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a v a i l a b l e a t w w w. s c i e n c e d i r e c t . c o m
j o u r n a l h o m e p a g e : w w w. e l s e v i e r. c o m / l o c a t e / a n n p l a
CAS CLINIQUE
Résumé Les tuméfactions de survenue tardive sur site de prélèvement de lambeau myocuta-
MOTS CLÉS néograisseux pédiculé de grand dorsal sont peu fréquentes et se rencontrent dans 1 à 2 % des
Tumeur desmoïde extra- cas. Il s’agit principalement de sérohématomes enkystés. Ce sont des lésions bénignes pour
abdominale ; lesquelles il existe un traitement simple et efficace. Dans des circonstances exceptionnelles,
Lambeau il se peut qu’une évolution tumorale puisse mimer l’aspect d’un sérohématome dorsal. Nous
myocutanéograisseux présentons un cas de tumeur desmoïde dorsale survenue sur cicatrice de prélèvement de lam-
pédiculé de grand beau myocutanéograisseux pédiculé de grand dorsal. Il s’agissait d’une femme de 45 ans opé-
dorsal ; rée pour une reconstruction mammaire après cancer du sein. Tardivement, après la recons-
Double lambeau local truction mammaire, était apparue une tuméfaction dorsale d’aspect banal. Une étude
histologique faite à titre systématique avait révélé une tumeur desmoïde extra-abdominale
d’avancement ;
(TDEA). Le traitement consista alors en une excision large in sano. La couverture cutanée de
Récidive
la perte de substance a nécessité dans le même temps opératoire un double lambeau local
d’avancement. Il n’a pas été nécessaire de réaliser de traitement complémentaire. Nous som-
mes à quatre ans de suivi postchirurgical et la patiente ne présente aucun signe de récidive.
© 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Abstract Tumefaction arising lately after latissimus dorsi flap harvest are rare and observed in
KEYWORDS
1 or 2% of the cases. These lesions are frequently related to kystic sero-hematoma and are
Extra-abdominal easily and efficiently treated with surgical excision. In some rare circumstances, a tumoral
desmoid tumor; evolution can mimic a kystic sero-hematoma. We will discuss one case of desmoid tumor aris-
Myo-cutaneous ing from a latissimus dorsi flap donor-site scar. The subject was a 45 years old woman who had
latissimus dorsi flap; a breast reconstruction following mastectomy. A dorsal tumefaction, with a benign aspect,
Local cutaneous was observed during the follow-up period. The biopsy showed an extra-abdominal desmoid
advancing flaps; tumor. The patient was treated with a large excision of the lesion and reconstructed using
* Auteurcorrespondant.
Adresse e-mail : pop.paradol@wanadoo.fr (P.-O. Paradol).
0294-1260/$ - see front matter © 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
doi:10.1016/j.anplas.2007.02.011
64 P.-O. Paradol et al.
Recurrence two opposing local cutaneous advancing flaps. No radicalization was necessary. No sign of
recurrence has been observed at 4 years follow-up.
© 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Figure 1 Reconstruction mammaire immédiate gauche par lambeau myocutanéograisseux de grand dorsal. Résultat à six mois.
