s20 Encore
s20 Encore
s20 Encore
CAN
Enco
re
1972-73
2
Ce document de travail a pour sources principales :
- Encore, sténotypie incomplète datée de 1981.
- La version critique d’Encore établie par l’E.L.P.
- La bande son des séances enregistrées, disponible sur le site de Jacques
SIBONI : Lutécium.
3
Table des matières
1 21 novembre 1972
2 12 décembre 1972
3 19 décembre 1972
4 09 janvier 1973
5 16 janvier 1973
6 13 février 1973
7 20 février 1973
8 13 mars 1973
9 20 mars 1973
10 10 avril 1973
11 08 mai 1973
12 15 mai 1973
13 26 juin 1973
4
21 Novembre 1972 Table des matières
5
Et c'est bien, c'est bien ce qui fait que c'est
seulement, que quand le vôtre vous apparaît suffisant,
vous pouvez…
si vous êtes, inversement mes analysants
…vous pouvez normalement vous détacher de votre
analyste. Il n'y a - contrairement à ce qui s'émet -
nulle impasse de ma position d'analyste avec ce que
je fais ici à votre égard.
7
la jouissance c'est ce qui ne sert à rien !
Seulement ça n'en dit pas beaucoup plus long.
8
de l'Autre avec… il me semble que depuis le temps
– hein - ça doit suffire que je m'arrête là.
9
d'où dans l'Autre part la demande d'amour.
Alors d'où part, d'où part ça qui est capable, certes…
mais de façon non nécessaire, non suffisante
…de répondre par la jouissance, jouissance du corps,
du corps de l'autre ?
C'est bien ce que l'année dernière, inspiré d'une
certaine façon par la chapelle de Sainte-Anne,
qui me portait sur le système, je me suis laissé
aller à appeler l'(a)mur 8.
L'(a)mur c'est ce qui apparaît en signes bizarres
sur le corps et qui vient d'au-delà, du dehors, de cet
endroit que nous avons cru, comme ça, pouvoir lorgner
au microscope sous la forme du germen, dont je vous
ferai remarquer qu'on ne peut dire que ce soit là
la vie puisqu'aussi bien ça porte la mort, la mort
du corps, que ça le reproduit, que ça le répète,
que c'est de là que vient l'en corps.
10
Si j'ai interrogé FREGE 9 au départ c'est pour tenter
de démontrer la béance qu'il y a, de cet Un à quelque chose
qui tient à l'être, et derrière l'être à la jouissance.
11
Et ceci nous conduit à l'impossible d'établir la relation
d'eux - la relation d'eux qui ? - les deux sexes.
Assurément, ai-je dit, ce qui apparaît sur ces corps,
sous ces formes énigmatiques que sont les caractères
sexuels qui ne sont que secondaires, sans doute fait
l'être sexué. Mais l'être c'est la jouissance du
corps comme tel, c'est-à-dire comme (a)sexué…
mettez-le comme vous voudrez
comme asexué, puisque ce qui est dit jouissance sexuelle
est dominé, marqué par l'impossibilité d'établir comme tel,
nulle part dans l'énonçable, ce seul Un qui nous
intéresse : l'Un de la relation « rapport sexuel ».
C'est ce que le discours analytique démontre,
en ceci justement que pour ce qui est d'un de ces
êtres comme sexué, l'homme en tant qu'il est pourvu
de l'organe dit phallique…
j'ai dit « dit »
…le sexe corporel, le sexe de la femme…
j'ai dit de La femme : justement il n'y en a pas,
il n'y a pas La femme, la femme n'est « pas toute »
…le sexe de la femme ne lui dit rien si ce n'est par
l'intermédiaire de la jouissance du corps.
Ce que le discours analytique démontre c'est…
permettez-moi de le dire sous cette forme
…que le phallus c'est l'objection de conscience faite par
un des deux êtres sexués au service à rendre à l'Autre.
Et qu'on ne me parle pas des caractères sexuels
secondaires de la femme parce que, jusqu'à nouvel
ordre, ce sont ceux de la mère qui priment chez elle.
Rien ne distingue comme être sexué la femme sinon
justement le sexe.
12
Et c'est pourquoi le surmoi, tel que je l'ai pointé
tout à l'heure du « jouis ! », est corrélat de la castration
qui est le signe dont se pare l'aveu que la jouissance
de l'Autre, du corps de l'autre, ne se promeut que de
l'infinitude, je vais dire laquelle : celle que supporte
le paradoxe de ZÉNON, ni plus ni moins, lui-même.
13
C'est ce qui - chose singulière - ne peut être
suggéré que par des aperçus très étranges.
Étrange c'est un mot qui peut se décomposer :
l'être ange, c'est bien quelque chose contre quoi
nous met en garde l'alternative d'être aussi bête
que la perruche de tout à l'heure.
Mais néanmoins, regardons de près ce que nous inspire
l'idée que dans la jouissance - dans la jouissance
des corps - la jouissance sexuelle ait ce privilège
de pouvoir être interrogée comme étant spécifiée - au
moins - par une impasse.
C'est dans cet espace - espace de la jouissance -
prendre quelque chose de borné, fermé, c'est un lieu,
et en parler c'est une topologie.
Ici nous guide ce que…
dans quelque chose que vous verrez paraître en
pointe de mon discours de l'année dernière
…je crois démontrer : la stricte équivalence de topologie
et structure12, ce qui distingue l'anonymat de ce dont
on parle comme jouissance…
à savoir ce que « ordonne » le droit :
une géométrie – justement - l'hétérogénéité du lieu
…c'est qu'il y a un lieu de l'Autre.
De ce lieu de l'Autre…
d'un sexe comme Autre, comme Autre absolu
…que nous permet d'avancer le plus récent développement
de cette topologie ?
J'avancerai ici le terme de compacité.
Rien de plus compact qu'une faille, s'il est bien
clair que quelque part, il est donné que l'intersection
de tout ce qui s'y ferme étant admise comme existante
en un nombre fini d'ensembles, il en résulte…
c'est une hypothèse
…que l'intersection existe en un nombre infini.
Ceci est la définition même de la compacité13.
14
À savoir, à ce dont j'énonce que l'avancée du
discours analytique tient précisément en ceci :
que ce qu'il démontre c'est que son discours ne se
soutenant que de l'énoncé qu'il n'y a pas, qu'il est
impossible de poser le rapport sexuel, c'est de par là
qu'il détermine ce qu'il en est réellement aussi
du statut de tous les autres discours.
Tel est dénommé, le point qui couvre, qui couvre
l'impossibilité du rapport sexuel comme tel.
La jouissance en tant que sexuelle est phallique, c'est-à-
dire qu'elle ne se rapporte pas à l'Autre comme tel.
Suivons là le complément de cette hypothèse de compacité.
Une formule nous est donnée par la topologie que j'ai
qualifiée de la plus récente, à savoir d'une logique
construite, construite précisément sur l'interrogation
du nombre et de ce vers quoi il conduit :
d'une restauration d'un lieu qui n'est pas celui
d'un espace homogène.
Le complément de cette hypothèse de compacité est
celui-ci :
dans le même espace borné, fermé, supposé institué,
l'équivalent de ce que tout à l'heure j'ai avancé
de l'intersection passant du fini à l'infini est
celui-ci : c'est qu'à supposer ce même espace borné,
fermé, recouvert d'ensembles ouverts…
c'est-à-dire de ce qui se définit comme excluant
sa limite, de ce qui se définit comme plus grand
qu'un point, plus petit qu'un autre, mais en
aucun cas égal ni au point de départ ni au point
d'arrivée, pour vous l'imager rapidement
…le même espace donc étant supposé recouvert
d'espaces ouverts, il est équivalent - ça se démontre -
de dire que l'ensemble de ces espaces ouverts s'offre
toujours à un sous-recouvrement d'espaces ouverts,
eux tous constituant une finitude, à savoir que la
suite des dits éléments constitue une suite finie.
15
Mais ce que veut dire en tout cas la finitude,
démontrable, des espaces ouverts, capables de
recouvrir cet espace borné, fermé en l'occasion,
de la jouissance sexuelle, ce qui implique en tout
cas c'est que les dits espaces…
et puisqu'il s'agit de l'Autre côté
mettons les au féminin
…peuvent être pris 1 par 1 ou bien encore « une par une ».
16
Est-ce qu'à le centrer sur ce que je viens de vous
imager de cet espace de la jouissance sexuelle,
à être recouvert de l'Autre côté 16, par des ensembles
ouverts et aboutissant à cette finitude… j'ai bien
marqué que je n'ai pas dit que c'était le nombre,
et pourtant, bien sûr que ça se passe :
finalement on les compte.
16 Autre avec un grand A à «Autre côté» pour bien marquer que c'est du côté de la jouissance de
l'Autre, considérée comme un espace compact où se déploient des recouvrements ouverts à l'infini
dont on peut, précisément parce que cet espace est compact, extraire un sous-recouvrement fini
(donc extraire du «une par une» de l'infini). La jouissance de l'Autre côté est ici opposée à la
jouissance phallique, elle aussi considérée comme un espace compact mais où se déploie cette fois
une sous-famille finie d'espaces fermés dont l'intersection est non vide, ce qui permet, toujours
parce que l'espace est compact, de conclure que toutes les familles - y compris donc les familles
infinies - ont elles-mêmes une intersection non vide (donc tirer une conclusion sur de l'infini là où
l'hypothèse porte sur du fini). [Note de l’édition critique E.L.P.]
17
une topologie dont pourtant nous ne pouvons dire
qu'elle ne relève pas du même ressort, à savoir d'un
autre discours, d'un discours combien plus pur,
combien plus manifeste dans le fait qu'il n'est
genèse que de discours, et que cela converge avec une
expérience, à ce point que cela nous permette de l'articuler,
est-ce qu'il n'y a pas là quelque chose de fait aussi
pour nous faire revenir, et justifier dans le même
temps, ce qui dans ce que j'avance se supporte,
se s'oupire de ne jamais recourir à aucune substance,
de ne jamais se référer à aucun être,
d'être en rupture de ce fait avec quoi que ce soit
qui s'énonce comme philosophie.
18
12 Décembre 1972
Table des matières
Jacques LACAN
19
dans une position de retrait, de dire : qu'encore et que
ça dure c'est une la bêtise, puisque moi-même j'y collabore.
Évidemment je ne peux me placer que dans le champ de cet Encore.
Et peut-être à remonter un certain discours qui est
le discours analytique jusqu'à ce qui fait le conditionnement
de ce discours, à savoir cette vérité, la seule qui
puisse être incontestable de ce qu'elle n'est pas,
qu'il n'y a pas de rapport sexuel, ceci ne permet
d'aucune façon de juger de ce qui est, ou n'est pas,
de la la bêtise.
Et pourtant il ne se peut pas - vu l'expérience -
qu'à propos du discours analytique quelque chose
ne soit pas interrogé, qui est à savoir s'il ne tient
pas essentiellement de s'en supporter de cette
dimension de la bêtise.
Et pourquoi pas après tout ne pas se demander quel
est le statut de cette dimension pourtant bien présente.
Car enfin il n'y a pas eu besoin du discours analytique
pour que…
c'est là la nuance
…comme vérité soit annoncé qu'« il n'y a pas de rapport sexuel ».
20
recul, que je n'ai pas pris moi non plus, de dire que
si ça continue c'est de la bêtise.
Au nom de quoi le dirais-je ?
Comment sortir de la bêtise ?
Il n'en est pas moins vrai qu'il y a quelque chose,
un statut à donner de ce qu'il en est de ce neuf discours,
de son approche de la bêtise, quelque chose s'en
renouvelle. Sûrement qu’il va plus près, car dans
les autres c'est bien ce qu'on fuit.
Le discours vise toujours à la moindre bêtise, ce qu'on
appelle la bêtise sublime, car sublime veut dire ça :
c'est le point le plus élevé de ce qui est en bas.
21
François RÉCANATI
LACAN
23
D'ailleurs chacun sait que « La guerre est la guerre »
n'est pas une tautologie, non plus que « un sou est un sou »!
François RÉCANATI
18 Cf. La logique de Port-Royal A. Arnauld, P. Nicole, la logique ou l'art de penser, Paris, Gallimard,
1992.
24
Ça fait très bien voir ce qu'il en est, et ça fait le
joint avec ce que j'avais dit l'année dernière de la
triade qui supporte toute répétition :
la triade objet - representamen - interprétant.
C'est-à-dire qu'entre l'objet et le representamen on change
en quelque sorte d'espace, ou au moins il y a quelque
chose comme un trou qui fait justement l'objet et le
representamen inapprochables dans cette relation.
Mais ce trou, en tant qu'il insiste, ceci permet de
fonder une vraie répétition dans ce sens que le coup
d'après, il y a quelque chose qui va incarner ce trou
qui sera l'interprétant, et qui pourra en quelque sorte
répéter de deux façons ce qui passait entre l'objet et
le representamen : d'une part l'inscrire en disant :
« il y avait du trou » et en permettant que cette
impossibilité ou ce trou, ça se répète.
26
Et tout de suite je vais donner quelques réflexions
sur - ne fut-ce que - cette formule « section de prédicat »
qui fait sentir immédiatement la récurrence où se
construit ce qui justement est supposé supporter tout
prédicat, c'est-à-dire l'être, ce qui supporte les
prédicats avant, ça se donne après les prédicats.
Et d'une certaine manière, s'il y a « section de prédicat »
pour trouver l'être, ça veut dire que ce qui supporte
les prédicats, c'est ce qui n'est pas dans les prédicats.
C'est justement ce qui est absent des prédicats,
ce qui est absent dans la prédication.
LACAN
François RÉCANATI
Mais l'important…
29
et ce pourquoi j'ai déroulé tout ça,
en rapport avec le discours de DIOTIME
…c'est que le résultat de toute cette opération, qui
peut apparaître dérisoire, c'est simplement que
l'homme, on lui a tourné le visage, il ne peut plus
regarder derrière lui, il ne voit plus qu'en avant,
il voit seulement ce qui le précède.
