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Rapport Amnesty International 2013

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AMNESTYINTERNATIONAL-RAPPORT2013

LASITUATIONDESDROITSHUMAINSDANSLEMONDE

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AMNESTY INTERNATIONAL EN BREF


Amnesty International est un mouvement mondial regroupant plus de trois millions de sympathisants, membres et militants qui se mobilisent pour le respect et la protection des droits humains universellement reconnus. La vision dAmnesty International est celle dun monde o chacun peut se prvaloir de tous les droits noncs dans la Dclaration universelle des droits de lhomme et dans dautres instruments internationaux relatifs aux droits humains. La mission dAmnesty International consiste mener des recherches et des actions en vue de prvenir et de faire cesser les graves atteintes portes tous les droits humains, quils soient civils, politiques, sociaux, culturels ou conomiques. De la libert dexpression et dassociation lintgrit physique et mentale, en passant par la protection contre les discriminations ou le droit au logement, les droits fondamentaux de la personne sont indivisibles. Amnesty International est finance essentiellement par ses membres et par les dons de particuliers. Elle ne cherche obtenir ni naccepte aucune subvention daucun gouvernement pour mener bien ses recherches et ses campagnes contre les atteintes aux droits humains. Amnesty International est indpendante de tout gouvernement, de toute idologie politique, de tout intrt conomique et de toute religion. Amnesty International est un mouvement dmocratique. Les principales dcisions politiques sont prises par un Conseil international (CI) qui se runit tous les deux ans et qui est compos de reprsentants de toutes les sections nationales. Le CI lit un Comit excutif international (CEI) charg de mettre en uvre ses dcisions et dont la composition est actuellement la suivante : Pietro Antonioli (Italie, prsident), Rune Arctander (Norvge), Nicole Bieske (Australie), Zuzanna Kulinska (Pologne), Sandra S. Lutchman (Pays-Bas), Mwikali Nzioka Muthiani (Kenya), Guadalupe Rivas (Mexique, viceprsidente), Bernard Sintobin (Belgique nerlandophone, trsorier international) et Julio Torales (Paraguay).

Unis contre linjustice, nous uvrons ensemble pour les droits humains.

AILRC-FR, 2013 Amnesty International Centre de ressources linguistiques Unit charge de la langue franaise, www.amnesty.org/fr DIFFUSION Ce livre est en vente auprs des sections et groupes dAmnesty International (voir adresses p.346-349). Il est galement en vente en librairie. IMPRESSION Artes Grficas Enco S.L. Calle de Luis I, 56 -58 28031 Madrid Espagne

Version originale anglaise: Amnesty International Ltd, 2013 Peter Benenson House 1 Easton Street, Londres WC1X 0DW, Royaume-Uni. Index AI : POL 10/001/2013 Tous droits de reproduction rservs. Cette publication ne peut faire lobjet, en tout ou en partie, daucune forme de reproduction, darchivage ou de transmission, quels que soient les moyens utiliss (lectroniques, mcaniques, par photocopie, par enregistrement ou autres), sans laccord pralable des diteurs. Pour demander une autorisation ou pour toute autre question, prire de contacter copyright@amnesty.org

ISBN : 978-2-8766-6189-9 ISSN : 0252-8312 Ce rapport rend compte des actions et des proccupations dAmnesty International dans le monde entier en 2012. Le fait quun pays ou territoire ne soit pas trait ne signifie pas quaucune atteinte aux droits humains relevant du mandat de lorganisation ny a t commise pendant lanne coule. De mme, on ne saurait mesurer limportance des proccupations dAmnesty International laune de la longueur du texte consacr chaque entre.

amnesty.org/fr

AMNESTY
INTERNATIONAL

LA SITUATION DES DROITS HUMAINS DANS LE MONDE

AMNESTY INTERNATIONAL - RAPPORT 2013

Ce rapport couvre la priode allant de janvier dcembre 2012

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Sigles et abrviations, VI Prface, VII CHAPITRE I Avant-propos, XI CHAPITRE II Pays Afghanistan, 1 Afrique du Sud, 4 Albanie, 8 Algrie, 10 Allemagne, 12 Angola, 14 Arabie saoudite, 16 Argentine, 20 Armnie, 21 Australie, 23 Autorit palestinienne, 24 Autriche, 27 Azerbadjan, 28 Bahamas, 31 Bahren, 32 Bangladesh, 35 Blarus, 37 Belgique, 39 Bnin, 40 Bolivie, 41 Bosnie-Herzgovine, 42 Brsil, 45 Bulgarie, 49 Burkina Faso, 51 Burundi, 52 Cambodge, 53 Cameroun, 56 Canada, 58 Chili, 60 Chine, 61 Chypre, 66 Colombie, 67 Congo, 72 Core du Nord, 73

Core du Sud, 75 Cte dIvoire, 77 Croatie, 80 Cuba, 82 Danemark, 83 gypte, 85 mirats arabes unis, 90 quateur, 92 rythre, 93 Espagne, 95 Estonie, 98 tats-Unis, 99 thiopie, 103 Fidji, 107 Finlande, 108 France, 109 Gambie, 111 Gorgie, 113 Ghana, 115 Grce, 116 Guatemala, 119 Guine, 121 Guine-Bissau, 122 Guine quatoriale, 124 Guyana, 126 Hati, 127 Honduras, 129 Hongrie, 130 Inde, 132 Indonsie, 137 Irak, 140 Iran, 144 Irlande, 148 Isral et territoires palestiniens occups, 150 Italie, 154 Jamaque, 158 Japon, 159 Jordanie, 160 Kazakhstan, 163 Kenya, 166 Kirghizistan, 169 Kowet, 171 Laos, 173 Lettonie, 174

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Amnesty International - Rapport 2013

SOMMAIRE
RAPPORT 2013

Liban, 175 Liberia, 177 Libye, 179 Lituanie, 184 Macdoine, 185 Madagascar, 187 Malaisie, 188 Malawi, 190 Maldives, 191 Mali, 193 Malte, 195 Maroc et Sahara occidental, 196 Mauritanie, 199 Mexique, 201 Moldavie, 205 Mongolie, 207 Montngro, 208 Mozambique, 209 Myanmar, 211 Namibie, 214 Npal, 215 Nicaragua, 217 Niger, 218 Nigeria, 219 Norvge, 223 Nouvelle-Zlande, 224 Oman, 225 Ouganda, 226 Ouzbkistan, 228 Pakistan, 231 Panama, 234 Papouasie-Nouvelle-Guine, 235 Paraguay, 236 Pays-Bas, 237 Prou, 238 Philippines, 240 Pologne, 242 Porto Rico, 244 Portugal, 244 Qatar, 245 Rpublique centrafricaine, 247 Rpublique dmocratique du Congo, 248 Rpublique dominicaine, 252 Rpublique tchque, 254

Roumanie, 256 Royaume-Uni, 258 Russie, 261 Rwanda, 266 Salvador, 269 Sngal, 270 Serbie, 272 Sierra Leone, 276 Singapour, 278 Slovaquie, 279 Slovnie, 281 Somalie, 281 Soudan, 285 Soudan du Sud, 289 Sri Lanka, 292 Sude, 295 Suisse, 296 Suriname, 297 Swaziland, 298 Syrie, 300 Tadjikistan, 305 Taiwan, 308 Tanzanie, 309 Tchad, 310 Thalande, 312 Timor-Leste, 314 Togo, 315 Trinit-et-Tobago, 317 Tunisie, 318 Turkmnistan, 321 Turquie, 323 Ukraine, 327 Uruguay, 330 Venezuela, 331 Vit-Nam, 333 Ymen, 335 Zimbabwe, 339 CHAPITRE III NOUs cOntacter Adresses, 346 Index thmatique, 350

Amnesty International - Rapport 2013

SIGLES ET ABRVIATIONS
ANASE CIA Convention europenne des droits de lhomme

Association des Nations de lAsie du Sud-Est Agence centrale du renseignement des tats-Unis

Convention de sauvegarde des droits de lhomme et des liberts fondamentales

Convention sur la discrimination raciale

CEDEAO CICR

Communaut conomique des tats de lAfrique de lOuest Comit international de la Croix-Rouge

Convention internationale sur llimination de toutes les formes de discrimination raciale

Convention sur la protection des travailleurs migrants

DESC

Droits conomiques, sociaux et culturels

Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille

FNUAP OEA OIT

Convention sur les femmes

Fonds des Nations unies pour la population Organisation des tats amricains Organisation internationale du travail

Convention sur llimination de toutes les formes de discrimination lgard des femmes

Convention n169 de lOIT

Convention n169 de lOIT relative aux peuples indignes et tribaux

OMS ONG ONU

Deuxime Protocole facultatif se rapportant au PIDCP

Organisation mondiale de la sant Organisation non gouvernementale Organisation des Nations unies

Deuxime protocole facultatif se rapportant au PIDCP, visant abolir la peine de mort

Protocole facultatif la Convention contre la torture

Protocole facultatif se rapportant la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dgradants

OTAN

Organisation du trait de lAtlantique nord

Protocole facultatif la Convention relative aux droits de lenfant

PIDCP

Pacte international relatif aux droits civils et politiques

Protocole facultatif se rapportant la Convention relative aux droits de lenfant, concernant limplication denfants dans les conflits arms

PIDESC

Pacte international relatif aux droits conomiques, sociaux et culturels

Rapporteur spcial des Nations unies sur la torture

UNICEF

Fonds des Nations unies pour lenfance

Rapporteur spcial des Nations unies sur la torture et les autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dgradants

Comit europen pour la prvention de la torture

Comit europen pour la prvention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dgradants

Rapporteur spcial des Nations unies sur le racisme

Convention contre la torture

Rapporteur spcial des Nations unies sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xnophobie et de lintolrance qui y est associe

Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dgradants

Rapporteuse spciale des Nations unies sur la violence contre les femmes

Convention contre les disparitions forces

Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forces

Rapporteuse spciale des Nations unies charge de la question de la violence contre les femmes, y compris ses causes et ses consquences

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Amnesty International - Rapport 2013

PRFACE
JE NAVAIS JAMAIS IMAGIN QUE LE FAIT DCRIRE ET DE RACONTER LA VRIT SUR CE QUI SE PASSE POUVAIT AMENER SI PRS DE LA MORT [...] JAI SOUVENT SENTI LA PEUR ME TRANSPERCER LES OS, MAIS LE SENS DE LA RESPONSABILIT LEMPORTE SUR LE RESTE...
Dina Meza, journaliste et dfenseure des droits humains hondurienne, membre du Comit des familles de dtenus et disparus du Honduras (COFADEH)

Le Rapport 2013 dAmnesty International rend compte de la situation des droits humains dans le monde en 2012. Lavant-propos du secrtaire gnral et ltude au cas par cas de 159 pays et territoires donnent un aperu des violations des droits humains et des atteintes ces droits infligs par les dtenteurs du pouvoir ceux qui se mettent en travers de leurs intrts. Des dfenseurs des droits humains, qui vivaient souvent eux-mmes dans des conditions difficiles, ont lutt pour dnoncer les auteurs de ces abus et pour abattre les murs du silence et du secret. Devant les tribunaux, dans la rue ou en ligne, ils sont alls au front pour dfendre leurs droits la libert dexpression, la non-discrimination et la justice. Certains lont pay trs cher. Dans de nombreux pays cela leur a valu dtre trans dans la boue, emprisonns ou brutaliss. Tout en proclamant leur attachement au respect des droits humains, les tats ont continu de brandir les arguments de la scurit nationale et dutiliser les problmes de scurit publique pour justifier leurs propres violations de ces droits. Le prsent rapport tmoigne de la demande dtermine et toujours croissante de justice. Ne tenant aucun compte des frontires et malgr les redoutables forces sopposant eux, dans toutes les rgions du monde des femmes et des hommes se sont levs pour rclamer le respect de leurs droits et proclamer leur solidarit avec dautres femmes et hommes qui doivent affronter la rpression, la discrimination, la violence et linjustice. Leurs actes et leurs paroles montrent que le mouvement des droits humains ne cesse de grandir et de se renforcer, et que lespoir quil fait natre chez des millions de personnes est une puissante force de changement.

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CHAPITRE I : AVANT-PROPOS

AMNESTY INTERNATIONAL - RAPPORT 2013

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Les droits humains neconnaissent pas defrontires


par Salil Shetty, secrtaire gnral

 VANTA PROPOS

RAPPORT 2013

Une injustice commise quelque part est une menace pour la justice dans le monde entier. Nous sommes pris dans un rseau dinterdpendances auquel nous ne pouvons chapper, tous lis par une destine commune. Tout ce qui touche lun de nous directement touche indirectement tous les autres.
Martin Luther King, Lettre de la prison de Birmingham, 16 avril 1963, tats-Unis

Le 9octobre 2012 au Pakistan, Malala Yousafzai a t atteinte la tte dune balle tire par des talibans. Le crime de cette adolescente de 15ans? Dfendre le droit lducation des filles. Larme du crime? Un blog. Tout comme lacte de Mohamed Bouazizi qui, en 2010, avait entran dans son sillage un vaste mouvement de contestation au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, la dtermination de Malala Yousafzai a eu des effets bien au-del des frontires pakistanaises. Les souffrances endures par certains et le courage dploy par tant dhommes et de femmes, associs la puissance des mdias sociaux qui ne connaissent pas de frontires, ont modifi notre perception du combat en faveur des droits humains, de lgalit et de la justice, et ont inflchi de faon perceptible le discours sur la souverainet et les droits fondamentaux de la personne. Aux quatre coins du monde, des gens se sont mis en danger et ont investi les rues et la sphre numrique pour dnoncer la rpression et la violence exerces par des gouvernements et dautres acteurs puissants. Sexprimant dans des blogs, dans dautres mdias sociaux et dans la presse traditionnelle, ils ont fait natre un courant de solidarit internationale pour que Mohamed Bouazizi ne tombe pas dans loubli, pour que Malala garde espoir. Un tel courage, combin la capacit de communiquer notre soif de libert, de justice et de respect des droits, suscite linquitude de ceux qui sont au pouvoir. Contraste saisissant avec le soutien apport celles et ceux qui dnoncent loppression et la discrimination, nous voyons de nombreux gouvernements semployer rprimer des manifestations pourtant pacifiques et tenter dsesprment de contrler la sphre numrique notamment en essayant de rdifier leurs frontires nationales dans cette sphre. Quelle est en effet la raction des pouvoirs en place, qui saccrochent leur souverainet et abusent de ce concept, lorsquils prennent conscience que de

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simples citoyens sont potentiellement aptes dmanteler les structures dirigeantes et braquer les projecteurs sur les outils de rpression et de dsinformation quils utilisent pour conserver leurs prrogatives ? Le systme conomique, politique et commercial mis en place par les dtenteurs du pouvoir entrane souvent des atteintes aux droits fondamentaux. Le commerce des armes, par exemple, dtruit des vies mais est dfendu par des tats qui soit ont recours ces armes pour opprimer leur propre peuple, soit tirent profit de ce commerce. Ils invoquent la souverainet titre de justification.

Souverainet et solidarit
Dans notre qute de libert, de respect des droits et dgalit, nous devons repenser le concept de souverainet. La souverainet devrait et peut natre de la prise en main de son propre destin. Cest le cas des tats qui triomphent du colonialisme ou de voisins dominateurs, ou encore de ceux qui naissent des cendres de mouvements qui ont renvers des rgimes rpressifs et corrompus. La souverainet est alors positive. Pour quelle le demeure et que les risques dexploitation quelle pose soient matriss, nous devons redfinir la souverainet et accepter lexistence, au niveau mondial, la fois dune solidarit et dune responsabilit. Nous sommes citoyens du monde. Nous nous soucions de ce qui se passe autour de nous, car nous avons accs linformation et pouvons choisir de ne pas connatre de frontires. Les tats invoquent rgulirement la souverainet quils ramnent au contrle de leurs affaires intrieures sans ingrence externe pour agir comme bon leur semble. Ils utilisent cette notion pour dissimuler ou nier massacres, gnocides, oppression, corruption, privation de nourriture et perscutions lies au genre. Mais ceux qui abusent de leurs pouvoirs et de leurs prrogatives ne peuvent plus sen cacher facilement. Les tlphones mobiles permettent denregistrer et de mettre en ligne des vidos qui font apparatre en temps rel les violations des droits humains commises et rvlent au grand jour la ralit qui se cache derrire les discours hypocrites et les justifications intresses. Les entreprises, entre autres puissants acteurs privs, font elles aussi plus facilement lobjet dune surveillance maintenant car il leur est de plus en plus difficile, lorsque leurs actions sont nuisibles ou criminelles, den dissimuler les consquences. Nous uvrons dans un cadre de droits humains qui tient pour acquis la souverainet mais qui ne la dfend pas en soi, en particulier depuis que le Sommet mondial de 2005 des Nations unies a reconnu le principe de la responsabilit de protger, principe raffirm plusieurs reprises depuis lors. Il est facile de comprendre pourquoi : lanne 2012 tmoigne largement elle seule des violations dont se rendent coupables les tats lencontre des populations qui vivent sur leur territoire. Le droit de tout un chacun de ne pas subir de violences est un lment fondamental de la protection des droits humains. Le cadre strict empchant ltat de simmiscer dans notre vie personnelle et familiale est un autre aspect essentiel. Il sagit notamment de garantir notre libert dexpression, dassociation et dopinion. Il sagit de nous protger contre toute immixtion dans nos choix concernant notre corps et la manire dont nous lutilisons, cest--dire dans nos dcisions en matire de procration, didentit sexuelle et de genre ou de tenue vestimentaire. Durant les premiers jours de 2012, 300 familles se sont retrouves sans abri Phnom Penh, la capitale cambodgienne, aprs avoir t violemment expulses de leur quartier. Quelques semaines plus tard, 600Brsiliens qui vivaient dans le bidonville de

Les tats invoquent rgulirement la souverainet [] pour dissimuler ou nier massacres, gnocides, oppression, corruption, privation de nourriture et perscutions lies au genre.

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Amnesty International - Rapport 2013

Pinheirinho, dans ltat de So Paulo, ont subi le mme sort. En mars, 21personnes sont tombes sous les balles de la police jamacaine, des musiciens azerbadjanais ont t frapps, arrts et torturs en dtention, et le Mali a sombr dans la crise aprs un coup dtat Bamako. Lanne sest poursuivie avec son lot datteintes aux droits humains : expulsions forces au Nigeria; journalistes tus au Mexique, en Somalie et dans dautres pays; femmes violes ou agresses sexuellement chez elles, dans la rue ou alors quelles exeraient leur droit de manifester; interdiction de marches des fierts homosexuelles et passages tabac de militants de la communaut des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres ou intersexues; assassinats de dfenseurs des droits humains et emprisonnement de militants sur la base daccusations forges de toutes pices. En septembre, une femme a t excute au Japon pour la premire fois depuis plus de 15 ans. En novembre le conflit qui dchire Isral et Gaza a connu une nouvelle escalade, tandis que plusieurs dizaines de milliers de civils de la Rpublique dmocratique du Congo ont d quitter leur foyer devant la progression du groupe arm du 23-Mars (M23), soutenu par le Rwanda, vers la capitale de la province du Nord-Kivu. Et bien sr il y a la Syrie. la fin de lanne, le conflit avait fait 60000morts, selon les Nations unies. Et ce chiffre ne cessait de crotre.

Absence de protection
Au cours des dernires dcennies, la souverainet des tats que lon associait toujours plus troitement la notion de scurit nationale a t trop souvent invo que pour justifier des actions incompatibles avec les droits humains. lintrieur des pays, ceux qui ont le pouvoir font valoir queux seuls sont mme de prendre les dcisions qui concernent la vie des gens quils gouvernent. Comme son pre avant lui, le prsident Bachar elAssad sest maintenu au pouvoir en dressant larme et les forces de scurit syriennes contre la population qui rclamait sa dmission. Il existe toutefois une diffrence de taille. Lors du massacre de Hama, en 1982, Amnesty International et dautres organisations avaient dnonc les vnements et uvr sans relche pour tenter de mettre fin la tuerie, mais celle-ci stait en grande partie droule labri des regards du reste du monde. Ces deux dernires annes, en revanche, les blogueurs et les militants syriens, ncoutant que leur courage, ont pu informer directement le monde entier de ce qui se passait dans leur pays, au moment mme o les vnements avaient lieu. Bien que le bilan nait cess de salourdir et malgr tous les lments montrant que des crimes taient perptrs, le Conseil de scurit des Nations unies na rien fait cette anne encore pour assurer la protection de la population civile. Pendant prs de deux ans, larme et les forces de scurit syriennes ont men des attaques aveugles, et plac en dtention, tortur et tu des personnes quelles souponnaient de soutenir les rebelles. Pas moins de 31 formes diffrentes de torture et dautres mauvais traitements ont t recenses dans un rapport dAmnesty International. Des groupes dopposition arms se sont eux aussi livrs des excutions sommaires et des actes de torture dans une bien moindre mesure, toutefois. La non-intervention du Conseil de scurit des Nations unies est dfendue, en particulier par la Russie et la Chine, au nom du respect de la souverainet des tats. Lide selon laquelle ni les tats titre individuel ni la communaut internationale ne doivent agir de manire rsolue pour protger les civils lorsque des gouvernements et

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leurs forces de scurit sen prennent leur propre population moins quils naient quelque chose y gagner est inacceptable. Quil sagisse du gnocide de 1994 au Rwanda, du regroupement en 2009 de Tamouls dans la zone dite protge du nord du Sri Lanka o plusieurs dizaines de milliers de civils ont perdu la vie, de la privation de nourriture que subissent actuellement les Nord-Corens ou du conflit syrien, la passivit au nom du respect de la souverainet des tats est inexcusable. Au fond, les tats sont responsables du respect des droits des personnes qui vivent sur leur territoire. Cependant, quiconque croit la justice et aux droits humains ne peut dfendre lide que la souverainet est actuellement au service de ces concepts. Bien au contraire. Le moment est venu de remettre en cause cette association calamiteuse du principe de souverainet absolue revendiqu par les tats et de la priorit quils accordent la scurit nationale plutt quaux droits fondamentaux et la scurit de la personne humaine. Ne cherchons plus dexcuses. Le temps est venu pour la communaut internationale de passer la vitesse suprieure et de redfinir lobligation qui est la sienne de protger les citoyens du monde entier. Nos pays sont tenus de respecter, de protger et de concrtiser nos droits. Ils sont nombreux ne pas tenir leurs engagements ou, au mieux, ne les tenir que ponctuellement. En dpit de toutes les victoires remportes par le mouvement de dfense des droits humains au cours des dernires dcennies de la libration de prisonniers dopinion linterdiction mondiale de la torture en passant par la cration de la Cour pnale internationale, cette conception errone de la souverainet signifie que des milliards de personnes sont toujours laisses pour compte.

Les gardiens de la terre et les exploiteurs

Les gouvernements devraient tirer les enseignements de lexprience des populations indignes afin de repenser leur rapport aux ressources naturelles.

Lun des exemples les plus criants de cette injustice est le traitement qui est rserv depuis plusieurs dcennies aux peuples autochtones. O quils vivent sur la plante, ils partagent une mme valeur : lopposition la notion de proprit foncire. Les peuples indignes se revendiquent plutt traditionnellement comme les gardiens des terres quils occupent. Ils ont cependant pay trs cher ce rejet du concept de proprit, car leurs terres se sont trs souvent rvles riches en ressources naturelles. Et les gouvernements, censs protger les droits de ces populations, semparent de ces terres au nom de ltat souverain, puis les vendent, les donnent bail ou autorisent leur pillage par des tiers. Au lieu de respecter les peuples qui se voient comme les gardiens de leurs terres et des ressources quelles reclent, tats et entreprises sinstallent sur ces territoires, dplacent de force leurs habitants et sarrogent la proprit des terres ou les droits dexploitation des ressources naturelles. Au Paraguay, 2012 na pas t diffrente des 20 dernires annes pour les Sawhoyamaxas, dplacs de leur territoire malgr un arrt de la Cour interamricaine des droits de lhomme qui a reconnu en 2006 leur droit sur leurs terres ancestrales. Plus au nord, plusieurs dizaines de communauts des Premires nations du Canada ont continu de sopposer au projet de construction dun pipeline reliant les sables bitumineux de lAlberta la cte de la Colombie-Britannique et passant par leurs terres ancestrales. Alors que les gouvernements devraient tirer les enseignements de lexprience des populations indignes afin de repenser leur rapport aux ressources naturelles, ces populations se retrouvent assiges dans le monde entier.

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Amnesty International - Rapport 2013

Cette situation est dautant plus affligeante que les tats et les entreprises foulent au pied la Dclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, qui exige explicitement des tats quils assurent la participation entire et effective de ces peuples lexamen de toutes les questions les concernant. Les militants des droits indignes mobiliss pour la dfense de leur communaut et de leurs terres sont en butte des violences et risquent mme dtre tus. Loin de se limiter aux Amriques, ces phnomnes de discrimination, de marginalisation et de violence ont touch en 2012 le monde entier, des Philippines la Namibie, o de nombreux obstacles empchaient les enfants des peuples san et ovahimba, entre autres minorits ethniques, dtre scolariss. Ctait le cas, en particulier, Opuwo, o des enfants ovahimbas ont t contraints de se couper les cheveux et se sont vu interdire de porter leurs vtements traditionnels pour pouvoir frquenter lcole publique.

La circulation de largent et des personnes


La course aux ressources nest quun aspect de la mondialisation. La circulation des capitaux, qui ne connaissent ni frontires ni ocans et viennent gonfler les poches des puissants, en est un autre. Oui, la mondialisation est source de croissance conomique et de prosprit pour certains. Mais dautres connaissent le mme sort que les communauts autochtones et voient les gouvernements et les entreprises tirer profit des terres o ils vivent o ils meurent de faim, plutt. En Afrique subsaharienne, par exemple, plusieurs millions de personnes vivent toujours dans une pauvret telle que leur vie est menace, malgr une croissance significative dans de nombreux pays. La corruption et la fuite de capitaux vers des paradis fiscaux hors de la rgion demeurent deux des principales causes de cette situation. Les ressources minrales de lAfrique continuent de nourrir des accords entre des entreprises et des responsables politiques, au bnfice des deux parties, mais au dtriment des autres. En raison du manque de transparence des contrats de concession et de labsence totale dobligation de rendre des comptes, les actionnaires des entreprises et les dirigeants politiques senrichissent injustement tandis que souffrent ceux qui voient leur travail exploit, leurs terres dtriores et leurs droits bafous. Pour ces personnes, la justice nest quun mirage. Largent que les travailleurs migrants du monde entier envoient au pays est un autre exemple de la libre circulation des capitaux. Selon la Banque mondiale, les transferts de fonds des travailleurs immigrs dans les pays en dveloppement sont trois fois suprieurs laide internationale au dveloppement. Pourtant, ces mmes migrants ont souvent t laisss au bord du chemin en 2012, ni leur pays dorigine ni leur pays daccueil ne protgeant correctement leurs droits. Cette anne, par exemple, des agences de recrutement npalaises se sont de nouveau livres au trafic de travailleurs migrants, les soumettant lexploitation et au travail forc. Elles leur ont factur des commissions dpassant les plafonds fixs par le gouvernement, les contraignant de ce fait souscrire des prts importants des taux dintrt levs. De nombreux migrants ont t tromps par leur recruteur sur leurs conditions demploi et de rmunration. Les agences de recrutement qui enfreignaient la loi npalaise taient rarement sanctionnes. Le gouvernement a interdit en aot aux femmes de moins de 30ans de migrer en Arabie saoudite, aux mirats arabes unis, au Kowet et au Qatar pour y devenir employes domestiques, en raison de plaintes dabus sexuels et dautres violences physiques enregistres dans ces pays. Cependant, cette interdiction pouvait faire courir davantage de risques encore

Amnesty International - Rapport 2013

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aux femmes, ds lors quelles taient obliges de chercher du travail par le biais de rseaux informels. Un bel exemple dinitiative o lon prtend dfendre les droits des femmes sans le faire rellement. Le gouvernement aurait d au contraire se battre pour garantir aux femmes un environnement de travail sr. Lorsque les gens sont partis, les pays dorigine font valoir quils nont plus dobligations leur gard puisque ces travailleurs ne rsident plus sur leur territoire; quant aux pays daccueil, ils avancent que ces personnes nont pas de droits puisquelles sont trangres. Et pendant ce temps, la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille, ouverte la signature en 1990, reste lun des traits relatifs aux droits fondamentaux comptant le moins dtats parties. Aucun pays de destination de migrants en Europe de lOuest na ratifi ce texte. Plusieurs autres tats qui accueillent un nombre lev de migrants, comme les tats-Unis, le Canada, lAustralie, lInde, lAfrique du Sud et les tats du Golfe, ne lont pas ratifi non plus. Les rfugis sont dans une situation plus prcaire encore. Les plus vulnrables sont les 12millions dapatrides de par le monde soit la population de grandes agglomrations comme Londres, Lagos ou Rio de Janeiro. Environ 80 % sont des femmes. En labsence de protection dun tat souverain, ces personnes sont de vritables citoyens du monde. Et leur protection nous incombe, nous tous. Elles incarnent largument le plus net en faveur de la mise en uvre de la responsabilit de protger, car les garanties relatives aux droits fondamentaux doivent sappliquer tous les tres humains, quils se trouvent dans leur pays ou non. lheure actuelle, la protection est perue comme tant subordonne la souverainet des tats. Des femmes sont violes dans des camps au Soudan du Sud, des demandeurs dasile sont enferms dans des centres de dtention ou des conteneurs mtalliques en Australie comme au Kenya, et des centaines de personnes prissent bord de frles embarcations alors quelles cherchent dsesprment un lieu sr. Cette anne encore, des Africains qui drivaient au large des ctes italiennes se sont vu refuser laccs la scurit offerte par les rivages europens, les tats revendiquant le caractre sacr des contrles aux frontires. Les pouvoirs publics australiens ont continu dintercepter les embarcations de rfugis et de migrants en haute mer. Les agents chargs de surveiller les ctes des tats-Unis ont dfendu cette pratique: Linterception en mer des migrants permet un renvoi rapide de ces personnes vers leur pays dorigine et limine les procdures onreuses requises en cas dentre sur le territoire amricain. La souverainet la emport chaque fois sur le droit de chercher asile. Environ 200 personnes perdent la vie chaque anne alors quelles tentent de traverser le dsert pour gagner les tats-Unis, consquence directe des mesures prises par les pouvoirs publics amricains pour rendre impraticables les passages plus srs. Ce chiffre demeure stable, malgr une diminution de limmigration. Ces exemples tmoignent dun renoncement odieux la responsabilit de promouvoir les droits humains, y compris le droit la vie, et offrent un contraste saisissant avec la libre circulation des capitaux voque plus haut. On voit aussi une diffrence flagrante entre les contrles stricts de limmigration et la quasi libre circulation dans le monde des armes classiques, en particulier des armes lgres et de petit calibre. Des centaines de milliers de personnes ont t tues, blesses, violes ou obliges de fuir de chez elles cause du commerce des armes. Ce commerce est aussi directement li aux discriminations et aux violences lies au

Les plus vulnrables sont les 12 millions dapatrides de par le monde soit la population de grandes agglomrations comme Londres, Lagos ou Rio de Janeiro. Environ 80% sont des femmes.

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genre, qui touchent les femmes de manire disproportionne. Les initiatives visant consolider la paix, la scurit et lgalit des genres et mettre en place les conditions du dveloppement sont profondment compromises. Les atteintes aux droits fondamentaux sont en partie alimentes par la facilit avec laquelle les armes sont achetes et vendues, ngocies et expdies aux quatre coins du monde, pour finir bien trop souvent entre les mains de gouvernements rpressifs et de leurs forces de scurit, de seigneurs de guerre et de bandes criminelles. Cest un commerce lucratif (70milliards de dollars des tats-Unis par an), ce qui explique les efforts dploys par les parties intresses pour en empcher toute rgulation. Au moment de la mise sous presse de ce rapport, les principaux tats exportateurs darmement sapprtaient ouvrir de nouvelles ngociations en vue de ladoption dun trait sur le commerce des armes. Amnesty International demande linterdiction des transferts darmes ds lors quil existe un risque substantiel que celles-ci servent commettre des violations du droit international humanitaire ou de graves violations du droit relatif aux droits humains.

La circulation de linformation
Il est malgr tout possible de retenir un point positif de ces exemples : nous dte nons des informations leur sujet. Cela fait un demi-sicle quAmnesty International dnonce les violations des droits humains dans le monde entier, et emploie toutes les ressources sa disposition pour mettre fin ces violations, en prvenir de nouvelles et protger nos droits. La mondialisation des communications offre des possibilits que les fondateurs du mouvement de dfense des droits humains moderne nauraient jamais pu imaginer. La marge de manuvre dont disposent les gouvernements et les entreprises pour se retrancher derrire des frontires souveraines est de plus en plus limite. De nouvelles formes de communication se sont installes dans nos vies une vitesse impressionnante. Entre 1985, anne de cration du premier nom de domaine avec lextension .com, et aujourdhui, o lon compte 2,5milliards dinternautes, le paysage numrique a connu une transformation fulgurante. En 1989, Tim Berners-Lee rdigeait une proposition de gestion de linformation sur Internet. Hotmail a vu le jour en 1996, les blogs en 1999 et Wikipdia en 2001. Facebook est n en 2004. YouTube en 2005. Cette mme anne, Internet a enregistr son milliardime utilisateur qui, statistiquement, a toutes les chances dtre une femme ge de 24ans et habitant Shanghai. En 2006 sont apparus Twitter et le site chinois censur de Google, Gu Ge. En 2008, la Chine comptait un plus grand nombre dinternautes que les tatsUnis. Cette anne-l, des militants travaillant avec des citoyens-journalistes kenyans ont dvelopp un site Web appel Ushahidi (terme swahili signifiant tmoignage). Conu lorigine pour recenser les violences intervenues au Kenya aprs les lections, il sest transform en une plateforme internationale dont lobjectif est de dmo cratiser linformation. Nous vivons dans un monde foisonnant dinformations et o les militants ont leur disposition les outils permettant que les violations des droits humains ne soient pas passes sous silence. Linformation cre une obligation dagir. Toutefois, une question cruciale se pose : allons-nous continuer avoir accs ces informations, ou bien les tats, de connivence avec dautres acteurs puissants, vont-ils bloquer cet accs ? Amnesty International veut faire en sorte que tout un chacun dispose des outils ncessaires pour accder aux informations, les partager et dnoncer le pouvoir et la souverainet lorsque cette notion est invoque mauvais escient. Internet nous permet de construire un modle de citoyennet mondiale, et fournit un contrepoint au concept de souverainet et de droits fonds sur la nationalit.

Le commerce des armes est aussi directement li aux discriminations et aux violences lies au genre, qui touchent les femmes de manire disproportionne. Les initiatives visant consolider la paix, la scurit et lgalit des genres et mettre en place les conditions du dveloppement sont profondment compromises.

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Lide formule de faon si loquente par Martin Luther King autour dun rseau dinterdpendances auquel nous ne pouvons chapper et dune destine commune a t soutenue et dfendue par de nombreux grands penseurs et militants des droits qui lont prcd ou lui ont succd. Le moment est venu de lincorporer dans notre modle international de citoyennet. La notion africaine dubuntu illustre parfaitement cette ide: Je suis ce que je suis grce ce que nous sommes tous. Il sagit de nous relier les uns aux autres, sans que les frontires, les murs, les ocans ou la dfinition de lennemi comme lautre ne viennent polluer notre inclination naturelle la justice et lhumanit. Aujourdhui, le monde numrique nous met rellement en prise directe avec linformation.

Capacit daction et participation


La situation est simple: louverture du monde numrique offre des chances gales tous et permet un nombre toujours plus lev de personnes daccder aux informations dont elles ont besoin pour interpeller les gouvernements et les entreprises. Elle favorise la transparence et lobligation de rendre des comptes. Linformation est source de pouvoir: Internet est mme de donner aux sept milliards dhabitants de la plante les moyens dagir. Cest un outil qui nous permet davoir connaissance des atteintes aux droits fondamentaux o quelles aient lieu, dapporter la preuve de leur existence et de les dnoncer. Il nous permet de partager des informations et nous aide ainsi uvrer main dans la main pour rsoudre des problmes, promouvoir la scurit des personnes et le dveloppement humain et concrtiser la promesse des droits humains. La souverainet des tats, lorsquelle est invoque abusivement, est diamtralement oppose cette vision. Elle est associe au cloisonnement, au contrle de linformation et des communications, la dissimulation derrire les lois relatives au secret dtat et dautres dispositions exonrant les gouvernements de leurs responsablilits. En invoquant sa souverainet, un gouvernement entend affirmer quil na pas de comptes rendre et que, ds lors quil agit lintrieur de ses propres frontires, il ne peut pas tre remis en cause. Cest ainsi que les puissants exercent leur autorit sur ceux qui sont dmunis. Les possibilits offertes par le monde numrique sont immenses. Le pouvoir du monde numrique est immense. La technologie tant neutre en soi, ces possibilits peuvent faciliter aussi bien des actions compatibles avec le respect des droits des populations que des actions antinomiques avec les droits humains. Amnesty International, qui puise ses racines dans la dfense de la libert dexpression, continue dtre tmoin de ce que font les gouvernements lorsquils sont incapables de restreindre cette libert et dcident de manipuler laccs linformation. De lAzerbadjan la Tunisie et de Cuba aux territoires palestiniens, des blogueurs sont poursuivis en justice et harcels. Au Vit-Nam, des blogueurs trs connus Nguyen Van Hai, alias Dieu Cay, Ta Phong Tan, lorigine du blog Justice et Vrit, et Phan Thanh Hai, surnomm AnhBaSaiGon ont t jugs en septembre pour propagande contre ltat. Ils ont t condamns des peines de 12, 10 et quatre ans demprisonnement respectivement, peines assorties leur libration dune priode de rsidence surveille de trois cinq ans. Leur procs na dur que quelques heures et leurs proches ont t harcels et arrts par les autorits, qui ne voulaient pas quils y assistent. Ce procs avait t report trois reprises, la dernire fois en raison de la mort de la mre de Ta Phong Tan; elle avait succomb ses blessures aprs stre immole par le feu devant des locaux administratifs pour protester contre le traitement rserv sa fille.

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Lemprisonnement de personnes qui exercent leur libert dexpression et contestent les pouvoirs en place au moyen des technologies numriques nest toutefois que la premire ligne de dfense des gouvernements. De plus en plus, les tats sefforcent driger des pare-feux en vue de circonscrire les communications numriques ou les systmes dinformation. LIran, la Chine et le Vit-Nam essaient de mettre en place un dispositif leur permettant de reprendre le contrle la fois des communications et de laccs aux informations disponibles dans la sphre numrique. Plus inquitant encore : un certain nombre de pays explorent des stratgies de contrle plus subtiles dans ce domaine, dployant de vastes rseaux de surveillance et des techniques plus fines de manipulation de laccs linformation. Les tatsUnis, qui de leur ct ne se proccupent gure du respect des frontires comme le montrent les attaques de drones un peu partout dans le monde, se sont rcemment arrog le droit de surveiller toute donne enregistre dans des systmes de stockage en ligne (dossiers virtuels qui ne sont pas assujettis aux frontires territoriales). Pour dire les choses clairement, cette surveillance sapplique aussi des informations dtenues par des personnes et des entreprises qui ne sont pas situes sur le territoire amricain ni ressortissantes de ce pays. La lutte pour laccs linformation et le contrle des moyens de communication ne fait que commencer. Dans ce contexte, que peut faire la communaut internationale pour tmoigner son respect celles et ceux qui se sont courageusement mobiliss, au pril de leur vie et de leurs liberts, lors des soulvements au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ? Comment nous tous pouvons-nous afficher notre solidarit lgard de Malala Yousafzai et de tous ceux qui ont os prendre la parole pour dire Assez!? Nous pouvons exiger des tats quils veillent ce que toutes les personnes sur leur territoire aient vritablement accs au monde numrique, de prfrence via une connexion Internet haut dbit mise disposition un prix abordable, soit sur un appareil portatif du type tlphone portable, soit sur un ordinateur de bureau. Ils reconnatraient ainsi chacun le droit de bnficier du progrs scientifique et de ses applications, principe en matire de droits humains nonc larticle15 du Pacte international relatif aux droits conomiques, sociaux et culturels. La Dclaration universelle des droits de lhomme proclame ce mme principe en son article27: Toute personne a le droit de prendre part librement la vie culturelle de la communaut, de jouir des arts et de participer au progrs scientifique et aux bienfaits qui en rsultent. Disposer dun accs de qualit Internet quivaut de toute vidence bnficier du progrs scientifique. Il y a de cela de nombreuses annes, les tats ont instaur un service postal international reposant sur des services nationaux interconnects pour crer un systme mondial dacheminement du courrier. Nimporte qui pouvait crire une lettre, acheter un timbre et envoyer cette lettre peu prs partout dans le monde. Si cette lettre ntait pas livre directement chez le destinataire, il existait un systme de poste restante ou dacheminement centralis indiquant le lieu o celui-ci pouvait retirer son courrier. Ce courrier tait considr comme priv, quelles que soient les frontires franchies. Cette forme de communication et de partage dinformations, qui peut aujourdhui paratre un peu suranne, a transform notre faon de communiquer et tenait pour acquis le droit au respect de la vie prive dans le cadre de ces changes. Et surtout, les tats ont fait en sorte que ce service soit accessible tous. Mme si, de toute vidence, de nombreux gouvernements en ont profit pour lire du courrier priv, ils nont pas remis en question le principe du droit au respect de la vie prive associ Amnesty International - Rapport 2013

Nous pouvons exiger des tats quils veillent ce que toutes les personnes sur leur territoire aient vritablement accs au monde numrique.

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ces communications. Le service postal international a ouvert aux habitants dinnombrables pays de nouvelles perspectives en termes de partage de linformation et de participation la vie de la famille et de la socit. De nos jours, laccs Internet est essentiel pour que les gens puissent communiquer mais aussi sinformer. La transparence, laccs linformation et la possibilit de participer aux dbats et dcisions politiques sont des aspects indispensables la cration dune socit respectueuse des droits. Rares sont les actions des gouvernements pouvant avoir des consquences positives aussi immdiates, puissantes et tendues pour les droits humains. Chaque tat a une dcision prendre: emploiera-t-il cette technologie neutre en soi pour asseoir plus fermement son pouvoir sur les autres, ou bien pour donner aux individus les moyens dagir et de promouvoir leur libert? Avec lavnement dInternet et sa haute disponibilit sur les tlphones cellulaires, dans les cybercafs et partir dordinateurs accessibles dans les tablissements scolaires, les bibliothques publiques, les lieux de travail ou au domicile des gens , une occasion sans prcdent nous est offerte de mettre les individus en mesure de faire valoir leurs droits.

Un choix pour lavenir


Loccasion est maintenant donne aux tats de garantir toutes les personnes sur leur territoire un accs effectif et abordable Internet. Les tats peuvent aussi soutenir la cration de nouveaux lieux de consultation dInternet, par exemple des bibliothques ou des cafs, o les services sont gratuits ou la porte de toutes les bourses.

Le savoir, linformation et la capacit de sexprimer sont une force, une force que ne craignent pas les tats respectueux des droits.

Ils peuvent en particulier garantir la participation active des femmes (dont 37 % seulement ont aujourdhui accs dune manire ou une autre Internet) ce systme dinformation et, par voie de consquence, aux actions et dcisions prises dans le monde o elles voluent. Une tude rcente ralise par ONUFemmes, lentreprise Intel et le dpartement dtat amricain met en vidence limmense foss qui spare les hommes et les femmes en matire daccs Internet dans des pays comme lInde, le Mexique ou lOuganda. Cela signifie que les tats doivent mettre en place des systmes permettant une connexion la maison, lcole et au bureau, car des lieux comme les cybercafs sont difficilement accessibles pour les femmes qui ne peuvent pas sortir de chez elles pour des raisons religieuses et culturelles. Les tats peuvent aussi semployer radiquer la discrimination sociale lgard des femmes et les prjugs dont elles sont frappes. Une ingnieure indienne a racont aux auteurs de ltude quon lui avait interdit de se servir dun ordinateur de peur que, si elle le touchait, un problme survienne. Dautres tmoignages ont rvl que des hommes interdisaient leur pouse dutiliser lordinateur familial, craignant quelles ne tombent sur des contenus sexuels inappropris. Cest lune des raisons voques pour expliquer quen Azerbadjan les femmes ne soient que 14% stre connectes ne serait-ce quune fois dans leur vie, alors que ce taux slve 70% chez les hommes. En reconnaissant le droit des individus davoir accs Internet, les tats satisferaient leurs obligations relatives au respect de la libert dexpression et du droit linformation. Ils doivent toutefois agir dans le respect du droit la vie prive. Si les tats refusent de reconnatre ce droit, le risque est grand de voir apparatre une socit deux vitesses, au niveau mondial et au niveau des tats, une partie de

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la population ayant accs aux outils ncessaires pour revendiquer ses droits tandis que lautre ne laura pas. Le savoir, linformation et la capacit de sexprimer sont une force, une force que ne craignent pas les tats respectueux des droits. Ceux-ci, au contraire, uvrent en faveur du renforcement du pouvoir dagir. Le caractre transfrontire de la sphre numrique signifie en outre que nous pouvons tous faire preuve de citoyennet mondiale en utilisant ces outils pour promouvoir le respect des droits humains proximit de chez nous et en signe de solidarit avec des personnes qui vivent lautre bout de la plante. Les formes traditionnelles de solidarit peuvent avoir un impact plus fort encore lorsquelles prennent un caractre viral. Des milliers de militants se sont ainsi mobiliss en faveur de 12 personnes dans le cadre du 10e Marathon des lettres crire pour les droits dAmnesty international, en dcembre 2012. Il sagit du plus grand vnement militant en matire de droits humains dans le monde, il sest dclin ces dernires annes sous la forme de courriels, de ptitions numriques, de SMS, de fax et de tweets. En 2012 ce sont deux millions dactions qui ont t enregistres, des actions exprimant la solidarit, apportant un soutien et contribuant obtenir la remise en libert dhommes et de femmes emprisonns en raison de leurs convictions. Pour nous Amnesty International, Internet est lincarnation mme de la promesse et des possibilits dont notre fondateur, Peter Benenson, a eu la vision il y a plus de 50ans: la possibilit pour des individus duvrer ensemble par-del les frontires en faveur de la libert et des droits pour tous. On ne la pas pris au srieux et son rve a t peru comme une pure folie. De nombreux anciens prisonniers dopinion doivent leur libert et leur vie ce rve. Nous sommes sur le point de crer et de concrtiser un nouveau rve, que certains considreront galement comme une pure folie. Mais Amnesty International est prte aujourdhui se battre pour dfendre ce rve. Elle demande aux tats de prendre acte de lvolution de notre monde et de crer les outils qui donneront tous le pouvoir dagir.

Ce qui nous donne de lespoir, cest le soutien et la solidarit des simples citoyens. Les gens sont le seul moteur du changement. Ltat namliorera rien, il ne fera rien si les gens nexercent aucune pression. [...] Les nombreux messages que jai reus [de membres et de militants dAmnesty International] me donnent beaucoup despoir, malgr tous les obstacles.
Azza Hilal Ahmad Suleiman, qui se remet progressivement dune violente agression dont elle a t victime prs de la place Tahrir, au Caire, faisait partie des 12cas de la campagne crire pour les droits de dcembre 2012. Elle a voulu intervenir quand elle a vu un groupe de soldats en train de frapper et de dshabiller une jeune femme. Elle a eu des fractures au crne et souffre dsormais de troubles de la mmoire. Elle a port plainte contre larme.

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CHAPITRE II : SITUATION PAYS PAR PAYS

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AFGHANISTAN
RPUBLIQUE ISLAMIQUE DAFGHANISTAN
Chef de ltat et du gouvernement: Hamid Karza Cette anne encore, des milliers de civils ont t victimes dattaques cibles ou menes sans discrimination par des groupes arms dopposition. Dautres ont t tus ou blesss par les forces internationales et afghanes. La Mission dassistance des Nations unies en Afghanistan (MANUA) a recens plus de 2700civils tus et 4805autres blesss au cours de lanne, la trs grande majorit dentre eux 81% par des groupes arms. Le recours la torture, entre autres formes de mauvais traitements, restait trs rpandu dans les centres de dtention de tout le pays, malgr les efforts dploys par le gouvernement pour rduire cette pratique. Les femmes et les filles continuaient dtre victimes dune discrimination gnralise et de violences, tant au niveau institutionnel quau sein de la socit en gnral. Le gouvernement a tent de renforcer la surveillance de la presse, ce qui a provoqu un toll des employs des mdias. Ceux-ci ont, cette anne encore, t en butte des menaces et des arrestations de la part des forces gouvernementales et des groupes arms. La persistance du conflit arm a contraint de nouvelles familles quitter leur foyer; le nombre total de personnes dplaces cause du conflit atteignait 459200 la fin de lanne. Beaucoup vivaient dans des habitats prcaires, sans accs leau, un abri suffisant, aux services de sant ni lducation. On recensait la fin de lanne quelque 2,7millions dAfghans rfugis ltranger.

Contexte
En janvier, les talibans ont accept louverture dun bureau politique au Qatar, ce qui devait permettre des pourparlers de paix directs; cette initiative a achopp en mars sur les demandes dchanges de prisonniers. Au dbut de novembre, plusieurs dirigeants talibans incarcrs au Pakistan ont t librs dans le cadre des ngociations entre ce pays et le Haut Conseil pour la paix. Le prsident de cette instance, Salahuddin Rabbani, a dclar le 17novembre que les responsables talibans qui participeraient au processus de paix bnficieraient de limmunit

contre les poursuites, alors mme que certains des talibans dtenus taient souponns de crimes de guerre. Les femmes membres du Haut Conseil pour la paix taient toujours tenues lcart des principales consultations de paix. Les tats qui ont particip au sommet bisannuel de lOTAN, en mai, ont soulign limportance de la participation des femmes la vie politique et aux processus de reconstruction, de paix et de rconciliation en Afghanistan, ainsi que la ncessit de respecter les dispositions institutionnelles protgeant leurs droits. Dans le mme temps, des groupes de femmes ont exprim leur proccupation propos de leur exclusion de fait des consultations nationales sur le transfert de la responsabilit de la scurit aux forces afghanes. Des militantes ont condamn le code de conduite propos le 2mars par le prsident Karza, qui prvoyait que les femmes ne doivent pas voyager sans tuteur masculin ni se mlanger aux hommes dans le domaine de lducation ou du travail. Les donateurs internationaux runis en juillet Tokyo (Japon) se sont engags verser 16milliards de dollars des tats-Unis dici 2015 au titre de laide civile lAfghanistan, et poursuivre leur soutien au pays jusquen 2017. Les Nations unies ont toutefois signal en dcembre que laide humanitaire octroye lAfghanistan avait diminu de prs de 50% par rapport 2011, natteignant que 484millions de dollars en 2012. Selon le Bureau de la scurit des ONG en Afghanistan (ANSO), les menaces visant les ONG et les employs dorganisations humanitaires sont restes un niveau similaire celui de 2011. Cet organisme a recens 111attaques menes par des groupes arms et des forces de scurit progouvernementales, et notamment des cas dhomicide, de blessures et denlvement. En septembre, le Parlement a confirm sans dbat la dsignation dAssadullah Khalid la tte de la Direction nationale de la scurit (DNS, les services du renseignement), en dpit dinformations indiquant quil pourrait avoir t impliqu dans des actes de torture lorsquil occupait les fonctions de gouverneur des provinces de Ghazni et de Kandahar. La Commission indpendante des droits de lhomme en Afghanistan (AIHRC) manquait toujours de moyens pour mener ses activits depuis le renvoi controvers par le prsident Karza, en dcembre 2011, de trois de ses membres. Un autre

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poste tait vacant depuis janvier2011, la suite de la mort de lune des membres de cette instance, tue dans un attentat lexplosif en compagnie de ses proches. De violentes protestations ont clat en fvrier aprs que des exemplaires calcins du Coran eurent t retrouvs sur une base militaire non loin de Kaboul; 30personnes ont t tues.

suicide dans une mosque pendant la prire de lAd (fte du sacrifice) Maimana (province de Faryab). Quarante civils, dont six enfants, ont t tus.

Violations des droits humains imputables aux forces internationales et afghanes


Cette anne encore, des civils ont t tus ou blesss par les forces progouvernementales, essentiellement dans des frappes ariennes. Selon la MANUA, 8% des victimes civiles ont t tues la suite des oprations des forces internationales et afghanes. n Le 8fvrier, des frappes ariennes de lOTAN dans la province de Kapisa ont tu huit garons; le prsident Karza a dnonc ce bombardement. LOTAN a exprim ses regrets, mais aurait aussi fait valoir que les enfants avaient t perus comme une menace. n Le 11mars dans la nuit, un soldat amricain isol a ouvert le feu contre des habitants de deux villages du district de Panjwai (province de Kandahar), tuant des civils, dont neuf enfants, et blessant plusieurs autres personnes. la fin de lanne ce militaire faisait lobjet dune procdure devant une cour martiale pour 16chefs daccusation de meurtre et six de tentative de meurtre. n Le 6juin, 18civils, dont des enfants, auraient trouv la mort dans la province du Logar la suite dune frappe arienne de lOTAN visant des combattants talibans qui staient rfugis dans une maison o un mariage tait clbr. En septembre, les autorits afghanes ont pris le contrle symbolique du centre de dtention de la base amricaine de Bagram, au nord de Kaboul. On ignorait toutefois dans quelle mesure les tats-Unis gardaient une marge de contrle sur les cas individuels de prisonniers de Bagram. Selon les informations diffuses, les autorits afghanes ont pris la responsabilit de quelque 3100dtenus afghans qui sy trouvaient le 9mars, date de laccord sur le transfert de responsabilit. Plus de 600dtenus qui seraient arrivs sur la base depuis le mois de mars restaient semble-t-il sous la responsabilit de larme amricaine, de mme que la cinquantaine (voire plus) de prisonniers non afghans prsents Bagram la fin de lanne, dont beaucoup avaient t transfrs par des pays tiers vers lAfghanistan et taient dtenus par les tats-Unis depuis une dizaine dannes. Un nombre inconnu dAfghans capturs avant laccord navaient pas t transfrs aux autorits afghanes.

Exactions perptres par des groupes arms


A
Bien quun code de conduite (layeha) des talibans rendu public en 2010 ait ordonn aux combattants de ne pas prendre des civils pour cible, les talibans et dautres groupes arms continuaient de violer les lois de la guerre en perptrant des attentats-suicides sans discrimination qui tuaient et blessaient des civils. Les engins explosifs improviss taient la cause principale des pertes civiles. Des groupes arms ont pris pour cible des lieux publics et des civils, notamment des agents de ltat, considrs comme des soutiens du gouvernement, ainsi que des employs dorganisations internationales. n Le 6avril, le responsable du Conseil pour la paix de la province de la Kunar, Maulavi Mohammad Hashim Munib, et son fils ont t tus dans un attentat-suicide alors quils rentraient chez eux aprs la prire du vendredi. n Le 6juin, au moins 22civils ont t tus et 24autres ont t blesss dans un attentat lexplosif perptr par deux hommes dans un march trs frquent de la province de Kandahar. Cette attaque a t revendique par les talibans. n Le 21juin, les talibans ont attaqu lhtel Spozhmay, un lieu de villgiature trs frquent par les Afghans. Douze civils ont t tus et neuf autres ont t blesss au cours du sige de ltablissement, qui a dur 12heures. n Un jeune garon aurait t enlev et dcapit par les talibans en aot dans le district de Zherai parce que son frre servait au sein de la Police locale afghane (ALP). Les talibans ont ni toute responsabilit. n Le 19octobre, 18femmes auraient trouv la mort dans la province de Balkh quand un minibus a heurt une bombe artisanale place en bord de route. Cette anne encore, des enfants ont t recruts par des groupes arms. n Le 26octobre, un adolescent g de 15ans, selon les informations recueillies, a commis un attentat-

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Selon la MANUA, le nombre de cas de torture et dautres mauvais traitements imputs aux agents de la DNS a lgrement diminu partir doctobre, mais lon a constat dans le mme temps une augmentation du recours ces pratiques par la police nationale et la police des frontires. Les allgations datteintes aux droits humains commises par des membres de lALP taient trs nombreuses. Des organisations de dfense des droits humains se sont inquites de labsence de contrle de scurit lors du recrutement de cette force. Selon certaines sources, plus de 100membres de lALP ont t incarcrs pour meurtre, viol, attentat lexplosif, coups et vol main arme. n En novembre, quatre membres dune unit de lALP de Kunduz ont t condamns une peine de 16ans demprisonnement pour avoir enlev, viol et battu pendant cinq jours en mai Lal Bibi, une jeune fille de 18ans.

Libert dexpression
Un projet de loi sur les mdias prvoyait un contrle renforc des autorits. Ce texte envisageait la cration dun Haut Conseil des mdias form de 15membres (dont des reprsentants de ltat) et prsid par le ministre de lInformation et de la Culture, qui serait charg de surveiller et de contrler la presse crite et audiovisuelle. Des journalistes ont t menacs, arrts de manire arbitraire, battus ou tus au cours de lanne. Un organisme afghan de surveillance des mdias, Nai, a recens 69attaques contre des journalistes imputables aux forces de scurit, des groupes arms et des individus isols, soit une diminution de 14% par rapport 2011. linitiative du Conseil des oulmas (dignitaires religieux) le procureur gnral a menac dengager des poursuites pnales contre des mdias qui avaient abord, par crit ou oralement, des questions juges immorales ou opposes lislam. n Nasto Naderi, un journaliste travaillant pour une chane de tlvision, a t arrt le 21avril et dtenu pendant plusieurs jours sans tre inculp; il na pas t autoris consulter un avocat.

de lappareil judiciaire ne conduisaient pas denqutes srieuses sur les violences faites aux femmes et aux filles; les auteurs de tels agissements ntaient pas traduits en justice. Cette anne encore, des femmes et des filles ont t battues, violes et tues. Elles ont t la cible dattaques menes par des groupes arms, ont t victimes de discrimination exerce par les autorits et ont t menaces par leur communaut et leur famille. La Commission indpendante des droits de lhomme en Afghanistan a recens plus de 4000cas de violence contre les femmes entre le 21mars et le 21octobre, soit une augmentation de 28% par rapport la mme priode de lanne prcdente, due semble-t-il une sensibilisation accrue du public cette question. Le nombre rel de cas tait probablement plus lev, tant donn la honte persistante et le risque de reprsailles associs la dnonciation de ce type de violences. n En mai, une cour dappel de Kaboul a confirm les peines de 10ans demprisonnement prononces contre les beaux-parents dune jeune fille. Ils lui avaient inflig des mauvais traitements graves aprs quelle eut t marie de force lge de 13ans. n En juillet, une femme de 22ans dsigne sous le prnom de Najiba dans les comptes rendus des mdias a t tue par balle aprs avoir t inculpe dadultre, apparemment par un membre des talibans. n Le 16septembre, une jeune fille de 16ans a t flagelle en public dans la province de Ghazni (sud du pays) pour avoir eu une relation illicite avec un jeune homme. Elle avait t condamne recevoir 100coups de fouet par un jugement prononc par trois mollahs dans le district de Jaghori. n Le 10dcembre, Nadia Sidiqi, qui occupait les fonctions de directrice du Dpartement de la condition fminine de la province du Laghman, a t abattue par des hommes arms non identifis alors quelle se rendait son bureau. La femme qui lavait prcde ce poste, Hanifa Safi, avait t tue le 13juillet par un engin explosif dclench distance. Des membres de sa famille avaient t blesss lors de lexplosion. Aucun de ces deux attentats na t revendiqu.

Violences faites aux femmes et aux filles


Malgr ladoption en 2009 de la Loi relative llimination de la violence contre les femmes, les responsables de lapplication des lois et les membres

Rfugis et personnes dplaces


la fin doctobre, le nombre de personnes dplaces cause du conflit et des catastrophes naturelles atteignait un demi-million environ. Beaucoup continuaient de chercher refuge dans des bidonvilles,

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entre autres quartiers dhabitat prcaire des villes, o elles vivaient dans des abris de fortune faits de bches en plastique et sous la menace constante dune expulsion force, voire violente. De trs nombreuses personnes sont mortes de maladie et/ou de froid, linsuffisance des installations sanitaires et laccs dficient lducation et aux services de sant venant dajouter aux conditions climatiques extrmes de lhiver 2011-2012. Plus de 100personnes, des enfants pour la plupart, seraient mortes durant cette priode, sur fond de critique du manque daide humanitaire en temps voulu. Le gouvernement a rpondu en mars en annonant llaboration dun programme national global pour les personnes dplaces lintrieur du pays. En septembre, le gouvernement pakistanais a accept que les rfugis afghans soient autoriss rester trois ans de plus au Pakistan, annulant un ordre des autorits de la province de KhyberPakhtunkhwa qui demandait tous les Afghans sjournant illgalement au Pakistan de quitter le pays avant le 25mars, sous peine dtre emprisonns et expulss.

AFRIQUE DU SUD
RPUBLIQUE SUD-AFRICAINE
Chef de ltat et du gouvernement: Jacob G. Zuma La force excessive utilise par la police contre des manifestants, associe des soupons dexcutions extrajudiciaires et de torture, a suscit lmoi dans le pays; quelques initiatives ont t prises pour que les responsables soient amens rendre des comptes. Les pratiques discriminatoires et les violences cibles lgard des demandeurs dasile et des rfugis se sont multiplies. Ceux-ci rencontraient par ailleurs des difficults accrues pour accder la procdure dasile. Peu de mesures ont t prises pour lutter contre les violences motives par la haine et systmatiquement infliges certaines personnes en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identit de genre. Mme si laccs aux traitements et aux soins pour les personnes sropositives au VIH a continu de samliorer, les infections lies ce virus demeuraient la principale cause de mortalit maternelle. Les dfenseurs des droits humains taient toujours en butte des manuvres de harclement et des violences.

Peine de mort
Les autorits ont procd lexcution de 14condamns mort les 20 et 21novembre, alors que labsence de garanties en termes dquit des procs restait source de profonde proccupation dans le pays. Il sagissait des premires excutions en Afghanistan depuis juin2011. Trente prisonniers ont vu leur sentence capitale confirme par la Cour suprme; 10autres ont bnfici dune commutation de leur condamnation mort en peine demprisonnement de longue dure. Plus de 250personnes taient sous le coup dune condamnation mort la fin de novembre.

