FFDJ, RAIDS N°288,2010.máj.
FFDJ, RAIDS N°288,2010.máj.
FFDJ, RAIDS N°288,2010.máj.
I
m '%Btt|^|^M
.
"
,%
>
2 900 militaires, et quasiment la totalit des capacits de l'arme franaise sous la main. Djibouti, position stratgique et site idoine pour l'aguerrissement et la prparation l'Afghanistan, voit son caractre incontournable concurrenc par la nouvelle base aux Emirats arabes unis. Revue des atouts de ce site magnifique, et des volutions prvisibles.
Texte et photos (sauf mention) : Jean-Marc TANGUY
La ralit interarmes quotidienne de Djibouti, avec cette Gazelle canon survolant un groupe de combat de ta 1F DBLE. (Photo adjudant Guillaume Martet/FFDJ)
fSL.
**?
Une arme franaise en rduction, un environnement impitoyable permettant de s'entraner dans des conditions ultraralistes: bienvenue Djibouti, une portion d'Afrique quatoriale positionne stratgiquement, l o mer Rouge et ocan Indien viennent se mler. C'est un peu pareil pour les militaires qui viennent ici en tournante (40 % de l'effectif) pour se confronter une nature hostile. La proximit immdiate des champs de tir, plus largement, des zones d'entranement, et le nouveau souffle interarmes permettent d'incroyablement rentabiliser le temps. En entrant ici, tout est rentable. Chaque sortie, chaque cartouche tire est valorise, lance le lieutenant-colonel Valry Putz, chef du bureau oprations instruction (BOI) de la 13e DBLE. Le chef
Golfe de Tadjoura
CECAP
Base navale
,/v
,^ Plage des Italiens (Beachings) Base arienne 188 Arta O
FOB '
Village de combat
et ses hommes prparent chaque sortie comme en oprations, et se retrouvent plongs dans des situations ralistes. On monte des exercices interarmes et interarmes trs facilement. Grce un dialogue assez pouss, les exercices combins sont organiss en moins d'une semaine, l o l'quivalent prendrait jusqu' une bonne anne en France. Le ralisme est, par ailleurs, plus facile obtenir: impossible de faire un show efforce en France, le standard de la base arienne la plus proche exploserait dans l'heure suivante pour les nuisances occasionnes. Ici, c'est faisable, dans des conditions de scurit des vols raisonnables. Avant d'entrer, dans le dtail, dans le travail abattu par chaque composante, rappelons que les FFDJ participent la dfense du territoire djiboutien, au terme des accords de dfense signs en 1977, l'indpendance du territoire. L'arme de l'air est notamment en charge de la dfense arienne du pays, un cas sans comparaison ailleurs dans le monde. Des protocoles prvoient galement l'assistance l'arme djiboutienne, notamment en matire d'aromobilit et d'vacuation sanitaire. Ces accords sont cependant en cours de rengociation, et des avances sont attendues dans le courant de l'anne. Le prsident franais a annonc, ces derniers mois, des rductions d'effectifs. Ce n'est plus une surprise. On se souvient qu'en 2008 les assurances avaient t donnes que la croissance de l'implantation militaire franaise aux Emirats arabes unis (IMFEAU) ne se ferait pas au dtriment de la base de Djibouti. Seulement, les effectifs de l'IMFEAU ne devaient pas excder les 400 personnels. Or, assez vite, la cible de
22
cette dernire a quasiment doubl, alors que le risque gopolitique s'est dport encore vers le Moyen-Orient. Djibouti conserve bien son caractre central pourtoutes les oprations lies la lutte contre la piraterie, depuis 2007 (accompagnement des navires du PAM, trois reprises de navires dtourns, escorte de navires de pche...)- Toutefois, la ncessit de conserver un tel niveau de forces terrestres (1 400 soldats oprationnels en deux GTIA) n'est sans doute plus aussi vidente. A Djibouti, aucune dcision n'est annonce, mais il semble assez vident que le but recherch par l'EMA est de ne pas voir de pertes de capacits, particulirement dans les appuis. On conservera donc de l'artillerie, du gnie, videmment de la cavalerie et un peu d'infanterie, mais sans doute moins qu'avant. Assez logiquement, donc, il ne survivra qu'un des deux GTIA actuels, le survivant conservant, pour le coup, tous les appuis que nous venons d'voquer. Ce GTIA aurait le format d'un GTIA afghan, soit 800 militaires environ. Le dtail est assez obscur, puisque plusieurs possibilits existent pour l'escadron blind, avec l'hypothse d'une double dotation, Sagaie et AMX10RC. Djibouti passant entirement en base de dfense (elle a appartenu au premier carr des bases exprimentales), toutes les compagnies seront oprationnelles, les soutiens administratifs passant au groupement de soutien de la BDD (base de dfense). Ce passage la BDD sera lui-mme gnrateur d'conomies de postes. Actuellement, et seul titre d'exemple, Djibouti hberge onze sites diffrents d'alimentation... La question de la concentration gographique est difficile rgler. La base
C/-dessus. Un des douze Sagaie de l'escadron de reconnaissance de la 13 DBLE. Page prcdente en haut. L'outil d'entranement offert ce lgionnaire de la 13e DBLE est quasiment sans limites. (Photo adjudant Guillaume Martel/FFDJ)
I/tt
23
SS730271
al ' ' I
:c ^ -~ *
Djibouti dispose d'une quipe NEDEX interarmes, constitue de six dmineurs. Les aviateurs y sont prdominants (quatre personnels), ils apportent par ailleurs la comptence cynophile (incarne par des CPA). Un marin, issu des groupes de plongeurs-dmineurs (GPD), apporte la sensibilit marine ; il est galement chef de plonge et peut, ce titre, travailler sur les coques des bateaux. Le dernier - un major - appartient la Lgion. L'quipe est spcifique plus d'un titre, du fait de son caractre interarmes, mais aussi puisqu'elle accueille la premire quipe NEDEX de l'arme de l'air, sortie de formation il y a dj quatre ans. Les NEDEX ont double comptence Djibouti : tous les postes comptent, outre-mer. Un des aviateurs est ainsi armurier; l'autre, chef de soute munitions, etc. Seul l'un d'eux est NEDEX temps plein. L'quipe assure une permanence 24 heures sur 24. Les missions couvrent aussi bien les visites de scurit que la rponse aux alertes. C'est aussi li Djibouti et ses champs de tir, une permanence pour dsamorcer, ventuellement, une munition non explose. L'quipe utilise un robot TSR-200 de Cybernetix de 265 kg, modle trs rpandu dans les quipes. Cet quipement est transport en permanence, depuis deux ans, dans un vhicule rserv, un camion frigorifique reconditionn sur place par les NEDEX. Il sera, moyen terme, remplac par un Renault Master quip, envoy de France. Ce vhicule, plus petit, obligera l'quipe repenser le conditionnement intrieur.
