaines où la spéculation foncière a commencé à entrer dans les habitudes,
l’achat s’est installé au fur et à mesure. Ce dernier mode ne concerne qu’une seule personne
sur les 48.
La figure n°2 de la page suivante montre que 34,04% des maraîchers sont concernés par le
mode de faire-valoir indirect. Bien qu’il soit présent sur tous les sites sauf à Zembougou-
béri, il est nettement remarquable sur celui du petit Sabari (tableau n°13) où 100% des
maraîchers utilisent ce canal pour disposer d’une parcelle.
55
La prédominance de ce mode d’accès sur ce site s’explique par le fait que les propriétaires
terriens ne sont plus des Yom comme pour la Téro et le grand Sabari mais des Dendi dont
les objectifs étaient de pouvoir y construire des maisons. Mais, faute de pouvoir le faire à
cause de la présence de l’eau, certains d’entre eux en ont confié la gestion aux premiers à
s’installer qui à leur tour prêtent ce terrain à d’autres personnes ; d’autres les vendent. Cet
emprunt se fait sans contrepartie financière mais morale. En effet, l’attribution d’une parcelle
se fait par l’intermédiaire d’une personne qui peut témoigner du bon comportement du
demandeur, du respect qu’il pourrait avoir pour les recommandations du gestionnaire ou du
propriétaire pour la bonne conservation du lopin de terre mis à sa disposition.
Certains maraîchers offrent une partie de leurs produits ou de leurs recettes à leurs
propriétaires. En aucun cas, cela n’est obligatoire. Cette attitude est surtout destinée à
maintenir de bonnes relations avec le propriétaire afin de garantir une utilisation permanente
de la parcelle. Il est à noter que cet emprunt n’est pas soumis aux mêmes conditions lorsque
le demandeur et le propriétaire appartiennent à la même famille et dans ce cas, ce dernier fait
souvent partie de la branche maternelle du maraîcher.
L’emprunt diminue en saison pluvieuse au profit de l’héritage non partagé, mais reste
néanmoins important parce que les parcelles utilisées à la maison ne sont pas grandes pour
pouvoir atteindre les objectifs du maraîcher et il leur faut donc encore emprunter. Les figures
2 et 3 présentent de manière globale les différents modes de faire-valoir aussi bien en saison
sèche qu’en saison pluvieuse pour l’ensemble des sites.
4,25% 4,25%
8,51%
34,04%
74,46%
4,44%
17,77%
60%
26,67%
Elle dépend essentiellement des parties en présence comme nous l’avons mentionné
précédemment. L’administration n’intervient en aucun cas. Cependant, le site de Kilir mérite
une attention particulière à cause de la présence de la forêt classée du même nom.
La forêt de Kilir est un domaine classé depuis l’indépendance. Mais, après le départ du
colonisateur, les ressources n’ont pas été suffisantes pour en assurer le contrôle. Les
populations ont donc pris d’assaut ces terres qu’elles considéraient comme leurs propriétés
car étant premières occupantes (côté Est derrière le Palais royal), souvent avec l’accord des
autorités traditionnelles, les rois de Kilir et de Sassirou. De même l’administration publique
(le chef de Circonscription urbaine) a eu à vendre des parcelles de la forêt (côté Ouest sur la
route de Ouaké) pour la construction des habitations. Etant donné que ce domaine était en
pleine ville, il n’a pas été pris en compte dans le plan d’aménagement.
3
Zoukouna est le nom Dendi du site de Kilir. Les Yom l’appellent Toriissa.
57
des pluies. Ce qui engendrera sans doute des migrations vers des sites environnants situés
dans les villages alentours.
Cette situation n’est pas nouvelle car les maraîchers de la Téro ont eu à abandonner leur
premier site situé à Sassirou dans les années 90 en raison de la construction d’un pont sur la
rivière Issa. En outre, certains maraîchers qui n’ont pas eu la possibilité d’avoir des parcelles
à mettre en valeur dans les bas-fonds l’année dernière ont prévu de s’installer à Soubroukou,
Kamougou ou Déwa qui sont des villages proches de Djougou disposant de nombreux bas-
fonds. D’autres les y ont déjà précédés les années antérieures. C’est ainsi qu’on note la
présence de maraîchers à Yatanéga, Founga et Dangoussa, indépendamment de la
production maraîchère de l’arrière-pays qui est importante dans les villages de la Commune
en saison pluvieuse et qui concerne beaucoup plus les cultures traditionnelles.
Comme pour les variables précédentes, les superficies exploitées varient selon les saisons.
D’une manière générale, elles sont plus faibles en saison pluvieuse qu’en saison sèche. Ceci
en raison de la limitation des parcelles consécutive à l’urbanisation caractérisée par la
présence d’ouvrages : maisons, mosquées, écoles.
Tableau n°14 : Superficies exploitées sur les différents sites (en m2)
Sites Petit Sabari Grand Sabari Téro Zembougou-béri
Saison sèche 3736 15323 12690 846
Saison pluvieuse 2119 6429 4047 890
Moyennes en 532±368 806±652 793±370 423±341
saison sèche
Moyennes en 193±148 338±223 253±120 445±84
saison pluvieuse
Source : Résultats d’enquête, 2005
Etant un site de création récente (15 ans), l’urbanisation est plus accentuée au niveau du petit
Sabari car le premier objectif était de construire et non pas de faire l’agriculture. C’est
également le cas pour Zembougou-béri où les terres utilisées pour les cultures maraîchères
sont les arrières-cours de maisons. Les superficies de ces zones sont donc les plus petites
58
comparées à celles des autres sites. Il existe sur le site du petit Sabari un morcellement
important des terres par les propriétaires ou gérants qui a fait suite à la forte demande en
parcelles pour le maraîchage. Cette situation amène certains maraîchers de ce site à posséder
plusieurs parcelles où ils peuvent travailler seuls ou en association avec d’autres.
Les autres sites ne sont pas épargnés par l’urbanisation : c’est le cas de la construction du
troisième collège d’enseignement général à Sassirou sur les berges de la Téro ; la
construction d’un pont sur la Sabari puis celle d’une école primaire qui a déplacé les
maraîchers du grand Sabari plus en aval aujourd’hui par rapport à leur premier emplacement.
Néanmoins, les superficies y sont encore plus importantes non seulement à cause du mode
de faire-valoir qu’est l’héritage mais aussi de la possession de grandes superficies par les
maraîchers. Ce qui fait que même si le morcellement existe, les parcelles restent importantes.
Au total 32,60% exploitent une superficie inférieure à 400m2, 30,43% une superficie
comprise entre 400m2 et 700m2, 17,39% ont une superficie supérieure à 700m2 et inférieure
à 1000m2 et 19,56% cultivent une superficie supérieure à 1000m2.
Le tableau n°15 montre que deux catégories de main d’œuvre sont employées pour la
production de cultures maraîchères. Il s’agit de la main d’oeuvre familiale (MOF) et de la
main d’œuvre salariée temporaire (MOST).
Tableau n°15 : Utilisation des types de main d’œuvre sur les différents sites
Sites Petit Sabari Grand Kilir Téro Zembougou- Total
Homme Femme Total Sabari béri
MOF 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100% 100%
MOST 100% 0 72,72% 57,89% 50% 62,5% 100% 60,41%
Source : Résultats d’enquête, 2005
Le tableau précédent indique que tous les maraîchers utilisent la MOF. C’est le seul type de
main d’œuvre utilisé par les femmes. En effet, elles bénéficient de l’appui de leurs époux et
59
beau-père qui exécutent le défrichement et installent les pépinières. Elles se consacrent aux
autres opérations : sarclage, arrosage, binage où elles peuvent également être aidées.
La différence entre les sites réside au niveau du nombre de personnes de la famille qui
participe aux activités. Pour ce qui est du site de la Sabari, elle est limitée au chef
d’exploitation seul dans le cas où il travaillerait seul ou bien aux associés qui se seraient mis
ensemble pour l’exploitation d’une même parcelle. Cette situation est liée à la taille
relativement faible (04 personnes en moyenne) des ménages dans cette zone. En outre, les
enfants pouvant constituer une main d’œuvre sont en bas âge. Ce qui n’est pas le cas pour le
grand Sabari et la Téro où les familles sont nombreuses (07 personnes en moyenne). Cet état
de choses a une incidence sur l’utilisation de la main d’œuvre salariée, en particulier la main
d’œuvre salariée temporaire.
Les pourcentages d’utilisation de la MOST (tableau n°15) enregistrés sur les sites de la Téro,
du grand Sabari et de Kilir sont plus faibles que ceux du petit Sabari. Ils pourraient traduire
le fait que ces maraîchers sont principalement des agriculteurs et par conséquent habitués à
la pénibilité de certains travaux. Ainsi, ils servent souvent de MOST aux maraîchers du petit
Sabari.
Le tableau n°16 indique que pour le petit Sabari, 75% des hommes font recours à la MOST
pour le défrichement, 87,5% pour l’aménagement d’un puisard et 100% pour la confection
des planches. De même pour le grand Sabari, la main d’œuvre salariée est surtout utilisée
pour le défrichement : 42,10% ; pour la confection des planches : 36,84% et 26,31% pour le
sarclo-binage. Ils réalisent leurs céanes eux-mêmes. Ainsi, les activités pour lesquelles cette
main d’œuvre est employée sont similaires pour ces deux sites. La situation est légèrement
différente pour la Téro où on note une forte utilisation de la main d’œuvre pour l’arrosage
comparée aux autres sites, soit 37,5%.