François RÉCANATI
30
C'est pourquoi j'ai écrit à côté le « nom du nom » parce
que c'est ça le premier ordinal.
Et je dirai même : si c'est cela qui se passe au
début, c'est à cause de ça qu'après il y a du nom de nom,
parce que justement, dès lors qu'on donne un nom à ce
qui n'en a pas, c'est dans l'identification justement
quelque chose comme le déclin de l'identité en ce
sens qu'on en dit un peu plus, et que ce plus qu'on
dit, il va falloir lui-même non pas tant le résorber
mais l'identifier, lui donner un nom, et à partir de
là c'est le décalage infini.
Nommer, en général, c'est faire le point de ce qui
précède dans la série. Mais le point, en tant que
lui-même fonctionne comme nom, précède quelque chose
à venir également, et ce quelque chose à venir, si on
le considère absolument, ce qui est toujours à venir,
ce sera ce qu'on pourrait appeler l'« encore » qui lui,
ne précède rien qui ne soit lui-même, c'est-à-dire
ne détient pas de nom, innommable de ce fait.
Dès lors que l'infini est donné dans cette position là,
il faut que l'infini lui-même soit infini, c'est-à-
dire qu'on continue ces passages d'infini à l'infini,
etc., qu'on continue « encore ». Comme si ce qui veut
s'atteindre dans cette histoire, c'est précisément
l'encore lui-même.
L'encore a donné comme la limite de l'extension de ce
non radical dont j'ai parlé, et je vais maintenant
parler du rapport entre le non radical et l'encore,
puisque c'est à ça que va m'introduire rétroactivement
ce sur quoi je vais revenir, c'est-à-dire la « section de
prédicat ».
La « section de prédicat » - on le voit immédiatement –
c'est à la fois ce qu'il y a après toute prédication,
c'est-à-dire une fois qu'on peut dire « il n'y en a
plus, des prédicats » et c'est aussi bien ce qui, avant
toute prédication, la supporte.
François RÉCANATI
35
C'est ici (entre 2 et 3) qu'il y a comme une barre de clivage,
ce qui me permet de dire qu'on peut voir dans cette
formule que si le 3 déjà est la désignation de ce qui
s'est passé, d'un passage-écrasement, entre le 0 et
le 1, et du 0 et du 1 au 2, si le 3 est déjà cet
écrasement, c'est-à-dire une manière de désigner ce
qui s'est passé d'une rupture avant, d'une rupture
qui est précisément le passage du 0 au 1, d'une
rupture c'est-à-dire d'un éclatement des parties
de ce qui déjà se donnait comme ensemble, on voit que
ce qui se désigne dans la formule du 4,
c'est précisément cette désignation même,
en tant qu'on peut voir exposés sur le même plan
d'une part toutes les parties de ce qui forme le 3,
et d'autre part le 3 lui-même.
38
Je cite un exemple que j'ai lu dans un article récent
sur les mathématiques modernes où il était dit que
dans une classe d'école, quand on demande un exemple
d'ensemble infini, il n'est jamais répondu par
quelque chose comme « les entiers », il n'est jamais
répondu numériquement, mais toujours par un ensemble
fini, un grand ensemble fini comme « les cailloux de
la terre » ou quelque chose comme ça.
39
Or, le zéro, s'il est inséré dans cette équation,
équation du désir = 0, ça signifie qu'il est supporté,
qu'il est désigné par l'équation qui le produit
comme ce à quoi elle aboutit.
40
Mais le signifié, c'est un signifiant plongé dans
l'interprétation au sens de PIERCE, et qui se trouve
en quelque sorte écrasé, minimisé, amoindri,
singularisé, dans le surgissement d'un autre signifiant,
surgissement d'un autre qui permet, par cette
confrontation - qui est la même qu'on voit ici –
de comprendre qu'on a affaire à des unités d'un autre
ensemble, à des éléments d'un ensemble plus large.
41
un petit quelque chose de rien du tout est venu enrayer,
est venu rendre insupportable une économie jusque là
très bien supportée.
A B C
(aaaaa) (aaaab) (aaaba)
LACAN - … ?
François RÉCANATI
45
quoique je ne pointe pas que ce soit précisément
un changement de système, mais ce qui fait qu'il
y a interprétation
…c'est qu'une fois qu'on a un message formé uniquement
en a et en b par la transcription à partir de chacune
des lettres dans ce tableau, on va retranscrire dans
l'alphabet originel latin…
en prenant non pas chaque groupe de 5 a ou de 5 b,
parce que ce serait proprement réeffectuer ce
découpage qu'il s'agit de masquer
…on va prendre chaque a et chaque b séparément,
et chaque a et chaque b, comme ce sont les deux seules
lettres dont est formé le message moyen, le message
frontière, il pourra correspondre à chacun un nombre
énorme de lettres de l'alphabet latin.
a b a b a b a b
A . a . B . b .
46
l'essentiel. Cela dit, je regrette de n'avoir pas le
temps de développer ce point.
Ce qui permet la rupture et l'éclatement dont j'ai
parlé, c'est donc la structure ouverte de l'ordination.
C'est d'ailleurs ce fait que le terme, l'agent de la
série…
c'est ce que je disais au début
…est absent de la série qu'il agence, c'est-à-dire
qu'il n'y sera présent qu'un coup d'après.
De cela, de cette absence naît la possibilité du
décalage qui est la réobjectivation de la série toute entière.
47
« Justement, son désir, c'est qu'il n'y ait pas de
désir dans le rêve, c'est-à-dire que j'aie tort ».
50
substance, sont aussi appelés substantifs et absolus,
comme dureté, chaleur, justice, prudence ».
51
On part d'un ensemble, une chose comme ensemble de
prédicats, à qui appartiennent, mais inessentiellement
donc ces prédicats.
On sépare les parties, les prédicats, de la chose,
et à partir de là, de manière en quelque sorte
magique, on peut considérer une nouvelle substance
qui est ce par quoi les prédicats singuliers peuvent
avoir rapport à l'unité, indépendamment de toute
relation actuelle à une substance singulière.
53
Mais si l'on ajoute à cela la dimension proprement
historique ou ordinale, celle que j'ai essayé de
pointer au début, on obtient que, dans la
constitution d'un ensemble, il y a quelque chose
comme la substantification d'un prédicat et qui est
corrélatif de la prédication d'une substance.
Et ça, c'est exactement ce que nous avons reconnu
comme rupture-écrasement dans l'interprétation.
54
extensions, mais désubstantifiées, prises comme prédicats
d'une substance supérieure qui les supporte.
56
lui-même, de ce point de vue là, puisqu'il n'y a de
discours comme mise ensemble, comme écrasement,
qu'afin de rattraper ce qui précisément lui échappe.
57
Néanmoins, il n'y a pas autre chose dans la substance
que des prédicats ensemble, et ça, c'est dit.
Et pourtant, si on met en rapport la substance, comme
ensemble de prédicats, avec ces prédicats dont elle
est l'ensemble, on se trouve en face non pas d'une
simple redondance mais proprement d'une différence.
Et ce qu'il y a de plus dans la substance, ce qui
fait cette différence, le fait que les prédicats
soient ensemble, ce n'est pas seulement une simple
détermination supplémentaire des prédicats, car il
est dit dans La Logique que la substance toute entière
tient dans cette différence entre le fait pour les
prédicats d'être ensemble ou de ne pas l'être.
58
Ce qui manque, c'est de l'ensemble :
ce qui, quand il n'y a pas autre chose que ce qui
manque, est équivalent à rien.
C'est une définition comme une autre.
Et il est dit dans La Logique que si, de ce « tout » formé
de la substance et des prédicats, on enlève la
substance, alors il ne reste rien, pour ceci que les
prédicats et les attributs n'existent que parce qu'il
y a de la substance.
59
Maintenant on va prendre toutes les propositions
contradictoires une par une et n'en accepter qu'une à
la fois, c'est la meilleure solution.
Après, tout va marcher.
La substance étant ce qui manque, le prédicat est un
effet de manque, ce qui porte sur un manque,
l'enrobage du manque.
Mais d'autre part, le prédicat n'est rien sans
la substance, et il est impossible de différencier
la substance du prédicat actuel comme manifestation
de la substance manquante.
60
au nouveau terme qui apparaît comme une substance
provisoire.
Applaudissements
LACAN
63
19 Décembre 1972 Table des matières
64
D'où j'ai fait quelque chose, qui me paraît à vrai
dire la seule objection que je puisse formuler
à ce que vous avez pu entendre, l'un de ces jours,
de la bouche de JAKOBSON, c'est à savoir que tout ce
qui est du langage relèverait de la linguistique,
c'est-à-dire en dernier terme du linguiste, non que
je ne le lui - très aisément – accorde, quand il
s'agit de la poésie à propos de laquelle il a avancé
cet argument19.
65
Mais il est suffisamment clair qu'en ayant posé
ce dire…
comme j'en ai depuis avancé d'autres,
enfin c’est déjà pas mal qu'un certain
nombre en reste à celui-là : il est important
…ce dire après tout n'est pas du champ de la
linguistique, c'est une porte ouverte sur ceci que
vous verrez commenté dans ce qui va apparaître
développé dans le prochain numéro de mon bien connu
« a-périodique », avec pour titre L'Étourdit, D.I.T 20.
« le dire est justement ce qui reste oublié derrière ce qui est dit dans ce qu'on entend ».
66
C'est ce texte qui s'appelle À une raison 22 qui se scande
de cette réplique qui en termine chaque verset : « …un
nouvel amour ».
Et puisque je suis censé la dernière fois avoir parlé
de l'amour, pourquoi pas le reprendre à ce niveau.
Pour ceux qui savent, qui ont déjà là-dessus un petit
peu entendu quelque chose, je le reprendrai au niveau
de ce texte, et toujours sur ce point de marquer la
distance de la linguistique à la linguisterie.
L'amour c'est…
chez RIMBAUD, dans ce texte
…le signe, le signe pointé comme tel de ce qu'on
change de raison, c'est bien pourquoi c'est à cette raison
qu'il s'adresse « À une raison » : on a changé de discours.
67
En disant que l'amour c'est le signe de ce qu'on change de discours,
je dis proprement ceci :
que le dernier à prendre ce déploiement qui m'a
permis de les faire quatre…
mais ils n'existent quatre que sur le fondement de
ce discours psychanalytique que j'articule de quatre places
et sur chacune de la prise de quelque effet de signifiant
stipulé comme tel
…ce discours psychanalytique, il y en a toujours quelque
émergence à chaque passage d'un discours à un autre.
Ça vaut la peine d'être retenu…
non pas pour faire de l'histoire,
puisqu'il ne s'agit de ça en aucun cas
…mais pour si on se trouve, par exemple, placé dans
une condition historique, si l'on repère, si l'on
s'avance, mais c'est libre qu'on considère que la
fondation de l'université au temps de CHARLEMAGNE
c'était le passage d'un discours du Maître à l'orée d'un
autre discours.
Simplement à retenir qu'à appliquer ces catégories,
qui ne sont elles-mêmes structurées que de l'existence…
qui est un terme mais qui n'a rien de terminal
…du discours psychanalytique, il faudrait seulement dresser
l'oreille à la mise à l'épreuve de cette vérité :
qu'il y a émergence du discours analytique à chaque « passage »,
de ce que le discours analytique permet de pointer comme
franchissement d'un discours à un autre.
68
partie commune, ce que de nos jours nous appelons intersection.
Ceci va nous conduire à des réponses, tout à l'heure.
Ce qui n'est pas le signe de l'amour…
je le reprends donc de la dernière fois
…ce que j'ai énoncé de la jouissance de l'Autre, ce que je viens
de rappeler à l'instant, en commentant, le corps qui
Le symbolise.
La jouissance de l'Autre…
avec le grand A
que j'ai souligné en cette occasion
…c'est proprement celle de l'Autre sexe, et je commentais :
du corps qui Le symbolise.
70
qu'on peut en faire une collection, c'est-à-dire en
parler comme de quelque chose qui se totalise.
Puisque le linguiste sûrement aurait de la peine,
me semble-t-il à expliquer, parce qu'il n'a pas de
prédicat pour la fonder cette collection, pour la
fonder sur un « le », comme JAKOBSON l'a fait
remarquer très nommément hier :
ce n'est pas le mot qui peut le fonder ce signifiant,
le mot n'a d'autre point où se faire collection
que le dictionnaire, où il peut être rangé.
71
Faites-le, vous m'en direz des nouvelles !
72
que le sérieux ça ne peut être que le sériel, il faut un
peu avoir suivi mes séminaires.
74
Peut-être qu'ils croiraient que je les crois bêtes,
ce qui est vraiment la dernière idée qui pourrait me
venir dans un tel cas, il n'est pas question - mais
pas du tout ! - de la bêtise de tel ou tel.
La question est de ce que le discours analytique introduit
un adjectif substantivé : la bêtise, en tant qu'elle
est une dimension, en exercice, du signifiant.
Là, il faut y regarder… plus près.
Car après tout dès qu'on substantise c'est pour supposer
une substance, et les substances - mon Dieu ! –
de nos jours, nous n'en n'avons pas à la pelle :
d’abord « la substance pensante » et « la substance étendue ».
76
Enfin c'est bien parce qu'il était poète que PARMÉNIDE
dit en somme ce qu'il a à nous dire de la façon la
moins bête.
Mais autrement « que l'être soit » et « que le non-être ne soit pas »,
je ne sais pas ce que ça vous dit à vous, mais moi
je trouve ça bête.
Il faut pas croire que ça m'amuse de le dire.
C'est fatigant parce que quand même nous aurons cette
année besoin de l'être, de quelque chose que - Dieu
merci ! - j'ai déjà avancé : le signifiant « un »,
pour lequel je vous ai l'année dernière, suffisamment
me semble-t-il, frayé la voie à dire : « y'a d'l'Un ».
C'est de là que ça part le sérieux, si bête que ça en
ait l'air, ça aussi.
78
sadienne, sur laquelle j'ai mis juste une petite
touche, ou au contraire extatique, subjestive, qui dit
qu'en somme c'est l'autre qui jouit.