Contexte
Le prsident Zuma a t rlu la tte du Congrs national africain (ANC) en dcembre. Les lections des nouveaux dirigeants de lANC ont t prcdes de plusieurs mois de tensions et de violences entre factions rivales au sein du parti. Lingrence manifeste de la classe politique, les rivalits et la corruption ont accru encore linstabilit des instances dirigeantes de la police et des services du renseignement criminel, fragilisant lintgrit et lefficacit de leurs activits. La justice a rendu dimportantes dcisions qui ont confirm la lgalit des droits humains et dfendu lindpendance du parquet. Les secteurs minier et agricole ont t touchs par des grves gnralises tandis que, dans les zones urbaines dfavorises, des manifestations se sont droules contre la corruption des autorits locales, les carences des services publics (notamment de lducation) et les conditions de travail. Le gouvernement a publi en octobre les rsultats du recensement national, qui ont montr que de fortes

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus en Afghanistan
en fvrier, mars, mai, juin, octobre et dcembre. 4 Fleeing war, finding misery: The plight of the internally displaced in Afghanistan (ASA11/001/2012). 4 Strengthening the rule of law and protection of human rights, including womens rights, is key to any development plan for Afghanistan (ASA11/012/2012). 4 Open letter to the Government of Afghanistan, the United Nations, other humanitarian organizations and international donors (ASA11/019/2012).

Amnesty International - Rapport 2013

disparits ethniques existaient toujours en termes de revenus des mnages et de taux demploi. LAfrique du Sud a ratifi le PIDESC.

Morts en dtention et excutions extrajudiciaires


En avril, la Direction indpendante denqute sur la police (IPID) a dbut ses activits. Les policiers qui refusaient de cooprer dans le cadre de ses enqutes taient passibles de poursuites pnales. LIPID a indiqu au Parlement quelle avait t charge denquter sur 720nouveaux cas de mort suspecte en dtention ou dans dautres contextes de maintien de lordre entre avril 2011 et mars 2012. n Toujours en avril, un demandeur dasile burundais, Fistos Ndayishimiye, est mort pendant que la police linterrogeait son domicile, dans la province du KwaZulu-Natal. Des tmoins, que la police avait refouls, ont racont lavoir entendu hurler. Fistos Ndayishimiye prsentait de multiples blessures la tte et sur le corps rsultant de lexercice dune force brutale, ainsi que de graves lsions internes. Une enqute ouverte par lIPID tait en cours la fin de lanne. n En mai, dans le cadre dune procdure marque par de nombreux contretemps et obstacles, 12policiers de lancienne Unit de lutte contre le crime organis de Bellville South ont t inculps de lenlvement et du meurtre de Sidwell Mkwambi en 2009, et de lenlvement et de la torture prsume de Siyabulela Njova, arrt en mme temps que Sidwell Mkwambi. La dpouille de Sidwell Mkwambi prsentait de multiples blessures la tte et sur le corps rsultant de lexercice dune force brutale, blessures qui ne concordaient pas avec les dclarations de la police sur les circonstances de la mort de cet homme. n Des membres de lUnit de lutte contre le crime organis de Cato Manor ont comparu devant le tribunal de premire instance de Durban pour rpondre de plusieurs accusations. Dautres agents ont t arrts et prsents un magistrat, ce qui portait 30 le nombre de membres de cette unit en instance de jugement la fin de lanne. Cent seize chefs dinculpation avaient t retenus contre eux extorsion de fonds, meurtre, violences volontaires infliges avec lintention doccasionner des lsions corporelles graves et dtention illgale darmes feu et de munitions, notamment. Ces infractions avaient t commises sur quatre annes, partir de 2008. Tous les accuss ont

t librs sous caution, dans lattente de leur procs. Les familles des victimes ont indiqu quelles continuaient de craindre pour leur scurit. De nouvelles investigations menes par lIPID et lunit de faucons de la police avaient permis de procder ces arrestations.

Utilisation excessive de la force


Le 16aot, les forces de lordre ont dploy des units quipes de fusils dassaut et de balles relles pour rprimer une grve entame par des ouvriers sur le site dune mine de platine exploite par la socit Lonmin, Marikana (province du Nord-Ouest). Trente mineurs sont morts, 16 sur les lieux et les 14autres sur un autre site o ils staient rfugis pour chapper aux tirs de la police. Selon les informations reues, la plupart ont t abattus alors quils tentaient de senfuir ou de se rendre. Quatre autres mineurs sont morts un peu plus tard le mme jour, des suites de leurs blessures. Les grvistes avaient t impliqus dans un litige avec Lonmin au sujet des salaires. Lampleur de la fusillade meurtrire et le retentissement qua eu cette affaire, ainsi que le mcontentement de plus en plus marqu des travailleurs du secteur minier, ont dbouch sur une crise nationale. Lors dune confrence de presse tenue le 17aot, le directeur national de la police a invoqu la lgitime dfense pour justifier laction des policiers. Le prsident Zuma a malgr tout ordonn la cration dune commission judiciaire charge denquter sur les circonstances de la mort de ces mineurs et de dix autres personnes, dont deux agents de scurit de Lonmin et deux policiers, dcdes au cours de la semaine prcdente. La commission a dmarr plus tard que prvu en raison de la dfinition tardive de son mandat et de graves problmes concernant son intgrit et son accessibilit. Il tait en particulier difficile de fournir laide ncessaire pour que les familles des mineurs tus puissent participer lenqute, et de trouver le financement de lassistance juridique et de la protection des tmoins. La commission tait prside par le juge la retraite Ian Farlam. En octobre, Daluvuyo Bongo, un tmoin membre de lUnion nationale des mineurs (NUM), a t abattu aprs quil eut effectu des dclarations auprs de membres de la commission. Quatre autres tmoins qui assistaient les avocats reprsentant lAssociation des travailleurs

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des mines et de la construction (AMCU), ainsi que des mineurs qui avaient t blesss au cours de la fusillade, auraient t encagouls, agresss et dtenus aprs avoir quitt les locaux de la commission. Le Bureau daide juridique a rejet une demande de financement dpose par la commission pour que les nombreuxmineurs blesss par la police le 16aot et ceux qui avaient t arrts et, semble-til, torturs aprs la fusillade, bnficient dune assistance juridique. Avant linterruption en dcembre de ses activits (qui devaient reprendre en janvier), la commission a commenc recueillir des lments sur les actions des forces de lordre le 16aot et dans les jours qui ont prcd. Les dpositions de la police nont pas permis de comprendre pourquoi celle-ci avait lanc une opration sappuyant sur des units quipes uniquement darmes meurtrires pour dsarmer et disperser les grvistes. En outre, un tmoin appartenant la police, qui avait t charg danalyser les lieux de la fusillade du 16aot, a dclar la commission que le site avait t dtrior et quil avait par consquent t impossible pour lui, comme pour les autres enquteurs, dtablir un lien entre les mineurs tus et les armes quils taient supposs porter lorsquils ont t abattus. n En octobre, la Commission sud-africaine des droits humains a publi un rapport critiquant la force excessive utilise par la police lors dune manifestation des habitants de Ficksburg, en avril 2011, qui avait entran la mort dAndries Tatane. Cet homme avait t frapp coups de matraque et touch par des balles en caoutchouc tires faible distance, alors quil ne constituait une menace ni pour la police ni pour les autres personnes prsentes. En dcembre, le procs de sept policiers inculps du meurtre dAndries Tatane a t report au mois de mars2013.

humains, ont fourni des lments dinformation et formul des recommandations, dont certaines ont t acceptes, pour renforcer ce texte. Les dispositions relatives aux rparations accorder aux victimes de torture ntaient toutefois pas conformes aux normes internationales. En mai, la Cour suprme a jug illgale la dcision des autorits de ne pas enquter sur des allgations de torture portes contre des personnes en particulier, au Zimbabwe. Le Centre des litiges dAfrique australe (SALC) et le Forum des exils du Zimbabwe avaient saisi la justice en invoquant les obligations de lAfrique du Sud au regard du Statut de Rome de la Cour pnale internationale. La Cour suprme a ordonn aux autorits de mener les investigations ncessaires. En juillet, la Cour constitutionnelle a dbout le gouvernement de son appel contre un arrt de la Cour suprme jugeant illgales les tentatives dexpulsion vers le Botswana de deux Botswanais, sans que les pouvoirs publics aient obtenu la garantie que la peine de mort ne leur serait pas applique. Amnesty International est intervenue en tant quamicus curiae lors de laudience de la Cour constitutionnelle.

Rfugis et demandeurs dasile


La rforme du systme dasile se poursuivait, avec de profondes modifications qui allaient entraver de plus en plus laccs non discriminatoire la procdure dexamen des demandes. Certains documents produits par le gouvernement lors daudiences devant des tribunaux tmoignaient dune intention de dplacer les services dasile prs des frontires. la suite de la fermeture partielle ou totale des services daccueil des rfugis Port Elizabeth et au Cap, et de la fermeture du bureau de Johannesburg en 2011, les personnes en qute dasile et les rfugis reconnus rencontraient de plus en plus de difficults pour dposer une demande dasile ou faire renouveler leur permis de sjour ou leur carte de rfugi. Les personnes touches par ces changements, en particulier les plus pauvres et les familles, ont expliqu quelles risquaient de ce fait une amende, la dtention, une expulsion directe ou un renvoi constructif (dpart provoqu). Port Elizabeth et au Cap, des associations de dfense des rfugis, des organismes leur venant en aide et des avocats spcialiss dans les droits

volutions lgislatives, constitutionnelles ou institutionnelles


lissue des audiences publiques tenues en septembre sur le projet de loi relative la prvention et la lutte contre la torture, la Commission parlementaire charge de la justice et des volutions constitutionnelles a adopt en novembre des amendements ce texte, qui devait tre examin en sance plnire en 2013. Amnesty Internationales et dautres organisations de la socit civile, spcialises notamment dans le droit et la dfense des droits

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humains ont contest ces pratiques devant des juridictions suprieures et ont obtenu gain de cause au dtriment du ministre de lIntrieur en fvrier, en mai, en juillet et en aot. Malgr ces actions en justice, des observateurs ont not que certains services ntaient toujours pas proposs dans les bureaux daccueil. Lors de sa confrence politique nationale, en juin, lANC a adopt des recommandations sur limmigration, notamment la cration de centres pour demandeurs dasile (en fait des camps). En dcembre, les participants la confrence organise pour lire les instances dirigeantes du parti auraient accept ces recommandations dans une rsolution sur la paix et la stabilit. De nombreux cas de pillages, de destructions dchoppes et de dplacements de rfugis, demandeurs dasile et migrants ont t signals au cours de lanne, dans la plupart des neuf provinces du pays. Lun des pisodes les plus graves est intervenu fin juin dans la province de ltat libre, quand un trs grand nombre de biens ont t dtruits et prs de 700personnes, des rfugis et demandeurs dasile thiopiens pour la plupart, ont t dplaces aprs le pillage de leurs boutiques. Dans ce cas comme dans de nombreux autres, la police a tard ragir, se rendant mme parfois complice des violences, selon certains tmoignages. Dans la province du Limpopo, dans le cadre de lopration Hard Stick, la police a ferm doffice au moins 600petits commerces appartenant des demandeurs dasile ou des rfugis. Ceux-ci navaient pas t prvenus des descentes de police, qui ont t menes sans discernement et se sont accompagnes dans bien des cas de la confiscation de marchandises. Certains demandeurs dasile et rfugis ont essuy des insultes xnophobes, ont t dtenus et inculps, ou condamns payer une amende pour avoir gr une entreprise. Ceux qui avaient perdu leurs moyens de subsistance et leur logement taient dautant plus vulnrables dautres atteintes aux droits humains. En septembre, 30thiopiens dplacs ont d fuir une maison o ils avaient trouv refuge parce quelle a t attaque au cocktail Molotov. La dtention illgale et prolonge de migrants sans papiers et de personnes en qute de protection internationale demeurait un motif de proccupation. En novembre, la suite dune requte dpose

devant la justice par la Commission sud-africaine des droits humains et par lONG Peuple contre la souffrance, la rpression, loppression et la pauvret (PASSOP), les autorits ont relch 37migrants qui taient dtenus, en labsence de tout mandat de dpt, depuis en moyenne 233jours.

Droits des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres ou intersexues (LGBTI)
Les violences motives par la haine, en particulier contre les lesbiennes, demeuraient un motif dinquitude et de peur. Entre juin et novembre au moins sept personnes, dont cinq lesbiennes, ont ainsi t tues selon toute apparence en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identit de genre. En septembre, le bilan de lAfrique du Sud en matire de droits humains a t valu dans le cadre de lExamen priodique universel des Nations unies. Le gouvernement a confirm que llaboration dun cadre gnral de lutte contre les crimes motivs par la haine, les discours de haine et les discriminations injustes tait pratiquement acheve. En dcembre, des reprsentants du ministre de la Justice ont condamn publiquement les crimes motivs par la haine et les violences lies au genre, les assimilant une atteinte au droit la vie et la dignit humaine, et ont admis que lAfrique du Sud avait dsesprment besoin de sensibiliser la population pour combattre les prjugs reposant sur lidentit sexuelle ou de genre.

Violences faites aux femmes et aux enfants


Les femmes faisaient toujours lobjet de multiples violences sexuelles, et 48003cas de viol ont t enregistrs par la police entre avril 2011 et mars 2012. Sur les 64514infractions sexuelles recenses (viols compris) pour cette mme priode, 40,1% des victimes taient des femmes et 48,5% des enfants. Des voix se sont de nouveau leves pour demander la rintroduction de tribunaux spcialiss dans les infractions sexuelles afin de lutter contre limpunit.

Droits des femmes, VIH et sant maternelle


Un nombre croissant de personnes sropositives au VIH ont pu obtenir un traitement antirtroviral: en octobre, elles taient deux millions. Le taux lev de

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linfection au VIH chez les femmes enceintes tait cependant proccupant. Dans la province du KwaZulu-Natal, 37,4% des femmes se faisant soigner dans les services de consultation prnatale taient porteuses du virus. Rendu public en aot, un rapport financ par le ministre de la Sant et portant sur lvolution de la mortalit maternelle indiquait que, pour la priode 2008-2010, sur les 4867femmes dcdes pendant leur grossesse ou dans les 42jours ayant suivi leur accouchement, la cause de la mort tait dans 40,5% des cas une infection sans aucun rapport avec la grossesse. Il sagissait en particulier du VIH. Les dlais dattente pour les soins prnatals et les traitements antirtroviraux y contribuaient galement.

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgues dAmnesty International se sont rendues en Afrique du
Sud en fvrier-mars, mai-juin, aot-septembre et octobre-novembre. 4 Hidden from view: Community carers and HIV in rural South Africa [photos] (AFR53/002/2012). 4 South Africa: Key human rights concerns in South Africa: Amnesty Internationals submission to the UN Universal Periodic Review, May-June 2012 (AFR53/003/2012). 4 Afrique du Sud : Amnesty International considre comme encourageantes les premires mesures prises pour renforcer les protections contre la torture, mais condamne le recours par la police une force excessive et le non-respect des droits des rfugis. Le Conseil des droits de lhomme adopte les conclusions de lExamen priodique universel sur lAfrique du Sud (AFR53/005/2012). 4 Afrique du Sud. Des fermetures de magasins menacent la scurit de rfugis (AFR53/006/2012). 4 Afrique du Sud. Larrestation de policiers permet de progresser dans la lutte contre limpunit (PRE01/297/2012). 4 Afrique du Sud. Un jugement confirme quune personne ne peut pas tre expulse vers un pays o elle risque la peine capitale (PRE01/369/2012). 4 Afrique du Sud. Un juge doit superviser lenqute sur les mineurs tus lors de manifestations (PRE01/398/2012). 4 Afrique du Sud. Il faut donner la commission denqute sur Marikana les moyens de travailler efficacement (PRE01/456/2012).

Dfenseurs des droits humains


Cette anne encore, les dfenseurs des droits humains ont subi des actes de harclement et des pressions abusives ont t exerces sur des institutions telles que le Bureau du mdiateur ou sur de hauts reprsentants du parquet. n En janvier, le prsident du Mouvement de dfense des sans-emploi, Ayanda Kota, a t agress par des policiers et plac illgalement en dtention au poste de police de Grahamstown. Il stait prsent de son plein gr au poste aprs avoir fait lobjet dune plainte. Les charges nonces contre lui, dont celle de rbellion, ont par la suite t abandonnes. n En juillet, Kevin Kunene, un dfenseur des droits de lenvironnement qui avait t victime de torture, a t abattu 10jours aprs avoir dpos, avec trois autres personnes, une plainte auprs du mdiateur contre lAutorit tribale de KwaMbonambi. Aucun suspect navait t traduit en justice la fin de lanne. n En octobre, des membres de la Coalition en faveur de la justice sociale, Angy Peter et son partenaire Isaac Mbadu, ont t arrts pour meurtre. Avant leur interpellation, ils avaient port plainte contre un haut fonctionnaire de police pour corruption. Angy Peter prtait galement son concours une commission judiciaire mise en place par le Premier ministre de la province du Cap-Ouest pour enquter sur des ngligences prsumes de la police. Ils ont t remis en libert aprs une priode en dtention provisoire, mais faisaient toujours lobjet de harclement. En novembre, le directeur national de la police a engag une procdure judiciaire pour mettre fin lenqute de la commission.

ALBANIE
RPUBLIQUE DALBANIE
Chef de ltat: Bamir Topi, remplac par Bujar Nishani le 24 juillet Chef du gouvernement: Sali Berisha Le gouvernement a adopt des rformes limitant limmunit de poursuites pour les parlementaires et certains fonctionnaires, et modifi le Code lectoral la suite dallgations de fraude. En dcembre, le Conseil europen a renvoy plus tard loctroi lAlbanie du statut de candidat ladhsion lUnion europenne, le subordonnant la mise en uvre de rformes supplmentaires.

Disparitions forces
En novembre, lissue de la procdure engage devant le tribunal charg des infractions graves au sujet de la disparition force en 1995 de Remzi

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Hoxha, membre de la communaut albanaise de Macdoine, et des tortures infliges deux autres Albanais, trois anciens agents des services de scurit de ltat ont t dclars coupables. Lun dentre eux, Ilir Kumbaro, qui stait soustrait une procdure dextradition au Royaume-Uni en 2011, a t condamn 15ans demprisonnement par contumace. Le tribunal a remplac les charges retenues contre les deux autres accuss par des infractions couvertes par lamnistie de 1997. Les deux hommes nont donc pas t condamns. En dcembre, les trois accuss ont interjet appel de leur dclaration de culpabilit.

personnes ont t incarcres ou envoyes dans des camps de travail, soumises un traitement dgradant et, souvent, tortures. Lors de ce mouvement de protestation qui a dur 31jours, deux hommes ont tent de simmoler par le feu. Lun deux, Lirak Bejko, est mort en novembre des suites de ses blessures. Le mdiateur a estim que la police de Tirana avait commis un acte de torture en empchant les grvistes de la faim de recevoir des mdicaments et des liquides.

Violences au sein de la famille


Au cours de lanne, 2526cas de violence domestique ont t signals, soit 345cas de plus que lanne prcdente, et le nombre de demandes de mesures de protection dposes par des victimes devant les tribunaux a galement augment. La plupart des victimes taient des femmes. En avril est entre en vigueur une modification du Code pnal rigeant la violence au sein de la famille en infraction passible dune peine pouvant aller jusqu cinq ans demprisonnement. Il nexistait toutefois pas de peine plancher pour ce type dinfraction, hormis en cas de rcidive, et des poursuites ne pouvaient tre engages que si la victime portait plainte. La directrice du Centre national des victimes de violences domestiques a t dmise de ses fonctions en mai, lissue dune enqute mene par le mdiateur aprs que des femmes hberges par cette institution se furent plaintes davoir t soumises des sanctions et restrictions arbitraires.

Homicides illgaux
En mai sest ouvert le procs de Ndrea Prendi, ancien officier suprieur de la Garde rpublicaine, et dAgim Llupo, ancien garde rpublicain, tous deux accuss davoir tu quatre manifestants, den avoir bless deux autres et davoir dissimul des preuves. Ces accusations faisaient suite aux violents affrontements qui staient produits entre la police et des manifestants au cours de mouvements de protestation antigouvernementaux en janvier 2011 Tirana.

Torture et autres mauvais traitements


En juin, le Comit contre la torture [ONU] sest dit proccup par le fait que le ministre de lIntrieur navait pas men denqutes efficaces et impartiales sur les allgations de mauvais traitements mettant en cause des membres des forces de lordre. Il a galement fait observer que les dtenus ne bnficiaient pas des garanties fondamentales contre la torture, en particulier de la possibilit de consulter en temps utile un avocat ou un mdecin, et il a pris note de la dure excessive de la priode de dtention prcdant le procs. En juillet, quatre gardiens de prison ont t condamns chacun une amende de 3100leks (environ 22euros) par le tribunal de district de Tirana pour avoir frapp Sehat Doci la prison313, en aot 2011. n En septembre, plusieurs anciens prisonniers politiques ont entam une grve de la faim pour protester contre le fait que le gouvernement ne leur avait toujours pas vers les rparations dues au titre de leur incarcration entre 1944 et 1991 sous le rgime communiste. Durant cette priode, des milliers de

Discrimination
Les Roms
De nombreux Roms continuaient dtre privs du droit un logement convenable. n Des Roms, contraints de quitter les logements quils occupaient proximit de la gare ferroviaire de Tirana aprs un incendie volontaire en 2011, ont t expulss des tentes quils occupaient depuis lors. En fvrier, huit familles se sont installes pendant une courte priode dans les locaux du bureau du mdiateur, en labsence de solution de relogement satisfaisante. Elles ont par la suite t conduites dans des baraquements militaires dsaffects. Toutefois, en raison de la mdiocrit des conditions de logement et de labsence de protection policire contre les menaces et les agressions de la part des habitants des environs, elles ont t contraintes de quitter les lieux. Aucune solution de logement

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permanente navait t trouve pour ces familles la fin de lanne. n En juillet, les moyens de subsistance de familles roms, dont le nombre est estim 800, ont t fragiliss aprs que la police de Tirana eut saisi du matriel leur appartenant, notamment des vhicules, en application dun arrt administratif interdisant le ramassage des dchets et dautres matriaux recyclables. Le mdiateur a ouvert une enqute sur le recours excessif la force et les mauvais traitements dont la police se serait rendue coupable lors de lopration.

pratique. Les responsables datteintes graves aux droits humains commises dans les annes1990 et dactes de torture et de mauvais traitements infligs aux dtenus les annes suivantes continuaient de bnficier de limpunit. Des groupes arms ont men des attaques meurtrires. Au moins 153condamnations mort ont t signales; aucune excution na eu lieu.

Contexte
Des syndicalistes, entre autres, ont organis des manifestations pour dnoncer le chmage, la pauvret et la corruption. Les rassemblements ont t disperss par les forces de scurit, qui ont galement empch des manifestations en bloquant laccs ou en arrtant des protestataires. La situation des droits humains dans le pays a t examine en mai dans le cadre de lExamen priodique universel de lONU. Le gouvernement na pas tenu compte des recommandations qui lappelaient abroger les lois promulgues sous ltat durgence en vigueur de 1992 2011, lever les restrictions pesant sur la libert dexpression, dassociation et de runion et reconnatre le droit la vrit des familles de victimes de disparitions forces qui ont eu lieu dans les annes1990. La haut-commissaire aux droits de lhomme des Nations unies sest rendue en Algrie en septembre. Elle a voqu avec les autorits une visite (sollicite de longue date) du Groupe de travail sur les disparitions forces ou involontaires.

Les lesbiennes, les gays et les personnes bisexuelles, transgenres ou intersexues (LGBTI)
La premire marche des fierts de Tirana a eu lieu en mai. En juillet, le parquet de Tirana a class sans suite une plainte dpose par des organisations de dfense des droits des LGBTI contre le vice-ministre de la Dfense, Ekrem Spahiu, la suite de ses propos homophobes au sujet de cet vnement.

Droits en matire de logement les orphelins


Les jeunes qui quittaient les foyers daccueil risquaient toujours de se retrouver la rue, malgr une loi accordant aux orphelins enregistrs auprs des autorits et sans domicile un accs prioritaire aux logements sociaux jusqu lge de 30ans. Beaucoup continuaient de vivre dans des dortoirs de pensionnats dsaffects et dlabrs ou avaient du mal payer le loyer de logements privs et mdiocres.

Libert dexpression et dassociation


La loi sur linformation adopte en dcembre2011 restreignait les activits des journalistes dans des domaines tels que la sret de ltat, la souverainet nationale et les intrts conomiques du pays; galement vote en dcembre2011, une nouvelle loi sur les associations renforait les contrles sur les ONG, confrant aux autorits des pouvoirs de suspension et de dissolution et leur permettant de refuser lenregistrement ou le financement de cellesci. Des journalistes ont t poursuivis pour diffamation en vertu du Code pnal. n Manseur Si Mohamed, journaliste de La Nouvelle Rpublique Mascara, a t condamn en juin deux mois demprisonnement assortis dune amende pour avoir tenu des propos diffamatoires. Il avait crit dans un article quune haute fonctionnaire navait pas

ALGRIE
RPUBLIQUE ALGRIENNE DMOCRATIQUE ET POPULAIRE
Chef de ltat: Abdelaziz Bouteika Chef du gouvernement: Ahmed Ouyahia, remplac par Abdelmalek Sellal le 3septembre Cette anne encore, les autorits ont maintenu des restrictions sur la libert dexpression, dassociation et de runion, dispers des manifestations et harcel des dfenseurs des droits humains. Les femmes taient victimes de discrimination en droit et en

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Amnesty International - Rapport 2013

appliqu une dcision de justice. Il a t maintenu en libert en attendant quil soit statu sur son appel. n En octobre, les autorits ont rejet la demande denregistrement de lAssociation nationale de lutte contre la corruption (ANLC), sans motiver leur dcision.

inculps dincitation attroupement non arm, une infraction passible dun an demprisonnement. Le 25septembre, le tribunal sest dclar incomptent pour les juger; les militants restaient nanmoins inculps la fin de lanne.

Libert de runion
Bien que ltat durgence ait t lev en 2011, les autorits continuaient dinterdire les manifestations Alger, en vertu dun dcret promulgu en 2001. Dans la capitale et dans dautres villes, les forces de scurit empchaient les manifestations en bloquant les accs et en procdant linterpellation des protestataires, ou bien les dispersaient par la force ou la menace de recours la force. n Le 24avril, les forces de scurit auraient battu et arrt des greffiers qui observaient un sit-in pour protester contre leurs conditions de travail.

Lutte contre le terrorisme et scurit


Des groupes arms, dont Al Qada au Maghreb islamique (AQMI), ont perptr des attentats lexplosif, entre autres attaques, visant dans la plupart des cas des cibles militaires. Les autorits ont annonc que des membres de groupes arms avaient t tus par les forces de scurit, sans donner beaucoup de dtails, ce qui faisait craindre que certains de ces homicides naient t des excutions extrajudiciaires. Quatre civils au moins auraient trouv la mort dans lexplosion de bombes ou sous les tirs des forces de scurit. Le Dpartement du renseignement et de la scurit (DRS) disposait toujours de vastes pouvoirs en matire darrestation et de dtention. Ses agents pouvaient notamment maintenir au secret des personnes souponnes dactes de terrorisme, ce qui favorisait le recours la torture et aux mauvais traitements. n Abdelhakim Chenoui et Malik Medjnoun, condamns en 2011 12ans demprisonnement pour le meurtre du chanteur kabyle Louns Matoub, ont t remis en libert respectivement en mars et en mai. Les deux hommes taient incarcrs depuis 1999. Abdelhakim Chenoui a affirm avoir fait des aveux sous la contrainte et Malik Medjnoun sest plaint davoir t tortur pendant sa dtention par les services de scurit, en 1999.

Dfenseurs des droits humains


Les autorits continuaient de harceler les dfenseurs des droits humains, notamment en entamant des poursuites judiciaires contre eux. n Abdelkader Kherba, membre de la Ligue algrienne pour la dfense des droits de lhomme (LADDH) et du Comit national pour la dfense des droits des chmeurs (CNDDC), a t condamn en mai une peine dun an demprisonnement avec sursis et une amende pour incitation directe un attroupement. Il avait particip un sit-in de protestation des greffiers et film le rassemblement. Dtenu du 19avril au 3mai, il a de nouveau t arrt, plac en dtention et poursuivi pour avoir tent de filmer une manifestation contre les coupures deau Ksar elBoukhari, dans la wilaya (prfecture) de Mda, en aot. Inculp doutrage et violences fonctionnaire, il a t relax et remis en libert le 11septembre. n Le syndicaliste Yacine Zad, prsident de la section de Laghouat de la LADDH, a t arrt et frapp par des policiers en octobre. Il a t condamn six mois demprisonnement avec sursis assortis dune amende pour violences contre un agent de ltat. Il sest plaint davoir t frapp par les policiers mais le tribunal nen a pas tenu compte, en dpit des lments mdicaux qui corroboraient ses allgations. n Yacine Zad et trois autres dfenseurs des droits humains qui avaient particip en avril un sit-in devant le tribunal qui jugeait Abdelkader Kherba ont t

Impunit pour les atteintes aux droits humains commises dans le pass
Les autorits nont pris aucune mesure pour enquter sur les milliers de disparitions forces et autres atteintes graves aux droits humains qui ont eu lieu au cours du conflit interne des annes1990. La Charte pour la paix et la rconciliation nationale (Ordonnance n06-01), en vigueur depuis 2006, accordait limpunit aux forces de scurit et rendait passibles de poursuites les personnes qui critiquent le comportement de ces forces. Les familles des disparus devaient accepter des certificats de dcs comme condition pour pouvoir prtendre une indemnisation, mais aucune information ne leur tait fournie sur le sort quavaient subi leurs proches.

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Celles qui continuaient de rclamer justice et vrit taient la cible de harclement. n Mohamed Sman, un ancien prsident de la section de Relizane de la LADDH, qui rclame justice et vrit pour les familles des disparus, a t arrt en juin parce quil navait pas dfr une citation comparatre dlivre par le parquet de Relizane. Cette citation tait lie une peine de deux mois demprisonnement assortie damendes qui avait t prononce son encontre car il avait reproch aux autorits davoir dplac en 2001 des corps enterrs dans une fosse commune Relizane. Sa peine avait t confirme par la Cour suprme en 2011. Il a bnfici en juillet dune grce prsidentielle pour raisons de sant et a t remis en libert.

Visites et documents dAmnesty International


4 Algrie. La suspension dun avocat stagiaire et militant des droits humains doit tre immdiatement leve (MDE28/001/2012). 4 Des militants pris pour cibles en Algrie (MDE 28/002/2012)

ALLEMAGNE
RPUBLIQUE FDRALE DALLEMAGNE
Chef de ltat: Christian Wulff, remplac par Joachim Gauck le 18 mars Chef du gouvernement: Angela Merkel Les autorits nont pas cr dorgane indpendant charg dinstruire les plaintes contre la police ni veill ce que tous les policiers en service portent un badge permettant leur identification. Les moyens mis la disposition de lAgence fdrale pour la prvention de la torture taient toujours trs insuffisants. Les autorits ont continu de renvoyer des demandeurs dasile en Hongrie et des Roms, des Ashkalis et des gyptiens au Kosovo, malgr les risques de violations des droits humains auxquels ils taient exposs leur retour. Les autorits refusaient dexclure le recours aux assurances diplomatiques pour faciliter le renvoi de personnes vers des pays o elles risquaient dtre tortures ou soumises dautres mauvais traitements.

Droits des femmes


Les femmes continuaient de subir des discriminations dans la lgislation et dans la pratique. Toutefois, la suite dune loi de 2011 visant amliorer la reprsentation des femmes au Parlement, celles-ci ont remport prs dun tiers des siges aux lections lgislatives de mai. En mars, le Comit pour llimination de la discrimination lgard des femmes [ONU] a exhort le gouvernement rformer le Code de la famille afin de garantir lgalit entre les hommes et les femmes en matire de mariage, de divorce, de garde denfants et dhritage. Le Comit a galement pri le gouvernement de lever les rserves mises lors de la ratification de la Convention sur les femmes [ONU] et de ratifier le protocole facultatif la Convention. Il la appel promulguer des lois en vue de protger les femmes contre les violences dans la famille, entre autres formes de violence, et lutter contre lingalit entre les hommes et les femmes dans le domaine de lducation et de lemploi.

Torture et autres mauvais traitements


Lanne sest coule sans que les autorits naient pris de mesures pour lever les obstacles empchant dinstruire effectivement les plaintes pour mauvais traitements dposes contre la police. Aucun tat (Land) ne sest dot dun organe indpendant charg denquter sur les atteintes graves aux droits humains mettant en cause des policiers. part dans les Lnder de Berlin et de Brandebourg, les fonctionnaires de police ntaient toujours pas lgalement tenus de porter un badge didentification. Dans le Brandebourg, cette obligation devait entrer en vigueur en janvier2013. LAgence fdrale pour la prvention de la torture le mcanisme de prvention cr par lAllemagne au titre du Protocole facultatif la Convention contre la torture tait toujours dote de moyens trs

Peine de mort
Les tribunaux ont prononc au moins 153condamnations mort, dans la plupart des cas contre des personnes juges par contumace pour des infractions lies au terrorisme. Aucune excution na eu lieu. LAlgrie maintenait un moratoire de facto sur les excutions depuis 1993. n Huit hommes reconnus coupables denlvement et de meurtre ont t condamns mort le 25octobre. Deux dentre eux au moins ont affirm quils avaient t torturs en dtention avant leur procs, en 2011.

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Amnesty International - Rapport 2013

insuffisants, ce qui lempchait de remplir ses missions et en particulier deffectuer des visites rgulires dans les lieux de dtention. Deux de ses membres, dont le prsident, ont dmissionn en aot pour dnoncer le manque de moyens de lAgence. n Lenqute sur lusage excessif de la force lors dune manifestation qui stait droule Stuttgart en septembre2010 sest poursuivie. En octobre, un policier jug par le tribunal cantonal de Stuttgart pour avoir frapp un manifestant avec sa matraque a t reconnu coupable dagression physique et condamn une peine de huit mois demprisonnement avec sursis. n Le 10octobre, le tribunal rgional suprieur de Francfort a confirm en appel les dommages et intrts (3000euros) accords Markus Gfgen le 4aot 2011 au titre dun prjudice moral subi. En 2002, deux policiers venus arrter cet homme souponn davoir enlev un garon de 11ans avaient menac de lui infliger des souffrances intolrables. En premire instance, un tribunal de Francfort avait qualifi ces menaces de traitement inhumain au sens de la Convention europenne des droits de lhomme. n Le 13dcembre, un policier a t dclar coupable dhomicide par ngligence par le tribunal rgional de Magdebourg, la suite du dcs dOury Jalloh, mort par intoxication lors de lincendie de sa cellule de garde vue, en 2005, Dessau. Malgr la longueur de cette procdure, on ignorait toujours les circonstances exactes de la mort et le degr rel dimplication de la police.

pays (voir Hongrie). Faute dun accs appropri la procdure de demande de protection internationale, ils risquaient par exemple dtre renvoys dans des pays tiers o leurs droits seraient menacs. Les demandeurs dasile renvoys par lAllemagne en Hongrie et qui avaient transit par la Serbie sont demeurs sous la menace dun renvoi vers ce pays jusquen novembre, lorsque la Hongrie a cess de considrer la Serbie comme un pays tiers sr. La Serbie navait plus accord quiconque le statut de rfugi depuis cinq ans. Plusieurs Lnder continuaient de renvoyer des Roms, des Ashkalis et des gyptiens au Kosovo contre leur gr, en dpit des nombreuses formes de discrimination auxquels ils taient exposs leur retour. En avril, les autorits du Bade-Wurtemberg ont publi un dcret imposant une valuation individuelle des risques avant tout renvoi forc de Roms, dAshkalis ou dgyptiens au Kosovo. Le 18juillet, la Cour constitutionnelle fdrale a jug que les prestations ouvertes aux demandeurs dasile ne leur permettaient pas de vivre dans la dignit et que cette situation violait leur droit une existence digne, garanti par larticlepremier de la Constitution allemande. La Cour a donc ordonn au lgislateur dadopter sans dlai de nouvelles dispositions dans le cadre de la Loi sur les prestations pour les demandeurs dasile.

Lutte contre le terrorisme et scurit


En septembre, le Parlement europen a invit divers tats membres de lUnion europenne, dont lAllemagne, divulguer toutes les informations ncessaires concernant les avions suspects lis aux programmes de restitution et de dtention secrte conduits par la CIA sur leur territoire et enquter vritablement sur le rle jou par ltat dans ces circonstances. Le gouvernement fdral sest abstenu cette anne encore dindiquer sil continuait de sappuyer sur des assurances diplomatiques pour renvoyer des personnes souponnes de participation des activits terroristes dans des pays o elles couraient le risque dtre tortures ou victimes dautres mauvais traitements. Les dispositions rglementaires dapplication de la Loi relative au sjour des trangers prvoyaient toujours le recours aux assurances diplomatiques.

Rfugis et demandeurs dasile


Dans le cadre dun programme de rinstallation mis sur pied en dcembre 2011, 195rfugis du camp de Shousha, en Tunisie, et 105rfugis irakiens venant de Turquie sont arrivs en Allemagne, respectivement en septembre et en octobre. Ils taient accueillis titre permanent en Allemagne, mais pas en tant que rfugis au sens de la Convention relative au statut des rfugis. De ce fait, ils demeuraient exclus dun certain nombre de droits, en particulier le droit au regroupement familial. Le 14dcembre, le ministre fdral de lIntrieur a reconduit jusquau 14dcembre 2014 la mesure suspendant les renvois de demandeurs dasile vers la Grce au titre du Rglement DublinII (voir Grce). Des demandeurs dasile ont t transfrs en Hongrie malgr les risques quils couraient dans ce

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Justice internationale
Le premier procs tenu en Allemagne en vertu du Code des crimes contre le droit international, entr en vigueur en 2002, sest poursuivi devant le tribunal rgional suprieur de Stuttgart. Il visait Ignace Murwanashyaka et Straton Musoni, deux citoyens rwandais. Ces hommes taient accuss de 26chefs de crimes contre lhumanit et 39chefs de crimes de guerre pour des actes commis en Rpublique dmocratique du Congo entre janvier2008 et novembre2009. LAllemagne ne considrait toujours pas la disparition force comme une infraction pnale, ce quexige pourtant la Convention contre les disparitions forces.

Contexte
En avril, lAngola a prsent son rapport sur les droits humains la Commission africaine des droits de lhomme et des peuples. Un nouveau parti politique, la Large convergence pour le salut de lAngola-Coalition lectorale (CASACE), a t enregistr auprs de la Cour constitutionnelle en avril. La CASA-CE a particip aux lections nationales du 31aot, le deuxime scrutin tenu depuis 1992 et le troisime depuis lindpendance du pays, en 1975. En amont des lections, des informations ont fait tat de violences politiques isoles commises par des membres du parti au pouvoir, le Mouvement populaire de libration de lAngola (MPLA), et visant lUnion nationale pour lindpendance totale de lAngola (UNITA) et la CASACE, entre autres partis politiques. LUNITA sen serait galement pris des membres du MPLA. Le MPLA a remport le scrutin avec prs de 72% des suffrages, mais environ 40% de la population ne sest pas rendue aux urnes. Malgr quelques irrgularits constates avant les lections, les observateurs ont estim que celles-ci avaient t libres et quitables. Les rsultats ont t officiellement contests par lUNITA, la CASA-CE et le Parti de la rnovation sociale (PRS), mais les rclamations de ces partis ont t rejetes par la Commission nationale lectorale (CNE), qui a considr quelles taient dpourvues de tout fondement. Le 27octobre, Media Investe, la socit qui dtient lhebdomadaire Semanrio Angolense, a censur une dition de celui-ci la suite, semble-t-il, de la retranscription dans cette dition dun discours sur ltat de la nation dans lequel le dirigeant de lUNITA, Isaas Samakuva, critiquait le gouvernement. Les tirages sur papier ont t brls, mais une version en ligne a t diffuse.

Discrimination
Le 29octobre, le tribunal administratif suprieur de Rhnanie du Nord-Palatinat a jug que des agents de la police fdrale avaient bafou le principe constitutionnel de non-discrimination en contrlant lidentit dune personne uniquement en raison de la couleur de sa peau.

Visites et documents dAmnesty International


4 Germany: Legal provisions and political practices put persons at risk of human rights violations (EUR23/002/2012). 4 Germany: Submission to the European Commission against Racism and Intolerance on Germany (EUR23/003/2012).

ANGOLA
RPUBLIQUE DANGOLA
Chef de ltat et du gouvernement: Jos Eduardo dos Santos Cette anne encore, la police et les forces de scurit ont fait usage dune force excessive, y compris contre des manifestants pacifiques, et ont procd des arrestations et des placements en dtention arbitraires. La libert de runion a t rprime partout dans le pays. On craignait que deux personnes naient t victimes de disparition force. La libert dexpression tait soumise des restrictions, tandis que la presse tait censure. Des expulsions forces ont t signales.

Police et forces de scurit


Des cas dusage excessif de la force par la police ont t signals, de mme que des arrestations et des placements en dtention arbitraires, y compris de manifestants pacifiques. Des policiers auraient galement eu recours une force excessive contre des dtenus, provoquant la mort dune personne au moins. De possibles cas dexcutions extrajudiciaires perptres par des policiers ont galement t recenss dont un cas li sept jeunes hommes qui ont t retrouvs menotts et tus par balle

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Amnesty International - Rapport 2013

Cacuaco (Luanda). Aucune nouvelle information na t rendue publique au sujet denqutes sur des violations des droits humains commises par des policiers dans le pass. n Le 3octobre, Manuel Laranjinha Francisco a t arrt par des policiers. Selon certaines informations, ceux-ci lont frapp avant de lemmener au poste n17 du district de Cazenga, situ dans un quartier de Luanda communment appel Antenove. Des tmoins ont affirm quil y avait galement t pass tabac. Le lendemain, la police a indiqu la famille de Manuel Francisco quil avait t transfr au poste de police central de Cazenga, mais ses proches nont pu ly trouver. Un peu plus tard dans la journe, ils auraient reu un appel les informant que le corps de Manuel Francisco avait t dcouvert dans le district de Cacuaco et se trouvait la morgue de lhpital de Luanda. Il portait semble-t-il des traces de coups; il lui manquait notamment un ongle et une dent; une des jambes tait fracture. Malgr la plainte dpose par la famille auprs de la police de Cazenga, la police na fait aucun commentaire sur les allgations selon lesquelles Manuel Francisco aurait t tu en dtention. Elle na pas indiqu non plus si une enqute tait en cours sur les circonstances de sa mort. On ne disposait daucune information supplmentaire la fin de lanne.

Libert de runion et dassociation


Les autorits ont continu de rprimer la libert de runion partout dans le pays. Aprs celles qui avaient dbut en mars 2011, de nouvelles manifestations gouvernementales ont eu lieu durant lanne 2012, essentiellement dans les villes de Luanda, Benguela et Cabinda. Tout comme en 2011, non seulement la police nest pas intervenue pour protger les manifestants pacifiques contre les violences, mais elle a en outre fait usage dune force excessive contre des protestataires et procd des arrestations et des placements en dtention arbitraires. Elle a galement eu recours une force excessive lors de grves organises notamment par le Syndicat des professionnels de la sant de Cabinda, et lors dune manifestation Luanda danciens combattants des Forces armes populaires pour la libration de lAngola (FAPLA). Les responsables prsums de brutalits et darrestations arbitraires lors des manifestations de 2011 nont pas t amens rpondre de leurs actes.

n En mars, les mdias dtat ont diffus des menaces visant les manifestants antigouvernementaux et profres par un individu qui se rclamait dun groupe anonyme affirmant dfendre la paix, la scurit et la dmocratie dans le pays. Tout au long de lanne, plusieurs hommes non identifis souponns dtre de connivence avec la police ont infiltr des manifestations pacifiques et agress des participants. Le 22mai, des personnes qui staient runies pour organiser une manifestation ont t attaques et frappes par des inconnus dans le quartier de Nelito Soares, Luanda. Ce mme mois de mai, des organisateurs de manifestations ont identifi quatre individus lis la police qui, selon eux, figuraient parmi les agresseurs de manifestants pacifiques. Bien que la hirarchie policire ait affirm que des enqutes avaient t ouvertes sur les menaces diffuses la tlvision et sur ces agressions, personne navait t amen rendre des comptes la fin de lanne. n Cabinda, la police a utilis des matraques et un canon eau contre des membres du Syndicat des professionnels de la sant qui avaient organis un piquet de grve devant lhpital de la province, entre le 30janvier et le 3fvrier. La police ayant bloqu laccs lhpital le 3fvrier, les grvistes se sont installs le lendemain dans les bureaux de lUnion des syndicats de Cabinda. Ils ont t frapps par des policiers, qui les ont disperss au moyen dun canon eau, arguant quils manifestaient illgalement proximit dun btiment public. Dix-sept femmes et cinq hommes ont t arrts, puis relchs le mme jour. La libert dassociation a t restreinte. n Le procs de 15membres de la garde prsidentielle, rattachs la division centrale de protection et de scurit au sein du Bureau militaire de la prsidence angolaise, sest ouvert le 15septembre devant le tribunal militaire rgional de Luanda. Ces hommes taient jugs pour avoir prsent des revendications collectives: ils avaient sign le 11septembre une ptition o ils contestaient la procdure de candidature aux postes subalternes et demandaient des salaires plus justes ainsi quune meilleure aide sociale dans le cas du dcs dun proche. Le procs ntait pas termin la fin de lanne.

Libert dexpression journalistes


La libert dexpression, en particulier celle de la presse, continuait dtre rprime. Les pouvoirs publics ont tent dempcher la publication de

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journaux ou darticles perus comme potentiellement hostiles au gouvernement. Les appels interjets par Armando Chicoca et William Tonet, dclars coupables de diffamation en 2011, navaient toujours pas t examins. n Le 12mars, une quinzaine de policiers de la Direction nationale des enqutes judiciaires (DNIC) ont fait irruption dans les locaux du journal Folha8 et ont saisi 20ordinateurs. Ils procdaient dans le cadre dune enqute sur la publication, le 30dcembre 2011, dun photomontage raillant le prsident, le viceprsident et le responsable du Bureau militaire. Sept membres du personnel du journal ont t interrogs par la DNIC en juin.

Disparitions forces
Deux cas de disparition force prsume ont t signals au cours de lanne. n Antnio Alves Kamulingue et Isaas Sebastio Cassule ont disparu les 27 et 29mai respectivement. Ils avaient particip lorganisation dune manifestation devant rassembler le 27mai danciens combattants et membres de la garde prsidentielle qui entendaient rclamer les pensions et soldes leur tant dues.

du protectorat des Lundas-Tchokws, ils taient rests incarcrs la prison de Kakanda malgr lexpiration de leur peine le 9octobre 2011. Malgr les conclusions rendues en novembre2011 par le Groupe de travail des Nations unies sur la dtention arbitraire, qui demandait la libration des membres de la Commission arrts entre 2009 et 2011, cinq dentre eux Srgio Augusto, Sebastio Lumani, Jos Muteba, Antnio Malendeca et Domingos Henrique Samujaia taient toujours derrire les barreaux. Dautres membres de la Commission auraient t arrts durant lanne. n Le 12fvrier, Eugnio Mateus Sangoma Lopes et Alberto Mulozeno ont t interpells et inculps de crimes contre la sret de ltat. Selon certaines informations, des policiers de Lucapa staient rendus chez eux et leur avaient demand de se prsenter au poste de police pour discuter de la Commission. Selon un document du tribunal, ils ont t condamns en juin dix-huit mois demprisonnement, pour rbellion.

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus en Angola en
avril. 4 Angola: Submission to the African Commission on Human and Peoples Rights, 51st Ordinary Session, April 2012 (AFR12/001/2012). 4 Angola: Open letter to Presidential candidates, candidates to the National Assembly and political party leaders - A human rights agenda for political parties and candidates in the general elections, 17 July 2012 (AFR12/002/2012).

Droits en matire de logement expulsions forces


En dpit des dbats au sein des pouvoirs publics sur lamlioration de laccs au logement, des expulsions forces certes dampleur limite ont de nouveau eu lieu cette anne. Des milliers de personnes restaient sous la menace dune telle opration. Plusieurs milliers de familles expulses de force dans le pass navaient toujours pas t indemnises. Le gouvernement stait engag en juin2011 reloger avant le mois davril2012 plus de 450familles de Luanda dont lhabitation avait t dmolie entre 2004 et 2006. Aucune de ces familles ne lavait t la fin de lanne. En septembre, ONU-Habitat a annonc quun accord de coopration avec lAngola tait en cours de prparation. Ce texte devait permettre lenvoi dans le pays, compter de 2013, dun reprsentant du programme des Nations unies charg de prodiguer des conseils techniques en matire de logement Luanda.

ARABIE SAOUDITE
ROYAUME DARABIE SAOUDITE
Chef de ltat et du gouvernement: Abdallah bin Abdul Aziz al Saoud Les autorits imposaient des restrictions svres la libert dexpression, dassociation et de runion et elles rprimaient la dissidence. Des militants politiques et des personnes qui avaient critiqu le gouvernement ont t incarcrs sans jugement ou

Prisonniers dopinion et prisonniers dopinion probables


Mrio Muamuene et Domingos Capenda ont t remis en libert le 17janvier 2012. Membres de la Commission sur le manifeste juridique et sociologique

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Amnesty International - Rapport 2013

condamns lissue de procs manifestement inquitables. Les femmes taient victimes de discrimination dans la lgislation et en pratique; elles ntaient pas suffisamment protges contre les violences, y compris au sein de la famille. Des travailleurs migrants ont t exploits et maltraits. Des peines de flagellation ont t prononces et appliques. Il y avait la fin de lanne plusieurs centaines de prisonniers condamns mort; au moins 79personnes ont t excutes en 2012.

Contexte
En janvier, le chef de la police religieuse a dclar quil allait publier des directives informant ses agents quils ntaient pas habilits arrter et interroger des Saoudiens ni assister des procs. Le prince Salman bin Abdul Aziz al Saoud est devenu prince hritier la suite du dcs, en juin, du prince Naif bin Abdul Aziz al Saoud. Au cours du mme mois, la Socit nationale des droits humains, organisme semi-officiel, a publi son troisime rapport sur la situation dans le pays. Elle a exhort le gouvernement mettre un terme la discrimination et renforcer les pouvoirs rglementaires du Conseil consultatif, ainsi qu exiger des autorits charges de larrestation et de la dtention quelles respectent le Code de procdure pnale et obligent les contrevenants rendre compte de leurs actes.

Rpression de la dissidence
Cette anne encore, les autorits sen sont prises aux personnes qui demandaient des rformes, notamment politiques, ainsi quaux dfenseurs et militants des droits humains. Certains ont t incarcrs sans inculpation ni jugement; dautres ont fait lobjet de poursuites pour des infractions formules de manire vague, par exemple avoir dsobi au roi. n Abdullah bin Hamid bin Ali al Hamid et Mohammad bin Fahad bin Luflih al Qahtani, cofondateurs de lAssociation saoudienne des droits civils et politiques (ACPRA), une ONG non enregistre, ont t inculps datteinte la sret de ltat, incitation au dsordre et atteinte lunit nationale, de dsobissance et rupture de lallgeance au souverain, et de mise en cause de lintgrit des reprsentants de ltat. Les charges pesant sur ces deux hommes taient semble-t-il lies leurs activits. On leur reprochait davoir cr lACPRA,

appel manifester et accus le systme judiciaire daccepter titre de preuve des aveux possiblement obtenus sous la torture ou dautres formes de contrainte. Leur procs, qui a dbut en juin, ntait pas termin la fin de lanne. n Mohamed Saleh al Bajady, un autre cofondateur de lACPRA, a t condamn en avril quatre ans demprisonnement assortis dune interdiction de quitter le territoire pendant cinq ans. Il a t dclar coupable davoir eu des contacts avec des organes trangers dans le cadre dactivits portant atteinte la scurit, et notamment davoir entach limage de ltat travers les mdias, encourag les familles des prisonniers manifester et possd des livres interdits. Mohammed Saleh al Bajady a observ une grve de la faim pendant cinq semaines pour protester contre son maintien en dtention. n Fadhel Maki al Manasif, un militant des droits humains dtenu depuis octobre2011, a comparu devant un tribunal en avril. Il tait notamment accus de sdition, davoir mont lopinion publique contre ltat et troubl lordre public en participant des manifestations. Ces charges taient selon toute apparence lies ses activits militantes en faveur des droits humains. Son procs ntait pas termin la fin de lanne. n Lcrivain et dfenseur des droits humains Mikhlif bin Daham al Shammari a comparu en mars devant le Tribunal pnal spcial. Il faisait lobjet de toute une srie dinculpations, notamment davoir cherch nuire la rputation du royaume dans les mdias internationaux, communiqu avec des organisations suspectes et accus des organes de ltat de corruption. Il avait t remis en libert sous caution en fvrier, aprs un an et demi de dtention. Il avait t arrt aprs avoir dnonc publiquement ce quil estimait tre les prjugs des dignitaires religieux sunnites envers les membres de la minorit chiite et leurs croyances. En avril, les autorits lui ont interdit de quitter le territoire saoudien pendant 10ans. Son procs ntait pas termin la fin de lanne. n Khaled al Johani, le seul homme tre parvenu jusquau site o devait se tenir une manifestation Riyadh, le 11mars 2011, loccasion dune Journe de la colre, a t libr le 8aot. Il ne devait apparemment pas tre jug. On ne savait pas exactement o en tait son dossier au regard de la loi. Il avait bnfici dune permission de sortie de deux jours en juillet pour rendre visite sa famille.

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Lutte contre le terrorisme et scurit


Le projet de loi antiterroriste aurait t amend par le Conseil consultatif, mais aucun texte dfinitif navait t promulgu la fin de lanne. Les autorits continuaient de dtenir au secret des membres et sympathisants prsums dAl Qada et de groupes islamistes. On croyait savoir que des milliers de personnes souponnes dinfractions lies la scurit et arrtes les annes prcdentes taient incarcres dans un secret quasi-total, sans avoir la possibilit de contester le bien-fond de leur dtention ni de consulter un avocat ou un mdecin. Certains de ces prisonniers ntaient pas autoriss rencontrer leur famille ni communiquer avec elle. Les autorits ont dclar que plusieurs centaines de personnes avaient t dfres devant les tribunaux, mais sans fournir de dtails, ce qui faisait craindre que les procs ne soient secrets et inquitables. Des proches de personnes dtenues pour des motifs de scurit ont manifest plusieurs reprises. Le 23septembre, de trs nombreuses personnes, y compris des femmes et des enfants, se sont rassembles dans le dsert proximit de la prison dal Tarfiya (province de Qasim) pour rclamer la libration de leurs proches dtenus. Les manifestants ont t encercls par les forces de scurit et contraints de rester ainsi dans le dsert sans eau ni nourriture jusquau lendemain. Un certain nombre dhommes ont alors t interpells, battus et placs en dtention. Les autorits ont dclar en octobre que tous ceux qui participaient des manifestations feraient lobjet de poursuites et seraient traits avec fermet par les membres des forces de scurit. Malgr cet avertissement, des proches de personnes dtenues pour des motifs de scurit ont tenu un mouvement de protestation devant les locaux de la Commission saoudienne des droits humains, Riyadh. Les forces de scurit ont boucl le quartier et arrt au moins 22femmes, huit enfants et plus de 20hommes qui refusaient de se disperser. Un homme a t battu et une femme a t frappe coups de pied par des membres des forces de scurit. La plupart des personnes interpelles ont t relches aprs stre engages par crit ne plus manifester; une quinzaine dhommes ont toutefois t maintenus en dtention.

Discrimination la minorit chiite


Des membres de la minorit chiite qui affirmaient tre victimes de longue date de discrimination en raison de leur foi ont organis des manifestations dans la province de lEst. Dans certains cas, les forces de scurit auraient utilis une force excessive pour disperser les protestataires. Une dizaine de manifestants auraient t abattus et dautres auraient t blesss par les forces de scurit au cours de ces manifestations dans la province de lEst, ou dans le cadre de ces vnements. Selon les autorits, ces violences ont eu lieu lorsque les forces de scurit ont t confrontes des personnes munies darmes feu ou de cocktails Molotov; aucune enqute indpendante na toutefois t mene sur ces faits. On croyait savoir que 155hommes environ et 20enfants interpells la suite de ces manifestations taient maintenus en dtention sans inculpation la fin de lanne. n Deux hommes ont t tus et un troisime a t mortellement bless le 26septembre dans des circonstances non lucides, lors dune descente des forces de scurit dans une maison. Elles recherchaient un homme accus davoir suscit des troubles. la connaissance dAmnesty International, aucune enqute officielle na t effectue sur ces morts. Plusieurs hommes qui avaient particip aux manifestations dans la province de lEst auraient t condamns des peines de flagellation; dautres se sont vu interdire de se rendre ltranger. Des religieux chiites qui rclamaient publiquement des rformes ou critiquaient le gouvernement ont t arrts et, dans certains cas, inculps de dsobissance au souverain, entre autres infractions. n Le cheikh Nimr Baqir al Nimr, qui dnonait rgulirement la discrimination envers la minorit chiite, a t arrt le 8juillet Al Awwamiya, dans la province de lEst, en raison semble-t-il de commentaires quil aurait faits la suite du dcs du ministre de lIntrieur, le prince Naif bin Abdul Aziz al Saoud. Il a t bless par balle dans des circonstances douteuses au moment de son interpellation. Les autorits ont affirm quil avait t arrt en tant quinstigateur de la sdition et avait t bless lorsque lui et des personnes qui laccompagnaient avaient oppos une rsistance aux forces de scurit un poste de contrle et avaient tent de schapper. La famille de Nimr Baqir al Nimr a dclar quil ntait pas

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Amnesty International - Rapport 2013

arm et tait seul au moment de son arrestation. Il tait maintenu en dtention sans inculpation ni jugement la fin de lanne. n Incarcr depuis aot2011, le cheikh Tawfiq al Amer, un religieux chiite qui rclame des rformes, a t inculp en aot de provocation contre les autorits et de diffamation envers le Conseil des grands oulmas, entre autres infractions. Il a t condamn en dcembre trois annes demprisonnement suivies dune interdiction de voyager pendant cinq ans. Cette peine tait assortie dune interdiction de prononcer des prches et des discours.

de relations conjugales violentes en raison des rgles discriminatoires en matire de mariage et de divorce.

Droits des travailleurs migrants


Les travailleurs migrants, qui formaient environ un tiers de la population, ntaient pas suffisamment protgs par le droit du travail. Ils risquaient dtre exploits et maltraits par leurs employeurs. Les employes de maison taient tout particulirement exposes aux violences, sexuelles ou autres.

Torture et autres mauvais traitements


Des informations ont fait tat de torture et de mauvais traitements infligs rgulirement aux prvenus et aux condamns, le plus souvent en toute impunit. Les mthodes dcrites comprenaient les coups, la suspension par les bras et les jambes et la privation de sommeil. Parmi les personnes tortures figureraient des manifestants arrts, qui ont t dtenus au secret pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines, sans inculpation ni jugement. n Selon certaines informations, des dtenus de la prison dal Hair ont dit leurs proches en aot quils avaient t agresss par des gardiens et craignaient pour leur vie.

Chtiments cruels, inhumains ou dgradants


La flagellation continuait dtre inflige par les tribunaux titre de peine principale ou secondaire pour de nombreuses infractions. Cinq personnes au moins ont t condamnes des peines comprises entre 1000 et 2500coups de fouet. Ces peines taient excutes dans les prisons.

Peine de mort
Les tribunaux continuaient de prononcer la peine de mort pour toute une srie dinfractions, notamment celles lies la drogue. On croyait savoir que plusieurs centaines de prisonniers taient sous le coup dune sentence capitale, certains depuis de nombreuses annes. Au moins 79prisonniers (52Saoudiens et 27trangers, peut-tre plus) ont t excuts, dans la plupart des cas en public. Une femme figurait parmi les supplicis. Des prisonniers ont t excuts pour des infractions nimpliquant aucune violence. n Rizana Nafeek, une employe de maison srilankaise, restait sous le coup dune condamnation mort. Dclare coupable en 2007 du meurtre du bb de son employeur, commis alors quelle avait 17ans, elle navait pas bnfici de lassistance dun avocat durant son procs. Elle avait fait des aveux durant son interrogatoire par la police, peut-tre sous la contrainte, avant de se rtracter. n Suliamon Olyfemi, un Nigrian condamn mort en 2004 lissue dun procs inquitable, tait toujours sous le coup dune sentence capitale. n Qassem bin Rida bin Salman al Mahdi, Khaled bin Muhammad bin Issa al Qudaihi et Ali Hassan Issa al Buri, de nationalit saoudienne, avaient puis toutes les voies de recours contre leurs sentences, prononces pour des infractions lies aux stupfiants. Ils risquaient dtre excuts. Selon certaines

Droits des femmes


Les femmes continuaient dtre en butte la discrimination, dans la lgislation et dans la pratique; elles ntaient pas suffisamment protges contre les violences lies au genre, y compris au sein de la famille. Pour la premire fois, deux Saoudiennes ont t autorises participer aux Jeux olympiques, sous certaines conditions relatives au code vestimentaire islamique et la prsence dun tuteur de sexe masculin. Les femmes devaient toujours obtenir la permission dun tuteur masculin pour se marier, voyager, exercer un emploi rmunr ou faire des tudes suprieures. la diffrence des hommes, les Saoudiennes maries des trangers ne pouvaient pas transmettre leur nationalit leurs enfants. Les femmes navaient toujours pas le droit de conduire, bien que cette interdiction ait t remise en cause par la campagne Women2Drive lance par des militantes locales. Certaines femmes restaient semble-t-il prisonnires

Amnesty International - Rapport 2013

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informations, ils navaient pas pu consulter un avocat pendant leur dtention provisoire aprs leur arrestation, en juillet 2004; lun deux au moins aurait fait des aveux sous la contrainte. Ali Hassan Issa al Buri stait vu infliger dans un premier temps une peine de 20ans de rclusion, assortie de 4000coups de fouet. Il a t condamn mort aprs le rejet par le tribunal gnral dAl Qurayyat dun arrt de la Cour de cassation ayant conclu que les sentences de ses deux coaccuss devaient tre commues. Les trois condamnations mort ont t confirmes en 2007 par le Conseil judiciaire suprme.