60
La fin de la saison pluvieuse et le début de la saison sèche constituent une période de pointe
pour les travaux de préparation des parcelles. Le maraîcher étant occupé sur le site situé en
zone haute de versant ne peut pas au même moment effectuer ces travaux. C’est l’une des
raisons pour lesquelles la MOST est principalement utilisée pendant cette période et pour des
activités spécifiques.
Mais, on peut noter que si ces activités sont limitées au défrichement et à la confection des
planches pour le petit et le grand Sabari, il n’en est pas de même pour la Téro où une activité
quotidienne comme l’arrosage des billons utilise une grande part de MOST, ce qui signifie
que cet usage n’est pas limité aux tâches ponctuelles comme pour les autres sites. Ceci
pourrait s’expliquer par le fait que les agriculteurs (75%) de ce site soient occupés à
effectuer les récoltes qui débutent avec la fin de la saison pluvieuse et s’étalent jusqu’au
mois de février de l’année suivante pour les tardifs ; ou bien que les métiers qu’ils exercent
(37,5%) parallèlement à leurs activités maraîchères ne leur en donnent pas suffisamment le
temps. Cette période correspond également à celle des activités scolaires pour la main
d’œuvre familiale. Elle est partiellement disponible en ce moment. Ces raisons pourraient
justifier le recours à la MOST pour des activités permanentes. En outre, le maraîchage
constitue une activité principale seulement pour 18,75% d’entre eux.
Les salaires sont discutés entre les ouvriers et les maraîchers et ceux-ci sont rémunérés à la
journée de travail pour le défrichement ou bien à la tâche (confection des planches, arrosage,
sarclo-binage) à raison de 100 à 200FCFA pour la confection d’une planche si la terre est
difficile à travailler ; 75FCFA par planche pour l’arrosage si la saison sèche est bien installée
sinon c’est 25FCFA.
61
6.3. Capital
Le capital nécessaire pour le démarrage des activités a été acquis à partir des fonds
personnels résultant des occupations antérieures pour 58,33% des exploitants ; 100% pour
les hommes du petit Sabari et 73,68% pour ceux du grand. Ce n’est pas la même chose qui a
été observée au niveau de la Téro. Sur ce site, seulement 31,25% ont fait recours à leurs
fonds propres ; 37,5% ont bénéficié de l’aide des maraîchers installés qui leur ont fourni des
semences ou encore 25% pour des semences et du matériel.
Dans tous les cas, il n’y a pas eu d’enrichissement préalable avant le début de l’activité
maraîchère, ce dont témoigne le tableau n°17 qui présente la situation professionnelle des
maraîchers avant leur installation.
Ce tableau permet d’observer que les activités professionnelles des maraîchers avant leur
installation sont par ordre d’importance l’agriculture, les petits métiers et
l’apprentissage.10% sont sans emploi. L’agriculture exercée par la majorité des maraîchers
est destinée prioritairement à la consommation familiale même si une partie est vendue. En
outre, les ménages Yom qui constituent la principale ethnie de cet échantillon vivent avec la
famille élargie, c’est-à-dire, parents, oncles, frères et sœurs. L’agriculture est gérée par le
chef de la concession, c’est lui qui reçoit toutes les recettes provenant de la vente des
produits agricoles et les redistribue. Le maraîchage constitue par conséquent pour les enfants
dépendants, mêmes mariés, la seule source de revenus autonome dont ils peuvent librement
disposer et souvent la principale selon 91,66% des enquêtés.
Les trois catégories de matériel utilisé par les maraîchers sont les suivantes selon le tableau
n° 18 :
- l’outillage de base composé de houe, d’arrosoir, de machette et de daba. Ils sont
utilisés par tous les maraîchers. Les femmes du petit Sabari ne sont propriétaires d’aucun
matériel de travail. L’équipement de leurs époux et beau-père est mis à leur disposition ;
- l’outillage complémentaire permet au maraîcher de maximiser sa force de travail. Il
s’agit de la pelle, de la binette, du râteau et des bottes. La pelle est utilisée pour aménager les
puisards, le râteau pour affiner la confection des planches et la binette pour ameublir le sol
au pied des plants, tout en sarclant. Il s’agit pour ce dernier instrument d’une machette usée
qui ne peut plus jouer correctement son rôle ou d’une barre de fer reconvertie par un
ferrailleur. Rares sont les maraîchers qui en possèdent une de véritable.
On peut noter que de tous les sites, Téro est celui où les maraîchers possèdent le moins un
outillage complémentaire, ce qui pourrait exprimer les itinéraires techniques de cultures
vivrières qui sont utilisées pour les spéculations maraîchères (légumes traditionnels,
plantation sur billons, nombreuses associations) à cause de leur adaptation relativement
facile aux conditions locales.
- l’outillage de performance est un matériel d’utilisation complexe qui élimine
d’emblée la majorité des maraîchers. Il s’agit de la possession de pulvérisateur, de
poudreuse, de motopompe, etc. Pour notre cas, un seul maraîcher sur les 48 dispose d’une
pompe Naguèzè.
Les lieux d’approvisionnement en ces matériels sont les marchés, les ferrailleurs qui
produisent des outils de fabrication artisanale (cas des binettes). D’une manière générale, cet
64
outillage a plusieurs provenances (Ghana, Nigéria) et leurs lieux de vente ne sont en fait que
des points de redistribution.
L’utilisation de la bouse de vache s’effectue surtout en saison sèche, très peu en saison
pluvieuse à cause de l’action de l’eau qui la transforme en boue. Cette bouse de vache est
facilement accessible aux maraîchers de la Téro dont le site est à proximité de l’abattoir. Les
autres sont obligés de parcourir de longues distances pour espérer en trouver ou bien d’être
présents dès les premières heures de la matinée. A cause de la forte demande, les conflits
sont fréquents entre les maraîchers lors du ramassage ; ce qui fait dire à l’un d’entre
eux: « En saison sèche, l’abattoir ressemble à une maison bien entretenue tant le balayage de
la bouse de vache qui se fait quotidiennement la rend propre ». Pour cette raison, certains
maraîchers des sites éloignés procèdent au stockage des fécès de mouton en saison des pluies
qui seront utilisés en saison sèche.
Les fécès de mouton sont vendus par les enfants des éleveurs aux maraîchers sur leurs lieux
de travail en saison sèche. En saison pluvieuse, ces maraîchers balaient eux-mêmes et
ramassent les fécès de mouton chez les éleveurs. Dans ce cas, la contre-partie financière
n’est pas obligatoire mais elle existe. Certains maraîchers agriculteurs procèdent à des
échanges avec des éleveurs : des tiges de manioc par exemple contre les fécès de mouton.
On note une certaine préférence des maraîchers par rapport à ces deux types de matière
organique. Préférences liées à la qualité et à la disponibilité. En effet, bien qu’ils utilisent la
65
bouse de vache, les maraîchers de la Téro préfèrent les fécès de mouton à la bouse de vache
à cause de sa richesse en urée. Par contre, les maraîchers ayant installé les cultures exotiques
préfèrent la bouse de vache car les fécès de mouton brûlent les jeunes plants. Mais, la
longueur du trajet et le temps pour aller ramasser la bouse de vache si elle est disponible font
qu’ils sont obligés d’utiliser les fécès de mouton mais à un stade de développement plus
avancé. Les engrais chimiques restent alors le dernier recours pour ceux qui ne peuvent pas
avoir accès à la matière organique.
L’engrais minéral est utilisé sur tous les sites et par tous les producteurs en proportions
variables.
Le tableau n°19 montre que la majorité des maraîchers (58,33%) a utilisé de l’engrais
chimiques pour la campagne 2004-2005. Cependant, la proportion reste faible pour le grand
Sabari, ainsi que la quantité moyenne appliquée. L’explication pourrait provenir du fait
qu’étant en aval par rapport aux autres sites, le grand Sabari reçoit périodiquement des
alluvions qui rendent le sol fertile lors du retrait des eaux. Le maraîchage sur ce site
s’apparente donc à une activité de décrue. Les quantités utilisées sont importantes pour la
Téro, ce qui pourrait traduire une culture intensive du piment et des légumes-feilles
traditionnels. Pour ce qui est du quartier Zembougou-béri, la permanence de l’activité
maraîchère sur ce site explique la quantité élevée d’engrais utilisé.
Deux principaux types d’engrais minéral sont utilisés : le NPK et l’urée ou un mélange des
deux. Le NPK est appliqué en fumure de fond au moment du repiquage pour le chou et le
piment ainsi que lors du semis des légumes–feuilles. L’urée quant à elle se met au moment
66
Les pesticides utilisés sont destinés en priorité au traitement du chou pour les cultures
exotiques et à celui des légume-feuilles et du piment pour les cultures traditionnelles. Bien
qu’une majorité de maraîchers déclare utiliser des solutions à base de neem pour les
traitements, de nombreux produits chimiques, aux noms inconnus, d’origines diverses
circulent entre eux. Ils sont vendus soit au marché, soit par des commerçants ambulants
venus du Ghana, soit par des commerçantes béninoises qui se rendent au Burkina-Faso ou
enfin par une relation familiale. Quelques noms de ces produits sont : le Décis12-EC qui
vient du Burkina-Faso ; Doctor China Powder, un insecticide à usage domestique, à base de
Cyperméthrine, vendu au marché et utilisé pour le chou.
D’après les maraîchers, le Décis 12-EC est le seul produit qui soit efficace. Mais son coût est
élevé : 2500FCFA la boîte de 100ml qui n’est souvent pas correctement remplie. Le recours
aux produits destinés à traiter le coton est effectué dans ce cas, puisqu’ils sont moins
onéreux. Les produits sont obtenus directement à l’UCP si le maraîcher y possède des
relations ou par l’intermédiaire d’un producteur de coton. Les produits vendus par l’UCP
comprennent également le Décis 12-EC ainsi que de l’endosulfan (Cotalm).