arienne, le 5e RIAOM et la 13e DBLE sont dj colocaliss, alors que la base navale est logiquement en bordure de mer. Trois autres sites sont actifs, dans un deuxime ensemble htrogne, situ une quarantaine de kilomtres de la capitale. Arta hberge le commando Marine ponyme, Arta-Plage, o rside le centre commando du mme nom (CECAP), et Oueah, qui accueille l'escadron de reconnaissance de la 13e DBLE. Voil pour les faits, le reste n'tant que spculations. Voyons maintenant, dans le dtail, les capacits offertes par les diffrentes units bases sur place.
LalSilBLE
La 13e DBLE est une unit emblmatique de Lgion, d'autant plus en cette anne de commmoration des 70 ans des batailles de 1940. La 13e DBLE russit, l'poque, s'imposer Narvik (Norvge), avec les chasseurs alpins franais, puis forme la base des premires Forces franaises libres, s'illustrant Bir Hakeim. La 13e DBLE est installe au quartier Monclar, en priphrie du terrain d'aviation. Elle y aligne sa compagnie de commandement et de soutien (5/29/146) de permanents, sa compagnie d'infanterie 138 (5/30/103), arme par les compagnies tournantes (la 2e Cie du 2e REP lors de notre sjour, renforce par des paras colos), une compagnie de maintenance (6/44/48) assurant le NTI n2 (niveau technique d'intervention n2), y compris pour le 5e RIAOM et la base arienne. Une soixantaine de civils
Ci-contre. Exemple de pigeage sur le parcours anti-IED dvelopp par les quipes NEDEX.
24
de recrutement local renforcent l'effectif militaire. Enfin, on compte aussi une compagnie gnie Lgion (6/28/107) tournante, appartenant au 1er REG. La 13e DBLE possde plusieurs autres emprises sur le territoire, notamment Oueah, 40 km de la capitale, o est install depuis 1968 l'escadron de reconnaissance (5/22/96 et 25 civils). Command par un capitaine, TER aligne quatre pelotons comprenant chacun trois Sagaie et trois P4. Il dispose d'une zone de poser pour les hlicoptres, en contrebas du nid d'aigle o est post TER, au cur du village, dans le poste lieutenant-colonel Brunet de Sarign . Avantage, comme le souligne le second de l'ER, toutes les zones de travail sont disposition immdiate des pelotons, qu'il s'agisse d'un oued sur lequel nous avons roul dans le cadre du scnario rens, ou des zones d'Arta-Plage comprenant des pistes d'embuscades et de multiples champs de tir. Un dispositif que peuvent envier tous les escadrons de cavalerie de France et de Navarre. Une partie des cavaliers est issue du 1er REC, les autres sortent tout droit du 4e RE. Dans tous les cas, tous sont forms aux Sagaie diselises opres par l'ER. Une bonne partie provient du parc des forces franaises oprant au Sngal.