Les enqutes qui, en vertu du principe de comptence universelle, avaient t ouvertes en Argentine pour des crimes commis en Espagne entre 1936 et 1977, pendant la guerre civile et sous le rgime franquiste, taient toujours en cours la fin de lanne. Une loi autorisant la modification du nom et du sexe figurant sur les documents dtat civil sans lapprobation pralable dun juge ou dun mdecin a t adopte en mai. Il sagissait dune avance importante sur le plan de la reconnaissance des droits des personnes transsexuelles.

Visites et documents dAmnesty International


v Cette anne encore, Amnesty International a t empche de fait de se
rendre dans le pays pour enquter sur la situation des droits humains. 4 Saudi Arabias Day of Rage: One year on (MDE23/007/2012). 4 Saudi Arabia: Dissident voices stifled in the Eastern Province (MDE23/011/2012).

Droits des peuples indignes


En juillet, le rapporteur spcial des Nations unies sur les droits des peuples autochtones a rendu public un rapport faisant tat des inquitudes suscites, entre autres, par labsence de mesures visant protger les terres et les ressources naturelles des populations indignes. Le document dnonait galement le nonrespect de la loi durgence n26160 interdisant lexpulsion de communauts indignes dans lattente dun recensement national de leurs territoires. Un projet de loi de rforme du Code civil qui contenait des mesures relatives au droit des peuples indignes leurs terres ancestrales tait en cours dexamen par le Parlement la fin de lanne. Les peuples indignes ont fait savoir leur inquitude de ne pas avoir t consults avant la prsentation du texte. n En mars, la Cour suprme a organis une audience publique au sujet des obstacles empchant la communaut toba qom de La Primavera (province de Formosa) de revendiquer des territoires ancestraux. En novembre, la juridiction fdrale saisie du cas des dirigeants indignes Flix Daz et Amanda Asikak a abandonn les charges qui pesaient contre eux concernant la mise en place dun barrage routier en 2010. Les magistrats ont considr que ce barrage avait t lunique moyen de contestation leur disposition. Les menaces et les actes dintimidation dont Flix Daz et sa famille faisaient lobjet demeuraient un motif de proccupation. En aot, le dirigeant a t heurt par un camion alors quil circulait moto. Des tmoins ont indiqu que le vhicule en cause appartenait la famille propritaire de la terre ancestrale revendique par la communaut. Le conducteur a pris la fuite; aucune enqute navait t mene sur cet accident la fin de lanne.

ARGENTINE
RPUBLIQUE ARGENTINE
Chef de ltat et du gouvernement: Cristina Fernndez de Kirchner Pour les femmes enceintes la suite dun viol, il tait encore difficile de recourir un avortement lgal, malgr un arrt de la Cour suprme tablissant leur droit en bnficier. Les droits fonciers des populations indignes ntaient toujours pas pleinement respects. Les procs visant mettre fin limpunit des auteurs de violations des droits humains perptres durant le rgime militaire (1976-1983) se sont poursuivis.

Contexte
En octobre, la situation des droits humains en Argentine a t value dans le cadre de lExamen priodique universel des Nations unies. Des recommandations ont t formules, notamment au sujet des droits sexuels et reproductifs, des droits des populations indignes, du droit de ne pas tre tortur et des droits des migrants.

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Amnesty International - Rapport 2013

Droits des femmes


En mars, un arrt de la Cour suprme a tabli que toute femme ou jeune fille enceinte la suite dun viol devait pouvoir bnficier dun avortement en toute scurit sans avoir besoin dune autorisation de la justice. Les cas de non-respect de cet arrt, relevs en plusieurs endroits du pays, demeuraient nanmoins proccupants. Dans le sillage de larrt de la Cour suprme, le Parlement de la ville de Buenos Aires a adopt un texte autorisant les avortements lgaux sans autorisation judiciaire pralable pour les victimes de viol et les cas o la poursuite de la grossesse met la vie de la mre en danger. Mais le gouverneur de Buenos Aires a oppos son veto au texte, de sorte que cest la lgislation antrieure, non conforme la dcision de la Cour suprme, qui continuait de sappliquer dans la ville fdrale. n En octobre, un tribunal de Buenos Aires a empch une femme de 32ans de recourir lavortement. Victime de traite, elle tait tombe enceinte la suite dun viol. Laffaire ayant provoqu un toll dans lopinion publique, la Cour suprme a annul la dcision rendue par la juridiction infrieure et la femme a pu avoir accs aux services dinterruption de grossesse. La loi vote en 2009 pour prvenir et sanctionner les violences contre les femmes ntait pas applique dans son intgralit; la collecte de donnes fiables, en particulier, ntait pas effectue. Aux termes dune loi adopte dans lanne, les motivations fondes sur le genre constituent une circonstance aggravante dans les affaires de meurtre.

n En octobre, trois anciens soldats de la marine ont t condamns la dtention perptuit pour le massacre de Trelew, perptr en 1972. lpoque, 16prisonniers politiques avaient t excuts aprs une tentative dvasion de la prison o ils taient incarcrs, dans la province de Chubut.

Torture et autres mauvais traitements; conditions carcrales


La cration dun mcanisme national pour la prvention de la torture a t approuve en novembre. En juillet, une vido montrant au moins cinq policiers en train de torturer deux dtenus au poste de police de General Gemes, dans la province de Salta, a t publie sur Internet. Dans la squence, qui aurait t filme en 2011, on les voit rouer de coups les dtenus et les faire suffoquer en leur mettant un sac sur la tte. Les enqutes diligentes au sujet de ces tortures ntaient pas termines la fin de lanne.

Visites et documents dAmnesty International


4 Argentina: Amnesty International submission to the UN Universal Periodic Review: 14th session of the UPR working group (AMR13/003/2012).

Impunit
Les efforts se sont poursuivis pour obtenir que les responsables prsums des graves violations des droits humains commises pendant le rgime militaire (1976-1983) soient jugs et condamns. n En juin, Alfredo Omar Feito et Pedro Santiago Godoy, respectivement officier de larme et policier fdral lpoque des faits, ont t condamns des peines respectives de 18 et 25ans demprisonnement pour avoir tortur et maintenu illgalement en dtention 181personnes dans trois centres clandestins du premier corps darme (Atltico, Banco et Olimpo). n En juillet, les anciens prsidents Jorge Rafael Videla et Reynaldo Bignone ont t reconnus coupables davoir excut un plan systmatique denlvements denfants; la justice les a condamns 50 et 15ans demprisonnement, respectivement.

ARMNIE
RPUBLIQUE DARMNIE
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Serge Sarkissian Tigran Sarkissian Lopinion publique se montrait hostile tout ce qui tait peru comme relevant dun manque de patriotisme. Les conditions de dtention taient signales comme constituant de fait un traitement inhumain.

Contexte
Le Parti rpublicain, mouvement du prsident de la Rpublique, Serge Sarkissian, a remport les lections lgislatives du 6mai. La libert dexpression, de runion et de dplacement a t gnralement respecte dans le contexte de cette consultation,

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mais les observateurs ont dnonc de nombreux achats de voix, ainsi que des cas de pressions exerces sur les lecteurs.

Libert dexpression
La libert dexpression a t gnralement respecte. Les personnes qui exprimaient des points de vue considrs comme peu patriotiques ou antinationalistes se heurtaient cependant une forte hostilit de la part de lopinion publique, voire, parfois, des violences. Les auteurs de certaines de ces violences auraient manifestement bnfici de la complicit de la police et des autorits locales, qui, par ailleurs, nont pas enqut de manire approprie sur ces actes ou ne les ont pas condamns publiquement et sans ambigut. n Des militants de la socit civile qui souhaitaient organiser en Armnie un festival de films azerbadjanais ont t violemment pris partie et contraints dannuler la manifestation deux reprises. Le 12 avril, plusieurs dizaines de manifestants ont bloqu laccs du lieu o devait se drouler le festival, Gyumri, la deuxime ville du pays. Ils ont agress physiquement Guiorgui Vanian, organisateur du festival et prsident du Centre caucasien dinitiatives en faveur de la paix, et lont oblig annoncer publiquement lannulation de la manifestation. Les organisateurs ont dclar que les autorits locales les avaient harcels et avaient exerc sur eux des pressions psychologiques pour les dissuader de raliser leur projet. Une seconde tentative, le 16 avril, pour organiser le festival Vanadzor dans les locaux de la Helsinki Citizens Assembly (HCA) a galement provoqu des manifestations et des violences. Environ 200tudiants, militants politiques et anciens combattants de la guerre du Haut-Karabakh, entre autres personnes, se sont rassembls devant les bureaux de la HCA. Ils ont pntr de force dans les locaux, vandalis le matriel, lanc des ufs et des pierres et bless un employ. Plusieurs policiers ont assist passivement ces violences sans tenter dy mettre fin ni chercher assurer la scurit du personnel prsent. Malgr les appels de la HCA, les renforts de police ne sont arrivs quaprs les faits. Une enqute a t mene et une femme a d payer une amende pour avoir jet une pierre sur le btiment, mais il ny a pas eu de vritables investigations impartiales dans cette

affaire et les autorits nont pas condamn les violences. n Un bar dErevan frquent par des homosexuels a t attaqu le 8 mai. Une camra de scurit a film deux personnes en train de jeter des cocktails Molotov travers les vitres de ltablissement. La police ne serait cependant arrive sur les lieux que 12heures aprs les faits pour mener une enqute. Deux jeunes gens ont t arrts dans le cadre de lenqute, mais ont t librs sous caution peu aprs par deux parlementaires membres de la Fdration rvolutionnaire armnienne (FRA, parti nationaliste plus connu sous le nom de parti Dachnak ou Dachnaktsoutioun) qui ont cautionn lattaque, affirmant quelle sinscrivait dans le cadre de lidologie socitale et nationale. Edouard Charmazanov, porte-parole du Parti rpublicain, au pouvoir, et vice-prsident du Parlement, aurait, selon la presse locale, justifi cet attentat.

Torture et autres mauvais traitements


Le Comit europen pour la prvention de la torture a publi le 3octobre un rapport sur sa visite en Armnie en dcembre 2011, dans lequel il indiquait que pratiquement aucune des recommandations faites lissue de ses prcdentes visites sur la dtention des personnes condamnes lemprisonnement perptuit navait t mise en uvre. Il notait en outre que les conditions de vie dplorables qui rgnaient la prison de Kentron, Erevan, taient incompatibles avec les dtentions de longue dure et que, pour les condamns la rclusion perptuit, elles constituaient de fait un traitement inhumain.

Objecteurs de conscience
la fin de lanne, plus dune trentaine dhommes purgeaient une peine demprisonnement parce quils refusaient deffectuer leur service militaire pour des raisons de conscience. Le service civil propos en remplacement demeurait sous le contrle des autorits militaires. Le 27novembre, la Cour europenne des droits de lhomme, appele se prononcer dans laffaire Khachatryan & autres c. Armnie, a estim que lArmnie avait viol les droits de 17tmoins de Jhovah. Ctait la quatrime fois que la Cour rendait un arrt condamnant lArmnie sur la question de lobjection de conscience. La Cour a considr que les droits des requrants la libert

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Amnesty International - Rapport 2013

et la scurit, ainsi que leur droit des rparations pour dtention illgale, avaient t viols. Ces personnes avaient fait lobjet de poursuites pnales et de mesures de dtention parce quelles avaient refus de poursuivre leur service de remplacement lorsquelles staient rendu compte que celui-ci seffectuait sous lautorit de linstitution militaire.

Droits des peuples indignes


Les jeunes issus des communauts autochtones du continent et des les du dtroit de Torrs taient toujours largement plus nombreux avoir affaire la justice pnale par rapport au reste de la population. Ils reprsentaient ainsi 59% des mineurs incarcrs, alors que les communauts autochtones ne formaient que 2% de la population australienne. LAustralie a maintenu sa rserve la Convention relative aux droits de lenfant [ONU], qui permettait aux tats et aux Territoires dincarcrer des enfants dans des prisons pour adultes. n Dans ltat du Victoria, un jeune Aborigne de 16ans a t maintenu lisolement jusqu 22heures par jour dans une prison pour adultes, du mois daot jusquau mois de novembre. n En avril, la police a ouvert le feu sur un vhicule prsum vol bord duquel se trouvaient de jeunes Aborignes, dans le quartier de Kings Cross, Sydney. Deux garons, dont lun g de 14ans, ont t touchs. Le rapport qui devait tre tabli sur les faits par un mdiateur indpendant navait toujours pas t publi en dcembre. En juin, un ensemble de mesures lgislatives visant amliorer lavenir des populations indignes du Territoire du Nord ont t adoptes sans vritable consultation ou examen de la Commission parlementaire conjointe des droits humains. Elles tendaient les dispositions du programme dintervention discriminatoire et controvers lanc en 2007, notamment en matire daide sociale et dapplication de la loi dans les communauts autochtones. Ces mesures permettaient une forte ingrence des autorits dans la vie des populations indignes du Territoire du Nord. En septembre, le gouvernement a dcid dajourner le rfrendum sur la reconnaissance constitutionnelle des peuples autochtones australiens.

Visites et documents dAmnesty International


v Une dlgation dAmnesty International sest rendue en Armnie en
juin. 4 Armnie. Les autorits armniennes doivent protger la libre expression et veiller la scurit des organisateurs dun festival de films azerbadjanais (EUR54/001/2012).

AUSTRALIE
AUSTRALIE
Chef de ltat: Elizabeth II, reprsente par Quentin Bryce Chef du gouvernement: Julia Gillard Une commission des droits humains a t mise en place au niveau national pour examiner tous les projets lgislatifs soumis au Parlement. Cela na toutefois pas empch ladoption de lois restreignant les droits des peuples indignes du Territoire du Nord et rintroduisant une politique de dlocalisation du traitement des demandes dasile. Cette politique consistait envoyer Nauru ou en Papouasie-Nouvelle-Guine les demandeurs dasile qui arrivaient en Australie par bateau.

Contexte
Le gouvernement avait annonc en janvier 2011 quil ratifierait le Protocole facultatif se rapportant la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dgradants [ONU]. Or, ce texte navait toujours pas t ratifi fin 2012. Une commission parlementaire des droits humains a t mise en place au mois de mars pour examiner tous les nouveaux projets de loi et veiller ce quils comportent une dclaration de compatibilit avec les droits humains.

Rfugis et demandeurs dasile


Au mois daot, une loi rintroduisant la dlocalisation du traitement des demandes dasile a t adopte. La capacit annuelle de prise en charge humanitaire du pays a t porte 20000places en octobre. Une nouvelle loi adopte en novembre prvoyait que les demandeurs dasile qui arrivaient sur le territoire australien par bateau pouvaient soit voir leurs dossiers examins dans un autre pays, soit rester en Australie mais avec des droits restreints.

Amnesty International - Rapport 2013

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Ceux qui rejoignaient le pays par avion ne devaient pas tre soumis ces restrictions. Au 30octobre 2012, 7633demandeurs dasile et rfugis, dont 797enfants, taient dtenus en Australie. Les cas de plus de 7000dentre eux taient destins tre traits en dehors du territoire australien et la procdure de dtermination de leur statut navait pas encore dbut. En novembre, 63rfugis, dont six enfants une fille et cinq garons, se trouvaient en dtention pour une dure indtermine au motif quils reprsentaient un risque pour la scurit nationale. n Au 15dcembre 2012, lAustralie maintenait en dtention 385demandeurs dasile (tous des hommes) sur lle de Nauru, ainsi que 47demandeurs dasile sur lle de Manus, en Papouasie-Nouvelle-Guine, parmi lesquels 16enfants.

manifestants. Dans les deux territoires, les femmes taient victimes de violences et de discrimination; au moins six femmes auraient t tues au nom de lhonneur. Gaza, cinq personnes au moins ont t condamnes mort et six excutions ont eu lieu. En Cisjordanie, un homme a t condamn la peine capitale; aucune excution na eu lieu. Les 1,6million dhabitants de la bande de Gaza souffraient de graves pnuries en raison de la persistance du blocus militaire isralien et des sanctions imposes au Hamas par dautres tats; la situation sest toutefois amliore par rapport aux annes prcdentes.

Contexte
Le 29novembre, lAssemble gnrale des Nations unies a accord la Palestine le statut dtat non membre observateur. Isral continuait doccuper la Cisjordanie y compris Jrusalem-Est et la bande de Gaza, et deux autorits palestiniennes distinctes agissaient avec des pouvoirs limits: en Cisjordanie, le gouvernement de lAutorit palestinienne domin par le Fatah; dans la bande de Gaza, le gouvernement de facto du Hamas. Les tentatives de rconciliation entre le Fatah et le Hamas se sont poursuivies, sous lgide de lgypte et du Qatar, en vue de la formation dun gouvernement palestinien unifi. En octobre, lAutorit palestinienne a organis des lections municipales en Cisjordanie auxquelles les partis lis au Hamas et au Djihad islamique nont pas particip; les autorits du Hamas dans la bande de Gaza ont empch lenregistrement des lecteurs. En Cisjordanie, les membres de lappareil judiciaire ont brivement cess le travail ce mme mois pour protester contre lingrence suppose du gouvernement dans leurs activits. Isral maintenait le blocus militaire en place depuis 2007 Gaza et continuait de contrler les frontires et lespace maritime et arien de la bande. Ce blocus avait de graves rpercussions sur la population, en particulier sur les enfants, les personnes ges et les malades. Un nombre plus important de personnes que les annes prcdentes ont toutefois t autorises entrer et sortir du territoire par le point de passage de Rafah, entre Gaza et lgypte. Une vingtaine de Palestiniens ont t tus dans des accidents dans les tunnels utiliss pour faire circuler des biens en contrebande entre lgypte et Gaza.

AUTORIT PALESTINIENNE
AUTORIT PALESTINIENNE
Prsident: Chef du gouvernement: Mahmoud Abbas Salam Fayyad Cette anne encore, lAutorit palestinienne en Cisjordanie et le gouvernement de facto du Hamas dans la bande de Gaza ont arrt et plac arbitrairement en dtention des personnes, en particulier leurs opposants respectifs. Dans les deux territoires, les forces de scurit ont impunment maltrait et mme tortur des dtenus. Quatre hommes sont morts en dtention dans des circonstances peu claires, deux Gaza et deux en Cisjordanie. Gaza, des groupes arms palestiniens ont cette anne encore commis des crimes de guerre en tirant sans discrimination des roquettes sur Isral, en particulier durant un conflit arm avec ce pays qui a dur huit jours, en novembre. Lors de ce conflit, la branche arme du Hamas a tu sommairement sept hommes accuss de collaboration avec Isral. LAutorit palestinienne et le Hamas imposaient des restrictions arbitraires la libert dexpression, de runion et dassociation et leurs forces de scurit ont fait usage dune force excessive contre des

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Amnesty International - Rapport 2013

En Cisjordanie, Isral restreignait toujours fortement la libert de mouvement des Palestiniens et poursuivait la construction et lexpansion de colonies sur des terres palestiniennes, en violation du droit international. Les forces israliennes ont men des frappes ariennes et procd des tirs dartillerie en direction de la bande de Gaza, tout au long de lanne de faon priodique et, en novembre, pendant loffensive militaire qui a dur huit jours. De nombreux civils ont t tus et des habitations et autres biens civils ont t dtruits. Des groupes arms palestiniens de Gaza ont tir priodiquement et sans discernement des roquettes en direction dIsral; plus de 1500 ont t tires durant le conflit de novembre.

Exactions perptres par des groupes arms


Avant et pendant le conflit de novembre, des groupes arms palestiniens affilis au Hamas, au Fatah, au Djihad islamique et au Front populaire de libration de la Palestine (FPLP), ainsi que des groupes salafistes, ont commis des crimes de guerre en tirant sans discrimination des roquettes et des obus de mortier en direction dIsral. Certains de ces projectiles sont tombs Gaza, tuant au moins deux Palestiniens. Dautres ont atteint des immeubles, dont des habitations, en Isral durant les vnements de novembre. Quatre civils israliens ont t tus, de trs nombreux autres ont t blesss et des biens civils ont t endommags. Les autorits du Hamas nont pas amen les responsables rendre compte de leurs actes. n Hadeel Ahmad Haddad, deux ans, a t tue et son cousin de huit ans grivement bless le 19juin, lorsquune roquette tire par un groupe arm palestinien est tombe sur leur maison dans le quartier dal Zeitoun, Gaza. n Le 15novembre, trois civils israliens Mirah Scharf, Itzik Amsalem et Aharon Smadja ont t tus et plusieurs autres blesss lorsquune roquette tire sans discernement depuis Gaza par un groupe arm palestinien a touch leur maison, Kiryat Malachi.

dtention en dehors de toute procdure lgale. Plusieurs centaines de partisans du Hamas ont t dtenus, un deux jours dans la plupart des cas, lors de la visite du prsident Mahmoud Abbas au sige des Nations unies en septembre. Gaza, les forces de scurit du Hamas ont arbitrairement arrt et plac en dtention des centaines de sympathisants prsums du Fatah. La plupart ont t empchs de consulter un avocat. Il arrivait frquemment que des membres des forces de scurit du Fatah et du Hamas maltraitent les dtenus, notamment en les frappant, et ce en toute impunit. La Commission indpendante des droits humains, organisme de contrle mis en place par lAutorit palestinienne, a indiqu avoir reu un certain nombre de plaintes pour des arrestations arbitraires: plus de 685 en Cisjordanie et plus de 470 Gaza.

Conditions de dtention
En Cisjordanie, lAutorit palestinienne interdisait aux reprsentants de la Commission indpendante des droits humains laccs aux centres de dtention grs par les services de la scurit prventive. Des prisonniers ont observ des grves de la faim pour protester contre la pnibilit de leurs conditions de vie et contre le fait quils taient maintenus en dtention alors que des tribunaux avaient ordonn leur remise en libert. Gaza, pour la premire fois depuis cinq ans, le Hamas a autoris la Commission visiter les centres de dtention grs par les services de la scurit intrieure.

Torture et autres mauvais traitements


Des dtenus ont t torturs et autrement maltraits, en toute impunit, en particulier par des agents des services des enqutes criminelles et de la scurit prventive en Cisjordanie, et par ceux de la police et de la scurit intrieure Gaza. La Commission indpendante des droits humains a indiqu avoir reu 142plaintes pour torture et mauvais traitements en Cisjordanie et 129 Gaza. Parmi les mthodes signales figuraient les coups, la suspension par les poignets ou les chevilles et le maintien prolong debout ou assis dans des positions douloureuses. n Mohammad Said al Zaqzouq est mort Gaza en octobre dans des circonstances peu claires alors quil tait dtenu au poste de police de Khan Younis. Une enqute a t annonce mais aucun rsultat navait t communiqu la fin de lanne.

Arrestations et dtentions arbitraires


En Cisjordanie, les forces de scurit de lAutorit palestinienne ont arrt et emprisonn de manire arbitraire plusieurs centaines de personnes, dont des membres du Fatah; la plupart ont t maintenues en

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n Tareq Khriesheh a affirm qualors quil tait interrog par des agents du service des enqutes criminelles Ramallah, en janvier, il avait t contraint de rester debout pendant plus de huit heures, une main attache au mur, et quil avait t battu.

Justice
Cette anne encore, les forces de scurit de lAutorit palestinienne ont maintenu des personnes en dtention prolonge sans inculpation ni procs, ou nont pas respect les dcisions de justice ordonnant la remise en libert de dtenus. Les tribunaux militaires continuaient de juger des civils contre lesquels des poursuites avaient t engages avant quil ne soit dcid, en janvier 2011, de mettre fin au renvoi des civils devant la justice militaire. Gaza, le Hamas maintenait des personnes en dtention sans inculpation ni procs et continuait de dfrer des civils devant des tribunaux militaires. En Cisjordanie et Gaza, les procureurs civils et militaires ntaient pas impartiaux et nempchaient pas la police et les forces de scurit darrter des personnes sans mandat, de les insulter et de porter contre elles des accusations motives par des considrations politiques. n Abd al Fatah al Hassan tait maintenu en dtention la fin de lanne Ramallah par les services de la scurit prventive, bien quun tribunal et ordonn sa remise en libert en 2010. Il avait t condamn en septembre 2009 12ans demprisonnement par un tribunal militaire. La Cour constitutionnelle palestinienne a refus, en octobre 2012, de statuer sur un appel form par lavocat de cet homme en vue dobtenir sa libration. n En septembre, Ismail Abd al Rahman a t interpell chez lui, Gaza, par des agents de la scurit intrieure; il a t plac en dtention sans inculpation ni procs, sans tre autoris consulter un avocat. Il a t remis en libert en dcembre.

dont un trs grand nombre ont t arrts et emprisonns de manire arbitraire. n Le journaliste Mohammad Qunayta a t arrt en juin son domicile de Gaza par des agents de la scurit intrieure, puis incarcr et maltrait. Il a t remis en libert sous caution en aot. n Des policiers de lAutorit palestinienne en uniforme et en civil ont eu recours une force excessive pour disperser des manifestants et des journalistes Ramallah, le 30juin et le 1er juillet. Des dizaines de protestataires ont t blesss et dautres arrts. Le journaliste Mohammad Jaradat a t tortur en garde vue; il a t frapp coups de matraque sur tout le corps pendant quon le maintenait par terre. n Les autorits du Hamas ont empch des femmes de manifester le 2octobre Gaza pour appeler les Palestiniens sunir. Cinq femmes ont t dtenues par la police pendant une courte priode.

Dfenseurs des droits humains


Des responsables et des sympathisants de lAutorit palestinienne et du Hamas ont harcel et, dans certains cas, agress des dfenseurs des droits humains. n En janvier, Gaza, des hommes non identifis ont frapp coups de couteau Mahmoud Abu Rahma, directeur du Centre Al Mezan pour les droits humains, aprs quil eut publi un article critiquant le gouvernement du Hamas.

Violences faites aux femmes et aux filles


Les femmes et les filles continuaient dtre en butte la discrimination, dans la lgislation et dans la pratique; elles ont t victimes cette anne encore de violences lies au genre, y compris de meurtres commis par des parents de sexe masculin. Largument de la prservation de lhonneur de la famille a t suspendu par dcret prsidentiel comme circonstance attnuante dans les affaires de meurtre juges par les tribunaux de Cisjordanie. Toutefois, la police ne protgeait pas les femmes qui dnonaient des violences domestiques et des menaces. Gaza, lexcuse de lhonneur permettait de bnficier dune peine trs faible moins de deux ans dans les rares cas o une condamnation tait prononce. n Randa al Mahareq, originaire de Samu, en Cisjordanie, a sollicit la protection de la police et dautres autorits pendant plusieurs mois jusqu

Libert dexpression, dassociation et de runion


LAutorit palestinienne et le Hamas ont continu de contrler troitement la libert dexpression, dassociation et de runion. Des journalistes, des blogueurs et dautres personnes ayant critiqu les autorits ont t harcels et poursuivis en justice. En Cisjordanie et Gaza, les forces de scurit ont fait usage dune force excessive contre des manifestants,

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Amnesty International - Rapport 2013

larrestation, en juillet, de son pre et de son frre, accuss de lavoir battue. Remis en libert quatre jours plus tard, les deux hommes lont tue peu de temps aprs, manifestement parce quils dsapprouvaient son divorce. n Une femme de 22 ans a t abattue le 23mars lhpital Al Nasser de Khan Younes. Son oncle et son frre ont t arrts. La police a affirm quil sagissait dun crime dhonneur.

4 Autorit palestinienne. Trois hommes ont t pendus, dautres risquent de ltre (MDE21/004/2012) 4 Autorit palestinienne: il faut que les victimes de violences policires Ramallah obtiennent justice (4juillet2012).

Excutions sommaires
En novembre, sept hommes accuss de collaboration avec Isral et dtenus par les services de la scurit intrieure dans la bande de Gaza ont t emmens par des membres de la branche militaire du Hamas et sommairement excuts. Les autorits du Hamas se sont engages ouvrir une enqute sur ces homicides, mais, la connaissance dAmnesty International, aucune mesure navait encore t prise contre les responsables la fin de lanne.

AUTRICHE
RPUBLIQUE DAUTRICHE
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Heinz Fischer Werner Faymann

Le Code pnal a t modifi de manire comprendre le crime de torture. Le racisme au sein du systme pnal demeurait un motif de proccupation. Les garanties juridiques accordes aux demandeurs dasile ont t rduites.

Impunit
Les autorits du Hamas nont ordonn aucune enqute sur les crimes de guerre prsums et les crimes peut-tre constitutifs de crimes contre lhumanit qui auraient t commis Gaza par les forces du Hamas et dautres groupes arms palestiniens durant lopration militaire isralienne Plomb durci en 2008-2009 et durant les huit jours du conflit de novembre. LAutorit palestinienne et le Hamas nont men aucune enqute crdible sur les allgations de torture, entre autres atteintes aux droits humains, formules contre leurs forces de scurit, et ils nont rien fait pour obliger les responsables de tels agissements rendre compte de leurs actes.

Justice internationale
Une enqute judiciaire tait en cours sur limplication prsume de Javier Figueroa, ancien directeur adjoint de la police judiciaire guatmaltque, dans des excutions extrajudiciaires au Guatemala. Les autorits autrichiennes avaient procd larrestation de Javier Figueroa en mai 2011, aprs avoir rejet une demande dextradition vers le Guatemala.

Torture et autres mauvais traitements


la fin de lanne, le Code pnal a t modifi afin dincorporer le crime de torture; cette nouvelle disposition devait prendre effet le 1er janvier 2013. Le Comit pour llimination de la discrimination raciale [ONU] a salu les mesures prises en aot par lAutriche pour largir le mandat du Bureau du mdiateur de sorte quil remplisse les fonctions de mcanisme national de prvention au titre du Protocole facultatif la Convention contre la torture [ONU]. Il sest toutefois dit proccup par la question de lindpendance des membres du Bureau, et a recommand lAutriche de veiller ce que le mode de dsignation desdits membres soit pleinement conforme aux normes internationales. n En mai, un reprsentant du ministre de lIntrieur a prsent des excuses officielles BakaryJ., un ressortissant gambien qui avait t tortur par quatre policiers en 2006 aprs une opration dexpulsion non

Peine de mort
Les tribunaux civils et militaires de Gaza ont prononc au moins cinq condamnations mort pour collaboration avec Isral, entre autres chefs daccusation. Six excutions ont eu lieu. En Cisjordanie, un homme a t condamn mort; il ny a eu aucune excution.

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus en Cisjordanie et
Gaza en juin-juillet, et Gaza en novembre-dcembre.

Amnesty International - Rapport 2013

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aboutie. Linterdiction de sjour dont Bakary J. faisait lobjet a t leve, et des ngociations concernant une indemnisation taient en cours.

Police et forces de scurit


Aprs une priode de test de six ans, le ministre de lIntrieur a autoris lutilisation de dispositifs impulsion lectrique lors doprations policires, les qualifiant dappareils en principe non meurtriers. Des cas datteintes aux droits humains commises avec les dispositifs impulsion lectrique ont toutefois t signals dans plusieurs pays, et des centaines de personnes sont mortes du fait de leur utilisation. Aussi, des appels ont t lancs pour quils ne soient utiliss que dans les situations o cela est strictement ncessaire et o cela vite aux policiers de recourir leurs armes feu.

garanties lgales dont bnficient les personnes ayant besoin dune protection internationale. Le droit des demandeurs dasile et des migrants une aide juridique gratuite a ainsi t limit, et mme supprim dans certaines procdures.

Visites et documents dAmnesty International


4 Austria: Briefing to the UN Committee on the Elimination of Racial Discrimination (EUR13/001/2012).

AZERBADJAN
RPUBLIQUE DAZERBADJAN
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Ilham Aliyev Artur Rasizade Le gouvernement a continu de menacer et demprisonner les personnes et les groupes qui critiquaient son action. Des manifestations pacifiques ont t interdites dans le centre de Bakou et plusieurs rassemblements non violents ont t disperss avec une force excessive par la police. La torture tait apparemment une pratique courante, notamment pendant la garde vue.

Racisme
Des cas de fautes commises par des policiers dans lexercice de leurs fonctions contre des trangers et des membres de minorits ethniques ont t dnoncs cette anne encore. En aot, le Comit pour llimination de la discrimination raciale [ONU] a dplor que lAutriche nait fourni aucune donne statistique sur la composition ethnique de sa population. Il sest galement dit proccup par des informations selon lesquelles le profilage racial tait pratiqu et les personnes appartenant des minorits ethniques faisaient lobjet dinterpellations et de fouilles. Le Comit sest en outre inquit du fait que lAutriche navait pas pris les mesures voulues pour poursuivre et punir comme il se devait les agents des forces de lordre auteurs dinfractions contre des personnes issues de limmigration, pour veiller ce que ces personnes bnficient dune gale protection de la loi et pour garantir que toutes les violations de linterdiction de la discrimination raciale donnent lieu des poursuites. LAutriche refusait toujours de mettre en place un plan daction nationale de lutte contre le racisme, comme lexigent pourtant la Dclaration et le Programme daction de Durban de 2001.

Prisonniers dopinion
Quatre prisonniers dopinion ont t librs le 26dcembre en vertu dune mesure de grce prsidentielle. Il sagissait dune part de Vidadi Isgandarov et Chahin Hassanli, deux militants arrts dans le cadre de la rpression des manifestations de 2011, et dautre part de Taleh Khasmammadov et Anar Baramli, tous deux condamns en 2012 sur la foi dlments forgs de toutes pices. Le dfenseur des droits humains Taleh Khasmammadov avait t condamn quatre annes demprisonnement pour avoir, selon laccusation, agress des policiers dans un commissariat peu aprs la publication de plusieurs articles dans lesquels il suggrait que la police locale tait implique dans des activits relevant de la criminalit organise. Anar Baramli, journaliste la chane de tlvision Sahar, qui met en azri mais est finance par lIran, avait t arrt le 17fvrier pour dtention de stupfiants, peu aprs la

Droits des migrants et des demandeurs dasile


En aot, des modifications ont t apportes aux lois relatives lasile et aux trangers, restreignant les

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Amnesty International - Rapport 2013

dtrioration des relations entre lAzerbadjan et son voisin du sud.

Libert dexpression
Le gouvernement sen est pris aux dfenseurs des droits humains et aux journalistes, qui ont fait lobjet dactes de harclement et dintimidation ainsi que darrestations. Les autorits ont procd des interpellations et engag des poursuites pour des motifs fallacieux afin de faire taire les critiques et les protestations au moment du concours de lEurovision, organis en mai Bakou. n Le 7mars, Khadija Ismalova, une journaliste dinvestigation connue travaillant pour Azadliq Radiosu/Radio Free Europe, a reu une lettre de menaces accompagne de photos delle, de nature intime. Quelquun stait peu auparavant introduit par effraction dans son appartement et y avait install une camra cache. Lauteur de ce courrier la menaait de lhumilier si elle ne renonait pas son travail. Khadija Ismalova a publiquement dnonc cette tentative de chantage. Peu aprs, une vido la montrant en train davoir des rapports sexuels avec une autre personne a t mise en ligne. n Le dfenseur des droits humains Ogta Goulaliev, militant de lorganisation de la socit civile Kur se consacrant aux questions environnementales, a t arrt le 8avril pour hooliganisme et incitation la violence. Il a t libr sous caution le 13juin. Son procs navait pas commenc la fin de lanne. Les charges pesant contre lui pouvaient entraner une condamnation trois annes demprisonnement. Un autre militant de lorganisation Kur, Ilham Amiraslanov, a t arrt le 8juin pour dtention illgale dune arme feu et de munitions qui, selon son tmoignage, avaient t places sur lui et chez lui pour le compromettre. Il a t condamn le 12septembre deux annes demprisonnement lissue dun procs non quitable. Ogta Goulaliev et Ilham Amiraslanov avaient aid les victimes dinondations et staient publiquement levs contre des cas de dtournement daide de la part des autorits locales. Ilham Amiraslanov a t arrt quelques jours seulement aprs avoir rencontr le ministre des Situations durgence pour sentretenir avec lui des problmes rencontrs par les victimes des inondations. n Plusieurs journalistes ont t violemment agresss le 18avril alors quils tentaient de filmer la dmolition illgale de btiments, la priphrie de Bakou. Rou

de coups par des policiers et des fonctionnaires prsents sur les lieux, lun deux, Idrak Abbassov, a perdu connaissance. n Le militant pour la dmocratie Mehman Houssenov a t inculp le 13juin de hooliganisme, sur la foi dlments forgs de toutes pices. Les autorits cherchaient ainsi manifestement le punir pour son travail de journaliste et pour ses prises de position avant le concours de lEurovision. Remis en libert un peu plus tard, il restait cependant sous le coup dune information judiciaire. n Hilal Mamedov, rdacteur en chef de Tolyshi sado (La Voix des Talychs), un journal publi dans la langue de la minorit talych, a t arrt le 21juin pour infraction la lgislation sur les stupfiants, sur la foi dlments fallacieux. Un tribunal de Bakou a ordonn le lendemain son placement en dtention provisoire pour une priode de trois mois. Le 3juillet, il a galement t inculp de trahison et dincitation la haine religieuse et nationale. Son procs navait pas commenc la fin de lanne. n Zaour Gourbanli, militant pour la dmocratie et prsident du mouvement de jeunes opposants Nida, a t emprisonn le 29septembre pour une dure de 15jours, pour avoir mis en ligne un article qui dnonait le npotisme au sein du gouvernement et dans lequel il tournait en drision le fait quau programme des coles du pays figurait dsormais la lecture obligatoire dun pome crit par la fille du prsident Ilham Aliyev.

Libert dassociation
Les ONG qui militaient pour les droits humains et pour la dmocratie faisaient face des pressions et des actes de harclement. Il leur tait difficile dorganiser des runions et de fonctionner librement, en particulier en dehors de Bakou. n Le 7fvrier, le Centre de ressources pour le dveloppement de la dmocratie et des ONG, actif dans la Rpublique autonome du Nakhitchevan, et lInstitut pour la libert et la scurit des reporters ont reu une lettre du ministre des Affaires trangres les mettant en garde contre toute vellit de rpandre des informations incendiaires sur le site Nakhchivan Human Rights and Mass Media Monitoring. n Coordinateur de la section de Gouba du Centre de surveillance des lections et dtudes de la dmocratie, Aftandil Mammadov aurait t convoqu le 27juillet, puis le 27aot, au commissariat de son domicile, o on

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lui aurait vivement conseill de ne pas organiser dactivits sans en avoir au pralable inform la police locale et avoir obtenu son autorisation. Avant cela, il aurait t rgulirement suivi par la police et aurait t empch dorganiser des runions. n Ferme le 7mars 2011 au motif que les conditions requises pour son enregistrement navaient pas t respectes, lantenne de Bakou de la Maison des droits humains, une ONG internationale, navait toujours pas rouvert fin 2012.

police. la fin de sa priode de dtention administrative, le 24novembre, il a t inculp de hooliganisme et plac en dtention provisoire en tant que suspect dans une affaire pnale. Il a finalement t remis en libert le 26novembre sur dcision du tribunal du district de Nasimi, sans pour autant que les poursuites engages contre lui naient t abandonnes.

Torture et autres mauvais traitements


La torture et les autres formes de mauvais traitements constituaient toujours une pratique courante et les auteurs de tels actes continuaient de jouir de limpunit. n Deux militants, Djamal Ali et Natig Kamilov, ont dclar le 17mars quils avaient t frapps et soumis divers autres mauvais traitements alors quils se trouvaient en garde vue, puis au cours de la suite de leur dtention. n Le 6mars, quatre militants Djabbar Savalan, Daanat Babaev, Madjid Marjanli et Aboulfaz Gourbanly ont affirm avoir t battus et, plus gnralement, maltraits pendant leur dtention, aprs que la police eut dispers une fois de plus une manifestation non violente dans le centre de Bakou et procd 16arrestations parmi les participants. n Arrt le 21juin, Hilal Mamedov, le rdacteur en chef de Tolyshi sado, a dclar avoir t tortur pendant sa garde vue. Des photos montrant les ecchymoses quil avait au niveau des pieds et des chevilles ont t envoyes au procureur du district de Nizami, qui a ouvert une enqute. Aucune conclusion navait cependant t rendue publique la fin de lanne.

Libert de runion
A
Les manifestations demeuraient interdites dans le centre de Bakou. Des modifications apportes au Code pnal au mois de novembre ont alourdi la peine maximale applicable aux personnes reconnues coupables davoir organis des manifestations non autorises ou interdites, ou dy avoir particip. Tout contrevenant tait dsormais passible de trois annes demprisonnement et dune amende de 10000dollars des tats-Unis. Les rassemblements pacifiques ont rgulirement t disperss avec une force excessive par la police; les personnes qui tentaient de participer ce genre de manifestation taient frquemment harceles, battues et arrtes. n En mars et en avril, la police a violemment dispers plusieurs manifestations pacifiques menes par des organisations de jeunes et des militants de lopposition. De nombreux participants ont t frapps et arrts. Ces organisations de jeunes avaient demand, sans lobtenir, lautorisation dorganiser un rassemblement pacifique dans des lieux officiellement consacrs aux manifestations. n Le 20octobre, la police a dispers un rassemblement pacifique denviron 200personnes qui demandaient la dissolution du Parlement aprs la diffusion en ligne dimages vido rvlant ltendue de la corruption au sein de cette institution. Plus dune centaine de personnes ont t arrtes et 13leaders de la contestation ont t emprisonns de sept 10jours, pour avoir dsobi aux ordres de la police et particip une manifestation illgale. n Daanat Babaev, ancien prisonnier dopinion, a t arrt le 17novembre pour avoir pris part une manifestation dans le centre de Bakou appelant au dpart du prsident de la Rpublique et la dissolution du Parlement. Il a t condamn sept jours de dtention administrative pour dsobissance la

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus en Azerbadjan en
mai et en novembre. 4 Azerbaijan: No more running scared (EUR55/001/2012). 4 Azerbaijan: Authorities determined to silence dissent to ensure successful Eurovision (EUR55/008/2012). 4 Azerbaijan: Human rights abuses placed under the e-spotlight (EUR55/018/2012).

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Amnesty International - Rapport 2013

BAHAMAS
COMMONWEALTH DES BAHAMAS
Chef de ltat: Elizabeth II, reprsente par Arthur Alexander Foulkes Chef du gouvernement: Hubert Alexander Ingraham, remplac par Perry Gladstone Christie le 8 mai Au moins six personnes auraient t tues par la police dans des circonstances controverses. Des migrants hatiens ont, cette anne encore, t victimes de discrimination et de renvoi forc dans leur pays. Le pays comptait un condamn mort.

n Le 5juillet, sur lle de Nouvelle-Providence, des policiers ont tir sur Reno Rolle sans raison apparente et devant plusieurs tmoins. Reno Rolle, qui souffrait semble-t-il de difficults dapprentissage, a subi de graves lsions au rein et au pancras.

Rfugis et migrants
Les Bahamas nont pas donn suite aux demandes de lONU de mettre un terme tous les renvois forcs dHatiens. En juin, lexpert indpendant des Nations unies sur la situation des droits de lhomme en Hati a dclar que les personnes renvoyes en Hati taient exposes des violations des droits humains, en particulier des droits fondamentaux la vie, la sant et la famille. Des migrants en situation irrgulire auraient cette anne encore fait lobjet darrestations violentes.

Contexte
Une commission charge de rviser la Constitution a t cre en aot. Elle avait galement pour mission dexaminer des questions telles que la peine de mort et le renforcement des liberts et des droits fondamentaux. La situation en matire de scurit publique demeurait inquitante. Le nombre dhomicides (111 signals) avait diminu de 13% par rapport 2011 mais demeurait lev.

Droits des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres ou intersexues (LGBTI)
Les autorits nont pas tabli de cadre lgal pour la protection des personnes LGBTI contre la discrimination, qui constituait toujours un motif de proccupation.

Peine de mort
En aot, la Commission interamricaine des droits de lhomme a pri tous les tats de la rgion dinstaurer un moratoire sur les excutions et de faire ainsi un pas vers la suppression progressive de cette peine. Le Premier ministre, Perry Gladstone Christie, a toutefois ritr son soutien la peine capitale et annonc quune rponse serait fournie la Commission. n Daprs les informations disponibles, la fin de lanne le pays comptait un condamn mort, Mario Flower. Cet homme stait vu infliger la peine capitale en 2010 pour le meurtre dun policier.

Violences faites aux femmes et aux filles


En juillet, le Comit pour llimination de la discrimination lgard des femmes [ONU] a fait part de sa proccupation face la frquence leve des actes de violence, dont des viols, et la persistance de la violence au foyer.

Visites et documents dAmnesty International


4 Bahamas: Legislative challenges obstruct human rights progress: Amnesty International submission to the UN Universal Periodic Review (AMR14/001/2012).

Police et forces de scurit


Au moins six personnes auraient t tues par des policiers dans des circonstances controverses, et un homme au moins est mort en garde vue. De nouveaux cas de mauvais traitements et de brutalits imputables la police ont t signals. En juin, un policier a t dclar coupable de la mort en dtention de Desmond Key, survenue en 2007. Cest lun des rares cas o un fonctionnaire de police a t amen rendre des comptes pour des violences de cette nature.

Amnesty International - Rapport 2013

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BAHREN
ROYAUME DE BAHREN
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Hamad bin Issa al Khalifa Khalifa bin Salman al Khalifa Les autorits ont continu de rprimer les protestations et la dissidence. Le gouvernement a introduit quelques rformes en se basant sur les recommandations dune enqute de grande ampleur sur les atteintes aux droits humains commises en 2011, mais il na pas mis en uvre certaines des recommandations cls relatives lobligation pour les responsables de tels agissements de rendre des comptes. De trs nombreuses personnes qui avaient exprim leur opposition au gouvernement taient maintenues en dtention ou ont t arrtes au cours de lanne. Parmi elles figuraient des prisonniers dopinion et des personnes condamnes lissue de procs inquitables. Des dfenseurs des droits humains et dautres militants ont t harcels et emprisonns. Cette anne encore, les forces de scurit ont eu recours une force excessive contre des manifestants, dont certains ont trouv la mort. Des dtenus auraient t torturs ou maltraits. Seul un petit nombre de membres des forces de scurit ont fait lobjet de poursuites pour les violations des droits humains commises en 2011, ce qui a perptu le climat dimpunit. Une condamnation mort a t prononce. Aucune excution na eu lieu.

Contexte
De nouvelles manifestations antigouvernementales ont t menes. La plupart des protestataires appartenaient la communaut chiite, majoritaire, qui se plaignait dtre tenue lcart sur le plan politique par la minorit sunnite au pouvoir. Selon certaines sources, des manifestants ont lanc des cocktails Molotov et bloqu des routes. Les forces de scurit ont eu recours une force excessive pour disperser des manifestations. Pour lessentiel le dialogue politique entre le gouvernement et lopposition est rest au point mort. En novembre, le gouvernement a annonc que deux hommes originaires dAsie du Sud avaient t tus et un troisime bless dans des attentats lexplosif Manama. Quelques jours plus tard, les autorits ont dchu 31personnes de leur nationalit

bahrenite au motif quelles avaient port atteinte la scurit de ltat. Le gouvernement a mis en place plusieurs rformes prconises par la Commission denqute indpendante de Bahren en 2011, notamment la rintgration demploys qui avaient t licencis et la cration de mcanismes de rforme de la police. Des articles du Code pnal ont t modifis et une nouvelle dfinition de la torture a t introduite en octobre. Les autorits nont toutefois pas donn suite dautres recommandations cls de la Commission, cre en 2011 par le roi et charge denquter sur les violations des droits humains commises par les forces gouvernementales dans le cadre de la rpression du mouvement de protestation au dbut de 2011. En particulier, tous les prisonniers politiques nont pas t librs, aucune enqute indpendante na t mene sur les allgations de torture formules par des dtenus, et les responsables prsums de tels agissements nont pas t traduits en justice. Toutefois dans le cadre de lExamen priodique universel de lONU, en mai, le gouvernement a accept plus de 140recommandations, dont des appels mettre en uvre les prconisations de la Commission. Des recommandations relatives labolition de la peine de mort ont t rejetes. De nouvelles restrictions ont t imposes en mars la dlivrance de visas aux ONG trangres. Tous les rassemblements et manifestations ont t interdits en octobre; cette mesure a t leve en dcembre. En novembre, passant outre les rsultats des lections organises pour dsigner les membres du conseil de lOrdre des avocats, le ministre du Dveloppement social a reconduit dans leurs fonctions les lus sortants.

Impunit
Le climat dimpunit tait persistant, comme en tmoignait le faible nombre de poursuites engages contre des policiers et des membres des forces de scurit par rapport lampleur et la gravit des violations des droits humains perptres en 2011. Les autorits nont pas men denqute indpendante sur toutes les allgations de torture. Seuls un trs petit nombre de membres des forces de scurit de rang subalterne et deux officiers de grade lev ont t traduits en justice pour lhomicide de manifestants ou pour des actes de torture et dautres svices infligs des dtenus en 2011. Trois ont t dclars coupables et condamns une peine de sept ans

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Amnesty International - Rapport 2013

demprisonnement, mais un au moins a t maintenu en libert dans lattente dune dcision sur son appel. Trois autres ont t acquitts, ce qui a entran un appel du parquet. n En septembre, un tribunal a acquitt deux membres des forces de scurit accuss davoir tu deux manifestants le 17fvrier 2011 au rond-point de la Perle, Manama. Les dclarations de ces deux hommes, absents du procs, taient semble-t-il le seul lment de preuve soumis au tribunal. Le ministre public a interjet appel en octobre.

Utilisation excessive de la force


Cette anne encore, les forces de scurit ont eu recours une force excessive et utilis des fusils et des grenades lacrymognes contre des manifestants, dans certains cas dans des espaces rduits. Quatre personnes, dont deux enfants, auraient trouv la mort aprs avoir t atteintes par des tirs balles relles ou par limpact de grenades lacrymognes. Au moins 20autres personnes seraient mortes aprs avoir inhal du gaz lacrymogne. Les autorits ont affirm en septembre que 1500membres des forces de scurit avaient t blesss dans des manifestations depuis le dbut de lanne. Deux policiers ont t tus au cours du second semestre. n Hussam al Haddad, 16ans, est mort le 17aot aprs avoir t la cible de tirs de la police antimeutes AlMuharraq. LUnit spciale denqute a conclu que les tirs taient justifis, pour parer un danger imminent. n Ali Hussein Neama, 16ans, est mort le 28septembre, abattu dune balle dans le dos par la police antimeutes dans le village de Sadad. Les proches de cet adolescent ont affirm que la police les avait menacs et empchs de sapprocher de lui alors quil gisait au sol. Laffaire a t classe la suite des investigations de lUnit spciale denqute, qui a conclu que le policier avait agi en tat de lgitime dfense.

Torture et autres mauvais traitements


Le gouvernement a pris des mesures pour amliorer le comportement de la police: de nouveaux rglements, notamment un code de conduite, ont t adopts, et une formation aux droits humains a t mise en place. Les policiers continuaient pourtant darrter des personnes en labsence de mandat, de les maintenir au secret pendant plusieurs jours ou plusieurs semaines, en les privant de contact avec un avocat, et, selon certains tmoignages, de les

soumettre la torture ou dautres formes de mauvais traitements, entre autres des coups de poing et de pied, des insultes et des menaces de viol. n Hussein Abdullah Ali Mahmood al Ali a t arrt sans mandat le 26juillet dans le village de Salmabad. Il aurait t battu et transfr dans un lieu tenu secret. Cet homme sest plaint davoir t tortur pendant sa dtention au secret et davoir t contraint de signer des aveux. Sa famille est reste sans nouvelles de lui durant trois semaines. De mme que son avocat, elle a ignor le lieu exact de sa dtention pendant plusieurs mois aprs son arrestation. Hussein Abdullah Ali Mahmood al Ali a affirm avoir reu des dcharges lectriques et avoir t menac de viol. Des dizaines dadolescents de 15 18ans, dont certains avaient t interpells au cours de manifestations, taient dtenus dans des prisons et des centres de dtention pour adultes; beaucoup taient accuss de rassemblement illgal ou de participation une meute. Certains ont t battus au moment de leur arrestation ou par la suite. Ils nont pas t autoriss entrer en contact avec leur famille ou un avocat durant les premires heures de leur dtention, au cours desquelles ils auraient t contraints de signer des aveux. Certains ont t condamns des peines demprisonnement. n Salman Amir Abdullah alAradi, 16ans, a t arrt en fvrier puis une deuxime fois en mai. On laurait alors conduit au poste de police dAlHidd, o il aurait t frapp et menac de viol. En labsence de ses proches ou dun avocat, il a t contraint de signer des aveux. Il a alors t inculp de rassemblement illgal, entre autres infractions, puis condamn, en juillet, une peine dun an demprisonnement. La condamnation a t confirme en appel. n Mariam Hassan Abdali al Khazaz, 17ans, a affirm avoir t battue et frappe coups de pied aprs son arrestation Manama la suite dune manifestation le 21septembre. Contrainte de signer des aveux en labsence dun avocat ou de ses proches, elle a t inculpe notamment de rassemblement illgal et de voies de fait sur un agent de police. Remise en libert sous caution le 17octobre, elle navait pas t juge la fin de lanne.

Dfenseurs des droits humains et autres militants


Les dfenseurs des droits humains et dautres militants taient dnigrs dans les mdias

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gouvernementaux, harcels, placs en dtention et condamns. n Nabeel Rajab, prsident du Centre des droits humains de Bahren, a t particulirement vis. Arrt plusieurs reprises, il a fait lobjet de poursuites. Il a t inculp en mai dinsulte envers une institution nationale pour des commentaires sur le rseau social Twitter propos du ministre de lIntrieur. Condamn le 9juillet trois mois demprisonnement pour avoir critiqu le Premier ministre, il a par ailleurs t dclar coupable, le 16aot, de participation des rassemblements illgaux et de trouble lordre public, et sest vu infliger une peine de trois ans demprisonnement ramens deux ans en dcembre. Amnesty International le considrait comme un prisonnier dopinion. n Zainab al Khawaja a t interpelle en avril et incarcre pendant six semaines aprs stre assise dans la rue pour protester contre la dtention de son pre et contre dautres violations des droits humains. Arrte de nouveau en aot, elle a t condamne deux mois demprisonnement pour avoir dchir une photo du roi. Remise en libert sous caution en octobre, elle a t apprhende une nouvelle fois en dcembre et condamne un mois demprisonnement. Elle devait encore tre juge pour dautres infractions, mais a t libre la fin de lanne. Dans une dclaration commune faite en aot, plusieurs rapporteurs spciaux des Nations unies ont instamment pri le gouvernement bahrenite de mettre un terme au harclement des dfenseurs des droits humains.

nies. Il nexistait aucun lment indiquant quils aient eu recours la violence ou en aient prconis lusage. n En octobre, la Haute Cour criminelle dappel a confirm le verdict de culpabilit de Mahdi Issa Mahdi Abu Dheeb, ancien prsident de lAssociation des enseignants de Bahren, tout en ramenant sa peine de 10 cinq ans demprisonnement. Cet homme avait t dclar coupable, en septembre2011, par une juridiction militaire inquitable, davoir appel une grve des enseignants, incit la haine et tent de renverser le gouvernement par la force. Il nexistait aucun lment de preuve charge. Il sest plaint davoir t tortur aprs son arrestation, en 2011, alors quil tait dtenu au secret dans lattente de son procs. n Six professionnels de la sant, parmi lesquels Ali Esa Mansoor al Ekri et Ghassan Ahmed Ali Dhaif, ont t arrts en octobre au lendemain de larrt de la Cour de cassation confirmant les dclarations de culpabilit et les peines demprisonnement (entre un mois et cinq ans) prononces contre eux par une juridiction dappel en juin2012. Ces six personnes avaient t condamnes en premire instance des peines comprises entre cinq et 15ans demprisonnement, lissue dun procs inquitable achev en septembre2011. La cour dappel avait annul les condamnations de plusieurs autres professionnels de la sant jugs dans la mme affaire. Deux des six condamns ont t librs lexpiration de leur peine; les quatre autres taient maintenus en dtention dans la prison de Jaw la fin de lanne.

Libert de runion
Le 30octobre, le ministre de lIntrieur a interdit tous les rassemblements et manifestations en invoquant le fait quils saccompagnaient dmeutes, de violences et de destruction de biens, et que les personnes y participant exprimaient leur opposition au gouvernement. Il a prcis que linterdiction serait maintenue jusqu ce que la scurit soit rtablie, et que tout contrevenant serait poursuivi. Linterdiction a t leve en dcembre et le ministre de lIntrieur a annonc un projet de modification du code rgissant les runions publiques, les cortges et les rassemblements, qui imposait des restrictions au droit la libert de runion. n Le dfenseur des droits humains Sayed Yousif Almuhafdah a t arrt le 2novembre pour avoir particip un rassemblement interdit dans le but

Prisonniers dopinion
Des prisonniers dopinion, dont des personnes condamnes dans le cadre des manifestations populaires de grande ampleur de 2011, taient maintenus en dtention. Ce sont de toute vidence leurs opinions antigouvernementales qui leur avaient valu dtre inquits. n Ebrahim Sharif, Abdulhadi al Khawaja et 11autres minents dtracteurs du gouvernement purgeaient des peines allant de cinq ans demprisonnement la rclusion perptuit. Leurs condamnations ont t confirmes en septembre. Ils avaient t reconnus coupables de mise en place de groupes terroristes en vue de renverser la monarchie et modifier la Constitution ainsi que dautres infractions quils avaient

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Amnesty International - Rapport 2013

dobserver le comportement de la police envers les manifestants. Il a t remis en libert deux semaines plus tard et les charges de participation un rassemblement illgal retenues contre lui ont t abandonnes. Toutefois, il a de nouveau t apprhend en dcembre, et inculp de diffusion de fausses nouvelles.

responsables auraient refus de les laisser quitter les lieux. Plus de 20temples et monastres bouddhistes, ainsi quun temple hindou et de nombreuses habitations et boutiques appartenant des bouddhistes, ont t incendis lors de violences intercommunautaires. Une personne a t excute et 45 au moins ont t condamnes mort.

Peine de mort
Selon les informations recueillies, une condamnation mort a t prononce en mars et confirme en appel en novembre. Aucune excution na t signale. Deux sentences capitales prononces en 2011 par une juridiction militaire ont t annules par la Cour de cassation. Les deux accuss ont t rejugs par un tribunal civil.

Contexte
En janvier, la Premire ministre a affirm quaucune violation des droits humains navait t commise dans le pays. Les violences politiques se sont intensifies en dcembre lorsque les partis dopposition ont tent dimposer des journes de grve gnrale. Quatre personnes au moins ont t tues et plusieurs dizaines de grvistes et de policiers ont t blesss. Le Jamaat-e Islami rclamait la remise en libert de ses dirigeants en cours de jugement pour crimes de guerre tandis que le Parti nationaliste du Bangladesh (BNP) exigeait que les prochaines lections lgislatives se droulent sous un gouvernement intrimaire. Des membres dun groupe affili au parti au pouvoir ont attaqu des partisans de lopposition; une personne qui se trouvait sur les lieux a t battue et poignarde. En juin, la Banque mondiale a annul un crdit de 1,2milliard de dollars des tats-Unis destin la construction du pont de Padma, dans le centre du pays, se faisant ainsi lcho de linquitude suscite sur le plan national et international par une corruption semble-t-il considrable. Cette dcision tait motive par le manque de ractivit du gouvernement face aux allgations de corruption. Lenqute ouverte par la Commission anticorruption ntait pas termine la fin de lanne. Cette anne encore, les autorits ont fait part au gouvernement de lInde de leurs proccupations propos de lhomicide de Bangladais par des gardesfrontire indiens. Plus dune dizaine de Bangladais ont t tus par les forces indiennes alors quils tentaient de franchir la frontire.

Visites et documents dAmnesty International


v Amnesty International a annul une visite Bahren prvue en mars, en
raison de limposition de nouvelles restrictions la dlivrance de visas aux ONG internationales. Des reprsentants de lorganisation se sont rendus dans le pays en aot et en septembre pour observer des procs. 4 Bahrain: Flawed reforms: Bahrain fails to achieve justice for protesters (MDE11/014/2012). 4 Bahrain: Reform shelved, repression unleashed (MDE11/062/2012).

BANGLADESH
RPUBLIQUE POPULAIRE DU BANGLADESH
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Zillur Rahman Sheikh Hasina Une trentaine dexcutions extrajudiciaires ont t signales. Les forces de scurit ont t mises en cause dans des actes de torture et dautres mauvais traitements, ainsi que dans 10 cas au moins de disparition force. Les violences politiques ont entran la mort de quatre hommes, peut-tre plus. Cette anne encore, des femmes ont t victimes de diffrentes formes de violence. Le gouvernement na rien fait pour protger certaines communauts autochtones contre les attaques de colons bengalis. Au moins 111ouvriers ont trouv la mort dans lincendie dune usine, certains parce que des

Excutions extrajudiciaires
Trente personnes au moins auraient t victimes dexcutions extrajudiciaires. La police a affirm quelles avaient trouv la mort dans des fusillades avec les forces de scurit. Les familles des victimes ont dclar que leurs proches taient morts aprs

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avoir t arrts par des hommes en civil qui staient prsents comme des agents du Bataillon daction rapide (RAB) ou dautres branches des services de police. Personne na t traduit en justice pour ces homicides. n Le 12 septembre, des agents du RAB auraient abattu Mohammad Atear Rahman (galement connu sous le nom de Tofa Molla), agriculteur, dans le district de Kushtia. Selon le RAB, cet homme a t tu dans une fusillade, mais sa famille et dautres tmoins ont affirm que des agents du RAB lavaient arrt la veille au soir son domicile. Le corps de Mohammad Atear Rahman prsentait semble-t-il trois blessures par balle, dont deux dans le dos.

n Arrtes sans mandat le 9septembre, Aleya Begum et sa fille, une tudiante, auraient t tortures au poste de police de Khoksa, dans le district de Kushtia. Elles ont t transfres deux jours plus tard au poste de police de la ville de Kushtia, o elles ont t enfermes dans une cellule obscure. La nuit, la fille tait spare de sa mre et soumise par des policiers des svices sexuels. Les deux femmes ont t libres le 18septembre aprs avoir comparu devant un tribunal. Elles ont racont aux mdias ce qui leur tait arriv et ont t de nouveau interpelles et incarcres le 26septembre.