Accès à l’eau
Les bas-fonds où se concentre l’activité maraîchère sont traversés par la rivière Sabari qui
s’assèche totalement en période d’étiage et la rivière Téro qui s’assèche partiellement.
Malgré l’existence de puits aménagés sur le petit et le grand Sabari, la distance entre ces
ouvrages et les parcelles d’une part ; le temps nécessaire pour y puiser de l’eau et les conflits
entre producteurs pour pouvoir bénéficier de la plus petite lame d’eau qui peut s’y trouver
d’autre part, obligent les maraîchers à réaliser des puits sans margelles ou céanes dans le lit
ou sur les berges de la rivière. Ces céanes ne durent que le temps de la saison sèche et sont
continuellement vidées de leur sable autant de fois que l’eau vient à manquer. La même
situation se rencontre sur les berges de la Téro, ce qui n’est pas le cas pour Zembougou-béri.
En effet, l’achat de l’eau d’arrosage à la Société Nationale des Eaux du Bénin (SONEB)
constitue la seule source d’approvisionnement en eau en saison sèche pour les maraîchers de
ce site. Ce qui explique la quasi-inexistence de cette activité en cette période alors qu’elle est
plus intense en saison pluvieuse.
L’arrivée des pluies incite les maraîchers à quitter les bas-fonds et à installer leurs parcelles
sur des zones hautes de versant. Si elle est immédiate pour certains, ce n’est pas le cas pour
l’ensemble car cette période coïncide avec le début des travaux champêtres pour les
agriculteurs. Pour ces derniers, les cultures maraîchères seront mises en place lorsque la
saison pluvieuse sera bien installée, ce qui permettra de ne pas y consacrer du temps pour
l’arrosage.
Les typologies rencontrées dans la littérature suggèrent deux principaux critères qui
permettent de différencier les systèmes de cultures maraîchères. Ce sont : la source
d’approvisionnement en eau qui distingue les cultures pluviales, de bas-fonds, irriguées et de
décrue pour Tiamiyou (1995), Mbaye et Renson (1997) et PADSA (2001) et des systèmes
similaires sur les bords du fleuve Niger décrits par Tiamiyou et Sodjinou (2003); et le
critère de l’analyse financière pour Singbo et al. (2004). On peut noter que ces paramètres
permettent de caractériser à une échelle géographique plus importante que la ville ou la
Commune, les systèmes de cultures semblables rencontrés dans plusieurs régions. Ces
typologies ne peuvent être appliquées à la ville de Djougou car dans cette optique, on
n’obtiendrait que le système de cultures de bas-fonds en saison pluvieuse et le système de
cultures semi-pluvial et semi-irriguées en saisons sèche et pluvieuse pour le premier critère
et des systèmes moyennement extensifs pour le second. Des critères plus spécifiques
permettraient de mieux appréhender les différences qui pourraient exister entre les systèmes
de cultures. En procédant par élimination avec les différents paramètres de Moustier et al.
(2004), nous avons retenu l’origine locale ou exotique des légumes cultivés comme principal
critère de ségrégation. Ainsi, nous distinguons trois systèmes.
Il se caractérise par la présence de légumes locaux, de cycles long et court (piment, crin-crin,
grande morelle, amarante, aubergine africaine, tomate, gombo, oseille de Guinée) avec de
nombreuses associations. Le mode de plantation est dominé par les billons. Ces exploitations
ne sont pas limitées par le foncier.
Les maraîchers de ce système sont de jeunes adultes (la moyenne d’âge est de 35 ans). Ils
sont mariés pour la majorité: 94% soit 15 maraîchers sur 16. Ce sont tous des Yom,
originaires de la ville de Djougou pour 87,5% et des arrondissements ruraux : 12,5%. Ils ont
des familles nombreuses (la taille moyenne des ménages est 7 personnes) utilisées comme
MOF. A cela s’ajoute la MOST. 75% d’entre eux n’ont reçu aucune instruction, les 25%
70
restants ont interrompu leur scolarisation aux études primaires. Ils sont majoritairement
animistes, ce qui pourrait expliquer le fait que 94% ne sachent ni lire, ni écrire l’arabe. Ce
sont des agriculteurs, le maraîchage ne constitue pas leur principale activité (19%), mais leur
principale source de revenu (87,5%). Le nombre moyen d’années d’expérience est de 10.
Le second système est assez hétérogène où l’on retrouve des exploitations allant d’un
système de production apparenté au précédent à un système apparenté à la troisième
catégorie. C’est un système de cultures mixtes qui associe la présence des légumes
traditionnels (tomate, piment, crin-crin, gombo, amarante, oseille de Guinée, aubergine
africaine) avec celle des cultures exotiques (chou, carotte, laitue, haricot vert) chez le même
exploitant. Les associations sur le même billon entre ces deux types de cultures sont limitées
à la laitue associée aux autres cultures traditionnelles, et elles sont plus nombreuses entre les
cultures traditionnelles elles-mêmes. Les planches sont utilisées pour le chou et la carotte. Ce
sont également des exploitations de grandes superficies.
71
Les maraîchers ont une moyenne d’âge égale à celle du premier système avec relativement
les mêmes caractéristiques pour la situation matrimoniale, la taille des ménages et la nature
de la main d’œuvre utilisée. Ce sont à majorité des Yom (68%) et dans une moindre mesure
des Dendi (21%), des Peulh et des Fon (5% chacun). La religion musulmane est la principale
à être pratiquée et s’ils sont plus alphabétisés en arabe par rapport au premier groupe : 58%
(l’animisme restant dominant chez les Yom avec 46% d’alphabétisation) ; 53% n’ont reçu
aucune instruction. Cependant, 26% d’entre eux ont eu à poursuivre des études primaires et
21 % ont effectué les études secondaires du premier cycle. Ils sont comme dans le premier
système originaires de la ville de Djougou pour 17 sur 19 d’entre eux. En outre, le nombre
d’années d’expérience est le plus élevé des trois systèmes avec une moyenne de 12. Le
maraîchage constitue la principale activité pour 63% et surtout, la principale source de
revenus : 95%.
Le capital de départ provient de la vente des premiers produits maraîchers (tomate) et des
recettes issues de l’agriculture. Le chou est transporté à Cotonou pour y être vendu. Le reste
est écoulé sur place. L’investissement en intrants concerne particulièrement l’achat des
semences pour les spéculations exotiques. L’arrosage est manuel. C’est le grand Sabari qui
regroupe ces principales caractéristiques soit 39,58% de l’échantillon, pour 47,2% des
superficies, soit une moyenne de 1.145m2 par maraîcher.
Il est dominé par la mise en place des légumes de type européen essentiellement (chou,
carotte, laitue, haricot vert, poivron, aubergine européenne, concombre) nécessitant un
entretien permanent ; ce qui justifierait l’absence d’association. Les superficies occupées par
ces cultures sont parmi les plus faibles et l’accès au foncier n’est pas sécurisé puisqu’il est
dominé par l’emprunt.
Ces maraîchers bénéficient très peu d’une MOF autre que celle du chef d’exploitation car les
ménages sont en général de petite taille : 04 personnes pour le petit Sabari et les enfants sont
en bas âge. Les maraîchers de cette catégorie sont les moins âgés (34 ans en moyenne). La
MOST est utilisée. La diversité ethnique est plus grande avec 38% de Dendi, 23% de
Yoruba, 15% de Peulh et dans une moindre mesure des Gourmantché, des Haoussa et des
Bariba qui sont représentées chacune par une proportion de 8. Les Yom n’appartiennent pas
72
à cette catégorie. Ils sont majoritairement alphabétisés : 85% mais pas instruits puisque 54%
n’ont pas été à l’école. Toutefois, 23 % ont eu à effectuer des études primaires, la même
proportion s’appliquant aux études secondaires du premier cycle.
C’est le seul système où les femmes effectuent des activités maraîchères soit 23% de
l’ensemble des maraîchers du système. Elles sont majoritairement « étrangères » : 67% avec
une seule sur les trois qui soit originaire de Djougou.
Elles sont relatives aux opérations culturales et aux différentes spéculations. Pour ce qui est
des opérations culturales, le tableau n°20 ci-dessous résume la situation.
Les principales contraintes énumérées par les maraîchers sont par ordre d’importance
décroissant selon le tableau n° 20 : la pénibilité du travail liée aux différentes opérations que
sont : le sarclo-binage, le défrichement, la préparation des planches et dans une moindre
mesure le traitement phytosanitaire et l’engrais.
Les contraintes à l’arrosage ont trait à la pénibilité du travail, le manque d’eau en saison
sèche, l’absence d’outils appropriés et dans une moindre mesure l’exigence en temps de
travail comme indiquées par le tableau n°21.
La pénibilité des travaux (tableau n°21) liée aux différentes opérations (aménagement des
puits, transport de l’eau) relatives à l’arrosage constitue la difficulté majeure pour les
maraîchers. Elle est due au manque d’eau consécutif à l’assèchement des rivières, principales
sources d’approvisionnement, en saison sèche. En outre, certains maraîchers ne possédant
pas le matériel approprié pour l’arrosage soit parce qu’il est vétuste ou parce qu’ils n’en ont
pas suffisamment ou pas du tout souffrent de cette contrainte.
74
Cette difficulté induit par ailleurs l’emploi par les producteurs d’une main d’œuvre salariée
pour assurer l’arrosage notamment sur le site de la Téro où 37,5% de la main d’œuvre
salariée temporaire est utilisée à cette fin et celui du quartier Zembougou-béri où l’achat et
le transport de l’eau de la Société Nationale des Eaux du Bénin (SONEB) pour l’arrosage
requièrent l’utilisation d’une main d’œuvre conséquente.
