Barrage Poids
Barrage Poids
Barrage Poids
Rapport définitif
Janvier 2002
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PLAN DU DOCUMENT
Partie 1 - Justification des barrages poids par les méthodes déterministes (synthèse
des principales recommandations et état de la pratique)............................................ 8
Introduction .............................................................................................................. 52
Chapitre 1 - Analyse des résistances des matériaux adoptées dans les
pratiques actuelles déterministes et proposition de coefficients
partiels γm issus de la littérature ................................................................................ 54
Chapitre 2 - Niveaux de sécurité à adopter selon les combinaisons
types d’actions .......................................................................................................... 59
Chapitre 3 : Calibration des coefficients de modèle.................................................. 61
Chapitre 4 : Validation de la méthodologie de calibration des coefficients
de modèle ................................................................................................................. 64
Chapitre 5 : Conclusion de la partie 3 ....................................................................... 66
Bibliographie........................................................................................................... 73
INTRODUCTION GENERALE
Les méthodes actuelles de justification des barrages poids reposent sur le principe
déterministe : le projeteur s’attache à vérifier que les contraintes développées dans
la structure σ (Σ Fi), sous l’effet d’une combinaison d’actions choisie de façon plus ou
moins sécuritaire, restent inférieures à la contrainte maximale admissible, c’est-à-dire
la contrainte de rupture du matériau (f) divisée par un coefficient global de sécurité ν.
L’équation de la sécurité, ou condition d’état-limite, s’écrit alors :
σ (Σ Fi) < f / ν
Dans les méthodes probabilistes, les actions et résistances sont considérées comme
des variables aléatoires, auxquelles sont associées des probabilités de
dépassement. On compare l’aire de recouvrement des distributions des contraintes
et des résistances à une probabilité de ruine maximale admissible (pf, adm). L’équation
de la sécurité, ou condition d’état-limite, s’écrit donc :
Prob (σ > f) < pf, adm
VALEURS REPRESENTATIVES
PERTINENTES POUR LA
VERIFICATION
VERIFIE
NON VERIFIE
REVOIR LE
DIMENSIONNEMENT
ou autres vérifications
complémentaires
Toutefois, ces règlements (les fascicules français et les Eurocodes) excluent de leurs
champs d’application des ouvrages tels que les barrages, les centrales nucléaires,
les tunnels, les ouvrages maritimes ou fluviaux*. En ce qui concerne les barrages, les
raisons sont liées aux effets majeurs de gradients hydrauliques dans le corps de la
structure et dans les fondations, alors que les ouvrages du génie civil traditionnel
sont considérés en situation de quasi-équilibre hydrostatique.
En fait, les règlements semi-probabilistes ont été définis pour des structures dont le
comportement est supposé assez bien maîtrisé et constituées de matériaux bien
connus, ayant fait l’objet de nombreux tests en laboratoire (béton et acier en
particulier). De façon analogue, le fascicule 62 titre V s’intéresse à des fondations
« standards » et est basé sur des reconnaissances de sol relativement simples
(pénétromètre, pressiomètre).
De ce fait, les barrages sont restés à l’écart des méthodes semi-probabilistes, ce qui
peut sembler paradoxal car le probabilisme apparaissait déjà dans les notes de
calculs pour la détermination des crues exceptionnelles (la méthode du Gradex est
apparue dans les années 1970). Ainsi, les justifications de la stabilité correspondent
à des actions hydrauliques associées à une probabilité de dépassement, ce qui est à
la base des méthodes probabilistes.
L’introduction précédente semble indiquer qu’il est donc a priori assez naturel de
formuler une méthode semi-probabiliste pour le dimensionnement des barrages.
La problématique est d’un tout autre ordre pour les fondations du barrage où les
incertitudes sur les matériaux sont importantes, incertitudes augmentées par la
présence des gradients hydrauliques susceptibles de modifier les propriétés des
matériaux. En outre, chaque fondation est unique, avec des propriétés mécaniques
propres. Il est donc difficile de fixer des règles rigides applicables aux fondations des
*
Toutefois l’Eurocode 3, qui traite des constructions métalliques, couvre la vantellerie.
• de structurer le débat sur les niveaux de sécurité à considérer dans chacune des
vérifications.
Notre objectif est de poser les bases d’une méthode semi-probabiliste aux états-
limites pour la justification des barrages poids.
Pour ce faire, les travaux ont consisté dans une première partie, à établir une
synthèse des principales justifications des barrages poids : calcul des actions et de
leurs effets, résistance des matériaux, différentes justifications et critères de
dimensionnement. Ce travail n’a pas pour objet de réaliser un état de l’art exhaustif
en matière de justification des barrages poids. Toutefois, il propose une analyse des
principales références bibliographiques et des pratiques des membres du groupe.
Dans la deuxième partie, nous avons décliné le formalisme des méthodes semi-
probabilistes : situations, actions, cas de charges, combinaisons d’actions,
résistances des matériaux, états-limites et coefficients de modèles. Pour chacun de
ces points, nous proposons une traduction dans un format semi-probabiliste aux
états-limites.
L’objectif final est de disposer d’une méthode semi-probabiliste aux états-limites pour
la justification des barrages poids. Cette méthode prend en compte les pratiques
actuelles.
Nous soulignons qu’il aurait été utopique, dans le cadre de ce groupe de travail, de
prétendre établir un standard semi-probabiliste parfaitement opérationnel. En effet, le
travail n’a pas pu aller jusqu’au stade de proposition de valeurs appropriées de
coefficients partiels car il conviendrait de faire préalablement des études sur les
résistances des matériaux et de calibration spécifiques après la formulation de la
méthode. Ainsi, notre travail se propose de rester un guide général laissant une large
place à l’interprétation.
Partie 1
Outre les principes de calcul des actions, ce chapitre fixe les notations qui servent
tout le long du rapport, et propose des valeurs guides aux paramètres lorsque cela a
été possible.
Les actions permanentes sont les actions dont l’intensité est constante ou très peu
variable dans le temps, ou varie dans le même sens en tendant vers une limite. Les
actions permanentes sont notées G.
Nota : on adopte dans la suite du rapport les unités légales du Système International
(SI).
Notations :
G0 : poids propre
γb : poids volumique des matériaux du barrage
S : surface du profil étudié
L’intensité du poids propre est représentée par une valeur nominale calculée à partir
des dessins et des coupes du projet et en prenant en compte la surface du profil
étudié (S), le poids volumique des matériaux du barrage (γb) et le poids des
équipements fixes. La difficulté principale pour le calcul de l’intensité du poids propre
est liée à la détermination du poids volumique des matériaux du barrage, qui est un
paramètre sujet à fluctuation dans l’espace (au sein de la structure) et dans le temps.
Notations :
G1 : poussée des sédiments
γ’sédiment : poids volumique déjaugé des sédiments (poids volumique humide des
sédiments – poids volumique de l’eau)
ϕsédiment : angle de frottement interne des sédiments
Kindice : coefficient de poussée des sédiments (l’indice précise les hypothèses
retenues)
Principe de calcul :
Le principe du calcul de l’action des sédiments revient à un calcul de poussée. Les
sédiments sont considérés non pas comme un fluide, mais comme un matériau
frottant possédant donc un angle de frottement interne.
En premier lieu, il convient de déterminer la hauteur du massif des sédiments, qui est
obtenue sans (trop de) difficulté pour les barrages existants et par des études
spécifiques pour les projets. La poussée des sédiments étant défavorable aux états-
limites à justifier, on envisage la hauteur des sédiments maximale obtenue à moyen
et long terme.
Ensuite, le calcul est mené en considérant que la poussée de l’eau agit sur toute la
hauteur du massif des sédiments et on calcule la poussée des sédiments à partir du
poids volumique déjaugé γ’sédiment.
Dans le cas général, on néglige les frottements entre le massif des sédiments et le
parement amont, ce qui revient à considérer que la résultante est perpendiculaire au
parement amont. Cette hypothèse est d’autant plus réaliste que les sédiments ont
une granulométrie fine, ce qui est le cas dans la plupart des ouvrages. En outre, elle
va dans le sens de la sécurité.
Notons que le choix du coefficient de poussée est, de façon théorique, lié à l’état-
limite étudié [mur73]. En toute rigueur, K0 (ainsi que le coefficient proposé dans
[usbr87]) correspond à l’état statique et entre dans le cadre de la justification d’états-
limites de service (cf. partie 2 chapitre 6). A contrario, Ka correspond à un
déplacement de l’ouvrage et rentre dans le cadre de la justification d’états-limites
ultimes.
Notations :
G2 : poussée de la recharge [kN]
γrecharge : poids volumique du sol de la recharge [kN/m3]
ϕrecharge : angle de frottement interne du sol de la recharge
K0 : coefficient de poussée au repos de la recharge
Principe de calcul :
Il convient de distinguer deux configurations :
1/ la recharge aval est en fait un simple remblai de pied issu de l’excavation des
fondations ;
2/ la recharge aval contribue de façon significative à la stabilité du barrage. Il s’agit
alors d’une recharge non infinie sur toute (ou une grande partie de) la hauteur du
barrage.
Dans le deuxième cas (recharge aval sur une grande partie de la hauteur du
barrage), la prise en compte de la poussée de la recharge doit toujours faire l’objet
d’une étude spécifique.
peut être réaliste d’adopter le coefficient de butée Kp (Kp =1/ Ka) dans la mesure où
les études montrent qu’il est possible de mobiliser la recharge en butée.
Les actions variables comprennent les actions dont l’intensité et/ou les points
d’application varient fréquemment et de façon importante dans le temps. Les actions
variables sont notées Q [calgaro96].
Dans notre contexte, nous considérons que les actions de l’eau (poussées
hydrostatiques amont et aval et action des sous-pressions) sont des actions
variables, et ce quelles que soient l’amplitude et la fréquence du marnage de la
retenue.