Droits des peuples autochtones


Comme les annes prcdentes, les autorits nont rien fait pour rgler les diffrends que des peuples autochtones avaient soulevs propos des terres confisques durant le conflit arm interne (19751997) ou rcemment occupes par un nombre croissant de colons bengalis. Les tensions intercommunautaires et lincapacit des forces de scurit protger les autochtones contre les attaques des colons ont donn lieu des affrontements qui ont fait des blesss dans les deux camps. n Vingt personnes au moins ont t blesses le 22septembre Rangamati la suite de heurts entre des autochtones et des colons bengalis. Selon la population locale, les forces de scurit sont venues sur les lieux, mais nont rien fait pour mettre un terme aux violences.

Torture et autres mauvais traitements


Des actes de torture et dautres formes de mauvais traitements taient rgulirement infligs par des membres de la police, du RAB, de larme et des services de renseignement, et ce dans une quasiimpunit. Parmi les mthodes dcrites figuraient les passages tabac, les coups de pieds, la suspension au plafond, la privation de nourriture et de sommeil et les dcharges lectriques. Selon certaines informations, la plupart des dtenus taient torturs jusqu ce quils avouent avoir commis un crime. Les agents de la police et du RAB taient aussi accuss de falsifier les registres pour dissimuler le recours la torture, notamment en ne mentionnant pas la date exacte de larrestation des dtenus.

Disparitions forces
Dix personnes au moins ont disparu au cours de lanne. Dans la plupart des cas on restait sans nouvelles des victimes. Les corps qui ont t retrouvs prsentaient des lsions provoques, dans certains cas, par des coups. n Ilias Ali, secrtaire de la division du BNP Sylhet, a disparu avec son chauffeur Ansar Ali le 17avril. Le gouvernement a promis douvrir une enqute, mais il navait fourni aucune information la fin de lanne.

Droits des travailleurs


Des dirigeants syndicaux qui soutenaient les manifestations des ouvriers du textile contre les bas salaires et les mauvaises conditions de travail ont t la cible de manuvres de harclement et dintimidation. Un homme a t tu. n Le dirigeant syndical Aminul Islam a disparu le 4avril. Il a t retrouv mort le lendemain Ghatail, au nord de Dacca. Ses proches ont constat des traces de torture sur son corps et pensent quil a t enlev par les forces de scurit. Aminul Islam avait dj t arrt et brutalis par des membres du service national de renseignement en raison de ses activits syndicales. n En novembre, au moins 111ouvriers sont morts de brlures et dautres lsions la suite dun incendie dans lusine Tazreen Fashion, dans le quartier de Savar Town, au nord de Dacca. Des responsables ont t

Violences faites aux femmes et aux filles


Cette anne encore, des femmes ont t victimes de violences sous diverses formes et ont t agresses lacide, tues pour navoir pas vers la dot demande, flagelles pour des infractions religieuses dictes par des conseils darbitrage illgaux ou soumises des violences domestiques, notamment sexuelles.

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accuss de navoir pas ouvert les grilles pour laisser sortir les employs.

Violences intercommunautaires
Les attaques contre des membres de communauts minoritaires ont pris une nouvelle tournure la fin de septembre. Des milliers de personnes qui protestaient contre la publication sur Facebook dune image du Coran juge offensante ont incendi plus de 20 temples et monastres bouddhistes ainsi quun temple hindou et de nombreuses habitations et boutiques dans les villes mridionales de Coxs Bazar et Chittagong.

et dassociation avaient t commises et que ces lections navaient t ni libres ni quitables. La Commission lectorale centrale avait dcrt le 27aot que tout candidat aux lgislatives appelant au boycott des lections devait tre priv de la possibilit de sexprimer sur les ondes du pays. Cette dcision sest traduite par labsence de toute couverture mdiatique pour deux partis dopposition.

Prisonniers dopinion
Six personnes taient toujours emprisonnes en raison de leur participation une manifestation, le 19dcembre 2010. Au moins quatre dentre elles Mikala Statkevitch, Pavel Sevyarynets, Zmitser Dachkevitch et Edouard Lobau taient des prisonniers dopinion. n Le 24janvier, le tribunal de la ville de Minsk a rejet lappel interjet par Ales Bialiatski, condamn en premire instance, le 24novembre 2011, quatre ans et demi demprisonnement pour dissimulation massive de revenus. La sentence a t confirme en septembre par la Cour suprme. Prsident du Centre de dfense des droits humains Viasna et vice-prsident de la Fdration internationale des ligues des droits de lhomme, Ales Bialiatski se voyait reprocher lutilisation de comptes bancaires personnels ouverts en Lituanie et en Pologne pour soutenir laction de Viasna au Blarus. n Andre Sannikau, ancien candidat de lopposition llection prsidentielle, a t libr le 14avril la faveur dune grce accorde par le chef de ltat. Selon certaines informations, des pressions auraient t exerces sur Andre Sannikau pour le pousser solliciter cette mesure. Il a t inform que sa condamnation resterait inscrite sur son casier judiciaire pendant huit ans. Il avait purg 16mois de la peine de cinq annes demprisonnement prononce. Zmitser Bandarenka, un membre de lquipe de campagne dAndre Sannikau, a pour sa part t libr le 15avril. n Le 28aot, un tribunal sigeant huis clos dans lenceinte de la colonie pnitentiaire de Hlybokaye (Gloubokoe) a condamn Zmitser Dashkevitch une anne de dtention supplmentaire, pour avoir, selon laccusation, enfreint le rglement pnitentiaire. Cet homme avait dj t plusieurs reprises puni pour des atteintes mineures au rglement. Ladministration laurait parfois plac en cellule disciplinaire pour viter quil ne fasse lobjet dagressions de la part de ses codtenus.

Peine de mort
Au moins 45personnes ont t condamnes mort. Un homme a t excut en avril.

BLARUS
RPUBLIQUE DU BLARUS
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Alexandre Loukachenko Mikhal Myasnikovitch Un certain nombre de prisonniers dopinion taient toujours en dtention. Plusieurs dentre eux ont vu leur peine alourdie pour avoir enfreint le rglement intrieur carcral. Les militants de la socit civile (dfenseurs des droits humains et journalistes, notamment) taient en butte des violations de leur droit la libert dexpression, dassociation et de runion. Trois hommes ont t excuts cette anne.

Contexte
Le Conseil des droits de lhomme [ONU] a vot le 5juillet en faveur de la nomination dun rapporteur spcial sur le Blarus, aprs avoir adopt le rapport de la haut-commissaire aux droits de lhomme qui notait une nette aggravation en matire de respect des droits fondamentaux de la personne dans ce pays depuis dcembre2010. Aucun candidat dopposition nest parvenu se faire lire lors du scrutin lgislatif du 23septembre. La mission dobservation envoye par lOSCE a estim que des violations des droits la libert dexpression

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Libert dexpression
Les autorits nont pas hsit, cette anne encore, invoquer loutrage et la diffamation lgard du prsident de la Rpublique, deux infractions prvues par le Code pnal, pour dissuader les journalistes de se livrer des critiques lgard du rgime. n Andre Poczobout a t interpell le 21juin chez lui, Hrodna. Correspondant du quotidien polonais Gazeta Wyborcza et actif dfenseur de la minorit polonaise du Blarus, il a t inculp de diffamation lgard du prsident pour des articles parus dans la presse blarussienne indpendante. Il a t libr sous caution le 30juin. Il avait dj t condamn trois ans de prison avec sursis, pour les mmes charges (concernant dautres articles parus dans la presse). Sil est de nouveau dclar coupable, il devra purger conscutivement les deux peines et pourrait ainsi passer plus de sept ans derrire les barreaux. Linstruction ntait pas acheve la fin de lanne.

n Le personnel du Centre de dfense des droits humains Viasna a t expuls le 26novembre des bureaux occups par lorganisation, qui ont t saisis en application de la condamnation prononce contre son prsident, Ales Bialiatski. Au moins une quinzaine de dfenseurs des droits humains, de journalistes et de militants de lopposition ont t poursuivis en 2012, au titre du Code administratif, pour avoir jur en public.

Libert dassociation
La Loi sur les associations publiques restreignait toujours la possibilit pour les organisations constitues de se faire reconnatre officiellement et de mener bien leurs activits. Les ONG devaient toutes obtenir lautorisation des pouvoirs publics pour exercer leurs activits au Blarus. Intervenir au nom dune organisation non reconnue officiellement constituait toujours une infraction, au titre de larticle 193(1) du Code pnal. n Lorganisation de dfense des droits des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres ou intersexues (LGBTI) Gay Belarus a appris au mois de janvier que sa demande dautorisation avait t rejete, au motif que les noms de deux de ses 61fondateurs avaient t mal orthographis et que leurs dates de naissance taient errones. n Le tribunal de commerce de Minsk a ordonn le 9octobre la liquidation de lONG Platforma. Ladministration fiscale du quartier des Soviets, Minsk, reprochait lorganisation de ne pas avoir prsent sa dclaration de revenus dans les dlais impartis ni inform les autorits fiscales de son changement dadresse. Andre Bondarenko, le prsident de lorganisation, soutenait pourtant quil avait dpos la dclaration dans les dlais et que ladresse lgale de lorganisation navait pas chang.

Dfenseurs des droits humains


Les dfenseurs des droits humains taient en butte diverses formes de harclement interdiction deffectuer des dplacements, poursuites pour des infractions administratives (le fait de jurer en public, par exemple), etc. Valentin Stefanovitch, vice-prsident du Centre de dfense des droits humains Viasna, a t refoul la frontire lituanienne le 11mars sous prtexte quil ne stait pas prsent pour effectuer une priode de service dans larme, en tant que rserviste. Lavocat spcialiste de la dfense des droits humains Oleg Voltchek a t inform au mois de mars que son nom figurait dsormais sur la liste des personnes non autorises se rendre ltranger. n Le 26juin, alors que lONG Platforma, qui sest donn pour mission de surveiller les conditions de vie en prison, venait dappeler au boycott du championnat du monde de hockey prvu en 2014 Minsk, le prsident de cette organisation, Andre Bondarenko, a t officiellement mis en garde par le procureur de Minsk. On lui a annonc quil risquait de faire lobjet de poursuites pour discrdit de la Rpublique du Blarus et des institutions de ltat. Le 19juillet, on la inform que son nom figurait sur la liste des personnes non autorises se rendre ltranger, parce quil faisait lobjet dune enqute pour vasion fiscale. Il sest plaint auprs du ministre de lIntrieur et cette enqute a finalement t interrompue. Son nom a t ray de la liste.

Libert de runion
La Loi relative aux vnements de grande ampleur imposait toujours des limites draisonnables la libert de runion. Elle exigeait notamment que les organisateurs de tout rassemblement public prvu prcisent les sources financires utilises. Qui plus est, ces derniers ntaient pas autoriss annoncer le rassemblement avant davoir obtenu une permission officielle, qui nest parfois accorde que cinq jours lavance. Les demandes taient rgulirement refuses pour des raisons purement techniques.

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n Alexandre Denisenko, membre du syndicat indpendant REP, sest vu refuser par les pouvoirs publics locaux de la ville de Brest lautorisation dorganiser une manifestation le 17mars pour protester contre le cot du logement. Les autorits ont motiv leur refus en invoquant labsence de tout accord avec la police, les services ambulanciers et les services locaux de nettoyage et dhygine. Alexandre Denisenko a fait appel de cette dcision auprs du tribunal de premire instance, puis de la cour dappel, du tribunal rgional et enfin de la Cour suprme. Toutes ces juridictions ont donn raison aux autorits de Brest.

BELGIQUE
ROYAUME DE BELGIQUE
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Albert II Elio Di Rupo La Cour europenne des droits de lhomme a jug que la Belgique avait bafou le droit un procs quitable. Les autorits ont dcid de crer un Institut national des droits de lhomme.

Peine de mort
Le Blarus continuait de procder des excutions dans le plus grand secret. Ni les condamns mort ni leurs proches ntaient informs lavance de la date de lexcution. Les corps des personnes excutes ntaient pas restitus aux familles, et leur lieu denterrement tait gard secret. Les proches attendaient souvent plusieurs semaines, voire plusieurs mois, avant de recevoir lavis de dcs officiel. n Ouladzislau Kavaliou et Dzmitry Kanavalau ont t excuts en mars pour leur rle prsum dans une srie dattentats la bombe perptrs dans le pays, le plus rcent ayant eu lieu le 11avril 2011 dans une station de mtro de Minsk. De srieux doutes subsistaient quant lquit du procs. Dans laffaire concernant ces deux hommes, comme dans celle de Vassily Youzeptchouk et Andre Jouk (excuts en mars 2010) ou encore dAndre Bourdyko (excut en juillet 2011), les autorits blarussiennes nont pas tenu compte de la requte que le Comit des droits de lhomme [ONU] a envoye au gouvernement, lui demandant que lexcution des deux hommes nait pas lieu tant quil navait pas examin leur cas.

Procs inquitables
Il est apparu que le gouvernement a utilis, dans le cadre du procs dune personne souponne de terrorisme, des lments de preuve qui pourraient avoir t obtenus sous la torture. n Le 25septembre, dans laffaire El Haski c. Belgique, la Cour europenne des droits de lhomme a considr que la Belgique, en utilisant dans le cadre dune procdure pnale des lments de preuve vraisemblablement obtenus par la torture, avait viol le droit de Lahoucine El Haski un procs quitable. Il avait t condamn en 2006 pour participation des activits terroristes sur la base de tmoignages recueillis dans des pays tiers, notamment au Maroc. La Cour a jug quil existait un risque rel que les tmoignages charge recueillis au Maroc aient t obtenus par la torture ou dautres formes de mauvais traitements, et a conclu quils auraient d tre considrs comme irrecevables par les tribunaux belges.

Conditions de dtention
Les structures psychiatriques destines laccueil des prisonniers souffrant de troubles mentaux demeuraient insuffisantes. Le 2octobre, la Cour europenne des droits de lhomme a jug que la Belgique avait viol le droit la libert et la scurit de L.B., un homme atteint de troubles mentaux qui avait t maintenu plus de sept ans dans des installations carcrales inadaptes son tat de sant. En dcembre, le Comit europen pour la prvention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dgradants sest dclar proccup par la surpopulation et linsuffisance des installations sanitaires dans de nombreuses prisons belges.

Visites et documents dAmnesty International


4 Blarus. Proccupations persistantes en matire de droits humains. Soumission la 20e session du Conseil des droits de lhomme des Nations unies (EUR49/006/2012). 4 Blarus. Leur dtention continue: le sort des prisonniers purgeant de lourdes peines au Blarus (EUR49/013/2012). 4 Le Blarus doit restituer les corps des condamns excuts pour lattentat dans le mtro de Minsk (PRE01/146/2012).

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Discrimination
De nouveaux cas de discrimination fonde sur la religion ou les croyances, pratique en particulier contre des personnes de confession musulmane dans le systme dducation public ou sur le lieu de travail, ont t signals. Linterdiction gnrale du port dinsignes et de tenues vestimentaires caractre religieux ou culturel demeurait en vigueur dans les tablissements dducation publics flamands. La loi sanctionnant le fait de se dissimuler le visage en public tait toujours en vigueur. Le 6dcembre, la Cour constitutionnelle a jug que cette loi ntait pas contraire la Constitution ni aux obligations incombant la Belgique aux termes du droit international.

contre la violence lgard des femmes et la violence domestique.

Visites et documents dAmnesty International


v Un dlgu dAmnesty International sest rendu en Belgique en avril et
en juin. 4 Europe. Choix et prjugs. La discrimination lgard des musulmans en Europe (EUR01/001/2012).

Rfugis, demandeurs dasile et migrants


En janvier, les autorits ont augment le nombre de places destines aux demandeurs dasile dans les centres daccueil. Ce nombre demeurait toutefois insuffisant et les familles de migrants sans papiers navaient toujours pas accs ces centres. Certains mineurs non accompagns ont t hbergs dans des structures inadaptes o ils nont pas reu lassistance juridique, mdicale et sociale ncessaire.

BNIN
RPUBLIQUE DU BNIN
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Thomas Boni Yayi Pascal Koupaki Le gouvernement a tent de rprimer les voix dissidentes tout au long dune anne marque par des dsaccords concernant la gouvernance et un projet de rvision constitutionnelle. Le Bnin a ratifi le Deuxime protocole facultatif se rapportant au PIDCP, qui vise abolir la peine de mort.

Droits en matire de logement


Le 21mars, le Comit europen des droits sociaux a estim que la Belgique, en ne mettant pas suffisamment de terrains pour un sjour temporaire ou permanent la disposition des gens du voyage, navait pas respect la clause de non-discrimination de la Charte sociale europenne, ni le droit de la famille une protection sociale, juridique et conomique.

Libert dexpression
n En septembre, les programmes de Canal3, une chane de tlvision prive, ont t interrompus pendant quelques jours aprs que Lionel Agbo, ancien conseiller du prsident Boni Yayi, eut accus le chef dtat de corruption. La tlvision dtat a invoqu le non-respect des rgles de transmission pour justifier cette coupure. Lionel Agbo a t inculp doffense au chef de ltat. Il navait pas t jug la fin de lanne.

Commerce des armes


Les parlements flamand et wallon ont adopt en juin de nouvelles dispositions rgionales sur limportation, lexportation et le transfert darmes qui ne permettaient cependant pas de contrler de manire satisfaisante la destination finale des armes vendues.

Conditions carcrales
Les prisons taient toujours surpeuples. Dans la prison de Cotonou, le nombre de prisonniers tait six fois suprieur la capacit de ltablissement, do des conditions de vie trs prouvantes pour les dtenus. Selon les chiffres officiels, 97% des quelque 2250personnes incarcres se trouvaient en dtention provisoire.

volutions lgislatives, constitutionnelles ou institutionnelles


En juillet, les autorits ont dcid de crer un Institut national des droits de lhomme. Le 11septembre, la Belgique a sign la Convention du Conseil de lEurope sur la prvention et la lutte

Peine de mort
En juillet, le Bnin a ratifi le Deuxime protocole facultatif se rapportant au PIDCP, qui vise abolir la

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peine de mort. la fin de lanne, le gouvernement navait pas encore promulgu les lois visant supprimer totalement la peine capitale de la lgislation nationale.

Visites et documents dAmnesty International


4 Le Bnin adhre un trait essentiel des Nations unies visant abolir la peine de mort (AFR14/001/2012).

BOLIVIE
TAT PLURINATIONAL DE BOLIVIE
Chef de ltat et du gouvernement: Evo Morales Ayma Les droits des populations indignes la consultation et au consentement pralable, donn librement et en connaissance de cause, pour les projets ayant des rpercussions sur elles ntaient toujours pas respects. Les victimes de violations des droits humains commises sous les rgimes militaires du pass navaient toujours pas obtenu de rparations compltes. Ladministration de la justice continuait dtre marque par des atermoiements. Des informations ont fait tat datteintes la libert dexpression.

Contexte
De nombreuses manifestations ont t organises pour dfendre les droits des indignes et exprimer des revendications conomiques et sociales. La police est parfois intervenue en recourant de manire excessive la force. En septembre, aprs stre rendu dans le pays, le rapporteur spcial des Nations unies sur le racisme a pris acte de certaines avances mais sest dit proccup par la discrimination persistante dont taient victimes les populations indignes et dautres communauts en danger.

traversant le parc. Les populations indignes opposes ce projet ont men en avril une marche vers La Paz car, selon elles, la consultation tait contraire aux lois prcdemment adoptes pour protger le TIPNIS ainsi quaux normes internationales et la Constitution. En juin, le Tribunal constitutionnel plurinational a estim que la consultation tait conforme la Constitution, mais que les modalits de ce processus devaient tre approuves au pralable par toutes les communauts indignes susceptibles dtre concernes. Le gouvernement a dcid en juillet de procder la consultation aprs avoir conclu des accords avec une partie seulement de ces communauts. La construction de la premire portion de route a dbut en octobre, avant la fin du processus de consultation, dans un secteur situ en dehors du parc et du territoire indigne. la fin de lanne, les autorits navaient toujours pas communiqu les rsultats de la consultation. Aucun policier ayant recouru de manire excessive la force lors des manifestations pacifiques organises en 2011 contre la construction de cette route dans le TIPNIS navait t traduit en justice la fin de lanne. Mallku Khota (dpartement de Potos), des violences ont clat entre la police et des communauts locales qui navaient pas t pralablement consultes au sujet de lexploitation dune mine par une filiale bolivienne dune compagnie minire canadienne. Le gouvernement a annonc en aot la nationalisation de la mine pour mettre fin au mouvement de protestation des personnes opposes la compagnie minire canadienne. Les conflits entre partisans et dtracteurs du projet se poursuivaient toutefois au mois de dcembre.

Impunit et systme judiciaire


Les procdures visant traduire en justice les auteurs de violations des droits humains perptres sous les rgimes militaires (1964-1982) continuaient de subir des retards. La lenteur de la justice a favoris limpunit dans dautres affaires. Amnesty International a eu connaissance dinformations signalant un recours abusif au systme judiciaire contre des opposants au gouvernement ou des personnes qui le critiquaient. n En avril et en mai, des dispositions lgislatives relatives lindemnisation des victimes de violences

Droits des peuples indignes


En fvrier a t vote une loi prvoyant la consultation des habitants indignes du Territoire indigne et parc national Isiboro-Scure (TIPNIS) au sujet du projet gouvernemental de construction dune route

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politiques sous les rgimes militaires ont t votes. Elles modifiaient les montants des indemnits verses et prvoyaient la publication du nom des bnficiaires. On craignait que le processus de rparation ne soit ni transparent ni quitable. Sur les 6200personnes ayant fait une demande de rparation, seules quelque 1700 ont obtenu de pouvoir en bnficier. Des victimes de violations des droits humains et des proches de victimes ont manifest pendant des mois devant le ministre de la Justice pour demander, entre autres, une plus grande transparence. n En septembre, le gouvernement des tats-Unis sest oppos une demande dextradition de lancien prsident bolivien Gonzalo Snchez de Lozada. Celui-ci devait rpondre daccusations lies aux vnements dits dOctobre noir 67personnes avaient t tues et plus de 400autres blesses lors de manifestations El Alto, non loin de La Paz, fin 2003. n En dpit de plusieurs atermoiements, les poursuites judiciaires concernant le massacre de Pando, perptr en 2008 et au cours duquel 19personnes, pour la plupart des petits paysans, avaient t tues et 53autres blesses, se poursuivaient. n Le procs de 39personnes accuses dimplication dans un complot qui aurait t ourdi en 2009 pour assassiner le prsident Evo Morales sest ouvert en octobre. la fin de lanne, aucune enqute navait t mene sur les allgations de non-respect de la procdure lgale ni sur le meurtre en 2009 de trois hommes lis cette affaire.

masqus eurent tent de le brler vif alors quil tait lantenne. Cet homme avait publiquement critiqu des fonctionnaires locaux et diffus des informations sur le trafic de stupfiants dans la rgion. Quatre hommes ont t arrts la suite de cette agression. Lenqute se poursuivait la fin de lanne.

Droits des femmes


Une loi punissant le harclement et la violence politique lgard des femmes a t adopte en septembre. Ce texte, salu par les organisations de dfense des droits des femmes, tablissait des mcanismes de prvention et prvoyait des sanctions contre les auteurs dactes de harclement et de violences visant des candidates des lections, des reprsentantes lues ou des femmes fonctionnaires.

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus en Bolivie en
mars et en juin. 4 Open letter to the authorities of the Plurinational State of Bolivia in the context of the dispute concerning the Isiboro Scure Indigenous Territory and National Park (TIPNIS) (AMR18/002/2012)

Libert dexpression
En aot, des poursuites ont t engages au pnal contre deux journaux et une agence de presse nationale pour incitation au racisme et la discrimination. Le gouvernement a avanc que ces trois organes de presse avaient dtourn les propos du prsident Evo Morales au sujet du comportement des gens dans lest du pays, le faisant passer pour raciste. Des voix se sont leves pour dnoncer cette mesure au motif quelle restreignait de faon disproportionne la libert dexpression. En septembre, le Tribunal constitutionnel plurinational a jug que linfraction doutrage fonctionnaire tait contraire la Constitution et bafouait la libert dexpression. En octobre, Yacuiba, non loin de la frontire avec lArgentine, le journaliste de radio Fernando Vidal a t gravement bless aprs que quatre individus

BOSNIEHERZGOVINE
BOSNIE-HERZGOVINE
Chef de ltat: une prsidence tripartite est exerce par Neboja Radmanovi, eljko Komi et Bakir Izetbegovi Chef du gouvernement: Nikola piri, remplac par Vjekoslav Bevanda le 12 janvier On a not cette anne une monte en puissance de la rhtorique nationaliste de la part des principaux partis de la scne politique. Lintgrit de ltat a t de plus en plus conteste. La priode considre a galement t marque par un affaiblissement des institutions de ltat, notamment du judiciaire. Les poursuites engages devant la justice nationale contre les auteurs prsums datteintes au droit international progressaient, mais toujours au ralenti, et de nombreux crimes restaient impunis. Nombre

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de civils victimes de guerre se heurtaient toujours un dni de justice et limpossibilit dobtenir des rparations.

Contexte
La Bosnie-Herzgovine a connu une dgradation de sa situation conomique, avec un chmage lev et tous les problmes sociaux qui en dcoulent. Le Conseil des ministres a t form en janvier et le budget de ltat a t adopt au mois davril, ce qui a permis au pays de sortir de limpasse dans laquelle il se trouvait depuis les lections lgislatives de 2010. Les discours nationalistes tenus par les principales formations politiques des deux entits, notamment les dclarations scessionnistes de personnalits politiques de premier plan en Republika Srpska (RS), ont affaibli les institutions de ltat, en particulier le systme judiciaire. On pouvait lire dans un rapport rendu public en novembre par le haut reprsentant pour la Bosnie-Herzgovine, instance charge de veiller la mise en uvre de lAccord de paix de Dayton: Lintgration lUnion europenne a peu progress et, qui plus est, les attaques directes contre lAccord-cadre gnral pour la paix et notamment contre la souverainet et lintgrit territoriale de la Bosnie-Herzgovine se sont sensiblement intensifies. Labsence de volont politique relle a considrablement limit la porte des travaux de lAssemble parlementaire. Les dirigeants de la RS ont redoubl dnergie dans leur remise en question directe de lAccord de paix de Dayton, nhsitant pas tenir des propos sparatistes. Les lections locales doctobre ont t considres par les observateurs dtachs sur le terrain comme gnralement conformes aux normes dmocratiques. La communaut internationale a maintenu sa prsence en Bosnie-Herzgovine. Le reprsentant spcial de lUnion europenne en BosnieHerzgovine et le haut reprsentant ont ainsi poursuivi leur mission sur place. La dcision de rduire de 1300 600les effectifs de la force de maintien de la paix de lUnion europenne a vu ses effets temprs par lenvoi de rservistes supplmentaires par plusieurs tats membres.

pour lex-Yougoslavie (le Tribunal). Trois autres taient en appel. n Le procs de lancien dirigeant bosno-serbe Radovan Karadi suivait son cours. En juin, la Chambre de premire instance du Tribunal a rejet oralement une demande dacquittement pour 10 des chefs dinculpation. Elle la cependant retenue pour le chef1 de lacte daccusation, qui mettait en cause le prvenu pour gnocide, en rfrence des crimes commis dans plusieurs municipalits de BosnieHerzgovine entre mars et dcembre1992. Le Tribunal a indiqu que les lments de preuve prsents, mme considrs au regard de leur caractre le plus incriminant, [ntaient] pas suffisamment tays pour quun juge raisonnable des faits puisse conclure la commission dun gnocide dans ces municipalits. n Le procs de Ratko Mladi, ex-commandant en chef des forces bosno-serbes, arrt en Serbie et transfr en 2011 au Tribunal, sest ouvert en mai devant la Chambre de premire instance du Tribunal. Lancien chef militaire de larme de la RS a t inculp pour sa responsabilit individuelle dans une srie de crimes couvrant deux chefs de gnocide, des perscutions et des actes dextermination, dassassinat, de meurtre, dexpulsion et de terrorisation, ainsi que des actes inhumains, des attaques illgales contre des civils et des prises dotages.

Justice nationale crimes de droit international


Les tribunaux nationaux ont poursuivi leur travail sur les trs nombreuses affaires de crimes de guerre en souffrance. Le parquet de Bosnie-Herzgovine a obtenu dbut 2012 un rcapitulatif des affaires instruites dans lensemble des juridictions du pays. Il a remis ce document la Cour dtat de Bosnie-Herzgovine, afin que celle-ci dcide, conformment aux critres dfinis dans la Stratgie nationale de poursuites en matire de crimes de guerre, quel niveau (tat ou entits) chaque affaire devait tre juge. Un total de 1271affaires ont t examines dans le cadre de cette initiative; 592 (47%) ont t confies aux parquets des entits, tandis que 679 (53%) ont t considres comme relevant des services de ltat. Il sagissait l dun progrs significatif, car le retard considrable qui avait t pris dans le recensement du nombre exact daffaires en

Justice internationale
Fin 2012, cinq affaires concernant la BosnieHerzgovine taient pendantes devant la Chambre de premire instance du Tribunal pnal international

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instance bloquait jusque-l la mise en uvre de la Stratgie. Le risque dinstructions et de procs doubles, au niveau de ltat et celui des entits, sen trouvait en outre grandement rduit. Environ la moiti de ces affaires avaient cependant dj pass plusieurs annes dans les tiroirs des procureurs des entits avant den tre exhumes la faveur de cette initiative. Le fait que 120dossiers supplmentaires aient t confis aux parquets des entits ntait pas en soi une garantie dacclration de la procdure. La Chambre des crimes de guerre cre au sein de la Cour dtat de Bosnie-Herzgovine jouait toujours un rle central en matire de procs pour crimes relevant du droit international. Toutefois, les attaques verbales contre la Cour et contre les autres institutions judiciaires charges denquter sur ces crimes de guerre et douvrir des poursuites dans ces affaires, ainsi que la ngation de certains crimes de droit international (dont le gnocide de Srebrenica, en juillet1995) par de hauts responsables politiques du pays, ont cette anne encore entrav les efforts dploys par la Bosnie-Herzgovine pour poursuivre leurs auteurs prsums. Un parti de coalition implant en Republika Srpska a prsent en fvrier une requte en vue de la suppression de la Cour dtat et du Bureau du procureur de BosnieHerzgovine. Ce projet a t rejet par le Parlement de Bosnie-Herzgovine, mais plusieurs responsables politiques ont multipli les dclarations prjudiciables au bon fonctionnement des institutions judiciaires de ltat. Malgr les appels de plusieurs organismes de suivi des traits internationaux invitant les autorits de Bosnie-Herzgovine modifier la lgislation pour y inscrire une dfinition de la violence sexuelle conforme aux normes et la jurisprudence internationales, le Code pnal de 2003 na pas t modifi. Il disposait que la victime devait avoir t soumise la force ou une menace datteinte immdiate son intgrit physique. Cette dfinition ne tenait toujours pas compte des circonstances propres un conflit arm, qui pouvaient tre considres en soi comme coercitives et modifiant srieusement la notion habituelle de libre consentement des rapports sexuels. Qui plus est, les tribunaux des entits continuaient dappliquer le Code pnal de lex-Rpublique fdrale socialiste de Yougoslavie pour les crimes perptrs

pendant le conflit. Or, comme le notait en novembre le Comit des droits de lhomme [ONU] dans ses observations finales, ce Code prsentait de srieuses lacunes; en particulier il ne contenait pas de dispositions relatives la dfinition des crimes contre lhumanit ou la responsabilit des suprieurs hirarchiques. Si des services de soutien aux tmoins existaient au niveau de ltat, les personnes tmoignant devant les tribunaux des entits ne bnficiaient daucune mesure daide ou de protection. Cette situation perdurait, alors mme que la moiti des affaires de crimes de guerre en instance taient censes tre juges devant ces tribunaux. Les autorits nont pas propos de vritable programme de rparations aux victimes de crimes sanctionns par le droit international.

Droits des femmes


Victimes de violences sexuelles constituant des crimes de guerre
Entre la date de sa cration, en 2005, et la fin de lanne 2012, la Cour dtat de Bosnie-Herzgovine a prononc des arrts dfinitifs dans 29affaires concernant des actes de violence sexuelle perptrs pendant la guerre de 1992-1995. Deux autres affaires taient en appel. Il nexistait pas de chiffres fiables sur le nombre total daccusations de viol et autres svices sexuels commis en temps de guerre qui taient en cours dinstruction au niveau de ltat et des entits. Ltat na adopt ni le projet de loi sur les droits des victimes de la torture et des victimes de guerre civiles, ni la Stratgie relative une justice de transition, ni le Programme en faveur des victimes de violences sexuelles pendant le conflit trois mesures qui permettraient pourtant aux victimes de violences sexuelles de mieux faire valoir leur droit des rparations. Nombre de personnes rescapes se voyaient toujours refuser le droit obtenir des rparations et faisaient toujours lobjet dun rejet de la socit, en tant que victimes de viols. Les femmes agresses navaient pas accs des services de sant adapts, mme lorsquelles souffraient de problmes constituant des squelles directes dun viol subi. Rares taient les personnes souffrant dun syndrome de stress post-traumatique qui bnficiaient dun soutien psychologique.

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Disparitions forces
Le sort denviron 10000personnes disparues pendant la guerre de 1992-1995 navait toujours pas t lucid. La non-application par ltat de la Loi de 2004 sur les personnes disparues entranait des problmes pour les familles, qui ne pouvaient notamment pas faire valoir leurs droits la justice et des rparations. Le Fonds dassistance aux familles de personnes disparues, prvu dans la Loi de 2004, navait toujours pas vu le jour. De nombreux arrts de la Cour constitutionnelle de Bosnie-Herzgovine concernant des disparitions forces restaient lettre morte.

4 Old crimes, same suffering: No justice for survivors of wartime rape in north-east Bosnia and Herzegovina (EUR63/002/2012). 4 La Bosnie-Herzgovine doit autoriser les personnes communiquer avec le Comit des disparitions forces (EUR63/008/2012). 4 Bosnie-Herzgovine. Les familles des victimes du gnocide de Srebrenica commis il y a 17 ans attendent toujours de connatre la vrit, et dobtenir justice et rparations (EUR63/010/2012). 4 Bosnia and Herzegovina: Submission to the UN Human Rights Committee (EUR63/011/2012). 4 When everyone is silent: Reparation for survivors of wartime rape in Republika Srpska in Bosnia and Herzegovina (EUR63/012/2012).

Discrimination
Droits des minorits
Les autorits nont pas appliqu larrt rendu en dcembre2009 par la Cour europenne des droits de lhomme la suite du recours introduit par Dervo Sejdi et Jakob Finci, deux hommes appartenant respectivement aux communauts rom et juive. La Cour avait estim que le cadre constitutionnel et le systme lectoral taient discriminatoires lgard des requrants, dans la mesure o ces derniers nappartenaient pas lun des trois peuples constitutifs du pays (Bosniaques, Croates et Serbes).

BRSIL
RPUBLIQUE FDRATIVE DU BRSIL
Chef de ltat et du gouvernement: Dilma Rousseff Le taux de criminalit violente demeurait lev. En raction, les autorits se rendaient souvent coupables dune force excessive et de torture. Les jeunes hommes noirs taient toujours surreprsents parmi les victimes dhomicide. Des informations ont fait tat dactes de torture et dautres mauvais traitements dans le systme carcral, caractris par des conditions de dtention cruelles, inhumaines et dgradantes. Des ouvriers agricoles, des indignes et des communauts de quilombolas (descendants desclaves fugitifs) ont t la cible dactes dintimidation et dagressions. Les expulsions forces, pratiques dans un contexte urbain comme rural, restaient trs proccupantes.

Droits des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres ou intersexues (LGBTI)
Les autorits navaient toujours pas mis en place de dispositif permettant denregistrer les cas datteintes la Loi contre la discrimination, qui prohibe toute discrimination pour raison dorientation sexuelle ou didentit de genre. En outre, ltat sest abstenu de condamner publiquement les agressions contre les personnes LGBTI. Aucune information na t ouverte et, plus forte raison, aucune poursuite na t initie contre les individus responsables des attaques menes contre des organisateurs et des participants du Sarajevo Queer Festival de 2008.

Contexte
La situation sociale et conomique a continu de samliorer, et le nombre de personnes vivant dans lextrme pauvret a diminu. Malgr tout, les zones dhabitation et les moyens de subsistance de populations indignes, douvriers agricoles sans terre, de pcheurs et dhabitants de bidonvilles urbains continuaient dtre menacs par des projets de dveloppement. En novembre, le Brsil a t rlu au Conseil des droits de lhomme [ONU]. Il a critiqu les violations commises durant le conflit arm syrien, mais sest abstenu lors du vote dune rsolution de lAssemble

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus en BosnieHerzgovine en mars-avril et en octobre-novembre. 4 The right to know: Families still left in the dark in the Balkans (EUR05/001/2012). 4 Bosnie-Herzgovine. Arrestation de Radovan Stankovic. Les victimes de viols commis pendant le conflit doivent se sentir en scurit pour tmoigner (EUR63/001/2012).

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gnrale o celle-ci se disait proccupe par la situation des droits humains en Iran. En mai, la Chambre des dputs a adopt une modification de la Constitution autorisant la confiscation des terres o des situations de travail servile taient constates. La rforme a t transmise au Snat, qui ne stait pas prononc la fin de lanne.

Impunit
La prsidente Dilma Rousseff a tabli en mai une Commission Vrit, charge denquter sur les atteintes aux droits fondamentaux commises entre 1946 et 1988. La Commission a commenc entendre des tmoignages et tudier les archives. La tenue de certaines audiences huis clos a suscit des inquitudes. La mise en place de ce mcanisme sest traduit par la cration de plusieurs commissions Vrit au niveau des tats, dans ceux par exemple de Pernambouc, du Rio Grande do Sul et de So Paulo. On craignait cependant quelles ne soient pas en mesure de satteler au problme de limpunit des auteurs de crimes contre lhumanit tant que la Loi damnistie de 1979 demeurerait en vigueur. Ce texte avait t considr comme nul et non avenu par la Cour interamricaine des droits de lhomme en 2010. Au niveau fdral, le ministre public a engag des poursuites pnales contre des membres des services de scurit accuss denlvements sous le rgime militaire (1964-1985), au motif quil sagissait de crimes continus, donc non couverts par la Loi damnistie.

Scurit publique
Les tats ont continu dappliquer des mthodes de maintien de lordre rpressives et discriminatoires pour combattre la criminalit violente arme. Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont t tues dans ce contexte, les jeunes hommes noirs tant pris pour cible de faon disproportionne, en particulier dans le nord et le nord-est du pays. Le nombre dhomicides a diminu dans certains tats, dans bien des cas la suite de projets de scurit publique cibls. Dans la ville de Rio de Janeiro, par exemple, linitiative concernant le dploiement dUnits de police pacificatrice (UPP) a t tendue de nouvelles favelas (bidonvilles), contribuant faire baisser ce chiffre.

En janvier, le gouvernement fdral a rduit pratiquement de moiti le budget allou au Programme national de scurit publique par la citoyennet (PRONASCI). Le gouvernement sest engag mettre en uvre quelques grands projets pour offrir une meilleure protection, comme le plan de lutte contre la violence visant les jeunes Noirs (intitul Jeunesse en vie), mais il tait craindre quils ne soient pas correctement financs. Dans les tats de Rio de Janeiro et de So Paulo, les homicides commis par des policiers continuaient dtre associs des faits enregistrs sous la qualification dactes de rbellion ou de rsistance suivie de mort. Ces actes faisaient rarement, voire jamais, lobjet denqutes effectives alors que des lments montraient quils impliquaient un usage excessif de la force ou quil sagissait peuttre dexcutions extrajudiciaires. Le Conseil de dfense des droits de la personne humaine a adopt en novembre une rsolution appelant tous les tats ne plus dsigner les homicides perptrs par la police comme conscutifs des actes de rbellion ou associs une rsistance suivie de mort. Le texte demandait galement louverture dune enqute sur tous ces homicides, la publication rgulire de leur nombre et la protection des lments mdicolgaux. La rsolution tait en cours dexamen par les autorits de ltat de So Paulo la fin de lanne, lobjectif tant de modifier la qualification de ces homicides et de mettre en uvre des mesures de prservation des lieux des crimes en 2013. Contrairement la tendance constate au cours des huit annes prcdentes, le nombre dhomicides a connu une forte hausse dans ltat de So Paulo. On en a dnombr 3539 entre janvier et septembre, soit une augmentation de 9,7% par rapport la mme priode de 2011. Le nombre de policiers tus sest lui aussi envol: plus de 90homicides ont t enregistrs en novembre seulement. La police, les universitaires et les mdias ont attribu cette augmentation la multiplication des affrontements entre la police et la principale bande criminelle svissant dans ltat, le Premier Commando de la capitale (PCC). Les pouvoirs publics fdraux et de ltat ont annonc une initiative conjointe visant combattre la violence, place sous la direction du nouveau secrtaire dtat la Scurit publique. n Trois membres des bataillons dlite de la police militaire (ROTA) ont t arrts en mai. Ils taient

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accuss davoir excut extrajudiciairement un membre prsum du PCC lors dune opration de police mene peu auparavant dans le quartier de Penha, dans la partie est de la ville de So Paulo. Un tmoin a racont que les policiers avaient interpell lun des suspects et quils lavaient frapp puis abattu dans un vhicule de police. Cette anne encore, des policiers ont t impliqus dans des affaires de corruption et des activits criminelles. Mme si la scurit publique a t quelque peu renforce, les milices, composes dagents des forces de lordre la retraite ou toujours en exercice, continuaient de maintenir leur emprise sur les favelas de la ville de Rio de Janeiro. n En octobre, des membres de la Ligue de la justice, une milice, auraient menac de mort les propritaires de lune des socits non officielles de transport en bus de Rio de Janeiro, leur intimant de ne plus travailler dans quatre zones de la ville. Quelque 210000personnes ont ainsi t prives de transports. Ces menaces sont intervenues dans un contexte o la milice tentait de prendre le contrle des services de transport dans louest de la ville.

Le Sous-Comit pour la prvention de la torture [ONU] sest flicit du mcanisme cr par ltat de Rio de Janeiro, saluant lindpendance de ses critres de slection et de sa structure, ainsi que le mandat quil stait fix. Il craignait cependant quil ne soit pas correctement financ. Le nombre de personnes dtenues continuait de crotre. Comme il manquait plus de 200000places dans les tablissements pnitentiaires, les conditions y taient trs souvent cruelles, inhumaines et dgradantes. Dans ltat de lAmazone, les dtenus taient entasss les uns sur les autres dans des cellules nausabondes o linscurit rgnait. Les femmes et les mineurs taient incarcrs dans les mmes quartiers que les hommes, et de nombreuses informations ont fait tat de tortures, notamment de quasi-asphyxie laide dun sac plastique, de coups et de dcharges lectriques. La plupart de ces agissements taient imputs des membres de la police militaire de ltat.

Droits fonciers
Plusieurs centaines de communauts taient condamnes vivre dans des conditions dplorables car les autorits ne respectaient pas leurs droits constitutionnels la terre. Des personnes luttant pour le respect de ces droits et des dirigeants de communaut ont t menacs, agresss et tus. Les populations indignes et les communauts de quilombolas taient particulirement en danger, en raison souvent de projets de dveloppement. Un texte mis en juillet par le ministre public, lordonnance n303, a suscit lindignation des peuples indignes et de diverses ONG dans tout le pays. Il autoriserait linstallation de projets miniers et hydrolectriques ou de sites militaires sur les terres de communauts indignes sans que leur consentement libre et clair ait t pralablement obtenu. Lordonnance avait t suspendue la fin de lanne, dans lattente dune dcision de la Cour suprme. Un projet de modification constitutionnelle, qui transfrerait au Congrs la responsabilit de dlimiter les terres appartenant aux indignes et aux quilombolas, responsabilit jusqualors assume par des organismes publics, tait en cours dexamen par le Congrs. Il tait craindre que cette modification ne donne un caractre politique au processus et ne fragilise les protections garanties par la Constitution.

Torture et conditions cruelles, inhumaines et dgradantes


En juillet, le Sous-Comit pour la prvention de la torture [ONU] sest dclar proccup par lutilisation gnralise de la torture et lincapacit des autorits mener de vritables enqutes et engager des poursuites effectives. Les pouvoirs publics au niveau fdral et dans certains tats se sont mobiliss dans le cadre du Plan daction intgr visant prvenir et combattre la torture. Un projet de loi fdral portant cration dun mcanisme national de prvention, conformment aux exigences du Protocole facultatif la Convention contre la torture [ONU], figurait au cur des efforts dploys. Les organisations de dfense des droits humains taient toutefois proccupes par une modification de ce texte, qui prvoyait que seul le chef de ltat tait autoris choisir les membres du Comit national de prvention et de lutte contre la torture. Cette mesure tait perue comme une violation des dispositions du Protocole facultatif ainsi que des Principes concernant le statut et le fonctionnement des institutions nationales pour la promotion et la protection des droits de lhomme (Principes de Paris [ONU]).

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Des projets de dveloppement continuaient davoir des consquences ngatives sur les populations indignes. Des dmarches didentification et de dmarcation de leurs terres, engages de longue date, restaient au point mort. n Malgr le dpt de plusieurs recours en justice et la tenue de manifestations, la construction du barrage de Belo Monte sest poursuivie. En aot, les travaux ont t interrompus la suite dune dcision dun tribunal fdral disposant que les populations indignes navaient pas t correctement consultes. Par la suite, la dcision a toutefois t infirme par la Cour suprme. Dans ltat du Mato Grosso do Sul, des communauts guaranis-kaiows continuaient de subir des actes dintimidation, des violences et des menaces dexpulsion force de leurs terres ancestrales. n En aot, aprs stre rinstalls sur leurs terres dans ltat du Mato Grosso do Sul, les Guaranis-Kaiows dArroio-Kor ont t attaqus par des hommes arms qui ont brl les rcoltes, profr des injures et tir des coups de feu. Daprs des tmoins, un homme, Eduardo Pires, a t enlev et on ignorait toujours la fin de lanne o il se trouvait. n Sous le coup dune ordonnance dexpulsion, les habitants de Pyelito Kue/Mbarakay (tat du Mato Grosso do Sul) ont adress en octobre une lettre ouverte au gouvernement brsilien et aux autorits judiciaires pour se plaindre des conditions de quasisige dans lesquelles ils vivaient, encercls par des hommes arms et privs dun accs satisfaisant la nourriture et aux soins. En octobre, une femme de Pyelito Kue/Mbarakay a t viole plusieurs reprises par huit hommes arms, qui lont ensuite interroge sur la communaut. La semaine suivante, un tribunal a suspendu lordonnance dexpulsion dans lattente des conclusions dun rapport danthropologie qui devait identifier officiellement le territoire de Pyelito Kue/Mbarakay. Les quilombolas qui luttaient pour la reconnaissance de leurs droits constitutionnels la terre continuaient de subir des violences et des menaces dexpulsion force de la part dhommes arms la solde de propritaires fonciers. La situation demeurait grave dans ltat de Maranho, o au moins neuf communauts subissaient de violentes manuvres dintimidation et o plusieurs dizaines de dirigeants communautaires avaient reu des menaces de mort.

n En novembre, la communaut de Santa Maria dos Moreiras, dans la municipalit de Cod (tat de Maranho), a t investie par des hommes arms qui ont tir des coups de feu dans le campement. Cette attaque sinscrivait dans le cadre dactions systmatiques des propritaires terriens locaux pour chasser les membres de la communaut, actions marques notamment par la destruction de rcoltes et par des menaces de mort contre les dirigeants communautaires.

Dfenseurs des droits humains


Les dfenseurs des droits humains taient la cible de menaces et dactes dintimidation, lis directement leur action. Celles et ceux qui mettaient en cause des intrts politiques et conomiques taient particulirement exposs et peu protgs, le programme fdral de protection ntant pas correctement mis en uvre. n Nilcilene Miguel de Lima, une militante rurale vivant dans la municipalit de Lbrea (tat de lAmazone), a t menace, frappe et contrainte de fuir son logement en mai, aprs avoir dnonc lexploitation forestire illgale dans la rgion. Elle a reu une protection arme dans le cadre du Programme national de protection, mais a d quitter la rgion face la multiplication des menaces. Au moins six ouvriers agricoles ont t tus dans la rgion dans le contexte de conflits fonciers depuis 2007. n La militante cologiste Lasa Santos Sampaio, qui vit dans le campement de Praia Alta Piranheira, Nova Ipixuna (tat du Par), tait toujours menace de mort. Elle a commenc recevoir des menaces aprs le meurtre de sa sur, Maria do Esprito Santo da Silva, et de son beau-frre, Jos Cludio Ribeiro da Silva, tus en mai2011 par des tueurs gages. la fin de lanne, elle ne bnficiait toujours daucune protection, le Programme national de protection ntant pas mis en uvre. n Mag (tat de Rio de Janeiro), Alexandre Anderson de Souza, prsident de lAssociation des hommes et des femmes de la mer (AHOMAR), et son pouse, Daize Menezes, ont reu plusieurs menaces de mort. Cette association locale de pcheurs militait contre la construction dinstallations de raffinage et de ptrochimie dans la baie de Guanabara (tat de Rio de Janeiro). la fin du mois de juin, les corps dAlmir Nogueira de Amorim et de Joo Luiz Telles Penetra, tous deux pcheurs et membres actifs dAHOMAR, ont

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t retrouvs dans la baie. Ils taient morts noys aprs avoir t ligots.

Droits en matire de logement


Des projets dinfrastructures urbaines, dont un grand nombre taient lancs dans le cadre damnagements pour la Coupe du monde de football de 2014 et les Jeux olympiques de 2016, ont entran en 2012 lexpulsion force de familles de plusieurs communauts dans lensemble du pays. Les habitants ont t expulss sans avoir t pleinement informs, en temps utile, des propositions du gouvernement ayant une incidence sur leur communaut. Les autorits nont pas non plus men de vritables ngociations avec eux pour tudier toutes les alternatives lexpulsion et, au besoin, proposer une indemnisation complte ou un relogement satisfaisant proximit. Les familles ont t dplaces loin de chez elles, dans des logements inadapts o elles navaient souvent quun accs limit aux services de base et qui taient situs dans des quartiers souffrant de graves problmes de scurit. n Providncia (centre de lagglomration de Rio de Janeiro), 140habitations ont t dtruites au cours de lanne dans le cadre dun projet de rnovation urbaine dans la zone portuaire. Ce projet prvoyait la dmolition de quelque 800logements. Certains des habitants expulss ont t dplacs loin de chez eux, dans louest de Rio de Janeiro, o de nombreux quartiers sont sous le contrle des milices. Des familles vivant dans des lotissements des quartiers de Cosmos, Realengo et Campo Grande ont racont quelles avaient t menaces et harceles par des membres de ces milices. Certaines ont d quitter leur appartement sous la contrainte. n En janvier, plus de 6000personnes ont t expulses dun site appel Pinheirinho, situ So Jos dos Campos, dans ltat de So Paulo. Elles vivaient l depuis 2004. La police a utilis des chiens, du gaz lacrymogne et des balles en caoutchouc lors de lopration, qui a eu lieu alors que lordonnance dexpulsion avait t suspendue et que des ngociations taient en cours avec le gouvernement fdral pour trouver une solution permettant aux habitants de rester chez eux. Ceux-ci navaient pas t avertis et ne staient pas vu accorder suffisamment de temps pour rassembler leurs affaires. Les autorits ne leur ont pas propos de

solution de relogement satisfaisante et, la fin de lanne, la plupart vivaient dans des conditions dgradantes, dans des abris temporaires et dautres logements prcaires. Une enqute parlementaire a t lance dans la ville de So Paulo la suite du nombre lev dincendies qui ont dtruit plusieurs favelas, la plupart situes proximit de quartiers aiss. En septembre, 1100personnes se sont retrouves la rue aprs que la favela Morro do Piolho eut t rduite en cendres. En novembre, 600habitants ont perdu leur foyer dans lincendie qui a ravag la favela dAracati. Quelque 400habitants de la favela dHumait avaient subi le mme sort en juillet. Des habitants de Moinho se sont plaints davoir t empchs par la police de reconstruire leur maison aprs la destruction par le feu de plusieurs logements de la favela, en septembre.

Droits des femmes


Les droits sexuels et reproductifs des femmes continuaient dtre menacs. En mars, la Haute Cour de justice a acquitt un homme accus davoir viol trois fillettes de 12ans, au motif que celles-ci auraient t des travailleuses du sexe. Condamne aux niveaux national et international, la dcision a t annule par cette mme instance en aot.

Visites et documents dAmnesty International v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus dans ltat de
lAmazone en mars pour conduire des recherches sur les mauvais traitements en dtention.

BULGARIE
RPUBLIQUE DE BULGARIE
Chef de ltat: Gueorgui Parvanov, remplac par Rossen Plevneliev le 22janvier Chef du gouvernement: Boko Borissov Les Roms taient toujours en butte des discriminations dans divers secteurs tels que lducation, lemploi, la sant et le logement. Les conditions de dtention ne respectaient pas les normes internationales relatives aux droits humains. Les violences homophobes persistaient.

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Discrimination les Roms


En janvier, lexperte indpendante sur les questions relatives aux minorits [ONU] sest inquite de ce que les Roms demeuraient tout en bas de lchelle socioconomique dans des domaines essentiels tels que lducation, lemploi, le logement et les soins de sant. Les Roms restaient exposs aux expulsions forces. n Dans laffaire Yordanova et autres c. Bulgarie, la Cour europenne des droits de lhomme a conclu le 24avril que si les Roms qui occupaient un terrain de faon informelle Batalova Vodenitsa en taient expulss, comme prvu, cela constituerait une violation des droits de ces personnes au respect de la vie prive et de la vie familiale. La Cour a critiqu les dispositions de la loi permettant des expulsions arbitraires et sommaires. n Faisant allusion des quartiers construits et habits par des Roms, le maire de Sofia a dclar le 26juillet dans une interview accorde au journal Standard que ces habitations illgales devaient tre dmolies et que les personnes venant dautres rgions du pays devaient tre renvoyes de Sofia car elles ny avaient pas de logement ou habitaient dans des constructions non autorises. Il aurait galement indiqu que des mesures similaires avaient t prises dans les quartiers de Liouline et de Vazrajdane, et que dautres sites Sofia se verraient appliquer le mme traitement. n Dans laffaire Liliana Naidenova et consorts c. Bulgarie, le Comit des droits de lhomme [ONU] a rendu en novembre une ordonnance permanente empchant lexpulsion force de la communaut de Dobri Jeliazkov, installe dans la capitale depuis 70ans et faisant lobjet dun arrt dexpulsion excutable en juillet2011. Le Comit a ordonn aux autorits de ne pas expulser cette communaut avant quune solution de relogement satisfaisante nait t trouve. n Dans un arrt rendu en octobre dans laffaire Yotova c. Bulgarie, la Cour europenne des droits de lhomme a estim que, en sabstenant de mener une enqute effective sur la tentative de meurtre dont avait t victime une Rom en 1999, la Bulgarie avait enfreint les droits la vie et la non-discrimination de la victime, qui souffrait dun grave handicap depuis son agression. Les autorits, conscientes pourtant de lexistence de tensions ethniques Aglen, le village o vivait la victime, nont pas non plus cherch savoir si ce crime avait t motiv par des considrations racistes et ethniques.

Torture et autres mauvais traitements


En dcembre, le Comit europen pour la prvention de la torture [Conseil de lEurope] a critiqu les conditions de dtention dans les prisons bulgares et les mauvais traitements qui y taient signals. n Dans un arrt rendu en janvier dans laffaire Shahanov c. Bulgarie, la Cour europenne des droits de lhomme a considr quun dtenu emprisonn pendant sept ans Varna avait subi un traitement inhumain et dgradant du fait de linsuffisance des installations sanitaires dans la prison. n En janvier, dans laffaire Stanev c. Bulgarie, la Cour europenne des droits de lhomme a conclu que la Bulgarie avait viol six articles de la Convention europenne des droits de lhomme, notamment ceux protgeant les droits la libert, la scurit et un procs quitable et interdisant la torture et les traitements inhumains et dgradants. Il sagissait du cas dun homme intern dans un tablissement psychiatrique et contraint de vivre dans des conditions inhumaines depuis 2002.

Rfugis et demandeurs dasile


Les demandeurs dasile continuaient de se heurter des obstacles lorsquils tentaient dobtenir une protection internationale. n En mai, la Cour europenne des droits de lhomme a jug que la Bulgarie avait viol le droit un recours effectif dun Iranien, Mohammad Madah, et quelle violerait son droit la vie familiale si elle le renvoyait en Iran. La Cour a constat que larrt dexpulsion pris son encontre en 2005 reposait sur une dclaration figurant dans un document interne du Service national de la scurit. Mohammad Madah y tait accus de participer des activits de trafic de stupfiants pour financer une organisation terroriste, et prsent comme une menace pour la scurit nationale. La Cour a estim que le requrant et sa famille ne staient pas vu accorder les garanties minimales contre une expulsion arbitraire. n Alors que cet homme a t reconnu rfugi dans un autre tat membre de lUnion europenne, la cour dappel de Veliko Tarnovo a autoris, le 11septembre, lextradition de Mukhad Gadamouri vers la Russie, o il est accus de terrorisme, de trafic darmes et dappartenance un groupe arm. Lextradition navait pas eu lieu la fin de lanne. Mukhad Gadamouri a saisi la Cour europenne des droits de lhomme, qui a ordonn une mesure conservatoire suspendant lextradition dans lattente de lexamen de son affaire.

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Droits des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres ou intersexues (LGBTI)
On notait une persistance des dclarations publiques et des actes de violence caractre homophobe. Le droit bulgare nrigeait pas en infraction les crimes de haine motivs par lorientation sexuelle ou lidentit de genre. n La cinquime Gay Pride de Sofia sest droule sans incident le 30juin, malgr les appels la violence lancs par des opposants cet vnement contre ses participants et ses sympathisants, et malgr les propos discriminatoires tenus par lglise orthodoxe bulgare et le Saint-Synode. LUnion nationale bulgare, parti dextrme droite, avait organis une contremanifestation quelques heures avant la Gay Pride. n En dcembre, quatre ans aprs le meurtre de Mihal Stoanov et alors que lenqute avait pris fin plusieurs mois plus tt, deux suspects ont t inculps dhomicide volontaire. Mihal Stoanov, tudiant en mdecine g de 25ans, avait t tu Sofia dans le parc Borisova. Les deux suspects appartenaient semble-t-il un groupe qui prtendait dbarrasser le parc des homosexuels.

dans le nord du Burkina Faso. Elles taient accueillies dans des camps o les produits de premire ncessit et les soins de sant taient insuffisants.

Torture et autres mauvais traitements


En janvier, Moumouni Isaac Zongo et Oussni Compaor, arrts pour vol, ont t maltraits par des membres de la brigade anticriminalit de la Police nationale, Boulmiougou. En fvrier, des gardes du corps de Jrme Traor, le ministre de la Justice et de la Promotion des droits humains, ont maltrait un mcanicien aprs une altercation. Le ministre a t limog quelques jours plus tard.

Droit la sant mortalit maternelle


La sant maternelle et infantile est demeure une priorit du gouvernement, qui a travaill avec des organisations de la socit civile afin dvaluer la faisabilit de mesures permettant damliorer laccs aux services pour les enfants de moins de cinq ans et, dans une certaine mesure, pour les femmes. Aucune avance relle na toutefois t constate, ni en termes de qualit des services de sant maternelle, ni dans laccs au planning familial ou aux services de sant en matire de procration.

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus en Bulgarie en
mars et en juin. 4 Bulgarie. Changer les lois pour changer les mentalits. Combattre les crimes homophobes et transphobes en Bulgarie (EUR15/001/2012).

Impunit
En juin, le Parlement a vot une loi damnistie consacrant limpunit du chef de ltat.

Visites et documents dAmnesty International

BURKINA FASO
BURKINA FASO
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Blaise Compaor Luc-Adolphe Tiao Des manifestations et des affrontements ont eu lieu dans les mois prcdant les lections lgislatives et municipales de dcembre, dans un contexte marqu par les tentatives du parti prsidentiel pour modifier la Constitution et permettre au prsident Compaor de briguer un nouveau mandat. Fuyant la crise au Mali, quelque 100000personnes se sont rfugies

4 Burkina Faso. La comptence universelle pour mettre fin limpunit (AFR60/001/2012).

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BURUNDI
RPUBLIQUE DU BURUNDI
Chef de ltat et du gouvernement: Pierre Nkurunziza Limpunit continuait de rgner dans le pays et les excutions extrajudiciaires commises les annes prcdentes ne faisaient pas systmatiquement lobjet denqutes et de poursuites approfondies. Les signes encourageants laissant esprer que le gouvernement pourrait crer en 2012 une commission de vrit et de rconciliation se sont estomps au fil des mois. Les dfenseurs des droits humains et les journalistes taient en butte la rpression en raison de leurs activits.

enqutes judiciaires avaient t ouvertes concernant certains cas signals par les organisations de dfense des droits humains. la suite de la publication du rapport, deux policiers, un commandant de larme, un administrateur local et plusieurs Imbonerakure (membres de la ligue de jeunesse du parti au pouvoir) ont t arrts; aucun deux na cependant t jug. Les proccupations quant au fait que tous les auteurs prsums de ces actes navaient pas t amens rendre des comptes persistaient.

Vrit et rconciliation
Aucun progrs na t fait pour enquter et tablir la vrit sur les graves violations des droits humains commises entre 1962 et 2008. Un projet de loi rvis portant cration dune commission vrit et rconciliation (CVR) a t soumis au Parlement mais na pas t discut. Ce texte laissait ouverte la possibilit damnisties, y compris pour les personnes accuses de gnocide, de crimes contre lhumanit, de crimes de guerre, dactes de torture, de disparitions forces et dexcutions extrajudiciaires. Il ne prvoyait pas que le tribunal spcial, mcanisme judiciaire cens prendre le relais de la CVR, soit dot dun procureur indpendant habilit enquter et engager des poursuites aussi bien sur les affaires transmises par la CVR que sur de nouvelles affaires.

Contexte
Le parti au pouvoir, le Conseil national pour la dfense de la dmocratie Forces pour la dfense de la dmocratie (CNDD-FDD), a pu gouverner sans tre confront une relle opposition. Aucun dialogue vritable na t engag entre ce parti et lADC-Ikibiri, une coalition regroupant des formations dopposition qui staient retires des lections en 2010. En raction laugmentation du cot de la vie, la socit civile burundaise a organis une campagne nationale pour demander au gouvernement de rendre des comptes sur sa politique conomique.