Bien sûr il n'y a là qu'un niveau qui est bien localisé,
le plus élémentaire dans ce qu'il en est de la jouissance,
de la jouissance au sens où la dernière fois j'ai
promu qu'elle n'était pas un signe de l'amour.
C'est ce qui sera à soutenir et bien sûr que cela
nous mène, de là, du niveau de la jouissance
phallique à ce que j'appelle proprement la jouissance
de l'Autre, en tant qu'elle n'est ici que symbolisée
c'est encore tout autre chose à savoir ce « pas tout »
que j'aurai à articuler.
Et l'efficience…
l'efficience dont ARISTOTE nous fait la troisième
forme de la cause
…n'est rien enfin que ce projet dont se limite la
jouissance.
80
signe, quand cette division il la détermine en
disjonction.
Applaudissements
81
09 Janvier 1973
Table des matières
82
Il est bien évident pourtant que, dans le discours
analytique, il ne s'agit que de ça, de ce qui « se lit »,
de ce qui « se lit » au-delà, de ce que vous avez incité
le sujet à dire, qui est…
comme je l'ai souligné je pense,
au passage, la dernière fois
…qui est pas tellement de tout dire, que de dire n'importe quoi,
et j’ai poussé la chose plus loin :
ne pas hésiter - car c’est la règle - ne pas hésiter
à dire…
ce dont j’ai introduit cette année la dit-mension
comme étant essentielle au discours analytique
…à dire des bêtises.
83
ne l'était au moins pas tant que de m'avoir permis
d'avancer d'autres choses, dont il me semble, parce
que j'y suis maintenant, qu'elles se tiennent.
Il n'en reste pas moins que ce « se relire » représente
une dimension, une dimension qui est à situer
proprement dans ce qu'est que, au regard du discours
analytique, la fonction de ce qui se lit.
86
du signifiant, qu’il s’agit aujourd’hui de discerner
ce que nous pouvons, à reprendre le fil du discours
analytique, en avancer.
87
c’est fait pour signifier et que ça doit bien
avoir quelque rapport
…tout ce dialogue est tentative…
que nous pouvons dire, d’où nous sommes, être désespérée
…pour faire que ce signifiant - de soi-même ! – soit
présumé vouloir dire quelque chose.
Cette tentative désespérée, est d’ailleurs marquée de
l'échec, puisque c’est d'un autre discours…
mais d’un discours qui comporte
sa dimension originale
…discours scientifique, qu’il se promeut, qu’il se produit…
et d’une façon, si je puis dire, dont il n’y a
pas à chercher l’histoire
qu’il se produit de l’instauration même de ce discours,
que le signifiant ne se pose que d’avoir aucun rapport.
88
Le mot référence en l'occasion ne pouvant se situer que
de ce que constitue comme lien le discours comme tel.
Il n’y a rien à quoi le signifiant comme tel se
réfère, si ce n'est à un discours, à un mode de
fonctionnement du langage, à une utilisation - comme
lien - du langage.
Encore faut-il préciser à cette occasion ce que veut
dire, ce que veut dire le lien.
Le lien…
bien sûr nous ne pouvons
qu'y glisser immédiatement
…c'est un lien entre ceux qui parlent.
Et vous voyez tout de suite où nous allons, à savoir
que ceux qui parlent, bien sûr, ce n'est pas
n'importe qui, ce sont des êtres que nous sommes
habitués à qualifier de vivants, et peut-être est-il
très difficile d'exclure de ceux qui parlent,
cette dimension qui est celle de la vie, à moins que
nous ne nous apercevions aussitôt…
ce qui se touche du doigt
…que dans le champ de ceux qui parlent, il nous est
très difficile de faire entrer la fonction de la vie
sans faire en même temps entrer la fonction de la mort,
et que, de là résulte une ambiguïté signifiante justement
qui est tout à fait radicale, de ce qui peut être
avancé comme étant fonction de vie ou bien de mort.
Il est assez clair que rien ne conduit de façon plus
directe à ceci que le quelque chose d'où seulement la vie
peut se définir, à savoir la reproduction d'un corps,
cette fonction de reproduction elle-même ne peut s'intituler
ni spécialement de la vie, ni spécialement de la mort,
puisque comme telle, en tant que cette reproduction
est sexuée, comme telle elle comporte les deux,
vie et mort.
Mais déjà, rien qu’à nous avancer dans ce quelque chose
qui est déjà dans le fil, dans le courant du discours
analytique, nous avons fait ce saut, ce glissement
qui s'appelle « conception du monde », qui doit bien
pourtant être pour nous être considéré comme ce qu'il
y a de plus comique, à savoir que nous devons
toujours faire très attention que ce terme
89
« conception du monde », suppose lui-même un tout autre
discours, qu’il est,qu’il fait partie de celui de la
philosophie, que rien après tout n’est moins assuré…
si l’on sort du discours philosophique
…que l’existence comme telle d’un monde, qu’il n’y a
souvent que l’occasion, l’occasion de sourire dans ce
qui est avancé par exemple du discours analytique
comme comportant quelque chose qui soit de l’ordre d’une
telle conception.
Je dirai même plus loin, que jusqu’à un certain
point, il mérite aussi qu’on sourie de voir avancer
un tel terme pour désigner par exemple disons ce qui
s’appelle marxisme.
Le marxisme ne me semble pas…
et à quelque examen que ce soit,
fut-ce le plus approximatif
…ne peut passer pour conception du monde.
Il est au contraire, par toutes sortes de coordonnées
tout à fait frappantes, de l'énoncé de ce que dit
Marx…
ce qui ne se confond pas obligatoirement
avec la conception du monde marxiste
…c'est à proprement parler autre chose, que
j'appellerai plus formellement un évangile, à savoir
une annonce, une annonce que quelque chose qui s’appelle
l’Histoire instaure une autre dimension du discours,
en d’autres termes la possibilité de subvertir
complètement la fonction du discours comme tel,
j’entends à proprement parler, du discours philosophique,
en tant que sur lui repose une conception du monde.
90
…ce n’est pas à cause de cela que nous devons à tout
prix nous en passer, à condition de nous apercevoir
qu’il n’y a rien de plus facile que de retomber dans
ce que j'ai appelé ironiquement, voire avec la note
comique « conception du monde », mais qui a un nom plus
modéré, bien plus précis et qui s’appelle l'ontologie.
L'ontologie est spécialement ceci qui, d’un certain
usage du langage, a mis en valeur, a produit d’une
façon accentuée, a produit l'usage dans le langage de
la copule, d’une façon telle qu’elle ait été en somme
isolée comme signifiant.
S'arrêter au verbe être…
ce verbe qui n'est même pas, dans le champ
complet de la diversité des langues,
d'un usage qu'on puisse qualifier d'universel
…le produire comme tel, est queque chose qui comporte
une accentuation, une accentuation qui est pleine de risques.
Pour – si l’on peut dire - la détecter, et même
jusqu’à un certain point l’exorciser, il suffirait
peut-être d'avancer que rien n'oblige…
quand on dit que : « quoi que ce soit, c'est ce que c'est »
…d'aucune façon, ce « être », de l’isoler, de l’accentuer.
91
Et il semble que là, le pédicule se conserve qui nous
permette de situer d'où se produit ce discours de
l'être.
Il est tout simplement celui de :
– « l'être à la botte »,
– de « l'être aux ordres »,
– « ce qui allait être, si tu avais entendu ce que je t'ordonne ».
92
Dans le disque qui est bien, après tout, l’angle sous
lequel nous pouvons considérer tout un champ du
langage, celui qui en effet donne bien sa substance,
son étoffe, à être considérer comme disque, à savoir
que ça tourne, et que ça tourne très exactement pour
rien, ce disque est exactement ce qui se trouve dans
le champ, dans le champ d'où les discours se spécifient,
le champ où tout ça se noie, où tout un chacun est
capable, tout aussi capable, de s'en énoncer autant
mais, par un souci de ce que nous appellerons à très
juste titre décence, le fait - mon Dieu ! - le moins
possible.
Ce qui fait le fond de la vie en effet, c'est que
tout ce qu'il en est des rapports des hommes et des
femmes, ce qu'on appelle collectivité, « ça ne va pas ».
Ça ne va pas, et tout le monde en parle, et une
grande partie de notre activité se passe à le dire.
Il n'empêche qu'il n'y a rien de sérieux si ce n'est
ce qui s'ordonne d'une autre façon comme discours,
jusques et y compris ceci : que précisément ce
rapport, ce rapport sexuel…
en tant qu'il « ne va pas »
…il va quand même - grâce à un certain nombre de
conventions, d'interdits, d'inhibitions, de toutes
sortes qui sont l'effet du langage…
qui ne sont à prendre que
de cette étoffe et de ce registre
…et qui réduisent très précisément ceci qui tout d’un
coup nous fait revenir, nous fait revenir comme il
convient au champ du discours
95
S'il n'y avait pas de barre vous ne pourriez pas voir
qu’il y a du signifiant s'injecte dans le signifié.
Grâce à l’écrit se manifeste, se manifeste ceci
qui n’est qu’effet de discours, car s'il n'y avait
pas de discours analytique, vous continueriez à parler très
exactement comme des étourneaux, c'est-à-dire à dire
ce que je qualifie du disque-ourcourant, c'est-à-dire de
continuer le disque, le disque continuant ce quelque
chose qui est le point le plus important que révèle
le discours analytique seulement, c’est à savoir ceci qui ne
peut s’articuler que grâce à toute la construction du
discours analytique c’est que très précisément, il n’y a pas… je
reviens là-dessus puisque après tout c’est la formule
que je vous serine, mais de vous la seriner, faut-il
encore que je l'explique parce qu’elle ne se supporte
que de l'écrit précisément, et de l'écrit en ceci :
« que le rapport sexuel ne peut pas s'écrire ».
C’est ce que ça veut dire.
96
Ça c’est des vérités massives, et qui…
quand nous y regardons de plus près
…bien entendu nous mèneront plus loin.
Mais grâce à quoi ? Grâce à l'écriture qui d’ailleurs
ne fera pas objection à cette première approximation,
puisque justement c'est par là qu'elle montrera que
c'est une suppléance de ce « pas-toute » sur quoi repose
– quoi ? - la jouissance de la femme.
C’est à savoir que cette jouissance qu'elle n'est pas-toute,
c'est-à-dire qui quelque part la fait absente d'elle-
même, absente en tant que sujet, qu’elle y trouvera
le bouchon de ce (a) que sera son enfant.
Mais d’un autre côté, du côté de l'(x), à savoir de
ce qui serait l'homme si ce rapport sexuel pouvait
s'écrire d'une façon soutenable, soutenable dans un
discours, vous verrez que l'homme n'est qu'un signifiant
parce que, là où il entre en jeu comme signifiant, il n'y
entre que quoad castrationem c'est-à-dire en tant
qu'il a un rapport – un rapport quelquonque - avec
la jouissance phallique.
97
la première fois, autant que je me souvienne, que
j'ai parlé de la lettre…
j’ai sorti ça je ne sais plus quand, maintenant
je vais plus rechercher, je vous dit :
j’ai horreur de me relire, mais il doit bien
y avoir quinze ans, quelque part à Sainte-Anne
…j'ai essayé de faire remarquer cette petite chose
que tout le monde connaît bien sûr…
que tout le monde connaît quand on lit un peu,
ce qui n'arrive pas à tout le monde
…qu'un nommé Sir FLINDERS PETRIE34 par exemple avait
cru remarquer que les lettres de l'alphabet phénicien
se trouvaient bien avant le temps de la Phénicie sur
de menues poteries égyptiennes où elles servaient de
marques de fabrique.
98
sur lequel j’aurai certainement, dans ce qui sera la
suite, l’occasion d’apporter quelques développements.
La lettre en tant qu’effet : n'importe quel effet de
discours a ceci de bon qu'il fait de la lettre.
10
1
16 Janvier 1973 Table des
matières
10
2
La jouissance c'est bien ce que j'essaie de rendre présent
par ce dire même.
10
3
Il nous faut, cette année, articuler ce dont il
s'agit qui est bien là comme au pivot de tout ce qui
s'est institué de l'expérience analytique : l'amour.
L'amour, il y a longtemps qu'on ne parle que de ça.
Ai-je besoin d'accentuer qu'il est au centre, qu'il
est au cœur, très précisément du discours philosophique et que
c'est là assurément ce qui doit nous mettre en garde.
10
4
cette idée jusque là cernée, frôlée, approchée,
approximative de l’ être
…vient à culminer dans ce violent arrachement
à la fonction du temps, par l'énoncé de l'Éternel,
il en résulte d'étranges conséquences.
C'est à savoir l'énonciation :
– qu'il y a l’ être qui, éternel, l'est de lui-même…
– qu'il y a l’ être qui, éternel, ne l'est pas de lui-même…
– qu'il y a l’ être qui éternel…[ lapsus ] qui, non
éternel,
n'a pas cet être fragile, en quelque sorte
précaire, voire inexistant, ne l'a pas de lui-même…
mais qui s'arrête à ce qui semble s'en imposer du
fait des définitions logiques…
si toutefois la négation suffisait
dans cet ordre, d'une fonction univoque
à assurer l'existence
…qui s'arrête à ceci :
– que ce qui n'est pas éternel ne saurait en aucun
cas…
puisque des quatre subdivisions
qui se produisent de cette alternance
de « l'affirmation » et de « la négation »
de « l'éternel » et du « de lui-même »
…y a-t-il, dit-il, un être qui non éternel, puisse être de lui-même ?
Et assurément ceci paraît…
au Richard de Saint Victor en question
…devoir être écarté.
10
6
La notion même de quart de tour évoque la révolution, mais
certes pas dans le sens où révolution est subversion.
Bien au contraire, ce qui tourne…
c'est ce qu'on appelle révolution
…est destiné, de son énoncé même, à évoquer le retour.
Assurément nous n'y sommes point, à l'achèvement
de ce retour, puisque c'est déjà de façon fort pénible
que ce quart de tour s'accomplit.