Notations :
Q1 : poussée hydrostatique amont
Q3 : poussée hydrostatique aval
γw : poids volumique de l’eau dans la retenue
Principe de calcul :
Le principe du calcul de l’action de l’eau de la retenue (idem pour l’eau en aval du
barrage) revient à un calcul de poussée hydrostatique.
Pour établir une comparaison avec les recommandations de [usbr87], cette cote
correspond au « top of inactive capacity ».
Les pratiques usuelles françaises associent à la crue de projet une période de retour
de 1000 ans pour les barrages poids. Dans cette hypothèse, la probabilité de
dépassement d’un tel événement est donc de 10-3 par an. Toutefois, selon les
circonstances, des valeurs supérieures peuvent être prescrites (T=5000 ans par
exemple). Il convient d’indiquer qu’après un tel événement, le barrage est sensé être
dans un état satisfaisant. Dans la suite du rapport, nous appelons T la période de
retour associée à la crue de projet, avec des valeurs guides comprises entre 1000 et
5000 ans.
Pour établir une comparaison avec les recommandations de [usbr87], le niveau des
PHE est à rapprocher de la cote « maximum water surface » qui est la cote atteinte
pour la crue de projet IDF (inflow design flood). Toutefois, nous constatons deux
différences importantes dans ces pratiques :
- la cote « maximum water surface » correspond à la cote de la crête du barrage
sans prise en compte du parapet (qui fait alors office de revanche). De ce fait, cette
cote est supérieure a priori à la cote des PHE de la pratique française ;
- la crue de projet IDF de [usbr87] est obtenue de façon déterministe à partir de la
méthode du Débit Maximum Probable ou PMF (en fonction du barrage, adoption de
la PMF ou d’un % de la PMF). De ce fait, sa période de retour ne peut pas être
comparée avec celle des PHE, mais est a priori supérieure à la celle des PHE.
Notations :
Q2 : résultante de l’action des sous-pressions
λ : coefficient de rabattement. Nous définissons le coefficient de rabattement de la
façon suivante (voir figure ci-dessous) :
dispositif
particulier :
λ = [(Z’) – (Z)] / (Z’)
Zaval
(Z)
(Z’)
Principe de calcul :
Le principe de calcul repose sur la détermination du diagramme des sous-pressions
agissant à l’interface barrage-fondations (même démarche dans le corps du barrage
pour la détermination des pressions interstitielles). Ce diagramme fixe l’action des
sous-pressions agissant à l’interface. Ainsi selon le mode de calcul, on pourra :
- soit déterminer la répartition des sollicitations hydrauliques s’exerçant à l’interface
(ou des pressions interstitielles siégeant dans le corps du barrage) ;
- soit déterminer l’intensité de la résultante de l’action des sous-pressions. Cette
dernière est perpendiculaire à l’interface.
Les recommandations [usbr87] et [pbar97] considèrent que les variations des sous-
pressions dans les fondations et dans le corps du barrage suivent le niveau de
remplissage de la retenue avec un effet retard négligeable. Dans ces conditions, la
résultante Q2 de l’action des sous-pressions est systématiquement liée à Q1 et Q3.
Une seule exception à cette règle : [usbr87] indique que le diagramme des sous-
pressions n’est pas affecté par les accélérations liées aux séismes compte tenu de
leur caractère transitoire, alors que les poussées hydrostatiques sont majorées par
les pressions hydrodynamiques. La pratique française dans ce domaine adopte ces
mêmes hypothèses (cf. annexe 2 « Comportement dynamique des barrages-poids.
Méthodes de calcul »). Toutefois, il convient d’indiquer que ce point fait actuellement
l’objet de travaux de recherche et que certaines études prennent en compte des
variations des pressions interstitielles lors des séismes.
A défaut de dispositif particulier visant à réduire les infiltrations d’eau dans les
fondations (et dans le corps du barrage), une répartition linéaire des sous-pressions
est considérée en première approche [usbr87], [pbar97]. Notons que des cas
particuliers (parement aval colmaté par de la calcite, rejointoiement aval trop parfait,
…) peuvent donner des diagrammes plus défavorables.
En outre, le coefficient λ est sujet à variation au cours du temps, compte tenu des
phénomènes de vieillissement pouvant affecter le dispositif : colmatage des drains,
perte d’efficacité du voile d’injection, etc. A ce titre, il convient donc de s’assurer, par
l’auscultation, du maintien au cours du temps de l’efficacité du dispositif de réduction
des sous-pressions.
En première approche, nous rappelons les valeurs guides citées dans la littérature :
- en présence d’un dispositif de drainage :
* [pbar97] et [tbar89] préconisent λ = ½
* [usbr87] préconise λ = 2/3
- en présence d’un voile d’injection dans les fondations :
* [pbar97] et [tbar89] préconisent λ = 1/3
* pas de préconisation particulière dans [usbr87] : λ = 0
- en présence d’un voile d’injection et d’un réseau de drainage, les recommandations
[usbr87] et [pbar97] se rejoignent et le coefficient de rabattement global proposé
est λ = 2/3
Enfin, nous rappelons les résultats récents du groupe de travail européen « Uplift
pressures under concrete dams » [ruggeri98]. A partir de l’analyse de données
d’auscultation de nombreux ouvrages, le groupe de travail a mis en évidence que :
- les voiles d’injection peuvent réduire efficacement les sous-pressions, mais en
absence de dispositif d’auscultation permettant d’évaluer l’efficacité du dispositif, il
est recommandé de ne pas en tenir compte ;
- les systèmes de drainage constituent les dispositifs de réduction des sous-
pressions les plus efficaces et fiables.
Notons également qu’un voile d’injection aurait tendance à produire une discontinuité
dans le rabattement du diagramme des sous-pressions (pleine sous-pression en
amont du voile puis rabattement en aval) ; a contrario, un voile de drainage produirait
un abaissement sans discontinuité du diagramme linéaire.
1.3.1. Séisme
Au cours d'un séisme, l'énergie transmise par la fondation se traduit par la mise en
mouvement de l'ouvrage, structure qui malgré son caractère massif est susceptible
de se mettre en vibration. Les sollicitations mécaniques auxquelles un barrage est
alors soumis sont de deux types :
- les forces d'inertie dues à l'accélération de la structure ;
- les forces hydrodynamiques dues à la mise en vibration de la retenue qui s'ajoutent
aux forces hydrostatiques.
titre, les recommandations telles que [tbar89] et [pbar97] n’en font pas état et le
niveau maximum pris en compte reste les PHE.
Les résistances des matériaux intervenant dans les justifications des barrages poids
sont la cohésion, l’angle de frottement interne et la résistance à la traction. Ces
paramètres sont physiquement indissociables. Par conséquent, ce chapitre présente
les méthodes utilisées successivement dans la fondation, à l’interface et dans le
corps du barrage.
Notation :
Cfond : cohésion des fondations [MPa]
ϕfond : angle de frottement interne des fondations
Méthode :
Pour la détermination de la cohésion Cfond et de l’angle de frottement interne ϕfond
de la fondation, la méthode la plus satisfaisante consiste à examiner les courbes
intrinsèques des matériaux constituant la roche. A ce titre, les courbes de BARTON
et HOEK [hoek97] constituent une référence de base.
Sur le principe de calcul, que ce soit pour un joint de fondation ou dans la masse
rocheuse, la courbe intrinsèque de la fondation n’est pas une droite. Pour une
gamme de contraintes normales donnée, la courbe peut être approchée par une
droite dont la pente (tan ϕfond) et l’ordonnée à l’origine (Cfond) varient en sens inverse
en fonction de la gamme de contraintes considérée (loi parabolique). Par sécurité,
les paramètres Cfond et tan ϕfond peuvent être estimés par la sécante passant par les
deux points correspondant à la gamme de contraintes considérée.
La courbe intrinsèque d’une roche passe par l’origine du fait qu’il y a toujours des
joints dans une roche de grande masse, ce qui a pour conséquence que la cohésion
des fondations Cfond, dans les gammes de faibles contraintes, est considérée le plus
souvent comme nulle, en particulier en conception de barrages neufs.
Notations :
Cb : cohésion du matériau du corps du barrage
ϕb : angle de frottement interne du matériau du corps du barrage
ft : résistance à la traction du matériau
fc : résistance à la compression du matériau
Méthode :
Dans ce cas, les corrélations entre fc , ft et Cb, valables dans la masse du matériau,
ne sont plus applicables et les essais des matériaux en laboratoire ne sont pas
forcément représentatifs des paramètres à l’interface des couches de BCR.
Ainsi, l’examen des spécifications des travaux (réalisation des couches en particulier)
est primordial pour la détermination des paramètres.
Cas de la maçonnerie
Pour la maçonnerie, les paramètres ft et Cb sont généralement considérés comme
nuls.
2.3. A l’interface
Notation
Cinterface : cohésion de l’interface barrage-fondations [MPa]
ϕ : angle de frottement du barrage sur les fondations
Valeur guide
En considérant des précautions indiquées précédemment et si les fondations sont
des roches présentant de bonnes qualités mécaniques, une première approche peut
être obtenue avec : ϕ = 45 ° (contact béton-rocher sain). [pbar97]
Dans la suite, nous étudions ces dernières justifications les plus représentatives des
pratiques actuelles. Pour mémoire, notons également certaines justifications
rarement rencontrées dans les notes de calculs et liées à des considérations
relatives aux fondations (analyse des modules de déformation et résistances au
cisaillement) ne sont pas formalisées par des critères [usbr87]. Pour la justification
de la capacité portante du sol, [fasc62] propose des critères pour des ouvrages
construits sur des fondations de qualités mécaniques faibles ; toutefois, les barrages
ne rentrent pas a priori dans son champ d’application.