Les raisons évoquées pour les contraintes relatives au sarclo-binage sont similaires à celles
observées pour l’arrosage, notamment l’absence de matériel approprié. Elles ont surtout été
mentionnées par les maraîchers du grand Sabari. Les cultures telles que la tomate, le piment
et la grande morelle restent sur les planches ou billons depuis leur repiquage jusqu’à la fin de
la saison sans être arrachées. En raison des nombreuses associations qui s’observent autour
de ces spéculations, le sarclo-binage pour être effectué convenablement demande du temps,
d’où la difficulté éprouvée. L’emploi de la main d’œuvre salariée est l’une des solutions
utilisées pour surmonter cette contrainte. La situation des contraintes liées au défrichement
s’observe dans le tableau n°23.
activités pour laquelle la main d’œuvre salariée temporaire est employée, ce qui implique des
dépenses pour les maraîchers qui ont à se déplacer entre plusieurs sites de production
particulièrement au moment de l’ouverture des travaux dans les bas-fonds. Les contraintes
relatives à la confection des planches présentent les mêmes caractéristiques que celles du
défrichement.
Pour ce qui est des intrants : engrais et produit phytosanitaire ; les difficultés sont diverses et
associées au manque de moyens financiers (33%), au lessivage de l’engrais chimique au
moment de l’arrosage (33%) et à l’absence d’une formation adéquate nécessaire pour
l’utilisation de cet engrais (33%). S’agissant des produits phytosanitaires, la contrainte
majeure est liée à la disponibilité de produits (75%) et à leur adéquation aux spéculations
maraîchères (25%). Les maraîchers utilisent tous les produits qu’ils ont à leur portée quelles
que soient leurs origines et l’usage pour lequel ils étaient destinés, pourvus qu’ils soient
financièrement abordables. L’utilisation de ces produits a pour origine les nombreuses
attaques de nuisibles dont sont victimes les différentes spéculations comme l’illustre le
tableau n°24.
Les résultats du tableau n°24 indiquent que plusieurs cultures sont menacées par de fortes
pressions parasitaires. Il s’agit de la tomate, de la grande morelle, du piment, du crin-crin et
du chou. Les attaques constituent la contrainte majeure à laquelle sont confrontés les
maraîchers qui installent ces spéculations. Cette pression parasitaire a plusieurs
conséquences : elle limite le nombre de récoltes (tomate, piment) ; déprécie la qualité des
légumes-feuilles (crin-crin, grande morelle) qui ne peuvent plus être vendus, compromettant
ainsi une augmentation des rendements et par-là des recettes escomptées. Cette contrainte a
été déjà mentionnée comme étant la plus importante par Tiamiyou (1995), Mbaye et Renson
(1997), Adegbola et Singbo (2001), Singbo et al. (2004) et Zossou (2004) dans le Sud Bénin.
76
La qualité des semences peut également être à l’origine des attaques des nuisibles. L’absence
de structure de conditionnement adéquat pour les semences en général et pour les semences
d’origine importée en particulier, compromet une conservation durable et le maintien du
pouvoir germinatif. En outre, elles sont généralement moins adaptées aux conditions locales
sauf effort particulier de sélection des firmes semencières. C’est le cas du chou de variété
KK Cross mise au point pour la saison des pluies, alors que c’est la période où il y a
engorgement du sol et de fortes chaleurs, facteurs favorisant le développement des parasites.
Les semences d’origine locale ne sont pas épargnées des attaques parasitaires. Cependant,
Berton et Torreilles (1995) observent que les contraintes parasitaires sont moins importantes
pour cette catégorie de légumes car la multiplication des graines par les maraîchers a abouti
à un matériel végétal hétérogène qui renforce les caractères de résistance de l’ensemble.
Les études sur le piment, réalisées dans le département de l’Alibori et du Borgou par
Assogba-Komlan et Azagba (2001) illustrent bien la situation des légumes locaux. Selon ces
auteurs, la faiblesse des rendements du piment est due d’une part à la mauvaise qualité des
semences issues de plusieurs générations d’auto-production de semences et d’autre part par
des techniques culturales restées traditionnelles.
La laitue, la carotte, le haricot vert et le gombo font partie des cultures les moins agressées
par les attaques de parasites. L’absence d’eau constitue également une contrainte à la
production des spéculations.
Le but de cette section est d’évaluer d’une part les coûts investis dans la production et
d’autre part les marges obtenues. Cette estimation se fait à travers le calcul des charges
variables, des charges fixes et des différentes recettes. Le système et les cultures les plus
rémunérateurs doivent être connus à la fin. Quelques aspects de la commercialisation des
produits maraîchers à Djougou sont abordés par la suite.
Les produits bruts obtenus au cours des deux saisons de culture sont additionnés pour former
la recette totale pour une spéculation. Le tableau n°24 indique les recettes totales moyennes
obtenues par les maraîchers dans chaque système.
Tableau n°25 : Structure des recettes moyennes en FCFA par système et par hectare
Paramètres Traditionnel Mixte Exotique
Moyenne 4.076.823b 3.797.008b 7.352.093a
Ecart-type 1.367.208 1.896.932 5.936.562
Minimum 2.060.000 733.333 1.957.749
Maximum 6.486.926 6.964.046 17.617.165
Effectif 16 19 13
Source : Résultats d’enquête, 2005
Les chiffres suivis de la même lettre signifient qu’il n’y a aucune différence significative
entre eux.
D’après le tableau n°25, le système exotique apparaît comme celui ayant la recette moyenne
par hectare la plus élevée comparativement aux deux autres. Cette différence est significative
au seuil de 5% entre les systèmes mixte et exotique et de 10% entre les systèmes exotique et
traditionnel. Ce résultat trouve son explication dans le fait que les spéculations qui
constituent le système exotique sont également celles dont les recettes sont parmi les plus
élevées (chou et carotte) comme le montre la figure n°4.
79
8000000
7000000
Recettes totales moyennes en
6000000
5000000
FCFA/ha
4000000 Chou
Carotte
3000000
Piment
2000000 Laitue
1000000 Crin-crin
0 Tomate
Les charges opérationnelles regroupent les coûts de la main d’œuvre salariée temporaire, des
semences, de l’engrais, de l’approvisionnement en eau, des pesticides et des remparts.
La main d’œuvre salariée temporaire est utilisée par tous les systèmes mais pas par tous les
maraîchers comme l’illustre le tableau n°26.
4
Les données ayant servi à la réalisation des figures sont en annexe n°1.
80
Tableau n°26 : Structure des dépenses en main d’œuvre salariée (en FCFA/ha)
Paramètres Traditionnel Mixte Exotique
Moyenne 90.769 61.442 125.534
Ecart-type 158.639 109.684 115.495
Minimum 0 0 0
Maximum 622.944 429.708 368.132
Effectif 16 19 13
Source : Résultats d’enquête, 2005
La structure des dépenses moyennes en main d’œuvre salariée temporaire du tableau n°25
indique que c’est le système exotique qui exige les coûts les plus élevés. L’explication
pourrait découler du fait que les activités pour lesquelles cette main d’œuvre est employée
sont des opérations pénibles, qui requièrent de laborieux efforts physiques. Les salaires
élevés versés aux ouvriers en sont la conséquence. Par ailleurs, la permanence des activités
maraîchères concernant les cultures exotiques sur le site de Zembougou-béri expliquerait les
coûts élevés de ces spéculations par rapport aux légumes traditionnels dont la culture n’est
pas permanente avec des coûts moins importants. Le test t de Student révèle qu’il n’y a
aucune différence significative entre les systèmes. La figure n°5 présente les coûts moyens
de la main d’œuvre salariée associée aux différentes spéculations.
140000
Coûts totaux moyens de la main
d'oeuvre salariée en FCFA/ha
120000
100000
80000
carotte
60000 chou
laitue
40000
crin-crin
20000 piment
0 tomate
Figure n°5 : Comparaison entre les coûts de la main d’œuvre salariée temporaire par
spéculation
81
Comme les maraîchers des autres sites, ceux de la Téro utilisent la main d’œuvre salariée
pour des activités spécifiques. Ils se caractérisent par l’utilisation de cette main d’œuvre pour
une activité permanente qui est l’arrosage. Ce qui pourrait justifier les coûts moyens élevés
par rapport à ceux du système mixte. En outre, les actifs maraîchers salariés sont le plus
souvent des enfants ou des adolescents (la moyenne d’âge de la MOST est de 13 ans sur le
site de la Téro, 19 pour le grand Sabari et 30 pour le petit). Les salaires versés sont donc
faibles comparés à ceux pratiqués ailleurs.
Les semences d’origine locale sont auto-produites par les maraîchers mais, les quantités ne
sont pas suffisantes pour satisfaire la demande. Ainsi, elles sont également achetées comme
les semences d’origine importée.
Le tableau n°27 indique que c’est le système exotique qui engage les investissements les
plus importants pour les semences. Les cultures de ce système exigent des semences
d’origine importée qui doivent être achetées ailleurs et acheminées à Djougou. Leurs prix
d’achat sont parmi les plus élevés. En outre, en raison des cycles relativement courts (deux à
trois mois après repiquage ou semis), elles sont installées plusieurs fois, ce qui augmente
d’autant les dépenses à effectuer.
emprunt (tableau n°28). L’analyse de variance des trois moyennes et le test t de Student
donnent une différence significative au seuil de 1% aussi bien entre les systèmes mixte et
traditionnel d’une part qu’exotique et mixte d’autre part.