Mais il n'est jamais trop d'évoquer d'abord que s'il
y a eu quelque part révolution ce n'est certes pas au
niveau de COPERNIC qu'il avait été inutile d'évoquer
des termes qui ne sont que d'érudition historique.
C'est à savoir que depuis longtemps l'hypothèse avait
été avancée que, que le soleil était peut-être bien
le centre autour duquel ça tournait.
Mais qu'importe !
38 Sur les conceptions de la Gravitation cf. Arthur Koestler, Les somnambules, éd.
Calmann-Lévy, 1960.
10
8
si difficile à soutenir dans son décentrement,
qui a à faire encore son entrée dans
la conscience commune
…qui peut d'aucune façon subvertir quoi que ce soit.
Pourtant, si on me permet de me servir quand même
de cette référence dite copernicienne, j'en accentuerai ce
qu'elle a d'effectif de ceci que ce n'est pas du tout
d'un changement de centre qu'il s'y agit.
Le point vif…
comme quelques-uns, quand même,
ont eu l'idée de s'en apercevoir
…ça n'est ni COPERNIC, un peu plus KEPLER, à cause du
fait que ça ne tourne pas de la même façon, ça tourne
en ellipse. Et déjà c'est plus énergique comme correctif à
cette fonction du centre : c'est elle qui est mise en
question. Ce vers quoi ça tombe est en un point de
l'ellipse qui s'appelle le foyer. Et dans le point
symétrique, il n'y a rien. Ceci assurément est correctif
tout à fait essentiel à cette image du centre.
10
9
F = grand G facteur de mm' sur r2 ou d2 [ F = (G. mm’) / d2 ] :
la distance qui sépare les deux masses exprimées par
m et m', et que ce qui s'exprime ainsi, à savoir une
force, une force en tant que tout ce qui est masse
est susceptible, au regard de cette force, de prendre
une certaine accélération, que c'est tout entier dans
cet écrit, dans ce qui se résume à ces cinq petites
lettres écrites au creux de la main, avec un chiffre
en plus, comme puissance, puissance au carré de la
distance et inversement proportionnel au carré de la
distance.
C'est là, c'est dans cet effet d'écrit, que consiste ce
qu'on attribue donc indûment à Copernic, dans quelque
chose qui, justement, nous arrache à la fonction
comme telle, fonction imaginaire, fonction imaginaire
et pourtant fondée dans le réel, de la révolution.
Ceci étant énoncé…
rappel sans doute, mais aussi bien prélude
…ce qu'il importe c'est de souligner que ce qui est
produit, ce qui est produit comme tel dans l'articulation
de ce nouveau discours qui émerge comme étant
le discours de l'analyste, le discours de l'analyse, c'est ceci :
c'est que le fondement, le départ, est pris dans l'effet
comme tel de ce qu'il en est du signifiant.
11
0
Et que de ceci résulte ce quelque chose qui tout de même
reste étrange, c'est à savoir que quelqu'un, un « Un »…
une partie de ce monde est, au départ, supposé
pouvoir en prendre connaissance
…s'y trouve dans cet état qu'on peut appeler
d'ex-sistence, car comment supporterait-il autrement
de pouvoir prendre connaissance si, d'une certaine
façon, il n'était pas ex-sistant.
11
1
ce qui peut être l'horizon du discours analytique que cet
emploi qui est fait par la mathématique, cet emploi
qui est fait de la lettre, comme étant singulièrement ce qui
d'une part révèle dans le discours ce qui - pas par
hasard ! - est appelé la grammaire : la chose qui ne se
révèle du langage qu'à l'écrit.
11
2
Mais à l'écrire autrement que le « par-être »… non pas
paraître comme on l'a dit depuis toujours,
le phénomène, ce au-delà de quoi il y aurait ce
quelque chose dont Dieu sait - « noumen » ! –
elle nous a en effet menés, c'est-à-dire à toutes les
opacifications qui se dénomment justement de l'obscurantisme.
Que c'est dans le paradoxe même…
de tout ce qui arrive à se formuler
comme effet d'écrit du langage
…que c'est au point même où ces paradoxes jaillissent
que l'être se présente, et ne se présente jamais que de par-être.
Aussi longtemps que se dira quelque chose, « l'hypothèse Dieu » sera là.
Et c'est bien justement à essayer de dire quelque chose
que se définit ce fait, qu'en somme, il ne peut
y avoir de vraiment athées que les théologiens.
C'est à savoir ceux qui, de Dieu, en parlent.
Aucun autre moyen de l'être, sinon de cacher sa tête
dans ses bras au nom de je ne sais quelle trouille,
comme si jamais ce Dieu avait effectivement manifesté
une présence quelconque.
11
4
Il faut, il le faut bien, il faut que ça dure encore,
à savoir que par l'intermédiaire de ce sentiment
quelque chose se produise qui en fin de compte…
comme l'ont très bien vu des gens, qui à l'égard
de tout ça, ont pris leurs précautions, comme ça,
sous le paravent de l'Église
…que ça aboutisse à la reproduction.
À la reproduction de quoi ?
À la reproduction des corps.
11
5
Enfin, qu'est-ce que ça pouvait bien être que ces
drôles de dés, à quoi jouait-on avec ça ?
Tout ça, comme c'est d'habitude la fonction de
l'Histoire, il faudrait dire surtout : ne touchez pas
à la hache, initiale de l'Histoire, ce serait une
bonne façon de ramener les gens à la première des
lettres, celle à laquelle je me limite, je reste
toujours à la lettre A. Il est d'ailleurs tout à fait
clair que la Bible ne commence qu'à la lettre B,
elle m'avait laissé la lettre A [ Rires ] - hein ! –
pour que je m'en charge !
Il y a beaucoup à s'instruire, non pas en recherchant
les cailloux du Mas d'AZIL, ni même en faisant ce que
j'ai fait comme ça, pour mon bon public, dans un
temps39 - public d'analystes - un bon petit temps.
On leur expliquait le trait unaire, l'encoche, c'était à la
portée de leur entendement.
Mais il faudrait mieux regarder de plus près ce que
font les mathématiciens avec les lettres, et
nommément depuis que…
au mépris d'un certain nombre de choses,
et de la façon la plus fondée
…ils se sont mis, sous le nom de théorie des ensembles, à
s'apercevoir qu'on pouvait aborder l'Un d'une autre
façon que intuitive, fusionnelle, amoureuse enfin.
11
6
C'est vraiment la façon la plus grossière de donner à
ce terme…
à ce terme qui se dérobe manifestement
…du rapport sexuel, son signifié.
11
7
À savoir mettons-y ce qu'on appelle des objets de pensée ou
des objets du monde, tout ça, ça compte chacun pour « Un »,
et si nous assemblons ces choses absolument hétéroclites,
nous nous donnons le droit de désigner cet assemblage
par une lettre.
C'est ainsi que s'exprime, au début de la théorie des
ensembles, par exemple celle que la dernière fois j'ai
avancée au titre de Nicolas BOURBAKI.
11
9
de quelque chose qui se rapporte à l'éducation sexuelle n'est
certainement pas fait…
du point de vue du discours de l'analyste,
…pour paraître plein de promesses de bonnes rencontres
ou de bonheur, comme on dit de nos jours.
12
0
Très précisément au niveau de ce que supporte chacun
des sujets non pas d'être « un entre autres »,
mais d'être par rapport aux deux autres celui qui est
l'enjeu de leur pensée, à savoir très précisément
chacun n'intervient dans ce ternaire qu'au titre
justement de cet objet petit(a) qu'il est sous le
regard des autres. C'est ce que sans doute j'aurai
l'occasion d'accentuer dans ce que j'avancerai plus tard.
En d'autres termes ils sont trois, mais en réalité
ils sont deux plus (a), et c'est bien en ceci que ce
deux plus (a), au point du (a), se réduit non pas aux
deux autres mais à un « Un +(a)».
12
1
De quoi s'agit-il dans le signe ?
Depuis toujours la théorie cosmique de la connaissance,
la conception du monde fait état de l'exemple fameux
de « la fumée qu'il n'y a pas sans feu ».
Et pourquoi ici n'avancerais-je pas ce qu'il me semble.
C'est que la fumée peut être aussi bien le signe du fumeur,
et non seulement aussi bien le signe du fumeur,
mais qu'elle l'est toujours par essence,
que il n'y a de fumée que de signe du fumeur.
Chacun sait que si vous voyez une fumée au moment où
vous abordez une île déserte, vous vous dites tout de
suite qu'il y a toutes les chances qu'il y ait là
quelqu'un qui sache faire du feu, et jusqu'à nouvel
ordre, ce sera un autre homme.
12
3
13 Février 1973
Table des matières
12
4
Il n’y a qu'un malheur pour un certain nombre ici,
c'est que ça ne peut pas se lire en français.
C'est manifestement intraduisible.
Il m'est arrivé, il m'est arrivé de m'assurer…
je ne le soupçonnais pas jusqu'à présent
…en m'en faisant venir un exemplaire pendant
que j'étais à la montagne, en m'en faisant venir
un exemplaire qu'on a pu me trouver, grâce à je ne
sais quoi qui arrive dans l'édition…
les éditeurs m'enragent ! Ce n'est pas une raison
pour que je leur fasse de la réclame, en en parlant
justement de ce qu'ils m'enragent
…dans l'occasion c'est pas ça qui m'enrageait
du tout, simplement une traduction qui bien sûr
m'avait servi, à moi comme aux autres…
parce qu'il ne faut pas croire que je lis
comme ça aisément, enfin, le grec
…et alors la traduction, quand elle est en face,
donne un petit support, enfin… Ouais !
Enfin bref, il y avait chez GARNIER autrefois une
chose qui a pu me faire croire qu'il y avait une traduction,
d'un nommé VOILLEQUIN, ou VOILQUIN,
je ne sais pas comment ça se prononce.
C'est un universitaire évidemment, c'est pas de sa
faute !… c'est pas de sa faute si le grec ne se
traduit pas en français !
Quoi qu'il en soit, pour avoir eu cette traduction
toute seule, depuis quelques temps les choses s'étant
condensées de façon telle, qu'on ne vous donne plus
chez GARNIER que…
qui s'est en plus réuni à FLAMMARION, ouais !
…on ne donne plus chez GARNIER que le texte français.
Ouais ! Alors quand vous lisez ça, vous n'en sortez pas.
C'est à proprement parler inintelligible.
12
5
dessus comme des cheveux sur la soupe, on n'en a pas
encore parlé …il paraît bien qu'il y a une différence entre les fins 43».
Je défie quiconque qui pourra de ce texte s'en
débrouiller sans d'abondants commentaires, et qui ne
peuvent pas ne pas faire référence…
et je vous assure très péniblement toujours
…au texte grec, pour éclairer cette masse épaisse,
dont pourtant il est tout de même impossible de penser
que c'est simplement parce que c'est des notes mal prises.
On a été, bien sûr, parce que… il vient, il vient
comme ça avec le temps quelques lucioles dans l'esprit
des commentateurs, il leur vient à l'idée que s'ils
sont forcés de se donner tant de peine, il y a
peut-être à ça une raison ! enfin, il est pas forcé
du tout que ARISTOTE ce soit impensable.
J'y reviendrai…
12
6
moi je ne cherche pas à les convaincre.
Il ne faut pas convaincre : le propre de la psychanalyse,
c'est de, de ne pas vaincre, con ou pas ! [ Rires ]
C'était quand même un séminaire pas mal du tout ! [ Rires
]
12
7
…vous verrez qu'ARISTOTE c'est pas plus compréhensible
que ce que je vous raconte, et que ça l'est même
plutôt moins parce qu'il remue plus de choses,
et des choses qui nous sont plus lointaines.
La culture…
la culture qui sera devenue pour eux
de la culture, parce que depuis longtemps
vous serez là-dessous
…tout ce que vous supportez de lien social, car en fin de
compte il n'y a que ça : ce lien social que je désigne du
terme de discours.
12
8
Parce qu'il n'y a pas d'autre moyen de le désigner,
dès qu'on s'est aperçu que le lien social ne s'instaure que
de s'ancrer dans une certaine façon dans le langage,
s'imprime, se situe, se situe sur cette « grouille »,
c'est-à-dire l'être parlant.
Faut pas s'étonner, faut pas s'étonner que des
discours antérieurs…
et puis il y en aura d'autres
…des discours antérieurs ne soient plus pensables
pour nous, ou très difficilement.
Bon, je veux dire que… en fin de compte de la même
façon que, moi le discours que j'essaye d'amener
au jour, il ne vous est pas - comme ça - tout de
suite accessible de l'entendre, d'où nous sommes
il n'est pas non plus très facile d'entendre
le discours d'ARISTOTE.
Mais est-ce que c'est une raison pour qu'il ne soit
pas pensable ? Il est tout à fait clair qu'il l'est !
C'est simplement quand… quand nous imaginons, enfin,
qu'ARISTOTE veut dire quelque chose, enfin que nous
nous inquiétons de ce qu’il entoure.
Parce qu'après tout, ce qu'il entoure, ce qu'il prend
dans son filet, dans son réseau, ce qu'il retire,
ce qu'il manie… à quoi il a affaire, avec qui il se
bat, qu'est-ce qu'il… qu'est-ce qu'il soutient,
qu'est-ce qu'il supporte, qu'est-ce qu'il travaille,
qu'est-ce qu'il poursuit ?
12
9
Peu importe quel en fut alors l'usage, on sait que ça
se véhiculait, qu'il y avait des volumes d'ARISTOTE.
Ça nous déroute quand même, et très précisément en
ceci : « où est-ce que ça les satisfaisait » n'est
traduisible que de cette façon « où est-ce qu'il y aurait eu faute à
une certaine jouissance ? ».
La réalité est abordée avec les appareils de la jouissance, voilà encore une
formule que je vous propose, si tant est que nous
nous centrions bien sur ceci : que d'appareil il n'y en a
pas d'autre que le langage.