Différents cas sont envisagés dans les recommandations actuelles. Les principaux
sont les suivants :
Nous regroupons dans ce paragraphe toutes les justifications faisant intervenir une
résistance globale d’une section généralement horizontale à un effort tranchant :
résistance au glissement et résistance au cisaillement. Les critères de
dimensionnement sont sensiblement différents selon les recommandations et les
principaux sont les suivants :
avec :
Cb et ϕb la cohésion et l’angle de frottement interne des matériaux du barrage (ou de
l’interface ou de la fondation) ;
L la longueur de la section horizontale étudiée ;
N et T les composantes normale et tangentielle des forces extérieures agissant sur la
partie supérieure de la section étudiée ;
U la résultante des pressions interstitielles régnant au niveau de la section étudiée.
Cette justification vérifie le non glissement du barrage sur sa fondation. Le calcul est
mené de façon identique à ce qui est décrit au paragraphe précédent. On définit une
valeur F du coefficient de sécurité, identique au SFF. Les critères de
dimensionnement appliqués à l’interface barrage-fondation sont :
F >4 en fonctionnement normal
> 2,7 dans les conditions exceptionnelles
avec :
N’ et T les composantes normale et tangentielle de la résultante des actions sur la
fondations (y compris les sous-pressions) ;
avec :
N l’effort vertical total appliqué sur l'ensemble de la section
T l’effort horizontal résultant.
ϕ l’angle de frottement des surfaces en contact béton/béton, béton/rocher,
maçonnerie/maçonnerie ou maçonnerie/rocher, selon les cas
C la cohésion le long de la partie non fissurée
L la largeur de la section non fissurée
Pour ce qui concerne la cohésion C, elle n’est prise en considération (même pour le
cas usuel) que si aucun cisaillement n’est admis au cours de la vie de l’ouvrage (par
exemple lors d’un séisme).
avec :
N l’effort vertical appliqué sur l'ensemble de la section
U la résultante des pressions interstitielles régnant au niveau de la section étudiée.
T l’effort horizontal résultant.
L la surface de la base non fissurée.
Cette justification est appliquée également dans le cas de joints non horizontaux de
la fondation, constituant une direction selon laquelle les caractéristiques sont plus
faibles ; des calculs de stabilité au cisaillement doivent être faits, avec des lignes de
rupture passant par ces joints.
Pour les cas usuels (RN) et rares (PHE), ce coefficient doit rester supérieur à 1
Pour le cas extrême avec tremblement de terre SMD, on peut alors admettre un
léger mouvement en cisaillement, dont l’amplitude est vérifiée à l’aide d’une méthode
de type Newmark.
Il est proposé dans [tbar89] et [anc91] une justification de non renversement. Cette
vérification consiste à étudier la possibilité de basculement du barrage par rapport à
son pied aval. Le critère de dimensionnement peut s’exprimer à partir des contraintes
effectives normales s’exerçant à l’interface barrage-fondation, mais on préfère
généralement l’écrire en considérant les moments (par rapport au pied aval) des
forces motrices Mm et stabilisatrices Ms :
avec :
ft la résistance à la traction du matériau du barrage
He la hauteur d’eau dans la retenue
p coefficient de réduction tenant compte du système de drainage ; en absence de
dispositif de drainage, p=1 ; sinon, p=0,4 en première approche.
h hauteur d’eau au point où est calculé la contrainte
Les sollicitations subies par le barrage peuvent engendrer des tractions. Si les
contraintes de traction dépassent un seuil, il y a fissuration du matériau.
La fissuration d’un profil peut être admise dans les cas de charges exceptionnelles et
extrêmes, à condition de limiter l’extension de la zone fissurée (la fissure ne dépasse
pas le voile de drainage) et de vérifier que le profil du barrage reste stable après
fissuration (cf § 3.2.3).
Pour les cas rare et extrême, la fissuration est admise ; elle progresse jusqu’à
annulation de la contrainte effective à l’amont de la portion de la base non-ouverte ;
les limites admises sont indiquées dans la section 3.5.4.
Deux méthodes d’analyses sont proposées : la méthode statique réservée pour les
cas de charges hydrostatiques usuels et exceptionnels ; la méthode pseudostatique
réservée pour les cas de charge liés aux séismes.
- méthode statique :
Les hypothèses adoptées dans cette méthode sont les suivantes : répartition des
contraintes normales selon le modèle de Navier sur la partie non fissurée ; pleine
sous-pression dans la section fissurée ; répartition linéaire des pressions
interstitielles dans la section non fissurée.
La fissuration se produit lorsque la contrainte normale effective s’annule : σ’N<0 . Le
calcul est ensuite itératif.
satisfait à au moins 75% . Il est également fait référence au critère d'Hoffmann ainsi
qu'à celui de Pelletreau, mais sans détails sur ces méthodes.
Pour une section partiellement fissurée, la contrainte σ‘n dans la partie non fissurée,
est obtenue comme au § 3.4.3 précédent, mais en considérant :
- la force de sous-pression modifiée (pleine pression dans la fissure) ;
Pour le cas de charge correspondant au séisme, le calcul est fait de façon analogue,
mais en considérant, dans la seule partie fissurée de la section, la sous-pression
majorée des effets sismiques.
Partie 2
Dans nos travaux, nous nous intéressons uniquement aux situations de projet
pouvant apparaître après la première mise en eau du barrage et jusqu’à la fin
de la vie (d’exploitation) de l’ouvrage. Nous n’étudions pas les situations de projet
relatives à la construction du barrage.
Chaque situation est caractérisée par l’intervalle de temps pendant lequel les
distributions de toutes les données (actions, résistances) peuvent être considérées
comme constantes. Classiquement, les situations sont classées en trois catégories :
durables, transitoires et accidentelles [calgaro96].
Dans cette partie, nous définissons les principales situations de projet pouvant
affecter un barrage en exploitation.
Les situations accidentelles étudiées dans la suite sont associées à des actions
accidentelles :
- les séismes ;
- les niveaux de remplissage accidentels.
Par conséquent, nous n’étudions pas ici d’autres phénomènes naturels pouvant
survenir (glissement de terrain dans la retenue), ni les défaillances particulières des
éléments du barrage (situations accidentelles associées à des configurations
accidentelles du barrage : défaillance de vannes de l’évacuateur de crues ou de
vidange, défailance du système de drainage, etc.). Pour ces dernières situations, des
études d’analyse de risques spécifiques à chaque ouvrage peuvent être menées
pour déterminer la probabilité d’occurrence d’une situation pour un barrage donné,
ainsi que le niveau de risque résiduel accepté, et par la suite, le classement de cette
situation comme durable, transitoire ou accidentelle. Ces études devraient être
menées en cohérence avec le niveau de sécurité requis dans les calculs, en lien
avec les combinaisons types d’actions qui seront utilisées pour vérifier les différents
états-limites.
Ainsi dans la suite du rapport, les ouvrages d’évacuation des crues sont supposés
avoir un fonctionnement normal.
Les états-limites de services (ELS) et les états-limites utimes (ELU) doivent être
vérifiés dans les situations durables d’exploitation (cf. définition en chapitre 6).
Dans notre contexte, nous définissons une seule situation durable correspondant au
mode d’exploitation pour lequel le barrage a été conçu. Dans la situation durable
d’exploitation ainsi définie, le niveau de la retenue se situe dans un intervalle de
valeurs comprises entre la cote minimale d’exploitation normale (niveau minimal
autorisé d’exploitation) et une cote supérieure à celle des PHE (cote correspondant à
la valeur de calcul de la poussée hydrostatique amont – cf. partie 2 - § 2.2.4).
Cette définition est théorique, car la valeur moyenne annuelle est variable pour un
même ouvrage d’une année sur l’autre en fonction de l’hydraulicité.
Dans la littérature, le niveau des PHE est considéré comme le niveau de la retenue
obtenu avec la « crue de projet », la retenue étant supposée être à la cote RN au
début de l’événement correspondant. De ce fait, il est confortable d’associer aux
PHE la période de retour T de la crue de projet. En toute rigueur, la période de retour
des PHE est supérieure (le plus souvent légèrement supérieure) à celle de la crue de
Les situations transitoires ont usuellement une durée beaucoup plus faible que la
durée de vie de l’ouvrage, avec une probabilité d’occurrence qui reste élevée.
Les ELS et les ELU doivent être vérifiés dans les situations transitoires.
Dans le contexte des barrages poids, nous retenons une situation transitoire de
vidange du barrage. Dans ce cadre, les niveaux représentatifs de retenue sont situés
dans un intervalle de valeurs comprises entre 0 (retenue vidangée totalement) et la
cote minimale d’exploitation normale.
Il s’agit souvent, de la situation la plus sévère pour les fondations. En pratique, cette
situation est considérée pour justifier l’état-limite de capacité portante du sol pour les
barrages construits sur une fondation de qualité mécanique faible.
Pour mémoire, citons le cas particulier des barrages écrêteurs de crues où le niveau
RN correspond à un niveau très bas de la retenue, voire à la retenue vide. Pour ces
ouvrages, ce niveau correspond alors à la valeur représentative la plus faible dans la
situation durable d’exploitation.
Les situations accidentelles ont également une durée beaucoup plus faible que la
durée de la vie de l’ouvrage, mais elles se distinguent des situations transitoires par
une probabilité d’occurrence très faible. Elles peuvent provenir des effets d’actions
accidentelles ou de modifications accidentelles de l’environnement.
Elle correspond à des niveaux très élevés de charge hydrostatique (la cote de la
retenue est supérieure aux PHE). On veut alors se prémunir contre la ruine du
barrage sous une crue de période de retour supérieure à celle de la crue de projet,
ou sous tout événement conduisant à un niveau supérieur aux PHE.
Les actions sont définies comme les forces ou des déformations qui s’appliquent à la
structure.
Dans la méthodologie semi-probabiliste, les actions sont introduites dans les calculs
avec différentes valeurs représentatives de différentes probabilités de dépassement,
correspondant à différents niveaux d’intensité. Dans cette partie, nous définissons
les différentes valeurs représentatives dans la situation durable d’exploitation ; pour
cela, nous utilisons la terminologie des règlements semi-probabilistes.