25
Le colonel Thierry Burkhard n'a pas fait chmer la sienne depuis son arrive l't 2008, lanant la construction d'une FOB prs d'Arta-Plage, d'une piste IED la 13e DBLE mme, et d'un village de combat derrire Arta, en cours d'achvement. C'est la 3e compagnie du 1er REG (capitaine Hum), particulirement sa section travaux, qui a entam, en octobre 2008, la construction de la FOB, dont la premire phase s'est termine en dcembre suivant. La montagne a t abrase, et les sapeurs ont travaill la rampe d'accs, tout en rigeant des merlons. Le chantier a t interrompu quatre mois pour s'intgrer dans les ralits locales, le prfet d'Arta ayant rclam un passage par la FOB qui tait, disait-il, sur le chemin d'une piste chameaux utilise par les nomades. Le projet a donc d en tenir compte et est reparti de plus belle quatre mois plus tard, avec la mme compagnie du 1er REG. La FOB a t amnage avec abris, postes de combat, conteneurs, tour d'observation, barbels et mme deux embossements pour accueillir des VAB ou des postes pour mortiers de 120 mm. La rampe d'accs a t consolide pour permettre l'accueil des canons TRF1 et l'amnagement d'une piste de contournement. Pas de FOB sans tour de guet, donc elle surplombe la proue de cette nef moyengeuse. Il ne manque gure que les U-Walls, ces ensembles massifs en bton qui permettent de constituer des chambres de protection antiroquettes. Les Amricains pourraient presque tre actionnaires de la FOB puisque ce sont eux qui ont fourni le matriel pour les bastion walls. Le rsultat est tout bonnement saisissant de ralisme. Mme si, constate le chef du BOI de la 13e DBLE, les scnarios montrent qu'il faudrait encore renforcer les dfenses . L'intrt est que, telle qu'elle est conue, la FOB peut rester inoccupe entre deux entranements. L'ide d'un gardiennage fait cependant son chemin, car cela permettrait d'y laisser plus de matriel. Le protocole mis en place avec le prfet d'Arta stipule que des nomades peuvent l'utiliser. Sur trois semaines au CECAP, une section passera deux semaines dans la FOB. Mme s'il est difficile, voire impossible (le cas du 2e REP est un contre-exemple statistique) de faire concider le passage d'lments des futurs GTIA afghans Djibouti, il est vident que le potentiel global offert par les moyens disponibles doit pouvoir tre nettement mieux valoris, pour prparer l'Afghanistan. Actuellement, c'est la 2e Cie du 1er REG qui travaille l'achvement du village de combat, qui comportera une dizaine de maisons en briques censes pouvoir acculturer les sections au travail en zone urbaine et compltera, incidemment, l'offre dj dense du CECAP. C'est la 2e Cie du 2e REP qui a inaugur la FOB, avant de commencer sa mise en
Ci-contre. Tout le talent du 1" REG, dans cette FOB sortie du nant en quelques semaines de labeur, entre Bara et la mer. Ci-contre. Une des P4 de l'escadron de renseignement claire la tte d'un dispositif prcurseur, avant le passage d'un convoi.
26
X
- V
a Djibouti
EFFECTIFS
AIR
100 500 16
7 pilotes, 2 NOSA 3 quipages 2 quipages ET
P4 7 Mirage 2000C, 3 Mirage 2000D, 3 pods ciblage 2 Puma, un Fennec un Transall P4, VLRA, VPS, embarcations lgres responsabilit Alindien 58 VAB (13e DBLE et 5e RIAOM compris) 11 Scania (Cie gnie), 10GBC180, VLRA, 110 Ranger Rover (RECAMP) 13 P4,12 Sagaie soit 4 pelotons 3 Sagaie et 3P4 hors-bord, VLRA? 12 AMX 10 RC, VLRA, VAB, Milan une vingtaine de pices (TRF1, Mistral, Mo120 mm) 5 Puma (2 Pirate, 2 treuils, un radar) 2 Gazelle canon rle 3,56 lits, 3 blocs chirurgicaux 12 vhicules, 2000m 3 de stockages ptroliers effectifs Air & Terre majoritairement
MARINE Base navale & Dague Commando Arta KTL2 TERRE 13e DBLE
200
ne ne 20 environ 1 400 environ 738
dont ER/Oueah dont CECAP 5e RIAOM DETALAT Services Hpital Bouffard SEA
L'quipage de ce VBG du 1" REC a form la bulle autour cl son vhicule, pendant que deux sapeurs inspectent un dispositif simulant un IED.
. j-
Ci-dessus. Un des Mirage 2000C RDI du 3.11 Corse. Leur nombre pourrait tre rduit en fonction de la rengociation des accords de dfense. D'autant plus que ce type d'appareil va se faire de plus en plus rare dans l'arme de l'air et que trois de ces avions sont injects au Tchad, en mai, pour remplacer les Mirage F1CR. (Photo adjudant Guillaume Martel/FFDJ)
Ci-contre.
Une patrouille de Mirage 2000D s'envole, fin mars, pour une mission d'entranement.
condition avant projection (MCP) pour l'Afghanistan. Un plus apprciable, qui a t permis grce un phasage opr Calvi. En sus, un major affect au BOI de la 13e DBLE a lanc le chantier ambitieux d'une piste IED, sise dans l'enceinte mme de la 13e DBLE, sur l'emplacement d'un ancien hangar situ dans la zone logistique. Comme pour la FOB, les lgionnaires ont fait du benchmarking lors d'une de leurs visites dans le Golfe, dans un camp amricain au Kowet. Le chantier a ncessit deux mois et demi de travail de la compagnie gnie. L'installation a t baptise provisoirement village CREE (pour contre-rbellion), dmontrant un domaine dpassant, de fait, la seule menace IED. Cela permettra aussi de sensibilisera la fouille oprationnelle . Signe du volontarisme lgionnaire ou de sa lgendaire dbrouillardise, le rgiment peroit un des treize kits de simulation IED achets en urgence opration (voir RAIDS n 284). Deux ont t positionns l'cole du gnie d'Angers (ESAG), et un par rgiment de gnie. Le kit tient dans deux valises durcies et comprend un botier de commande, une bouteille air comprim remplaant de faon apprciable toute forme de pyrotechnie (ce qui rend le kit inoffensif pour ses utilisateurs), une ceinture permettant de simuler les suicide bombers et des sparklets. Trois squences sont ralisables sur autant de sections du parcours IED. La
Ci-contre.
