Ubu Roi
Ubu Roi
Ubu Roi
D’Alfred Jarry
L’auteur
Alfred Jarry est né à Laval (Mayenne) le 8 septembre 1873 et est mort à Paris le 1er novembre
1907. C’est un poète, romancier et dramaturge français.
Précoce (dès 1885), il compose des comédies en vers et en prose ainsi que des poèmes qui
prennent une tonalité de plus en plus macabre au fil des années.
En 1888, Alfred Jarry entre en rhétorique au lycée de Rennes. C’est dans cet établissement qu’il
fera la connaissance de M. Hébert, professeur de physique, incarnant aux yeux de ses élèves le
grotesque à l’état pur. L'enseignant devient le héros d’écrit moqueur fait par ses étudiants. Charles
Morin se nourrira des traits de caractère de ce dernier pour écrire un texte intitulé Les Polonais en
1885. Alfred Jarry remaniera ce texte pour mettre en forme une comédie (c’est la plus ancienne
version d'Ubu roi). En 1890, il jouera pour la première foi la pièce de théâtre d’Ubu Roi dans
l’appartement où il vit avec sa mère et sa sœur.
Ses écrits lui permettent de rencontrer Marcel Schwob, Alfred Vallette (directeur du Mercure de
France) et sa femme Rachilde. Dans la maison du couple, il présente, en 1894, Ubu Roi. Deux ans
plus tard, il travaille avec Lugné-Poë qui lui confie le programme de la prochaine saison du
Théâtre de l'Œuvre où la première publique d’Ubu roi a lieu le 10 décembre 1896. Au début de
cette première représentation, Alfred Jarry lit un discours introductif d'une voix faible, de façon
quasiment inaudible, où il annonce que l'action se passe « en Pologne, c’est-à-dire nulle part ». Le
public s'échauffe. Il ne sera pas au bout de ses émotions lorsque le premier mot de la pièce retentit
dans la salle : « Merdre ! ». La pièce fait alors scandale, il se créé un polémique autour de l’œuvre.
Dès lors, les représentations des pièces d’Alfred Jarry se succèdent, au fil des cycles d’Ubu.
Le 20 janvier 1898, une représentation d'Ubu Roi par des marionnettes (mises en scène par Pierre
Bonnard) est donnée au théâtre des Pantins à Paris. Alfred Jarry écrit en 1901 une réduction en
deux actes d'Ubu Roi qui est jouée la même année au Cabaret artistique des 4-z’arts. Cette version
raccourcie d'Ubu Roi parait en 1906 sous le titre d'Ubu sur la butte.
Vers la fin de sa vie, Alfred Jarry s’identifie à son personnage et fait triompher le principe de
plaisir sur celui de réalité. Il leur sacrifie la respectabilité et le confort. « Jarry jouant Ubu, non
plus sur scène mais à la ville, tend ainsi un terrible miroir aux imbéciles, il leur montre le monstre
qu’ils sont. Il dit « Merdre aux assis » déclare Georges-Emmanuel Clancier.
Épuisé, malade, harcelé par ses créanciers, Alfred Jarry meurt d'une méningite tuberculeuse.
Par la suite, Ubu Roi fut adapté pour un usage télévisé par Jean-Christophe Averty en 1965 puis
réédité en 2007.
En 2009, Ubu Roi entra au répertoire de la Comédie-Française en 2009. La pièce est représentée
pour la première fois le 23 mai de la même année, dans une mise en scène de Jean-Pierre Vincent.
Le contexte historique :
Alfred Jarry grandit sous la III république. C’est l’association des classes moyennes
(fonctionnaires, paysans,…) ainsi que la grande bourgeoisie de la banque, de l’industrie et du
commerce national ou international. Ce nouveau régime écarte la monarchie et l’influence de
l’Eglise.
A l’époque de l’écriture d’Ubu Roi, la France connait une crise économique, sa balance
commerciale est déficitaire (1982-1896).
C’est ainsi que le Générale Boulanger réuni tout les mécontents jusqu’en 1889.
En 1892-1893, le « scandale de Panama » éclate. On accuse des députes d’avoir reçu des pots de
vins pour autoriser la construction du canal de Panama. S’en suit alors une petite vague de
terrorisme orchestrée par des anarchistes.
Un autre évènement marquera la fin du XIX siècle, c’est l’affaire Dreyfus. Cet évènement oppose
le nationalisme à une avant-garde intellectuelle. Des camps bien opposés se forment. Georges
Clemenceau prendra d’ailleurs le parti de la défense du capitaine Dreyfus en publiant dans le
journal l’Aurore un article : « J’accuse ». Dreyfus sera innocenté en 1906.
Le genre :
Cette pièce est considérée comme précurseur du mouvement surréaliste et du théâtre de l'absurde.
Le style utilisé est loin du théâtre classique, même si le côté dramatique de l’œuvre (la guerre, la
domination du roi, les massacres) a des origines shakespeariennes. Alfred Jarry mêle provocation,
absurde, farce, parodie et humour gras.
C’est ainsi qu’Ubu Roi d’Alfred Jarry, au comique grinçant, met en scène de façon insolite les
traits humains les plus grotesques. Il est l’inventeur du terme de « Pataphysique », science qui
cherche à théoriser la déconstruction du réel et sa reconstruction dans l’absurde.
Le nom d’Ubu Roi pourrait être inspiré de celui de la tragédie de Sophocle, Œdipe Roi.