C'est comme ça que chez l'être parlant la jouissance
est appareillée, et c'est ça ce que dit FREUD,
bien sûr si nous corrigeons cet énoncé qui est celui où
je vais en venir tout à l'heure pour l'accrocher,
à savoir celui du principe du plaisir.
Ce que ça veut dire ?
Pourquoi il l'a dit comme ça ?
13
0
Qu'est-ce que je vous ai dit : la réalité est abordée
avec ça, avec les appareils de jouissance.
Et oui, ça veut pas dire que la jouissance est
antérieure à la réalité, c'est là aussi un point où
FREUD a prêté à malentendu, quelque part.
Et vous trouverez dans ce qui est classé en français
dans les Essais de Psychanalyse 46…
je vous dis ça pour que vous vous repériez,
si je vous donne simplement l'indication bibliographique,
vous saurez même pas où c'est
…c'est dans les Essais de Psychanalyse.
Il y a quelque chose qui ressemble, qui ressemble
à l'idée d'un développement, n'est-ce pas, qu'il y a un
Lust-Ich avant un Real-Ich.
C'est un glissement, c'est un retour à l'ornière,
cette ornière que j'appelle le développement, et qui n'est
qu'une hypothèse de la maîtrise.
13
1
Quant à moi, j'ai jamais regardé un bébé sans…
en ayant le sentiment qu'il n'y avait pas pour lui de
monde extérieur : il est tout à fait manifeste qu'il
ne regarde que ça, et que ça l'excite manifestement !
L'univers…
à partir de certaines petites - comme ça -
lumières, un peu… que j'ai essayé de vous donner
…l'univers, l'univers c'est une fleur de rhétorique.
Alors ça pourrait peut-être aider à comprendre que…
avec cet écho littéraire, que le moi, peut-être aussi,
l'est… fleur de rhétorique sans doute, qui pousse
du pot du principe du plaisir, de ce que FREUD appelle
Lustprinzip, et de ce que je définis : « de ce qui se
satisfait du blablabla ». Car c'est ça quand je dis que
l'inconscient est structuré comme un langage.
Faut que je mette les points sur les i !
47 Poème ou chant composé à l'occasion d'un mariage pour célébrer les nouveaux
mariés
13
3
…j'ai dit que je referais L'Éthique de la psychanalyse, mais
c'est parce que je la ré-extrais, je ne peux pas ne
pas rester au point où j'en suis, de sorte que de
donner ce titre absolument fou pour une conférence aux
milanais qui n'ont jamais entendu parler de ça :
la psychanalyse dans sa référence au rapport sexuel.
Ben ils sont très intelligents.
13
5
Mais l'objet c'est un raté, c'est l'essence de l'objet
le ratage. Vous remarquerez – hein - que j'ai parlé
de l'essence – hein - tout comme ARISTOTE…
Et puis après !
Ça veut dire que ces vieux mots sont tout à fait
utilisables.
Enfin, dans un temps où je piétinais moins
qu'aujourd'hui…
c'est même là que j'en suis passé,
tout de suite après ARISTOTE
…j'ai dit que si quelque chose avait un peu aéré
l'atmosphère après tout ce piétinement grec autour de
l'eudémonisme…
ça veut dire le bonheur, tout simplement,
ça, ça se traduit
si quelque chose les avait tirés de là, c'était la
découverte de l'utilitarisme.
13
6
à la traduire : « à ce qu'il y ait là, jouissance qu'il ne faut pas ».
Oui, j'enseigne là quelque chose de positif comme on
dit, à ceci près que ça s'exprime par une négation.
Et pourquoi ça serait pas aussi positif qu'autre chose ?
Le nécessaire, ce que je vous propose d'accentuer de ce
mode, ce qui ne cesse - de quoi ? - eh ben justement,
de s'écrire, c'est une très bonne façon de répartir au
moins quatre catégories modales.
Je vous expliquerai ça une autre fois, mais je vous
en donne un petit bout de plus pour cette fois-ci.
Ce qui ne cesse de ne pas s'écrire, c'est une catégorie modale qui
n'est justement pas celle que vous auriez attendue
pour s'opposer au nécessaire…
qui aurait été plutôt le contingent
…mais figurez-vous que le nécessaire est conjugué à l'impossible.
Et ce « ne cesse de ne pas s'écrire », c'en est l'articulation.
Mais laissons !
Le nécessaire en tant qu'il ne cesse de s'écrire, c'est que
ce qui se produit c'est « la jouissance qu'il ne faudrait pas ».
C'est là le corrélat de ce qu'il n'y ait pas de rapport sexuel.
Et c'est le substantiel de la fonction phallique.
13
7
ça, comme j'ai pris mes notes ce matin, vous
perdrez le fil
… s'il y en avait une autre, il ne faudrait pas que ce soit celle-là.
C'est ça l'utilitarisme.
Et ça a permis un grand pas pour décoller des
vieilles histoires, là, d'universaux où on était engagé
depuis PLATON et ARISTOTE, et où ça avait traîné
pendant tout le Moyen-âge, et où ça étouffe encore
LEIBNIZ, au point qu'on se demande comment il a été
aussi intelligent.
Oui, s'il y en avait une autre, il ne faudrait pas que ce soit celle-là.
Écoutez ça !
Qu'est-ce que ça désigne « celle-là » ?
Ça désigne ce qui dans la phrase est l'autre ?
Ou celle d'où nous sommes partis pour désigner cette
autre, comme autre ?
Parce qu'enfin, si je dis ça qui se soutient au
niveau de l'implication matérielle, parce qu'en somme
la première partie désigne quelque chose de faux
« s'il y en avait une autre » :
il n'y en a pas d'autre que la jouissance phallique.
13
8
Qu'ils se soient aperçus de ça tous seuls, ces
Stoïciens, il y avait CHRYSIPPE51, et puis il y en
avait un autre qui n'était pas du même avis.
Mais quand même, il ne faut pas croire que c'était
des choses qui n'avaient pas de rapport avec la jouissance.
Il suffit de faire réhabiliter ces termes.
Il est donc faux « qu'il y en ait une autre », ce qui nous
empêchera pas de jouer une fois de plus de l'équivoque,
et à partir non pas de faillir mais de faux, et de dire
qu’« il ne faudrait pas que ce soit celle-là ».
À supposer qu'il y en ait une autre, mais justement
il n'y en a pas, et du même coup, c'est pas parce
qu'il n'y en a pas…
et que c'est de ça que dépend le « il ne faudrait pas »
…pour que le couperet n'en tombe pas moins sûr.
13
9
ce dont je suis parti, je suppose que vous ne vous en
souvenez pas, c'est que quand je m'oublie au point
de… de « poublier », c'est-à-dire « toublier », il y a du
« tout » là-dedans, eh bien je mérite d'écoper.
D'écoper que ce soit de moi qu'on parle, et pas du
tout de mon livre.
Exactement comme ça se passait – enfin c'est partout
pareil - à Milan où c'est peut-être pas tout à fait
de moi qu'on parlait quand on disait que pour moi
« les dames n'existent pas », mais c'est certainement pas
de ce que je venais de dire.
14
0
Au rapport sexuel en ce sens qu'à cause de ce qu'elle parle,
ladite jouissance, lui, le rapport sexuel, n'est pas.
14
2
du pur plaisir.
14
3
…le rôle de ce qui vient à la place du partenaire manquant,
que se constitue - mais quoi ? - ce dont nous avons
l'usage de voir surgir aussi à la place du réel,
à savoir le fantasme.
14
4
20 Février 1973
Table des matières
53 Lacan introduit le prosdiorisme dans la séance du 12-1-72 de ... ou pire. Il s’agit des
premiers « quantificateurs » tels que le « un », le « quelque », le « tous ». Cf. La
philosophie du langage exposée d'après Aristote, M. Séguier, 1838.
14
5
qui désigne justement, ce « tout », ce « quelque » à
l'occasion, qui ne manquent dans aucune langue.
Que ce soit le prosdiorisme - le « tout » - qui dans
l'occasion vient à nous faire glisser de la justice
d'ARISTOTE à la justesse, à la « réussite de justesse »,
c'est bien là ce qui me légitime à avoir d'abord
produit cette entrée d'ARISTOTE du fait que ça ne se
comprend pas tout de suite comme ça.
14
6
Bien sûr, comme il s'avère, par la chute du livre,
c'est un amour dont le moins qu'on puisse dire est
que sa doublure habituelle dans la théorie analytique
n'est pas sans pouvoir être évoquée.
Il me semble que ça serait trop dire…
et puis peut-être même, est-ce trop en dire que
mettre là-dedans d'une façon quelconque les sujets
…ça serait peut-être là, trop les reconnaître en tant
que sujets que d'évoquer leurs sentiments.
14
7
discours est fait pour les mener, qu'ils se tiennent
quitte, qu'ils se déclarent…
ou me déclarent ce qui revient au même
… au point où ils en parviennent, être quinauds56.
Mais justement, c'est là où je trouve tout à fait
indiqué que vous vous affrontiez vous-mêmes - je le
souligne - jusqu'aux conclusions dont vous verrez
que somme toute on peut les qualifier de sans-gêne.
Jusqu'à ces conclusions, le travail se poursuit d'une
façon où moi, je ne puis reconnaître qu'une valeur
d'éclaircissement, de lumière, tout à fait saisissant.
14
8
Il y a longtemps que là-dessus j'ai scandé d'un
certain « Y'a d'l'Un »57 ce qui fait le premier pas dans
cette démarche.
Ce « Y'a d'l'Un », c'est le cas de le dire, ça n'est pas
simple.
15
2
n'existait pas. Évidemment, ils entendent, ils
entendent…
mais hélas ils comprennent, et ce qu'ils comprennent
est un peu précipité.
Je m'en vais peut-être plutôt aujourd'hui vous
montrer en quoi, justement, il existe ce bon vieux Dieu.
Le mode sous lequel il existe plaira peut-être pas tout à fait
à tout le monde et notamment pas aux théologiens qui
sont - je l'ai dit depuis longtemps - bien plus forts
que moi à se passer de son existence.
Malheureusement, je vais pas tout à fait dans la même
position. De ce que justement j'ai affaire à l'Autre,
et que cet Autre, cet Autre qui, s'il n'y en a qu'un
tout seul, doit bien avoir quelque rapport avec ce
qui alors apparaît de l'autre sexe, cet Autre je suis
bien forcé d'en tenir compte et chacun sait qu'après
tout je ne me suis pas refusé dans cette même année
que j'évoquais la dernière fois de l'Éthique de la psychanalyse,
de me référer à l'amour courtois.
15
3
Mais enfin j'aurai affaire…
plus tard je le reprendrai, il faut
qu'aujourd'hui je fende un certain champ
…j'aurai affaire à cette notion de l'obstacle qui,
dans ARISTOTE, parce que malgré tout je préfère quand
même ARISTOTE à Jaufré RUDEL, hein, ce qui dans
ARISTOTE s'appelle justement l'obstacle, l'ἔνστασιζ [
enstasis ].
Mes lecteurs…
mes lecteurs dont, je vous le répète, il faut
tous que vous achetiez tout à l'heure le livre
…mes lecteurs ont même trouvé ça, à savoir que
l'instance qu'ils interrogent avec un soin, une
précaution…
je vous dis, je n'ai jamais vu un seul de mes
élèves faire un travail pareil, hélas !
Personne ne prendra jamais au sérieux
ce que j'écris, sauf bien entendu ceux dont
j'ai dit tout à l'heure comme ça incidemment
qu'ils me haïssent sous prétexte qu'ils me
désupposent le savoir, qu'importe !
…Oui ! Ils ont été jusqu'à découvrir l'ἔνστασιζ
[ enstasis ], l'obstacle logique aristotélicien que j'avais gardé
pour la bonne bouche, pour cette Instance de la lettre.
15
4
- Bon, attendez ! Oui. Voilà !
15
6
Et l'être de la signifiance, je ne vois pas en quoi, n'est-ce
pas, je déchois aux idéaux, aux idéaux je dis, parce
que c'est tout à fait hors des limites de son épure
au matérialisme, tout à fait en dehors des limites de
son épure de reconnaître que la raison de cet être de la
signifiance c'est la jouissance en tant qu'elle est
jouissance du corps.
15
7
que je vous l'ai déjà assez seriné pour que vous
l'ayez encore dans la tête.
Je dis qu'à moins de castration…
c'est-à-dire de quelque chose qui dit non à cette
fonction phallique et Dieu sait que c'est pas tout simple
…il y a aucune chance que l'homme ait jouissance du corps
de la femme, autrement dit fasse l'amour.
16
0
probablement, enfin je dois bien un peu baver comme
tout le monde, mais enfin en général je dis des
choses importantes…
et quand je remarque que le populaire appelle…
populaire, moi j'en connais, ils sont pas
forcément ici, mais j'en connais pas mal !
…le populaire appelle la femme « la bourgeoise »,
c'est bien ça que ça veut dire : c'est que pour être
à la botte – hein ? - c'est lui qui l'est, pas elle.
Donc le phallus…
« son homme » comme elle dit
…euh, depuis RABELAIS on sait que ça lui est pas
indifférent. Seulement toute la question est là :
Elle a divers modes de l'aborder ce phallus et de
se le garder, hein.
Et même que ça joue, parce que c'est pas parce
qu'elle est « pas toute » dans la fonction phallique qu'elle y est
pas du tout. Elle y est pas « pas du tout », elle y est à
plein, mais il y a quelque chose en plus…
cet en plus, hein, faites attention, gardez-vous
enfin d'en prendre trop vite les échos, je peux
pas le désigner mieux ni autrement parce qu'il
faut que je tranche et que j'aille vite
…il y a une jouissance…
puisque nous nous en tenons à
la jouissance, jouissance du corps
…il y a une jouissance qui est…
si je puis m'exprimer ainsi parce qu'après tout,
pourquoi pas en faire un titre de livre, c'est
pour le prochain de la collection Galilée :
Au-delà du phallus, ça serait mignon ça, hein ! et puis
ça donnerait une autre consistance au MLF. [ Rires ]
…une jouissance au-delà du phallus, hein !