Un Mirage 2000D au roulage, seulement quip d'un rservoir de carburant, sur le point central. Afin d'pargner les rares nacelles de ciblage disponibles, les avions ne les emportent que lors de missions avec largage de munitions d'entranement.
r
premire squence permet de mettre en place des vnements IED en milieu ouvert, sur une piste. On y trouve une buse, des barrires de scurit, des rochers et des merlons-talus, autant d'endroits pouvant receler des piges. La piste est en terre, ce qui permet galement d'y glisser, sur des scnarios moins asymtriques, des mines conventionnelles. La deuxime squence reprsente un village habit. L encore, elle permet d'aguerrir le comportement lors d'une progression dans un ensemble urbain. La troisime zone figure des jardins cloisonns, l'instar de ce que l'on peuttrouver en Afghanistan. Des baraques lgres doivent encore tre riges. C'est l dj que l'on a construit un puits et une cache enterre, capable d'hberger un homme ou des munitions. On peut faire acqurir des rflexes, et ainsi limiter les effets des IED, constate le major V, l'origine du projet. Dans l'ide, c'est excellent, cela va crdibiliser les exercices et les rendre plus attractifs , applaudit, pour sa part, le patron (Air) des NEDEX, qui vient en reprage ce jour-l. Dans un espace trs resserr et l'abri des regards indiscrets, il est donc possible de mettre en place une varit quasi infinie
Ci-dessus. L'un des Mirage 2000D du 3.11 Corse, lors du passage d'un C-135FR des forces ariennes stratgiques. (Photo adjudant Guillaume Martel/FFDJ) Ci-contre. Mme s'il est peu connu pour cela, le Mirage 2000C RDI possde de solides capacits en matire de tir air-sol, y compris de munitions guides laser, avec, videmment, le concours d'un dsignateur externe. Ses deux canons internes de 30 mm pouvant aussi crer de srieux dgts.
La mue du CECAP
Autre site clbre, le Centre d'entranement au combat d'Arta-Plage (CECAP). L'image d'Epinal du CECAP, c'est bien sr cette suite d'obstacles nautiques et la voie de l'inconscient, piste d'adresse niche dans la montagne, qui ont fait dire ceux qui revenaient avec leur brevet que Djibouti, c'tait plus dur qu'ailleurs. Mais l'image d'Epinal est en partie dsute, avec rvolution pdagogique et la mutation des dcors dsormais disponibles. Cr comme Centre d'entranement commando en 1978, le CECAP a revu totalement son programme d'activits pour s'adapter au dveloppement des combats asymtriques, en 2004, avec un ultime virage, en 2007, vers le combat de contre-gurilla.
C'est un capitaine, dtach du BOI de la 13e DBLE, qui commande le centre, avec des sous-officiers expriments, disposant d'un troisime niveau commando. En 2004, un certain Bruno Durieux (l'actuel chef de corps du 2e REI) va rorienter le CECAP bien connu. L'officier est alors chef du BOI de la 13e DBLE. Le volet commando perd du terrain, au profit du combat, dans toutes ses formes, en intgrant les RETEX d'Irak et d'Afghanistan. A l'poque, le ratio par stage est alors de 70 % d'activits commandos et 30 % de combat; il est aujourd'hui totalement invers. Parmi les priorits figurent le secourisme de combat, l'instruction sur les IED... Le CECAP offre huit stages combat de trois semaines, permettant d'accueillir chaque fois deux sections d'infanterie et une section de gnie. En 2009, le CECAP a reu 1 100 stagiaires en 36 semaines de stages.
31
P
Ci-dessus. Un des deux Puma de l'ETOM. On le voit, cet appareil est issu des standards Resco, avec radme nasal (sans ses quipements de guerre lectroniques) et les ailettes permettant d'embarquer plus de carburant. Ci-contre. Le Fennec sert aussi bien aux missions de liaison qu'aux inspections rapides des champs de tir, pour viter de toucher des nomades. En deuxime rideau, il peut assurer des missions de type MASA (mesures actives de sret arienne) ou d'EVASAN.
5eRIAOMetleCAIDD
Le 5e RIAOM est recr Djibouti en 1969. Il aligne cinq compagnies, dont une CCI, une compagnie d'infanterie (traditionnellement 1rs compagnie les cynos ) d'affects, et deux units en mission de courte dure : une compagnie de commandement et de logistique, un escadron blind sur AMX 10 RC, une batterie mixte d'artillerie sol-air et sol-sol. Cette dernire dispose de mortiers de 120 mm et des redoutables canons TRF1 de 155 mm, ainsi que des missiles SATCP et canons de 20 mm. Elle doit rcuprer dans quelques mois les missiles Aspic de l'arme de l'air. C'est le 93e RAM qui armait ces batteries quand nous avons sjourn sur le territoire. Le 5e RIAOM hberge aussi le Centre d'aguerrissement en zone dsertique (CAIDD).
38e
Djibouti est une petite arme de l'air en rduction, avec trois muds, des Mirage 2000D chargs des missions air-sol, sept intercepteurs Mirage 2000C RDI, chargs entre autres de la dfense arienne du territoire djiboutien, au terme des accords de dfense de 1977. Le format humain des navigants est assez resserr (neuf pilotes et deux NOSA). Tout comme le format technique. Seulement trois pods (un Atlis diurne et deux PDLCT-S fonctionnant l'infrarouge) sont disponibles, pour autant de Mirage 2000D, si bien qu'ils sont prservs pour les tirs rels et les missions valorises. Les munitions tires sont des LGTR, simulant les bombes guides laser, les bombes d'exercices F3 (lisses) et F4 (freines) Les deux modles de pods permettent des missions de reconnaissance d'opportunit. RETEX de l'Afghanistan, les navigateurs officiers systmes d'armes (NOSA) sont de grands utilisateurs de jumelles, et manient aussi le reflex. Une faon d'accumuler le rens , qui est aussi l'ordre du jour pour les monoplaces, qui embarquent dsormais un appareil photo numrique compact. Les avions sont changs tous les quatre mois. Les mcaniciens, qui travaillent dans des conditions de temprature dantesques, bnficient, depuis peu, d'une enceinte climatise dans le hangartechnique principal. Cette enceinte peut accueillir jusqu' trois appareils.