Impunit
Les observateurs des droits humains des Nations unies ont eu connaissance de 30excutions extrajudiciaires en 2012, un chiffre en baisse par rapport ceux de 2010 et 2011. Au total, 101excutions extrajudiciaires avaient t recenses durant ces deux annes. La plupart des homicides perptrs en 2012 ne semblaient pas avoir t motivs par des considrations politiques. Limpunit est toutefois reste la norme. Une commission denqute a t mise en place par le procureur gnral en juin pour enquter sur les possibles excutions extrajudiciaires et actes de torture signals par lONU et par des organisations burundaises et internationales de dfense des droits humains. Dans son rapport, rendu public en aot, la commission reconnaissait que des homicides avaient t commis mais niait quil sagissait dexcutions extrajudiciaires. Elle indiquait toutefois que des

Justice
Le recrutement des juges par le ministre de la Justice ne se droulait pas de manire publique et transparente, laissant la porte ouverte aux accusations de corruption et de parti pris politique. Le ministre de la Justice est tenu par la loi dorganiser un concours de slection des candidats. Le systme judiciaire demeurait fragile et politis et certains responsables prsums datteintes aux droits humains nont pas t dfrs la justice par les autorits burundaises. n Le procs des assassins prsums du militant anticorruption Ernest Manirumva, tu en 2009, sest achev sans que justice soit rendue. Le parquet na pas tenu compte des recommandations du Bureau fdral denqutes (FBI) des tats-Unis, qui demandait que de hauts responsables des services de police et du renseignement cits par des tmoins soient interrogs et soumis des analyses ADN. Laffaire tait en instance devant la cour dappel de Bujumbura la fin de lanne.

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Amnesty International - Rapport 2013

Libert dexpression journalistes et dfenseurs des droits humains


Des journalistes et des dfenseurs des droits humains ont indiqu avoir t la cible de mesures dintimidation et de harclement de la part des autorits. n En fvrier, Faustin Ndikumana, prsident de lorganisation Parole et action pour le rveil des consciences et lvolution des mentalits, a pass deux semaines en dtention pour le seul fait davoir exerc son droit la libert dexpression. Il a ensuite t remis en libert sous caution. Aprs avoir crit au ministre de la Justice pour lui demander denquter sur la corruption dans le processus de recrutement des juges, et de mettre fin ces pratiques, il avait fait publiquement des commentaires ladresse des mdias. En juillet, la Cour anticorruption la dclar coupable de fausses dclarations et la condamn une peine de cinq ans demprisonnement et une amende de 500000francs burundais (environ 333dollars des tats-Unis). La dcision navait pas t applique la fin de lanne. Certains projets lgislatifs pourraient, sils taient adopts en ltat, menacer la libert dexpression et dassociation. Ainsi, un projet de loi sur les manifestations et les rassemblements publics permettrait aux autorits duser de moyens disproportionns pour dissoudre de telles runions. Un projet portant rvision de la loi sur la presse prvoyait de nouvelles dispositions contraignant les journalistes rvler leurs sources dans certaines circonstances, ainsi quune augmentation du nombre des infractions pouvant tre qualifies de dlits de presse, une rglementation excessive de la presse et des amendes exorbitantes pour les journalistes qui violeraient les dispositions de la loi et du Code pnal.

et plus, les mineurs de moins de 18ans nayant pas encore t jugs et les malades en phase terminale. Toutes les autres peines demprisonnement ont t rduites de moiti. En avril, il y avait au Burundi 10567personnes incarcres dans 11prisons, dune capacit totale de seulement 4050places. Findcembre, le nombre de dtenus tait descendu 6581personnes.

Visites et documents dAmnesty International


mois de mai.

v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus au Burundi au


4 Burundi. Demandez la libration dun militant. Faustin Ndikumana (AFR16/001/2012). 4 Burundi. Un militant libr. Faustin Ndikumana (AFR16/002/2012). 4 Burundi. Lheure du changement: le point sur les droits humains. janvier-fvrier 2013 (AFR16/003/2012). militant (PRE01/262/2012). Communication prsente lExamen priodique universel de lONU de 4 Burundi. Justice na pas t rendue lissue du procs du meurtre dun

CAMBODGE
ROYAUME DU CAMBODGE
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Norodom Sihamoni Hun Sen Le respect de la libert dexpression, dassociation et de runion sest encore affaibli. Les autorits ont multipli les recours une force excessive contre des manifestants pacifiques. Des dfenseurs des droits humains ont t en butte des menaces, des manuvres de harclement, des poursuites judiciaires et des violences. Les expulsions forces, les litiges fonciers et les spoliations de terres se sont poursuivis, touchant des milliers de personnes. Des cas dhomicide ou dusage darmes feu nont donn lieu aucune enqute ou ont fait lobjet denqutes entaches dirrgularits; limpunit des auteurs de violations des droits humains et labsence dindpendance de la justice restaient deux problmes majeurs. Certaines instructions menes par les Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens (CETC) pitinaient, dans un

Conditions carcrales
Les dtenus vivaient dans des conditions extrmement insalubres. Plusieurs milliers dentre eux se trouvaient en dtention provisoire. Le prsident Nkurunziza a promulgu le 25juin un dcret de grce pour certaines catgories de dtenus: ceux purgeant une peine infrieure ou gale cinq ans demprisonnement ( lexception des personnes condamnes pour viol, vol main arme ou en bande organise, dtention illgale darmes feu ou atteinte la sret de ltat), les femmes enceintes ou allaitantes, les dtenus gs de 60ans

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contexte marqu par la persistance dallgations concernant des ingrences du gouvernement.

Contexte
Le Parti du peuple cambodgien, au pouvoir, a remport la majorit des siges aux lections municipales de juin. Dans la perspective des lections nationales de juillet 2013, deux partis dopposition ont fusionn et cr le Parti national pour le sauvetage du Cambodge. Son dirigeant, Sam Rainsy, restait toutefois exil ltranger pour ne pas avoir purger une peine demprisonnement prononce contre lui pour des motifs politiques. Le rapporteur spcial des Nations unies sur la situation des droits de lhomme au Cambodge a rendu publics deux rapports trs critiques la suite de sa visite dans le pays en mai: lun sur le systme lectoral, lautre sur limpact des concessions foncires conomiques sur les droits fondamentaux des populations concernes. Sur fond de critiques pointant des manquements aux normes internationales, le Cambodge a assur la prsidence de lANASE, qui a adopt cette anne une Dclaration des droits humains. Le roi-pre Norodom Sihanouk est mort en octobre lge de 89ans.

n En dcembre, les condamnations 20ans demprisonnement de Born Samnang et Sok Sam Oeun ont t confirmes en appel. Les deux hommes avaient t dclars coupables tort de lassassinat, en 2004, du dirigeant syndicaliste Chea Vichea, malgr le manque de preuves et malgr des alibis crdibles. Les assassins de Chea Vichea taient toujours en libert. n Chut Wutty, militant cologiste bien connu et directeur du Groupe de protection des ressources naturelles, une ONG locale luttant contre la dforestation dans le pays, a t abattu en avril, dans la province de Koh Kong, par un membre de la police militaire. Lagent qui laurait tu a lui aussi trouv la mort lors de lopration. Lenqute des autorits et linformation judiciaire ouverte par la suite ont t entaches dirrgularits. En octobre, le tribunal de la province de Koh Kong a rendu un non-lieu dans cette affaire.

Libert dexpression dfenseurs des droits humains


Les autorits ont harcel et menac darrestation ou daction en justice les dfenseurs des droits humains et les membres de communauts locales qui sopposaient des expulsions forces. Des personnes travaillant pour lAssociation pour les droits humains et le dveloppement au Cambodge et le Centre cambodgien pour les droits de lhomme, ainsi quun reporter de Radio Free Asia, ont t cits comparatre devant la justice aprs avoir men leurs activits lgitimes sur plusieurs affaires de conflit foncier. En mars et en novembre, les autorits ont eu recours des manuvres dintimidation et de harclement pour empcher des associations et des rseaux de la socit civile, notamment des ONG locales et rgionales, de tenir, en marge des sommets de lANASE, des ateliers et dautres manifestations sur plusieurs thmes lis aux droits humains. n En mai, 13habitantes des rives du lac Boeung Kak, Phnom Penh, ont t arrtes et condamnes deux ans et demi demprisonnement lissue dun procs sommaire. Ces femmes avaient particip une manifestation pacifique de soutien 18familles dont les maisons avaient t dtruites lors dexpulsions forces. Inculpes doccupation illgale de terrains publics et dobstruction laction des pouvoirs publics avec circonstances aggravantes, elles ont t remises en libert en juin lissue de leur jugement en appel, leurs peines ayant t assorties du sursis. Une autre

Utilisation excessive de la force


Les autorits ont rpondu avec une violence accrue aux mouvements de protestation organiss par des communauts locales (pour des questions foncires et relatives aux droits en matire de logement) dune part, et dautre part par des militants syndicaux. En janvier, des membres des forces de scurit ont ouvert le feu sur des manifestants pacifiques dans la province de Kratie, blessant quatre personnes. En fvrier, le gouverneur de la ville de Bavet, dans la province de Svay Rieng, a bless trois femmes par balles lors dune manifestation organise pour protester contre les conditions de travail. Dans la province de Kratie, une adolescente de 14ans a t tue en mai lors de lopration dexpulsion force mene par les forces de scurit contre 600familles de son village. En juillet, un syndicaliste a t frapp et arrt par des policiers aprs quun groupe de travailleurs eut remis une ptition au Premier ministre. Aucun de ces faits na fait lobjet dune enqute approprie. Les agressions de dfenseurs des droits humains restaient gnralement impunies.

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militante, Yorm Bopha, a t condamne en dcembre trois annes demprisonnement sur la base daccusations forges de toutes pices. n Le journaliste bien connu Mam Sonando a t condamn en octobre 20annes demprisonnement pour activits hostiles ltat. g de 71ans, ce dtracteur du gouvernement a notamment t dclar coupable dincitation linsurrection dans la province de Kratie. Il sagissait, estime-t-on, dun procs politique; aucun lment de preuve pouvant venir lappui dune condamnation na dailleurs t prsent durant la procdure. Amnesty International le considrait comme un prisonnier dopinion.

Justice internationale
Linstruction pitinait dans les affaires003 et 004 portes devant les Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens (CETC), sur fond dallgations dingrence du gouvernement. En janvier, le Conseil suprme de la magistrature a rejet la nomination du juge supplant Laurent KasperAnsermet au poste de co-juge dinstruction international. Le magistrat, qui avait t dsign par lONU, a prsent sa dmission avec effet dbut mai, en voquant des manuvres dobstruction de la part de son homologue cambodgien. Le juge amricain Mark Harmon la remplac en octobre. Aucun progrs dans lavancement des deux dossiers na toutefois t signal. En raison de problmes de financement, le nombre de journes daudience dans laffaire002 a t rduit trois par semaine. Ieng Thirith, lune des quatre hauts dirigeants khmers rouges mis en cause dans laffaire002, a t dclare inapte tre juge. Elle a t libre en septembre et remise aux soins de sa famille. Elle souffrait, croyait-on savoir, de la maladie dAlzheimer. n En fvrier, la Chambre de la Cour suprme des CETC a confirm la condamnation de Kaing Guek Euv, alias Duch, pour crimes de guerre et crimes contre lhumanit, et port la rclusion perptuit la peine de 35ans demprisonnement prononce contre lui en premire instance. La Cour a en outre annul une dcision accordant une rparation cet ancien directeur de prison pour ses huit annes de dtention illgale aux mains dun tribunal militaire cambodgien.

Expulsions forces
Les conflits lis la terre se sont poursuivis. Les expulsions forces, les litiges fonciers et les spoliations de terres ont touch des milliers de personnes et provoqu de plus en plus de protestations. Le gouvernement a annonc en mai un moratoire sur loctroi de concessions foncires conomiques (CFE), ainsi quune rvision des concessions existantes qui devait permettre de vrifier quelles taient conformes la rglementation en vigueur. Plusieurs CFE ont t dlivres aprs cette annonce. En juin, le Premier ministre a lanc un projet prvoyant loctroi de titres fonciers des personnes vivant dans les forts dtat, ainsi que des concessions foncires conomiques et autres. Des milliers dtudiants bnvoles ont t chargs de faire des relevs sur le terrain et de collecter des informations sur loccupation des terres. n En janvier, les habitations de quelque 300familles de Borei Keila, dans le centre de Phnom Penh, ont t dtruites par les ouvriers dune entreprise de construction lors dune violente opration dexpulsion force. Les forces de scurit ont utilis contre les habitants des gaz lacrymognes et des balles en caoutchouc. Des pierres, des rondins de bois et des bouteilles ont t lancs pendant les affrontements. Plus de 64personnes auraient t blesses et huit ont t arrtes. Les personnes expulses ont t emmenes dans deux sites lextrieur de la capitale o elles ne disposaient pas dinstallations sanitaires adaptes et o elles ne pouvaient pas trouver un logement dcent ni un travail. Environ 125familles ont refus de partir et sont demeures prs de leurs anciennes habitations. Elles vivaient dans des conditions misrables.

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus au Cambodge de
fvrier avril, en aot-septembre et en novembre-dcembre. 4 Cambodia: Imprisoned for speaking out: Update on Phnom Penhs Boeung Kak Lake (ASA23/010/2012). 4 Cambodge. Les dirigeants mondiaux prsents aux sommets asiatiques doivent pousser le Cambodge agir contre les violations des droits humains (ASA23/019/2012). 4 Cambodge. La condamnation de plusieurs militants illustre le piteux tat de la justice (PRE01/633/2012).

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CAMEROUN
RPUBLIQUE DU CAMEROUN
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Paul Biya Philmon Yang Comme les annes prcdentes, les autorits ont continu de restreindre les activits des opposants politiques et des journalistes. Des personnes souponnes de relations homosexuelles ont t arrtes, et certaines ont t condamnes des peines demprisonnement. Les dfenseurs des droits des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres ou intersexues (LGBTI) ont fait lobjet de harclement et de mauvais traitements. Les autorits nont pris aucune mesure pour les protger contre ces agressions. Dans certaines prisons, les conditions carcrales taient prouvantes et elles mettaient parfois mme en danger la vie des dtenus.

Contexte
En novembre, le prsident Paul Biya a clbr le 30e anniversaire de son accession au pouvoir. cette occasion, des dfils de protestation ont t organiss par des groupes dopposition. Ces manifestations ont t disperses par la police antimeutes. La corruption demeurait endmique et les efforts entrepris par le gouvernement pour lutter contre ce flau nont eu quune porte limite. En septembre, un ancien ministre a t condamn 25ans de prison pour avoir dtourn 29millions de dollars des tats-Unis de fonds publics. En septembre, Amnesty International a transmis au gouvernement un mmorandum exposant ses nombreuses proccupations en matire de droits humains.

Harclement des opposants politiques


Les autorits ont continu dutiliser la justice pnale pour harceler et rduire au silence des groupes de lopposition politique. n Le procs de plusieurs dizaines de membres du Conseil national du Cameroun mridional (SCNC), arrts en 2008 et inculps de tenue de runions illgales et de dfaut de prsentation de carte didentit, navait toujours pas eu lieu la fin de lanne. Les prvenus staient dj prsents plus de

30fois au tribunal mais le procs avait chaque fois t report au motif que la partie poursuivante navait pas prsent de tmoin ou que des fonctionnaires de justice, y compris les juges prsidant le tribunal, taient absents. n Trois membres du SCNC Felix Ngalim, Ebeneza Akwanga et Makam Adamu ont t arrts en avril et inculps de scession et de rvolution, des infractions prvues par le Code pnal, propos de leur appartenance au SCNC et de leurs activits dans le cadre de ce parti. En mai, Felix Ngalim, qui tait incarcr la prison de Kondengui Yaound, aurait t emmen par des membres de la police charge de la surveillance du territoire dans les bureaux de ces derniers, galement Yaound, qui lauraient ensuite frapp coups de matraque, lui infligeant semble-t-il des blessures la plante des pieds, aux jambes et sur dautres parties du corps. Felix Ngalim a ensuite t transfr la prison centrale de Bamenda, la capitale de la province du Nord-Ouest, le 28mai. Il a comparu devant la haute cour de Bamenda les 5et 17juin, puis nouveau le 3juillet. chaque fois, le tribunal a report laudience au motif que les tmoins charge ntaient pas en mesure de comparatre. Ebeneza Akwanga se serait vad de la prison de Kondengui et aurait quitt le Cameroun en mai. Felix Ngalim a bnfici dune mise en libert provisoire le 4dcembre; la fin de lanne il attendait toujours son procs. n En dcembre, Dieudonn Enoh Meyomesse, un crivain critique lgard du prsident Paul Biya, a t dclar coupable de vol main arme et condamn sept ans de prison lissue dun procs inquitable qui sest droul devant un tribunal militaire de Yaound. Il tait considr comme un prisonnier dopinion. Dieudonn Enoh Meyomesse et plusieurs de ses coaccuss, galement condamns des peines allant de deux neuf ans demprisonnement, avaient t arrts en novembre 2011. Des personnes critiques envers le gouvernement se sont dclares proccupes par le fait que certaines poursuites pour corruption visaient des gens ayant exprim leur dsaccord avec le gouvernement. n Titus Edzoa et Michel Thierry Atangana, qui auraient d finir de purger cette anne leur peine de 15ans demprisonnement pour corruption, ont t jugs sur la base de nouvelles accusations et condamns 20ans de prison en octobre. Comme lors de leur premier procs en 1997, ils ont t jugs en 2012 au cours dun

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Amnesty International - Rapport 2013

procs inquitable, apparemment motiv par des considrations politiques. n Paul Eric Kingu, emprisonn pour sa participation prsume aux meutes de fvrier 2008 et pour corruption, a t condamn en fvrier, lissue de procs inquitables, la rclusion perptuit pour corruption. La cour dappel qui examinait son recours a annul le jugement, mais la condamn en novembre une peine de 10ans de prison lissue dun nouveau procs.

procs pour coaction de dtention sans autorisation dun document confidentiel et coaction de commentaires tendancieux. Les charges retenues contre eux taient apparemment motives par des considrations politiques. Les quatre hommes avaient t arrts aprs avoir critiqu une initiative gouvernementale de lutte contre la corruption. Leur interpellation faisait suite celle de deux journalistes de presse au cours dun dbat tlvis.

Dfenseurs des droits humains


Des dfenseurs des droits humains et des membres de leurs familles ont reu des menaces de mort ou ont t pris pour cible par des personnes qui, selon eux, taient des agents ou des sympathisants du gouvernement. n Le 27mars, des reprsentants de ltat ont empch des militants LGBTI dorganiser Yaound un atelier sur les droits des minorits sexuelles financ par lUnion europenne. Cette intervention faisait suite linterruption violente de latelier par des membres du Rassemblement de la jeunesse camerounaise, un groupe se prsentant lui-mme comme hostile aux personnes LGBTI. Un peu plus tt, Stphane Koche, lorganisateur de latelier, avait t arrt et maintenu en dtention pendant plusieurs heures par des membres des forces de scurit. n En janvier, la militante des droits humains Maximilienne Ngo Mbe a t menace de viol par des hommes qui ont affirm appartenir aux forces de scurit. Sa nice a t enleve et viole par des hommes qui lui ont dit sen prendre elle en raison des activits menes par sa tante contre le gouvernement. n Les avocats Michel Togue et Alice Nkom ont t menacs de violences pour avoir reprsent des personnes accuses de relations homosexuelles. Des membres de leurs familles ont galement fait lobjet de menaces. Les autorits nont pas condamn ces menaces ni offert une quelconque protection aux victimes.

Droits des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres ou intersexues
Cette anne encore, des personnes ont t victimes de violences, darrestations et de dtentions arbitraires ainsi que dautres violations des droits humains en raison de leur orientation sexuelle, relle ou prsume. Les autorits nont pas protg les personnes qui ont fait lobjet dagressions ou dautres formes de mauvais traitements de la part dacteurs non tatiques. n Franky Ndome Ndome qui, avec Jonas Nsinga Kimie, purgeait une peine de cinq ans de prison pour homosexualit, a t rou de coups et soumis dautres mauvais traitements par des gardiens de la prison de Kondengui. Les deux hommes ont galement t brutaliss plusieurs reprises par des codtenus. Les autorits nont pris aucune mesure contre les responsables de ces agressions ou pour protger les victimes. n Trois femmes Martine Solange Abessolo, Esther Aboa Belinga et Lonie Marie Djula ont t arrtes le 14fvrier dans la ville dAmbam, dans la province du Sud. Elles ont t accuses dtre lesbiennes parce que le mari de Lonie Djula aurait signal aux autorits que son pouse avait t incite par les deux autres femmes avoir des relations sexuelles avec elles. Martine Abessolo et Esther Belinga ont t juges par le tribunal de premire instance dAmbam pour relations homosexuelles et pour diffamation envers Lonie Djula. Elles ont t remises en libert provisoire le 20fvrier et ont dpos un recours en appel concernant des irrgularits lors de leur arrestation. La cour dappel dEbolowa ne stait pas encore prononce la fin de lanne. n Le 17dcembre, la condamnation pour homosexualit prononce en 2011 contre Jean-Claude Roger Mbede a t confirme en appel. Il avait t condamn trois ans de prison.

Libert dexpression journalistes


Plusieurs journalistes ont fait lobjet de poursuites au cours de lanne. n Alex Gustave Azebaze, Thierry Ngogang et Anani Rabier Bindji, journalistes de tlvision, ainsi que Manass Aboya, enseignant luniversit, qui avaient t arrts en juin 2008, attendaient toujours leur

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Conditions carcrales
Dans les deux plus grandes prisons du Cameroun, situes Yaound et Douala, les conditions dincarcration taient dplorables et constituaient un traitement cruel, inhumain ou dgradant; dans certains cas elles mettaient mme en danger la vie des dtenus. Les prisonniers atteints de troubles mentaux ne bnficiaient pas de soins psychiatriques. la fin de lanne, ces deux prisons comptaient un nombre de dtenus cinq fois suprieur leur capacit daccueil.

Peine de mort
C
Daprs des informations officielles, dbut 2012 le pays comptait 102dtenus condamns la peine capitale. La Commission nationale des droits de lhomme et des liberts a recommand au gouvernement dabolir la peine de mort.

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus au Cameroun en
dcembre. 4 Cameroun. Peu de progrs en matire de droits humains malgr les promesses. Informations soumises par Amnesty International pour lExamen priodique universel de lONU en avril-mai 2013 (AFR17/002/2012).

CANADA
CANADA
Chef de ltat: Elizabeth II, reprsente par David Johnston Chef du gouvernement: Stephen Harper Les peuples autochtones taient confronts des violations persistantes et systmatiques de leurs droits. Les rformes du droit relatif limmigration et aux rfugis ntaient pas conformes aux normes internationales relatives aux droits humains.

Britannique. Le projet controvers Northern Gateway traverserait des terres ancestrales de dizaines de communauts des Premires nations ou passerait proximit de ces terres. Un grand nombre de communauts ont fait part publiquement de leur opposition ce projet. En fvrier, le gouvernement fdral a reconnu devant le Comit pour llimination de la discrimination raciale [ONU] que la Dclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones pouvait tre invoque lors de linterprtation du droit canadien, mais na pris aucune mesure pour chercher appliquer ce texte en coopration avec les peuples autochtones. Le gouvernement a adopt en fvrier la Loi sur la salubrit de leau potable des Premires nations. Les textes dapplication ne prvoient cependant pas laffectation de ressources supplmentaires aux systmes dalimentation en eau des communauts des Premires nations. En avril, la Cour fdrale a infirm une dcision rendue en 2011 par le Tribunal canadien des droits de la personne. Celui-ci avait rejet une plainte pour discrimination relative la disparit entre les sommes alloues par ltat pour la protection de lenfance dans les communauts des Premires nations et celles alloues aux populations majoritairement non autochtones. la fin de lanne, laffaire tait en instance devant la Cour dappel fdrale. Des modifications apportes en 2012 la lgislation ont considrablement limit le processus fdral dvaluation environnementale. Or, selon le gouvernement lui-mme, cette valuation tait indispensable la ralisation de ses obligations constitutionnelles envers les populations autochtones.

Droits des femmes


Deux organes de lONU, le Comit pour llimination de la discrimination raciale et le Comit contre la torture, ont demand au Canada, respectivement en fvrier et en juin, dlaborer un plan daction national pour combattre la violence visant les femmes autochtones. Le gouvernement fdral na pris aucune mesure en ce sens. En octobre a t diffuse une vido montrant les mauvais traitements subis par Ashley Smith alors quelle se trouvait en dtention. La jeune fille de 19ans est morte dans une prison de lOntario en 2007. Les causes de sa mort faisaient lobjet dune enqute dun coroner [officier de justice charg de

Droits des peuples autochtones


En janvier, une commission dexamen dsigne par le gouvernement a tenu ses premires audiences sur le projet de construction dun pipeline reliant les sables bitumineux de lAlberta la cte de la Colombie-

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faire une enqute en cas de mort violente, subite ou suspecte] la fin de lanne. Le rapport faisant suite lenqute ouverte en Colombie-Britannique sur la manire dont la police a trait des affaires de disparition et de meurtre de femmes (dont beaucoup taient autochtones) a t rendu public. Amnesty International et dautres organisations ont dnonc en dcembre le fait que lon ne se soit pas assur de la participation pleine et effective lenqute des populations concernes.

Lutte contre le terrorisme et scurit


En juin, la Commission dexamen des plaintes concernant la police militaire (CPPM) a rendu public un rapport qui, tout en blanchissant les policiers militaires, attirait lattention sur les dfaillances systmatiques des procdures de transfert de prisonniers aux autorits afghanes en Afghanistan. Des consignes ministrielles datant de 2011 ont t rendues publiques en aot. Elles enjoignaient la Gendarmerie royale et lAgence des services frontaliers du Canada, dans les affaires o la sret publique tait gravement menace, dexploiter les renseignements communiqus par des organismes trangers et susceptibles davoir t obtenus sous la torture, ainsi que de partager des informations avec des gouvernements trangers, mme si ceci induisait un risque substantiel de torture. Omar Khadr, un citoyen canadien arrt par larme amricaine en Afghanistan en 2002 (il tait alors g de 15ans) et dtenu Guantnamo depuis, a t transfr dans une prison canadienne en septembre. Aux termes dun accord sur sa peine conclu en 2011, il pouvait prtendre ce transfert depuis 11mois.

Toujours en juin, le gouvernement a considrablement rduit le budget assign au Programme fdral de sant intrimaire pour les rfugis. Cette rduction budgtaire sest traduite par toute une srie de restrictions, parmi lesquelles limpossibilit pour les demandeurs dasile provenant de pays dorigine dsigns comme srs de se faire soigner sauf sils constituent un risque pour la sant dautrui. n Kimberly Rivera a t expulse en septembre vers les tats-Unis, o elle a t arrte. Aprs avoir dsert larme amricaine pour des raisons de conscience, cette femme avait fait une demande de statut de rfugi au Canada. Sa requte a t rejete. la fin de lanne, elle tait incarcre la base amricaine de Fort Carson, dans lattente de sa comparution devant un tribunal militaire.

Police et forces de scurit


En rponse aux manifestations massives dtudiants dans la province du Qubec, une loi dexception limitant la libert dexpression et de runion a t adopte en mai. Elle a t suspendue en septembre, la suite dun changement de gouvernement. Les autorits nont pas donn suite aux demandes denqute publique sur les violences policires lors des manifestations. Le Bureau du directeur indpendant de lexamen de la police de lOntario a recommand en mai que soit engage une procdure disciplinaire contre 36policiers. Cette procdure concernait des infractions commises lors des oprations de maintien de lordre durant les manifestations organises en marge du sommet du G20 Toronto, en 2010. Les audiences disciplinaires et lexamen des recours forms par les policiers accuss se poursuivaient la fin de lanne.

Rfugis et demandeurs dasile


Une loi prvoyant la dtention systmatique des demandeurs dasile arrivant illgalement au Canada a t adopte en juin. Le texte supprimait en outre la possibilit dun recours auprs de la Section dappel des rfugis pour ces personnes et pour les ressortissants de pays dsigns comme srs. En juin, le gouvernement a dpos un projet de loi privant un grand nombre de rsidents permanents possdant un casier judiciaire de la possibilit de faire appel dune mesure de renvoi ou de faire valoir des considrations dordre humanitaire lorsquils sont viss par une telle mesure.

Responsabilit des entreprises


Un rapport obligatoire sur limpact en matire de droits humains de lAccord de libre-change CanadaColombie, entr en vigueur en aot2011, a t rendu public en mai. Le gouvernement a dclar quil tait trop tt pour procder cette valuation. En novembre, la Cour suprme a refus dexaminer lappel interjet dans une affaire visant une socit minire canadienne, accuse davoir commis des atteintes aux droits humains en Rpublique dmocratique du Congo. Il avait t estim en

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premire instance que cette affaire ne relevait pas de la comptence du Canada.

Visites et documents dAmnesty International


4 Canada. Rsum des recommandations dAmnesty International dans sa synthse au Comit des Nations unies pour llimination de la discrimination raciale. 80e session, fvrier 2012 (AMR20/003/2012). 4 Canada: Briefing to the UN Committee against Torture, 48th Session (AMR20/004/2012). 4 Canada: Briefing to the UN Committee on the Rights of the Child: 61st Session (AMR20/006/2012).

conomiques. Les policiers ont utilis du gaz lacrymogne, des balles en caoutchouc et des canons eau pour disperser les manifestants. Plusieurs personnes ont t blesses. Les violations des droits humains violences sexuelles contre les femmes et les filles, notamment qui auraient t commises par des policiers au cours des manifestations tudiantes organises dans lensemble du pays en 2011 et 2012 restaient largement impunies la fin de lanne.

Discrimination
La loi anti-discrimination est entre en vigueur en juillet. Elle interdit la discrimination fonde sur la couleur de la peau, lorigine ethnique, lorientation sexuelle, lidentit de genre, lge, lapparence physique et le handicap. Le texte a finalement t adopt la suite du meurtre brutal de Daniel Zamudio, au mois de mars. Le jeune homme a t battu mort en raison semble-t-il de son homosexualit. Lenqute sur cet homicide tait en cours la fin de lanne. Dans un jugement majeur rendu en fvrier, la Cour interamricaine des droits de lhomme a condamn larrt de 2003 de la Cour suprme chilienne qui ordonnait que lon retire une femme lesbienne la garde de ses trois filles en raison de son orientation sexuelle.

CHILI
RPUBLIQUE DU CHILI
Chef de ltat et du gouvernement: Sebastin Piera Echenique Les procdures de consultation des peuples indignes sur les projets les affectant demeuraient inadquates. Une loi de prvention et de rpression de la discrimination a t adopte. La police a fait usage dune force excessive pour rprimer un certain nombre de manifestations. Des procdures judiciaires concernant des atteintes aux droits humains commises dans le pass taient toujours en cours.

Impunit
Au terme dune mission effectue au Chili en aot, le Groupe de travail sur les disparitions forces ou involontaires [ONU] a salu les progrs accomplis dans lenqute sur les violations des droits humains commises entre 1973 et 1990, sous le rgime du gnral Augusto Pinochet. Cependant, le Groupe de travail a dplor que trs peu de personnes condamnes purgent actuellement une peine, en raison des faibles condamnations prononces. Il a galement demand la rvocation de la loi damnistie de 1978, la mise en place dun plan national de recherche des personnes disparues et lallocation de ressources supplmentaires pour acclrer les procdures judiciaires. En dcembre, un juge a ordonn larrestation de huit anciens militaires en relation avec le meurtre de lauteur-compositeur-interprte Vctor Jara, tu quelques jours aprs le coup dtat militaire qui avait port le gnral Pinochet au pouvoir, en 1973.

Contexte
Des manifestations, parfois violentes, ont eu lieu tout au long de lanne concernant la rforme du systme denseignement public, les droits des peuples indignes et le cot de la vie. Un projet de loi relatif au renforcement de lordre public faisait craindre que la contestation sociale ne soit rige en infraction pnale. Le texte tait en cours dexamen au Congrs la fin de lanne.

Police et forces de scurit


En fvrier, des habitants de la rgion dAysn, en Patagonie, ont dress des barrages routiers et des barricades pour protester contre linaction du gouvernement face leurs proccupations

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Daprs les chiffres officiels parus en aot 2012, 150procdures judiciaires concernant des affaires datteintes aux droits humains avaient t menes terme depuis 2002 133 dentre elles ayant dbouch sur une condamnation.

Droits des peuples indignes


En avril, la Cour suprme a confirm la dcision dune cour dappel selon laquelle un projet dexploitation minire dans le nord du pays devait tre suspendu tant que la communaut indigne naurait pas t consulte, conformment la Convention de lOrganisation internationale du travail (OIT) n169 relative aux peuples indignes et tribaux. Un projet du gouvernement visant remplacer le dcret de 2009 tablissant les procdures de consultation des peuples indignes, vivement critiqu, a t rejet en aot par une majorit de dirigeants indignes. Selon ces derniers, la rglementation propose ntait pas conforme aux normes internationales visant garantir leur participation effective. En novembre, le rapporteur spcial des Nations unies sur les droits des peuples autochtones sest lui aussi dit proccup par la dfinition de la consultation que donne le texte. Cette anne encore, on a signal des cas de recours excessif la force et darrestations arbitraires lors doprations de police contre des communauts mapuches. Des membres de ces communauts auraient t jugs dans le cadre de procs inquitables. Des affrontements avec les forces de scurit se sont solds par la mort dun policier en avril. n En juillet, plusieurs membres de la communaut mapuche de Temucuicui, dont des enfants, ont t blesss lorsque les policiers ont tir des balles en caoutchouc et rpandu du gaz lacrymogne pour les chasser des terres quils occupaient Ercilla (rgion de lAraucanie), dans le cadre dune campagne pour la restitution de leur territoire traditionnel. n En octobre, quatre Mapuches dtenus dans la prison dAngol ont mis un terme une grve de la faim entame 60jours plus tt, aprs que la Cour suprme eut dcid daccorder un nouveau procs lun dentre eux et de rduire la peine dun autre grviste; initialement condamn 10ans de prison, ce dernier a t plac en libert conditionnelle pour une dure de trois ans. Les deux hommes avaient t initialement condamns pour tentative dhomicide sur un policier (carabinero) en 2011.

n En aot, un tribunal militaire a acquitt un carabinero accus du meurtre de Jaime Mendoza Collio, un Mapuche de 24ans, en 2009. Il existait des doutes quant limpartialit de lenqute, et le recours une instance militaire pour juger des crimes commis par des membres de la police et de larme contre des civils soulevait des inquitudes.

Droits sexuels et reproductifs


Lavortement tait toujours considr comme une infraction pnale en toutes circonstances. En octobre, le Comit pour llimination de la discrimination lgard des femmes [ONU] a demand au Chili de rviser sa lgislation et de dpnaliser lavortement en cas de viol, dinceste et de risques pour la sant ou la vie de la femme enceinte.

Visites et documents dAmnesty International


4 Chile: Carta abierta al Presidente de la Repblica de Chile al cumplir dos aos de su mandato (AMR22/001/2012).

CHINE
RPUBLIQUE POPULAIRE DE CHINE
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Hu Jintao Wen Jiabao Les autorits ont poursuivi leur politique de rpression lgard des militants politiques, des dfenseurs des droits humains et des cybermilitants, dont beaucoup ont cette anne encore fait lobjet dactes de harclement et dintimidation, de mesures de dtention arbitraire, voire de disparitions forces. Au moins 130personnes ont t arrtes ou du moins restreintes dans leur libert de mouvement ou dexpression, les pouvoirs publics cherchant museler les critiques et prvenir toute vellit de protestation lapproche du 18eCongrs du Parti communiste chinois (PCC), qui sest tenu en novembre et a t loccasion dun renouvellement de sa direction. Laccs la justice restait illusoire pour bien des personnes. Des millions dhommes et de femmes ont ainsi prfr recourir des ptitions

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adresses au gouvernement pour dnoncer les injustices et tenter dobtenir des solutions en dehors du cadre formel du systme juridique. Des musulmans, des bouddhistes et des chrtiens qui pratiquaient leur religion dans un cadre autre que celui autoris par les pouvoirs publics, ainsi que des adeptes du Fa Lun Gong, ont t torturs, harcels, arrts arbitrairement, jets en prison ou soumis dautres restrictions graves de leur droit la libert de religion. Les pouvoirs publics locaux ont, cette anne encore, eu recours des ventes de terrains pour financer des projets de relance, ce qui a provoqu lexpulsion force de milliers de personnes, chasses de chez elles ou prives de leurs terres, aux quatre coins du pays. Les autorits ont annonc quelles allaient rendre plus contraignante la procdure judiciaire applicable dans les procs susceptibles de se solder par des condamnations mort, ce qui na pas empch lexcution de plusieurs milliers dindividus.

Contexte
Le PCC a procd lors de son 18eCongrs, qui sest tenu au mois de novembre, au premier grand remaniement de sa direction depuis 10ans. Xi Jinping a t promu la tte du Parti, tandis que Li Keqiang devenait numro deux du Comit permanent du Bureau politique. Ils devaient vraisemblablement remplacer, respectivement, Hu Jintao la prsidence et Wen Jiabao au poste de Premier ministre, en mars2013.

Les avocats qui acceptaient de soccuper daffaires controverses sexposaient des actes de harclement et des menaces de la part des autorits, voire la perte de leur agrment professionnel. Cette situation limitait srieusement les possibilits de recours en justice la disposition des citoyens. Les personnes inculpes dans le cadre de procdures de droit commun taient rgulirement victimes de violations de leurs droits, entre autres de leur droit un procs quitable. Souvent, tout contact avec leur avocat et avec leurs proches leur tait refus, ou bien elles taient dtenues au-del des dlais prvus par la loi, voire tortures ou autrement maltraites pendant leur dtention. Lusage de la torture comme moyen dobtenir des aveux restait trs rpandu. Des modifications du Code de procdure pnale adoptes en mars, et qui devaient entrer en vigueur le 1er janvier 2013, ont renforc les garanties dont bnficiaient les jeunes suspects ou mis en examen, ainsi que les personnes souffrant dun handicap mental. Toutefois, ces modifications autorisaient aussi pour la premire fois la police maintenir un suspect en dtention pour une priode pouvant atteindre six mois, dans le cas de certaines infractions particulires (telle la mise en danger de la scurit de ltat), sans avoir informer la famille de la personne concerne du lieu ni des raisons de la dtention. Ces nouvelles dispositions risquaient donc de lgaliser purement et simplement la disparition force.

Justice
Ltat se servait toujours de lappareil judiciaire comme dun instrument pour punir ses dtracteurs. titre individuel ou collectif, des centaines de personnes ont t condamnes de lourdes peines demprisonnement ou ont t envoyes dans des camps de rducation par le travail uniquement parce quelles avaient exerc sans violence leurs droits la libert dexpression et la libert de pense. De nombreux individus ont t inculps de mise en danger de la scurit de ltat, dincitation la subversion de ltat et de divulgation de secrets dtat, et ont t condamns de lourdes peines demprisonnement. Il leur tait trs souvent reproch davoir en fait tenu des blogs en ligne ou davoir communiqu ltranger des informations considres comme sensibles.

Arrestations et dtentions arbitraires


Des centaines de milliers de personnes ont t arbitrairement prives de leur libert par la police, dans le cadre de placements en dtention administrative y compris dans des camps de rducation par le travail, sans avoir pu exercer le moindre recours auprs dun tribunal indpendant. Les pouvoirs publics disposaient de centaines de centres de dtention, dont des prisons noires et des centres dducation juridique, o taient interns arbitrairement des milliers dhommes et de femmes et o la torture (parfois mort) constituait une mthode normale de punition ou de dissuasion. n Chen Guangcheng, qui militait dans le Shandong pour le respect de ltat de droit, et plusieurs membres de sa famille ont t torturs et assigns illgalement rsidence pendant un an et demi, avant de parvenir

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se rfugier lambassade des tats-Unis, en avril2012. Cette situation a donn lieu un bras de fer diplomatique entre les deux pays. Chen Guangcheng (qui est aveugle) et sa famille ont finalement pu partir en mai pour les tats-Unis. n Libr en juin2011, le militant cologiste et des droits humains Hu Jia restait assign rsidence et soumis une troite surveillance. la veille du Congrs du PCC, il a t contraint par les services de la scurit intrieure de quitter son domicile, Pkin, pour aller sinstaller dans un htel, toujours sous surveillance, jusquau 16novembre.

Dfenseurs des droits humains


Les tensions entre la socit civile et le gouvernement restaient vives. Un certain nombre duniversitaires et de militants ont publi des lettres ouvertes lintention du gouvernement et des prochains dirigeants du pays, les invitant en finir avec les camps de rducation par le travail et les autres formes de dtention arbitraire, telles que les prisons noires ou les placements en tablissement psychiatrique. Les autorits ont prvu de consacrer plus de 701milliards de yuans (environ 112milliards de dollars des tats-Unis) au maintien de la scurit publique, soit un budget en hausse de plus de 30milliards de yuans par rapport 2011. Les autorits provinciales ont appel ladministration locale renforcer les actions communautaires lapproche de la transition prvue la tte du PCC. Les autorits locales taient ainsi invites recueillir des informations auprs de leurs indicateurs, mettre rgulirement en garde les dissidents et leur famille, et emprisonner ou assigner rsidence les dtracteurs du gouvernement autant dactions visant faire taire toute dissidence. la fin de 2011 et au dbut de 2012, plusieurs dfenseurs des droits humains qui avaient de multiples reprises appel des rformes politiques ont t condamns de lourdes peines demprisonnement pour incitation la subversion de ltat, en raison darticles et de pomes quils avaient rdigs et distribus. Le dirigeant du Forum des droits humains du Guizhou, Chen Xi, et le militant Li Tie ont t condamns 10annes demprisonnement; Chen Wei, un dfenseur des droits humains du Sichuan, neuf ans; et Zhu Yufu, un membre du Parti dmocrate du Zhejiang,

sept ans. Fin 2012, Cao Haibo, un cybermilitant originaire du Jiangsu qui avait cr un groupe de discussion en ligne sur le thme du droit constitutionnel et de la dmocratie, a quant lui t condamn huit ans de rclusion. Les dfenseurs des droits humains uvrant en faveur des droits conomiques, sociaux et culturels ont eux aussi t pris pour cible par les autorits. Ils ont t placs sous surveillance, harcels ou encore inculps dinfractions dfinies dans des termes vagues. n Feng Zhenghu, un militant du droit au logement de Shanghai, a t plac en rsidence surveille fin fvrier. Il y tait toujours la fin de lanne. n La militante du droit au logement et des droits des femmes Mao Hengfeng a de nouveau t arrte pour trouble lordre public, un mois avant le Congrs du PCC. Elle a finalement t astreinte 18mois de camp de rducation par le travail. n lissue dun second procs, la militante du droit au logement et avocate spcialiste des droits humains Ni Yulan, ainsi que son mari, ont t condamns en juillet respectivement 30 et 24mois demprisonnement pour avoir cherch provoquer des conflits et troubl lordre public. n Le dissident historique Li Wangyang, ardent dfenseur des droits du travail, a t retrouv mort le 6juin lhpital, quelques jours seulement aprs avoir accord une interview, diffuse Hong Kong, dans laquelle il disait avoir t tortur. Les autorits ont affirm quil stait suicid par pendaison, mais nombreux taient les observateurs qui estimaient cette thse peu vraisemblable. Li Wangyang tait aveugle, sourd et incapable de marcher sans assistance depuis quil avait t tortur, aprs avoir t arrt lors de la rpression de 1989. Incarcr deux reprises, il avait pass au total plus de 21ans en prison.

Peine de mort
Cette anne encore, un grand nombre de condamnations mort ont t prononces lissue de procs non quitables. La Chine a excut plus de prisonniers que tous les autres pays de la plante runis. Les statistiques relatives aux condamnations mort et aux excutions taient toujours classes secrtes. La lgislation chinoise ne prvoyait aucune procdure permettant un condamn mort de solliciter une mesure de grce ou une commutation de sa sentence.

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n En mai, les autorits ont annul la condamnation mort de la femme daffaires Wu Ying, reconnue coupable de collecte frauduleuse de fonds. Cette dcision a relanc le dbat sur labolition de la peine de mort pour les crimes conomiques. Des modifications du Code de procdure pnale adoptes en 2012 permettraient la Cour populaire suprme de revenir sur toutes les condamnations mort. Elles rendraient obligatoires lenregistrement des interrogatoires des suspects passibles de la peine capitale ou de lemprisonnement vie. Elles obligeraient les tribunaux, les parquets et la police avertir les services daide juridique, pour quils nomment un avocat doffice dans toutes les affaires susceptibles de se traduire par une condamnation mort ou lemprisonnement vie, lorsque le suspect ou le prvenu na pas encore choisi un conseil. Un certain nombre de juristes chinois ont demand quune assistance juridique soit assure tous les stades des procdures pnales susceptibles dentraner une condamnation mort. Les pouvoirs publics ont annonc en novembre quun programme de dons dorganes volontaires allait tre mis en place au niveau national dbut 2013, pour liminer progressivement la pratique consistant prlever des organes sur le corps des personnes excutes.

La Rglementation de 2011 sur les expropriations de logements situs sur des terres appartenant ltat et sur les indemnisations accorder restait peu applique. Ces dispositions interdisaient notamment lusage de la violence dans les expulsions en ville et accordaient aux propritaires de logements urbains menacs dexpulsion un certain nombre de garanties certes limites. Le Conseil des affaires dtat a soumis en novembre lAssemble populaire nationale un projet de modification de la Loi sur ladministration des terres de 1986. Les modifications envisages taient censes mettre en place un certain nombre de garanties lgales protgeant les personnes menaces dexpulsion force et mieux indemniser les habitants des campagnes concerns. n Davril aot, les autorits ont poursuivi les dmolitions Shiliuzhuang, un village de lagglomration de Pkin. Certaines oprations de dmolition ont eu lieu 5heures du matin, sans le moindre pravis. Les habitants ne se sont pas vu proposer de solution de relogement et certains nont mme reu aucune indemnisation pour le prjudice subi. Ils ont dclar ne pas avoir t vritablement consults. Certains ont mme affirm avoir t frapps et placs en dtention de courte dure peu avant les expulsions.

Droits au logement expulsions forces


Les expulsions soudaines et brutales taient frquentes. Elles taient gnralement prcdes par des menaces et des manuvres de harclement. Il tait rare que les personnes concernes soient consultes. Les mesures dindemnisation et de relogement dans des conditions satisfaisantes taient trs limites, de mme que les possibilits de recours devant la justice. Trs souvent, des responsables de villages corrompus signaient des accords avec des promoteurs privs, qui ils cdaient des terres sans mme que les habitants soient au courant. Ceux qui tentaient de sopposer pacifiquement aux expulsions forces ou qui cherchaient faire valoir leurs droits par la voie lgale sexposaient des risques darrestation, demprisonnement ou dinternement en camp de rducation par le travail. Certains ont d se rsoudre utiliser des moyens extrmes, simmolant par le feu ou se tournant vers des formes violentes de protestation.

Rgion autonome du Tibet


Le gouvernement chinois continuait de nier le droit des Tibtains faire vivre leur propre culture et en assurer la promotion, ainsi que leurs droits la libert de religion, dexpression, dassociation et de rassemblement non violents. Les membres de lethnie tibtaine continuaient de faire lobjet de discriminations socioconomiques. Au moins 83moines, religieuses et lacs de lethnie tibtaine se sont immols par le feu cette anne, ce qui portait 95 au moins le nombre de personnes ayant choisi de se sacrifier de cette manire depuis fvrier 2009 dans les rgions de Chine population tibtaine. n Dans le cadre de procs diffrents, trois hommes au moins ont t condamns des peines atteignant sept ans et demi demprisonnement, pour avoir communiqu des informations sur des immolations des organisations et des organes de presse de ltranger. De nombreuses personnes qui auraient particip des manifestations contre le gouvernement ont t

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frappes, arrtes, soumises des disparitions forces ou condamnes lissue de procs non quitables. Au moins deux personnes seraient mortes des suites de brutalits policires. n Des membres des forces de scurit auraient ouvert le feu en janvier contre des manifestants tibtains, lors de trois pisodes distincts survenus dans la province du Sichuan. Une personne au moins aurait t tue et de nombreuses autres auraient t blesses. Les autorits ont men des campagnes dites patriotiques ou dducation juridique, visant obliger les Tibtains renoncer soutenir le dalalama. Les pouvoirs publics ont multipli les actes dingrence dans la gestion des monastres, allant jusqu en exclure certains moines.

Rgion administrative spciale de Hong Kong


volutions juridiques et institutionnelles
Leung Chun-ying a t lu en mars au poste de chef de lexcutif de Hong Kong, non pas au suffrage universel mais par une Commission lectorale de 1193membres. Quelques jours auparavant, 220000personnes avaient dpos symboliquement un bulletin dans une urne de paille pour dnoncer cette lection en petit comit, dont lissue tait largement considre comme dtermine lavance par le gouvernement de Pkin. Les dclarations faites par le secrtaire en chef de ladministration en septembre, selon lesquelles les services du mdiateur et la Commission indpendante contre la corruption constituaient un obstacle majeur la mise en uvre de la politique de lexcutif, ont fait craindre pour lindpendance de lappareil judiciaire et dautres instances gouvernementales. Au mois doctobre, lex-secrtaire la Justice de Hong Kong a reproch aux juges de ne pas bien comprendre les relations entre Pkin et le territoire. Le gouvernement avait lintention dintroduire ds 2012 des cours de morale et dducation civique dans les coles primaires. Une grande partie de la population considrait cette question comme relevant de la propagande politique, dautant plus que, selon certaines informations, les lves taient censs tre nots en fonction non seulement de leur connaissance du sujet, mais galement de leur attachement passionnel la nation. Plus de 90000personnes ont manifest le 29juillet contre ce nouveau programme. Le gouvernement a dans un premier temps choisi dignorer les revendications des protestataires. Fin aot, ces derniers se sont rassembls devant le sige du gouvernement et certains ont entam une grve de la faim. Au plus fort de la contestation, quelque 100000personnes auraient particip une semaine de manifestations. Le gouvernement a finalement annonc le 8septembre quil renonait introduire la matire conteste dans les programmes. La parlementaire Cyd Ho Sau-lan a dpos en novembre une motion non contraignante en faveur de lorganisation dun rfrendum sur une nouvelle loi destine protger les citoyens contre toute discrimination fonde sur lorientation sexuelle. Cette motion a t rejete.

Rgion autonome oughoure du Xinjiang


Les autorits ont poursuivi leur politique du frapper fort par laquelle elles traitaient comme criminelles les activits religieuses illgales ou sparatistes et rprimaient toute expression pacifique dune identit culturelle. n Selon des informations parues dans la presse au mois de janvier, 16Oughours parmi un groupe de 20personnes rapatries de force depuis le Cambodge en dcembre2009 ont t condamns des peines allant de 16ans de rclusion lemprisonnement vie. n En mai, neuf Oughours ont t condamns des peines allant de six 15ans demprisonnement, pour avoir particip, selon laccusation, des activits religieuses illgales. Mirzahid, un jeune garon de 11ans, est mort en dtention en juin. Il avait t arrt parce quil frquentait une cole religieuse interdite. n Plusieurs dizaines de familles ont expliqu en juillet des organisations trangres quelles cherchaient toujours retrouver la trace de proches disparus depuis la rpression conscutive aux troubles de juillet 2009. La plus jeune de ces personnes manquantes navait que 16ans au moment de sa disparition. n Patigul, la mre dImammet Eli, g de 25ans au moment de son interpellation, le 14juillet 2009, a dclar la presse trangre quelle tait toujours la recherche de son fils, quelle navait pas revu depuis son arrestation. Elle a expliqu que danciens dtenus lui avaient dit quImammet avait t tortur en dtention puis conduit lhpital, en aot2009. Elle tait sans nouvelles de lui depuis.

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Droits des travailleurs migrants


Il y avait Hong Kong environ 300000travailleurs domestiques migrants, qui taient tous exclus du champ de la loi sur le salaire minimum. Ces travailleurs versaient trs souvent de trois six mois de leur salaire aux agences dembauche, alors que la lgislation de Hong Kong limitait 10% du salaire du premier mois le montant susceptible dtre peru par lesdites agences titre de rmunration de leurs services. En septembre, le salaire mensuel minimum autoris pour les employs domestiques migrants est pass de 3740 3920dollars de Hong Kong (de 483 506dollars des tats-Unis). Nombre de travailleurs continuaient cependant de toucher moins. n Le 28mars, la Cour dappel a annul le jugement de premire instance rendu en faveur de Vallejos Evangeline Baneo, de nationalit philippine. Employe de maison Hong Kong depuis 1986, cette dernire demandait que les travailleurs domestiques migrants puissent faire valoir leur droit de rsidence et solliciter le statut de rsident. Le Tribunal suprme a accept dexaminer laffaire, en principe dbut 2013.

CHYPRE
RPUBLIQUE DE CHYPRE
Chef de ltat et du gouvernement: Demetris Christoas Des migrants en situation irrgulire ont t maintenus en dtention pendant de longues priodes, sans quaucune mesure de substitution la dtention nait t envisage. Des informations ont fait tat de mauvais traitements infligs par des policiers des militants pacifiques.

Contexte
Les ngociations entre les autorits chypriotes grecques et turques sur la runification de lle taient au point mort.

Rfugis, demandeurs dasile et migrants


Des migrants en situation irrgulire, des demandeurs dasile dbouts et certaines catgories de demandeurs dasile ont t maintenus en dtention de faon prolonge. Le placement en dtention semblait systmatiquement utilis, sans que soient envisages des solutions de remplacement. Les conditions de dtention des migrants irrguliers et des demandeurs dasile taient toujours dplorables: ils taient enferms dans des structures inadaptes, notamment dans des cellules de postes de police destines aux dtentions de courte dure ou encore dans deux ailes de la prison centrale de Nicosie. Louverture Menogia dun centre de dtention pour migrants, dune capacit de 276personnes, a t reporte 2013. Plusieurs personnes dtenues en raison de leur situation au regard de la lgislation sur limmigration restaient incarcres alors mme quil tait impossible de procder leur expulsion. Des Syriens ont subi ce sort pendant plusieurs mois malgr la dcision des autorits de suspendre les renvois vers la Syrie pendant le conflit arm interne dans ce pays. Leur dtention semblait donc arbitraire, inutile et illgale. n En novembre, la Cour suprme chypriote a ordonn la libration de Majid Eazadi, un Iranien dbout de sa demande dasile qui tait maintenu en dtention depuis 14mois par les services de limmigration, du fait de labsence de toute perspective raliste dexpulsion. Majid Eazadi a t dtenu maintes reprises pendant prs de

Rgion administrative spciale de Macao


Le Comit permanent de lAssemble populaire nationale de Chine a dcid le 29fvrier quil ny aurait pas dlection directe du chef de lexcutif en 2014. Ce dernier continuerait dtre choisi par la Commission lectorale, compose, lors de la dernire lection, de 300membres, dont six seulement avaient t lus au suffrage direct. Un certain nombre de responsables politiques favorables la dmocratie ont demand au gouvernement de rformer le systme lectoral en place, et notamment daugmenter la proportion de membres lus de lAssemble lgislative. La majorit des personnes ayant rpondu une enqute dopinion ralise sur Internet au mois davril tait favorable une rforme du systme lectoral. n Le 1er mai, la police a tent de disperser une manifestation, laquelle participaient notamment plusieurs dizaines de journalistes portant des T-shirts noirs, en signe de protestation contre lautocensure que simposaient les grands mdias de Macao.

Visites et documents dAmnesty International


4 Standing their ground: Thousands face violent eviction in China (ASA17/001/2012).

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trois ans entre 2008 et 2011, dans lattente de son expulsion. La commissaire pour ladministration (mdiatrice) avait envoy plusieurs courriers au ministre de lIntrieur pour lui faire part de ses proccupations au sujet de la lgalit de la dtention de cet homme. Les dcisions de la Cour suprme ordonnant la remise en libert de dtenus au motif que la dure de leur dtention tait illgale ntaient pas toujours respectes dans la pratique, les intresss tant arrts de nouveau ds leur remise en libert, pour les mmes motifs que prcdemment. Les pouvoirs publics auraient refus dexaminer les nouvelles demandes dasile dposes par des Syriens prsents Chypre qui souhaitaient que leur cas soit rvalu au vu du changement radical de la situation dans leur pays.

portant 857 le nombre de corps exhums depuis 2006. la fin de lanne, les dpouilles de 336personnes portes disparues (269Chypriotes grecs et 67Chypriotes turcs) avaient t identifies et restitues leur famille. En revanche, les responsables de ces disparitions navaient pas t identifis ni poursuivis en justice par les autorits chypriotes ou turques la fin de lanne.

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus Chypre en juin
et en octobre. 4 Punishment without a crime: Detention of irregular migrants and asylum-seekers in Cyprus (EUR17/001/2012).

Police et forces de scurit


Le 7avril, les forces de police chypriotes, dont lunit antiterroriste, ont effectu une descente dans un btiment situ dans la zone tampon qui tait occup par un mouvement multicommunautaire pour la paix. Elles ont arrt 28militants, parmi lesquels plusieurs mineurs. De nombreuses informations ont fait tat de brutalits policires contre des militants lors du raid. Un avocat prsent sur place a indiqu que cette opration tait illgale car la police na pas prsent de mandat darrt. Les autorits ont ni avoir eu recours une force excessive.

COLOMBIE
RPUBLIQUE DE COLOMBIE
Chef de ltat et du gouvernement: Juan Manuel Santos Caldern Les premiers pourparlers de paix officiels depuis 10ans entre le gouvernement et les Forces armes rvolutionnaires de Colombie (FARC) ont dbut au mois doctobre en Norvge. Toutefois, ltablissement dune paix durable paraissait toujours aussi hypothtique, tant que les deux parties nauraient pas pris dengagement vrifiable en faveur dun arrt des atteintes aux droits humains et que les autorits nauraient pas fait preuve de leur volont de traduire en justice les auteurs prsums des crimes commis. Le Congrs a approuv en dcembre une loi accordant la justice militaire un droit de regard renforc sur les enqutes concernant les atteintes aux droits humains. Cette loi tait une menace pour les droits des victimes la vrit, la justice et aux rparations. Toutes les parties au conflit qui svit depuis des annes en Colombie, quil sagisse des forces de scurit agissant avec ou sans la complicit de formations paramilitaires, ou des groupes de gurilla, ont continu de se rendre responsables

Dfenseurs des droits humains


En juillet, le directeur de KISA, une ONG uvrant en faveur des migrants et des rfugis, a t acquitt des accusations de participation une meute et une runion illgale qui avaient t retenues contre lui la suite dvnements survenus lors du Rainbow Festival organis Larnaca en 2010 pour promouvoir la lutte contre le racisme. Des participants au festival auraient t molests par des individus manifestant contre les migrants, et des heurts auraient eu lieu. Deux musiciens chypriotes turcs agresss et gravement blesss, par des manifestants selon eux, ont intent la fin de lanne une action en justice contre les autorits parce quelles navaient pas arrt ni poursuivi en justice les auteurs de leur agression.

Disparitions forces
En 2012, le Comit des personnes disparues Chypre a exhum les dpouilles de 43personnes,

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datteintes graves aux droits humains et au droit international humanitaire, notamment dhomicides illgaux, de dplacements forcs de populations, de torture, denlvements ou de disparitions forces et de violences sexuelles. Les victimes de ces actes taient le plus souvent des indignes, des personnes dascendance africaine, de petits paysans, des dfenseurs des droits humains ou encore des syndicalistes. Destine rendre leurs propritaires lgitimes une partie des millions dhectares confisqus pendant le conflit, souvent par des moyens violents, la Loi sur les victimes et la restitution de terres est entre en vigueur le 1er janvier. La raction des milieux qui avaient bnfici des spoliations sest cependant traduite par des menaces et des homicides lencontre des personnes qui faisaient campagne pour la restitution des terres, ainsi que dhommes et de femmes qui tentaient de reprendre possession de leurs biens.

Conflit arm interne


Comme les annes prcdentes, la grande majorit des victimes datteintes aux droits humains et au droit international humanitaire taient des civils. Aucun chiffre prcis ntait disponible, mais on sait que des dizaines de milliers de personnes, appartenant pour la plupart des peuples indignes, la communaut afro-colombienne ou des populations paysannes des zones rurales, ont t contraintes de partir de chez elles en 2012. n En juin, plus de 130 habitants dEl Tarra, dans le dpartement du Norte de Santander, et environ 400 habitants de Leiva, dans le dpartement de Nario, ont d prendre la fuite. Les populations civiles qui se mobilisaient pour viter que les belligrants ne les entranent dans le conflit comme cest le cas de la communaut de paix San Jos de Apartad, dans le dpartement dAntioquia continuaient de faire lobjet de graves atteintes leurs droits fondamentaux. n Le 28juin, deux membres de la communaut de paix ont t suivis par une cinquantaine de paramilitaires arms appartenant aux Forces gaitanistes de Colombie, qui ont menac de tuer Fabio Graciano, un paysan du secteur. n Deux paramilitaires moto ont ouvert le feu, le 4fvrier, sur Jess Emilio Tuberquia, le reprsentant lgal de la communaut de paix. Cette agression a eu

lieu dans la ville dApartad, une centaine de mtres seulement dun poste de contrle de la police. Des attentats la bombe perptrs dans des zones urbaines ont fait plusieurs morts parmi la population civile. n Le 15mai, Bogot, lexplosion dune voiture pige a fait plus de 50 blesss, dont lancien ministre de lIntrieur Fernando Londoo. Le chauffeur et le garde du corps de ce dernier ont t tus. Lattentat na pas t revendiqu; les autorits ont accus les FARC den tre responsables. La Colombie a ratifi en juillet la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forces. Elle a toutefois refus de reconnatre la comptence du Comit des disparitions forces [ONU], privant ainsi les victimes et leurs familles dun important recours susceptible de leur permettre dobtenir justice. Bien quil soit difficile de tenir une comptabilit prcise en la matire, on estimait quau moins 30000personnes avaient t victimes de disparition force depuis le dbut du conflit. n Hernn Henry Daz, porte-parole de la Table ronde dpartementale des organisations sociales du dpartement du Putumayo et membre de la Fdration nationale syndicale des travailleurs du secteur agricole, a t vu pour la dernire fois le 18avril. Au moment de sa disparition force, il coordonnait la participation de dlgus du dpartement du Putumayo une manifestation politique nationale prvue quelques jours plus tard Bogot.