Tumeur desmoïde extrabdominale survenue sur cicatrice de prélèvement de lambeau de grand dorsal 65
Discussion
traitement radical dès que celui-ci est possible. En effet, il tion. L’autre partie du problème était d’avoir des marges
y est recommandé une exérèse chirurgicale radicale avec saines en profondeur. Les structures anatomiques recou-
des marges larges. Comme nous l’avons vu précédemment, vrant la face dorsale du thorax sont essentiellement muscu-
les exérèses larges avec une marge de tissu sain donnent loaponévrotiques et devant ce type de tumeur infiltrante,
moins de récidives que les exérèses simples sans marge de la crainte aurait été d’avoir un envahissement costal. À
sécurité ; les taux peuvent varier du simple au double selon l’examen clinique, la tumeur était mobile par rapport au
les études [6,10]. En cas d’exérèse histologiquement insuf- plan profond et le scanner de la région ne retrouvait pas
fisante, la récidive clinique est quasi certaine. Si autrefois d’érosion ni d’envahissement osseux. Devant ces constata-
l’attitude n’était pas claire en ce qui concerne le risque de tions, il a été décidé une exérèse en profondeur emportant
mutilation et de perte de fonction d’un membre, de plus en tous les tissus musculoaponévrotiques ainsi que la dernière
plus, on considère qu’il faut éviter les séquelles fonction- barrière anatomique a priori saine, à savoir le périoste cos-
nelles [12,19,20]. La marge d’exérèse n’est pas codifiée ; tal. Comme nous le reverrons plus loin, cette attitude thé-
elle dépend surtout des possibilités techniques [10]. La rapeutique qui vise à éviter la récidive tout en préservant la
radiothérapie pourrait être utilisée en prévention des réci- fonction a aussi influencé le mode de reconstruction. En
dives sur des tumeurs résiduelles ou après exérèse margi- effet, en cas d’atteinte osseuse du gril costal, il aurait
nale. Néanmoins, l’avis des différents auteurs est souvent fallu réaliser une exérèse pariétale de pleine épaisseur en
contradictoire. Le risque de la radiothérapie est la transfor- emportant au minimum l’arc costal adjacent à la tumeur.
mation maligne [14], notamment en fibrosarcome, même si Dans de telles circonstances, la reconstruction aurait néces-
cette éventualité est rare. Les TD sont peu radiosensibles et sité la mise en place d’un lambeau musculaire voire
nécessitent des rayonnements de haute énergie avec des l’adjonction de matériaux prothétiques pour isoler la cavité
doses totales supérieures à 50 Grays [10]. Sur des tumeurs pleurale du plan sous-cutané.
macroscopiques, le taux de réponse complète sans récidive
La question du choix thérapeutique répond donc à deux
varie de 55 à 83 % selon les séries. Les chimiothérapies sont
critères, à savoir l’exérèse chirurgicale minimale sans
peu efficaces, la plupart rentrent dans le cadre de protoco-
risque de récidive et l’exérèse chirurgicale maximale limi-
les de recherche. L’hormonothérapie a également été pro-
tant les risques de séquelles fonctionnelles. De ces consta-
posée, et le tamoxifène® semble avoir un effet sur la stabi-
tations, découle le type de reconstruction ou plutôt une
lisation des lésions [8,14].
stratégie opératoire. Plusieurs éventualités étaient envisa-
Kovacs et al. [8] rapportent un cas de TD survenue sur
geables. La première était de réaliser l’exérèse tumorale,
site de prélèvement de lambeau de grand dorsal. Néan-
laisser en cicatrisation dirigée puis faire une chirurgie
moins, il s’agissait d’une patiente qui présentait une poly-
réparatrice dans un second temps, après avoir obtenu les
pose adénomateuse familiale (ou syndrome de Gardner).
Elle a été opérée d’une coloprotectomie totale. Six mois résultats anatomopathologiques définitifs. Cela aurait éga-
plus tard, la patiente présentait plusieurs TD de la paroi lement permis, lors du second temps, de faire des recoupes
abdominale nécessitant sa résection et une reconstruction en cas de marges envahies. La deuxième éventualité, celle
par un lambeau libre de grand dorsal. À son tour, le site que nous avions choisie, était de réaliser une reconstruction
donneur de lambeau de grand dorsal fut envahi par une TD. immédiate après exérèse large de la tumeur. En prenant
S’agissait-il d’une survenue spontanée, d’une contamina- des marges larges, on diminuait le risque qu’elles soient
tion du site opératoire par des cellules tumorales ? Toujours positives. Si la paroi thoracique avait été atteinte, la
est-il que dans ce cas, contrairement à notre patiente, il reconstruction par double lambeau local d’avancement
existait plusieurs facteurs de risque de récidive et il est n’aurait pas gêné une éventuelle reprise chirurgicale. Par
maintenant reconnu que le syndrome de Gardner prédis- ailleurs, la reconstruction immédiate évitait à la patiente
pose à la survenue de TD. les soins de pansement de cicatrisation dirigée. Une troi-
Dans notre cas, devant ce type de tumeur rare, et en sième alternative aurait été, après l’ablation de la tumeur,
l’absence de conférence de consensus concernant la prise de prélever un lambeau musculocutané pédiculé de grand
en charge et le traitement de ce type de tumeur, il a été dorsal controlatéral afin de couvrir la perte de substance.