300000
Coûts totaux moyens de semences en
250000
200000
FCFA/ha
150000 C hou
C aro t t e
100000 L ait u e
C rin -crin
50000 T o m at e
0 P im en t
La carotte et le chou sont les cultures pour lesquelles les dépenses en semences sont les plus
importantes à cause de leur origine importée. Pour ce qui est de la laitue, malgré le fait
qu’elle soit reproduite par les maraîchers, la courte durée de son cycle (un mois après
repiquage) lui permet d’être mise en place tout au long de la saison, ce qui exige des achats
réguliers de semences.
Dans le système traditionnel, c’est le crin-crin qui a les coûts de semences les plus
importants. La situation de ce légume s’apparente à celle de la laitue avec de nombreux
semis et une durée de cycle très courte. Le piment une fois installé, comme la tomate,
demeure sur les parcelles jusqu’à la fin de la saison. Leurs coûts en semences sont donc
faibles.
83
Le recours à l’achat de l’engrais est effectué par la majeure partie des maraîchers.
Cependant, les coûts ne sont pas identiques pour tous les systèmes.
Les dépenses les plus importantes pour l’obtention de l’engrais sont réalisées par les
producteurs du système traditionnel (surtout le piment et le crin-crin) comme l’indique le
tableau n°29. Au moment de la mise en place de ces cultures, le NPK est apporté en fumure
de fond et l’urée au moment de la floraison pour le piment seul. En outre, pour chaque
nouveau semis de crin-crin, le NPK est apporté aux plants. Par conséquent, les coûts élevés
en engrais s’observent dans ce système. La différence entre les moyennes est significative au
seuil de 1% entre les systèmes mixte et traditionnel.
120000
80000
en FCFA/ha
60000 Crin-crin
Chou
40000 Piment
Laitue
20000 Carotte
0 Tomate
La figure n°7 permet de comparer les coûts d’engrais par culture. Elle montre que ces
derniers sont élevés pour le crin-crin, le chou et le piment. Pour les mêmes raisons que celles
évoquées précédemment, la laitue se retrouve une situation semblable à celle du crin-crin.
Toutefois, pour ce qui est du type d’engrais, c’est uniquement de la fumure organique qui
est épandue pour cette spéculation ainsi que pour la carotte. Les autres cultures bénéficient
des deux types d’engrais.
D’une manière générale, les dépenses en engrais sont plus importantes en saison sèche qu’en
saison pluvieuse (tableau n°31) parce que dans ce dernier cas, les exploitants jugent les
terrains situés près des logements plus fertiles. Ensuite, l’intensité des pluies conduit au
lessivage de l’engrais minéral et enfin, l’approvisionnement en bouse de vache est difficile
au cours de cette saison.
Tableau n°31 : Coûts moyens par hectare en engrais (organique et minéral) en saisons sèche
et pluvieuse (FCFA/ha)
Systèmes Traditionnel Mixte Exotique
Saison sèche 137.669 18.861 108.509
Saison pluvieuse 56.418 30.919 52.852
Source : Résultats d’enquête, 2005
Les maraîchers du système mixte bénéficient des alluvions qui rendent fertile le grand Sabari
après le retrait des eaux. L’engrais est donc faiblement utilisé sur ce site en saison sèche.
85
Bien que l’absence d’eau et les attaques de parasites constituent les principales contraintes à
la production des légumes, les maraîchers investissent relativement moins pour ces deux
intrants.
Les coûts moyens élevés pour l’approvisionnement en eau en ce qui concerne le système
exotique (tableau n°32) sont uniquement dus à l’achat de l’eau d’arrosage à la SONEB par
les maraîchers du site Zembougou-béri en saison sèche. Le coût de l’irrigation se fait
ressentir au niveau du coût de la main d’œuvre salariée. Ainsi, l’arrosage manuel salarié
uniquement effectué sur les sites de la Téro (système traditionnel) et de Zembougou-béri
(système exotique) constitue respectivement 33% et 39% des coûts de la main d’œuvre
salariée en saison sèche. Aucune différence significative n’est révélée entre les coûts du
tableau n°32. D’une manière générale, les puisards satisfont avec beaucoup de difficultés la
demande en eau.
Le tableau n°33 montre que le système exotique a les coûts les plus importants en pesticides
comparativement aux systèmes mixte et traditionnel. Les pesticides sont utilisés pour traiter
les spéculations confrontées aux fortes pressions parasitaires que sont le chou (système
exotique), le chou et le piment (système mixte), le piment et le crin-crin (système
traditionnel).
Le tableau n°34 indique que c’est le chou qui exige les dépenses les plus importantes pour
les achats de pesticides. Ainsi, la présence de chou dans les exploitations des systèmes
exotique et mixte est un paramètre important conditionnant l’utilisation des pesticides parce
que c’est la seule spéculation d’origine exotique qui exige ces dépenses. Ce résultat est
rejoint celui de Zossou (2004) qui indique que la présence du chou dans l’exploitation est
l’un des motifs pour lesquels les pesticides sont utilisés. Les coûts moyens par hectare
relatifs à l’approvisionnement en eau et en pesticides sont présentés dans le tableau n°34 ci-
dessous.
Tableau n°34 : Estimation des coûts totaux moyens pour l’arrosage et les pesticides en
FCFA/ha
Intrants Cultures Traditionnel Mixte Exotique
Irrigation Piment 754 0 -
Crin-crin 0,1 0 -
Laitue - 0 10.167
Carotte - 0 22.828
Chou - 0 7.215
Systèmes 754 0 7.810
Pesticide Piment 10.208 36.430 -
Crin-crin 10.377 0 -
Tomate - 3.079 -
Chou 60.808 53.043
Systèmes 10.142 13.212 42.877
Source: Résultats d’enquête, 2005
87
Les remparts sont des clôtures que les maraîchers érigent pour protéger leurs cultures des
animaux en divagation et des vols. Ces constructions, réalisées à l’aide des chaumes de maïs,
mil et sorgho, achetées par les maraîchers, sont présentes aussi bien en saison pluvieuse
qu’en saison sèche.
Tableau n°35 : Structure des dépenses pour la construction des remparts en FCFA/ha
Paramètres Traditionnel Mixte Exotique
Moyenne 3.317b 5.336 22.730a
Ecart-type 9.797 19.462 33.683
Minimum 0 0 0
Maximum 36.721 84.005 97.339
Effectif 16 19 13
Source : Résultats d’enquête, 2005
Les coûts élevés de rempart dans le système exotique traduisent les soins que les maraîchers
de ce système apportent à la protection de leurs cultures. Cependant, on peut en dire de
même à propos des autres systèmes car les maraîchers étant agriculteurs, il n’est pas
nécessaire pour eux de recourir à l’achat des bottes de tiges de céréales pour construire leurs
clôtures. Il existe une différence significative au seuil de 5% entre les coûts moyens des
systèmes mixtes et traditionnel.
En moyenne, le système exotique a les charges variables les plus élevées soit
586.925FCFA/ha, ses principaux postes de dépenses sont les semences (53%), la MOST
(21%), l’engrais (13%) et dans une moindre mesure les pesticides (7%), les remparts (4%) et
l’eau (1%). Le système traditionnel vient en deuxième position avec 245.829FCFA/ha. Il a
pour principaux postes de dépenses l’engrais (46%), la MOST (37%), les semences (11%) et
minoritairement les pesticides (4%), les remparts (1%) et l’eau 0%. Pour le système mixte,
les dépenses moyennes sont de 185.395FCFA/ha. Les semences (43%), la MOST (33%) et
l’engrais (13%) constituent ses postes d’achat les plus importants. Les dépenses minimales
s’observent au niveau des pesticides (7%) et des remparts (3%). La charge variable moyenne
du système exotique présente une différence significative avec les autres au seuil de 5%. La
figure n°8 présente les coûts variables entre les différentes spéculations.
88
500000
variables en FCFA/ha
Coûts totaux moyens
400000
300000
chou
200000 carotte
laitue
crin-crin
100000
piment
0 tomate
Les marges brutes se déduisent de la différence entre les recettes totales et les coûts
variables.
Tableau n°36 : Structure des marges brutes moyennes des différents systèmes en FCFA/ha
Paramètres Traditionnel Mixte Exotique
Moyenne 3.830.995b 3.611.613b 6.765.607a
Ecart-type 1.258.056 1.801.660 5.786.435
Minimum 1.864.667 688.889 1.680.536
Maximum 6.021.138 6.521.438 16.911.350
Effectif 16 19 13
Source : Résultats d’enquête, 2005
D’après le tableau n°36, le système exotique est celui qui induit les marges brutes les plus
importantes. Le système mixte possède la marge la plus faible. Ce résultat découle des
marges brutes obtenues des différentes spéculations qui composent ces systèmes. On note
que la marge brute minimale du système traditionnel est inférieure à celle du système
exotique. Ce résultat pourrait signifier qu’avec des coûts faibles, les coûts engagés par un
maraîcher du système traditionnel génèrent des recettes plus que proportionnelles, plus
importantes comparées à celles du système exotique. On observe une différence significative
89
à 5% entre les systèmes mixte et exotique tandis que le seuil est à 10% entre les systèmes
exotique et traditionnel.
7000000
FCFA/ha
4000000
chou
3000000 carotte
piment
2000000
laitue
1000000 crin-crin
0 tomate
Comme pour les recettes, la tomate a une marge brute moyenne par hectare inférieure à
celles du piment, de la laitue et du crin-crin, elle affiche la plus petite des marges brutes. Les
faibles niveaux d’intrants (engrais, pesticides, semences) qui lui sont apportés induisent de
faibles rendements. C’est la spéculation qui présente les charges opérationnelles minimales.