Père Ubu (époux de Mère Ubu. Personnage lâche, traître, naïf, bête, gros, goinfre, méchant et
avare. C’est le symbole de la cupidité des hiérarchies politiques, l’absurdité de vouloir toujours
tout)
Mère Ubu (femme de Père Ubu. Personnage manipulateur psychologique surtout envers le Père
Ubu)
Capitaine Bordure
Le Roi Venceslas (époux de la Reine Rosemonde et Roi de Pologne jusqu’à son assassinat)
La Reine Rosemonde (femme du Roi Venceslas)
Boleslas, Ladislas, Bougrelas (fils du Roi Venceslas et de la Reine Rosemonde)
Les Ombres des Ancêtres
Le Général Lascy
Stanislas Leczinski
Jean Sobieski
Nicolas Rensky
L’Empereur Alexis
Giron, Pile, Cotice : les Palotins (serviteurs d’Ubu)
Conjurés et Soldats
Peuple
Michel Fédérovitch
Nobles
Magistrats
Conseillers
Financiers
Larbins de Phynances
Paysans
Toute l’Armée Russe
Toute l’Armée Polonaise
Les Gardiens de la Mère Ubu
Un Capitaine
L’Ours
Le Cheval à Phynances
La Machine à Décerveler
L’Equipage
Le Commandant
En plus de compter beaucoup de personnages, cette pièce d’Alfred Jarry comprend également
beaucoup de lieux. Il y a au total 24 décors différents dont la Maison des Ubu, le Palais Royal, la
crypte, le champ de bataille, la forêt, les grottes ou encore le navire.
La Pologne décrite par Alfred Jarry est imaginée par ce dernier. La Pologne d’Ubu Roi est un pays
légendaire et mythique même si toute fois des caractéristiques de la réelle Pologne apparaissent.
Acte II : Le Roi Venceslas accompagne le Père Ubu à des revues. Ce dernier accompagné du
capitaine Bordure et de ses partisans assassinent le Roi ainsi que deux de ses fils (Boleslas et
Ladislas). Bougrelas s’enfuit accompagné de sa mère (la reine Rosemonde) qui succombe à ses
blessures à l’intérieur d’une caverne dans les montagnes. Un personnage nommé l’Ombre fait alors
son apparition. L’Ombre, qui représente les ancêtres du jeune Bougrelas, demande d’être vengé et
remet une épée. Dans un même temps, le Père Ubu fait plaisir à son peuple (à contrecœur) en lui
donnant de la nourriture et de l’argent mais seulement parce que le Capitaine Bordure rappelle au
Père Ubu que s’il ne fait pas cette distribution, « le peuple ne voudra pas payer les impôts ».
Acte III : Malgré les avertissements et les craintes de Mère Ubu, Père Ubu ne nomme pas le
capitaine Bordure Duc de Lithuanie. Par la suite, Père Ubu massacre les nobles, les greffiers, les
magistrats, les financiers et les paysans pour de maigres prétextes. Père Ubu enferme le capitaine
Bordure qui s’échappera très rapidement. Ce dernier va retrouver le tsar Alexis à Moscou pour
qu’il envahisse la Pologne et qu’il rétablisse Bougrelas. Ayant pris connaissance de cette nouvelle,
la mère Ubu convainc le Père Ubu de partir en guerre, se qu’il s’empresse de faire.
Acte IV : La Mère Ubu essaye de s’emparer du trésor des rois de Pologne mais est chassée par une
révolte menée par Bougrelas. Le Père Ubu, quant à lui, se prépare au combat avec l’armée
polonaise en Ukraine. Le Père Ubu et son armée subissent un échec cuisant. Puis le Père Ubu se
réfugie dans une caverne accompagné de deux de ses Palotins (Pile et Cotice). Ils se battent contre
un ours pendant que le Père Ubu attend en hauteur. L’acte se finit par un cauchemar du Père Ubu
seul, abandonné par ses Palotins dans cette caverne.
Acte V : La Mère Ubu rentre dans la caverne et essaye de se faire passer pour une apparition
devant le Père Ubu, mais en vain. Le jour se lève et révèle la supercherie. Une dispute éclate alors
entre le Père et la Mère Ubu. Elle prendra fin quand elle sera interrompue par Bougrelas. Le couple
Ubu réussi à s’enfuir grâce au retour des deux Palotins. Le Père et la Mère Ubu ainsi que les
Palotins fuient vers la France où le Père Ubu souhaite devenir « maître des phynances à Paris ».
Avis personnel
J’ai apprécié lire ce livre à l’humour très particulier. Ce livre se dévore en quelque heures
seulement et la variation fréquente des personnages (qui n’ont jamais de longue réplique) permet
de ne pas ennuyer le lecteur. Cette pièce de théâtre m’a fait rire du début à la fin sans interruption
grâce (en particulier) au personnage du Père Ubu qui ne semble avoir aucune qualité, il est ainsi
facile et plaisant de se moquer de lui. L’humour Uburlesque qui permet au Père Ubu de jeter un
balai innommable sur la table de festin sans aucune raison évidente (Acte 1 Scène 3) m’a aussi fait
rire. De plus, cette pièce de théâtre n’est pas vulgaire comme le prédisait le premier mot
« Merdre », seul l’expression « de par ma chandelle vert » revient régulièrement mais comme elle
est inventé par Alfred Jarry, nous ne pouvons que supposer de sa signification.