Page prcdente en bas et ci-dessus. Le Puma (ici appartenant l'ALAT) est l'pine dorsale de l'arocombat franais Djibouti. La question de leur relve commence doucement se poser. Ci-contre. L'unique Transall de l'ETOM, en navigation basse altitude. (Photo adjudant Guillaume Martel/FFDJ)
En outre, la base hberge un escadron de transport outre-mer (ETOM) regroupant un avion de transport tactique Transall, deux Puma et un Fennec. L'ATT joue un rle crucial puisqu'il peut se poser sur une quinzaine de terrains sommaires sur le territoire, notamment Grand Bara. C'est aussi un moyen prcieux utilis pour les forces spciales dans le cadre de leurs entranements. Enfin, les compagnies paras qui tournent la 13e DBLE l'utilisent rgulirement pour entretenir leurs qualifications. En moyenne, un para fera trois sauts pendant son sjourtournant. La disponibilit du Transall est au-dessus de la moyenne, avec un petit 70 %. Mais, et c'est problmatique, il faut faire sans 30 %
du temps. Sans compter que, sur les 70 %, le Transall assure aussi des missions de rayonnement en Afrique orientale, et dans les pays du Golfe, o il est aussi utilis pour l'implantation militaire franaise aux Emirats arabes unis.
33
Ci-dessus et ci-dessous. Ce jour-l, les Sagaie et les P4 de l'escadron de reconnaissance de la 13e DBLE sont les yeux et les oreilles d'un convoi, rptition d'un scnario d'escorte de convoi en Afghanistan. Page suivante. Le navire de dbarquement Dague dbarque les VAB proximit du CECAP. Elle devrait quitter Djibouti cet t. (Photo CCH Antier/FFDJ)
La marine aligne encore 200 personnels environ sur le territoire, mme si ce portage est appel rduction. L'EDIC (engin de dbarquement d'in- | fanterie et de chars) Dague doit en effet tre retir du service l't, et ne sera pas remplac. Le deuxime plot Marine est install Arta, avec les commandos Marine. Enfin, un Atlantique 2 est bas en permanence dans la zone d'intrt, oscillant entre Djibouti, les Seychelles et le Kenya, afin de contribuer la lutte contre la piraterie. Ce moyen arien est, par contre, plac dans la main d'Alindien, comme le commando Arta. Notons enfin que ce dispositif resserr sert aussi aux escales des navires de la marine - une soixantaine par an -, traditionnellement trs utiliss dans la zone, que ce soit pour lutter, l encore, contre la piraterie (Atalante) que contre le terrorisme (Task Force 150).
35
mM
Les deux forces d'hlicoptres vivent chacune chez elle, spares par quelques dizaines de mtres : l'arme de l'air avec deux Puma et un Fennec, l'ALAT avec cinq Puma et deux Gazelle Canon. Les Puma Air sont au standard SAR (500 kg plus lourd que le Puma standard) et sont avant tout prsents pour assurer la SAR. Leurcapacit CVS (coupleur de vol stationnaire) les rend incontournables, puisqu'ils sont alors les seuls pouvoir assurer un stationnaire automatique au-dessus de l'eau, essentiel pour les missions de nuit. Cependant, les aviateurs participent comme les alatiens la programmation des missions, effectue par l'tat-major interarmes. Les alatiens sont historiquement l pour assurer des missions de transport d'infanterie. Cependant, rien ne les empcherait de concocter avec les artilleurs un raidart (transport d'une quipe mortier ds lors particulirement mobile), ou d'assurer des MEDEVAC. Le terrain de jeux est grandiose pour les hlicoptristes qui peuvent effectuer Djibouti tout le spectre de leurs missions, dans un cadre trs diversifi. A noter que l'ALAT accentue actuellement sa capacit apporter sur les navires, la demande de l'EMIA des FFDJ. On se souviendra que cet aspect avait t not suite la reprise du Ponant, quand on avait fait venir de France un Super Frelon (au moins) ainsi que des quipages qualifis sur Puma en CTM. a
Ci-dessus et ci-contre. Djibouti reste souvent, pour ces lgionnaires, la zone idoine pour s'aguerrir des thtres difficiles, comme l'Afghanistan. Cependant, vu le rythme des tournantes, il semble difficile d'en faire profiter le plus grand nombre. Sauf, comme c'est le cas en 2010, en faisant dbarquer des marsouins, par un BPC... (Photos 13P DBLE)
Comment une compagnie enrichie aux appuis interarmes (un SGTIA) peut bnficier de nouveaux appuis rens , mais surtout peut intgrer au plus tt ce flot d'informations indit pour elle. Empirisme et envie de dfricher de nouveaux concepts d'emploi pour les lgionnaires de la 13e DBLE et les ingnieurs de Thaes, sous le cruel soleil djiboutien, en mars dernier. Et premiers enseignements, avant que les troupes en Afghanistan en profitent.