Une étude du l’IITA (2002b) a montré que le profit réalisé pour cette culture est de
2.497.250FCFA/ha au Bénin dans un système similaire. Par conséquent, les conditions de
production de la tomate à Djougou ne sont pas performantes. En outre, étant un produit très
périssable particulièrement en saison des pluies en raison de la forte teneur en eau pendant
cette période, elle est bradée par les maraîchers. La production étant importante, en terme de
superficies occupées, les surproductions saisonnières engendrent des bas prix.
De toutes les cultures exotiques, le chou est la spéculation ayant la marge brute la plus
importante avec un investissement important en intrants également. Cultivés sur de petites
superficies comparativement aux cultures traditionnelles (piment, crin-crin) en particulier,
les choux fournissent des rendements très élevés à l’aide d’un système rendu intensif avec
l’utilisation de l’engrais chimique et des pesticides. Cependant, cette relative intensification
peut encore être améliorée et par conséquent les marges brutes. En effet, l’étude réalisée par
le l’IITA (2002) mentionne que le système de chou le plus rentable au Bénin est celui qui est
basé sur l’utilisation de la motopompe pour le système d’irrigation et le traitement des
90
parasites à l’aide des biopesticides tels que le Dipel ou le Biotit, ce qui n’est pas le cas dans
les systèmes rencontrés à Djougou.
Le piment se distingue également parmi les cultures traditionnelles avec une situation
avantageuse par rapport à la laitue, Cette spéculation prend de plus en plus d’importance et
sa présence se généralise dans tous les systèmes en raison des possibilités d’exportation.
Mais à cause des maladies dues aux attaques d’insectes, les producteurs ne bénéficient pas
pleinement des investissements fournis lors de sa mise en place.
En définitive, le classement au niveau de la marge brute place le chou en tête des cultures,
ensuite la carotte, le piment occupe la troisième position avant la laitue et le crin-crin, enfin
la tomate.
L’utilisation de la marge brute pour comparer les systèmes et les spéculations a une limite
dans la mesure où elle ne prend pas en considération l’investissement initial alors
l’environnement économique dans lequel évoluent les maraîchers est celui où le capital
financier est rare. Il est donc utile de procéder à ces comparaisons par le ratio marge
brute/coût variable qui tient compte de cette insuffisance. Ainsi, pour ce qui est des
systèmes, les ratios sont de 19,48 ; 15,58 et 11,52 respectivement pour les systèmes mixte,
traditionnel et exotique. Ces chiffres montrent que c’est le système mixte qui a le ratio le
plus élevé. Ce résultat signifie qu’1FCFA investi permet de générer 19FCFA par un
maraîcher de ce système alors que les autres ratios sont comparativement faibles.
Pour ce qui est des cultures, les valeurs sont : 26,61 ; 15,23 ; 13,54 ; 12,64 ; 10,57 et 6,66
respectivement pour la tomate, le piment, le chou, la laitue, la carotte et enfin le crin-crin.
Ces résultats montrent que ce sont des spéculations traditionnelles qui ont les ratios les plus
importants et pourraient signifier qu’il existe un potentiel important au niveau de ces cultures
que les maraîchers exploitent à travers les superficies importantes qui leur sont accordées sur
les sites de la Téro et du grand Sabari. Ainsi, en procédant à un classement par système, c’est
le piment qui occupe la première position dans le système mixte, suivi de la laitue ; la tomate
vient en troisième position devant le chou, la carotte et le crin-crin. L’ordre est identique à
celui obtenu par la marge brute pour les autres systèmes.
91
Ils sont uniquement constitués de l’amortissement linéaire des outils aratoires utilisés pour
l’exploitation des parcelles.
Tableau n°37 : Estimation des coûts fixes moyens par système en FCFA/ha
Systèmes Traditionnel Mixte Exotique
Coûts 122.010a 136.902a 78.306a
Source : Résultats d’enquête, 2005
Le tableau n°37 montre que les coûts fixes moyens sont sensiblement les mêmes entre les
systèmes mixte et traditionnel. Ces chiffres pourraient être dus au fait que les matériels
utilisés sont également ceux qui servent pour l’agriculture, activité qui occupe
principalement les maraîchers de ces deux systèmes. Ils ne sont pas significativement
différents des coûts fixes du système exotique. Ce qui signifie que l’ordre des cultures donné
par le calcul des marges brutes sera le même que celui obtenu pour les marges nettes.
Les marges nettes se déduisent de la différence entre les marges brutes et les coûts fixes.
Tableau n°38 : Marges nettes moyennes par hectare des différents systèmes en FCFA/ha
Paramètres Traditionnel Mixte Exotique
Moyenne 3.708.985b 3.474.711b 6.687.301a
Ecart-type 1.256.832 1.784.768 5.827.299
Minimum 1.801.167 481.111,1 1.627.682
Maximum 5.943.902 6.364.684 16.911.350
Effectif 16 19 13
Source : Résultats d’enquête, 2005
Comme pour les marges brutes, le tableau n°38 montre que le système exotique possède les
marges nettes les plus importantes avec les mêmes caractéristiques pour les valeurs
minimales et maximales en ce qui concerne tous les systèmes. Les cultures induisant ces
marges sont donc les mêmes que précédemment.
92
7000000
5000000
FCFA/ha
4000000
chou
3000000 carotte
piment
2000000
laitue
1000000 crin-crin
0 tomate
D’après la figure n°10, les cultures fournissant les marges nettes les plus substantielles
sont par ordre d’importance: le chou et la carotte dans le système exotique ; le chou, le
piment et la carotte dans le système mixte dans une moindre mesure la laitue, le crin-crin et
la tomate; le piment et le crin-crin pour le système traditionnel.
Le chou apparaît comme étant la spéculation la plus bénéfique d’entre toutes, suivi de la
carotte. Ceci permet de dire que le système exotique est le plus rentable. Les marges fournies
par le piment permettent au système traditionnel d’occuper le deuxième rang. Le système
mixte avec ses coûts variables les plus faibles fournit les marges nettes moyennes
inférieures. L’analyse de variance avec le F de Fisher et la comparaison avec le t de Student
donnent les mêmes tendances qu’avec les marges brutes moyennes.
La marge brute est influencée par de nombreux facteurs aussi bien techniques que socio-
économiques. L’étude de ces relations a été réalisée à travers l’analyse de régression portant
sur le modèle théorique qui regroupe les variables ci-après :
- les facteurs propres aux charges variables investies pour l’acquisition des intrants
nécessaires à la production : le coût de la main d’œuvre salariée variable par hectare, le coût
de l’engrais par hectare, le coût des pesticides et le coût des semences, également par unité
de superficie, la nature du système auquel appartient l’exploitation considérée ;
93
- les facteurs propres au ménage maraîcher qui sont représentés ici uniquement par sa
taille.
Pour éviter les problèmes de multicolinéarité, certaines variables explicatives présentant une
forte corrélation avec d’autres ont été éliminées du modèle de base. Ainsi, la méthode des
moindres carrés ordinaires (MCO) a été utilisée pour estimer la forme linéaire suivante :
MB = bo + b1 MOS + b2 ENGRAIS + b3 PEST + b4 SEMEN + b5 SYSTEME 1 + b6 TMEN
+ ei.
Les résultats sont présentés dans le tableau n°39 :
Le coefficient de la variable ENGRAIS est significatif à 10%. Cependant, elle établit une
relation négative entre le coût de l’engrais et la marge brute. L’estimation des charges
opérationnelles a révélé que l’engrais constitue le principal poste de dépenses uniquement
94
pour le système traditionnel. En outre, sa différence avec le système mixte est hautement
significative ; ce qui traduit son importance pour les légumes bénéficiant de cet intrant.
Cependant, les cultures fournissant les marges brutes les plus importantes sont le chou et la
carotte et dans une moindre mesure la laitue puisqu’elle vient après le piment. Ces trois
premières cultures appartiennent aux systèmes exotique et mixte qui ont les coûts d’engrais
les plus faibles. Ce résultat pourrait donc signifier que l’augmentation des dépenses en
engrais pour ces spéculations ne contribuerait pas à une augmentation des rendements et par
conséquent, n’aurait aucun effet sur l’amélioration du revenu mais le réduirait au contraire
puisque ces investissements s’avèreront inutiles. A ce propos, un maraîcher du petit Sabari
déclare ceci : « on applique de l’engrais (minéral) au chou comme on met du sel dans la
sauce » c’est-à-dire en faible quantité. En outre, les sols sur lesquels les spéculations sont
mises en place sont naturellement fertiles, exceptés ceux du système traditionnel. En effet, de
faibles quantités d’engrais minéral sont utilisées (confère tableau n°19) sauf dans le système
traditionnel qui se place en deuxième position derrière le système exotique en terme de
marge brute. La faiblesse de cette dépense contribue à réduire les coûts en engrais et par-là
les charges des systèmes mixte et exotique.
Le coefficient de la variable PEST qui traduit les coûts d’achat des pesticides est positif et
hautement significatif (à 1%). Les cultures ayant les marges brutes élevées et subissant de
fortes pressions parasitaires sont également celles dont les investissements en pesticides sont
importants. Il s’agit particulièrement du chou et du piment. Cependant, les coûts consacrés à
l’achat des pesticides restent encore faibles car ils ne représentent que 7%, 7% et 4% des
charges variables respectivement pour les systèmes exotique, mixte et traditionnel. Ce
résultat signifie qu’une augmentation des dépenses en pesticides améliorerait les rendements
et par conséquent les marges brutes. En effet, faute de traitement et de produits
phytosanitaires disponibles et adéquats, les maraîchers enregistrent des pertes au moment de
la production qui sont essentiellement relatives pour ces cultures à l’attaque des parasites.