Dans notre contexte, nous définissons, pour les actions permanentes et sur les
bases des principes examinés dans la partie 1, les valeurs nominales suivantes :
Parfois, l’évaluation du poids volumique (γb) peut poser des difficultés, en particulier
pour les barrages anciens en maçonnerie. Dans ce cas, nous considérons les
valeurs maximale (γbmax) et minimale (γbmin) du poids volumique. Si l’on dispose d’un
échantillon de valeurs (γb) du matériau obtenues par essais en laboratoire ou par
sondages dans un barrage existant, on peut définir γbmax et γbmin comme des fractiles
de la loi de distribution du poids volumique. Nous déterminons alors deux valeurs
nominales de l’action du poids propre, G0min et G0max, en fonction de l’effet sur l’état-
limite étudié :
- la valeur nominale minimale G0min obtenue à partir du poids volumique minimum
γbmin, pour tous les états-limites à l’exception de celui de la capacité portante du
sol : G0min = γbmin . S
- la valeur nominale maximale G0max obtenue à partir du poids volumique maximum
γbmax, pour l’état-limite de capacité portante du sol : G0max = γbmax . S
Elle est représentée par la valeur nominale unique G1max, obtenue, comme décrit en
partie 1 - § 1.1.2, en adoptant les valeurs maximales de γ’sédiment et ϕ’sédiment.
A titre d’exemple, les coefficients partiels suivants [cetmef01] ont été adoptés pour
les ouvrages maritimes et fluviaux : γg = 0,90 si l’action est favorable ; γg = 1,20 si elle
est défavorable. Notons que ces valeurs sont identiques à celles rencontrées dans
les règlements semi-probabilistes existants en France (fascicule 62 titre V, BAEL …)
et à celles des Eurocodes au coefficient de modèle de 1,125 près.
Dans le domaine des barrages poids, les coefficients partiels γg relatifs au poids
propre pourraient être choisis a priori proches de 1, compte tenu du faible risque
d’erreur sur la détermination du profil (massif) des ouvrages (l’incertitude sur la
connaissance du poids propre est uniquement liée au poids volumique des
matériaux).
Les valeurs de calcul des actions variables sont notées Gdi. Ainsi, nous définissons
Gd0, Gd1 et Gd2 pour les valeurs de calcul respectivement du poids propre, de la
poussée des sédiments et de la l’action d’une recharge aval.
Nota : i=1: poussée hydrostatique amont ; i=2 : sous-pressions ; i=3 : poussée aval
Notation : Qk1
Définition :
D’un point de vue théorique, la valeur caractéristique d’une action variable est définie
comme étant celle qui présente une probabilité, acceptée a priori, d’être atteinte ou
dépassée du côté des valeurs les plus défavorables au cours de la durée de
référence, correspondant généralement à la durée de vie du barrage. Ainsi, deux
paramètres rentrent dans sa définition : la probabilité (p) et la durée de référence (R),
ramenés à un seul qui est la période de retour exprimée en années (T). La valeur
caractéristique, comme toute valeur représentative, dépend de la situation de projet
dans laquelle on suppose que l’ouvrage se trouve.
Nous choisissons de retenir une période de retour de 1000 ans pour la valeur
caractéristique Qk1 de la poussée hydrostatique amont.
Notations : Qqp1
Remarque :
Un autre choix aurait consisté à associer à la valeur quasi-permanente le niveau
moyen de la retenue (c’est-à-dire un niveau légèrement inférieur à RN). Le choix
proposé de la cote RN est fait dans un souci de simplification. Dans le cas d'un
barrage écrêteur de crues, la valeur quasi-permanente de la poussée hydrostatique
sera associée au niveau de la retenue hors période de crues.
Notations : Qf1
Dans notre contexte, la valeur fréquente correspond à un niveau d’eau compris entre
RN et les PHE et à une intensité pouvant se produire fréquemment dans la vie de
l’ouvrage. Ainsi, la valeur fréquente Qf1 de la poussée hydrostatique amont peut être
associée à une période de retour de 1 an (voire 10 ans).
Notation : Qd1
Définition :
La valeur de calcul correspond à une très faible probabilité de dépassement. La
valeur de calcul couvre d’une part le dépassement possible dans le sens défavorable
de la valeur caractéristique, et d’autre part les incertitudes sur les paramètres entrant
dans le calcul de l’action et sur le modèle de l’action. Elle peut être obtenue de deux
façons :
1/ en multipliant la valeur caractéristique par un coefficient partiel noté γQ1, qui
couvre les incertitudes sur le choix de la valeur caractéristique et sur le choix du
modèle de l’action ;
2/ par détermination directe, sans passer par un coefficient partiel. Cela revient à
privilégier une démarche d’analyse de risques, basée sur la caractérisation statique
des différents niveaux de la retenue, en mettant à profit l’existence de données
statistiques (le plus souvent) pour définir les valeurs de calcul par leurs périodes de
retour.
Pour les barrages déversant sur la quasi-totalité de la crête, on retient, pour la valeur
de calcul, l’intensité correspondant à la période de retour de 10 000 ans.
La poussée hydrostatique aval est déduite d’un calcul hydraulique de ligne d’eau
dans la rivière en aval du barrage, pour les valeurs de débit correspondant aux
différentes valeurs représentatives de la poussée hydrostatique amont.
Mais sur certains barrages dont le niveau aval est contrôlé par d’autres
aménagements (par exemple un barrage aval), Q3 peut être lié à Q1 et doit être
déterminé indépendamment.
2.3. Cas particulier des petits barrages n’intéressant pas la sécurité publique
Ce paragraphe est proposé pour le cas particulier des petits barrages, non classés
comme intéressant la sécurité publique et dont les enjeux aval ne sont pas
Ces ouvrages ayant par ailleurs de plus faibles durées de vie escomptées, la
proposition d’associer des périodes de retour moins longues aux valeurs
représentatives des actions, revient à considérer des probabilités de dépassement
de ces valeurs, qui restent dans les mêmes ordres de grandeur que pour les
ouvrages plus importants.
Par conséquent, nous proposons, à l’instar de ce qui a été réalisé pour les petits
barrages en remblai n’intéressant pas la sécurité publique (cf. [pbar97]), des valeurs
représentatives de la poussée hydrostatique cohérentes avec la dimension de
l’ouvrage, sachant que le seul et unique enjeu est la préservation de l’ouvrage pour
son usage donné :
H².V1/2 <5 5 à 30
Période de retour associée à Qk 100 ans 500 ans
Période de retour associée à Qd le niveau minimum entre : le niveau minimum entre :
- la crête du barrage ; - la crête du barrage ;
- la cote correspondant à - la cote correspondant à la
la crue de période de crue de période de retour
retour 500 ans. 1000 ans.
Par ailleurs, nous proposons pour ces ouvrages de ne pas considérer de situation
accidentelle (sismique et hydrostatique), ce qui est cohérent avec la pratique actuelle
(ouvrages justifiés pour des crues de faible période de retour et non justifiés pour le
séisme).
A partir des situations de projet, nous indiquons dans cette partie les cas de charge
qu’il convient de prendre en compte. Ces cas de charge serviront à former les
combinaisons types d'actions, qui sont développées au chapitre 4 suivant.
G0 (poids propre) "+" G1 (poussée des sédiments) "+" G2 (action de la recharge) "+" Q1 (poussée
hydrostatique) "+" Q2 (sous-pressions) "+" Q3 (poussée hydrostatique aval)
G0 (poids propre) "+" G1 (poussée des sédiments) "+" G2 (action de la recharge) "+" AQ1
(poussée hydrostatique accidentelle) "+" AQ2 (sous-pressions accidentelles) "+" Q3 (poussée
hydrostatique aval)
G0 (poids propre) "+" G1 (poussée des sédiments) "+" G2 (action de la recharge) "+" Q1 (poussée
hydrostatique) "+" Q2 (sous-pressions) "+" Q3 (poussée hydrostatique aval) "+" A (action sismique)
Dans une situation donnée, les déclinaisons des combinaisons types d’actions pour
le calcul des ouvrages sont axées sur une action variable dite action dominante.
Dans cette partie, nous appliquons les différentes combinaisons dans le cadre de la
situation durable d’exploitation et des situations accidentelles. Pour la situation
durable d’exploitation, nous considérons que Q1 est l’action variable de base et que
Q3 est l’action variable d’accompagnement. Q2 est toujours liée à Q1 et à Q3.
Pour la justification des ELS dans la situation durable d’exploitation, on considère les
combinaisons quasi-permanente et rare.
Notations :
Gk0 : valeur caractéristique du poids propre du barrage
Gk1 : valeur caractéristique de la poussée des sédiments
La combinaison rare est considérée pour justifier des ELS irréversibles, ayant des
effets à court terme et commandés par les valeurs ponctuelles des actions. Elle
prend en compte les valeurs caractéristiques des actions de l’eau, correspondant ici
à la retenue à la cote des PHE.
Notations :
Gk0 : valeur caractéristique du poids propre du barrage
Gk1 : valeur caractéristique de la poussée des sédiments
Gk2 : valeur caractéristique de l’action de la recharge aval
AQ1 : valeur accidentelle de la poussée hydrostatique
AQ2 : valeur accidentelle de l’action des sous-pressions
Qqp3 : valeur quasi-permanente de Q3 ; si Q3 liée à Q2, on prend la valeur accidentelle
AQ3
Notations :
Gk0 : valeur caractéristique du poids propre du barrage
Gk1 : valeur caractéristique de la poussée des sédiments
Gk2 : valeur caractéristique de l’action de la recharge aval
AEd : valeur de l’action sismique accidentelle
Qqp1: valeur quasi-permanente de la poussée hydrostatique
Qqp2: valeur quasi-permanente de l’action des sous-pressions
Qqp3: valeur quasi-permanente de la poussée hydrostatique aval
4.3. Synthèse
Le tableau suivant synthétise les combinaisons types d’actions à utiliser pour justifier
les états-limites en fonction de leur classement dans la catégorie des ELS ou des
ELU.