Texte : Jean-Marc TANGUY. Photos: Jean-Marc TANGUY et 13e DBLE
LAfghanistan bouleverse les modles tablis, particulirement en matire de renseignement. Nouvelle illustration avec l'exprimentation technico-oprationnelle commande en mars 2009 par le sous-chef oprations de l'tat-majordes armes, via une expression de besoin, dans une forme pour le coup indite. L'EMA mandate, en effet, la 13e DBLE pour valuer la possibilit du renforcement d'un SGTIA en matire de renseignement Concrtement, l'EMA demande la 13e DBLE comment enrichir les capacits rens dans un cadre de contre-rbellion[CREB] pour amliorer la protection des forces. La 13e DBLE exprimente ds lors de nouveaux concepts d'emploi de capteurs rens jusqu'au plus bas niveau tactique (SGTIA, voire section) et doit dterminer leur juste niveau, d'emploi et d'analyse. De mme, l'exprimentation doit clairer sur la ncessit, ventuelle, de mettre en place une structure ddie, que ce soit pour la mise en uvre des capteurs et/ou leur exploitation. Ainsi les Amricains ont mis en place des CLIC, cellules ddies au renseignement, loges au niveau compagnie, ainsi que des Intelligence Support Teams (IST). Pour leur part, les Marines ont mis sur pied des Enhanced Company Oprations armes 250 Leathernecks et intgrant une cellule rens et une cellule oprations. Cette exprimentation doit bnficier d'une forte ractivit, illustre par le calendrier particulirement court, mais aussi de la participation d'une quipe de huit ingnieurs de Thaes, socit qui a remport le march de gr gr de la DGA, pour une valeur de 600 000 euros, assurances comprises. Voil pour l'esprit. Thaes ne vient pas tester des matriels, mais se trouve avoir le type de matriels dont nous avions besoin, explique le Lcl Valry Putz, chef du bureau oprations instruction (SOI) de la 13e DBLE. De mme, on ne fait pas des tests de matriels pour savoir si l'arme de terre doit les acheter, c'est le travail de la STAT. Pour ma part, je cherche savoir si un SGTIA doit crer une cellule rens, s'il faut mettre sur pied une cellule de mise en uvre des matriels, argumente le Lcl Putz. Tous ces matriels ont t tests par la STAT, qui dtient l'expertise technique, ajoute-t-il. Nous, nous offrons un cadre, on fait manuvrer notre SGTIA et on observe. Tout compris, on aura dploy 450 hommes, 70 vhicules, dont 20 blinds. Cette rflexion sur un renseignement usage ultratactique est porte par ce que les Amricains ont pu eux-mmes dvelopper suite leur engagement en Irak et en Afghanistan avec la CLIC. Cette volution est lie au besoin de servirau plus prs l'utilisateur final - le fantassin - avec un renseignement fiable, sur la boucle la plus courte possible. Donc, de gnrer des alertes qui pargnent des vies et permettent de mieux juguler une contre-rbellion. Le renseignement est incontournable en la matire.
La dmocratisation
A travers cette exprimentation, la 13e DBLE doit donc trouver le bon niveau de distribution de l'information et dterminer les voies pour la bonne exploitation du flot d'informations qui arrivent en temps rel, au profit du SGTIA. Mais partant de l, quel type de rseau faut-il employer pour diffuser le renseignement? Et dsormais dots de nouveaux appuis, les
38
capitaines, puis les lieutenants vont-ils planifier diffremment leurs oprations? C'est une volution indite, qu'il faut replacer dans un contexte de forte volution, lie notamment aux menaces asymtriques rencontres en Cte d'Ivoire compterde 2002, mais aussi, et plus videmment encore, en Afghanistan. Traditionnellement, dans l'arme de terre, le renseignement tait essentiellement l'apanage de la brigade Rens. Puis, aiguillonne par l'Afghanistan, cette dernire a mis sur pied son concept de bataillon de renseignement multicapteurs (BRM), dclinaison du concept ISTAR. Le BRM devant uvrer au profit d'une brigade au moins. En Afghanistan, des capteurs du BRM (mme s'il ne porte pas ce nom-l) uvrent quotidiennement au profit du niveau GTIA, en Kapisa, en Surobi. C'est la fois le fruit de l'embuscade d'Uzbeen, mais aussi le fait que les capteurs rens tactiques n'taient pas entrs en service, l'poque. Paralllement, l'EMAT a mis sur pied les units de renseignement brigade (URB) devant uvrer, avec des matriels qui leur sont propres, au renseignement des brigades interarmes. Seulement, l aussi, l'Afghanistan a montr ce que l'URB, pour autant qu'elle soit dploye, pouvait apporter un GTIA, voire un SGTIA. La dclinaison logique de cette nouvelle filire rens pourrait donc tre une hypothtique section de renseignement ou de reconnaissance rgimentaire (SRR) ou une cellule de renseignement rgimentaire (CRR) produisant en multispectral. Cette cellule serait en charge de la conduite d'une manuvre des effets rens , ce qui peut sembler pompeux de prime abord, mais correspond pourtant la ralit que nous avons pu observer. La difficult restant toujours la mme, quel que soit le niveau dcisionnel: la fusion du renseignement d'origine multispectral, en temps rel. Le risque est possible que les membres du SGTIA se reposent totalement sur les capteurs,
Page prcdente. Le drone Spy Arrows 'avre simple mettre en uvre pour un oprateur non form, ce qui n'est pas le cas, tant s'en faut, pour tous les minidrones. Sa capacit rsister aux chocs est aussi apprciable: seuls points faibles, son endurance, encore limite, et son capteur, seulement oprant de jour. Ci-contre et ci-dessus. Le Spy Arrow, en vol (photo ci-dessus), et l'ensemble ncessaire son dploiement: une valise contenant deux aronefs, une liaison de donnes sur trpied, et une station de contrle. Un minimum vital trs facile transporter, et dployer, y compris en zone montagneuse.