décidé, après entente pluridisciplinaire, une chirurgie En revanche, l’utilisation du lambeau de grand dorsal
d’exérèse large associée à une reconstruction dans le controlatéral dès la première reconstruction ne nous sem-
même temps opératoire. Les marges d’exérèse ont été blait pas être la solution la plus appropriée. Par consé-
fixées à 5 cm en prenant pour référence celles prises habi- quent, il nous est apparu préférable de le garder en
tuellement dans les sarcomes. Comme nous l’avons vu pré- réserve. En effet, comme nous l’avons vu précédemment,
cédemment, l’exérèse emportait la totalité de la cicatrice en cas d’atteinte du gril costal, une résection pariétale de
du dos, l’ensemble du tissu cellulaire sous-cutané et des pleine épaisseur aurait été nécessaire et, à ce moment-là,
muscles jusqu’au plan costal, en passant en sous-périosté. un lambeau musculocutané de grand dorsal aurait été
Le souci n’était pas seulement l’exérèse en surface, indiqué. De la même façon, en cas de récidive, une nou-
puisque la lésion se trouvait à distance d’éléments fonc- velle chirurgie d’exérèse aurait nécessité un apport muscu-
tionnels notamment l’épaule. En effet, si la tumeur avait locutané pour reconstruire le défect. Enfin, cette patiente
été sur un site moins favorable d’un point de vue fonction- qui a eu un cancer du sein gauche, peut être susceptible de
nel, alors les marges auraient probablement été revues à la présenter un cancer du sein controlatéral et, en consé-
baisse. L’important pour ce type de tumeur bénigne, bien quence, nous avons essayé de garder son muscle grand dor-
que récidivante, est de trouver un compromis entre une sal droit dans l’éventualité d’une reconstruction mammaire
exérèse carcinologique et une chirurgie préservant la fonc- droite ultérieure.
Tumeur desmoïde extrabdominale survenue sur cicatrice de prélèvement de lambeau de grand dorsal 69
Conclusion thirty cases followed up for ten or more years. Cancer 1967;
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Le cas de notre patiente, rare de par sa présentation cli-
and complications. Arch Surg 1983;118:1318–22.
nique et le caractère exceptionnel des TDEA, met en évi-
[8] Kovacs L, Kloeppel M, Papadopulos NA, Schmidt C, Graf P,
dence l’importance de l’esprit critique et systématique. Il Edgar B. Desmoid tumour in the donor-site of a latissimus
est en effet indispensable de réaliser une étude anatomo- dorsi flap in Gardner’s syndrome. Br J Plast Surg 2005;58:
pathologique devant toute lésion, même d’aspect bénin, 884–6.
qui présente une évolution inhabituelle. [9] Enzinger FM, Weiss SW. In: Soft tissue tumors, 2nd edition. St-
Concernant le cas de notre patiente, en l’état actuel des Louis: CV Mosby combany; 1988. p. 145–63.
connaissances médicales, et après étude de la littérature, [10] Grange F, Avril MF, Margulis A, Duvillard P. Tumeur desmoïde
nous pouvons affirmer qu’il n’existe ni lien statistique, ni extra-abdominale : aspects diagnostiques, pronostiques et
preuve scientifique pouvant expliquer la survenue d’une thérapeutiques. Ann Dermatol Venereol 1993;120:679–83.
TDEA sur la cicatrice d’un lambeau de grand dorsal. Même [11] Salloum H, Kanitakis J, Chouvet B, Grimand P, Claudy A.
si d’autres cas rares ont été rapportés, ceux-ci, contraire- Extra-abdominal desmoid tumor. Microscopic aspects and his-
togenesis. Ann Dermatol Venereol 1993;120:685–8.
ment à notre cas clinique, sont survenus sur un terrain pro-
[12] Papagelopoulos PJ, Mavrogenis AF, Mitsiokapa EA, Papaparas-
pice au développement d’une TD.
keva K, Galonis E, Soucacos P. Current trends in the manag-
Enfin, la stratégie opératoire relative à notre patiente
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