Dans ce chapitre, nous examinons les intensités des résistances des matériaux à
prendre en compte dans le cadre de la méthodologie semi-probabiliste. Au même
titre que les actions, les résistances sont considérées comme des variables
aléatoires.
La valeur caractéristique des propriétés des sols et des roches est une estimation
prudente de la valeur de la propriété qui commande le phénomène considéré (état-
limite) ; la plupart du temps il s’agit d’une valeur moyenne sur un certain volume de
matériau. Lorsque des méthodes statistiques sont utilisées, la valeur caractéristique
doit avoir une probabilité donnée de 95% d’être atteinte ou dépassée lors d’une
hypothétique série d’essais illimitée.
Dans certains cas, il peut être nécessaire de définir deux valeurs caractéristiques
pour la résistance d’un matériau, l’une supérieure et l’autre inférieure, en fonction de
l’état-limite considéré.
La valeur de calcul d’un matériau, notée Rd, est obtenue à partir de la résistance
caractéristique divisée par le coefficient partiel γm, fond : Rd = Rk/γm, fond . Le coefficient
partiel γm, fond prend en compte, d’une part la réduction possible de la résistance du
matériau par rapport à sa résistance caractéristique (possible variabilité dans le sens
défavorable des propriétés des matériaux), d’autre part les éventuels défauts
localisés du matériau et les écarts entre les essais et la réalité.
Les valeurs de calcul des matériaux sont utilisées pour les états-limites relevant de la
catégorie des ELU en situations durable et transitoire.
Tableau 7 : Notation des coefficients partiels pour les résistances des matériaux
Les états-limites sont les phénomènes que l’on souhaite éviter. Deux catégories
d’états-limites sont distinguées dans les règlements semi-probabilistes : les ELS et
les ELU. Leur distinction est liée aux probabilités admissibles d’occurrence leur
correspondant, elles mêmes dépendant en principe de l’importance des
conséquences de leur apparition.
Une approche plus pragmatique consiste à faire correspondre les ELS à des critères
de fonctionnalité de l’ouvrage, et les ELU à des pertes d’équilibre statique ou des
modes de ruine de l’ouvrage.
En toutes hypothèses, le classement d’un état-limite entre ELS et ELU peut revêtir
un caractère arbitraire ou formel, dicté par l’expérience de l’expert.
Dans ce chapitre, nous proposons d’une part le classement des états-limites dans
chaque catégorie ELS et ELU, et d’autre part la traduction au format semi-
probabiliste des critères de dimensionnement.
De ce fait, il n’est pas possible de trancher par analogie avec l’état-limite d’ouverture
des fissures du BAEL, comme cela avait été réalisé pour l’état-limite de traction du
parement amont.
Une analogie plus intéressante peut être faite avec les états-limites de
décompression du sol et de renversement d’une fondation superficielle, proposés
dans le fascicule 62 titre V :
- ELU combinaisons fondamentale et accidentelle : au moins 10% de la surface de
base restent comprimés ;
- ELS combinaison rare : au moins 75% de la surface de base restent comprimés ;
- ELS combinaison fréquente : toute la surface de base reste comprimée.
Des critères analogues peuvent être proposés pour l’état-limite d’ouvertures des
fissures dans le corps du barrage. Pour le calcul de la longueur fissurée, on adopte
la méthode décrite au § 3.5.3 de la partie 1 et on exprime la condition de non
fissuration en introduisant la résistante à la traction du matériau, laissant toute
latitude à différentes hypothèses sur les paramètres et les coefficients de sécurité :
σ’N (x) > - ft /γm6
Dans cette partie, nous proposons de traduire au format semi-probabiliste les critères
de dimensionnement relatifs aux différents états-limites. Pour ce faire, nous
considérons :
- les actions avec leurs différentes valeurs représentatives ;
- les résistances des matériaux avec leurs différentes valeurs représentatives ;
- les coefficients de modèles qui, utilisés conjointement avec les coefficients
partiels appliqués aux actions et résistances, se substituent aux coefficients
globaux de sécurité.
Les valeurs représentatives des actions à prendre en considération dans les critères
de dimensionnement sont décrites dans les combinaisons types d’actions associées
à chaque état-limite dans les différentes situations de projet (cf chapitre 1 – partie 2).
L’effet des coefficients de modèle est de préserver pour l’ouvrage une certaine
distance par rapport à l’état-limite, telle qu’elle est modélisée dans la condition d’état-
limite.
Qu’il soit calé de façon probabiliste ou par référence aux pratiques traditionnelles des
vérifications, il joue un rôle prépondérant dans l’ajustement des niveaux globaux de
sécurité. A ce titre, le coefficient de modèle peut avoir, pour un état-limite donné, des
valeurs différentes en fonction de la combinaison type d’actions utilisée pour la
justification.
avec :
L la longueur comprimée de la section considérée
γd1, γd2 et γd3 les coefficients de modèle de l’état-limite de résistance à l’effort
tranchant relatifs respectivement au corps du barrage, à l’interface et à la fondation.
Ce critère laisse toute latitude à différentes hypothèses sur les paramètres et les
coefficients de sécurité.
On peut dire que le coefficient de modèle tient ici dans la valeur limite de la
fissuration fixée pour les vérifications (x et z restant à fixer à l'issue des travaux
ultérieurs du groupe).
Ces critères laissent toute latitude à différentes hypothèses sur les paramètres et les
coefficients de sécurité.
6.2.5. Synthèse
Partie 3
Faisabilité de la calibration de la méthode semi-probabiliste
sur les pratiques actuelles
Introduction
L’objectif de cette partie est d’examiner la faisabilité de la calibration de la méthode
semi-probabiliste posée par le groupe de travail dans la partie 2 sur les pratiques
actuelles.
Ce travail a fait l’objet d’un stage d’élève ingénieur ISBA (Institut Supérieur du Béton
Armé) réalisé de juin à août 2001 au Cemagref [mellak01], et qui s’est inscrit dans le
cadre des perspectives proposées par le groupe de travail en mai 2001. La partie 3
fait la synthèse des résultats obtenus lors du stage et des travaux de contrôle et de
validation du groupe de travail.
Elle développe la façon dont les coefficients partiels appliqués aux matériaux sont
obtenus et propose une méthodologie pour la calibration des coefficients de modèle.
Rappelons qu’il n’est pas nécessaire de déterminer des coefficients partiels γF sur les
actions car les valeurs représentatives de l’action hydrostatique sont déterminées
directement, par des périodes de retour ou par des conditions d’exploitation du
barrage.
L’organisation générale du travail est conduite selon les quatre étapes suivantes :
Approches semi-probabiliste :
- résistances des matériaux :
Rcalcul = Rcaractéristique / γmi
Pratiques actuelles :
- combinaisons types d’actions :
- résistances des matériaux :
quasi-permanente, rare,
Rdéterministe
fondamentale, accidentelle
- niveaux de charges : RN, PHE,
- coefficients de modèle par état-
RN+séisme
- coefficients globaux de sécurité : si limite : γdi
- proposition des
coefficients partiels γmi
- calage des coefficients de
modèles γdi
Le travail de cette partie a été réalisé sur la base de cinq dossiers « CTPB » de
barrages poids. Il s’agit des ouvrages tests suivants :
- barrage de la Rive (révision spéciale d'un barrage ancien en maçonnerie) ;
- barrage de la Mouche (révision spéciale d'un barrage ancien en maçonnerie) ;
- barrage du Ternay (révision spéciale d'un barrage ancien en maçonnerie) ;
- barrage de Chartrain (révision spéciale d'un barrage ancien en maçonnerie) ;
- barrage du Riou (projet de barrage nouveau en BCR).
1.1 – Synthèse des résistances des matériaux rencontrées dans les dossiers
tests
Cette synthèse a consisté à analyser les paramètres liés aux résistances des
matériaux et nous nous sommes efforcés de dégager pour chacun des barrages
tests :
- les résistances pris en compte dans les notes de calculs ; nous avons analysé les
paramètres retenus dans les notes de calculs pour la justification des états-limites.
Le tableau suivant indique les données obtenues par l’analyse des cinq dossiers
tests. Pour chaque paramètre, nous distinguons les données issues directement ou
indirectement d’essais (notées dans la colonne « Essais ») et les données prises en
compte dans les notes de calculs (notées dans la colonne « Calculs »).
Paramètres
Configuration
Cohésion Angle de frottement Compression Traction
Essais Calculs Essais Calculs Essais Calculs Essais Calculs
fondation 14 MPa 47° 71.4 MPa 11.1
MPa
corps du 2 MPa 1.0 MPa 49.5° 45° 11.3 MPa 1.3 MPa
La Rive
barrage
interface 0 MPa 45°
barrage
interface 0 MPa 20°
fondation
barrage
interface 1 MPa 36.87°
fondation 15 à 31
MPa
corps du 0.5 MPa 0.26 MPa 36.87° 11.5 MPa 10 MPa 1.25 MPa 0.5 MPa
Riou
barrage
interface 0 MPa 36.87° RN
45° PHE
1.2 Analyse des valeurs « traditionnelles » adoptées dans les notes de calculs
Les résistances des matériaux prises en compte dans les notes de calculs des
barrages tests seront considérées par la suite comme les valeurs caractéristiques.
En effet, rien ne nous permet de douter qu’elles correspondent à la définition donnée
en partie 2 (cf § 5.1), à savoir une estimation prudente de la valeur de la résistance
responsable de l’apparition des états-limites. Elles sont obtenues ici par jugement
d’expert à partir de résultats d’essais sur les matériaux.
Ce n'est que pour le corps du barrage que les valeurs caractéristiques de la cohésion
et de l’angle de frottement interne sont obtenues directement ou indirectement à
partir d’essais. Quant aux paramètres de traction et de compression du corps du
barrage, ils ne sont pas utilisés directement dans les notes de calculs. En effet, les
conditions d’états-limites relatifs aux résistances à la traction et à la compression des
matériaux ne font jamais intervenir, dans les dossiers étudiés, les résistances des
matériaux. Ainsi, les valeurs caractéristiques des résistances à la traction et à la
compression des matériaux du corps du barrage ne peuvent pas être renseignées
car ces paramètres n’entrent pas dans les calculs, sauf pour le barrage du Riou où
des valeurs minimales de résistance du BCR ont été imposées dans le cahier des
charges à l’entreprise.