La marge brute obtenue par le piment fait partie des marges les plus élevées et n’est pas
significativement différente de celle de la laitue. La distinction de cette spéculation et par
conséquent du système est relative à l’existence de débouché. En effet, le piment est devenu
une culture d’exportation, ce qui encourage les investissements engagés par les producteurs
pour sa mise en place car leurs efforts seront rémunérés. Ce dont témoignent les coûts
investis pour l’engrais. Ainsi, il présente peu de risques à la production (comparé au système
exotique qui a les coûts les plus importants) et à la commercialisation (les demandes
nationale et surtout internationale existent). En outre, il peut être séché, conservé avant
d’être vendu. Ce qui augmente sa plus-value. Ainsi, avec une amélioration au niveau de
l’achat des facteurs de production de meilleure qualité que sont les pesticides et les
semences, les marges seraient encore plus élevées.
En définitive, la marge brute issue de la vente des différents produits maraîchers est
influencée par les facteurs tels que le coût de l’engrais, le coût des pesticides et le coût des
semences ainsi que par le système traditionnel de cultures.
96
7.3. Commercialisation
7.3.1. Acteurs
C’est un groupe principalement constitué de femmes. Les hommes n’interviennent que dans
les activités de production ou comme intermédiaires (transporteurs, chargeurs, etc.). Les
différentes catégories d’acteurs rencontrées dans la ville de Djougou sont les producteurs, les
collectrices, les grossistes et les détaillantes.
Le chou est la seule spéculation à être transportée sur une longue distance avant d’être
vendue ; à Cotonou dans la majeure partie des cas. Ici, on assiste à des situations où deux à
trois maraîchers s’associent pour confier la vente de leurs produits à l’un d’entre eux et ce à
tour de rôle. Chaque producteur s’acquittant individuellement des frais de transport de sa
marchandise, les maraîchers s’organisent pour cotiser une somme d’argent destinée à assurer
les dépenses relatives au séjour de leur collègue à Cotonou et à son retour. Dans le cas
contraire, cette somme est ôtée de leur produit brut.
Les collectrices sont absentes du circuit de commercialisation des légumes exotiques. Les
spéculations faisant l’objet de collecte sont principalement : le piment, la tomate et le
gombo. Dans une moindre mesure le crin-crin. Elles s’acquittent sans délai des sommes
exigées par les producteurs.
97
Les grossistes se rencontrent aussi bien pour les légumes traditionnels que pour les légumes
exotiques. Cependant, dans ce dernier cas, seul le chou fait l’objet de transactions. Ces
grossistes ont pour points de départ les villes de Natitingou et de Parakou. Le mode de
commercialisation est direct avec des ventes en gros et au comptant.
Les chaînes de vente diffèrent selon les types de légumes et selon leur lieu de production.
Grossistes-collectrices
Consommateurs
Producteurs urbains
Détaillantes
Consommateurs
De même, les légumes exotiques produits à Djougou ne sont pas collectés et sont vendus sur
place. Les chaînes de commercialisation sont donc courtes.
Détaillantes
Consommateurs
Le cas du chou est particulier en ce sens la demande urbaine étant inférieure à l’offre, le
produit doit être vendu ailleurs.
99
Producteurs urbains
Cas du chou :
Détaillantes
Consommateurs
D’une manière générale, les chaînes de vente dominantes pour les légumes produits en
milieu urbain sont des chaînes courtes.
Des variations considérables des prix des produits maraîchers sont observées tout au long de
l’année. La situation de chaque spéculation est présentée dans le tableau n°40.
100
Tableau n°40 : Prix de vente de quelques produits maraîchers à Djougou (en FCFA)
Spéculations Unités de vente Modalités de Prix de vente Prix de vente
vente en saison sèche en saison
pluvieuse
Chou5 sac, pied gros, détail 15.000-22.000 3.000-10.000
Carotte planche, pied gros, détail 7.000-9.000 3.000-6.000
Piment panier, bol, sac gros, détail 4.500 3.000-3.500
Laitue planche, pied gros, détail 6.000-7.000 2.000-2.500
Crin-crin tas gros, détail 500 50
Tomate panier, tas gros, détail 8.000-9.000 3.000-4.500
Grande morelle tas gros, détail 500 50
Amarante tas gros, détail 500 50
Source : Résultats d’enquête, 2005
Les prix les plus élevés sont observés en saison sèche alors que ceux de la saison pluvieuse
sont plus bas. La raison qui explique cette situation est relative au fait que la saison
pluvieuse, période d’abondance en eau, favorise l’installation des maraîchers saisonniers
aussi bien dans les arrondissements ruraux où c’est la seule saison de production que dans le
centre urbain où des jeunes élèves pour la plupart installent le plus souvent des cultures
exotiques (chou, laitue) pour financer la rentrée scolaire suivante. On aboutit donc à une
surproduction quel que soit le type de légume. Les prix baissent.
En outre, il n’y a aucune entente ni sur les mesures, ni sur les prix de vente. La densité de
plantation, l’aspect des légumes, les dimensions de la planche déterminent le prix d’achat.
Cette situation permet d’observer que sur les sites de Kilir en saison pluvieuse, du grand
Sabari en saison sèche et de la Téro, les prix sont nettement moins élevés pour tous les types
de légumes par rapport à ceux pratiqués par le petit Sabari et à ceux pratiqués par les ethnies
autres que les Yom en général. Ce dont elles se plaignent. Cette variation saisonnière des
prix est confirmée par l’étude réalisée par Mongbo et Nansi (2004) à Parakou. Les faibles
prix sont également dus au caractère fortement périssable des produits.
5
Les prix de vente des sacs de chou sont pour la ville de Cotonou.
101
L’estimation des coûts et des recettes des différentes spéculations et par-là des différents
systèmes montre que c’est le système exotique qui obtient les marges brutes et nettes
moyennes les plus élevées devant les systèmes traditionnel et mixte. Les différences entre les
trois marges sont respectivement significatives à 10 et à 5%. La troisième hypothèse est ainsi
vérifiée. La culture la plus rentable est le chou, ensuite la carotte, puis le piment, la laitue, le
crin-crin et la tomate.
Les facteurs qui influencent cette marge brute sont relatifs au coût des semences, au coût des
pesticides, à la nature du système de cultures en l’occurrence le système traditionnel et au
coût de l’engrais. La quatrième hypothèse est donc rejetée.
102
8.1. Conclusion
Le maraîchage est une activité ancienne dans la ville de Djougou. Les cultures locales
installées concernaient dans un premier temps l’amarante, l’oseille de Guinée, le gombo et
le crin-crin et d’autres légumes feuilles de cueillette. Avec l’installation par la société
nationale de transformation de fruits et légumes à Natitingou, d’une usine destinée en partie
à la fabrication de tomate de conserve, cette spéculation s’est généralisée dans la région.
Cependant, les problèmes phytosanitaires auxquels elle est confrontée font que les
maraîchers se tournent vers d’autres spéculations moins traditionnelles telles que le chou, la
carotte et la laitue, qui sont d’introduction récente et d’origine européenne.
Les caractéristiques physiques des sols et la nature des ressources en eau permettent le
développement des productions maraîchères, qu’elles soient d’origine locale ou européenne,
dans les bas-fonds en saison sèche et sur les zones hautes de versant en saison pluvieuse. A
cet effet, quatre principaux sites se distinguent : le petit et le grand Sabari, la Téro (bas-
fonds) et le site du quartier Zembougou-béri où le maraîchage est permanent. On peut y
ajouter un cinquième site qui ne dure que le temps de la saison pluvieuse et est caractérisé
par des activités maraîchères plus ralenties. Il s’agit du site de Kilir à l’orée de la forêt
classée du même nom.
Cette double origine des légumes cultivés a permis d’identifier trois systèmes de cultures à
savoir :
- le système traditionnel caractérisé par la mise en place des cultures locales que sont
le piment et le crin-crin. Il est dominé par de nombreuses associations entre les spéculations.
Et des techniques culturales des cultures vivrières qui lui sont appliqués. Les exploitations
dans ce cas ne sont pas limitées par le foncier et ne nécessitent pas un investissement
important pour leur démarrage. Elles sont dirigées par des chefs de ménage exclusivement
Yom, ayant des familles de grandes tailles, pas instruits et peu alphabétisés en arabe ;
- le second système, identifié comme étant un système mixte associe la présence sur
la même planche ou dans la même parcelle des spéculations aussi bien locales (tomate,
103
piment, crin-crin) qu’exotiques telles que le chou, la carotte et la laitue. La tomate constitue
la principale culture de ce système. Les superficies emblavées sont importantes et sécurisées
par le mode principal d’accès au foncier qui est l’héritage. Comme précédemment,
l’investissement de départ est faible et une forte proportion des chefs de ménage est
d’origine Yom. Cependant, il regroupe d’autres ethnies que sont les Dendi et les Peulh ;
L’analyse financière des coûts et recettes de ces systèmes a révélé que c’est le système
exotique qui engrange les marges les plus importantes, découlant des bénéfices réalisés
principalement avec le chou, suivi de la carotte et enfin la laitue.
Dans le système mixte, cette étude a montré que c’est encore le chou qui est la culture la
plus rentable suivie du piment, de la carotte et du crin-crin et de la tomate. Cependant, la
présence de ces cultures exotiques ne renforce pas les marges de ce système. Par conséquent,
ses marges brute et nette moyennes occupent les derniers rangs après celle du système
exotique et du système traditionnel dont le piment occupe la place prépondérante en terme de
marge.
De manière globale, les cultures les plus rentables sont par ordre d’importance décroissante
le chou, la carotte, le piment, la laitue, le crin-crin et enfin la tomate.