16
1
…Oui ! Il y a quelque chose que peut-être les
quelques semblants d'hommes en question ont pu
remarquer…
comme ça de temps en temps,
enfin entre deux portes
…enfin il y a, il y a les choses qui les secouent
– hein ? - ou qui les secourent.
Et puis quand vous regardez en plus l'étymologie
de ces deux mots dans ce fameux Bloch et Von Wartburg59…
dont je fais mes délices et dont je suis sûr
que vous ne l'avez même pas chacun dans votre
bibliothèque
…vous verrez que le rapport qu'il y a entre secouer
et secourir, c'est pas des choses qui arrivent par
hasard, quand même !
16
2
ne sait rien, c'est que depuis le temps quand
même qu'on les supplie, qu'on les supplie à
genoux, et je parlais la dernière fois des
psychanalystes femmes, d'essayer quand même de
nous le dire, d'approcher ça, eh ben pfutt !
motus hein ! On n'a jamais rien pu en tirer.
…alors on appelle ça comme on peut : vaginale, le… le,
le, le, le, le pôle postérieur du museau de l'utérus
et autres conneries [ Rires ], c'est le cas de le dire.
16
3
…quelle débauche de littérature s'est produite autour
de ça :
– Denis de ROUGEMONT61, vous voyez ça : L'Amour et
l'Occident, ça barde ! [ Rires ]
– Et puis, et puis il y a un autre, qui est pas…
qui n'est pas plus bête qu'un autre, qui s'appelle
NYGREN62, c'est un protestant, oui, Éros et Agapè.
63 Hadewijch d’Anvers, Amour est tout, poèmes strophiques, Paris, Téqui, Livre d'or des
écrits mystiques 2000,
et Écrits mystiques des béguines, Paris, Seuil, Coll. Points Sagesses 2008.
16
4
Il y a quelques personnes, et justement le plus
souvent des femmes, ou bien des gens doués comme
Saint Jean de la Croix…
ouais, parce que on n'est pas forcé, quand on est
mâle, de se mettre du côté du ; !, on peut aussi
se mettre du côté du pas tout [.], oui.
16
5
Il est clair que le témoignage essentiel de
la mystique c'est justement de dire ça :
qu'ils l'éprouvent mais qu'ils n'en savent rien.
16
6
Comme tout ça se produit n'est-ce-pas, grâce à…
à l'être de la signifiance, et que cet être n'a d'autre lieu que
ce lieu de l'Autre que je désigne du grand A,
on voit la biglerie – hein ? - de ce qui se produit :
c'est comme cela aussi, enfin, que s'inscrit
la fonction du père en tant que c'est à elle que
se rapporte la castration, alors… alors on… on voit que ça
ne fait pas deux « Dieu », mais que ça n'en fait pas
non plus un seul.
16
7
16
8
13 Mars 1973
Table des matières
16
9
que c'est plus qu'une secondarité, que c'est une
désarticulation fondamentale.
Quoi qu'il en soit puisque j'ai pris le parti de vous
donner ce support, de cette inscription au tableau.
Je vais la commenter, j'espère brièvement.
D'ailleurs je l'ai - il faut que je vous l'avoue -
nulle part écrite, nulle part préparée, elle ne me
paraît pas exemplaire sinon, comme d'habitude,
à produire des malentendus.
17
1
la part dite homme ou bien femme dans ce qui se trouve
être dans cette position d'habiter le langage.
17
3
radicalement l'Autre, elle est ce qui a rapport à cet
Autre. Et c'est là ce qu'aujourd'hui je voudrais
tenter d'articuler de plus près.
C'est au signifiant de cet Autre, en tant que comme
Autre, je dirai, il ne peut rester que toujours
Autre, assurément, ici, nous ne pouvons que procéder
que d'un frayage aussi difficile qu'il est possible
d'en appréhender aucun.
Et c'est pourquoi en m'y aventurant…
comme je fais à chaque fois devant vous
…je ne puis ici que supposer que vous évoquerez…
et pour cela, il faut que je vous le rappelle
…qu'il n'y a pas d'Autre de l'Autre, que c'est pour cela que ce
signifiant - avec cette parenthèse ouverte : S(A) -
marque cet Autre comme barré.
17
4
– la théorie analytique nous désignons de ce phallus
tel que je le précise d'être le signifiant,
le signifiant qui n'a pas de signifié.
Celui-là même qui se supporte, qui se supporte chez
l'homme de cette jouissance, de cette jouissance
dont, comme ça pour la pointer, je vous dirai que,
j'avancerai aujourd'hui que ce qui le mieux
le symbolise, qu'est-ce après tout sinon ceci…
que l'importance de la masturbation
suffisamment dans notre pratique souligne
qu'est-ce qu'elle est, sinon ceci qui n'est rien
d'autre…
dans les cas - si je puis dire – favorables
…que la jouissance de l'idiot ?
Léger mouvement ! … [ Rires ]
Après ça, pour vous remettre [ Rires ], il ne me reste
plus qu'à vous parler d'amour. [ Rires ]
Quel sens cela peut-il avoir, quel sens y a-t-il
à ce que j'en vienne à vous parler d'amour ?
Je dois dire que c'est peu compatible avec la
position d'où ici je vous énonce…
17
5
je pense – est au moins de la pratique d'une partie
de cette assemblée.
17
7
changements, générations, mouvements, translations,
augmentations, etc.
18
0
Tant en effet que l'âme « âme » l'âme, il n'y a pas
de sexe dans l'affaire, le sexe n'y compte pas.
L'élaboration dont elle résulte est hommo avec deux m,
hommosexuelle, comme cela est parfaitement lisible dans
l'histoire.
18
1
…ὔστερον [ usteron ] que ça se dit en grec : de l'hystérie,
soit de « faire l'homme » comme je l'ai dit, à être de ce
fait « hommosexuelles », si je puis m'exprimer ainsi,
ou « horsexe » elles aussi.
18
2
et de la synthèse, il n'y a pas la moindre synthèse,
bien entendu, il n'y en a jamais.
18
4
Que les névrosés n'ont aucun des caractères du pervers
c'est certain, simplement ils en rêvent, ce qui, ce
qui, ce qui est bien naturel, car sans ça comment
atteindre au partenaire.
Les pervers, on a commencé quand même à en rencontrer
n'est-ce pas, ceux-là que voulaient absolument,
à aucun prix, voir ARISTOTE.
On a vu là qu'il y a une subversion de la conduite,
appuyée - si je puis dire - sur un savoir-faire,
qui est lié tout à fait à un savoir, et au savoir
- mon Dieu - de la nature des choses, un embrayage
direct si je puis dire, de la conduite sexuelle,
sur - il faut bien le dire - ce qui est sa vérité,
à la conduite sexuelle, à savoir son amoralité. Mettez de
l'âme au départ là-dedans si vous voulez : âmoralité. [ Rires
]
67 Sade : ( adjectif) Vieux mot qui n'est plus en usage, et qui signifiait autrefois gentil,
agréable. Et c'est de là que vient Maussade. ( Dictionnaire de L'Académie française, 1ère
édition ,1694)
18
5
– et que ceci est assez court.
Autrement dit que ce dont il s'agit, c'est que
l'amour soit impossible – ouais ! - et que le rapport
sexuel s'abîme dans le non-sens, ce qui ne diminue en
rien l'intérêt que nous pouvons avoir pour l'autre.
68 Aristote, De l'âme, Paris, Coll. des universités de France, Belles Lettres 2002.
18
6
qui fait du savoir l'acte par excellence - de quoi ? -
de quelque chose que…
il ne faut pas croire qu'ARISTOTE
était si à côté de la plaque
…de quelque chose qu'il voit comme n'étant rien que
le corps, à ceci près que le corps est fait pour une
activité, une ἑνέργεια [ energeia ] et quelque part
l'entéléchie69 de ce corps peut se supporter de cette
substance qu'il appelle l'âme.
18
7
assurément une âme, et une âme à l'occasion aimable
quand quelque chose veut bien l'aimer.
18
8
ne point connaître la haine, c'est ne point connaître
l'amour non plus.
Si Dieu ne connaît pas la haine, il est clair pour
EMPÉDOCLE qu'il en sait moins que les mortels.
De sorte qu'on pourrait dire que plus l'homme peut
prêter à la femme à confusion avec Dieu, c'est-à-dire
ce dont elle jouit, moins il hait…
les deux orthographes « h-a-i-t » et « e-s-t »
…et dans cette affaire aussi, puisqu'après tout
il n'y a pas d'amour sans haine, moins il aime.
18
9
20 Mars 1973 Table
des matières
19
0
de son expérience, c'est de sa part un témoignage,
si je puis dire, de bonne volonté.
Si l'hainamoration, justement, elle avait su l'appeler
d'un autre terme que de celui, bâtard, de l'ambivalence,
peut-être, peut-être aurait-elle mieux réussi
à réveiller le contexte de l'époque où elle s'insère.
Peut-être aussi est-ce modestie de sa part.
19
3
pour vous mes quadripodes : c'est que la jouissance
ne s'interpelle, ne s'évoque, ne se traque, ne s'élabore
qu'à partir d'un semblant.
L'amour lui-même - ai-je souligné la dernière fois -
s'adresse du semblant.
19
9
…de tous les discours qui se soutiennent actuellement,
c'est bien l'analyste qui, à mettre l’objet(a) à la place
du semblant, est dans la position la plus convenable
à faire ce qu'il est juste de faire, à savoir interroger…
interroger comme du savoir ce qu'il en est de la vérité.
Qu'est-ce c'est que le savoir ?
20
0
dit - je ne le vois pas ailleurs que dans ce don de
FREUD.
Nous avoir dit que l'inconscient, ça avait au moins ce
petit degré d'amorçage grâce à quoi la misère,
pouvait se dire qu'il y avait quelque chose qui là
vraiment…
et non pas comme on l'avait dit jusque là
…transcendait ?
Rien d'autre que ce langage qu'elle habite - cette
espèce - rien d'autre que ce langage et que de ce
langage, elle se trouvait en somme avoir, dans ce
qu'il en est de sa vie quotidienne, support de plus
de raison qu'il n'en pouvait apparaître, à savoir que
cette poursuite vaine d'une sagesse « inatteingible »
et toujours vouée à l'échec : il y en avait déjà là.
Mais alors, est-ce qu'il faut tout ce détour
pour poser la question, la question du savoir,
sous la forme : « qu'est-ce qui sait » ?
20
3
Qu'on ne me raconte pas d'histoires à propos de
Madame FREUD : là-dessus j'ai le témoignage de JUNG,
il disait la vérité, c'était même son tort,
il ne disait que ça. [ Rires ]
20
4
à ne pas savoir. C'est l'Autre qui fait le pas tout,
justement en ce qu'il est la part du « pas savant du tout »
dans ce pas tout.
20
5
pas exclu. Parce que si toute l'affaire… si toute l'affaire
d'ARISTOTE ça a été de concevoir l'être comme étant
ce par quoi les êtres « moins êtres » participent
au plus haut des êtres, c'est formidable !
C'est formidable que Saint THOMAS a réussi
à réintroduire ça dans une tradition chrétienne qui
bien entendu pour s'être répandue chez les Gentils,
enfin, était bien forçée de s'y être toute entière
formée, de sorte qu'il avait qu'à tirer sur les
ficelles pour que ça remarche.
Nous en sommes…
sur ce sujet de la haine
…si étouffés que personne ne s'aperçoit qu'une haine,
une haine solide ça s'adresse à l'être, à l'être même
de quelqu'un qui n'est pas forcément Dieu.
On en reste…
et c'est bien en quoi j'ai dit
que le (a) est un semblant d'être
…on en reste à la notion…
et c'est là que l'analyse comme toujours,
enfin, est un petit peu boiteuse
…on en reste à la haine jalouse, celle qui jaillit
de la « jalouissance », de celle qui « s'imageaillisse »
du regard de Saint AUGUSTIN, qui l’observe le petit
bonhomme – hein ? - il est là en tiers, il observe
le petit bonhomme et il voit que : pallidus,
20
6
enfin il en pâlit d'observer, suspendu à la têtine,
son conlactaneum suum.
20
7
10 Avril 1973 Table
des matières
LACAN
Qu'il n'y ait d'être que dans le dit, c'est une question,
que nous laisserons en suspens.
Il est certain que, qu'il n'y a du dit que de l'être,
mais cela n'impose pas la réciproque.
Par contre, ce qui est mon dire c'est :
qu'il n'y a de l'inconscient que du dit, ça c'est un dire.
Comment dire ?
C'est là la question !
On ne peut pas dire n'importe comment et c'est le
problème de qui habite le langage, à savoir de nous tous.
20
8
que nous ne pouvons traiter de l'inconscient
qu'à partir du dit, et du dit de l'analysant.
C'est bien dans cette référence que j'ai demandé
à quelqu'un…
qui, à ma grande reconnaissance
a bien voulu y accéder
…c'est-à-dire un linguiste, de venir aujourd'hui devant
vous…
et je suis sûr que vous en tirerez profit
ce qu'il en est actuellement de la position du linguiste.
20
9
72
Exposé de Jean-Claude MILNER
21
0
La deuxième grande proposition - qui s'enchaîne à la
première - c'est que les propriétés de tout système de
signes peuvent être décrites par des opérations assez
simples, ces opérations étant elles-mêmes justifiées
par la nature même du signe, essentiellement
sa nature d'être biface et d'être arbitraire.
Par exemple, parmi ces opérations, une qui est bien
connue : la commutation.
Ces opérations n'ont rien de spécifique au langage,
elles pourraient être appliquées - et ont été
appliquées - à d'autres systèmes.
21
2
à une autre configuration de ce champ, cette seconde
configuration intégrant la première et la présentant
comme un cas particulier de sa propre analyse.
Et ainsi, la linguistique structuraliste est réfutée
par la linguistique transformationnelle, mais en même
temps elle y est intégrée puisque la linguistique
structurale apparaît comme un cas particulier, plus
restrictif, de la linguistique transformationnelle.