Le tableau suivant récapitule l’analyse des résistances utilisées dans les notes de
calculs.
Nous constatons que les intensités des résistances des matériaux prises en compte
dans la pratique déterministe ne dépendent pas du niveau de charge examiné, ni de
l’état-limite justifié. Ainsi, une seule intensité de résistance est considérée : la
résistance définie précédemment.
A défaut d’études spécifiques sur les matériaux intervenant dans la justification des
barrages poids (BCR et BCV en masse, maçonnerie, rocher), les combinaisons de
coefficients partiels appliqués aux résistances des matériaux (γm, serv ; γm, fond ; γm, acc)
peuvent être proposées, dans une première approche, par référence aux règlements
semi-probabilistes appliqués dans le génie-civil traditionnel.
Mais ce jeu de coefficients partiels γm, fond est sujet à discussion car :
- les fondations d’un barrage poids sont le plus souvent du type « fondations au
rocher », ne rentrant pas dans le cadre du fascicule 62 titre V qui considère des
sols meubles ;
- le corps de barrage est du béton en masse, alors que le BAEL s’intéresse aux
structures en béton plus fines.
Ainsi, nous rappelons que ce jeu n'est adopté qu’à titre d’exemple pour poser la
méthodologie de calibration des coefficients de modèle. Elle permettra de calibrer les
coefficients de modèle utilisés dans les états-limites associés à la combinaison type
fondamentale.
Nous noterons, pour être complet, qu'il conviendrait de proposer deux autres jeux de
coefficients partiels γm, serv et γm, acc et de procéder également à la calibration des
coefficients de modèles correspondant aux états-limites associés à ces
combinaisons type (quasi-permanente et rare pour les ELS, accidentelles
hydrostatique et sismique pour les ELU). Ce travail n’a pas été fait dans le cadre du
stage, mais la démarche serait strictement identique.
A partir des notes hydrologiques des cinq barrages tests, une synthèse les cotes
associées à la retenue normale (RN) et à la ««crue de projet»» (PHE) a été réalisée.
Les résultats sont donnés dans le tableau suivant.
Tableau 13 : synthèse des cotes des retenues et des périodes de retour associées
Le tableau suivant indique les périodes de retour de la « crue de projet » pour les
cinq barrages test.
Cette synthèse met en évidence des périodes de retour des crues de projet
comprises entre 1 000 et 10 000 ans, avec une majorité de périodes de retour égales
à 5 000 ans. C'est le même ordre de grandeur qui a été adopté pour la période de
retour de la « crue de projet » sur deux autres cas récents de barrages en BCR :
T = 5 000 ans pour Touche Poupard et T = 10 000 ans pour Serre de la Fare.
Toutefois, cette observation n’est pas forcément représentative de la pratique en
France, qui associe plutôt la période de retour 1 000 ans à la « crue de projet » (cf
partie 1 § 1.2.1).
En revanche, les coefficients globaux de sécurité pris en compte dans les notes de
calculs des cinq barrages tests sont conformes aux pratiques actuelles (cf partie 1).
Ainsi, vu l’hétérogénéité des périodes de retour associées aux PHE, force est de
constater à ce stade de l’analyse que les niveaux de sécurité sont variables d’un
ouvrage à un autre.
3.1 Méthodologie
- résistances au
- notes de calcul des format semi-
ouvrages de probabiliste
« dimensions » données - actions au format
- calcul des états de Calcul Calcul semi- semi-probabiliste
contraintes, des facteurs déterministe probabiliste - conditions d’états-
de dimensionnement, à limites au format
partir des hypothèses semi-probabiliste
déterministes
- même niveau de
Calage des dimensionnement visé
coefficients de entre les approches
modèle déterministe et semi-
probabiliste (rechercher la
convergence des facteurs
de dimensionnement
résultant respectivement
des deux approches)
3.3.1 Hypothèses
Nous avons calé les coefficients de modèle intervenant dans les conditions d’états-
limites justifiés avec la combinaison fondamentale, sur la pratique déterministe. Les
hypothèses des calculs dans les deux approches sont les suivantes :
Approche traditionnelle :
- niveau de charge correspondant à la crue de période de retour 10 000 ans (valeur
de calcul)
- résistances traditionnelles des matériaux prises en compte dans les notes de
calculs des dossiers
- conditions d’états-limites exprimées à partir des coefficients globaux de sécurité de
l’approche déterministe (cisaillement : 2 ; glissement : 1,3 ; résistance à la traction :
2 ; résistance à la compression : 2)
Approche semi-probabiliste :
- niveau de charge correspondant à la crue de période de retour 10 000 ans
- résistances de calculs des matériaux : Rd = Rk/γm,fond
(où Rk = Rtraditionnel des notes de calcul)
- conditions d’états-limites exprimées à partir des coefficients de modèle γdi, fond
Les coefficients de modèles sont définis par état-limite. Nous avons tenté de calibrer
quatre coefficients de modèle correspondant aux états-limites de cisaillement, de
glissement, d’ouverture des fissures et de résistance à la compression. Le tableau
suivant résume les notations des coefficients de modèle.
Les coefficients de modèles γd1 et γd2 sont obtenus à partir des facteurs de
dimensionnement Γ calculés sur chaque ouvrage selon les deux approches
déterministes et semi-probabilistes menées en parallèle :
= [N’.(tanϕ/γm9)/T]semiprobabiliste/[N’.tanϕ/(T.scoef_sécurité)]déterministe
Par conséquent, nous avons calé un γd3 de façon à obtenir les mêmes marges de
sécurité dans les deux approches, exprimées en contraintes, par rapport à l’état
limite d’ouverture des fissures. Ainsi, le coefficient de modèle γd3 a été défini de la
façon suivante :
Le tableau suivant résume les coefficients de modèle obtenus pour les trois ouvrages
tests servant à la calibration.
L’approche pour les deux derniers état-limites, basée sur les marges de sécurité,
permet de calibrer les marges de sécurité entre les deux méthodes. Toutefois, elle
ne pourra pas être directement exploitée dans les conditions d’états-limites de la
méthode semi-probabiliste, dans la mesure où la référence déterministe de la
sécurité utilise une marge nulle. Pour y parvenir, il conviendrait de calibrer les
coefficients de modèle γd3 et γd4 sur respectivement les longueurs de fissure et les
rapports (σ’N aval /fc) des deux méthodes.
3.4 Conclusions
Ainsi, nous avons proposé une combinaison de coefficients partiels appliqués aux
résistances des matériaux (issus de l’analyse des règlements semi-probabilistes) et
nous avons proposé de caler les coefficients de modèle comme la moyenne sur les
ouvrages tests majorée de l’écart type et arrondie.
L’objectif de cette étape est de valider sur d'autres ouvrages réels les jeux de
coefficients partiels et de modèle obtenus lors des phases précédentes. Cette étape
est incontournable après avoir calé les coefficients de modèle : il s’agit de vérifier
que les niveaux de sécurité restent bien du même ordre entre les deux approches.
Dans cette partie, nous nous attacherons à vérifier, sur un ouvrage test, les niveaux
de sécurité liés à chaque état-limite justifié à partir de la combinaison fondamentale.
Le barrage retenu pour la validation est le barrage du Sep, barrage récent en BCR.
Les résistances adoptées sont les valeurs extraites de la note de calcul. Les charges
hydrostatiques correspondent à la retenue à la cote 501,60 NGF (crue
décamillenale).
section (Cb . L/γm4 + (N - U) .tan ϕb/γm5) /γd1.T [N.tan φ/γm5 / γd2.T] (σNamont + ft /γm6)/ γd3 (fc /γm7 - σNaval)/ γd4
NGF
456,5 5,1 1,5 823 4077
(base)
460 5,4 X 823 4092
470 6,9 X 859 4180
475 7,9 X 839 4224
CHAPITRE 5 : CONCLUSION
Nous avons constaté de façon générale une grande difficulté à accéder aux
informations et à en établir une synthèse. Les informations sont dispersées dans les
différentes parties des dossiers, ce qui rend leur accès d’autant plus difficile.
Certaines valeurs des résistances des matériaux n’interviennent pas dans les notes
de calcul au format traditionnel :
- les valeurs de la cohésion et de l’angle de frottement interne de la fondation ne sont
définies dans aucun des cinq dossiers tests car l’état-limite de cisaillement de la
fondation ne fait pas l’objet de justification ;
- les valeurs de la cohésion et de l’angle de frottement à l’interface fondation-
barrrage n’ont pas été déterminées directement à partir d’essais. Elles sont
obtenues par une analyse simultanée des valeurs de la fondation et du corps du
barrage ;
- les résistances de traction et de compression du corps du barrage ne sont pas
utilisées dans les notes de calculs car les conditions d’états-limites associés ne font
intervenir, dans aucun des cinq dossiers tests étudiés, les résistances des
matériaux.
A défaut d’études spécifiques sur les matériaux concernant les barrages poids (BCR
et BCV en masse, maçonnerie, rocher), les jeux de coefficients partiels appliqués
aux résistances des matériaux (γm, serv ; γm, fond ; γm, acc) peuvent être proposées, dans
une première approche, par référence aux règlements semi-probabilistes appliqués
dans le génie civil traditionnel. Pour montrer la faisabilité de la calibration de la
méthodologie semi-probabiliste, nous avons proposé une combinaison de
coefficients partiels γm, fond obtenue à partir des règlements existants (fascicule 62
titre V, BAEL, Rosa00).