Les facteurs susceptibles d’influencer la marge brute ont été testés. Les résultats indiquent
que les variables telles que le coût des semences, le coût des pesticides, la nature
traditionnelle du système de cultures et le coût de l’engrais déterminent la marge brute.
Ces productions sont confrontées à d’énormes contraintes dont les principales sont la
pénibilité de l’arrosage lié à l’accès à l’eau en saison sèche et la forte pression parasitaire qui
entravent le bon développement des légumes. Pour cette raison les suggestions y relatives
sont prioritaires pour l’amélioration de la production maraîchère à Djougou.
104
8.2. Suggestions
Face au problème récurrent de l’absence notoire d’eau et la pénibilité du travail lié aux
opérations d’arrosage, les suggestions ci-après sont proposées à l’endroit des Organisations
Non Gouvernementales (ONG), des projets et des CeRPA :
- Faciliter l’accès à l’eau et optimiser la ressource : à la fin de la saison sèche, la
production de légumes, notamment celle des légumes-feuilles, souffre du manque d’eau.
Plusieurs types d’intervention sont possibles :
- l’aménagement de bassins versants et l’installation de systèmes de distribution
gravitaire au tuyau ; l’installation de la motopompe est subventionnée et des cotisations
permettent de l’entretenir comme pour les expériences effectuées sur le riz;
- l’amélioration des techniques traditionnelles de puisage et le pompage de l’eau par
motopompe, ce qui minimiserait la pénibilité du travail;
Pour ce qui est des attaques de parasites, il n’existe pas de volonté de regroupement entre les
maraîchers leur permettant de résoudre leurs problèmes en général et celui-là en particulier.
Ainsi, les suggestions suivantes vont :
¾ A l’endroit des chercheurs pour :
- la sélection des variétés de légumes résistantes aux attaques des parasites ;
- l’élaboration des paquets technologiques qu’exigent les variétés sélectionnées ;
¾ A l’endroit des ONG, CeRPA et projets pour :
- l’appui à la création et au fonctionnement des organisations professionnelles des
producteurs maraîchers en vue de renforcer leurs capacités ;
- l’organisation de l’approvisionnement en intrants spécifiques (engrais, semences,
pesticides) dans les meilleures conditions ;
- les échanges entre les différentes associations de maraîchers existant dans
d’autres villes notamment la Coopérative des Maraîchers de Kouhounou (COMAKO) à
Cotonou et l’Union des Maraîchers du Littoral, Grand-Popo/Agoué (UMALGA) ;
- la diffusion des variétés résistantes et des paquets technologiques mis au point
par les chercheurs.
105
BIBLIOGRAPHIE
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pp.256-257
Annexe n°1 : Analyse des coûts et marges de production par système et par spéculation
Tableau n°2 : Coûts totaux moyens de la main d’œuvre salariée par hectare
Cultures Traditionnel Mixte Exotique Ensemble
Piment 69.367,88936 6.493,506.494 - 50.232,20.762
Crin-crin 68.627,90757 3.030,30.303 - 65.125,73.119
Tomate - 21.284,74.259 - 21.284,74.259
Laitue - 44.838,23383 153.227,8.014 80.968,08.969
Carotte - 95.479,61.861 188.686,3.793 132.762,3.229
Chou - 111.708,2.338 86.468,9.331 99.593,36.949
Systèmes 90.769,07537 61.441,8.586 125.533,8.868 _
Tableau n°7 : Estimation des marges nettes moyennes par hectare des différentes cultures
Annexe n°2 : Matrice de corrélation entre les variables explicatives du modèle empirique
14- L’engrais
Type d’engrais Culture Source d’approv. Mode d’épandage Fréquence d’application
Fumier d’élevage
Gadoue
NPK
Urée
VII
16-Liste des contraintes (pour chaque culture, la contrainte la plus importante aura la plus grande note
et ainsi de suite)
Cultures maladies semences engrais main marché sol irrigation accès autres
d’oeuvre crédit
Tomate
Gombo
Piment
Carotte
Laitue
Grande
morelle
Crincrin
chou
Janv Févr Mar Av Mai Juin Juilt Août Sept Oct Nov Déc
Tomate
Gombo
Piment
Pomme de terre
Oignon
Carotte
Laitue
Grande morelle
VIII
Date……………………
Numéro de la fiche……...
1- Sites (cocher numéro)
1- Petit Sabari
2- Grand Sabari
3- Téro
4- Zembougou-béri
2. Caractéristiques du producteur
3-Caractéristiques du ménage
3.1-
Nombre de Enfants Adolescents Adultes Vieux
femmesNFEM H F H F H F H F
Nombre NHOE1 NFEM1 NHOE2 NFEM2 NHOE3 NFEM3 NHOE4 NFEM4
d’enfants dans
le ménage
Nombre NHOEH1 NFEMH1 NHOEH2 NFEMH2 NHOEH3 NFEMH3 NHOEH4 NFEMH4
d’enfants hors
du ménage
Nombre NHOES1 NFEMS1 NHOES2 NFEMS2 NHOES3 NFEMS3 NHOES4 NFEMS4
d’enfants
scolarisés
VIII
3.2- Nombre de personnes à charge outre les enfants et vivant dans le ménage
Enfants Adolescents Adultes Vieux
H F H F H F H F
Effectif NHCH1 NFCH1 NHCH2 NFCH2 NHCH3 NFCH3 NHCH4 NFCH4
3.3- Nombre d’actifs agricoles permanents : Hommes :…………….. AAH Femmes :…………….AAF
4-Facteurs de production
4.1- La terre
4.1.1- Terres en possession et cultivées
Toposéquences Mode d’accès Durée Durée Cultures
TOP d’utilisation jachère
TOP1 : Zone haute de ACCES1 UTIL1 JACH1 CULT1
versant
TOP2 :Zone basse de ACCES2 UTIL2 JACH2 CULT2
versant
TOP3 :Bas-fonds ACCES3 UTIL3 JACH3 CULT3
Pour les toposéquences : Si le site est une zone haute de versant, alors TOP1=1 et sinon TOP1=0. C’est le même
principe pour les autres sites
Les modalités d’accès à la terre sont : 1= héritage ; 2= Achat ; 3= Don ; 4= location ; 5= Prêt ; 6= gage ;
7= Métayage ; 8= héritage partagé ; 9=autres
Jachère : SS=saison sèche ; SP= saison pluvieuse
4.1.2- Avez-vous la possibilité d’agrandir vos terres ? 1= oui ; 0= non ………… GRANTER
Si oui, comment ?.. SIOUI
1= En demandant à un membre de sa famille ; 2= En récupérant une parcelle prêtée ; 3= Son père est le chef de
terres ; 4= Il est un gérant de parcelles pour le compte d’un propriétaire ; 5= En empruntant chez d’autres
jardiniers ; 6= N’utilise pas toute la terre à sa disposition
Si non, pourquoi ?.............................................................SINON
1= utilise déjà tout ce qu’il a à sa disposition ; 2= Toutes les parcelles sont déjà occupées ; 3= Besoin d’aide pour
arrosage si les superficies augmentent ; 4= Manque de matériel pour emblaver une superficie plus importante.
4.3. L’eau
4.3.1- Source d’approvisionnement en eau en saison sèche…………………………………. ;SESS
Source d’approvisionnement en eau en saison pluvieuse……………………………………….SESP
1= Puits ; 2= Céanes; 3= Rivières ; 4= Pluie ; 5= Autres
4.3.2 Coût de l’arrosage
Cultures Période Nombre Superficie Nombre de Coût de
d’arrosage d’arrosoirs par arrosée planches l’arrosage
planche,par
jour
chou SACHSS CACHSS
carotte SACASS CACASS
laitue SALAISS CALAISS
4.4- Le capital
4.4.1- Matériel et outillage
articles nombre prix d’achat durée d’utilisation
Houe HOUE1 AHOUE1 DHOUE1
Daba DABA1 ADABA1 DDABA1
Machette MACH1 AMACH1 DMACH1
Arrosoir ARRO1 AARRO1 DARRO1
Pelle PELLE1 APELLE1 DPELLE1
Brouette BROU1 ABROU1 DBROU1
Binette BIN1 ABIN1 DBIN1
Râteau RATO1 ARATO1 DRATO1
Bottes BOT1 ABOT1 DBOT1
4.6.6-Utilisation de pesticides
Cultures identification Quantités Prix Coût total saison Source
des produits unitaire
chou PTCHSS QTCHSS CTCHSS 1 SPTCHSS
chou PTCHSP QTCHSP CTCHSP 2 SPTCHSP
crin-crin Pesticides PTLEGSS QTLEGSS CTLEGSS SPTLEGSS
piment de synthèse PTLEGSP QTLEGSp CTLEGSP SPTLEGSP
gr.morelle
tomate
chou 1
chou 2
tomate Produits 2
crin-crin biologiques
piment
gr.morelle
5-Les contraintes
5.1-Opérations culturales et contraintes de production
Opérations culturales Contraintes
Défrichement CODEF
Préparation planches COPP
Arrosage COARR
Sarclage COSAR
1= pénibilité du travail ; 2= absence de produits phytosanitaires adéquats ; 3= manque d’outils de bonne qualité
et performants ; 4= matériel non approprié ; 5= Demande beaucoup de temps ; 6= difficulté d’achat du produit
au moment opportun ; 7= lessivage de l’engrais par l’arrosage ; 8= concurrence avec les activités de production
du chef de famille ; 9= divagation des animaux en saison sèche malgré les remparts. ; 10= absence de formation ;
11= manque d’eau en SS ; 12=dépenses pour MO car plusieurs sites de production ; 13= présence de déchets
encombrants ; 14=absence d’appareil de traitement
6- Commercialisation