en en oubliant les capteurs les plus vidents qu'ils possdent en eux, et les possibilits de les dmultiplier (jumelles). Une chose est sre, si globalement les lgionnaires de la 13e DBLE se sont appropri leurs capteurs assez rapidement, le flot d'informations dlivres dpasse la seule capacit d'absorption d'un tat-major tactique de SGTIA. La solution tant, peut-tre, d'apporter au GTIA, et non plus au SGTIA, l'exploitation de ces capteurs, dont la mise en uvre pourrait ds lors tre ddie au sein du GTIA une unit particulire, rattache directement Ptat-major tactique. Le SGTIA restant premier destinataire des alertes. Tous les capteurs mis en lice prsentent des caractristiques communes. Tous sont dj prouvs et, pour certains, des best-sellers. Tous contribuent, dans leur spectre, au renseignement. Toussontplusoumoinssacrifiables, du fait, pour la plupart, des composants issus du commerce. Certains doivent aussi pouvoir tre abandonns (au sens capteur abandonn) ou perdus. C'est le cas pour le Spy Arrow. Ce minidrone a t conu avec des composants off th shelf, c'est--dire issus de la gamme commerciale civile. D'o un cot relativement bas qui le rend sacrifiable. Tous doivent apporterau plus bas niveau tactique, tout en tant suffisamment simples pour pouvoir tre manipuls par des oprateurs frachement forms, dont le mtier n'est pas le maniement de capteurs, ni mme le renseignement. Leur objet oprationnel est de produire avant tout des alertes qui permettront immdiatement au SGTIA de s'viter de gros ennuis. La 13e DBLE s'est donc charge de mettre au point quatre types de scnarios trs diffrencis pour visualiser comment le SGTIA, particulirement son tat-major tactique (capitaine), ragissait aux renseignements apports par ces capteurs. Le premier scnario portait sur une reconnaissance de valle (sur huit heures de temps), le deuxime, sur une escorte de convoi (huit heures), le troisime sur la dfense d'une FOB (24 heures) et le quatrime sur une opration de bouclage de zone suivie de fouilles. Ces progrs possibles gnrent une foultitude de questions, qui elles-mmes en dclenchent une , batterie d'autres. Exemple: le Spy Arrow peut-il tre donn directement une section ? Cela pourrait avoir du sens puisque sa porte, jusqu' 2500 m-
tres, est cohrente avec la porte des armements organiques d'une section, que ce soit la mitrailleuse 12,7 mm ou un missile Milan. Seulement, ces deux kilomtres sont aussi en de de la zone d'action du capitaine, constate le patron du SOI de la 13e DBLE. Qui donne l'ordre de le lancer? Cela ncessite-t-il une dconffiction arienne, et jusqu' quel niveau? Car s'il faut interrompre totalement les oprations ariennes, cela lui fait perdre son caractre ultratactique... Voyons maintenant dans le dtail quels sont ces capteurs, et ce qu'ils ont pu apporter au SGTIA de la 13e DBLE.
Spy APPOW
Avec son look trompeur de modle rduit, le Spy Arrow est en fait trs automatis. La navigation est ralise par recalage sur
des waypoints et une partie des tches est effectue par un stylet point sur l'cran d'un PC portable type Panasonic. La premire version du drone tait issue d'un modle rduit (gamme Microjet), qui s'est avr trop compliqu mettre en uvre du fait de sa formule arodynamique. C'est un industriel du domaine quia fabriqu le nouveau vecteur pour Thaes. La mise en uvre peut tre faite par un seul homme, mais deux ou trois ont t engags pour armer le plot minidrones. Propuls l'lectrique, il est pratiquement inaudible une fois en vol, et sa faible taille le rend difficile dtecter. Le Spy Arrow vole une vingtaine de minutes entre 30 et 300 mtres d'altitude, jusqu' 2,5 km de distance. Cette dure est videmment fonction des efforts produire pour contrer le vent. La cellule peut encaisser un grand nombre de dgts. Et ils sont faciles rparer avec des moyens spcialiss ou pas. Les lgionnaires ont ainsi remis le drone en vol avec une aiguille trouve dans leur paquetage. Le scotch toile est aussi parfois un outil incontournable ; sous nos yeux, une chute de l'antenne de liaison de donnes a t rpare en quelques minutes par l'ingnieur Thaes. De mme, nous avons vu un des deux drones rsister des chutes parfois vertigineuses. Cependant, un des drones a rendu l'me aprs une trentaine de vols environ. La difficult tant que les rparations de fortune peuvent obrer son arodynamique et dgrader les conditions de vol. Le drone est alors la merci de la vilaine rafale de vent qui le retournera imparablement. Au dcollage, le Spy Arrow prsente des limitations, lies prcisment la force du vent. Au-del de 10 mtres par seconde, l'engin reste au sol, mais c'est galement le cas pour des drones bien plus gros dploys par l'arme franaise en Afghanistan. De mme, aujourd'hui, l'engin ne dispose que d'une camra visible, qui lui interdit par consquent les missions de nuit. Une version capteur infrarouge (IR) est en dveloppement. Autres sources de limitation, la station-sol et la console de visualisation des images ne font qu'un, bord d'un portable durci de type Panasonic. Ce qui contribue sa portabilit, mais complique aussi l'exploitation des images, quand il faut, en mme temps, recaler la navigation. Une deuxime visualisation (voire un deuxime PC portable) ne serait donc pas de trop. Le systme est cependant ultraportable, avec une valise de forme triangulaire portant deux drones partiellement dmonts en trois pices (nez, cellule, drive) faciles assembler. Le reste du systme comprend le PC portable, la liaison de donnes et son tripode. La modicit de la masse du tout, qui ne doit pas excder la vingtaine
de kilogrammes, le rend particulirement dployable une fois l'quipe dbarque de son vhicule ( P4, VAB). Y compris lorsqu'il faut, comme dans nos scnarios, crapahuter vers les hauts pour rejoindre la zone de lancement. Une zone faiblement dgage permet de rcuprer le drone. En cas de perte en vol ou d'atterrissage dans une zone broussailleuse, un systme lectronique permet de localiser l'appareil au sol. La carte de navigation peut tre issue des ressources cartographiques militaires. Pour l'exprimentation, c'tait encore plus simple: Google Map a t mis profit, sa prcision 30 cm tant largement suffisante.