Toutefois, ce jeu de coefficients partiels γm, fond est sujet à discussion car :
- les fondations d’un barrage poids sont le plus souvent du type « fondations au
rocher » et ne rentrant pas dans le cadre du fascicule 62 titre V qui considère des
sols meubles ;
- le corps des barrages poids en BCR ou BCV est du béton de masse , alors que le
BAEL s’intéresse plus aux structures en béton plus fines ;
- pour les barrages en maçonnerie, la référence aux coefficients partiels du BAEL est
également discutable.
Il conviendrait de réaliser des études spécifiques sur ces matériaux (BCR ou BCV en
masse, maçonnerie et rocher) pour d’abord mettre au point une bonne méthode de
détermination des valeurs caractéristiques en harmonisant la pratique actuelle si
possible, puis en s’intéressant aux coefficients partiels (γm,serv ; γm,fond ; γm,acc) à
appliquer sur les dites valeurs caractéristiques dans l’approche semi-probabiliste. Ce
travail important sort du cadre de notre groupe de travail mais reste néanmoins une
étape indispensable pour évoluer vers un règlement semi-probabiliste relatif aux
barrages poids.
L’analyse des charges hydrostatiques retenues dans les notes de calculs au format
déterministe met en évidence des périodes de retour des crues de projet comprises
entre 1 000 et 10 000 ans, avec une majorité de périodes de retour égales à 5 000
ans. Toutefois, cette observation n’est pas représentative de la pratique en France,
qui associe plutôt la période de retour 1 000 ans à la « crue de projet ».
En revanche, l’hétérogénéité des périodes de retour associées aux PHE indique des
niveaux de sécurité variables d’un ouvrage à un autre.
Compte tenu du nombre limité de barrages tests examinés, le travail réalisé visait à
poser une méthodologie de calibration du format semi-probabiliste sur les pratiques
actuelles, en visant les mêmes niveaux de sécurité.
La validation réalisée sur un seul ouvrage test permet de retrouver dans l’ensemble
les mêmes facteurs de dimensionnement pour chaque état-limite, et donc de valider
globalement la méthodologie de calibration des coefficients de modèle.
1 - Conclusions
Les travaux du groupe de travail « barrage poids » du CFGB ont eu deux objectifs :
Le travail bibliographique n’a pas eu pour ambition d’être exhaustif, mais propose
plus modestement une synthèse des principales recommandations internationales et
des pratiques françaises. Lorsque cela a été possible, le rapport propose des
recommandations correspondant aux pratiques du groupe de travail.
Ce travail a mis en évidence des différences sensibles dans les pratiques actuelles :
hypothèses relatives aux calculs des actions et de leurs effets, cas de charges,
justifications et critères de dimensionnement. Les divergences les plus marquées ont
été constatées sur les résistances des matériaux, et plus particulièrement les
résistances des fondations. Cette problématique est liée aux incertitudes sur la
connaissance des matériaux, ajoutée à la présence de gradients hydrauliques :
chaque fondation étant unique avec des propriétés mécaniques propres, il est
logique que le jugement éclairé de l’expert soit à la base des justifications.
Un tel appel à l’expertise dans la justification des barrages et de leurs fondations est
certainement une des principales raisons qui ont, jusqu'à maintenant, écarté
systématiquement les barrages des règlements semi-probabilistes existants (cf les
différents fascicules français et les Eurocodes).
• répartir les niveaux de sécurité sur les différents paramètres à considérer (actions,
résistances, modèles de calcul) par une appréciation de leurs incertitudes
respectives et dans chacune des vérifications, permettant de mieux prendre en
compte les non linéarités des équations dans les modèles de calcul.
• Enfin, permettre dans un 2ème temps le calage des niveaux de sécurité par
référence aux niveaux de sécurité classiques pratiqués (calage par ajustement,
qui a été proposé dans la partie 3), ou éventuellement à des probabilités
maximales admissibles données a priori (calibration probabiliste).
En l’état, la méthode proposée n’est pas encore opérationnelle car il reste à arrêter
des valeurs guides de coefficients partiels relatifs aux matériaux et les coefficients de
modèles (laissant une place à l’interprétation des experts), l’ensemble venant se
substituer aux coefficients globaux de sécurité des pratiques classiques pour
harmoniser les niveaux de sécurité (cf § 2 « perspectives » ci-après).
Dans ce travail, une réflexion a été engagée sur les justifications actuellement
considérées. Dans un premier temps, ceci a permis de regrouper les principales
vérifications déterministes dans deux états-limites : résistance à l’effort tranchant et
ouverture des fissures. Dans un deuxième temps, nous avons classé les différents
états-limites dans les catégories ELS et ELU. Ce travail sur les états-limites constitue
un point important du rapport.
Les travaux réalisés ont permis de mettre en évidence certaines différences entre les
méthodes déterministes actuelles et les approches semi-probabilistes proposées :
2 - Perspectives
Nous avons mis en évidence lors de nos travaux une hétérogénéité des pratiques
actuelles, d'une part au niveau des différentes recommandations internationales mais
également à travers les pratiques en France. Nous avons également ressenti la
volonté des membres du groupe de travail d’harmoniser les justifications, tout au
moins en ce qui concerne les barrages français.
Les travaux liés à cette première perspective pourraient être engagés à court terme
dans le cadre d’un mandat donné à un nouveau groupe de travail du CFGB.
Nous avons vu que pour rendre la méthode proposée opérationnelle, il reste à fixer
définitivement les intensités des charges à prendre en compte, à déterminer les
coefficients partiels et de modèle. Ce point constitue la deuxième perspective de
recherche. Pour ce faire, différentes études doivent être engagées :
A l’instar des études menées pour le béton, l’acier ou les sols d’assise dans le cadre
des règlements semi-probabilistes, il convient donc d’engager des travaux
spécifiques sur les matériaux intervenant dans les barrages poids, et en particulier
les matériaux des fondations. Dans ce cadre, un état de l’art des essais in situ et au
laboratoire doit être réalisé pour proposer des méthodologies formelles permettant
d’obtenir les valeurs caractéristiques au sens des Eurocodes : type d’essai, nombre
d’essai, … Parallèlement, il conviendrait de rassembler et d'exploiter les données de
terrain et de laboratoire obtenues lors d'études de barrages ces dernières décennies.
A partir de ces travaux, des études, éventuellement fiabilistes, pourront être
engagées pour définir les coefficients partiels relatifs aux résistances.
Des études de calage par référence aux pratiques déterministes doivent être
engagées afin de calibrer les coefficients de modèle par référence aux pratiques
actuelles. A défaut, des coefficients nouveaux devront être proposés. Ce travail doit
être réalisé à partir de nombreux cas de barrages existants et la collaboration des
principaux bureaux d’études français est indispensable pour accéder à des dossiers
suffisamment renseignés.
Ce travail (d’importance moindre que celui concernant la perspective 2.1) peut être
mené à travers des stages d’étudiants TFE ou DEA . Comme pour la perspective
2.1, le groupe de travail « barrage poids » du CFGB constitue un cadre idéal de
pilotage et de validation de ces études.
Situations concernées :
- situation durable d’exploitation
- situation transitoire (vidange et autres)
- situations accidentelles sismique et hydrostatique
la résistance de service :
- dans le corps du barrage : (tan ϕb)d,serv=(tan ϕb)k /γm3, serv ; (Cb)d,serv = (Cb)k /γm4, serv
- à l’interface : (tan ϕ)d, serv =(tan ϕ)k / γm6, serv ; (Cinterface)d,serv = (Cinterface)k / γm7, serv
- dans les fondations : (tan ϕfond)d, serv =(tan ϕfond)k /γm1, serv ; (Cfond)d,serv =(Cfond)k /γm2, erv
Conditions d’état-limite :
Dans la fondation :
- en situation durable d’exploitation : Cb . L + N’ .tan ϕb > γd1, fond .T
Cb . L + N’ .tan ϕb > γd1, serv .T
- en situation accidentelle sismique : Cb . L + N’ .tan ϕb > γd1, acc.sim .T
- en situation accidentelle hydrostatique : Cb . L + N’ .tan ϕb > γd1, acc.hyd .T
A l’interface :
- en situation durable d’exploitation : Cb . L + N’ .tan ϕb > γd3, fond .T
Cb . L + N’ .tan ϕb > γd3, serv .T
- en situation accidentelle sismique : Cb . L + N’ .tan ϕb > γd3, acc.sim .T
- en situation accidentelle hydrostatique : Cb . L + N’ .tan ϕb > γd3, acc.hyd .T
Situations concernées :
Conditions d’état-limite :
1. Introduction :
Cette note effectue un rapide bilan des différentes méthodes classiquement mises en œuvre dans le
cadre d’une analyse au séisme des barrage-poids. Dans le cas d’études simplifiées il faut noter le
caractère quelque peu arbitraire du choix de certains paramètres qui diffèrent d’ailleurs suivant les
pratiques et les règlements.
Les recommandations CIGB (ref. 1) font apparaître deux niveaux de séismes à prendre en compte dans
les projets :
- le MCE (maximum credible earthquake) correspond au séisme maximal qui peut être
envisagé sur un site. Pour ce séisme la stabilité de l'ouvrage ne doit pas être remise en cause et
l'ouvrage ne doit pas connaître de dommages susceptibles de remettre en cause sa sécurité. Le MCE
correspond donc à la notion déterministe du plus grand séisme pouvant se produire sur un site,
- le DBE (design basis earthquake) est un niveau de séisme pour lequel on souhaite protéger
l'ouvrage de manière à ce que son utilisation ne soit pas compromise. Ce niveau correspond donc à des
séismes dont la période de retour correspond approximativement à la durée de vie de l'ouvrage. Il
s'agit donc là d'une approche probabiliste.
La pratique en France est de n'étudier le comportement des ouvrages que pour le séisme qui
conditionne la sécurité des ouvrages, c'est à dire le MCE.