Droits des peuples indignes


Limpact du conflit sur les peuples indignes sest encore aggrav, avec lintensification des hostilits dans leurs territoires, en particulier dans les dpartements du Cauca et du Valle del Cauca. Selon lOrganisation nationale indigne de Colombie, au moins 84autochtones ont t tus en 2012, dont 21dirigeants. n Lisandro Tenorio, un chef spirituel du peuple indigne nasa, a t abattu le 12aot devant son domicile Caloto (dpartement du Cauca), apparemment par des membres des FARC. Des milliers dindignes ont t contraints de quitter leur foyer sous la pression des hostilits. En juillet, par exemple, plus de 1500dentre eux ont t expulss de force de leurs terres Bagad, dans le dpartement du Choc.

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Plusieurs hauts responsables des pouvoirs publics ont tenu des propos associant certains chefs et certaines communauts indignes aux groupes de gurilla. En aot, par exemple, le ministre de la Dfense a accus les FARC davoir infiltr le mouvement indigne. Les dclarations de ce genre participaient la cration dun climat dans lequel les atteintes aux liberts fondamentales des peuples indignes taient tolres, encourages ou mme facilites.

Restitution des terres


La Loi sur les victimes et la restitution de terres a entran une vive raction de la part de ceux qui avaient bnfici des spoliations. Des personnes qui militaient pour la restitution ont t tues ou menaces, et on pouvait lgitimement sinterroger sur la capacit des autorits les protger. La prsence de groupes paramilitaires sautoproclamant armes anti-restitution a t signale dans plusieurs rgions de Colombie. Ces groupes ont adress en cours danne des menaces de mort des organisations de dfense des droits humains et des personnes militant pour le droit la terre. La loi excluait un grand nombre de victimes dexactions commises par les paramilitaires, ces derniers ntant plus considrs par le gouvernement comme parties au conflit. Certaines de ses dispositions allaient par ailleurs lencontre des initiatives dployes pour la restitution des terres et pour la reconnaissance du droit des victimes la vrit, la justice et des rparations. La Cour constitutionnelle a estim le 12septembre que certains passages de cette loi taient contraires la Constitution. taient notamment en cause les mesures visant dispenser de poursuites judiciaires les hommes de paille ayant restitu des terres indment accapares. La Cour a galement dclar inconstitutionnel un passage formul de telle sorte quil permettait de refuser la restitution de terres des victimes considres comme ayant commis des actes illgaux pour exiger que leur soient rendues des terres occupes dont elles avaient t chasses.

nombre ait diminu par rapport aux annes prcdentes, des excutions extrajudiciaires par les forces de scurit ont encore t signales. n Le corps de Norbey Martnez Bonilla, un jeune garon de 15ans, a t remis le 2octobre aux autorits civiles de Cali par les forces de scurit, qui ont dclar que ladolescent tait un membre de la gurilla tu au combat. Norbey Martnez Bonilla avait t vu pour la dernire fois le 28septembre Caloto, la commune du dpartement du Cauca o il tait domicili, alors que des combats opposaient les forces de scurit des membres de la gurilla. Le jeune garon vivait El Pedregal, un petit village qui avait bnfici en 2010 de mesures de protection de la part de la Commission interamricaine des droits de lhomme. Rien ou presque na t fait pour traduire en justice les responsables prsums de la mort de Norbey Martnez Bonilla. La justice militaire avait pour habitude de classer sans suites les enqutes sur les violations des droits humains dans lesquelles des membres des forces de scurit taient impliqus. Lerapporteur spcial des Nations unies sur les excutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires a not dans un rapport paru en mai que les tentatives constantes [des juridictions militaires] daffirmer leur comptence dans certaines affaires [taient] trs proccupantes.

Groupes paramilitaires
Alors quils sont censs avoir t dissous, les groupes paramilitaires, qualifis de bandes criminelles (Bacrim ) par le gouvernement, ont cette anne encore commis de graves exactions, se livrant notamment des meurtres, des disparitions forces et des oprations de nettoyage social dans des quartiers pauvres des villes. Certains de ces actes ont t commis avec la complicit ou laval des forces de scurit. Les victimes taient le plus souvent des syndicalistes et des dfenseurs des droits humains, ainsi que des reprsentants de communauts indignes, afro-colombiennes ou paysannes. n Le 23mars, des paramilitaires ont enlev Manuel Ruz et son fils de 15ans, Samir de Jess Ruz, membres de la communaut afro-colombienne et mtisse dorigine africaine dApartadocito, dans le bassin du Curvarad (dpartement du Choc). Le 24mars, un paramilitaire a inform leur famille quils avaient t tus. Le corps de Manuel Ruz a t retrouv le 27mars; celui de son fils le lendemain. Ce

Forces de scurit
Les forces de scurit se sont rendues coupables de graves atteintes aux droits humains et au droit international humanitaire, dans certains cas avec la complicit de groupes paramilitaires. Bien que leur

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dernier avait t tortur. Ce double homicide a t perptr juste avant une inspection gouvernementale, qui devait permettre didentifier les propritaires lgitimes de terres situes dans une zone appele Los Piscingos, do la famille de Manuel Ruz et dautres personnes avaient t chasses par des paramilitaires et par les forces de scurit en 1996. Dans le cadre du processus Justice et paix, qui a commenc en 2005, les victimes des exactions des paramilitaires se voyaient toujours refuser le droit la vrit, la justice et des rparations. Si lon en croit la Fiscala General de la Nacin (organe de ltat qui dclenche la procdure pnale, mne lenqute et prononce linculpation), au 1er dcembre seuls 14paramilitaires avaient t condamns pour violations aux droits humains dans le cadre du processus Justice et paix. Le Congrs a approuv en dcembre une rforme de la Loi pour la justice et la paix qui permettait aux combattants illgaux non dmobiliss au moment de lentre en vigueur de la loi de bnficier des dispositions de cette dernire.

n En juillet, les FARC ont ainsi tu cinq civils lors dune attaque contre des installations dextraction de ptrole, dans le dpartement du Putumayo.

Impunit
La lutte pour contraindre les auteurs datteintes aux droits humains rendre des comptes a enregistr un certain nombre davances. n En aot, un tribunal civil a condamn le gnral en retraite Rito Alejo del Rio 26ans demprisonnement pour son rle dans le meurtre dun paysan, perptr par des paramilitaires. Le tribunal a conclu que Rito Alejo del Ro navait pas particip directement ce meurtre ni aux nombreux autres homicides commis dans la rgion qui tait sous son commandement, mais quil avait entretenu lpoque des liens troits avec les paramilitaires et les avait laisss perptrer des exactions en toute impunit. Limmense majorit des auteurs datteintes aux droits humains continuait nanmoins dchapper la justice. Des avocats, des tmoins, et plus gnralement des personnes impliques dans des informations judiciaires en relation avec les droits humains, ont reu des menaces. Plusieurs ont t tus. n Le 10octobre, un inconnu a braqu une arme feu sur Alfamir Castillo, une femme dont le fils avait t tu par des soldats en 2009, dans le dpartement du Valle del Cauca, menaant de lassassiner, ainsi que ses avocats, Jorge Molano et Germn Romero. Cette agression sest produite quelques jours avant une audition au cours de laquelle le tribunal devait examiner la possible implication de quatre officiers dans laffaire; sept militaires purgeaient dj de lourdes peines demprisonnement pour leur rle dans le meurtre. Deux lois menaaient de renforcer encore limpunit. Adopt par le Congrs en juin, le Cadre lgal pour la paix pourrait permettre des personnes stant rendues coupables datteintes aux droits humains dchapper la justice. Le Congrs a approuv en dcembre une rforme de la Constitution qui renforce le droit de regard de la justice militaire dans les enqutes pnales sur des atteintes aux droits humains dans lesquelles sont impliqus des membres des forces de scurit. De nombreuses affaires de ce type pourraient ainsi tre transmises aux tribunaux militaires, ce qui ne serait pas conforme aux

La gurilla
Les FARC et lArme de libration nationale (ELN) ont commis de graves atteintes aux droits humains et au droit international humanitaire, dont des homicides illgaux, des prises dotages et des dplacements forcs. Ces deux mouvements se sont galement rendus coupables denrlement denfants et dusage indiscrimin darmes. Dans les sept premiers mois de 2012, les mines terrestres, essentiellement poses par les groupes de gurilla, ont tu 25civils et 22membres des forces de scurit. Les FARC ont annonc en fvrier leur intention de mettre fin aux enlvements de civils contre ranon, sans toutefois sengager cesser toutes les exactions. Plus de 305personnes ont t enleves au cours de lanne, la plupart par des bandes criminelles, dautres par des groupes de la gurilla. n La journaliste lida Parra Alfonso et lingnieure Gina Paola Uribe Villamizar ont t enleves le 24juillet par lELN Saravena, dans le dpartement dArauca. Elles ont t relches au bout de quelques semaines. n Les FARC ont libr en avril six policiers et quatre soldats quelles dtenaient depuis les annes 1990. Les FARC se sont par ailleurs rendues responsables dattaques aveugles mettant la vie de civils en danger.

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normes internationales relatives aux droits humains. En octobre, 11rapporteurs spciaux et experts indpendants des Nations unies ont critiqu cette rforme.

Dfenseurs des droits humains


Bien que le gouvernement ait publiquement condamn les attaques dont ils pouvaient faire lobjet, les dfenseurs des droits humains taient toujours la cible dagressions, de menaces et de procdures judiciaires relevant de la perscution. Des vols dinformations sensibles ont galement eu lieu. Au moins 40dfenseurs des droits humains et dirigeants communautaires et 20syndicalistes ont t tus en 2012. n Le 28fvrier, les paramilitaires du Bloc capital des Aigles noirs ont adress des menaces de mort plusieurs ONG de dfense des droits humains, dont des organisations dfendant les droits des femmes ou travaillant sur la restitution des terres. Ils accusaient ces organisations de mettre des ides dans la tte des personnes dplaces, agissant comme si elles dfendaient les droits humains, leur intimant lordre darrter de faire des histoires avec la question de la restitution des terres. Des dfenseures des droits des femmes ont galement t prises pour cible, essentiellement par des groupes paramilitaires. Certaines ont t violes, leurs agresseurs cherchant ainsi les punir et les faire taire. n Le 29janvier, Cleiner Mara Almanza Blanco, responsable associative travaillant avec et pour des femmes dplaces, a t embarque de force dans un taxi par un groupe dhommes qui nont pas t identifis. Ils lont emmene dans un lieu tenu secret, o ils lont interroge sur les gens quelle connaissait et avec qui elle travaillait. Ils lui ont donn des coups de pied et lont violemment cogne contre le taxi. Lun des agresseurs la ensuite viole. En 2010, la Commission interamricaine des droits de lhomme avait pourtant ordonn aux autorits colombiennes de fournir une protection Cleiner Mara Almanza et 13autres femmes influentes en danger; quatre des 14femmes avaient aussi t victimes de viols.

n Le 18mai, une indigne a t viole par un soldat, au bord de la route, dans le dpartement du Putumayo. Apparemment, lunit laquelle appartenait lagresseur ne se trouvait qu une centaine de mtres du lieu o sest droule lagression. n Le 16mars, huit hommes masqus et puissamment arms, mais habills en civil vraisemblablement des paramilitaires ont fait irruption Tumaco, un village afro-colombien du dpartement de Nario. Ils ont frapp et menac les habitants, ont viol deux femmes et ont soumis une adolescente de 16 ans des svices sexuels. Les auteurs de tels actes taient trs rarement traduits en justice. Exception cette triste rgle: le sous-lieutenant Ral Muoz Linares a t condamn le 27aot 60ans demprisonnement pour le viol suivi du meurtre de Jenni Torres, 14ans, le meurtre des deux jeunes frres de celle-ci, gs de neuf et six ans, et le viol dune autre fillette crimes commis en octobre2010 Tame, dans le dpartement dArauca. Un autre projet de loi, visant garantir laccs la justice pour les victimes de violences sexuelles, en particulier les violences sexuelles commises dans le cadre du conflit arm, se trouvait galement devant le Congrs la fin de lanne. Sil tait adopt, entre autres choses il modifierait le Code pnal en faisant des infractions spcifiques de certaines formes de violence sexuelle commises dans le cadre dun conflit arm, comme la nudit force et lavortement ou la grossesse forcs. La reprsentante spciale du secrtaire gnral des Nations unies charge de la question des violences sexuelles commises en priode de conflit sest rendue en Colombie en mai. Au cours de sa visite elle a dclar que la Colombie devait faire davantage pour que les victimes de violences sexuelles commises dans le cadre de conflits puissent accder la justice.

Aide des tats-Unis


En 2012, les tats-Unis ont accord la Colombie environ 482millions de dollars daide militaire et non militaire, dont 281millions destins aux forces de scurit. En septembre, les autorits amricaines ont dbloqu environ 12millions de dollars qui avaient t affects laide dans le domaine de la scurit en 2011, le dpartement dtat ayant estim que le gouvernement colombien avait considrablement amlior la situation en matire de droits humains dans le pays.

Violences faites aux femmes et aux filles


Toutes les parties au conflit ont soumis des femmes des svices sexuels, dont des viols et dautres formes de violence lie au genre.

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Surveillance internationale
Dimportantes initiatives dordre lgislatif et politique ont t entreprises [et] les violations des droits de lhomme ont t condamnes par les autorits a reconnu la haut-commissaire des Nations unies aux droits de lhomme dans son rapport sur la situation en Colombie publi en janvier, notant toutefois que ces efforts navaient pas encore donn les rsultats escompts au niveau local. Ce rapport soulignait par ailleurs que nombre de violations des droits de lhomme et du droit international humanitaire continuaient dtre perptres, en particulier par des groupes arms illgaux mais aussi, vraisemblablement, par des agents de ltat, indiquant que cette situation avait de graves consquences humanitaires pour les civils. Pour le Haut-Commissariat aux droits de lhomme, limpunit restait en Colombie un problme structurel.

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus en Colombie en
janvier, mars, avril, juin, octobre et novembre. 4 Colombia: The Victims and Land Restitution Law an Amnesty International analysis (AMR23/018/2012). 4 Colombia: Hidden from Justice Impunity for conflict-related sexual violence, a follow-up report (AMR23/031/2012).

20000 se sont retrouves la rue en raison des explosions provoques par un incendie dans le dpt de munitions de la caserne dun rgiment blind Brazzaville, la capitale du pays. Les autorits ont cr une commission denqute charge de rechercher les causes de laccident et dtablir les responsabilits. Plus de 20personnes, dont le colonel Marcel Ntsourou, secrtaire gnral adjoint du Conseil national de scurit (CNS), ont t arrtes fin mars; la fin de lanne, elles taient toujours en dtention sans avoir t juges. Elles ont dabord t dtenues par la Direction gnrale de la surveillance du territoire (DGST) avant dtre transfres la prison centrale de Brazzaville. cart du gouvernement lors du remaniement de septembre, lancien ministre de la Dfense Charles Zacharie Bowao a t inculp par la suite de maladresse, imprudence, inattention et ngligence ayant caus les vnements du 4mars et occasionn des morts, des blessures et des dgts matriels importants. la fin de lanne, aucun des individus mis en cause dans le cadre de cette affaire navait t jug et la commission navait pas publi ses conclusions. Les deux tours des lections lgislatives ont eu lieu en juillet et en aot. Cest le parti au pouvoir, le Parti congolais du travail (PCT), qui a remport le scrutin. Daprs lopposition et plusieurs groupes de dfense des droits humains, moins de 20% des lecteurs auraient vot.

CONGO
RPUBLIQUE DU CONGO
Chef de ltat et du gouvernement: Denis Sassou-Nguesso Des cas de torture et dautres mauvais traitements commis par les forces de scurit et ayant dans certains cas entran la mort ont t signals. Trois demandeurs dasile originaires de la Rpublique dmocratique du Congo (RDC) qui taient maintenus en dtention depuis 2003 sans inculpation ni jugement ont t remis en libert. Des dtracteurs du gouvernement ont t privs de leur libert dexpression et dtenus durant plusieurs mois.

Torture et autres mauvais traitements


Des membres des forces de scurit ont commis des actes de torture et dautres mauvais traitements. Dans certains cas, les victimes sont mortes des suites de leurs blessures et les auteurs de ces actes nont pas t dfrs la justice. n Delly Kasuki est mort le 26mai aprs avoir t pass tabac par des membres du Groupe de rpression contre le banditisme (GRB), qui ont dpos son corps au centre hospitalier universitaire de Brazzaville sans en informer sa famille. Selon une organisation locale de dfense des droits humains, Delly Kasuki a t frapp pour avoir oppos une rsistance lors de son arrestation, quil considrait comme illgale. n En juillet, les gardes du corps dun ministre du gouvernement et dun candidat du PCT aux lections lgislatives ont rou de coups Franois Batchelli, quils accusaient de soutenir un autre candidat. Les deux hommes ont aussi brivement squestr Flix Wamba,

Contexte
Le 4mars, quelque 300personnes ont t tues, environ 2000autres ont t blesses et prs de

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partisan prsum dun candidat de lopposition, et ont frapp sa femme et ses enfants.

Rfugis et demandeurs dasile


Trois demandeurs dasile originaires de la RDC qui taient maintenus en dtention depuis 2003 sans inculpation ni jugement ont t remis en libert. Mdard Mabwaka Egbonde a t libr en juin, Germain Ndabamenya Etikilime en septembre et Bosch Ndala Umba en novembre. Mdard Mabwaka Egbonde a demand lasile la Sude. Lavenir des deux autres hommes et de la famille de Germain Ndabamenya, dont les demandes dasile (au Congo et dans un pays tiers) avaient t rejetes, demeurait incertain. Des milliers de personnes qui staient rfugies dans le nord du Congo en 2009 ont commenc rentrer en RDC en mai. Prs de 300Congolais exils au Gabon et dont le statut de rfugi avait pris fin ont t renvoys de force dans leur pays dorigine. Une centaine dautres seraient rentrs au Congo de leur plein gr. Certaines des personnes rapatries de force ont dclar avoir t maltraites par les autorits gabonaises et avoir perdu leurs biens.

accuss datteinte la sret de ltat pour avoir voulu tenir la confrence au domicile de Marcel Ntsourou, situ dans une caserne militaire. Ambroise Herv Malonga a galement t accus davoir tent dexercer le mtier davocat sans y tre habilit. Peu avant, les deux avocats staient vu interdire de tenir la confrence de presse dans un htel. Gabriel Hombessa a t remis en libert en juillet et Ambroise Herv Malonga en aot.

CORE DU NORD
RPUBLIQUE POPULAIRE DMOCRATIQUE DE CORE
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Kim Jong-un Choe Yong-rim

Prisonniers dopinion
Paul Marie Mpouele, candidat aux lections lgislatives et vice-prsident du Parti du peuple congolais (PPC), a t arrt le 17avril; il tait accus dinjures publiques et de menaces de mort envers le chef de ltat. Cette accusation tait lie une ptition lance son initiative appelant la dmission du prsident Sassou-NGuesso la suite de lexplosion du dpt de munitions au mois de mars. Paul Marie Mpouele a dabord t dtenu par la DGST puis transfr la prison centrale de Brazzaville. Il a bnfici dune libration provisoire en septembre. la fin de lanne il navait fait lobjet daucune inculpation officielle. Il lui a t interdit de se rendre ltranger et davoir des activits politiques. n Le 9avril, deux avocats reprsentant le colonel Marcel Ntsourou et dautres personnes arrtes la suite de lexplosion du dpt de munitions en mars ont t arrts. Ambroise Herv Malonga et Gabriel Hombessa avaient tent dorganiser une confrence de presse pour dnoncer le fait quils ntaient pas autoriss avoir accs leurs clients. Ils ont t

Les violations des droits humains demeuraient trs rpandues et systmatiques. Le pays tait toujours en proie une crise alimentaire, et la malnutrition chronique et gnralise restait un problme de sant publique. Confronts une inscurit alimentaire persistante, des millions de NordCorens continuaient de dpendre de laide alimentaire. Des informations ont fait tat de la fermeture dun camp de prisonniers politiques. Toutefois, plusieurs dizaines de milliers de personnes taient toujours dtenues dans ce type de camps, o les violations des droits humains, y compris les excutions extrajudiciaires, le travail forc, la torture et dautres formes de mauvais traitements, taient permanentes. Des excutions ont t signales, notamment de personnes qui avaient t cartes lors de la phase de transition au sommet de ltat. De lourdes restrictions pesaient toujours sur les droits la libert dexpression, dassociation, dopinion et de runion. Les mdias demeuraient troitement surveills.

Contexte
Kim Jong-un, leader suprme de la Core du Nord depuis la mort de son pre en 2011, a t nomm le 11avril au poste nouvellement cr de premier secrtaire du Parti des travailleurs de Core; il a t promu commandant de lArme populaire corenne en juillet. Aprs plusieurs tentatives infructueuses, la

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Core du Nord a russi le 12dcembre lancer une fuse Unha3 et mettre sur orbite un satellite. Les mdias officiels ont annonc en janvier une mesure damnistie, qui devait tre applique compter du 1er fvrier loccasion de lanniversaire de la naissance de lancien dirigeant Kim Jong-il. Aucune information na toutefois t rendue publique au sujet de librations de prisonniers. En juillet, la Core du Nord a t touche par des inondations qui ont gravement endommag des habitations, des infrastructures et des difices publics. Daprs les chiffres communiqus par le gouvernement, au moins 212000personnes se sont retrouves sans abri et 169ont t tues.

Crise alimentaire
Bien que des informations aient fait tat de meilleures rcoltes pour la deuxime anne conscutive, linscurit alimentaire demeurait gnralise. Dans un rapport rendu public en novembre, la mission dvaluation de la scurit alimentaire de lOrganisation des Nations unies pour lalimentation et lagriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM) a not que, mme si la consommation alimentaire des mnages stait amliore, lcart entre lapport en nutriment recommand et lapport vritable rest[ait] important et que la majorit de la population [tait] encore en situation dinscurit alimentaire. Une grande partie de la population souffrait toujours de malnutrition chronique, et plusieurs personnes seraient mortes de faim durant lanne.

Arrestations et dtentions arbitraires


Plusieurs centaines de milliers de personnes taient toujours maintenues en dtention arbitraire ou incarcres pour une dure indfinie, sans avoir t juges ni inculpes, dans des camps de prisonniers politiques et dautres centres de dtention. Soumis des violations systmatiques et permanentes de leurs droits fondamentaux, les prisonniers pouvaient notamment tre astreints de longues journes de travaux forcs et navaient pas de jour de repos. Des excutions extrajudiciaires avaient lieu galement. La torture et les mauvais traitements taient des pratiques courantes dans les camps pnitentiaires. De nombreux dtenus sont morts en raison des conditions dangereuses dans lesquelles ils taient contraints de travailler et des consquences de la

malnutrition et du manque de soins mdicaux appropris. Des informations parvenues en octobre ont fait tat de la fermeture du camp n22 de prisonniers politiques, situ Hoeryong (province du Hamkyung du Nord). On ne savait pas quand cette fermeture tait intervenue ni o les dtenus entre 20000 et 50000, estimait-on avaient t transfrs. Ce camp, lun des cinq construits sur ce modle en Core du Nord, tait une zone de contrle total o les prisonniers taient incarcrs vie, sans jamais pouvoir tre librs. Un grand nombre de celles et ceux qui se trouvaient dans les camps pour prisonniers politiques navaient pas commis de crime; cependant, tant lis des personnes considres comme hostiles au rgime, ils taient ainsi soumis une forme de sanction collective. n En rponse une question du Groupe de travail sur la dtention arbitraire [ONU], le gouvernement a dclar en avril que Shin Sook-ja tait morte des suites dune hpatite. Les dernires informations la concernant indiquaient que cette femme tait incarcre avec ses deux filles dans le camp de prisonniers politiques n15, Yodok. Le gouvernement a par ailleurs soutenu que les filles de Shin Sook-ja ne souhaitaient pas entrer en contact avec leur pre, Oh Kil-nam, qui se trouvait dsormais en Core du Sud. Ces informations nont pas pu tre confirmes de source indpendante, et lon ne connaissait pas la date exacte ni le lieu du dcs de Shin Sook-ja. On ignorait toujours tout du sort de ses deux filles. n La Core du Nord a annonc en dcembre larrestation dun Amricain dorigine corenne, Kenneth Bae, accus davoir commis des actes hostiles lgard de la Rpublique. Cet homme dirigeait une agence de voyage spcialise dans les sjours en Core du Nord pour les touristes et dventuels investisseurs. Entr dans le pays le 3novembre, il aurait t interpell aprs que les forces de scurit eurent dcouvert quil tait en possession dun disque dur qui, selon elles, contenait des informations sensibles sur la Core du Nord.

Disparitions forces
Cette anne encore, les autorits ont refus dadmettre que des agents nord-corens avaient enlev ltranger des personnes originaires, entre autres, de Core du Sud, du Japon, du Liban et de Thalande.

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n Takashi Fujita a particip en juillet une runion du Groupe de travail sur les disparitions forces ou involontaires [ONU]. Il a voqu le cas de son frre Susumu, probablement enlev au Japon par la Core du Nord en fvrier1976.

Libert dexpression
Les autorits ont continu dimposer des restrictions svres la libert dexpression, dopinion et de runion. Les mdias ont semble-t-il t soumis des mesures de contrle strictes, destines dissuader toute mise en cause du gouvernement lors de la priode de transition. Il nexistait de toute vidence pas dorganisations de la socit civile indpendantes ni de partis politiques indpendants dans le pays.

des Nations unies ont adopt des rsolutions sans vote, respectivement en mars et en novembre. Les deux textes exprimaient de profondes proccupations propos des informations persistantes de violations graves, systmatiques et gnralises des droits civils, politiques, conomiques, sociaux et culturels en Core du Nord.

CORE DU SUD
RPUBLIQUE DE CORE
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Lee Myung-bak Kim Hwang-Sik

Droit de circuler librement


Les autorits auraient renforc encore les contrles le long de la frontire avec la Chine, et menac les personnes la franchissant sans autorisation de lourdes sanctions leur retour. n En fvrier, 31personnes qui avaient quitt la Core du Nord sans autorisation ont t arrtes par les autorits chinoises. Selon les informations parues dans la presse, la Chine a renvoy de force en mars une partie de ces personnes en Core du Nord, o elles risquaient dtre places en dtention, tortures ou autrement maltraites, soumises au travail forc ou excutes.

Peine de mort
Des informations qui nont pu tre confirmes ont fait tat de lexcution dopposants politiques. n Selon des informations non confirmes reues en octobre, Kim Chol, le ministre de lArme, a t excut au dbut de lanne pour tat dbrit et comportement inappropri durant la priode de deuil de lancien dirigeant Kim Jong-il.

La Loi relative la scurit nationale a t de plus en plus souvent invoque et utilise de faon arbitraire pour restreindre la libert dassociation et dexpression. Il en allait ainsi y compris sur Internet, o les dbats concernant la Core du Nord taient troitement contrls. Les professionnels des mdias ont entam une action collective pour protester contre la privation par ltat de leur droit la libert dexpression. Les droits des travailleurs demeuraient menacs et des conflits sociaux existant de longue date restaient sans solution. Cette anne encore, des travailleurs migrants ont t victimes de discriminations et exploits. Aucune excution de condamn mort na eu lieu.

Contexte
Park Geun-hye a t lue prsidente de la Core du Sud en dcembre. Premire femme porte la tte du pays, elle devait prendre ses fonctions en fvrier2013. Lors des lections lgislatives davril, le Parti Saenuri a remport 152 des 300siges de lAssemble nationale, contre 127 pour le Parti dmocrate unifi, principale formation dopposition. En aot, Hyun Byung-chul a t reconduit pour un deuxime mandat la tte de la Commission nationale des droits humains. Cette nomination sans vritable consultation des parties intresses a fait natre des doutes quant lindpendance et la crdibilit de cette instance. La situation des droits

Surveillance internationale
En octobre, la haut-commissaire aux droits de lhomme des Nations unies a fait observer que le recours des camps pour prisonniers politiques, des excutions publiques frquentes et de graves pnuries alimentaires, associs aux difficults extrmes daccs au pays, rendaient la Core du Nord singulirement problmatique. Pour la premire fois, le Conseil des droits de lhomme [ONU] et la Troisime Commission de lAssemble gnrale

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humains en Core du Sud a t tudie en octobre dans le cadre de lExamen priodique universel des Nations unies.

Objecteurs de conscience
Au moins 750objecteurs de conscience taient toujours derrire les barreaux en dcembre. n Pour avoir refus deffectuer son service militaire, le militant des droits humains Yoo Yun-jong a t condamn une peine de 18mois demprisonnement en avril.

Libert dexpression
Les forces de lordre ont eu recours des dispositions aux formulations vagues de la Loi relative la scurit nationale pour arrter des fins dinterrogatoire 41personnes ou pour les inculper. Cette loi continuait dtre invoque pour contrler les dbats concernant la Core du Nord sur Internet. n Kim Myeong-soo a t condamn en appel le 22fvrier six mois demprisonnement assortis dun sursis de deux ans. Le parquet stait pourvu en appel aprs son acquittement, en mai 2011. Kim Myeongsoo a prsent un recours devant la Cour suprme. n Le 21novembre, Park Jeong-geun sest vu infliger une peine de 10mois demprisonnement avec sursis pendant deux ans pour atteinte la Loi relative la scurit nationale. Cet homme faisait lobjet dune enqute depuis septembre2011, aprs avoir relay satiriquement sur Twitter des messages extraits dun site web nord-coren interdit. Mme si, dans le jugement rendu son encontre, il tait admis que certains de ses messages tenaient de la parodie, son action tait considre globalement comme une marque de soutien et de ralliement une entit hostile ltat. Plusieurs personnes dont le gouvernement cherchait touffer la voix se sont vu opposer un refus dentre sur le territoire. n Six membres au total du personnel de Greenpeace ont t refouls laroport international dIncheon, en avril et en octobre. LONG a port plainte contre le gouvernement sud-coren en dcembre, laccusant de chercher faire taire les critiques contre le nuclaire.

Libert de runion
La mobilisation contre la construction dune base navale Gangjeong, un village de lle de Jeju, sest poursuivie. De nombreux habitants et militants taient viss par des poursuites, aussi bien au civil quau pnal. La police a arrt 586manifestants entre juillet2009 et aot2012. En octobre les travaux de construction ont commenc tre mens 24heures sur 24. Au moins six protestataires ont depuis t hospitaliss la suite doprations de la police visant les dloger en pleine nuit. Trois rapporteurs spciaux des Nations unies ont adress en mai une lettre conjointe au gouvernement sud-coren pour exprimer leur vive inquitude au sujet dactes de harclement, de manuvres dintimidation et de mauvais traitements dont auraient t victimes des manifestants pacifiques.

Droits des travailleurs


Des conflits sociaux anciens taient toujours dans limpasse. Les autorits continuaient de recourir des sanctions pnales et intentaient de plus en plus souvent des procs lencontre des travailleurs en grve et des syndicats, leur rclamant de lourds dommages et intrts. n Le 20septembre, la Commission parlementaire du travail et de lenvironnement a organis un dbat au sujet du long conflit social chez Ssangyong Motors, dclench par le licenciement de quelque 2600salaris. En novembre, trois syndicalistes se sont installs en signe de protestation en haut dun pylne lectrique, neuf mtres du sol, proximit de lusine de Ssangyong Motors Pyongtaek. n En juillet, quelque 200employs de Contactus, une entreprise de scurit prive, auraient lanc des projectiles tranchants en acier en direction de 150travailleurs, et auraient frapp ces derniers coups de matraque. Trente-quatre personnes ont t blesses. La police nest pas intervenue pour les protger. Ces travailleurs participaient un sit-in dans une usine appartenant au fabricant de pices

Journalistes et professionnels des mdias


Revendiquant lindpendance de la ligne ditoriale, le personnel de la chane tlvise Munhwa Broadcasting Corporation (MBC) a entam une grve en janvier. Les salaris de la chane Korea Broadcasting System (KBS), de la chane dinformation en continu sur le cble YTN et de lagence de presse Yonhap ont rejoint le mouvement. Les salaris de KBS et de Yonhap ont repris le travail en juin, mais la grve sest poursuivie MBC jusquen juillet. Il sagissait de laction revendicative la plus longue quait jamais connue lentreprise.

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Amnesty International - Rapport 2013

automobiles SJM, situe dans la zone industrielle de Banwol, Ansan.

Droits des migrants


Cette anne encore, des travailleurs migrants sans papiers ont t arrts lors doprations les visant spcifiquement; un certain nombre ont t expulss. n Suweto, un travailleur migrant clandestin dorigine indonsienne, est mort lhpital en novembre des suites de ses blessures. Il avait fait une chute en tentant dchapper une descente effectue de nuit par des agents des services de limmigration. En aot, le Comit pour llimination de la discrimination raciale [ONU] a not avec inquitude que, en Core du Sud, les travailleurs migrants [taient] victimes de discrimination et dexploitation, [ntaient] pas toujours rmunrs ou [percevaient] des salaires plus faibles.

leurs attaques. Beaucoup ont t dplaces la suite de ces vnements. La libert de la presse tait menace et des journaux ont t interdits. Les procdures judiciaires engages aux niveaux local et international progressaient avec lenteur; de nombreux prisonniers taient maintenus en dtention sans jugement. Limpunit restait gnralise, particulirement pour les partisans du gouvernement responsables de crimes de droit international perptrs durant la crise postlectorale en 2011. Le processus de dialogue et de rconciliation tait dans limpasse.

Contexte
Linscurit a persist tout au long de lanne en raison des attaques lances par des combattants arms non identifis contre des cibles militaires. Ces attaques ont caus des pertes civiles et militaires et provoqu des tensions ethniques et politiques entre les services de scurit et la population civile. Elles se sont multiplies partir de juin, aprs la mort de sept casques bleus de lOpration des Nations unies en Cte dIvoire (ONUCI) et de 10civils, tus dans le sud-ouest du pays par des miliciens venus du Liberia. Ces vnements ont entran de nouveaux dplacements de populations et ont t suivis de vagues darrestations. Les autorits ont accus le Front populaire ivoirien (FPI), parti de lancien prsident Laurent Gbagbo, davoir organis ces attaques; elles ont aussi dclar avoir djou plusieurs tentatives de coup dtat et autres complots visant dstabiliser le gouvernement. Le FPI a ni ces accusations. Dans le cadre du processus de rforme des Forces rpublicaines de Cte dIvoire (FRCI) lanc en dcembre2011, une force de police militaire a t cre pour mettre un terme aux atteintes aux droits humains commises par des militaires. Dans la pratique, toutefois, les membres de cette police ont arrt arbitrairement et tortur des opposants, rels ou supposs. Qui plus est, des lments des forces armes ainsi que des miliciens dozos (dont la milice est soutenue par ltat) ont continu tout au long de lanne placer des personnes en dtention arbitraire et les torturer, en toute impunit. Les tentatives de relance du dialogue politique ont chou, dans un contexte de mfiance rciproque entre le gouvernement du prsident Ouattara et le FPI. Ce dernier continuait exiger la libration de ses

Peine de mort
Des condamnations mort ont t prononces cette anne encore. Il ny a pas eu dexcutions. Au moins 60personnes taient sous le coup dune sentence capitale au mois de dcembre. Trois propositions de loi visant labolition de ce chtiment sont devenues caduques la fin de la lgislature. Les dernires excutions dans le pays ont eu lieu en dcembre1997.

Visites et documents dAmnesty International


v Un dlgu dAmnesty International sest rendu en Core du Sud en
avril, juin et novembre.

CTE DIVOIRE
RPUBLIQUE DE CTE DIVOIRE
Chef de ltat: Alassane Ouattara Chef du gouvernement: Guillaume Soro, remplac par Jeannot Kouadio-Ahoussou le 13mars, remplac son tour par Daniel Kablan Duncan le 21novembre Tout au long de lanne, des personnes ont t dtenues de manire arbitraire et tortures, dans un contexte o persistait linscurit et o des combattants arms non identifis poursuivaient

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membres arrts aprs la crise postlectorale, y compris Laurent Gbagbo, comme condition de sa participation la vie politique. Des membres de groupes ethniques notamment bts et gurs gnralement accuss de soutenir lancien prsident Gbagbo ont t pris pour cible en raison de leur origine ethnique, tout particulirement dans louest du pays, o des dozos auraient empch des personnes dplaces de retour chez elles daccder leurs terres ou les auraient obliges de manire arbitraire verser des sommes dargent.

Rfugis et personnes dplaces


Quelque 13000 personnes ont d quitter leur foyer en juin la suite de violences dans des villages situs entre Ta et Nigr, le long de la frontire librienne. la fin de lanne, environ 160000 Ivoiriens navaient toujours pas regagn leur foyer; quelque 80000 taient dplacs lintrieur du pays et prs de 60000 autres avaient trouv refuge au Liberia. Des attaques armes perptres contre des civils et des militaires ont mis en pril la protection des personnes. Elles nourrissaient une mfiance persistante entre communauts et ont provoqu de nouveaux dplacements, essentiellement dans louest du pays.

Dtention arbitraire
C
Plus de 200 personnes souponnes de menacer la scurit de ltat, y compris des membres du FPI, ont t emprisonnes illgalement, le plus souvent dans des lieux de dtention non officiels. Beaucoup taient toujours incarcres sans procs la fin de lanne; dautres ont t libres aprs le paiement dune ranon. n En mars, 77hommes ont t interpells sous laccusation de tentative de dstabilisation du pouvoir. Tous anciens membres des Forces de dfense et de scurit (FDS, lancienne arme rgulire), ils ont t dtenus dans un camp des FRCI Abidjan. Ils ont t librs deux mois plus tard sans avoir t inculps. n Un membre du FPI a t arrt en aot Abidjan par deux hommes en civil qui lont accus dappartenir une milice. Il a t relch deux jours plus tard aprs que ses parents eurent vers une ranon.

Violations des droits humains et exactions dans louest du pays


Linscurit persistait dans louest du pays. Des membres de groupes ethniques considrs comme des sympathisants de Laurent Gbagbo, notamment des Gurs, ont t pris pour cible par des soldats des FRCI et des dozos et ont t victimes dexcutions extrajudiciaires, de passages tabac, de torture, darrestations illgales et de disparitions forces. En juillet, des Dioulas, avec la participation active de combattants dozos et de soldats des FRCI, ont attaqu un camp de personnes dplaces gard par lONUCI Nahibly, prs de Dukou, o vivaient environ 4500hommes, femmes et enfants. Selon certaines sources, cette attaque a t lance en reprsailles des crimes quauraient commis des habitants du camp, notamment le meurtre de quatre personnes Dukou. Au moins 13personnes dplaces ont t tues. Beaucoup dautres ont t grivement blesses; certaines ont t battues et brles avec des gouttes de plastique fondu. Des dizaines de personnes ont t arrtes de manire arbitraire et plusieurs dentre elles ont disparu. En octobre, une fosse commune contenant semble-t-il les corps de personnes disparues aprs lattaque du camp a t dcouverte Dukou. Une enqute a t ouverte, mais elle avait peu progress la fin de lanne.

Torture et morts en dtention


Les FRCI torturaient et maltraitaient rgulirement des personnes souponnes davoir particip des attaques armes ou des complots politiques. Les suspects taient parfois incarcrs pendant de longues priodes dans des lieux de dtention non reconnus avant dtre prsents un juge et transfrs dans une prison. n En mars, un membre de lancienne arme rgulire dtenu dans un camp des FRCI Abidjan a t dshabill, attach par des menottes une barre mtallique et frapp. Du plastique fondu a aussi t vers sur lui. n En aot, le sergent-chef de police Serge Herv Kribi est mort le jour de son arrestation aprs avoir reu des dcharges lectriques au poste de commandement des FRCI San Pedro. Sa famille na appris ce qui lui tait arriv que trois semaines plus tard.

Libert dexpression
De nombreuses violations du droit la libert dexpression ont t signales. n En septembre, le Conseil national de la presse a suspendu pour six jours tous les quotidiens proches

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Amnesty International - Rapport 2013

du FPI (opposition), affirmant que certaines photographies et lgendes relatives lancien prsident Gbagbo et danciens ministres prolongeaient la crise postlectorale.

Justice nationale
Dix-huit mois aprs la crise qui avait suivi les lections, seules des personnes lies au rgime de lancien prsident Gbagbo avaient t arrtes. Aucun membre des anciennes Forces nouvelles ni aucun responsable militaire ou civil partisan du prsident Ouattara navait t amen rpondre des violations graves des droits humains commises. Les procdures judiciaires engages contre les parents et les membres de lentourage de lancien prsident Gbagbo taient marques par des retards et divers manquements, ce qui laissait craindre que ces personnes ne soient maintenues en dtention provisoire durant une longue priode, ou quelles soient juges lors de procs ne satisfaisant pas aux normes internationales en matire dquit. Entre mai et juillet huit personnes, dont Simone Gbagbo, lpouse de lancien prsident, ont t inculpes de gnocide. Le 20dcembre, on a appris la remise en libert provisoire de neuf collaborateurs proches de lancien chef de ltat, qui pour la plupart taient dtenus dans le nord du pays.

internationale. Le Parlement a adopt en dcembre un projet de loi de modification de la Constitution, levant tous les obstacles juridiques internes la ratification. Il votait une semaine plus tard un projet de loi autorisant la ratification. La loi navait pas t promulgue la fin de lanne.

Impunit
Le gouvernement a dclar maintes reprises quil tait dispos juger les responsables de crimes commis durant la crise postlectorale. Une commission nationale denqute charge de mener des investigations sur les violences perptres durant cette priode a rendu son rapport en aot; elle concluait que les deux camps avaient tu des centaines de personnes. Toutefois, aucune procdure judiciaire navait semble-t-il t ouverte la fin de lanne contre les responsables prsums de ces agissements.

Commission dialogue, vrit et rconciliation


La Commission dialogue, vrit et rconciliation (CDVR) instaure en juillet2011 tait confronte des difficults organisationnelles et financires. LONUCI la appele en mai revoir et acclrer ses activits. En juillet, la Commission a condamn publiquement les arrestations illgales, mais ses appels en faveur de la rconciliation et du dialogue nont pas t suivis dinitiatives concrtes.

Justice internationale
En fvrier, la chambre prliminaire de la Cour pnale internationale (CPI) a autoris le procureur enquter sur tous les crimes relevant de la comptence de la CPI commis entre septembre2002 et 2010. Alors que les deux camps taient accuss de crimes de droit international, les enqutes de la CPI portaient principalement sur ceux qui auraient t perptrs par le gouvernement de lancien prsident Gbagbo. Lenqute concernant Laurent Gbagbo, transfr en novembre2011 la CPI, na gure progress. En novembre, la CPI a dcern un mandat darrt contre Simone Gbagbo, lpouse de lancien prsident, pour crimes contre lhumanit, dont des meurtres, des viols et autres formes de violence sexuelle, dautres actes inhumains et des actes de perscution commis durant la crise postlectorale. Des initiatives ont t prises en vue de la ratification du Statut de Rome de la Cour pnale

Responsabilit des entreprises


Six ans aprs le dversement de dchets toxiques qui avait touch des dizaines de milliers dhabitants des environs dAbidjan, un grand nombre de victimes navaient toujours pas t correctement indemnises. la fin de lanne, les autorits navaient toujours pas pris de mesures pour que toutes les personnes ayant eu des problmes de sant la suite de cette opration, et recenses comme telles, aient accs au programme tatique dindemnisation, qui avait t suspendu. la fin de lanne, aucune avance navait t enregistre dans lenqute sur le dtournement, en 2010, dune partie des indemnits accordes par la socit de courtage ptrolier Trafigura aux victimes qui avaient intent une action en justice contre elle au Royaume-Uni. Bien que le ministre de lIntgration africaine ait t limog en mai par le prsident cause de son rle prsum dans le dtournement des

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indemnits, il semblerait que les autorits naient pris aucune autre initiative pour rcuprer les sommes dtournes ni pour faire avancer les investigations contre les personnes impliques.

Visites et documents dAmnesty International


4 Cte dIvoire. Une vrit toxique. propos de Trafigura, du Probo Koala et du dversement de dchets toxiques en Cte dIvoire (AFR31/002/2012). 4 Cte dIvoire. Il est temps de mettre fin au cycle de reprsailles et de vengeance (PRE01/513/2012).

CROATIE
RPUBLIQUE DE CROATIE
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Ivo Josipovi Zoran Milanovi Bien que des progrs aient t constats dans les poursuites judiciaires engages pour les crimes de droit international commis pendant la guerre de 1991-1995, les autorits navaient toujours pas pris les mesures qui simposaient pour en finir avec limpunit. De nombreux actes criminels qui auraient t perptrs par des membres de larme et de la police croates contre des personnes appartenant des minorits, notamment contre des Serbes de Croatie, navaient toujours pas fait lobjet denqutes. Les Roms et les Serbes de Croatie, ainsi que les lesbiennes, les gays et les personnes bisexuelles, transgenres ou intersexues (LGBTI), faisaient toujours lobjet de discriminations.

Crimes de droit international


La Commission europenne a indiqu en octobre que de nouvelles arrestations, inculpations et dcisions de justice taient intervenues concernant des crimes de droit international, dans le cadre de la Stratgie denqute sur les crimes de guerre et de poursuite en justice de leurs auteurs prsums adopte par la Croatie en 2011. De nouvelles affaires ont t transfres aux quatre tribunaux spcialiss dOsijek, Rijeka, Split et Zagreb. La Commission a cependant rpt que la lutte contre limpunit des auteurs de crimes passs restait

un dfi majeur et que le gouvernement devait prendre des mesures pour faciliter la prsence des tmoins aux procs, en particulier dans les affaires transfres aux chambres spcialises. Le problme de limpunit des auteurs de crimes de guerre tait exacerb par le fait que les tribunaux recouraient au Code pnal de 1993 pour les actes commis pendant la guerre de 1991-1995, alors que ce texte ntait pas conforme aux normes internationales: il ne prvoyait ni les crimes contre lhumanit ni la plupart des actes de violence sexuelle. Il ne reconnaissait pas non plus la responsabilit de la chane hirarchique dans les crimes de droit international. Autant de lacunes qui favorisaient limpunit. Des progrs ont t constats en matire de soutien aux tmoins, mais la protection de ces derniers demeurait insuffisante et ceux qui cherchaient les intimider ntaient pas traduits en justice. Douze ans aprs son ouverture, lenqute sur le meurtre de Milan Levar, tmoin dans une affaire de crimes de droit international, tait toujours au point mort. Les autorits ne faisaient rien pour que les victimes et les familles de victimes aient accs des rparations. la fin de lanne, 1090procdures pnales avaient t ouvertes concernant 490pisodes ayant donn lieu des allgations de crimes de guerre enregistres en Croatie depuis la fin du conflit. Les auteurs prsums avaient t identifis dans 316cas, ce qui reprsentait 849affaires pnales. Toutefois, seules 112affaires (10%) sur lensemble des procdures officiellement engages taient alles leur terme devant la justice croate. Dans 174situations o des crimes de guerre avaient t commis, qui avaient donn lieu 241affaires pnales, les auteurs prsums navaient toujours pas t identifis. n Arrt en 2010 et inculp en 2011, Tomislav Merep, ancien conseiller du ministre de lIntrieur et commandant de lunit spciale de rserve du ministre, a t remis en libert en juillet. Il tait inculp dans le cadre du meurtre ou de la disparition force de 43civils serbes de la rgion de Zagreb et de Pakraka Poljana. n Les allgations pesant contre le vice-prsident du Parlement, Vladimir eks, accus dtre responsable de crimes commis sous son commandement en

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Slavonie orientale, en 1991, nont fait lobjet daucune enqute, malgr lexistence dinformations publiques concernant son rle prsum lpoque. Ce rle tait en effet attest par les propos de plusieurs personnes ayant tmoign dans des affaires concernant des crimes perptrs en Slavonie orientale, des ordres donns par le prsident croate de lpoque et des dclarations faites devant les tribunaux par Vladimir eks lui-mme. n Lancien gnral de larme croate Davor DomazetLoo navait toujours pas t inquit par la justice. Il tait accus davoir des responsabilits dans des crimes commis sous son commandement dans la poche de Medak, en 1993. Ces accusations reposaient sur des lments voqus en mai 2008 lors du procs des gnraux Rahim Ademi et Mirko Norac. Rahim Ademi avait t exonr de toute responsabilit pour les crimes commis dans la poche de Medak, le tribunal ayant attribu Davor Domazet-Loo la responsabilit hirarchique de lopration sur le terrain.

considrable dans toute la rgion, provoquant une recrudescence des discours nationalistes aussi bien en Croatie quen Serbie. Les deux officiers ont t chaleureusement accueillis par les autorits leur retour en Croatie. Les dfenseurs des droits humains de la rgion, eux, ont raffirm limportance quil y avait exiger que les auteurs des crimes commis contre la population civile serbe entre 1991 et 1995 rendent des comptes.

Discrimination
Les Roms faisaient toujours lobjet de discriminations en matire de droits conomiques et sociaux, notamment dans le domaine de lducation, de lemploi et du logement. Les mesures prises par les autorits restaient insuffisantes. Les autorits navaient toujours pas appliqu larrt de la Cour europenne des droits de lhomme les invitant mettre un terme la sgrgation des enfants roms dans les tablissements scolaires. Les Serbes de Croatie continuaient de faire lobjet de discriminations, essentiellement dans le domaine de lemploi et du logement.

Justice internationale
Plusieurs affaires concernant la Croatie taient en instance fin 2012 devant le Tribunal pnal international pour lex-Yougoslavie (le Tribunal). n Le procs de Jovica Stanii et de Franko Simatovi, accuss de crimes de guerre et de crimes contre lhumanit, sest poursuivi. Le procs de Goran Hadi, ex-prsident de la Rpublique serbe de Krajina (RSK), autoproclame, a commenc au mois doctobre. Arrt en Serbie et remis au Tribunal en 2011, Goran Hadi tait accus de crimes contre lhumanit et de crimes de guerre. La procdure dappel entame en octobre concernant la condamnation en premire instance, en 2011, de Momilo Perii navait pas abouti la fin de lanne. Ce dernier avait t condamn 27ans demprisonnement pour crimes de guerre et crimes contre lhumanit. Il avait t reconnu personnellement responsable dactes commis en Bosnie-Herzgovine, et responsable en tant que suprieur hirarchique de crimes perptrs en Croatie, dans le cadre du bombardement de Zagreb. La Chambre dappel du Tribunal a acquitt en novembre les gnraux Ante Gotovina et Mladen Marka des chefs de crimes contre lhumanit et crimes de guerre, pour lesquels ils avaient t condamns respectivement 24 et 18ans demprisonnement. Ce verdict a eu un cho

Crimes de haine
La protection juridique des personnes contre les crimes homophobes ou transphobes a t renforce. Un certain nombre de modifications du Code pnal adoptes en 2012 ont inscrit lidentit de genre comme motif susceptible de qualifier un crime dit de haine. Toutefois, en labsence de directives prcises donnes la police, les agressions contre des personnes LGBTI taient parfois classes comme des infractions mineures, leur dimension discriminatoire ntant bien souvent pas examine.

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus en Croatie en
fvrier, mars et juin. 4 The right to know: Families still left in the dark in the Balkans (EUR05/001/2012). 4 Croatie. Une protection insuffisante. Crimes homophobes et transphobes en Croatie (EUR64/001/2012). @06 reports:4 Croatie. La protection des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres ne doit pas tre uniquement assure lors de la marche des fierts (EUR64/004/2012). 4 Arrestations lies lopration de la poche de Medak : de hauts responsables doivent encore faire lobjet dinvestigations (PRE01/119/2012).

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CUBA
RPUBLIQUE DE CUBA
Chef de ltat et du gouvernement: Ral Castro Ruz La rpression contre les journalistes indpendants, les dirigeants de lopposition et les militants des droits humains sest intensifie. Daprs certaines informations, il y avait en moyenne 400arrestations de courte dure chaque mois et les militants qui se rendaient La Havane depuis les diffrentes provinces taient dans bien des cas interpells. Il y avait toujours des prisonniers dopinion dans le pays des personnes maintenues en dtention provisoire ou condamnes sur la foi daccusations forges de toutes pices.

Droits la libert dexpression, dassociation, de circulation et de runion


Rgulirement, des manifestants pacifiques, des journalistes indpendants et des dfenseurs des droits humains taient interpells pour avoir exerc leurs droits la libert dexpression, dassociation et de runion. Beaucoup taient placs en dtention; dautres taient soumis des actes de rpudiation de la part de partisans du rgime. n Une vague darrestations a vis en mars les dfenseurs des droits humains; les organisations locales ont signal 1137interpellations arbitraires en marge de la visite du pape BenotXVI. Les autorits ont pris une srie de mesures pour empcher les militants des droits humains de travailler bouclages de domiciles et coupures de lignes tlphoniques, notamment. Ces mesures ont vis des organisations dont les activits taient tolres jusque-l, comme la Commission cubaine des droits humains et de la rconciliation nationale. Des journalistes indpendants qui avaient voqu les activits de dissidents ont t placs en dtention. Le pouvoir a continu dexercer sa mainmise sur tous les mdias; laccs linformation sur Internet tait toujours difficile en raison des limitations techniques et des restrictions imposes aux contenus en ligne. n Enjuillet, Oswaldo Pay Sardias, lun des dfenseurs des droits humains et de la dmocratie les plus respects Cuba, a trouv la mort dans un

accident de voiture dans la province de Granma. Plusieurs journalistes et blogueurs qui avaient assist laudience sur les circonstances de laccident ont t gards quelques heures en dtention. n En septembre, Roberto de Jess Guerra Prez, le fondateur de lagence de presse indpendante Hablemos Press, a t embarqu de force dans une voiture et molest, puis conduit au poste de police. Avant dtre relch, il a t inform quil tait devenu le journaliste dissident numro un et quil serait jet en prison sil poursuivait ses activits. Le gouvernement dployait un certain nombre dinitiatives pour faire cesser ou sanctionner les activits des opposants politiques. Souvent les personnes qui tentaient de se rendre des runions ou des manifestations taient places en dtention ou empches de quitter leur domicile. Les opposants politiques, les journalistes indpendants et les militants des droits humains se voyaient rgulirement refuser des visas pour ltranger. n La blogueuse et opposante Yoani Snchez sest vu refuser un visa de sortie pour la 19e fois depuis mai 2008. Elle devait se rendre au Brsil pour la projection dun documentaire sur les blogueurs et la censure, dans lequel elle apparaissait. n En septembre, une cinquantaine de membres des Dames en blanc qui se rendaient La Havane pour participer une manifestation publique ont t arrts. La plupart ont t immdiatement renvoys dans leur province dorigine et remis en libert; 19 ont t dtenus au secret pendant plusieurs jours. En octobre, le gouvernement a annonc que la Loi de migration avait t modifie en vue de faciliter les voyages ltranger. Lobligation dobtenir un visa de sortie a notamment t supprime. Nanmoins, une srie de critres laisss la discrtion des autorits pourrait continuer de restreindre le droit des Cubains de sortir du pays. Les changements introduits devaient entrer en vigueur en janvier2013.

Prisonniers dopinion
Amnesty International a adopt sept nouveaux prisonniers dopinion en 2012. Trois ont t remis en libert sans inculpation. n Antonio Michel Lima Cruz a t remis en libert en octobre aprs avoir purg une peine de deux ans demprisonnement. Il avait t dclar coupable doutrage aux symboles de la patrie et de troubles lordre public pour avoir entonn des chansons

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Amnesty International - Rapport 2013

hostiles au rgime. Condamn une peine plus longue pour les mmes faits, son frre, Marcos Miquel, tait toujours dtenu la fin de lanne. n Ivonne Malleza Galano et Ignacio Martnez Montejo ont t librs en janvier, de mme quIsabel Haydee lvarez qui avait t arrte pour avoir rclam leur remise en libert. Tous trois ont t maintenus en dtention sans inculpation pendant 52jours lissue dune manifestation laquelle ils avaient particip en novembre2011. leur libration, des agents de ltat les ont menacs de peines svres sils continuaient de mener des activits dissidentes. n La journaliste Yasmn Conyedo Rivern, reprsentante des Dames en blanc dans la province de Santa Clara, et son poux Yusmani Rafael lvarez Esmori ont t librs sous caution en avril au terme de prs de trois mois de dtention. Ils avaient t accuss de violences ou intimidations sur la personne dune fonctionnaire. Cette dernire sest ensuite rtracte.

ville sans autorisation pralable ni @00 country info:frquenter des personnes critiques lgard du gouvernement.

Lembargo des tats-Unis


Les tats-Unis ont reconduit en septembre lapplication de la Loi relative au commerce avec lennemi, qui impose des sanctions financires et conomiques Cuba et interdit aux citoyens amricains de se rendre sur lle et de sy livrer des activits conomiques. En novembre et pour la 21e anne conscutive, lAssemble gnrale des Nations unies a adopt une rsolution demandant aux tats-Unis de lever lembargo unilatral contre Cuba. Plusieurs organismes des Nations unies, dont lOMS, lUNICEF et le FNUAP, se sont fait lcho des effets ngatifs de lembargo sur la sant et le bientre des Cubains, en particulier au sein des groupes marginaliss. Les autorits de sant cubaines et les organismes des Nations unies prsents sur lle nont pas eu accs en 2012 aux quipements mdicaux, aux mdicaments et au matriel de laboratoire fabriqus sous brevet amricain.

Dtention arbitraire
De nouveaux cas de dtention arbitraire de courte dure ont t signals, y compris de nombreuses dtentions au secret. n En fvrier, lancien prisonnier dopinion Jos Daniel Ferrer Garca a t incarcr et mis au secret durant trois jours. Pendant sa dtention, on la menac demprisonnement sil poursuivait ses activits de dissident dans le cadre de lUnion patriotique de Cuba. De nouveau arrt en avril, il a t inculp de troubles lordre public. Il a t remis en libert27jours plus tard la condition de cesser tout militantisme politique. n Niurka Luque lvarez et Sonia Garro Alfonso, membres des Dames en blanc, et Ramn Alejandro Muoz Gonzlez, le mari de Sonia Garro Alfonso, ont t incarcrs en mars sans inculpation. Niurka Luque lvarez a t libre en octobre. Sonia Garro Alfonso et son poux taient toujours emprisonns la fin de lanne, sans quaucune inculpation ne leur ait t notifie en bonne et due forme. n Andrs Carrin lvarez a t arrt pour avoir cri Libert! et bas le communisme! lors dune messe en plein air clbre par le pape BenotXVI. Il a pass 16jours en prison avant dtre relch. Trois jours plus tard, il a t de nouveau interpell. Inculp de troubles lordre public, il a t relch au bout de cinq heures. Sa libration a t assortie dun certain nombre de conditions: il doit se prsenter la police une fois par semaine et il nest pas autoris quitter sa

Visites et documents dAmnesty International


v Amnesty International na pas t autorise pntrer sur le territoire
cubain depuis 1990. 4 Cuba. Rpression routinire. Dtention de courte dure et harclement caractre politique Cuba (AMR25/007/2012). 4 Cuba: Freedom of assembly and expression limited by

government policies (AMR25/027/2012).

DANEMARK
ROYAUME DU DANEMARK
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Margrethe II Helle Thorning-Schmidt Le Parlement europen a recommand dans un rapport que le Danemark diligente une enqute indpendante sur sa participation au programme de restitutions men par les tats-Unis. Le transfert de dtenus aux services de renseignement

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afghans par les forces armes danoises, qui avait t suspendu, a repris malgr les risques rels de torture et autres mauvais traitements quencouraient les personnes transfres. La dtention de migrants vulnrables demeurait un sujet de proccupation.

Torture et autres mauvais traitements


En avril, le gouvernement a cr une commission charge denquter sur la participation du Danemark la guerre en Irak, et notamment sur des allgations selon lesquelles larme aurait remis des dtenus aux autorits irakiennes alors quelle savait, semblet-il, quils risquaient dtre maltraits, voire torturs. On a appris en octobre que des soldats danois taient en possession dune vido montrant apparemment des soldats irakiens en train de brutaliser des dtenus. n Daprs des informations recueillies en dcembre, 11Irakiens ont t empchs de facto de porter plainte contre le Danemark, quils accusaient de les avoir transfrs aux autorits irakiennes tout en sachant pertinemment quils seraient en danger. En effet, ils staient vu refuser lassistance juridique et devaient dposer chacun une caution de 40000couronnes pour lancer la procdure, alors quaucun ntait en mesure de runir une telle somme. Prcdemment suspendus, les transferts par les forces armes danoises de dtenus la Direction nationale de la scurit afghane (DNS, le service afghan du renseignement) ont repris en octobre, alors mme que les personnes aux mains de la DNS couraient un risque effectif de subir des tortures et dautres mauvais traitements. Larme danoise a ainsi remis des dtenus afghans lantenne de la DNS de Lashkar Gah les 20octobre et 23novembre.

galement en septembre, une commission dexperts a prsent un avant-projet de loi en vue dtablir un contrle indpendant sur la collecte et le stockage, par les services danois de scurit et de renseignement, de donnes concernant les particuliers et les organisations. Certains observateurs ont toutefois fait part de leurs inquitudes, jugeant que le texte en projet ninstituait pas un mcanisme de contrle suffisamment indpendant et efficace. Il ne contenait pas non plus de dispositions de fond sur la transmission de ce type de donnes des services de renseignement trangers.

Police et forces de scurit


En aot, le directeur de lAutorit indpendante de traitement des plaintes contre la police a indiqu quun nombre considrable de plaintes devaient tre classes sans suite car il tait impossible didentifier les fonctionnaires mis en cause. Plusieurs responsables politiques ont alors demand que les policiers portent un numro de matricule sur leur uniforme, une proposition laquelle se sont opposs des directeurs de services de police.

Violences faites aux femmes et aux filles


En novembre, le Comit permanent dtude du Code pnal a publi un rapport sur les infractions caractre sexuel, qui contenait plusieurs propositions de rforme lgislative. Il tait propos notamment driger en infraction les svices sexuels imposs par un conjoint lorsque la victime est dans lincapacit de rsister, et de supprimer la possibilit dallger ou dannuler la peine si lauteur et la victime se marient ou restent maris aprs un viol.