21
4
à partir de la structure commune,
par une série d'opérations différentes
…tel et tel élément différencié de l'ensemble initial.
21
7
– que telle propriété est bien représentée sur deux
phrases,
– que cette propriété est la même dans les deux
cas,
– que d'autre part le fait que cette propriété soit
la même est un argument suffisant pour combiner
les deux phrases par une transformation, etc.
21
8
C'est une spécificité - admettons-le - des systèmes
linguistiques, que d'être articulables en termes de
transformations.
« Ce qui me garantit que c'est une propriété c'est justement que l'on puisse imaginer
a priori toute une série de systèmes formels non pourvus de transformations »
« Il n'y a aucune raison a priori pour que telle structure soit présente dans les langues,
or elle y est présente, donc j'ai une propriété, et ayant une propriété reconnaissable à
ce critère qu'elle est in-déductible a priori, j'ai atteint la thèse ultime de ma théorie,
et j'ai atteint mon objet ».
« Eh bien s'il y a des transformations dans les langues, eh bien cela tient à leur essence,
quelle que soit cette essence, par exemple celle d'être des instruments de communication,
ou par exemple celle de représenter des situations objectives ou toute essence qu'on pourrait
s'imaginer de ce côté-là ».
21
9
propriété ce n'est pas qu'elle soit in-déductible a priori,
mais c'est qu'elle soit au contraire déductible à
partir d'un principe fondamental qui articulerait
n'est-ce pas, qui formulerait l'essence même de la
langue prise comme telle.
Vous voyez que dans ce cas là on a deux théories
linguistiques tout à fait différentes et que l'objet
de la linguistique ne se formulera pas du tout de la
même façon, puisque :
– dans un cas l'objet de la linguistique sera
d'enregistrer, de chercher à découvrir tout
l'ensemble des propriétés en quelque sorte
inexplicables - a priori - des langues, que l'on
peut simplement enregistrer comme des données,
– dans l'autre cas l'objet de la linguistique sera
d'essayer de ramener l'ensemble des propriétés
que l'on aura pu découvrir objectivement à une
essence du langage quelle qu'en soit la définition.
22
2
…dont la pure syntaxe ne peut pas rendre compte si
elle continue à poser deux sujets absolument
symétriques, absolument homogènes l'un à l'autre
dont l'un sera le locuteur et l'autre l'interlocuteur.
Je renvoie sur…
pour une illustration de ce genre de problème
…au récent livre de DUCROT Dire et ne pas dire75, qui montre
à l'évidence qu'il y a toute une série de phénomènes
parfaitement repérables en termes positifs…
qui se repèrent en termes de structure
grammaticale, de mots, de choses tout à fait
enregistrables par des données
…que tous ces phénomènes ne peuvent pas être compris
si l'on ne pose pas au moins deux sujets, hétérogènes l'un
à l'autre, dont l'un exerce sur l'autre ce que DUCROT
appelle une relation de pouvoir, un exercice de pouvoir.
[ Applaudissements ]
75 Oswald Ducrot, Dire et ne pas dire ( 1972 ), Paris, Editeurs des Sciences et des Arts
Hermann, coll. Savoir, 1993.
22
3
Jacques LACAN
François RÉCANATI
22
5
part, la fonction père comme supportant l'universalité de la
fonction phallique chez l'homme, et d'autre part la
jouissance féminine supplémentaire qui s'épingle de
ce L → S(A) constituant ce qu'on pourrait appeler l'in-
universalité ou plutôt l'in-exhaustivité…
et ce n'est pas exactement le même sens
…de la femme au regard de Φ ainsi que sa position
dans le désir de l'homme sous les espèces de l'objet(a).
Comment figurer ces deux termes dont la biglerie - a
dit LACAN - est qu'ils se conjoignent tous deux
au lieu de l'Autre ? Comment peut-on les figurer ?
22
6
la limite, c'est la fonction bordante, c'est
l'enveloppement par le Un qui permet à un ensemble
de se poser en rapport à la castration.
22
7
Ce qui se joue, ai-je dit, entre il existe x tel que
non phi de x (: §) et d'autre part il n'existe pas d'x
tel que non phi de x (/ §) c'est l'existence,
et l'existence se pose dans ce double décrochement
de par rapport à Φ.
22
8
C'est ici qu'il faut situer…
à regarder le schéma d'à côté
…la vérité qu'il n'y a pas de rapport sexuel,
mais ce pourquoi j'ai avancé ceci était afin de
marquer que l'existence ne se pose par rapport à Φ
que dans cette altérité.
23
1
alors que ma question initiale, que je maintiens,
portait sur le rapport entre la jouissance féminine
supplémentaire et la fonction père du point de vue de
L femme, ce qui, d'une certaine manière, pose avant
tout l'autre question : y a-t-il un point de vue de L
femme ? Ce qui en pose encore une autre : peut-on
parler de perspectives en psychanalyse, y a-t-il des
points de vue, notamment qu'en est-il de l'imaginaire
chez la femme, puisque son rapport au grand Autre
n'apparaît privilégié que du point de vue de l'homme
qui la considère comme le représentant, s'il ne les
confond pas tous les deux ?
Peut-être, bien sûr, cette question est celle qui n'a
pas de réponse, ce qui, si c'était décidable, serait
certainement fructueux en ce sens qu'on pourrait au
moins détecter les réponses qui sont fausses.
L femme comme pas toute, nous l'avons vu, c'est le
signifiant du complexe : existence, Un, Autre - Autre
barré bien sûr - pour l'homme.
La triade du désir de l'homme peut ainsi s'écrire
avec le triangle sémiotique, et c'est mon troisième
schéma.
23
2
Que dit-il ?
Qu'il y a du langage, c'est-à-dire des signifiants,
qui ont des effets de signifié.
Or à partir du moment où ils ont des effets de
signifié…
ce qui ne va pas de soi du tout pour BERKELEY
…ces signifiants…
quand BERKELEY dit signifiant, enfin quand il ne
le dit pas mais quand je le dis à sa place, ça
veut dire n'importe quoi, chose, etc.
…ces signifiants sont tenus de déployer - dès lors
qu'ils ont des effets de signifié - leur existence
ailleurs que sur la scène du signifié.
L'évacuation matérielle des signifiants permet aux
signifiés de continuer leur ronde.
La chaîne signifiante est l'effet - toujours selon
BERKELEY - de la rencontre fortuite.
La chaîne des signifiés…
peut-être n'ai-je pas dit… j'ai dit des signifiants ?
…la chaîne des signifiés est l'effet de la rencontre
fortuite entre la chaîne des signifiants d'une part
et d'autre part quoi, certainement pas la chaîne des
signifiés puisqu'on voit qu'elle en est originaire,
mais bien plutôt ce qu'on pourrait appeler les sujets,
c'est-à-dire ce qui devient, à partir de cette
rencontre, des sujets, et qui n'étaient jusque là
que des signifiants comme les autres.
23
3
Du point de vue universel de la signification, l'évacuation
du signifiant dans ses effets est quelque chose
d'absolument nécessaire, c'est un a priori du champ de
la signification.
Mais du point de vue du nécessaire lui-même,
c'est-à-dire du signifiant, rien n'est plus contingent,
rien n'est plus supplétif, que la signification
elle-même.
Du point de vue de la nécessité intrinsèque du
signifiant, la signification est même impossible,
c'est le mot qu'emploie BERKELEY, c'est-à-dire
qu'elle est sans aucun rapport avec la raison interne
du signifiant. Mais cette impossibilité se réalise
quand même.
23
4
Cette figure que BERKELEY a remarquablement isolée,
il l'appelle l'arbitraire, c'est l'arbitraire des signes qui
n'est autre, dit-il, que l'arbitraire divin.
Bien plus : l'arbitraire des signes est une preuve,
pour BERKELEY, de l'existence de Dieu, c'est même la
preuve fondamentale de son système.
Quelque chose est impossible et pourtant c'est effectif.
Cela signifie que la conjonction de l'impossibilité
et de la réalité effective, qui est l'espace humain,
est une manifestation de la Providence, c'est tout à
fait providentiel que ces deux trucs divergents
se réunissent quand même, et que l'interprétation
de ce rapport, interprétation de ce rapport suivant
le schéma triadique, c'est-à-dire deux termes posés
ici et cette interprétation infinie, à son terme
inaccessible, conduit à Dieu.
Mais aussi, et pour des raisons évidentes, l'homme ne
peut en aucune manière mener à son terme cette
interprétation infinie qui serait une transgression
de son espace, puisque lui-même est originaire,
en quelque sorte, du mouvement de la convergence de
ces deux termes posés au départ comme séparés.
Tout ce qu'il peut faire est d'idéaliser un point
de convergence et d'en former ce que BERKELEY appelle
une idée de Dieu.
François RÉCANATI
François RÉCANATI
…de ce qui déjà passe entre l'universel et
l'existence, entre le zéro et le Un.
J'avais oublié le verbe, je l'ai réintroduit !
23
7
On peut prendre les choses d'un autre biais pour voir
que toujours la question...
[ Applaudissements ]
24
0
LACAN
24
1
face de nous c'est une difficulté - le moins qu'on
puisse dire - tout à fait spéciale.
Ce que nous a indiqué en particulier Jean-Claude MILNER
concernant la différence radicale, c'est celle que
j'ai essayé de vous faire surgir l'année dernière
en écrivant lalangue en un seul mot, c'est que ce que
j'avançais sous ce chef, ce chef d'un accolement
entre deux mots, c'était bien là ce par quoi,
ce par quoi je me distingue, et ça, ça me paraît être
une des nombreuses lumières qu'a projetées
Jean-Claude MILNER, en quoi je me distingue du
structuralisme, et nommément pour autant qu'il
intégrerait le langage à la sémiologie,
que comme l'indique le petit livre que je vous ai
fait lire sous le titre du Titre de la lettre76, c'est bien
d'une subordination de ce signe au regard du
signifiant qu'il s'agit, qu'il s'agit dans tout ce
que j'ai avancé.
24
2
je lui dis dès à présent, son texte pour que je
puisse très précisément m'y référer quand il se
trouvera que je puisse y répondre.
Qu'il se soit référé à BERKELEY, par contre, il n'en
avait aucune indication dans ce que j'ai énoncé
devant vous, et c'est bien en quoi je lui suis,
alors, encore plus reconnaissant s'il est possible,
parce que pour, pour tout vous dire, enfin j'ai même
pris soin tout récemment de me procurer une édition
- originale figurez-vous parce que je suis aussi
bibliophile, mais j'ai cette sorte de bibliophilie,
qui me tient, que… il y a que les livres que j'ai
envie de lire que j'essaye de me procurer dans leur
original.
24
3
dire c'est d'ex-sister par rapport à quelque dit que ce
soit.
24
5
08 Mai 1973
Table des matières
Je pense à vous.
Je pense à vous.
24
6
mais vous verrez que ça ne l'est pas
…ceci me conduira aujourd'hui à vous parler du christianisme.
L'inconscient…
je commence par mes formules difficiles…
que je suppose devoir être telles
…l'inconscient…
tout ce que aujourd'hui je développerai
à vous le rendre plus accessible,
mais je donne ici mes formules
…l'inconscient…
ce n'est pas que l'être pense
comme l'implique pourtant ce qu'on en dit,
ceci dans la science traditionnelle
…l'inconscient c’est…
après avoir dit ce que ça
n'est pas, je dis ce que c'est
…c'est que l'être en parlant
quand c'est un être qui parle
…c'est que l'être en parlant, jouisse.
Tout indique…
c'est là le sens de l'inconscient
…non seulement que l'homme sait déjà tout ce qu'il a à savoir, mais que ce savoir
est parfaitement limité à cette jouissance insuffisante que constitue qu'il parle.
24
7
…cette faute, ai-je dit, c'est d'impliquer que l'être pense,
que la pensée soit telle que le pensé soit à son
image c'est-à-dire que l'être pense.
24
9
Et c'est ce qui va me faire plonger dans l'histoire
du christianisme. Vous vous y attendiez pas, ben
pourtant je vais le faire, pouf, voilà.
25
1
Il est vrai que l'historiole du Christ n'a selon
toute apparence…
et comme je l'ai énoncé en clair, avec même pour
effet que il y a des gens qui sont gentils,
ils font comme les chiens, ils ramassent la balle
et me la rapportent, on me l'a rapportée
…l'historiole disais-je donc, se présente non pas
comme l'entreprise de sauver les hommes mais comme
celle de sauver Dieu.
Il faut reconnaître que pour celui qui s'est chargé
de cette entreprise, le Christ nommément…
pour ceux qui seraient tout à fait sourds n'est-ce pas
…et ben, il y a mis le prix, c'est le moins que l'on
puisse dire et que le résultat, on doit bien
s'étonner qu'il paraisse satisfaire.
Car que Dieu soit trois indissolublement est de nature
tout de même à nous faire préjuger que le compte
un, deux, trois, lui préexiste.
De deux choses l'une, ou il ne rend compte que
de l'après-coup de la révélation christique,
et c'est son être qui en prend un coup, ou si le
trois lui est antérieur, c'est son unité qui écope,
d'où devient concevable que le salut de Dieu soit précaire,
livré en somme au bon vouloir des chrétiens.
25
2
Il ne l'a pas dit tout à fait comme ça mais il a bien
marqué que c'était un mode de dénégation, qui constitue
une forme possible de l'aveu de la vérité.
C'est ainsi que FREUD re-sauve le père !
En quoi il imite Jésus-Christ, modestement sans
doute, il y met pas toute la gomme mais il y
contribue pour sa petite part, comme ce qu'il est,
à savoir un bon juif pas tout à fait à la page,
c'est excessivement répandu, il faut qu'on les
regroupe pour qu'ils prennent le « mors aux dents ». [ Sic ]
Combien de temps est-ce que ça durera ?
L'âme…
il faut lire ARISTOTE,
vous savez c'est une bonne lecture
…c'est évidemment à quoi aboutit la pensée du manche.
C'est d'autant plus nécessaire…
c'est à dire ne cessant pas de s'écrire
…que ce qu'elle élabore là, la pensée dite,
en question, ce sont des pensées sur le corps.