Le séisme de référence est en général défini par les paramètres macrosismiques suivants :
- intensité épicentrale
- profondeur focale
- distance épicentrale
- sismicité induite sur le site
A partir de ces données, différentes corrélations permettent de définir les paramètres nécessaires au
calcul mécanique (cf. R.F.S. 1.2.c):
- magnitude
- spectres de réponse
- accélérogrammes correspondant aux spectres de réponse
Au cours d'un séisme, l'énergie de déformation générée par la libération des contraintes mécaniques le
long des zones de failles par la mise en jeu des différents mécanismes de rupture (cisaillement,
extension, chevauchement) se transforme en ondes de vibrations qui se propagent dans la croûte
terrestre en s'atténuant. Ces ondes sont de différents types : ondes de compression, ondes de
cisaillement, ondes de surface.
L'énergie de déformation transmise par la fondation se traduit par la mise en mouvement de l'ouvrage,
structure qui malgré son caractère massif est susceptible de se mettre en vibration. Les sollicitations
mécaniques auxquelles un barrage est alors soumis sont de deux types :
- les forces hydrodynamiques dues à la mise en vibration de la retenue qui s'ajoutent aux forces
hydrostatiques.
Dans le cadre d'un calcul simplifié, l'approche pseudo-statique est utilisée : le chargement dynamique
se traduit par l'application de forces statiques équivalentes aux efforts dynamiques maximaux
supportés par l'ouvrage.
Les forces d'inertie sont celles d'un solide rigide soumis à l'accélération maximale au sol. La prise en
compte de la composante verticale fait l’objet de pratiques différentes suivant les règlements :
F = α S γb où
- α coefficient sismique
- S section de l'ouvrage
- γb : poids volumique de l'ouvrage
Certains auteurs préconisent l’application d’un coefficient d’abattement de 0,67 pour le calcul des
efforts mais n’appliquent pas ces coefficients pour le calcul des contraintes.
Les forces hydrodynamiques s'appliquant sur la face amont d'un barrage sont traditionnellement
calculées par la méthode de Westergaard qui a évalué la répartition de la pression exercée sur un mur
soumis à un mouvement périodique et établi une formule simplifiée dans le cas où la compressibilité
de l'eau peut être négligée :
- x=y/h
Cm = 0.735 (2θ/π) où
Le ratio r des forces hydrodynamiques (exprimées par la formule de Westergaard) sur les forces
d'inertie pour un barrage-poids triangulaire s'écrit donc :
Ce rapport est voisin de 0.6 pour un barrage-poids dont la somme des fruits est égal à 0,8. Pour un
barrage-voûte mince ce rapport peut atteindre 2 à 3. Pour un barrage en remblai ou en enrochements,
les forces hydrodynamiques sont négligeables.
Dans les calculs dynamiques, il est généralement admis, compte tenu de la brièveté des sollicitations
ne permettant pas aux variations de pressions interstitielles de se propager dans l'ouvrage, que le profil
de sous-pressions adoptés est identique à celui adopté en conditions statiques.
La prise en compte d'une accélération uniforme pour le calcul des forces d'inertie revient à négliger la
mise en vibration du barrage qui induit une amplification des accélérations en crête. C'est pourquoi
Chopra a proposé (ref. 7) une méthode simplifiée qui permet de calculer la distribution des forces
d'inertie en fonction de la hauteur ainsi qu'une distribution des forces hydrodynamiques qui prend en
compte la flexibilité de l'ouvrage.
Cette méthode est basée sur la prise en compte du premier mode de déformation dynamique de la
structure (cette méthode peut donc être considérée comme une méthode modale spectrale) et permet
d'évaluer la distribution sur la hauteur de l'ouvrage des forces dynamiques (forces d'inertie +
hydrodynamiques).
Utilisant des abaques paramétrées (voir annexe) elle comprend les étapes suivantes :
- Hb hauteur du barrage
- E module d'Young du barrage
en fonction du rapport Hr / Hb où Hr est la hauteur de la retenue, les courbes étant paramétrées par le
module d'élasticité du béton,
- T0 période propre de la retenue est calculée par la formule T0= 4H/C où C=1440 m/s
célérité des ondes de compression dans l'eau
L'abaque 2 fournit le terme g P1(y)/wH où w est le poids volumique de l'eau en fonction du rapport y/
H ; les courbes sont paramétrées en fonction du rapport R2. La figure 1 fournit la déformée modale
ψ(y).
Les résultats fournis par cette méthode ont été comparés sur le barrage de Pine Flat avec les résultats
d'un calcul dynamique transitoire. Cette méthode donne des résultats voisins lorsque le premier mode
de vibration est seul pris en compte dans le calcul transitoire, mais majore les contraintes de tractions
par rapport au calcul transitoire effectué avec plusieurs modes propres.
Globalement cette méthode apparaît conservative, en particulier parce que l'effet de la fondation n'est
pas pris en compte .
L'analyse du comportement dynamique d'un ouvrage peut être menée en calculant la réponse
transitoire de l'ouvrage au cours du séisme.
Des codes de calcul aux éléments finis, permettent de simuler le comportement dynamique élastique-
linéaire d'un barrage-poids en prenant en compte les interactions barrage-réservoir et barrage-
fondation.
L'hypothèse de linéarité, permet de simplifier le problème en effectuant un calcul sur la base des
modes propres du barrage ou du système barrage-fondation. Le problème mécanique qui comporte un
nombre d'équations un peu inférieur à 2N équations, où N est le nombre de noeuds du modèle aux
éléments finis, est ainsi ramené à un problème à 10 ou 20 équations suivant le nombre de modes
propres considérés dans l'analyse.
Pour l'analyse du problème couplé fluide structure, les équations peuvent être résolues dans le
domaine des fréquences ce qui revient par transformation de Fourrier à résoudre un problème
harmonique. La compressibilité de l'eau peut être prise ou non en compte.
Une telle analyse peut être complétée par une approche de Newmark qui permet d’intégrer au cours du
séisme les déplacements le long d’une interface lorsque le critère de stabilité au glissement est
dépassé. Ainsi peuvent être estimés les déplacements maximaux relatifs le long d’une interface atteints
au cours d’un séisme.
Les mesures in-situ, tant les essais de vibrations forcées que les mesures de vitesse sismique en
forages mettent en évidence une augmentation des modules d'élasticité dynamiques de 20 à 50 % par
rapport aux modules statiques. Cette majoration des modules s'explique par l'augmentation des
modules de déformations des matériaux avec les vitesses de déformations.
La valeur du paramètre amortissement est également l'objet de discussions. Sa valeur est fonction des
niveaux de dissipation d'énergie dans la structure en particulier au droit des zones à comportement
non-linéaire comme les joints de construction entre plots ou les zones de fissuration.
C'est pourquoi à faible niveau d'excitation comme cela est le cas pour les essais d'excitation forcée ou
les mesures de vibrations ambiantes, des niveaux d'amortissement de 2 à 3 % sont constatés. Pour des
forts niveaux de séismes des amortissement de 7% sont admis. Une valeur moyenne couramment
utilisée dans les calculs est 5%.
L'analyse du comportement au séisme des barrages-voûtes fait l’objet d’une analyse tridimensionnelle,
mais dans certains cas une telle analyse peut également être mise en œuvre dans le cas de barrages-
poids lorsque l’aspect tridimensionnel du comportement des ouvrages ne peut être négligé. La
fondation et la partie proche de la retenue sont représentées. Différentes méthodes peuvent être
utilisées en fonction des méthodes mises en œuvre dans les codes de calcul :
Le calcul permet de connaître les contraintes maximales dans la structure au cours du séisme pour les
niveaux maximum et des niveaux intermédiaires de retenue.
5. Calculs non-linéaires
La simulation du comportement non-linéaire des barrages. Cette simulation passe par l'amélioration de
la modélisation du comportement du béton soumis à une fissuration, en premier lieu en statique.
Différentes approches sont actuellement utilisées :
Des développements sont également faits pour prendre en compte le développement des pressions
interstitielles tant en conditions statiques qu'en conditions dynamiques. Des modèles couplés de
comportement sont particulier développés sur le principe des contraintes effectives avec prise en
compte de l'effet de la fissuration du matériau sur la variation des perméabilités.
De nombreux développements apparaissent également nécessaires pour une meilleure prise en compte
de la sollicitation sismique. Des recherches sont réalisées à l'amont dans le domaine de la
détermination du mouvement du sol, travaux qui s'enrichissent à mesure de l'acquisition de nouveaux
enregistrements de mouvements forts et de la mise au point de méthodologie d'analyse et de
classement en fonction des caractéristiques des séismes et des propriétés mécaniques des terrains de
fondation.
Des travaux sont également consacrés aux différents effets de sites en particulier les effets de site
géométriques qui induisent des amplifications en parties supérieures des appuis de barrages. La prise
en compte d'un modèle de propagation d'ondes dans la fondation des ouvrages apparaît donc devrait
permettre d'avancer dans cette voie. Différentes méthodes de couplages entre les modèles de champs
d'ondes proches et lointains sont étudiés par différentes approches.
Des développements sont menées pour mieux prendre en compte le comportement dynamique des
fondations de barrage en particulier le comportement des différentes discontinuités.
Références
1 STEEGB. Effets des séismes sur les barrages. Guide d'évaluation. 4/3/1997.
3 Une révision du calcul sismique des barrages. CIBG bulletin 27. mars 1974.
5 Choix des paramètres sismiques pour les grands barrages. CIBG bulletin 72. 1989.
6 Selection of design criteria for concrete dams subjected to seismic action. M. Copen. CIGB Q 35 R 14
7 Dynamic methods for earthquake resistant design and safety evaluation of concrete garvity dams.
A.K. Chopra and F. Corns CIGB Q 51 R6.
8 Seismic analysis of concrete dams. G. Tarbox. K. Dreher. L. Carpentier. CIGB. Q51 R11.
9 Complexity, uncertainty and realism in the seismic safety evaluation of concrete dams : linear
analysis. R. Dungar. Hydropower and dams Mai 1994.
10 Seismic safety evaluation of gravity dams. F. Ghrib, P. Léger, R. Tinawi, R. Lupien, M. Veilleux.
Hydropower and dams. Issue 2. 1997.