Rfugis et demandeurs dasile


Cette anne encore, des personnes vulnrables notamment des victimes de torture, des personnes souffrant de troubles mentaux et des mineurs isols ont t places en dtention au titre de la lgislation sur limmigration. Il ny a pas eu de renvoi forc en Syrie au cours de lanne. Les services danois de limmigration ont accord une protection environ 88% des demandeurs dasile syriens. Les autres quelque 180personnes se sont vu refuser lasile et la possibilit de travailler ou dtudier au Danemark. Certains demandeurs dasile venant de pays comme lOuganda, o ils risquaient dtre perscuts

Lutte contre le terrorisme et scurit


Dans un rapport rendu public en septembre, le Parlement europen a recommand au Danemark de mener une enqute indpendante sur sa participation prsume au programme de restitutions de la CIA. Une tude ralise par lInstitut danois dtudes internationales la demande du gouvernement a t publie en mai; elle contenait une analyse de documents dj compils prcdemment qui ne constituait pas une enqute conforme aux exigences en matire de droits humains.

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en raison de leur orientation sexuelle, se sont vu opposer une dcision de rejet motive par le fait quils devraient cacher leur sexualit. n En juin, la Cour suprme a jug que les obligations imposes Elias Karkavandi un demandeur dasile iranien dbout en vertu du rgime dit de sjour tolr taient disproportionnes et portaient atteinte son droit de circuler librement: il tait notamment contraint de rester au centre pour demandeurs dasile de Sandholm et de se prsenter rgulirement la police.

GYPTE
RPUBLIQUE ARABE DGYPTE
Chef de ltat: Mohamed Hussein Tantaoui, remplac par Mohamed Morsi le 30 juin Chef du gouvernement: Kamal Ganzouri, remplac par Hisham Qandil le 1er aot Au moins 28protestataires ont t tus par les forces de scurit au Caire et Suez au cours de manifestations contre le rgime militaire. La police antimeutes et larme ont fait un usage excessif de la force pour disperser des manifestants, qui se sont plaints par la suite davoir t torturs ou maltraits en dtention. Des manifestations dopposants et de partisans du prsident, parfois violentes, ont eu lieu en novembre et en dcembre. Cette anne encore, des procs se sont drouls devant la Cour suprme de sret de ltat (instaure par la lgislation dexception), et les forces de scurit ont continu dagir au-dessus des lois. Lancien prsident Hosni Moubarak et lancien ministre de lIntrieur ont t condamns la rclusion perptuit pour des meurtres de manifestants lors du soulvement de 2011; beaucoup dautres responsables prsums de tels actes ont t acquitts. Aucun membre du Conseil suprme des forces armes (CSFA) na eu rendre de comptes pour les violations des droits humains commises lorsque cet organe tait au pouvoir. Le prsident Morsi a dsign une commission charge denquter sur les atteintes aux droits humains commises entre janvier2011 et juin2012. Il a graci des civils qui avaient t jugs par des tribunaux militaires et a accord une

amnistie gnrale pour les infractions commises au cours des manifestations contre le rgime militaire. Les membres de minorits religieuses taient toujours victimes de discriminations. Des journalistes et des militants ont t poursuivis pour insulte au prsident et blasphme. Les femmes faisaient lobjet de discriminations dans la lgislation et en pratique; elles taient souvent victimes de harclement sexuel. Des milliers de familles vivaient toujours dans des quartiers dhabitat prcaire (bidonvilles) appels zones dangereuses, et des milliers dautres taient menacs dexpulsion force. Des migrants qui tentaient de pntrer en Isral depuis lgypte auraient t tus par les forces de scurit. Selon les informations recueillies, par ailleurs, un certain nombre taient la proie de trafiquants dtres humains alors quils traversaient la pninsule du Sina. Au moins 91personnes ont t condamnes mort; on ignore si des excutions ont eu lieu.

Contexte
Le nouveau Parlement lu sest runi pour la premire fois le 23janvier. Il a dsign en mars une Assemble constituante de 100membres charge de la rdaction de la nouvelle Constitution. Cette instance domine par les islamistes a t critique car elle ne comprenait que six femmes et six chrtiens coptes. Elle a t suspendue le 10avril par un tribunal administratif la suite dun recours. lexpiration, en mai, de ltat durgence en vigueur depuis 31ans, les autorits ont essay de conserver des pouvoirs dexception. Le 13juin, le ministre de la Justice a confr aux membres de larme et des services du renseignement le pouvoir de procder des arrestations, cette mesure rapidement annule par un tribunal administratif. Le Parlement a approuv en juin la formation dune nouvelle Assemble constituante, qui a fait lobjet de nouvelles actions en justice et dun boycott grandissant de la part des partis dopposition, de la socit civile et de lglise copte. Le CSFA a dissous le Parlement le 16juin la suite dun arrt de la Cour suprme constitutionnelle concluant la non-constitutionnalit des lections. Le 17juin, quelques jours avant la proclamation du rsultat de llection prsidentielle, le CSFA a considrablement tendu ses pouvoirs et limit ceux du nouveau gouvernement. Le prsident nouvellement lu, Mohamed Morsi, a annonc le

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12aot quil avait annul les nouveaux pouvoirs du CSFA, dont le chef, Mohamed Tantaoui, a t mis la retraite. Cette dcision intervenait la suite de la mort de 16soldats dans une attaque mene par un groupe arm dans la pninsule du Sina. Les autorits ont alors lanc une offensive scuritaire dans la rgion. Le 22novembre, le prsident Morsi a annonc par dcret que les tribunaux ne pouvaient pas contester ses dcisions ni examiner les recours contre lAssemble constituante. Il a galement promulgu une loi rpressive pour protger la rvolution, remplac le procureur gnral et demand de nouvelles enqutes et poursuites dans des affaires dhomicides de manifestants. LAssemble constituante a achev le 30novembre le projet de Constitution. Le dcret prsidentiel et le projet de Constitution ont dclench des manifestations dans tout le pays et une grve des juges, ainsi que des violences entre partisans et opposants du prsident. Dix personnes au moins ont t tues dans des affrontements les 5 et 6dcembre devant le palais prsidentiel, au Caire. Face aux troubles, le prsident Morsi a partiellement annul son dcret le 8dcembre. La nouvelle Constitution a t adopte par rfrendum la fin de dcembre.

Torture et autres mauvais traitements


Aucune rforme lgislative ou politique en vue dliminer la torture na t mise en uvre par le CSFA ou par le gouvernement du prsident Morsi. LAssemble du peuple (Parlement) a dbattu dun durcissement des peines pour les actes de torture, mais na pas adopt de texte en ce sens avant sa dissolution. Les forces de scurit continuaient de recourir en toute impunit la torture, entre autres formes de mauvais traitements. Une ONG a recens 88cas de torture ou de mauvais traitements infligs par des policiers pendant les 100premiers jours du mandat du prsident Morsi. Des manifestants interpells par la police antimeutes ou larme ont t passs tabac et ont reu des dcharges lectriques en dtention, notamment dans la prison de Tora, au sud du Caire, o les dtenus taient entasss dans les cellules, navaient pas de vtements appropris et taient privs de soins. Des manifestants se sont plaints davoir t enlevs et emmens dans des lieux tenus secrets, o on leur aurait administr des dcharges lectriques et inflig

des svices sexuels pour les obliger donner des informations sur leur participation aux manifestations. n George Ramzi Nakhla a t arrt le 6fvrier au Caire. Il a dclar que des membres de la police antimeutes lui avaient attach les bras et les jambes larrire dun de leurs vhicules blinds et lavaient tran lentement sur la route pendant que dautres lui assnaient des coups de matraque. Il aurait de nouveau t battu au ministre de lIntrieur, o on lui aurait administr des dcharges lectriques. Alors quil souffrait dune fracture du bras, il na pas t soign. Il a en outre t contraint de rester accroupi pendant plusieurs heures, en compagnie de 13autres hommes. Il sest plaint davoir t frapp coups de cble lectrique et davoir t insult aprs son transfert la prison de Tora. Il a t remis en libert le 25mars lissue dune grve de la faim de trois jours. n Abdel Haleem Hnesh a t arrt par des militaires le 4mai au cours dune manifestation dans le quartier dAbbaseya, au Caire. Il a affirm que les soldats lavaient violemment frapp laide de btons de deux mtres de long et de matraques lectriques, puis lavaient emmen, avec une quarantaine dautres manifestants, la caserne S28, au Caire. Prsent des procureurs militaires, il a ensuite t transfr la prison de Tora, o il a t battu son arrive coups de tuyau darrosage et de bton. Il a t libr cinq jours plus tard.

Procs inquitables
La nouvelle Constitution prvoyait que des civils pouvaient tre renvoys devant des tribunaux militaires et jugs selon une procdure par nature inquitable. Le Parlement a adopt en avril des modifications du Code de justice militaire, privant le prsident de son pouvoir de dfrer des civils devant une juridiction militaire. Il na toutefois pas modifi les articles qui donnent aux tribunaux militaires comptence pour juger des civils. Le prsident Morsi a nomm en juillet une commission charge de rexaminer les cas de civils jugs par des tribunaux militaires, ainsi que ceux dautres personnes dtenues par le ministre de lIntrieur et de rvolutionnaires condamns des peines demprisonnement par des juridictions pnales ordinaires. Le chef de ltat a graci, en juillet et en aot, 700personnes environ sur la recommandation de cette commission; il a dcrt en octobre une amnistie gnrale pour les infractions commises en

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2011 et 2012 dans le but de soutenir la rvolution. Le dcret prsidentiel ne prvoyait toutefois pas de faire rejuger de manire quitable les quelque 1100civils emprisonns par des tribunaux militaires pour dautres infractions pnales. Bien que ltat durgence ait expir la fin du mois de mai, des tribunaux instaurs par la lgislation dexception continuaient de juger des personnes accuses dinfractions lies au terrorisme ou au mouvement de protestation, ainsi que des affaires de violences interconfessionnelles. n Le 4mai, Mahmoud Mohamed Amin a t arrt par des militaires en mme temps quenviron 300personnes qui protestaient contre le rgime militaire dans le quartier dAbbaseya, au Caire. Ils ont t dfrs devant des procureurs militaires et poursuivis pour avoir attaqu des soldats et troubl lordre public, entre autres infractions. Mahmoud Mohamed Amin et dautres dtenus ont entam une grve de la faim le 20mai pour protester contre leur renvoi devant des juridictions militaires. Mahmoud Mohamed Amin a t remis en libert le 19juin dans lattente de son procs. Les poursuites son encontre ont t abandonnes la faveur de lamnistie gnrale dcrte en octobre.

tus par des hommes en civil au cours dun match Port Sad, sous les yeux des forces de scurit qui nont rien fait pour empcher les violences. n Au moins 12personnes ont t tues entre le 28avril et le 4mai par des hommes en civil lors dun sit-in organis sur la place Abbaseya, au Caire, pour protester contre le droulement de llection prsidentielle. Les forces de scurit ne sont pas intervenues, ce qui laissait penser que ces hommes avaient agi sur ordre de larme ou avec son aval. n Le 20novembre, Gaber Salah Gaber, un manifestant g de moins de 20ans, aurait t abattu par les forces de scurit non loin du ministre de lIntrieur, au Caire.

Impunit
Avance historique dans le cadre de la lutte contre limpunit, lancien prsident Moubarak et lancien ministre de lIntrieur, Habib el Adly, ont t jugs responsables en juin de la mort de manifestants et des blessures infliges dautres protestataires durant le soulvement de 2011, et condamns la rclusion perptuit. Six hauts responsables des forces de scurit ont toutefois t acquitts. Le parquet a fait valoir quil navait pas pu recueillir dlments de preuve, faute dune coopration approprie de la part des Renseignements gnraux et du ministre de lIntrieur. La plupart des policiers jugs pour le meurtre de manifestants lors du soulvement de 2011 ont t acquitts. Les tribunaux ont gnralement considr que la police avait fait un usage justifi de la force meurtrire, ou que les preuves charge ntaient pas suffisantes. Des centaines de victimes et de proches de victimes du soulvement attendaient toujours justice et vrit. En octobre, tous les accuss dans laffaire dite de la Bataille des chameaux, nom donn aux affrontements qui ont oppos en fvrier2011 partisans et opposants du prsident Moubarak sur la place Tahrir, ont t acquitts. Des fonctionnaires du parquet ont laiss entendre par la suite que la procdure serait rouverte. Aucun militaire na t traduit en justice pour des homicides ou des actes de torture commis au cours des manifestations qui ont eu lieu dans la rue Mohamed Mahmoud et devant le sige du gouvernement en novembre et dcembre2011. Les juges dinstruction civils ont en revanche renvoy des

Utilisation excessive de la force


Au dbut de lanne, les protestations visaient essentiellement le rgime militaire. Aprs llection du prsident Morsi, des manifestations ont t organises tant par ses partisans que par ses opposants. Les forces de scurit se sont montres trs discrtes, tout particulirement pendant les grandes manifestations sur la place Tahrir; dans certains cas cependant, elles ont affront les manifestants. Aucune rforme de la police na t mise en uvre et les autorits ont eu recours des mthodes qui rappelaient lpoque Moubarak, les forces de scurit faisant un usage excessif de la force contre des manifestants. La police antimeutes a eu recours une force excessive et injustifie, notamment en utilisant des armes feu et des grenades lacrymognes de fabrication amricaine. n Entre le 2 et le 6fvrier, au Caire et Suez, les forces de scurit ont recouru la force meurtrire sans donner davertissement pour disperser des manifestants, faisant 16morts au total. Les manifestations ont eu lieu au lendemain de la mort denviron 70supporters du club de football dAl Ahly,

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manifestants devant des juridictions de jugement pour des actes de violence prsums. Les personnes mises en cause dans le cadre des manifestations de la rue Mohamed Mahmoud ont t amnisties; le procs concernant la manifestation devant le sige du gouvernement ntait pas termin la fin de lanne. Un seul agent de la police antimeutes a t traduit en justice pour des atteintes aux droits humains commises pendant les manifestations de la rue Mohamed Mahmoud. Son procs ntait pas termin la fin de lanne. En septembre, un tribunal militaire a condamn deux soldats une peine de deux ans demprisonnement et un troisime trois ans demprisonnement pour homicide involontaire. Ils taient poursuivis pour avoir fonc sur 14coptes bord de leur vhicule blind en octobre2011 lors de la manifestation de Maspero, au Caire. Les investigations menes par des juges civils sur lhomicide de 13autres personnes nont pas permis didentifier les responsables. Aucun membre du CSFA na t traduit en justice pour la mort de manifestants pendant les 17mois du rgime militaire. En juillet, le prsident Morsi a mis en place une commission forme dagents de ltat, de militants de la socit civile et de familles de victimes pour enquter sur les cas de manifestants tus ou blesss durant le soulvement de 2011 et le rgime du CSFA, et identifier les responsables de ces actes. Aucune mesure na t prise pour garantir le droit la vrit, la justice et des rparations des victimes de violations graves des droits humains, y compris dactes de torture, perptres pendant les 30ans du rgime dHosni Moubarak.

avril2011 lissue dun procs inquitable devant un tribunal militaire. Il avait critiqu larme et exprim son objection au service militaire. n Islam Affifi, rdacteur en chef du quotidien Al Dostour, a t jug en aot pour avoir publi des nouvelles fausses et insultantes pour le prsident. Son procs ntait pas termin la fin de lanne. n En octobre, le prsentateur de tlvision Tawfiq Okasha a t condamn quatre mois demprisonnement assortis dune amende pour avoir insult le prsident. Il a t laiss en libert dans lattente de lexamen de son appel. n Alber Saber Ayad a t arrt le 13septembre aprs que des personnes eurent encercl son domicile en laccusant de dfendre le film controvers LInnocence des musulmans. Cet homme, considr comme un prisonnier dopinion, a t condamn en dcembre trois ans demprisonnement pour avoir diffam la religion, cause darticles et de vidos diffuss sur Internet. Il a nanmoins t laiss en libert dans lattente de son procs en appel. n En fvrier sest ouvert le procs de 43employs de cinq organisations internationales poursuivies pour avoir reu des financements trangers sans autorisation et avoir fonctionn sans tre enregistres. La plupart taient jugs par dfaut; le procs ntait pas termin la fin de lanne.

Droits des femmes


La nouvelle Constitution prohibait la discrimination entre les citoyens gyptiens, mais ninterdisait pas explicitement la discrimination lgard des femmes. Elle faisait au contraire rfrence leurs devoirs de mre au foyer. Les femmes taient marginalises dans les nouvelles institutions politiques. Elles noccupaient que 12 des 508siges de lAssemble populaire avant sa dissolution. Sept femmes seulement faisaient partie de la deuxime Assemble constituante. Les femmes taient largement absentes du gouvernement dsign par le prsident Morsi et aucune na t nomme un poste de gouverneur. Elles taient toujours exclues des fonctions judiciaires. Les lois et pratiques discriminatoires en matire de mariage, de divorce, de garde des enfants et dhritage ont t maintenues. Plusieurs femmes auraient t victimes dactes de harclement ou dagressions sexuelles durant les manifestations de masse, notamment sur la place Tahrir. En juin, des hommes ont attaqu une

Libert dexpression et dassociation


Des informations judiciaires taient en cours contre des personnes accuses de blasphme et doutrage agents de ltat. De nouvelles dispositions constitutionnelles ont restreint la libert dexpression et interdit les insultes envers des individus ou des prophtes. Un projet de loi limitait la libert dassociation et imposait des rgles rpressives lenregistrement et au financement tranger des ONG. n Le prisonnier dopinion Maikel Nabil Sanad a t libr le 24janvier dans le cadre dune grce accorde par le CSFA de nombreux dtenus. Ce blogueur avait t condamn une peine demprisonnement en

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manifestation contre le harclement sexuel au Caire; ils ont importun les participantes et les ont agresses sexuellement. En septembre, un homme a abattu dans la rue Assiout une femme qui aurait rsist au harclement sexuel quil lui infligeait. Aprs les vacances de lAd, en octobre, les autorits ont annonc avoir reu plus de 1000plaintes pour harclement sexuel. Aucun membre des forces de scurit na eu rendre de comptes pour des violences sexuelles ou lies au genre infliges des dtenues aprs les manifestations de 2011 contre le CSFA. n En mars, un tribunal militaire a relax un mdecin militaire poursuivi dans le cadre des tests de virginit imposs des manifestantes en mars2011.

devaient tre vendus. La police nest pas intervenue pour protger les coptes contre les attaques ou lexpulsion force. Seules les cinq familles coptes qui ntaient pas concernes par le diffrend initial ont pu rentrer chez elles aprs la visite dune dlgation parlementaire dans le village.

Droits en matire de logement expulsions forces


La Constitution garantissait le droit un logement convenable, sans toutefois interdire explicitement les expulsions forces. Les garanties contre lexpulsion force restaient absentes de la lgislation et des politiques gyptiennes. Le Fonds de dveloppement des quartiers informels, un organisme gouvernemental, estimait quenviron 11500habitations, essentiellement au Caire, taient situes dans des zones dangereuses et reprsentaient une menace pour la vie des habitants, ce qui rendait ncessaire leur vacuation immdiate. Le Fonds a galement identifi 120000autres habitations de zones dangereuses devant tre vacues avant 2017. Il envisageait apparemment la possibilit de rnover les bidonvilles et de reloger les habitants proximit de leur habitation existante. Selon des responsables du ministre du Logement, le projet Le Caire2050 a t rexamin et certains chantiers qui auraient entran des expulsions massives ont t abandonns. Un nouveau plan durbanisme, gypte 2052, tait en cours dlaboration, mais les habitants des quartiers dhabitat prcaire navaient pas t consults. n En aot, des affrontements ont clat entre la police et des habitants du bidonville de Ramlet Bulaq, dans le centre du Caire, aprs quun policier eut semble-t-il tu lun dentre eux. La police a effectu plusieurs descentes dans le quartier et arrt des hommes, ce qui a oblig de nombreux riverains quitter la zone. Des habitants ont affirm que la police avait menac de poursuivre ces manuvres dintimidation jusqu ce quils vacuent le quartier. Ramlet Bulaq doit tre dmoli.

Discrimination
La nouvelle Constitution ninterdisait pas explicitement la discrimination fonde sur lorigine ethnique, dont des minorits comme les Nubiens pouvaient tre victimes. Le texte garantissait la libert de religion, tout en la restreignant aux religions officiellement reconnues comme rvles, ce qui pouvait avoir une incidence pour les bahais et les musulmans chiites. Il prvoyait des codes de statut personnel distincts pour les chrtiens et les juifs, ainsi que le droit pour ces communauts de grer leurs affaires religieuses et de nommer leurs dirigeants. Ces droits ntaient toutefois pas reconnus aux autres minorits religieuses. Les coptes taient confronts des obstacles pour construire ou rnover leurs glises. La lgislation imposait en effet une autorisation officielle, dont lobtention savrait difficile. Des travaux de construction dglises ont t entravs par des riverains musulmans, ce qui a dans certains cas donn lieu des violences interconfessionnelles. Dans ces cas-l, les forces de scurit sabstenaient gnralement de protger les coptes. n la fin de janvier, trois familles coptes du village de Sharbat, dans le gouvernorat dAlexandrie, ont t chasses de chez elles par des musulmans qui souponnaient un copte de dtenir des images indcentes dune musulmane. Des foules en colre ont attaqu les maisons et les commerces des coptes. Des runions de rconciliation organises dans le village ont dcid que le copte et les membres de sa famille largie, ainsi que cinq familles coptes du voisinage, devaient quitter le village et que leurs biens

Rfugis et migrants
Cette anne encore, les forces de scurit ont tir sur des migrants, des rfugis et des demandeurs dasile qui tentaient de pntrer en Isral depuis lgypte par la frontire du Sina; huit personnes au moins ont

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trouv la mort. Des rfugis, des demandeurs dasile et des migrants auraient t la proie de trafiquants dtres humains, qui leur auraient extorqu de largent et les auraient maltraits alors quils traversaient la pninsule du Sina pour se rendre en Isral.

MIRATS ARABES UNIS


MIRATS ARABES UNIS
Chef de ltat: Khalifa ben Zayed al Nahyan Chef du gouvernement: Mohammed ben Rashed al Maktoum Plus de 90personnes qui avaient critiqu le gouvernement, dont des dfenseurs des droits humains, taient dtenues sans inculpation ni procs la fin de lanne, tandis que les restrictions la libert dexpression, dassociation et de runion se renforaient. Au moins deux de ces dtenus taient des prisonniers dopinion. Sept ont t dchus arbitrairement de leur nationalit mirienne et lun dentre eux a t expuls. Six personnes au moins ont t inculpes cause de commentaires publis sur des rseaux sociaux. Les femmes faisaient lobjet de discriminations dans la lgislation et dans la pratique. Cette anne encore, les travailleurs trangers ont t exploits et maltraits. Au moins 21condamnations mort ont t prononces; une personne au moins a t excute.

Peine de mort
Au moins 91personnes ont t condamnes mort, dans certains cas lissue de procs inquitables devant des tribunaux instaurs par la lgislation dexception. On ignorait si des excutions avaient eu lieu. n En septembre, un tribunal instaur par la lgislation dexception a condamn mort 14hommes, dont huit par contumace, pour leur participation une attaque ayant cot la vie six personnes. Ils ont galement t dclars coupables dappartenance un groupe djihadiste.

Visites et documents dAmnesty International


v Des reprsentants dAmnesty International se sont rendus plusieurs
fois en gypte au cours de lanne pour effectuer des recherches. 4 Brutality unpunished and unchecked: Egypts military kill and torture protesters with impunity, partiellement traduit en franais sous le titre gypte. Brutalit impunie et incontrle. Les forces militaires gyptiennes tuent et torturent des manifestants en toute impunit (MDE12/017/2012). 4 Agents of repression: Egypts police and the case for reform, partiellement traduit en franais sous le titre gypte. Agents de la rpression. De la ncessit dune rforme de la police gyptienne (MDE12/029/2012). 4 gypte. Le nouveau prsident doit rtablir ltat de droit et gouverner pour tous (PRE01/316/2012). 4 gypte. La nouvelle Constitution gyptienne restreint les liberts fondamentales et ignore les droits des femmes (PRE01/590/2012).

Contexte
Dans des avis rendus en fvrier et en juin, le Groupe de travail sur la dtention arbitraire [ONU] a conclu quAbdelsalam Abdallah Salim, Akbar Omar et le militant Ahmed Mansoor avaient t arrts de manire arbitraire en 2011. Le Groupe de travail a demand au gouvernement mirien daccorder des rparations aux trois hommes et la invit ratifier le PIDCP. Aucune de ces deux recommandations navait t mise en uvre la fin de lanne. Les mirats arabes unis ont adhr en juillet la Convention contre la torture [ONU]. Ils nont pas reconnu la comptence du Comit contre la torture pour enquter sur les allgations de telles pratiques. Le gouvernement a par ailleurs dclar que, pour lui, les peines et les souffrances qui sont causes par [d]es sanctions [lgitimes] ne relevaient pas du concept de torture tel quil est dfini dans la Convention.

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Libert dexpression, dassociation et de runion


Les autorits ont tendu le champ dapplication des restrictions la libert dexpression, dassociation et de runion, et intensifi la rpression de la dissidence pacifique qui avait dbut en 2011, en particulier celle qui sexprimait sur les rseaux sociaux. Des Syriens qui manifestaient devant le consulat de Syrie Douba en fvrier ont subi des interrogatoires; une cinquantaine dentre eux ont t expulss mais aucun vers la Syrie. Des vagues darrestation visant des dtracteurs du gouvernement ont entran la dtention, sans inculpation ni procs, denviron 90personnes lies AlIslah (Association pour la rforme et lorientation sociale), une organisation base aux mirats arabes unis qui sinspire des Frres musulmans dgypte. Les syndicats indpendants taient toujours interdits. n Sultan al Qasimi figurait parmi une dizaine de personnes interpelles en mars et en avril lors dune vague darrestations. la fin de lanne, il tait toujours dtenu sans inculpation ni procs. Larrestation de cet homme tait lie son rle au sein dAl Islah. n En juillet, lannonce par le gouvernement quun groupe bas ltranger menaait la scurit nationale a concid avec une deuxime vague darrestations qui a touch plus de 50 hommes lis AlIslah. Ceux-ci nont pas t autoriss consulter un avocat et leurs familles nont pas t informes de leur lieu de dtention. Lun dentre eux avait t jug la fin de lanne. Des proches de ces dtenus ont t menacs darrestation et un avocat a fait lobjet dune campagne de diffamation dans les mdias contrls par les pouvoirs publics. n Mohammad al Roken, avocat et dfenseur des droits humains, a t interpell en juillet en mme temps que son fils et son gendre. Il avait t lun des avocats de la dfense dans laffaire des Cinq des mirats, des prisonniers dopinion condamns en 2011 des peines demprisonnement lissue dun procs inquitable. la fin de lanne Mohammad al Roken, son fils et son gendre taient toujours en dtention sans inculpation ni jugement. n Ahmed Abdul Khaleq, lun des Cinq des mirats, tait aussi lun des sept hommes qui ont t dchus de leur nationalit mirienne. Les autorits lont expuls vers la Thalande en juillet, au mpris du droit international. n Ahmed Mansoor, qui faisait lui aussi partie des Cinq des mirats, a t agress deux reprises,

manifestement pour des motifs politiques. Personne na t amen rendre de comptes pour ces agissements. n Ahmed al Zaabi, un ancien juge, a t condamn en juillet par un tribunal dAbou Dhabi deux peines de six mois demprisonnement assorties dune amende. Il avait t dclar coupable descroquerie, vraisemblablement pour des motifs politiques. En novembre, le gouvernement fdral a promulgu un dcret sur la cybercriminalit disposant que toute personne utilisant Internet pour critiquer des personnalits gouvernementales ou pour appeler des manifestations ou des rformes sexposait des poursuites pnales et pouvait tre condamne des peines damende ou demprisonnement. Les syndicats indpendants taient toujours interdits.

Arrestations arbitraires, torture et autres mauvais traitements


lissue dune enqute sur un cas de mort en dtention, cinq agents de ltat ont t condamns des peines dun mois demprisonnement tandis que 13autres ont t acquitts du chef de torture. Dans une autre affaire, les investigations ont conclu une mort naturelle. Des allgations de torture formules par deux Syriens et un Amricain nauraient fait lobjet daucune enqute. Les dtenus membres dAl Islah se voyaient gnralement refuser le droit de rencontrer les membres de leur famille ou leurs avocats; dans la plupart des cas, par ailleurs, aucune information ntait communique sur lendroit o ils se trouvaient. Certains mais cela tait rare taient autoriss tlphoner leur famille.

Peine de mort
Au moins 21condamnations mort ont t prononces, dans la plupart des cas pour meurtre et trafic de drogue. Une personne au moins a t excute. En novembre, les mirats arabes unis se sont abstenus lors du vote dune rsolution de lAssemble gnrale des Nations unies en faveur dun moratoire universel sur les excutions.

Visites et documents dAmnesty International


4 United Arab Emirates: Crackdown on fundamental freedoms contradicts human rights commitments Amnesty International Submission to the UN Universal Periodic Review, July 2012 (MDE25/009/2012).

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QUATEUR
RPUBLIQUE DE LQUATEUR
Chef de ltat et du gouvernement: Rafael Vicente Correa Delgado Des accusations mensongres ont t portes contre des dirigeants indignes et des porte-parole de communauts dans le but de restreindre leur libert de runion. Les droits des peuples indignes dtre consults et de donner leur consentement pralable, libre et clair ntaient pas respects.

En septembre, lquateur a accept la plupart des recommandations formules dans le cadre de lExamen priodique universel [ONU], notamment de veiller au respect du droit de runion et de manifestation pacifiques des militants communautaires et des dirigeants indignes, dentreprendre un examen de la lgislation en vigueur et des projets de loi relatifs la libert dexpression, et de dpnaliser loutrage. Le pays a toutefois refus dappuyer la recommandation relative au droit des populations indignes de donner leur consentement pralable, librement et en connaissance de cause.

Contexte
Des organisations indignes ont organis des manifestations massives et rig des barrages routiers pour protester contre les propositions du gouvernement sur lexploitation des ressources naturelles et pour obtenir dtre consultes. En aot, les autorits ont accord lasile diplomatique au fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, qui se trouvait toujours la fin de lanne lambassade de lquateur au Royaume-Uni. Il sy tait rfugi aprs que la Cour suprme britannique leut dbout de son appel contre une dcision dextradition vers la Sude, o il devait rpondre daccusations dagression sexuelle. Lquateur lui a accord lasile car il risquait, en cas dextradition vers la Sude, dtre remis aux autorits des tats-Unis, jug au cours dun procs inquitable, soumis des traitements cruels, inhumains et dgradants, et condamn la rclusion perptuit ou la peine de mort. En octobre, un tribunal quatorien a rendu une dcision gelant une partie des actifs de la compagnie ptrolire Chevron en quateur, soit quelque 200millions de dollars des tats-Unis, pour que soit applique une dcision rendue prcdemment et octroyant 18,2milliards de dollars des communauts indignes amazoniennes pour des dommages environnementaux. Un peu plus tt dans le mois, Chevron avait t dboute de lappel quelle avait interjet devant la Cour suprme des tats-Unis pour ne pas avoir verser les dommages et intrts demands. En Argentine, un juge a prononc en novembre un embargo sur les avoirs de Chevron dans ce pays, en application de la dcision du tribunal quatorien.

Libert dassociation
Des dirigeants indignes et paysans taient la cible daccusations infondes de terrorisme, sabotage et homicide, de poursuites pnales et darrestations arbitraires.Ils taient galement soumis des conditions strictes de libration sous caution. Ces mesures visaient les dcourager dexprimer leur opposition aux lois et politiques du gouvernement. Un non-lieu a t prononc dans la plupart de ces affaires, les accusations tant considres comme dnues de tout fondement. Cependant, la fin de lanne, trois dirigeants indignes et paysans faisaient toujours lobjet dune procdure judiciaire et de conditions de libration restrictives, et trois autres avaient t dclars coupables et condamns de courtes peines demprisonnement. n En aot, Carlos Prez, responsable des Systmes communautaires de leau dAzuay, Federico Guzmn, prsident du Conseil de la paroisse de Victoria del Portete, et Efran Arpi, responsable de la paroisse de Tarqui, ont t condamns huit jours de prison pour avoir bloqu une route lors dune manifestation organise dans la province dAzuay. Ils entendaient protester contre un projet de loi qui, selon eux, restreindrait laccs leau de leur communaut et navait pas fait lobjet dune vritable consultation. Federico Guzmn et Efran Arpi ont dclar quils navaient pas directement particip la manifestation. Carlos Prez, quant lui, a reconnu y avoir pris part mais a assur que la circulation tait rtablie toutes les demiheures et que les vhicules des services durgence taient autoriss passer. Aucun mandat darrt navait encore t mis leur encontre la fin de lanne.

Droits des peuples indignes


En juillet, la Cour interamricaine des droits de lhomme a confirm que lquateur navait pas

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consult les Sarayakus de la province de Pastaza au sujet dun projet ptrolier qui devait tre ralis sur le territoire de cette communaut indigne. La Cour a ordonn ltat, entre autres mesures, de supprimer ou de dsamorcer les explosifs enterrs sur le territoire des Sarayakus, de les consulter lavenir au sujet de projets de dveloppement susceptibles de les concerner et de faire le ncessaire pour concrtiser le droit la consultation de toutes les populations indignes. En novembre, un appel doffres a t lanc pour des oprations dexploration ptrolire dans la rgion amazonienne. On craignait que les communauts indignes susceptibles dtre touches par ces oprations naient pas t consultes. Dans un rapport publi en aot, le Comit pour llimination de la discrimination raciale [ONU] a not avec proccupation labsence de mise en uvre systmatique et rglemente de consultations avec les peuples autochtones au sujet de questions les concernant, notamment de lextraction de ressources naturelles.

RYTHRE
TAT DRYTHRE
Chef de ltat et du gouvernement: Issayas Afeworki Le service national, obligatoire, se prolongeait souvent pour une dure indtermine. Lentranement militaire pour les enfants tait lui aussi obligatoire. Des conscrits taient soumis au travail forc. Plusieurs milliers de prisonniers dopinion et de prisonniers politiques taient maintenus en dtention arbitraire dans des conditions dplorables. Le recours la torture et dautres formes de mauvais traitements tait frquent. Les partis dopposition taient interdits, tout comme les mdias indpendants et les organisations de la socit civile. Seules quatre confessions religieuses taient autorises par les autorits ; toutes les autres taient interdites et leurs membres taient arrts et emprisonns. De nombreux rythrens ont fui leur pays cette anne encore.

Libert dexpression
Il tait craindre que la lgislation punissant le dlit dinsulte ne soit utilise contre des journalistes, en violation du droit la libert dexpression, et que cette pratique ne dissuade dautres dtracteurs du gouvernement de sexprimer. n En fvrier, la Cour nationale de justice a confirm la peine de trois ans demprisonnement et de 40millions de dollars des tats-Unis de dommages et intrts prononce contre trois propritaires dEl Universo et un journaliste travaillant pour le quotidien. Ils avaient t dclars coupables de diffamation la suite de la publication dune chronique o le prsident tait qualifi de dictateur et accus davoir ordonn de tirer sur un hpital lors des rvoltes policires en septembre2010. Le prsident a ultrieurement graci les quatre hommes.

Contexte
La situation humanitaire tait grave et lconomie tait en stagnation. Le secteur minier continuait toutefois de se dvelopper, des gouvernements trangers et des entreprises prives sintressant aux importants gisements dor, de potasse et de cuivre du pays malgr le risque de se rendre complices datteintes aux droits humains du fait du recours au travail forc dans les mines. En mars, larme thiopienne a lanc deux reprises des incursions en rythre et annonc quelle avait men des attaques couronnes de succs contre ce quelle dcrivait comme des camps dentranement de groupes rebelles thiopiens. Lthiopie a reproch lrythre de soutenir un groupe rebelle qui avait attaqu des touristes europens en thiopie en janvier (voir thiopie). Le groupe qui avait revendiqu cette opration a affirm quil ne disposait pas de camps en rythre. En juillet, le Conseil des droits de lhomme de lONU a nomm un rapporteur spcial sur lrythre en raison de la poursuite des violations gnralises et systmatiques des droits de lhomme [] commises par les autorits rythrennes. Le gouvernement rythren a affirm que cette initiative tait motive par des considrations politiques.

Visites et documents dAmnesty International


4 So that no one can demand anything: Criminalizing the right to protest in Ecuador? (AMR28/002/2012).

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En juillet, le Groupe de contrle sur la Somalie et lrythre [ONU] a indiqu dans un rapport que le soutien de lrythre Al Shabab en Somalie avait diminu, mais que le pays continuait daccueillir des groupes dopposition arms actifs dans les pays voisins, en particulier en thiopie. Le rapport du Groupe de contrle a galement signal limplication de responsables rythrens dans un trafic darmes et dtres humains. Daprs certaines informations, vers le milieu de lanne les autorits auraient distribu des armes la population civile, pour des raisons inconnues.

Torture et autres mauvais traitements


Les dtenus taient souvent torturs et maltraits. Des prisonniers ont t battus, attachs dans des positions douloureuses et exposs des tempratures extrmes, et maintenus lisolement de faon prolonge. Les conditions de dtention sapparentaient une forme de traitement cruel, inhumain ou dgradant. Un grand nombre de prisonniers taient enferms dans des cellules souterraines ou des conteneurs mtalliques, souvent installs en plein dsert, o ils subissaient des tempratures extrmes. Les dtenus ne recevaient pas de nourriture ni deau potable en quantit suffisante. Ils taient souvent totalement privs de soins, ou ceux quils recevaient taient insuffisants. n Yirgalem Fisseha Mebrahtu, une journaliste arrte en fvrier 2009, aurait t hospitalise en janvier; elle tait place sous surveillance permanente et ntait pas autorise recevoir de visites. Sa famille na pas t informe du motif de son hospitalisation. n Petros Solomon, ancien ministre des Affaires trangres et membre du Groupe des 15 11personnalits politiques dtenues arbitrairement depuis 2001 aurait t hospitalis en juillet car il tait gravement malade. Le traitement dont il avait besoin ntait toutefois pas disponible en rythre. On ignorait tout de son sort la fin de lanne. Un certain nombre de cas de mort en dtention ont t signals. n Yohannes Haile, un tmoin de Jhovah dtenu depuis septembre 2008, serait mort en aot dans la prison de Meeter en raison de la chaleur extrme qui rgnait dans la cellule souterraine o il tait enferm depuis octobre 2011. Trois autres personnes incarcres avec lui taient semble-t-il dans un tat critique. On ignorait tout de leur sort la fin de lanne.

Prisonniers dopinion et prisonniers politiques


Des milliers de prisonniers dopinion et de prisonniers politiques taient maintenus en dtention arbitraire dans des conditions dplorables. Parmi eux figuraient des militants politiques, des journalistes et des pratiquants de certaines religions, ainsi que des jeunes gens qui staient drobs au service national ou qui avaient tent de fuir le pays ou de se dplacer sans permis. Certains prisonniers dopinion taient incarcrs sans inculpation depuis plus de 10 ans. Les prisonniers trs en vue ntaient pas autoriss recevoir de visites et, dans la plupart des cas, leur famille ignorait tout de lendroit o ils se trouvaient et de leur tat de sant. Le gouvernement continuait de refuser de confirmer ou dinfirmer des informations selon lesquelles un certain nombre de prisonniers taient morts en dtention. n Selon certaines sources, trois journalistes Dawit Habtemichael, Mattewos Habteab et Saleh Tsegazab dtenus arbitrairement depuis leur arrestation en 2001 seraient morts en dtention au cours des dernires annes. Le gouvernement na pas confirm ces allgations.

Libert de religion et de conviction


Seuls les fidles des confessions autorises par les autorits, savoir lglise orthodoxe rythrenne, lglise catholique, lglise luthrienne et lislam, taient autoriss pratiquer leur foi. Des membres de groupes religieux interdits ont, cette anne encore, t arrts, dtenus arbitrairement et maltraits. n En avril, 10 tmoins de Jhovah ont t arrts Keren aprs avoir assist des funrailles. la fin de lanne, on estimait que 56 tmoins de Jhovah taient dtenus pour avoir pratiqu leur foi.

Conscription militaire
Le service national tait toujours obligatoire pour tous les hommes et toutes les femmes adultes. Tous les lycens devaient effectuer leur dernire anne dtudes secondaires au camp dentranement militaire de Sawa; certains de ces enfants navaient que 15 ans. Les conditions de vie dans ce camp taient prouvantes et les enfants taient soumis des chtiments svres en cas dinfraction. La priode initiale de service militaire (18 mois) se prolongeait souvent pour une dure indtermine. Les conscrits ne percevaient que de faibles soldes,

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qui ne leur permettaient pas de rpondre aux besoins lmentaires de leur famille. Cette anne encore, ils devaient souvent effectuer des travaux forcs pour des projets publics, notamment dans le domaine de la production agricole, ou des tches pour des entreprises prives appartenant larme ou aux lites du parti au pouvoir. Ceux qui dsertaient sexposaient de lourdes sanctions, telles que la dtention arbitraire et des mauvais traitements.

ESPAGNE
ROYAUME DESPAGNE
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Juan Carlos Ier Mariano Rajoy Il a cette anne encore t signal que la police avait eu recours une force excessive lors de manifestations. Des organes de surveillance des droits humains ont condamn lEspagne pour dfaut denqute srieuse sur des allgations de torture.

Rfugis et demandeurs dasile


Des milliers drythrens ont fui leur pays au cours de lanne, dans la plupart des cas pour chapper la conscription obligatoire qui se prolongeait pour une dure indtermine. La stratgie consistant tirer pour tuer sur toute personne surprise en train dessayer de franchir la frontire thiopienne tait toujours applique. Des personnes qui tentaient de fuir au Soudan ont t arrtes arbitrairement et passes tabac. Les familles de ceux qui russissaient quitter le pays taient contraintes de payer une amende ou risquaient lemprisonnement. Les demandeurs dasile rythrens renvoys de force dans leur pays risquaient fortement dtre torturs et placs arbitrairement en dtention. Plusieurs pays, parmi lesquels lgypte, le RoyaumeUni, le Soudan, la Sude et lUkraine, ont malgr tout planifi des renvois forcs drythrens dans leur pays ou procd de tels renvois. n Le 24 juillet, le Soudan a renvoy de force en rythre neuf demandeurs dasile et un rfugi qui avaient t dclars coupables par un tribunal soudanais dentre illgale dans le pays.

Contexte
Des manifestations ont encore rassembl tout au long de lanne des personnes rclamant une rforme du systme politique pour permettre une plus large participation de la population la vie politique, et dnonant les mesures daustrit mises en place pour lutter contre la crise financire et conomique. En juin, le Comit des droits conomiques, sociaux et culturels [ONU] a recommand lEspagne de revoir les rformes adoptes dans le contexte de la crise financire, de faon garantir que toutes les mesures daustrit mises en place maintiennent le niveau de protection des droits conomiques, sociaux et culturels, et quelles soient instaures titre provisoire et proportionnes et ne soient pas prjudiciables ces droits. Le Comit a galement demand lEspagne dadopter les mesures lgislatives propres garantir aux droits conomiques, sociaux et culturels un niveau de protection analogue celui qui sapplique aux droits civils et politiques. Aucune attaque violente du groupe arm Euskadi Ta Askatasuna (ETA) na t signale; le groupe avait annonc la fin de la lutte arme en octobre2011. Saisie en 2005 par le Parti populaire, qui contestait la constitutionnalit de la loi autorisant le mariage de personnes de mme sexe, la Cour constitutionnelle a statu en novembre que de telles unions taient conformes la Constitution.

Trafic dtres humains


Dans son rapport prsent en juillet, le Groupe de contrle sur la Somalie et lrythre indiquait que des responsables rythrens, dont des officiers suprieurs de larme, dirigeaient une contrebande darmes et un trafic dtres humains par lintermdiaire de rseaux criminels au Soudan et dans le Sina, en gypte. Selon le rapport, lampleur de ces activits laissait penser que le gouvernement rythren en tait complice.

Torture et autres mauvais traitements


Tout au long de lanne, des manifestations ont t organises dans diffrentes villes du pays, notamment Madrid, Barcelone et Valence. Les forces de lordre se seraient frquemment rendues responsables de mauvais traitements et dun recours excessif la force quand elles ont dispers les manifestants. Les

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enqutes sur les plaintes visant des policiers nont gnralement pas t menes de faon efficace et approfondie. Certaines ont en outre d tre abandonnes car les policiers en cause ne portaient aucun lment didentification sur leurs uniformes. n En mars, un tribunal de Barcelone a dcid de clore une enqute sur des allgations faisant tat dun recours excessif la force par des agents de la police autonome de Catalogne (Mossos dEsquadra) lors dune intervention pour disperser des manifestants Barcelone le 27mai 2011. Le tribunal a estim que la police avait eu recours une force proportionne. Le 29octobre, toutefois, une instance judiciaire suprieure a ordonn la rouverture de lenqute. n Dans une dcision rendue en mars, un tribunal de Madrid a jug non recevable la plainte dpose en 2011 par Angela Jaramillo, au motif quil ntait pas possible didentifier la policire qui avait frapp cette femme. Malgr leur comportement pacifique, Angela Jaramillo et plusieurs autres personnes avaient t frappes plusieurs reprises coups de matraque par des policiers lors dune manifestation Madrid le 4aot 2011, et avaient d recevoir des soins mdicaux. Angela Jaramillo est morte dune crise cardiaque en juin2012. n Le 11juillet, la journaliste indpendante Paloma Aznar a t blesse la jambe par une balle en caoutchouc alors quelle couvrait une manifestation de mineurs Madrid. Elle avait sa carte de presse et son appareil photo autour du cou. Selon elle, les policiers ne portaient aucun lment didentification visible et ont tir des balles en caoutchouc directement sur la foule lorsque certains manifestants sont devenus violents. Sur des images vido tournes lors de la manifestation, on voit des policiers assner des coups de matraque des personnes allonges sur le sol et tirer des projectiles en caoutchouc faible distance de la foule. n Lors dun rassemblement de protestation organis Madrid le 25septembre, des policiers non identifis ont frapp des manifestants pacifiques coups de matraque, tir des balles en caoutchouc sur la foule et menac des journalistes qui couvraient les vnements, et ce jusqu lintrieur de la gare ferroviaire dAtocha. Selon les informations disponibles, une enqute interne a t ouverte sur cette intervention policire mais aucune conclusion navait t rendue publique la fin de lanne. Les enqutes sur les allgations de torture et dautres mauvais traitements ont souvent t menes

de faon inadquate. Ce manque de diligence a t confirm par des dcisions prises tout au long de lanne par des tribunaux et des organes spcialiss en matire de droits humains. n En avril, deux policiers accuss davoir provoqu la mort dOsamuyia Akpitaye, dcd lors de son expulsion du territoire espagnol en juin2007, ont t condamns par un tribunal pnal pour ngligence, une infraction mineure. Aucune peine demprisonnement na t prononce leur encontre. n En mai, le Comit contre la torture [ONU] a conclu que lEspagne navait pas men denqute satisfaisante sur les allgations de torture portes dans laffaire Orkatz Gallastegi c. Espagne. Orkatz Gallastegi a t condamn en 2005 sur la base daveux qui, affirme-t-il, ont t obtenus sous la contrainte pendant sa dtention au secret en 2002. n En juillet, la Cour constitutionnelle a refus de se saisir du recours en inconstitutionnalit form contre la dcision dacquittement prononce en 2011 par la Cour suprme en faveur de quatre gardes civils. Ces policiers avaient t initialement condamns en dcembre2010 par le tribunal pnal de la province de Guipzcoa pour avoir tortur Igor Portu et Mattin Sarasola le 6janvier 2008, lorsque les deux hommes se trouvaient en garde vue.

Lutte contre le terrorisme et scurit


Les enqutes sur les crimes commis par des membres du groupe arm ETA se sont poursuivies. Les autorits espagnoles ne tenaient toujours pas compte des demandes formules par les organes internationaux chargs des droits humains afin quelles abandonnent le recours la dtention au secret pour les personnes souponnes dinfractions lies au terrorisme. Au titre de ce rgime, les suspects peuvent tre dtenus pendant une priode de 13jours, durant laquelle ils ne peuvent pas choisir leur propre conseil ni sentretenir en priv avec lavocat commis doffice qui leur a t attribu. Ils ne peuvent pas non plus consulter le mdecin de leur choix ni tenir leur famille informe de leur sort. n En dcembre, la Cour suprme espagnole a rejet lappel interjet par des avocats dans laffaire des Six de Bush, qui visait ouvrir une procdure en Espagne contre six responsables amricains accuss de complicit dans la cration du cadre lgal ayant permis que des personnes souponnes de terrorisme soient tortures dans des centres de dtention

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administrs par les tats-Unis. En dpit des lments prouvant le contraire, la Cour suprme a jug que les tats-Unis taient en train de mener une enqute sur cette affaire. Sa dcision devrait faire lobjet dun appel devant la Cour constitutionnelle.

Racisme et discrimination
Les musulmans et dautres minorits religieuses se heurtaient toujours des obstacles quand ils voulaient obtenir des autorisations douverture de lieux de culte dans certaines villes de Catalogne, o des moratoires ont t dcrts pour interdire la construction de nouveaux lieux de culte. Des autorits locales, des partis politiques et des associations de riverains ont continu dexprimer leur opposition la cration de salles de prire musulmanes. Les restrictions sur le port de symboles et de vtements religieux toujours en vigueur dans certains tablissements scolaires continuaient de toucher de faon disproportionne les lves de confession musulmane. n Le 25janvier, un tribunal de Madrid a donn raison un lyce public de Pozuelo de Alarcn, dans la banlieue de Madrid, qui avait interdit une lve dassister aux cours parce quelle portait le voile. n Le 21mai, le directeur gnral de la police a publi une circulaire interdisant les quotas darrestation et les interpellations massives dtrangers en situation irrgulire. Toutefois, il ntait pas fait mention des contrles didentit raliss sur la base de caractristiques ethniques ou lies la couleur de la peau. Daprs des ONG locales, la police continuait de cibler des personnes appartenant des minorits ethniques lors des contrles didentit. n En juillet, la Cour europenne des droits de lhomme a estim que les autorits espagnoles navaient pas srieusement enqut sur les allgations de mauvais traitements, apparemment motivs par des prjugs racistes, dont avait t victime Beauty Solomon. Cette ressortissante nigriane avait port plainte aprs avoir t insulte et frappe par des policiers Palma de Majorque, en juillet 2005.

femmes ont t victimes au moins une fois dans leur vie de violences conjugales. Sept ans aprs ladoption de la loi contre la violence lie au genre, les victimes continuaient de ptir dun manque daccs des recours effectifs. Depuis 2005, anne o des tribunaux spcialiss ont t mis en place pour traiter les affaires de violences contre les femmes, il na t procd aucune valuation des obstacles que peuvent rencontrer les victimes lorsquelles cherchent obtenir une protection effective au cours dune procdure judiciaire. n Mara (son nom est gard secret) a survcu aux violences sexuelles, psychologiques et physiques infliges par son partenaire. Les coups quil lui avait ports lont prive de lusage de ses jambes pendant six mois. Mara a continu de recevoir de graves menaces pendant les quatre ans qua dur lenqute judiciaire, ainsi quaprs le procs. Bien quelle ait signal sa situation aux autorits, elle na reu aucune protection et a t contrainte de dmnager. Son ancien partenaire a t acquitt. Fin 2012, Mara continuait de recevoir de graves menaces et devait vivre cache.

Rfugis et migrants
Le Dcret royal n16/2012 adopt en avril a modifi la Loi relative aux trangers, restreignant laccs des migrants en situation irrgulire aux services de sant publics. Le 4septembre, les autorits ont procd lexpulsion collective vers le Maroc de 70migrants prsents sur lIsla de Tierra, un lot espagnol. Aucun dentre eux na pu bnficier dune procdure de demande dasile individuelle. n Le Groupe de travail sur la dtention arbitraire [ONU] a estim en aot que les autorits espagnoles avaient arbitrairement dtenu un citoyen marocain dans un centre de rtention pour trangers Madrid, o il a t victime dactes de discrimination et de mauvais traitements sapparentant de la torture. Interpell dans la rue pour un contrle didentit, Adnam el Hadj a t conduit dans un centre de rtention o cinq policiers lauraient frapp plusieurs reprises en profrant des insultes racistes son encontre. Aprs avoir constat que son corps portait plusieurs marques de blessures, les services mdicaux du centre de rtention ont recommand son transfert lhpital. Cette recommandation na pas t suivie deffet et aucun rapport mdical na t tabli.

Violences faites aux femmes


Au cours de lanne 2012, 46femmes ont t tues par leur partenaire ou ancien partenaire, selon les chiffres du ministre de la Sant, des Services sociaux et de lgalit. Daprs les estimations dune tude gouvernementale, plus de deux millions de

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Crimes de droit international


Dans le droit pnal espagnol, la dfinition de la disparition force en tant que crime contre lhumanit ne rpondait toujours pas aux obligations du pays au regard du droit international, malgr la ratification par lEspagne de la Convention internationale contre les disparitions forces [ONU]. n Le 27fvrier, la Cour suprme a acquitt lancien juge Baltasar Garzn de laccusation de forfaiture. Le magistrat tait notamment poursuivi pour violation de la Loi damnistie de 1977, la suite de louverture dune enqute, en 2008, sur la disparition force de 114266personnes entre juillet 1936 et dcembre 1951. Bien quelle lait acquitt, la Cour suprme a conclu que Baltasar Garzn avait mal interprt la loi en qualifiant de crimes contre lhumanit les faits sur lesquels il enqutait. Daprs la Cour, ces faits ntaient pas considrs comme des crimes contre lhumanit par la lgislation espagnole au moment o ils ont t commis. Ce jugement pourrait carter toute possibilit denquter en Espagne au titre du droit international sur les crimes commis dans le pass.

ESTONIE
RPUBLIQUE DESTONIE
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Toomas Hendrik Ilves Andrus Ansip Environ 100000personnes, russophones pour la plupart, demeuraient apatrides, ce qui limitait leurs droits politiques. Les institutions nationales de protection des droits humains ne respectaient pas les normes internationales. Les conditions daccueil des demandeurs dasile et des rfugis taient inadaptes.

Discrimination les minorits ethniques


Quelque 100000personnes (soit environ 7% de la population), des russophones dans leur grande majorit, demeuraient apatrides. La nationalit estonienne ntait toujours pas accorde automatiquement aux enfants ns de parents apatrides. Une procdure simplifie de naturalisation tait toutefois leur disposition. Les personnes apatrides continuaient dtre prives de leurs droits politiques. Daprs certaines sources, elles taient touches de faon disproportionne par la pauvret et le chmage. Les critres de langue taient lun des principaux obstacles que rencontraient les russophones pour acqurir la nationalit estonienne et jouir dautres droits.

Droits en matire de logement


Le gouvernement a mis en place des rformes lgislatives dans le contexte de la crise conomique sans valuer leurs consquences sur les droits des personnes vulnrables. n Madrid, les expulsions forces se sont poursuivies Caada Real, bien que la Loi n2/2011 du 15mai 2011 engage les autorits locales consulter les rsidents affects et tout mettre en uvre pour parvenir un accord et viter les expulsions. Toujours Madrid, 300personnes ont t expulses du quartier informel habit par des Roms Puerta de Hierro sans quon leur ait propos de solution de relogement acceptable. n En juin, le Comit des droits conomiques, sociaux et culturels [ONU] sest dit inquiet de la poursuite de ces expulsions, conduites sans que les garanties dune procdure rgulire soient respectes, sans que les personnes concernes soient consultes au pralable, et sans quil leur soit offert de solution de relogement ou dindemnisation. Le Comit a galement recommand lEspagne de mettre en place un cadre lgislatif qui instaure les prescriptions et les procdures quil convient de suivre avant de procder une expulsion.

volutions lgislatives, constitutionnelles ou institutionnelles


Le chancelier de la justice en sa qualit de mdiateur et de mcanisme national de prvention au regard du Protocole facultatif la Convention contre la torture ne satisfaisait pas aux exigences dfinies dans les Principes de Paris concernant les institutions nationales indpendantes de protection des droits humains. La dfinition de la torture et les peines prvues pour ce crime dans le Code pnal demeuraient incompatibles avec les dispositions de la Convention contre la torture.

Rfugis et demandeurs dasile


Les conditions daccueil du petit nombre de demandeurs dasile arrivant chaque anne dans le pays taient toujours inadaptes. Il ny avait pas

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suffisamment dinterprtes, ce qui, selon certaines informations, entravait le dpt des demandes et, de manire gnrale, la communication entre les requrants et les autorits. Les mesures dintgration sociale et conomique des rfugis taient insuffisantes.

TATS-UNIS DAMRIQUE
TATS-UNIS DAMRIQUE
Chef de ltat et du gouvernement: Barack H. Obama Quarante-trois hommes ont t excuts en 2012 et la cruaut des conditions de dtention demeurait proccupante. De trs nombreux dtenus taient toujours incarcrs, pour une dure indtermine, la base militaire amricaine de Guantnamo. Les procdures prliminaires se sont poursuivies contre six de ces prisonniers, qui devaient tre jugs par une commission militaire et lencontre desquels les autorits avaient lintention de requrir la peine de mort. Lutilisation de la force meurtrire dans le cadre de la lutte contre le terrorisme restait source de profonde proccupation, tout comme les informations persistantes faisant tat dun recours une force excessive lors doprations de maintien de lordre.

Adnan Farhan Abdul Latif, un Ymnite qui avait exprim maintes reprises sa dtresse devant sa dtention dure illimite, sans inculpation ni procs, est mort au cours de lanne. Son dcs portait neuf le nombre de prisonniers morts Guantnamo depuis janvier 2002, selon les informations dont on disposait. La Cour suprme fdrale a refus au cours de lanne dexaminer un certain nombre de recours introduits par des prisonniers de Guantnamo dont la lgalit de la dtention avait t confirme par la Cour dappel. Les requrants demandaient, entre autres, la Cour suprme de dterminer si larrt Boumediene c. Bush rendu en 2008 dans lequel elle avait conclu que les dtenus de Guantnamo avaient le droit de contester la lgalit de leur dtention devant une juridiction fdrale tait appliqu dune manire privant les prisonniers du rexamen srieux qui avait t promis.

Procs des dtenus de Guantnamo


En mai, cinq hommes incarcrs Guantnamo et accuss davoir jou un rle prpondrant dans les attentats du 11septembre 2001 Khalid Sheikh Mohammed, Walid bin Attash, Ramzi bin al Shibh, Ali Abd al Aziz et Mustafa al Hawsawi se sont vu notifier leur mise en accusation et ont t renvoys devant une commission militaire en vue de leur procs. Ils encouraient la peine de mort. Les procs de ces cinq hommes ainsi que celui dAbd al Rahim al Nashiri, mis en accusation en 2011 et passible lui aussi de la peine de mort, navaient pas dbut la fin de lanne. Avant dtre transfrs Guantnamo en 2006, les six hommes avaient t dtenus au secret par les autorits amricaines, pendant quatre ans pour certains, dans des lieux inconnus. Deux au moins avaient t torturs. Ahmed Mohammed al Darbi a t inculp en aot. Ce Saoudien arrt par les autorits civiles en Azerbadjan en juin 2002 avait t livr aux tats-Unis en aot 2002 puis transfr Guantnamo en mars 2003. la fin de lanne 2012, il navait pas t renvoy devant une commission militaire pour tre jug. En fvrier, le ressortissant pakistanais Majid Khan a plaid coupable devant un juge militaire de Guantnamo des charges retenues son encontre au titre de la Loi de 2009 relative aux commissions militaires. Aux termes dun accord conclu avant le procs, sa sentence devrait tre prononce au plus

Lutte contre le terrorisme et scurit


Dtention Guantnamo
la fin de lanne, prs de trois ans aprs lexpiration du dlai fix par le prsident Barack Obama pour la fermeture du centre de dtention de Guantnamo, 166hommes y taient toujours dtenus, sans inculpation ni procs pour la trs grande majorit dentre eux. Quatre prisonniers, dont deux avaient t condamns par une commission militaire, ont t transfrs de la base au cours de lanne. Deux Oughours dtenus sans inculpation ni procs depuis 2002 ont t transfrs en avril au Salvador, o ils devaient se rinstaller.

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tard en fvrier 2016. Dans lintervalle, il aura coopr avec les autorits amricaines. Avant son transfert Guantnamo en 2006, cet homme avait t dtenu au secret par les autorits amricaines; il aurait t tortur et soumis dautres mauvais traitements. Le cas de Majid Khan a port sept le nombre de prisonniers condamns par une commission militaire de Guantnamo. Cinq avaient plaid coupable en change dune ventuelle remise en libert anticipe. Sur ces cinq hommes, deux ont t renvoys dans leur pays au cours de lanne: Ibrahim al Qosi au Soudan en juillet et Omar Khadr, dtenu par les autorits amricaines depuis lge de 15 ans, au Canada en septembre. En octobre, un tribunal fdral a annul la condamnation pour soutien matriel au terrorisme prononce en 2008 contre Salim Hamdan. La Cour dappel fdrale a conclu que ce chef dinculpation ne constituait pas un crime de guerre en droit amricain avant la promulgation de la Loi relative aux commissions militaires.

Personnes dtenues par les forces amricaines en Afghanistan


En juin, un juge dun tribunal fdral de district a rejet la requte en habeas corpus introduite au nom de Zia ur Rehman, un Afghan arrt par les forces amricaines en Afghanistan en dcembre 2008 et maintenu en dtention sans inculpation ni jugement depuis cette date. Le juge a fait droit une requte des autorits amricaines laissant entendre que le tribunal navait pas la comptence dattribution pour statuer sur cette affaire. Le 9septembre, en vertu dun accord sign six mois plus tt, les autorits afghanes ont assum le contrle des oprations concernant les dtenus de la base amricaine de Bagram. Bien quelles aient semble-t-il pris la responsabilit des quelque 3000dtenus afghans qui sy trouvaient le 9mars, plus de 600prisonniers qui seraient arrivs Bagram aprs cette date dpendaient apparemment de larme amricaine, de mme quune cinquantaine de dtenus non afghans (voir Afghanistan). En octobre, un juge dun tribunal fdral de district a rejet les requtes en habeas corpus introduites par trois hommes non afghans dtenus par les autorits amricaines Bagram. Selon les requtes, Amin al Bakri et Redha al Najar avaient t arrts en 2002, respectivement en Thalande et au Pakistan. Quant Fadi al Maqaleh, sa requte indiquait quil avait

galement t arrt en dehors de lAfghanistan en 2003, mais les autorits amricaines affirmaient quil se trouvait en Afghanistan cette date. En mai 2010, la Cour dappel fdrale avait annul la dcision rendue en 2009 par le tribunal de district qui avait autoris ces trois dtenus contester la lgalit de leur dtention devant une juridiction amricaine. Leurs avocats avaient introduit par la suite devant le tribunal de district des requtes modifies contenant des lments nouveaux qui, selon eux, remettaient en cause la dcision de la Cour dappel. Le tribunal de district les a toutefois dbouts. En novembre, un juge dun tribunal fdral de district a rejet la requte en habeas corpus introduite par Amanatullah, un Pakistanais dtenu Bagram par les autorits amricaines depuis plusieurs annes. Il tait lun des deux hommes qui avaient t arrts en fvrier 2004 par les forces des tats-Unis en Irak, remis aux autorits amricaines puis transfrs en Afghanistan. la fin de lanne, les deux hommes taient toujours dtenus par ces mmes autorits Bagram, sans inculpation ni procs.