L'arien du TRC-6200, un ingnieux goniomtre qui permet, comme le BOR-A, de gnrer des alertes flashs, tout en localisant l'origine de la menace.
r/L
Ce radar de dtection fonctionnant en bande X utilise l'effet Doppler. Il permet de dtecter quasi imparablement un mobile jusqu' 50 km de porte, et de le classif ier, grce son cho et sa vitesse. Un piton peut tre dtect 10-15 km, un vhicule jusqu' 35 km, et un bateau, 50 km. En ce sens, c'est un quipement qui reprsente un progrs considrable par rapport au RASITE (et, encore avant, OLIFANT) encore en service dans l'arme de terre, mais nettement moins compact. Les annes de progrs techniques de l'lectronicien franais expliquent en partie cette explosion des performances. Notons seulement que RASITE quipe les URB, dont ils reprsentent le segment R ORAD (renseignement d'origine radar). 300 exemplaires du BOR-A ont t vendus, principalement dans des applications de surveillance de frontires. Ses principaux dbouchs se situent au Moyen-Orient. Il peut classif ier un mobile en cinq catgories: piton, vhicule lger, vhicule lourd, hlicoptres et navire. Ce sont des panneaux solaires de 2 mtres sur 1 mtre qui permettent d'en recharger les batteries (deux packs de six). Ces panneaux, dots en cellules photovoltaques, gnrent 62W.
*\
Le BOR-A, un radar trs tactique adapt au combat de contre-rbellion (CREB). Une alimentation par panneaux photovoltaques suffit...
Le seul problme est que BOR-A ne peut dtecter qu'un mobile, et pas un personnel ou une grotte. Enfin, et comme tous les radars, il peut tre perturb par la guerre lectronique adverse, mme si la probabilit est faible en Afghanistan. De la mme faon, il peut tre abus par des leurres, avec un adversaire aguerri la contre-dtection. Mais contre un insurg asymtrique simul , il semble avoir convaincu. Ce capteur ne loupe pas grandchose, et sa compacit est vraiment apprciable pour nous, applaudit le colonel Thierry Burkhard, chef de corps de la 123e DBLE.
de surveillance Sentinel
C'est un systme de systmes intgrant des barrires thermiques, des camras optiques et IR, et des capteurs sismiques (dj voqu dans RAIDS sous le nom de Spectre dans l'article consacr la protection des FOB). Sentinel est le nom commercial gnrique donn dans la gamme Thaes aux systmes de surveillance. C'est le systme qui a peuttre moins convaincu, car il ne s'applique pas tous les types de scnarios et sa mise en uvre peut exposer les personnels chargs d'implanter les capteurs. Pour que l'engin soit efficace en protection, certains composants doivent en effet tre dploys distance de la zone qu'il doit protger. C'est particulirement vrai pour les barrires thermiques et les capteurs sismiques. Cela oblige donc, dans un scnario de dfense de FOB, exposer les personnels qui seront chargs d'implanter ces capteurs ( moins qu'on dveloppe un mortier lance-capteurs, ou un drone lche-capteurs...). Les capteurs peuvent aussi tre dplacs ou rorients par l'ennemi qui aura dtect leur pose. Bref, Sentinel peut apporter des alertes prcieuses, mais c'est sans doute, des quatre lments valus, le moins indispensable au SGTIA.
Le systme
Premiers enseignements
II est videmment encore trop tt pour pouvoir tirer les conclusions de l'exprimentation, qui seront crites plusieurs mains, entre l'EMA, la 13e DBLE et la DGA. Notre avis propre tant qu'on ne pourra pas chapper la mise en place d'quipes formes pour la mise en uvre et l'exploitation. Le soldat du XXIe sicle est dj surcharg de qualifications, brevets et autres, qu'il doit entretenir au cours de l'anne, tout en restant un combattant rustique et aguerri. Mais la possibilit de s'entraner, en France mme, avec ces capteurs, ce qui n'est pas forcment le cas pour les autres de la filire rens (hors certains sites rservs), permettra de renforcer le caractre oprationnel de l'infanterie. D'ores et dj, nous avons observ comment cette dmocratisation du rens aura t accueillie avec uneforme non dissimule d'enthousiasme par les lgionnaires, connus pour leur capacit accueillir l'innovation bras ouverts. La simplicit de mise en uvre des capteurs leur permettant par ailleurs de rester des combattants efficaces. Mieux informs sur leur environnement tactique, ils n'en seront que plus oprationnels encore. O
Ci-contre. Un des capteurs abandonns de Sentinel. Leur taille compacte les rend faciles camoufler, mme si la question de leur alimentation est plus complexe rsoudre.