Le corps ça devrait vous épater plus ! Ouais !
En fait c'est bien ce qui épate, ce qui épate la
science classique :
comment ça peut-il marcher comme ça ?
À savoir à la fois un corps…
le vôtre, n'importe quel autre d'ailleurs,
corps baladeur, c'est la même chose,
vous êtes au même point
…il faut à la fois que ça se suffise comme ça…
quelque chose m'a fait penser comme ça…
un petit syndrôme que j'ai vu sortir
de mon ignorance, qui m'a été rappelé
…que si par hasard les larmes ça tarissait,
l'œil ça marchait plus très bien.
25
5
Naturellement faites attention : c'est nous qui en
sommes aux mécanismes à cause de notre physique…
mais notre physique d'ailleurs est une physique
déjà à la gare, sur une voie de garage je veux
dire, parce que il y a eu la physique quantique,
depuis, pour les mécanismes ça saute…
…bon, mais enfin ARISTOTE, qui n'était pas entré dans
les défilés du mécanisme, ça veut simplement dire
justement ça, ce qu'il en pensait.
Alors, l'homme pense avec son âme ça veut dire
que l'homme pense avec la pensée d'ARISTOTE,
en quoi la pensée est naturellement du coté du manche.
Il est évident que, on avait quand même essayé de
faire mieux n'est-ce-pas ?
C'est… il y a encore autre chose avant la physique quantique,
il y a l'énergétisme et l'idée d'homéostase.
Mais tout ceci nous entraînerait - ouais ! - nous
entraînerait vers ceci, nous entraînerait vers ceci :
que l'inconscient c'est tout autre chose, et si j'ai
resserré la chose autour de ceci que j'ai énoncé d'abord,
c'est à savoir ce que j'ai appelé l'inertie dans la
fonction du langage, ce qui fait que toute parole est
cette énergie, encore non prise dans une énergétique
parce que cette énergétique elle est pas commode à
mesurer.
Pour faire sortir de là non pas des quantités mais
des chiffres, qui tels que… ils soient choisis, enfin
d'une façon – remarquez - complètement arbitraire,
on s'arrange à ce qu'il reste toujours quelque part
une constante car c'est là le fondement de l'énergétique,
et ben c'est pas commode.
25
7
en tant qu'à marquer de quelle distance elle manque
celle dont il s'agirait - si c'était ça ! –
elle ne la suppose pas seulement, celle qui serait
ça, elle en supporte une autre.
Voilà !
Cette dit-mention…
là je me répète, mais nous sommes dans un domaine
où justement la loi c'est la répétition
…cette dit-mention c'est le dire de FREUD, c'est même
la preuve de l'existence de FREUD… dans un certain
nombre d'années il en faudra une.
Tout à l'heure je l'ai rapproché comme ça d'un p'tit
copain : je l'ai rapproché du Christ.
Bon, ben évidemment, il faut aussi qu'on ait la
preuve de l'existence du Christ, elle est évidente :
c'est le christianisme.
Le christianisme est le fait que - vous savez - c'est
accroché là.
Enfin pour l'instant on a Les Trois Essais sur la sexualité 81
auxquels je vous prie de vous reporter d'ailleurs,
dont j'aurai à faire usage, comme j'ai fait autrefois
usage de ces écrits sur ce que j'appelle la dérive pour
traduire Trieb, la dérive de la jouissance.
25
8
qu'est-ce-que tout ça, qu'est-ce-que ça suggère comme
vieille histoire concernant la copulation.
26
1
celle qui fait quant à moi le délire de mon admiration,
je me mets « en huit par terre » quand je lis Saint THOMAS,
parce que c'est rudement bien foutu.
Pour que la philosophie d'ARISTOTE ait été par
Saint THOMAS réinjectée dans ce qu'on pourrait
appeler la conscience chrétienne, si ça avait un
sens, c'est quelque chose qui peut s'expliquer que
parce que celle-ci…
enfin c'est comme pour les psychanalystes
…les chrétiens ont horreur de ce qui leur a été révélé,
et ils ont bien raison !
Cette béance inscrite au statut même de la jouissance
en tant que dit-mension du corps, ceci chez l'être
parlant, voilà ce qui rejaillit avec FREUD par ce test
- je ne dis rien de plus - qu'est l'existence de la
parole.
Là, là où ça parle ça jouit, et ça veut pas dire
que ça sache rien, parce que quand même, jusqu'à
nouvel ordre, l'inconscient ne nous a rien révélé
sur la physiologie du système nerveux – non ? –
ni même sur le fonctionnement du bandage,
ni de l’éjaculation précoce.
26
2
Seulement voilà, j'ajoute : cette fin n'a été
satisfaite qu'au prix d'une castration.
26
4
Il n'en exigeait qu'une chose…
et ça c'était absolument premier,
sans ça c'était la panique
…c'est qu'elle n'ait aucune conséquence. [ Rires ] Ouais…
26
5
15 Mai 1973 Table des
matières
26
6
de points en suspend. Ce sera d’ailleurs ce sur quoi
aujourd’hui j’aurai amplement à m’étendre.
J'ai rêvé cette nuit que quand je venais ici :
il y avait personne. [ Rires ]
C'est où se confirme le caractère de vœu du rêve.
Ce n'est pas parce que j'ai écrit des choses qui font
fonction de formes du langage que j'assure l'être du métalangage.
Car cet être il faudrait que je le présente comme
subsistant « par soi », par soi tout seul, langage de l'être.
La formalisation mathématique…
qui est notre but, notre idéal – pourquoi ? -
parce que seule elle est mathème, c'est-à-dire
capable de se transmettre intégralement
…la formalisation mathématique, c'est de l'écrit,
et c’est là dedans que je vais essayer d’avancer
aujourd’hui.
26
8
ce qui a été produit jusqu'alors de discours, qu'il
énonce ceci, qui est l'os de mon enseignement :
que je parle sans le savoir.
Je parle avec mon corps, et ceci sans le savoir.
Je dis donc toujours plus que je n'en sais.
C'est là que j'arrive au sens du mot « sujet » dans
cet autre discours : Ce qui parle sans le savoir, me fait « je »,
« sujet », sujet du verbe, certes, mais ça ne suffit pas
à me faire « être ».
Ça n'a rien à faire avec ce que je suis forcé
de mettre dans l'être, suffisamment de savoir pour
se tenir, mais pas une goutte de plus.
Notamment…
ceci est dans FREUD parfaitement sensible,
bien sûr ce n'est qu'un bafouillage,
27
1
mais nous ne pouvons pas faire mieux
…il ne sait pas si ce qui le reproduit, c'est la vie
ou la mort.
J’ai pas dit : « ce qu’il… », q.u. apostrophe i.l.,
J’ai dit : « ce qui… » q.u.i. l.e., mots séparés.
27
2
Car rien de ce que je pourrais au tableau vous écrire
des formules générales qui lient, au point où nous en
sommes, l'énergie à la matière, par exemple les
dernières formules d'HEISENBERG, rien ne tiendra de
tout ça, si je ne le soutiens pas d'un dire qui est
celui de la langue, et d'une pratique qui est celle de
gens qui donnent des ordres au nom d'un certain savoir.
27
3
la ligne avant qu'elle en rencontre une autre, pour
la faire passer dessous, la supposer passer dessous,
parce qu’il s'agit dans l'écriture de tout autre
chose que de l'espace à trois dimensions.
27
5
Pour que vous ayez un rond de ficelle, faut que vous
fassiez un nœud, nœud marin de préférence. [ Rires ]
Je sais pas ce que ça vous… Ah…
Faisons le nœud marin… si vous croyez que c’est
facile… [ Rires ] essayez vous-même… ça fait toujours
un certain embarras.
Bon, enfin, malgré tout j’ai essayé ces jours-ci d’en
prendre l’habitude [ Rires ], et il y a rien de plus
facile
que de le rater. Voilà !
27
6
Tel que vous le voyez là… tel que vous le voyez là
inscrit, il vous est facile de voir que comme ces
deux ronds de ficelle sont construits de telle sorte
qu’ils sont pas noués l'un à l'autre, c'est
uniquement par le troisième qu'ils se tiennent.
C’est ce que curieusement, je ne suis pas arrivé
à reproduire avec mes ronds de ficelle…
Mais Dieu merci j’ai quand même un autre moyen de le
faire que de reproduire ce que j’ai fait au tableau,
à savoir de le manquer.
Je vais tout de suite vous donner le moyen de façon
complètement rationnelle et compréhensible…
Voilà !
Voilà donc un rond de ficelle.
En voilà un autre.
Vous passez le second rond dans le premier, et vous
le pliez comme ça.
27
7
le troisième, il est absolument symétrique de l’autre
coté, à savoir que par rapport au troisième,
il a aussi deux oreilles que prend le premier.
27
8
Cela ne veut pas dire que pour un nombre quelquonque
de ronds de ficelles, on pourra faire une disposition
aussi… enfin, relativement élégante par la relative
symétrie, que celle que j’ai faite au tableau à
savoir que ces trois ronds soient strictement…
les uns par rapport aux autres
…d’une forme équivalente, ça sera certainement plus
compliqué…
et ceci dès qu’on sera arrivé à quatre,
…cela nous montrera, bien souvent les effets de
torsion qui ne nous permettront pas de les maintenir
à l’état de rond.
27
9
je n'ai pu que la motiver de ce :
« ce n'est pas ça »
dont j’ai parlé, que j'ai repris la dernière fois,
et qui veut dire que dans le désir de toute demande,
il n'y a que la requête de ce quelque chose qui au regard
de la jouissance qui serait satisfaisante, qui serait
la Lustbefriedigung supposée dans ce qu'on appelle,
également improprement, dans le discours psychanalytique
« la pulsion génitale », celle où s'inscrirait un rapport
qui serait le rapport plein, le rapport inscriptible, entre
ce qu’il en est de l'Un avec ce qui reste
irréductiblement l'Autre.
28
1
le support-substitut, substitut de l'Autre sous la
forme de l'objet de désir, tout ce qui s’est fait de
cet ordre est (a)sexué.
28
2
qui iraient s'accrocher à un autre chaînon un peu
plus loin avec deux… trois chaînons flottants
intermédiaires, et comprendre aussi pourquoi une
phrase a une durée limitée. Or tout ceci,
la métaphore ne peut pas nous le donner.
28
3
avec les deux autres, que les deux autres entre eux,
et comme tel, par simple inspection des nœuds en
jonction, le troisième élément se distinguerait des
autres.
28
4
je ne sais quelle substance.
À quoi peut nous servir cette exigence d'une phrase
- quelle qu'elle soit - qui soit telle qu’ayant
sectionné l’Un, c'est à dire retiré l’Un de chacun de
ses chaînons, tous les autres du même coup se libèrent.
(Fin du fichier audio Lutécium. Pour les dernières minutes cf. Encore,
Seuil, 1975 ou Points Seuil 1999, version ré-écrite par Jacques-Alain
MILLER.)
28
5
26 Juin 1973
Table des matières
C'était un départ.
Un départ sur lequel peut-être je pourrai revenir
aujourd'hui en fermant ce que j'ouvrais là.
28
6
à peu près ainsi : c'est que pour l'être parlant
le savoir c'est ce qui s'articule.
De ça on aurait pu s'en apercevoir depuis un bon bout
de temps puisqu'en somme, à tracer les chemins du
savoir, on ne faisait rien qu'articuler toutes sortes
de choses qui pendant longtemps se sont centrées sur
l'être, dont il est évident que rien n'est, sinon dans la
mesure où ça se dit que ça est.
28
8
…des dialogues platoniciens entre autres.
28
9
qu'il anticipe sur la fonction du langage, que lalangue
nous affecte d'abord par tout ce qu'elle comporte
comme effets qui sont affects.
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on a laissé la chose en anglais vu ceux qui se
sont trouvé frayer cette voie concernant le savoir
…on va voir si le taux des trials and errors, combien de
temps ce taux va se mettre à diminuer assez pour que
s'enregistre que l'unité ratière est capable
d'apprendre quelque chose.
Ce qui n'est posé que secondairement comme question
c'est la question que je pose, c'est ceci :
c'est si l'unité, l'unité ratière en question,
va apprendre à apprendre.
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6
Ce que veut dire y'a d'l'Un est ceci que permet de
repérer l'articulation signifiante que de Un entre
autres…
et il s'agit de savoir si c'est « quel qu'il soit »
…se lève un S1, un essaim de signifiants, un essaim bourdonnant
lié à ceci que ce Un de chaque signifiant…
avec la question de est-ce d'eux que je parle
…ce S1 que je peux écrire d'abord de sa relation
avec S2, eh bien c'est ça qui est l'essaim.
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7
la phrase, voire toute la pensée, c'est bien ce dont
il s'agit dans ce que j'appelle « signifiant maître »,
c'est le signifiant Un, et ce n'est pas pour rien que
l'avant-dernière de nos rencontres, j'ai amené ici
pour l'illustrer le bout de ficelle, le bout de
ficelle en tant qu'il fait ce rond, ce rond dont j'ai
commencé d'interroger le nœud possible avec un autre.
Je n'irai pas plus loin aujourd'hui puisque nous
avons…
grâce à une question en somme extérieure,
question de notre abri ici
…puisque nous avons été privés d'un de ces séminaires
c'est quelque chose que je reprendrai dans la suite
éventuellement.
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8
- perverse d'un côté, en tant que l'Autre se
réduit à l'objet(a),
- je dirai folle de l'autre, pour autant que ce
dont il s'agit c'est de la façon énigmatique dont se
pose cette jouissance de l'Autre comme telle.
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9
C'est là aussi une question qu'il s'agira pour nous
d'amorcer.
Le mot interdiction veut-il plus dire, est-il plus
permis, c'est ce qui non plus ne saurait, dans
l'immédiat, être tranché.
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0
Tout amour de ne subsister que de cesser de ne pas
s'écrire tend à faire passer cette négation au ne
cesse pas, ne cesse pas, ne cessera pas de s'écrire.
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