Impunit
Les responsables de crimes internationaux commis sous le gouvernement du prsident George W. Bush dans le cadre du programme de dtentions secrtes de la CIA navaient toujours pas t amens rendre compte de leurs actes, et cette situation a t verrouille davantage encore. Le 30 aot, le ministre de la Justice a annonc le classement sans suite de linformation judiciaire sur la mort de deux personnes dtenues par les tats-Unis en dehors du territoire amricain. Il a dclar quaucune poursuite pnale ne serait engage sur ces morts en dtention qui sont survenues, pense-ton, en Afghanistan en 2002 et en Irak en 2003. Cette dclaration faisait suite lannonce, en juin 2011, que lexamen prliminaire des interrogatoires conduits dans le cadre du programme de la CIA tait termin et que, hormis dans ces deux cas, de nouvelles investigations ne se justifiaient pas.

Utilisation de la force meurtrire


Les meurtres cibls de terroristes prsums, notamment au Pakistan, en Somalie et au Ymen, et en particulier par des tirs de drones, se sont poursuivis tout au long de lanne. Selon les

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informations disponibles, limites en raison de leur caractre secret, la politique amricaine autorisait les excutions extrajudiciaires en violation du droit international relatif aux droits humains, en vertu de sa thorie dun conflit arm global contre AlQada et les groupes qui lui sont lis.

Utilisation excessive de la force


Au moins 42personnes sont mortes, dans 20tats diffrents, aprs avoir reu des dcharges de Taser administres par des policiers, ce qui portait 540 le nombre total de dcs survenus dans de telles circonstances depuis 2001. Les pistolets Taser ont t considrs comme une cause directe ou indirecte de la mort dans plus de 60cas. La plupart de ces personnes ntaient pas armes et ne semblaient pas constituer une menace grave au moment o elles ont reu les dcharges. En mai, lAmerican Heart Association (AHC) a publi un rapport qui prsentait les premiers lments scientifiques, valus par des pairs, concluant que le pistolet Taser peut provoquer un arrt cardiaque puis la mort. Ltude analysait des informations, notamment des rapports dautopsie, des certificats mdicaux et des donnes des services de police, concernant huit personnes qui avaient perdu connaissance aprs avoir reu des dcharges de Taser X26. n Le 20 juin, Macadam Mason, 39ans, est mort devant chez lui, Thetford (Vermont), aprs avoir t touch par des dcharges de Taser tires par un membre de la police de ltat. Le Bureau du mdecin lgiste du New Hampshire a conclu, en septembre, que Macadam Mason avait succomb un arrt cardiaque subit provoqu par une dcharge darme impulsion lectrique. En octobre, linspecteur gnral du Dpartement de la scurit du territoire a indiqu quil avait entrepris un rexamen de la politique de la Police des frontires relative lutilisation de la force meurtrire. Cette initiative, toujours en cours la fin de lanne, faisait suite une srie de tirs meurtriers imputables des agents patrouillant le long de la frontire mexicaine. n En octobre, Jos Antonio Elena Rodrguez, 16 ans, est mort des suites de blessures par balle. Selon les autorits amricaines, un garde-frontire de Nogales, dans ltat de lArizona, aurait ouvert le feu lorsque deux trafiquants de drogue prsums ont fui de lautre

ct de la frontire et ont commenc jeter des pierres. Lenqute ouverte par le Bureau fdral denqutes (FBI) et des responsables mexicains ntait pas termine la fin de lanne. n En avril, le ministre de la Justice a annonc labandon de toute poursuite fdrale, tant pour crime que pour violation des droits civils, dans laffaire de la mort de Sergio Hernndez Guereca, un adolescent de 15ans abattu dune balle dans la tte en 2010 par un garde-frontire.

Conditions carcrales
Le nombre de prisonniers demeurait un niveau record. Dans tout le pays des milliers de prisonniers taient maintenus lisolement dans des prisons de trs haute scurit. Enferms au-del de 22heures par jour dans des cellules avec trs peu de lumire naturelle, ils taient pratiquement privs de tout exercice et de possibilits de bnficier de programmes de rinsertion. Les conditions de vie dans ces tablissements bafouaient les normes internationales et constituaient, dans certains cas, un traitement cruel, inhumain ou dgradant. En octobre, cinq hommes ont t extrads depuis le Royaume-Uni vers les tats-Unis afin de rpondre de chefs dinculpation lis au terrorisme. La Cour europenne des droits de lhomme avait rejet leur assertion selon laquelle ils risquaient rellement dtre torturs ou soumis dautres formes de traitement cruel, inhumain ou dgradant sils taient incarcrs dans la prison fdrale ADX de Florence (Colorado), un tablissement de trs haute scurit. La demande dAmnesty International de se rendre dans cette prison a t rejete par les autorits amricaines.

Droits des enfants


Par son arrt Miller c. Alabama, rendu en juin, la Cour suprme fdrale a frapp dillgalit le dispositif qui rend obligatoire la peine de rclusion perptuit sans possibilit de libration conditionnelle, pour les auteurs dinfractions gs de moins de 18 ans au moment des faits. Cette dcision intervenait deux ans aprs que la Cour suprme avait prohib lemprisonnement vie, sans possibilit de libration conditionnelle, de mineurs auteurs dinfractions autres que des homicides. En juillet, Terry Branstad, gouverneur de lIowa, a ragi larrt Miller c. Alabama en commuant en

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rclusion vie sans possibilit de libration conditionnelle avant 60 ans les peines de rclusion vie sans aucune possibilit de libration conditionnelle auxquelles 38prisonniers avaient t condamns pour des assassinats commis lorsquils avaient moins de 18 ans. Les ventuelles circonstances attnuantes qui navaient dj pas t examines au moment du procs en raison de lobligation de prononcer une peine de rclusion perptuit sans libration conditionnelle ont de nouveau t ngliges dans la commutation gnrale accorde par le gouverneur.

Droit la sant
En juin, la Cour suprme fdrale a valid la Loi sur les soins de sant abordables adopte en 2010, qui prvoyait de garantir avant la fin de 2014 une assurance sant plus de 30millions dAmricains qui en taient dpourvus. Bien quun certain nombre de dispositions de cette loi visent faciliter laccs des soins de sant maternels de qualit, par exemple en empchant les compagnies dassurances dimposer des cotisations de protection mdicale plus leves aux femmes, des lacunes et des obstacles subsistaient. La Loi sur la responsabilit en matire de sant maternelle tait toujours en instance devant le Congrs la fin de lanne.

Droits des migrants


En juin, la Cour suprme fdrale a invalid des parties essentielles dune loi de lArizona sur limmigration, dont une disposition qui interdisait aux migrants en situation irrgulire de travailler ou de chercher un emploi sous peine de poursuites pnales. La Cour a toutefois maintenu un article obligeant les membres des forces de lordre de ltat contrler la situation au regard du sjour de toute personne quils souponnent dtre en situation irrgulire, bien que des groupes de dfense des droits humains se soient dits inquiets que cette disposition nincite au profilage racial, cest--dire au contrle dindividus du seul fait de leur apparence physique, de leur origine ethnique ou de la couleur de leur peau. la suite de cette dcision, des juridictions fdrales ont confirm la validit de lois similaires adoptes par lAlabama et la Gorgie. La prolifration de lois adoptes par les tats et visant les migrants exposait ceux-ci un risque accru de discrimination, et les empchait daccder lducation et aux services de sant de base. Cette anne encore, le renforcement de la surveillance sur certaines portions de la frontire avec le Mexique a incit les migrants clandestins utiliser des itinraires particulirement dangereux travers le dsert; plusieurs centaines dentre eux ont trouv la mort. La collaboration accrue entre les responsables locaux de lapplication des lois et les services dimmigration faisait courir aux populations vivant le long de la frontire un risque accru de profilage racial par la police locale et celle des tats. Les migrants irrguliers qui taient victimes de crimes, notamment de traite dtres humains et de violences domestiques, taient confronts toute une srie dobstacles pour accder la justice.

Droits des femmes


La Californie a adopt, en octobre, une loi interdisant denchaner les dtenues enceintes, quel que soit leur stade de grossesse. Il sagissait de la premire loi de cette nature aux tats-Unis. En juin, ltat de Virginie a promulgu une loi rendant une chographie obligatoire avant tout avortement. La Congrs na pas reconduit la Loi relative la violence contre les femmes, dont certaines dispositions visent combattre le fort taux de violences infliges des femmes autochtones ou fournissent une protection et des services aux victimes de violences domestiques. La prorogation de la Loi relative la protection des victimes de traite dtres humains, qui accorderait une protection aux milliers de personnes victimes de traite qui entrent chaque anne aux tats-Unis, restait bloque au niveau du Congrs la fin de lanne.

Peine de mort
Quarante-trois prisonniers, tous des hommes, ont t excuts au cours de lanne, tous par injection ltale. Quinze de ces excutions ont eu lieu au Texas. la fin de 2012, cet tat avait procd 492 des 1320excutions recenses aux tats-Unis depuis 1976, anne de lapprobation par la Cour suprme fdrale de nouvelles lois sur la peine capitale. En avril, le Connecticut est devenu le 17e tat abolitionniste. En novembre, les lecteurs californiens ont rejet par environ 53% des voix contre 47% la proposition 34, qui prvoyait labolition de la peine

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de mort dans ltat et la commutation de plus de 700 sentences capitales en peines de rclusion perptuit, sans possibilit de libration conditionnelle.

THIOPIE
RPUBLIQUE FDRALE DMOCRATIQUE DTHIOPIE
Chef de ltat: Girma Wolde-Giorgis Chef du gouvernement: Meles Zenawi, remplac par Hailemariam Desalegn le 20 aot Les autorits ont rprim la libert dexpression et impos des restrictions svres aux activits des mdias indpendants, des partis dopposition et des organisations de dfense des droits humains. La dissidence ntait tolre dans aucun domaine. Des opposants avrs ou prsums ont t emprisonns. Des manifestations pacifiques ont t rprimes. Les arrestations et dtentions arbitraires taient monnaie courante et le recours la torture et dautres formes de mauvais traitements contre les dtenus tait trs rpandu. De trs nombreux cas dexpulsion force ont t signals dans tout le pays.

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgus dAmnesty International ont assist au cours de lanne
certaines des audiences qui se sont tenues devant des commissions militaires Guantnamo. 4 USA: Congress has made no such decision: Three branches of government, zero remedy for counter-terrorism abuses (AMR51/008/2012). 4 In hostile terrain: Human rights violations in immigration enforcement in the US southwest (AMR51/018/2012). 4 USA: Cruel isolation Amnesty Internationals concerns about conditions in Arizona maximum security prisons (AMR51/023/2012). 4 USA: Another brick from the wall (AMR51/028/2012). 4 USA: Wrong court, wrong place, wrong punishment (AMR51/032/2012). 4 USA: Human rights betrayed: 20 years after US ratification of ICCPR, human rights principles sidelined by global war theory (AMR51/041/2012). 4 USA: Targeted killing policies violate the right to life (AMR51/047/2012). 4 USA: Deadly formula An international perspective on the 40th anniversary of Furman v. Georgia (AMR51/050/2012). 4 USA: The edge of endurance Prison conditions in Californias Security Housing Units (AMR51/060/2012). 4 USA: One-way accountability Guantnamo detainee pleads guilty; details of government crimes against him remain classified top secret (AMR51/063/2012). 4 USA: Texas Still doing its worst: 250th execution under current Governor imminent (AMR51/092/2012). 4 USA: Truth, justice and the American way? Details of crimes under international law still classified Top Secret (AMR51/099/2012).

Contexte
En aot, les autorits ont annonc le dcs du Premier ministre Meles Zenawi, qui avait dirig lthiopie pendant 21ans. Hailemariam Desalegn a t dsign pour lui succder et trois vice-Premiers ministres ont t nomms afin dassurer la reprsentation de tous les partis base ethnique de la coalition au pouvoir. Cette anne encore, de vastes tendues de terre ont t loues par le gouvernement des investisseurs trangers. Cela concidait souvent avec lapplication du programme de villagisation, qui consistait dplacer des centaines de milliers de personnes. Locations de terres et villagisation se seraient maintes reprises accompagnes dexpulsions forces de grande ampleur. Les chauffoures se sont poursuivies entre les forces gouvernementales et des groupes arms dopposition dans plusieurs endroits du pays, notamment dans les rgions somalie, dOromia et afar. Cette anne encore, larme thiopienne a men des oprations militaires en Somalie. Des informations ont fait tat dexcutions extrajudiciaires, de dtentions arbitraires, de tortures et dautres mauvais traitements imputables des soldats thiopiens ainsi qu des membres de milices allies au gouvernement somalien.

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Larme thiopienne a fait deux incursions en mars en rythre et elle a affirm par la suite quelle avait attaqu des camps dentranement de groupes rebelles thiopiens (voir rythre). Lthiopie a reproch lrythre de soutenir un groupe rebelle qui avait attaqu des touristes europens en janvier dans la rgion afar.

Libert dexpression
Un certain nombre de journalistes et de membres de partis dopposition ont t condamns de lourdes peines demprisonnement pour des infractions en relation avec le terrorisme. Ils avaient t arrts aprs avoir critiqu le gouvernement ou lanc des appels en faveur de rformes, ou encore du fait de leurs liens avec des mouvements de protestation pacifiques. Une grande partie des lments de preuve utiliss contre eux ne constituaient que des exemples dexercice du droit la libert dexpression et dassociation. Les procs ont t entachs de graves irrgularities, dont labsence denqute sur les allgations de torture, la limitation ou la suppression du droit de consulter un avocat, et lutilisation titre de preuves daveux obtenus sous la contrainte. n En janvier, les journalistes Reyot Alemu, Woubshet Taye et Elias Kifle ainsi que Zerihun Gebre-Egziabher, dirigeant dun parti dopposition, et Hirut Kifle, ancienne sympathisante de lopposition, ont t dclars coupables dinfractions en relation avec le terrorisme. n En juin, le journaliste Eskinder Nega et Andualem Arage, chef de file de lopposition, ainsi que dautres dissidents ont t condamns des peines comprises entre huit ans demprisonnement et la rclusion perptuit pour des infractions lies au terrorisme. n En dcembre, Bekele Gerba et Olbana Lelisa, dirigeants de lopposition, ont t condamns respectivement huit ans et 13 ans demprisonnement pour provocation commettre des crimes contre ltat. Plusieurs centaines de musulmans ont t interpells entre juillet et novembre dans le cadre dune srie de manifestations dans tout le pays contre des restrictions que les autorits auraient imposes la libert de religion. Bon nombre des personnes arrtes ont t remises en libert par la suite, mais beaucoup, dont des figures de proue du mouvement de protestation, taient toujours dtenues la fin de

lanne. Le gouvernement sest efforc dcraser ce mouvement et dempcher les mdias de rendre compte des manifestations. n En octobre, au moins un journaliste et 29chefs de file du mouvement de protestation, parmi lesquels figuraient des membres dun comit dsign par la communaut musulmane pour prsenter ses dolances au gouvernement, ont t inculps au titre de la Loi relative la lutte contre le terrorisme. n En mai et en octobre, des correspondants de Voice of America ont t placs en dtention pour une courte priode et interrogs au sujet dinterviews quils avaient ralises auprs de protestataires. Les quelques mdias indpendants encore en activit ont t soumis des restrictions encore renforces. n En avril, Temesgen Desalegn, rdacteur en chef de Feteh, lune des dernires publications indpendantes qui continuait de paratre, a t condamn une peine damende pour outrage magistrat. On lui reprochait une couverture partiale du procs dEskinder Nega et de ses coaccuss. Feteh avait publi les dclarations de certains accuss. En aot, Temesgen Desalegn a t inculp dinfractions pnales cause darticles quil avait rdigs ou publis et qui taient jugs critiques lgard du gouvernement ou qui appelaient manifester pacifiquement contre la rpression mene par les autorits. Il a t remis en libert aprs quelques jours de dtention et les accusations portes contre lui ont t abandonnes. En mai, le gouvernement a mis une directive obligeant les imprimeurs supprimer des publications qui leur taient confies tout contenu que les autorits pouvaient juger illgal. Compte tenu du caractre extrmement large des dispositions de la Loi relative la lutte contre le terrorisme, une grande partie du contenu lgitime des publications tait susceptible dtre considre comme illgale. n En juillet, un numro de Feteh a t saisi aprs que les autorits eurent protest contre deux articles parus la une, dont un sur les manifestations des musulmans et un autre qui spculait sur ltat de sant du Premier ministre. Par la suite, limprimerie Berhanena Selam, dirige par ltat, a refus dimprimer Feteh ainsi que Finote Netsanet, publication du plus grand parti dopposition, lUnit pour la dmocratie et la justice. Ce parti a annonc, en novembre, que le gouvernement avait totalement interdit Finote Netsanet.

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Un grand nombre de sites dinformation en ligne ainsi que de sites politiques et dorganisations de dfense des droits humains ont t bloqus. Le Parlement a adopt en juillet la Loi sur les infractions de fraude dans le secteur des tlcommunications, qui entrave la mise disposition de diffrentes technologies dInternet et des tlcommunications ainsi que leur utilisation.

Dfenseurs des droits humains


Les activits des dfenseurs des droits humains continuaient dtre soumises des restrictions svres imposes par la Loi sur les associations et les organismes caritatifs et les directives connexes, qui les empchaient notamment davoir accs des financements essentiels. n En octobre, la Cour suprme a confirm la dcision de geler une somme denviron un million de dollars des tats-Unis qui reprsentaient les actifs des deux principales organisations de dfense des droits humains du pays: le Conseil des droits humains et lAssociation des avocates thiopiennes. Leurs comptes avaient t gels en 2009 aprs ladoption de cette loi. n En aot, le Conseil des droits humains, la plus ancienne ONG thiopienne de dfense de ces droits, sest vu refuser par lAgence des associations et organismes caritatifs lautorisation de lancer des collectes de fonds au niveau national. Selon certaines sources, cette agence a mis en application une disposition de la loi qui prvoyait de soumettre les activits des ONG au contrle dun organisme gouvernemental, ce qui compromettait fortement leur indpendance.

Les allgations de torture formules par des dtenus, y compris lors de leur comparution devant un tribunal, nont fait lobjet daucune enqute. Les conditions de dtention taient prouvantes. La nourriture et leau manquaient et les quipements sanitaires taient trs mdiocres. Les dtenus ne bnficiaient pas de soins mdicaux appropris, voire en taient totalement privs. Des cas de mort en dtention ont t signals. n En fvrier, Andualem Arage, figure de lopposition, a t rou de coups par un codtenu qui avait t transfr dans sa cellule quelques jours plus tt. Un autre dirigeant de lopposition, Olbana Lelisa, aurait subi le mme traitement plus tard dans lanne. n Deux journalistes sudois condamns en 2011 11ans demprisonnement pour des infractions lies au terrorisme ont t gracis en septembre. Aprs leur libration, les deux hommes ont dclar quils avaient t contraints de tmoigner contre eux-mmes et soumis un simulacre dexcution avant dtre autoriss contacter leur ambassade ou un avocat.

Arrestations et dtentions arbitraires


Des membres de partis dopposition et des opposants politiques avrs ou prsums ont t arrts. La dtention arbitraire tait rpandue. Des personnes ont, daprs leur famille, disparu aprs leur arrestation. Les autorits prenaient pour cible des proches des suspects, qui taient interpells et interrogs. Lutilisation de lieux de dtention non officiels a t signale. n En janvier, le Parti pour lunit de tous les thiopiens a rclam la remise en libert de 112 de ses membres qui avaient semble-t-il t arrts en lespace dune semaine au cours du mme mois dans la rgion des Nations, nationalits et peuples du Sud. Plusieurs centaines dOromos accuss de soutenir le Front de libration oromo ont t arrts. n En septembre, plus dune centaine de personnes auraient t arrtes lors de la fte oromo dIrreechaa. Un trs grand nombre de civils souponns de soutenir le Front de libration nationale de lOgaden (FLNO) auraient t arrts et placs arbitrairement en dtention dans la rgion somalie. n Yusuf Mohammed, un employ thiopien de lONU arrt en 2010, tait toujours dtenu arbitrairement Jijiga. Il sagissait apparemment dune manuvre visant contraindre au retour son frre, accus de liens avec le FLNO, qui vivait en exil.

Torture et autres mauvais traitements


Les dtenus taient frquemment torturs et maltraits, tout particulirement lors des interrogatoires par la police en garde vue. Ils taient couramment gifls, frapps coups de poing et de bton, entre autres, menotts et suspendus par les poignets au mur ou au plafond, privs de sommeil et maintenus lisolement pendant de longues priodes. Certains auraient reu des dcharges lectriques ou t soumis des simulacres de noyade; dautres ont affirm quon avait accroch des poids leurs organes gnitaux. Beaucoup ont t contraints de signer des aveux. Des prisonniers ont t forcs dadministrer des chtiments physiques leurs codtenus.

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De trs nombreux Sidamas ont t arrts entre juin et aot dans la rgion des Nations, nationalits et peuples du Sud la suite semble-t-il de nouveaux appels en faveur de la cration dun tat spar pour les Sidamas dans la rgion. Un certain nombre darrestations ont eu lieu en aot pendant la clbration de Fichee, le nouvel an sidama. Bon nombre des personnes arrtes ont t rapidement remises en libert. Un certain nombre de personnalits de la communaut ont toutefois t maintenues en dtention et inculpes de crimes contre ltat. Des personnes auraient t arrtes pour avoir particip des manifestations pacifiques et dnonc publiquement certains projets de dveloppement.

Utilisation excessive de la force


E
La police a t accuse plusieurs reprises davoir ragi avec une force excessive lors du mouvement de protestation des musulmans. Addis-Abeba en juillet, deux rassemblements ont dgnr en violences. Selon certaines sources, les policiers auraient tir balles relles et battu des manifestants dans la rue et pendant leur garde vue; beaucoup auraient t blesss. Dans au moins deux autres cas lis des manifestations ailleurs dans le pays, des policiers ont tir balles relles, tuant ou blessant plusieurs personnes. Aucun de ces vnements na fait lobjet dune enqute. n En avril, quatre personnes au moins auraient t abattues par des policiers Asasa, dans la rgion dOromia. Des tmoins et les autorits ont donn des versions contradictoires des faits. n En octobre, des policiers ont tir sur des habitants de Gerba, dans la rgion dAmhara; trois personnes au moins ont t tues et dautres ont t blesses. Les autorits ont affirm que les manifestants avaient dclench les violences; ceux-ci ont dclar que les policiers avaient tir balles relles sur des personnes non armes. Les forces de scurit auraient perptr des excutions extrajudiciaires dans les rgions afar, somalie et de Gambla.

Larme et la police de Liyu, milice locale qui lui tait allie, ont t rgulirement accuses de violations des droits humains, dont des excutions extrajudiciaires, des dtentions arbitraires et des viols. De nombreuses informations ont fait tat dactes de torture et dautres mauvais traitements infligs aux dtenus. Aucune des allgations formules na fait lobjet dune enqute et laccs la rgion tait toujours soumis des restrictions svres. n En juin, Abdirahman Sheikh Hassan, un employ de lONU accus dtre li au FLNO, a t dclar coupable dinfractions lies au terrorisme et condamn une peine de sept ans et huit mois demprisonnement. Il avait t arrt en juillet 2011 aprs avoir ngoci avec le FLNO pour obtenir la libration de deux employs du Programme alimentaire mondial (PAM, une agence de lONU) qui avaient t enlevs.

Expulsions forces
Le programme de villagisation qui prvoyait la rinstallation de plusieurs centaines de milliers de personnes a t mis en uvre dans les rgions somalie, afar, de Gambla, de Benishangul-Gumuz et des Nations, nationalits et peuples du Sud. Les dplacements prvus par ce projet officiellement destin amliorer laccs de la population aux quipements de base devaient tre volontaires. Or, selon certaines sources, de nombreuses personnes rinstalles ont en fait subi une expulsion force. Des dplacements de population de grande ampleur, qui saccompagnaient parfois dallgations dexpulsion force, ont t signals dans le cadre de la location de vastes superficies de terre des investisseurs trangers ainsi que pour la construction de barrages. Les travaux se sont poursuivis sur un vaste projet de construction de barrages. Labsence de consultation des populations concernes et leur dplacement sans que des garanties appropries aient t mises en place, ainsi que les effets ngatifs de ces projets sur lenvironnement taient source de grave proccupation.

Conflit dans la rgion somalie


En septembre, le gouvernement et le FLNO ont entam brivement des pourparlers de paix en vue de mettre un terme au conflit les opposant depuis une vingtaine dannes dans la rgion somalie. Les ngociations taient au point mort en octobre.

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FIDJI
RPUBLIQUE DES LES FIDJI
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Ratu Epeli Nailatikau Josaia Voreqe Bainimarama Le rgime militaire continuait de restreindre les droits la libert dexpression, dassociation et de runion pacifique. Des responsables politiques et des dfenseurs des droits humains ont t arrts et inculps de graves infractions. Certains dentre eux ont t emprisonns. Le respect de ltat de droit et lindpendance du pouvoir judiciaire demeuraient des motifs de proccupation.

Contexte
Une procdure de rvision de la Constitution a t adopte par dcret en juillet. Elle accordait une totale immunit de poursuites.aux personnes impliques dans le coup dtat de 2006. Entre autres instances, une Commission constitutionnelle mise sur pied en avril sest dite proccupe par cette procdure de rvision. la suite dune modification de la procdure en novembre, la population ne pouvait plus tre consulte au sujet du projet de Constitution avant que ce texte soit soumis lAssemble constituante, alors que des consultations publiques avaient t menes prcdemment.

Danciens responsables politiques et des militants des droits humains ont t poursuivis en justice pour des raisons manifestement politiques, ce qui a mis en pril la libert dexpression. n En juillet, le Forum constitutionnel des citoyens a t inculp datteinte lautorit de la justice la suite dun article publi dans le bulletin davril de lorganisation, o tait voque la disparition de ltat de droit dans les les Fidji. n Lancien Premier ministre Laisenia Qarase, qui avait t renvers par un coup dtat, a t condamn en aot 12mois demprisonnement, sur la base daccusations de corruption qui semblaient motives par des considrations politiques. Le gouvernement continuait de critiquer les institutions extrieures qui examinaient la situation des droits humains dans le pays. n En septembre, une dlgation de lOIT a t expulse de larchipel.

Torture et autres mauvais traitements


Des policiers et dautres membres des forces de scurit ont t accuss de torture et dautres mauvais traitements, y compris de passages tabac, de menaces et de manuvres dintimidation, en particulier contre des personnes critiques lgard du gouvernement. n Cinq dtenus en cavale repris par les forces de scurit en septembre auraient t torturs. En raison de la gravit de leurs blessures, ils ont t hospitaliss, et lun deux a d tre amput dune jambe.

Libert dexpression, dassociation et de runion


Les dispositions relatives aux situations durgence ont t remplaces en janvier par le Dcret (modifi) relatif lordre public. La libert dexpression et de runion pacifique restait toutefois vise par des restrictions analogues. Plusieurs autres dcrets pris depuis 2009 ont t utiliss pour rprimer les dtracteurs du gouvernement, empcher la tenue de manifestations pacifiques et disperser des runions. n En mai, une autorisation de dfiler lors de la Journe internationale de lutte contre lhomophobie et la transphobie a t annule le jour mme par la police. n Le 11juillet, la police a arrt un responsable du Parti travailliste fidjien, Vyas Deo Sharma, ainsi que 14autres sympathisants de la formation, parce quils staient runis dans une proprit prive. Les 15hommes ont t maintenus en dtention jusquau lendemain.

Justice et obligation de rendre des comptes


Labsence de contrle des dcisions du gouvernement par une autorit judiciaire et linamovibilit des juges portaient atteinte ltat de droit et entravaient laccs la justice. Limpunit pour les violations des droits humains commises dans le pass restait la rgle. n Felix Anthony, un membre du Congrs des syndicats de Fidji (FTUC) qui avait t agress par des agents de la fonction publique en fvrier 2011, a port plainte en juillet contre le Premier ministre et commandant des forces militaires du pays, Josaia Voreqe Bainimarama. La police a refus douvrir une enqute la suite de sa plainte. n Dans un rapport publi en janvier, la Law Society, une organisation britannique but non lucratif, a indiqu que ltat de droit nexistait pas Fidji et quon ne pouvait pas faire confiance lindpendance de la magistrature.

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FINLANDE
RPUBLIQUE DE FINLANDE
Chef de ltat: Tarja Halonen, remplace par Sauli Niinist le 1er mars Chef du gouvernement: Jyrki Katainen Des demandeurs dasile taient placs en dtention dans des structures inappropries. Une enqute a t ouverte sur la participation de la Finlande au programme de restitutions men par les tatsUnis. Des objecteurs de conscience au service militaire ont t emprisonns.

utilise ou de la gravit de la menace profre par lagresseur; seuls quelques cas ont t ports devant les tribunaux ou ont dbouch sur des condamnations.

Lutte contre le terrorisme et scurit


Le mdiateur parlementaire de la Finlande a commenc enquter sur la participation de ltat au programme de restitutions men par la CIA. Le mdiateur est habilit consulter des informations classes secrtes et engager des poursuites contre les agents de ltat souponns davoir commis des crimes dans lexercice de leurs fonctions. En novembre, il a fait parvenir par courrier des demandes dinformations circonstancies 15agences gouvernementales.

Migrants et demandeurs dasile


Au moins 1300migrants et demandeurs dasile ont t mis en dtention au cours de lanne. Plus de 65% dentre eux ont t placs dans des locaux de la police avec des suspects de droit commun, ce qui est contraire aux normes internationales, et laisss sans accs certains services tels que des programmes de radaptation pour les victimes de torture ou des programmes ducatifs. Un mineur non accompagn a t incarcr au centre de dtention de Metsl pendant trois mois dans le mme btiment que des adultes et il na pas eu accs des programmes ducatifs. La procdure dasile ne prvoyait toujours pas de droit un recours suspensif, ce qui plaait les demandeurs face au risque dtre renvoys dans un pays o ils risquaient de subir des actes de torture ou dautres mauvais traitements. n En aot, un demandeur dasile tchtchne a t renvoy de force en Russie alors que son recours devant la Cour administrative suprme navait pas t examin. Une heure aprs son expulsion, le Comit contre la torture [ONU] a demand la Finlande de prendre des mesures provisoires et de ne pas effectuer ce renvoi; les autorits y avaient nanmoins procd.

Justice internationale
Le 30avril, la cour dappel dHelsinki a confirm la condamnation de Franois Bazaramba pour crimes de gnocide commis au Rwanda en 1994. Le 22octobre, la Cour suprme a rejet sa demande dautorisation de former un recours contre cette dcision.

Utilisation excessive de la force


n Le 26mai, un homme g de 30ans est mort pendant sa garde vue au poste de police de Vantaa, aprs que des policiers eurent utilis contre lui un appareil impulsions lectriques. Une enqute tait en cours pour dterminer si la mort avait t directement cause par lutilisation de cet appareil. n En aot, des policiers de Miehikkl ont bless au bras un garon de 14ans en utilisant contre lui un appareil impulsions lectriques. Le parquet a dcid de clore lenqute ouverte sur ces faits.

Prisonniers dopinion
Cette anne encore, des objecteurs de conscience au service militaire ont t emprisonns pour avoir refus deffectuer un service civil de remplacement, la dure de ce service continuant dtre discriminatoire et punitive.

Violences faites aux femmes et aux filles


En septembre, le commissaire aux droits de lhomme du Conseil de lEurope a indiqu que les violences faites aux femmes reprsentaient toujours un grave problme. Les femmes et les filles restaient insuffisamment protges contre le viol et les autres formes de violence sexuelle. Linfraction de viol tait toujours qualifie en fonction du degr de violence

Visites et documents dAmnesty International


4 Finlande. Les enqutes limites sur le programme de restitution ne sont pas conformes lobligation denqute tablie par le droit international. Le Conseil des droits de lhomme adopte les conclusions de lExamen priodique universel sur la Finlande (EUR20/001/2012).

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Amnesty International - Rapport 2013

FRANCE
RPUBLIQUE FRANAISE
Chef de ltat: Nicolas Sarkozy, remplac par Franois Hollande le 15 mai Chef du gouvernement: Franois Fillon, remplac par Jean-Marc Ayrault le 16 mai Les enqutes sur les allgations de torture, de mauvais traitements et de mort aux mains de la police restaient inefficaces et insuffisantes. Des milliers de Roms ont t laisss sans abri aprs avoir t expulss de force de campements non autoriss. La procdure prioritaire pour lexamen des demandes dasile ntait toujours pas conforme aux normes internationales.

Morts aux mains de la police


Les proccupations persistaient concernant le rythme, lefficacit et lindpendance des enqutes sur les cas de mort aux mains de la police. Des enqutes en cours depuis longtemps sur quatre cas de mort aux mains de la police ont t conclues par un non-lieu. n Dans laffaire Abou Bakari Tandia, la juge dinstruction a conclu le 26septembre quaucun lment ne permet[tait] de retenir la responsabilit dun fonctionnaire de police dans le processus ayant abouti au dcs de la victime. Tomb dans le coma dans la nuit du 5 au 6dcembre 2004 alors quil tait en garde vue au commissariat de Courbevoie, Abou Bakari Tandia est mort le 24janvier 2005. Le policier qui avait utilis une technique dimmobilisation ayant semble-t-il provoqu le coma de cet homme tait toujours en poste la fin de lanne, dans un autre commissariat. Un recours a t dpos. n Le 15octobre, le juge de Pontoise saisi du cas dAli Ziri, un Algrien de 69ans mort deux jours aprs avoir t conduit au commissariat dArgenteuil, en juin2009, a conclu que linformation judiciaire navait tabli aucun acte de violence volontaire qui aurait t la cause directe ou indirecte du dcs de M. Ali Ziri. Une autopsie pratique en avril2011 avait toutefois confirm que la mort de cet homme tait due aux manuvres dimmobilisation auxquelles il avait t soumis ainsi qu des vomissements rpts intervenus alors quil tait aux mains de la police. Les policiers qui avaient procd linterpellation dAli Ziri

et de son ami Arezki Kerfali, et les avaient conduits au commissariat, nauraient pas t entendus par le magistrat instructeur. Laffaire tait en instance dappel la fin de lanne. n Le 15octobre, la juge dinstruction a rendu une ordonnance de non-lieu dans laffaire de Mahamadou Marga, un Malien en situation irrgulire mort le 30novembre 2010 Colombes aprs avoir t touch deux fois par des tirs de pistolet impulsions lectriques au moment de son arrestation, qui stait accompagne de violences. Le 4mai, le Dfenseur des droits a recommand des poursuites disciplinaires lencontre des policiers impliqus pour avoir fait un usage disproportionn de leur pistolet impulsions lectriques. Laffaire tait en instance dappel la fin de lanne. n Une ordonnance de non-lieu a t rendue en dcembre dans laffaire Mohamed Boukrourou, un homme mort dans un fourgon de police le 12novembre 2009. Les proches ont fait appel. la fin de lanne, selon les informations disponibles, les quatre policiers qui avaient procd son arrestation Valentigney taient toujours en poste et navaient fait lobjet daucune procdure disciplinaire. Dans dautres affaires linstruction tait toujours en cours. n Le 24fvrier, trois des sept policiers impliqus dans la mort dAbdelhakim Ajimi au moment de son interpellation, le 9mai 2008, ont t condamns des peines respectives de six, 18 et 24mois demprisonnement avec sursis par le tribunal correctionnel de Grasse. Amnesty International a jug peu svres les peines prononces face la gravit des actes commis. Les trois policiers ont interjet appel. Quatre autres policiers impliqus dans la mort dAbdelhakim Ajimi ont t relaxs. n Lenqute sur les circonstances de la mort de Lamine Dieng lors de son interpellation le 17juin 2007 Paris na gure progress. Cet homme avait t immobilis par des policiers dans la rue, puis dans un fourgon de police, o il avait perdu connaissance et tait mort par asphyxie mcanique.

Torture et autres mauvais traitements


Le Code pnal ne comportait toujours pas une dfinition de la torture conforme aux normes internationales. Les allgations de mauvais traitements infligs par des agents de la force publique ne faisaient pas toujours lobjet denqutes

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effectives, indpendantes, impartiales et menes dans les meilleurs dlais. Le 19avril, le Comit europen pour la prvention de la torture a demand la tolrance zro pour les mauvais traitements infligs par des policiers et la limitation de lutilisation de pistolets impulsions lectriques.

Discrimination
Cette anne encore, des membres des minorits ethniques et religieuses ainsi que des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres ou intersexues (LGBTI) ont t victimes de discrimination. En dcembre, le ministre de lIntrieur a prsent un nouveau projet de code de dontologie des forces de scurit qui, pour la premire fois, rglementait les contrles didentit et les fouilles corporelles. Le ministre stait oppos en septembre lide denregistrer officiellement tous les contrles didentit afin de lutter contre le contrle au facis. Plusieurs organisations de dfense des droits humains ont recueilli, cette anne encore, des informations sur des cas de contrle au facis. La loi interdisant le port de toute tenue destine dissimuler le visage est reste en vigueur. De manire indirecte, de telles lois sont discriminatoires lgard des femmes musulmanes qui choisissent librement de porter un voile intgral. Le Snat a adopt en janvier une proposition de loi visant interdire aux employs des structures prives daccueil denfants le port de symboles et de vtements religieux et culturels. Une circulaire publie en 2011 par le ministre de lducation et qui interdisait aux femmes portant ce type de vtements daccompagner des enfants lors de sorties scolaires est reste en vigueur. Une loi sur le harclement sexuel a t promulgue en aot. Elle introduit la notion didentit sexuelle comme critre illgitime dans les dispositions du Code pnal rprimant les infractions haineuses ainsi que dans les textes visant combattre la discrimination sur le lieu de travail. Le Conseil constitutionnel a abrog le 5octobre plusieurs dispositions dune loi de 1969 sur les gens du voyage. Il a supprim lobligation pour les gens du voyage ne justifiant pas de ressources rgulires dtre rattachs depuis trois ans une commune pour tre inscrits sur les listes lectorales, ainsi que celle de dtenir un carnet de circulation et de le faire

renouveler priodiquement. Ceux qui disposaient de ressources rgulires taient toutefois toujours obligs dtre munis dun livret de circulation; tous les gens du voyage devaient par ailleurs tre inscrits dans une commune; et le nombre de personnes ainsi rattaches ne devait pas excder 3% de la population municipale. Le Conseil des ministres a adopt le 7novembre un projet de loi ouvrant le mariage aux couples de personnes de mme sexe; lexamen de ce texte devait dbuter lAssemble nationale en janvier 2013.

Expulsions forces
Des campements et des habitations de fortune o vivaient des Roms ont t dmantels tout au long de lanne lors dexpulsions forces. Selon des estimations fournies par des ONG, 9040 Roms ont t expulss de force dans toute la France au cours des neuf premiers mois de lanne. Le 26aot, le gouvernement a rendu publique une circulaire interministrielle adresse aux prfets et contenant des directives sur la manire danticiper les expulsions, de les mener bien et daider les personnes concernes la rinsertion. Toutefois les garanties internationales contre les expulsions forces continuaient dtre bafoues au niveau local lors de lexcution de dcisions dexpulsion.

Rfugis, demandeurs dasile et migrants


La procdure prioritaire pour lexamen des demandes dasile restait en vigueur alors quelle ne garantissait pas une protection suffisante des droits fondamentaux des demandeurs concerns, qui taient toujours privs dun recours suspensif devant la Cour nationale du droit dasile (CNDA). Le 26mars, le Conseil dtat a annul la dcision prise en avril 2011 par lOffice franais de protection des rfugis et apatrides (OFPRA) dajouter lAlbanie et le Kosovo la liste des pays dorigine srs pour lexamen des demandes dasile. Le 3octobre, le Conseil dtat a condamn labsence dexamen individuel par lOFPRA du dossier des demandeurs dasile dont les empreintes digitales semblaient avoir t volontairement altres. Le gouvernement a publi le 7juillet une circulaire recommandant dassigner rsidence, dans des conditions strictes, les familles avec enfants en

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situation irrgulire plutt que de les placer en centre de rtention. Le 11juillet, le Comit contre la torture [ONU] a suspendu lexpulsion dune Somalienne dtenue dans une zone dattente de laroport Roissy-Charles de Gaulle. La demande dasile et le recours de cette femme avaient t rejets en lespace dune semaine, alors que le Haut-Commissariat des Nations unies pour les rfugis (HCR) soppose au renvoi vers certaines rgions de la Somalie. Le Parlement a adopt en dcembre un projet de loi portant modification du Code de lentre et du sjour des trangers et du droit dasile, qui a supprim le dlit de solidarit. Le texte dispose que laide apporte un tranger en sjour irrgulier nest plus passible dune peine damende ou demprisonnement si la personne qui fournit laide cherche assurer des conditions de vie dignes et dcentes ltranger et ne reoit aucune contrepartie directe ou indirecte.

GAMBIE
RPUBLIQUE DE GAMBIE
Chef de ltat et du gouvernement: Yahya Jammeh Neuf condamns mort ont t excuts, sans avertissement pralable, alors que la peine capitale navait pas t applique depuis prs de 30ans. Ils navaient pas puis toutes les voies de recours. Les autorits ont fait usage de manuvres de harclement et dintimidation pour rprimer la dissidence. Les forces de scurit procdaient rgulirement des arrestations et dtentions arbitraires. Les conditions carcrales taient pouvantables.

Peine de mort
En aot, une semaine aprs que le prsident eut annonc sa dcision dappliquer toutes les sentences capitales prononces, neuf condamns mort (sept Gambiens, un Sngalais et une Sngalaise) ont t fusills par un peloton dexcution. Ni eux ni leurs proches ni leurs avocats ni les autorits sngalaises navaient t informs au pralable de leur mise mort. Ces excutions, qui ont suscit lindignation au niveau international, nont t confirmes par les autorits quau bout de plusieurs jours. Trois des condamns fusills, Malang Sonko, Tabara Samba et Buba Yarboe, ont t tus alors quils navaient pas puis toutes les voies de recours, ce qui constitue une violation des normes internationales dquit des procs. Un autre, Dawda Bojang, avait t condamn en 2007 la rclusion perptuit pour meurtre. Il avait fait appel de sa condamnation devant la Haute Cour en 2010 et sa peine demprisonnement avait t remplace par la peine de mort. Il navait pas puis le dernier recours dont il disposait devant la Cour suprme, alors que la Constitution garantit le droit de toutes les personnes condamnes mort de saisir la Cour suprme. En septembre, le prsident a annonc un moratoire sur les excutions, conditionn par le taux de criminalit. Le sort des condamns mort tait ainsi tributaire de facteurs extrieurs. En octobre, la Cour suprme a confirm les dclarations de culpabilit de sept hommes accuss de complot en vue de renverser le gouvernement et condamns mort pour trahison en juin 2010. Les

volutions lgislatives, constitutionnelles ou institutionnelles


La France a sign en dcembre le Protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits conomiques, sociaux et culturels (PIDESC).

Visites et documents dAmnesty International


fvrier, mai, juin, aot, septembre et novembre. en Europe (EUR01/001/2012).

v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus en France en


4 Europe. Choix et prjugs. La discrimination lgard des musulmans 4 France. Le Comit europen pour la prvention de la torture demande la tolrance zro pour les mauvais traitements (EUR21/005/2012). de-France (EUR21/012/2012). 4 France. Chasss de toutes parts. Les expulsions forces de Roms en le-

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observateurs internationaux nont pas t autoriss entrer dans la salle daudience. la fin de lanne, au moins 36prisonniers restaient sous le coup dune sentence capitale.

Arrestations et dtentions arbitraires


LAgence nationale de renseignement (NIA) et la police procdaient rgulirement des arrestations arbitraires. Des personnes taient souvent dtenues sans inculpation et pendant plus de 72heures dlai lgal au terme duquel un suspect doit tre prsent devant un tribunal, en violation de la Constitution. n En avril, 20personnes 18hommes et deux femmes perues comme tant lesbiennes, gays, bisexuelles ou transgenres ont t arrtes lors dune descente dans une discothque. Elles ont t inculpes pour tentative de commettre des actes contre nature et conspiration en vue de commettre un crime grave. Les poursuites ont t abandonnes en aot faute de preuves. n En octobre, les mdias et les proches de lancien ministre Mambury Njie ont indiqu que ce dernier avait t arrt et dtenu par la NIA. La dure de sa dtention a dpass 72heures, et le motif de son arrestation na pas t communiqu sa famille. Remis en libert sous caution au bout de quelques jours, il a t de nouveau arrt en dcembre aprs quil se fut prsent la police conformment aux conditions de sa libration sous caution. Il a t prsent devant un juge et inculp dinfractions conomiques et dabus de pouvoir, sans plus de prcisions, puis incarcr la prison de Mile II. Il na bnfici daucune assistance juridique au tribunal et na pas t inform de son droit un avocat. Il tait toujours en dtention la fin de lanne. Selon les mdias, en aot, alors quil tait ministre des Affaires trangres, Mambury Njie aurait contest lordre de faire excuter des condamns mort.

avec la dictature. En juillet, Michael Uche Thomas est mort en prison des suites dune maladie et, semble-t-il, de labsence de soins mdicaux. En septembre, Amadou Scattred Janneh a t graci par le chef de ltat et expuls du pays. Modou Keita a lui aussi recouvr la libert, un mois plus tard. Ebrima Jallow demeurait derrire les barreaux. n En septembre, deux journalistes, Baboucarr Ceesay et Abubacarr Saidykhan, ont t arrts arbitrairement aprs avoir demand la police lautorisation de manifester pacifiquement contre lexcution en aot de neuf condamns mort. Les deux hommes ont t dtenus de faon arbitraire et inculps de sdition, puis ont t librs sous caution. Les poursuites leur encontre ont t abandonnes en octobre, sur ordre du prsident. Quelques jours plus tard, les deux journalistes ont reu des menaces de mort. La police a dit quelle ouvrirait une enqute mais la fin de lanne aucun progrs navait t enregistr.

Libert dexpression
En janvier, une radio indpendante, TerangaFM, a t ferme sans la moindre explication. En aot, quelques mois aprs son retour sur les ondes, TerangaFM a t de nouveau ferme sur lordre dagents de la NIA. Elle avait dj t brivement soumise une telle mesure en 2011. En septembre, des hommes en civil souponns dappartenir la NIA ont fait irruption dans les bureaux de The Standard et du Daily News, et ont ordonn aux deux journaux de suspendre leurs activits. Ils nont prsent aucune dcision de justice ni aucun autre document, et nont pas donn dexplications. Les bureaux des deux journaux taient toujours ferms la fin de lanne. Toujours en septembre, un journaliste de la BBC de nationalit franaise a t dtenu pendant plus de cinq heures laroport de Banjul. On la enjoint de quitter le pays dans un dlai de 48heures sans lui donner aucune explication et alors quil avait t autoris venir travailler en Gambie. Il tait venu couvrir les excutions intervenues en aot.

Rpression de la dissidence
n En janvier, Amadou Scattred Janneh, ancien ministre de lInformation et de la Communication, a t dclar coupable de trahison et condamn la rclusion perptuit assortie de travaux forcs. Modou Keita, Ebrima Jallow et Michael Uche Thomas ont tous les trois t condamns trois ans de travaux forcs pour sdition. Les quatre hommes avaient t arrts en juin 2011 parce quils taient en possession de tee-shirts arborant le slogan En finir maintenant

Disparitions forces
En mai, linspecteur gnral de la police a dclar que, selon des informations reues par Interpol, Ebrima Manneh, un journaliste qui a disparu alors quil tait dtenu par la police en 2006, avait t vu aux tats-Unis. Interpol na pas confirm cette

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information et sur son site Internet Ebrima Manneh figurait toujours sur la liste des personnes disparues. Cette information a aussi t vigoureusement rfute par la famille du journaliste. n Le 3dcembre, deux agents de la NIA ont arrt limam Baba Leigh. Ce dignitaire musulman et dfenseur des droits humains connu avait publiquement condamn les neuf excutions de dtenus de la prison de MileII au mois daot, dclarant quelles taient contraires lislam. Il avait exhort le gouvernement rendre les corps aux familles afin quelles puissent les inhumer dignement. Il na pas t prsent devant un juge et sa dtention na pas t reconnue par la NIA. Sa famille et son avocat ne savaient pas ce quil tait advenu de lui ni o il se trouvait. Il tait dans ces conditions soumis une disparition force et risquait dtre tortur ou autrement maltrait. la fin de lanne, Amnesty International pensait quil tait dtenu par des agents de ltat et le considrait comme un prisonnier dopinion.

Visites et documents dAmnesty International


4 The Gambia must release four activists jailed for distributing antigovernment T-shirts (AFR27/001/2012). 4 Gambia: Statement for 52nd Ordinary Session of the African Commission on Human and Peoples Rights (AFR27/011/2012). 4 Gambie. Deux journalistes gambiens ont reu des menaces de mort (AFR27/012/2012). 4 Gambie. Les autorits doivent cesser dintimider et de harceler les dfenseurs des droits humains, les journalistes, les avocats et ceux qui critiquent le gouvernement (AFR27/015/2012).

GORGIE
GORGIE
Chef de ltat: Mikheil Saakachvili Chef du gouvernement: Nikoloz Gilaouri, remplac par Ivane Merabichvili le 4juillet, remplac son tour par Bidzina Ivanichvili le 25octobre Les lections lgislatives doctobre ont permis une alternance politique dmocratique et pacifique, la premire en Gorgie depuis la fin de lpoque sovitique. De nombreuses violations du droit la libert dexpression ont cependant eu lieu avant et aprs le scrutin.

Conditions carcrales
Dans les prisons gambiennes, les dtenus souffraient de maladies et de malnutrition, auxquelles venaient sajouter des conditions dhygine dplorables, labsence de soins mdicaux, des cellules surpeuples et une chaleur extrme. Les organismes de surveillance externes ntaient pas autoriss effectuer des visites. Labsence dquipements, par exemple dextincteurs, mettait les prisonniers en danger. Les condamns mort ntaient pas autoriss recevoir la visite de membres de leur famille ou damis. La nourriture servie dans les prisons tait mdiocre, mais seules les personnes places en dtention provisoire pouvaient sapprovisionner lextrieur. Il nexistait pas de programmes de rinsertion. On a appris en octobre que quatre dtenus, dont deux condamns mort, Abba Hydara et Sulayman Ceesay, ressortissant de Guine-Bissau, taient morts des suites de maladie. On ne disposait daucune information supplmentaire. Selon plusieurs sources, Amadou Faal, communment appel Njagga, a t pass tabac par un gardien de prison en octobre. Il a perdu un il, mais est rest plusieurs jours sans tre autoris recevoir des soins. Lauteur de ces svices na fait lobjet daucune procdure disciplinaire ou inculpation.

Contexte
Emmene par le milliardaire Bidzina Ivanichvili, la coalition du Rve gorgien a remport les lgislatives doctobre, mettant ainsi fin neuf annes de domination du Mouvement national uni (MNU) du prsident Mikheil Saakachvili. Dans les mois qui ont prcd les lections, un certain nombre de cas dactes de harclement lencontre de militants et de partisans du Rve gorgien ont t signals. Au lendemain du scrutin, des dizaines de hauts responsables de ladministration et de membres du MNU ont t arrts et interrogs. Cest notamment ce qui est arriv un ancien ministre de la Dfense et de lIntrieur, au chef de ltat-major et au maire adjoint de Tbilissi, accuss, entre autres, de possession illgale de stupfiants et darmes feu, dabus de pouvoir, de dtention illgale ou de torture. Ces arrestations ont suscit de nombreuses critiques ltranger. Le nouveau gouvernement a t invit

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ne pas sen prendre de manire cible ses adversaires politiques.

Libert dassociation
lapproche des lections, un certain nombre de cas dactes de harclement, dintimidation ou dobstruction, ou encore de sanctions injustes prises contre des membres ou des sympathisants de lopposition, ont t signals. Les partisans de la coalition du Rve gorgien, ainsi que les organisations et les personnes proches de ce mouvement, ont souvent fait injustement lobjet damendes. Plusieurs sympathisants de lopposition auraient t agresss. Les menaces, les agressions et les violences physiques contre les opposants sont devenues de plus en plus vives mesure que les lections approchaient. De nombreux salaris du public comme du priv ont t licencis sous prtexte quils taient favorables lopposition ou taient apparents des dirigeants de partis opposs au gouvernement. En province, les enseignants ont semble-t-il t plus particulirement pris pour cible. La plupart du temps, les licenciements ont t dcids alors que les intresss avaient fait part de leurs sympathies politiques. n Le 7mars, quatre enseignantes Venera Ivanichvili, Nana Ivanichvili, Marina Nadiradze et Lela Khourtsilava ont t licencies du collge o elles travaillaient Samtredia, dans la rgion de lImrthie. Il a t mis fin leur contrat sans quaucun motif ne soit avanc. Ces quatre femmes pensent quelles ont t congdies parce quelles avaient sign en fvrier une ptition en faveur du rtablissement de la citoyennet gorgienne de Bidzina Ivanichvili et de sa femme. En mars, de nombreux membres et sympathisants prsums de formations dopposition ont t convoqus par lAgence nationale de vrification des comptes, charge denquter sur le financement des partis politiques. Ces convocations pour interrogatoire se sont succd pendant plusieurs semaines. Les entretiens ont souvent t mens sur un ton menaant et en violation de la procdure lgale. Environ 370personnes ont ainsi t convoques et 295 ont t entendues dans diffrentes rgions du pays, essentiellement dans les campagnes. n Mamouka Kardava, responsable de lantenne de Khobi de la coalition du Rve gorgien, a t attaqu et rou de coups par quatre hommes non identifis le 20mai. Alors quil portait sur le dos des traces tant

selon toute vraisemblance le rsultat dun passage tabac, la police a dans un premier temps ouvert une enqute charge contre lui, pour plusieurs infractions au Code de la route. Une information a officiellement t ouverte le 29mai sur les allgations dagression, mais la fin de lanne aucun progrs navait t signal concernant cette enqute. n Le 27juin, Ioseb Elkanachvili, un adhrent de la coalition du Rve gorgien de Gori, a t attaqu et rou de coups par cinq hommes non identifis, dont un portait, selon certaines dclarations, un uniforme de la police. Une enqute tait en cours la fin de lanne.

Libert dexpression journalistes


plusieurs reprises des journalistes travaillant pour des organes de presse favorables lopposition ont t agresss alors quils couvraient des runions et des manifestations pendant la campagne lectorale. Des journalistes favorables au gouvernement ont affirm avoir t eux aussi pris partie, verbalement ou physiquement. Des enqutes ont t ouvertes sur ces agissements et plusieurs personnes, dont un membre de ladministration locale, ont t inculpes dinfractions administratives. n Le 26juin Mereti, dans la rgion de Karthlie intrieure, des journalistes des chanes Info9, Channel9 et Trialeti auraient t, selon leurs propres tmoignages, agresss et injuris alors quils couvraient une runion de lopposition avec la population locale. n Le 12juillet, 10journalistes ont t blesss et hospitaliss la suite dun affrontement entre des responsables de lopposition et des partisans du gouvernement Karaleti, un village de Karthlie intrieure. Les journalistes blesss travaillaient pour des agences de presse nationales ou locales, comme par exemple Trialeti ou le Centre dinformation de Karthlie intrieure. Lun deux, Saba Tsitsikachvili, a affirm avoir reconnu des membres du personnel municipal de la localit parmi ses agresseurs.

Libert de runion
La libert de runion a t gnralement respecte. Le MNU comme la coalition du Rve gorgien ont organis avant les lections de grands rassemblements non violents dans la capitale, Tbilissi, ainsi quen province. Quelques rares incidents, impliquant parfois des violences, ont cependant marqu des rassemblements plus modestes, surtout en dehors de la capitale.

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n En mai, les autorits de Koutassi ont utilis des canons eau pour empcher des militants de lopposition de participer une veille la bougie silencieuse et pacifique organise loccasion de la fte de la ville. n Le 26juin, une bagarre a clat juste avant une runion programme par le Rve gorgien Mereti. Cette runion na pas pu se tenir. Plusieurs personnes, dont des journalistes, auraient t blesses; deux membres du Rve gorgien ont d tre conduits lhpital pour y tre soigns. Une vido de lchauffoure montrerait plusieurs fonctionnaires de ladministration locale parmi les auteurs de violences.

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus en Gorgie en
juin, septembre et novembre. 4 Georgia: A lot to contest: Rights abuses in the run-up to Georgias 2012 Parliamentary Election (EUR56/005/2012).

GHANA
RPUBLIQUE DU GHANA
Chef de ltat et du gouvernement: John Evans Atta Mills, remplac par John Dramani Mahama le 7dcembre Plus dun millier dhabitants ont t expulss de force Accra. Des milliers dautres risquaient de ltre. Les personnes ayant, rellement ou supposment, des relations homosexuelles ntaient toujours pas vraiment protges par la loi et certaines ont t victimes de violences cette anne encore. Le pays na procd aucune excution. La peine capitale demeurait inscrite dans la lgislation, bien que le gouvernement ait accept des recommandations en faveur de labolition de ce chtiment. La justice pnale continuait de sappliquer avec lenteur.

Discrimination
Dans les campagnes, des fidles de lglise orthodoxe, majoritaire dans le pays, se sont opposs des groupes religieux minoritaires. Lintervention de la police a permis aux personnes de confession musulmane de pratiquer leur culte. Les autorits nont cependant pas clairement condamn les violences religieuses. n Le 26octobre, la majorit chrtienne de Nigvziani, un village de la rgion de Lantchkhouti, a menac la minorit musulmane dexpulsion et de violences, exigeant quelle sabstienne de toute runion religieuse et de toute prire collective. n Le 30novembre, la majorit chrtienne de Tsintskaro, dans la rgion de Basse-Karthlie, a menac et insult des fidles musulmans, exigeant larrt des prires collectives et de la construction dune mosque.

Contexte
Le vice-prsident John Dramani Mahama a pris les fonctions de chef de ltat la mort du prsident John Atta Mills, en juillet. Des lections gnrales organises en dcembre ont t remportes par le mme John Dramani Mahama. En juin, le gouvernement a publi son Livre blanc en rponse au rapport final de la Commission de rvision de la Constitution (CRC), qui, lui, na pas t rendu public. Le projet de loi relatif la libert dinformation navait pas t adopt la fin de lanne.

Droits des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres ou intersexues (LGBTI)
Tbilissi, des chrtiens orthodoxes sen sont pris des personnes LGBTI. n Le 3mai, un dfil pacifique organis dans le centre de la capitale loccasion de la Journe mondiale contre lhomophobie et la transphobie a t perturb par un groupe de membres de lglise orthodoxe et de lUnion des parents orthodoxes, qui ont commenc insulter et menacer les participants affilis lorganisation gorgienne IDENTOBA, qui milite pour les droits des LGBTI. La police est intervenue lorsque les deux groupes en sont venus aux mains. Cinq personnes ont t interpelles, puis relches peu aprs.

Justice
Les procdures judiciaires taient longues et lentes. Laccs laide judiciaire tait limit, voire inexistant, et certaines personnes demeuraient des annes derrire les barreaux avant dtre juges. Dans les prisons, surpeuples, les dtenus navaient pas accs aux services de base, notamment aux soins mdicaux. En mars, les autorits ont tent de

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rsoudre le problme de la surpopulation en transfrant 200dtenus la prison dAnkaful, tablissement scurit maximale.

Peine de mort
Vingt-sept hommes ont t condamns mort. la fin de lanne, il y avait 166prisonniers condamns mort, dont quatre femmes. Aucune excution na eu lieu. En juin, le gouvernement a accept la recommandation de la CRC dabolir de la peine capitale. Ce chtiment tait toutefois toujours prvu par la loi la fin de lanne.

Dans son rapport final, la CRC recommandait la Cour suprme de se prononcer sur la lgalisation ou non de lhomosexualit. Le gouvernement a pris note de la recommandation.

Rfugis et demandeurs dasile


La Commission ghanenne des rfugis a annonc en juin que le camp de rfugis de Buduburam, Accra, allait fermer. Elle a indiqu que, selon les estimations, 11000rfugis libriens et sierra-lonais se faisaient enregistrer pour tre rapatris.

Droits en matire de logement


En janvier, lAutorit mtropolitaine dAccra a dmoli quelque 500habitations et autres installations situes le long de la voie ferre de la capitale. Selon une estimation, plus de 1500personnes se sont retrouves la rue. Elles navaient t informes que trois jours lavance quelles devaient partir, et aucune indemnisation ni solution de relogement ne leur ont t proposes. Plusieurs milliers dautres personnes risquaient dtre expulses de force.

Visites et documents dAmnesty International

v Une dlgation dAmnesty International sest rendue au Ghana en avril.


partiellement traduit en franais sous le titre Ghana. Des prisonniers en bas de lchelle. Les droits humains des dtenus au Ghana (AFR28/002/2012). 4 Ghana: Human rights shortcomings in law and in practice: Submission to the UN Universal Periodic Review (AFR28/003/2012).

4 Prisoners are bottom of the pile: The human rights of inmates in Ghana,

Violences faites aux femmes et aux filles


Les violences contre les femmes et les filles demeuraient courantes, avec prs de 10000cas signals en 2012 lunit de soutien aux victimes de violence conjugale de la police ghanenne. Ces actes taient, semble-t-il, loin dtre tous signals, et ntaient pas suffisamment pris en considration par les pouvoirs publics.

GRCE
RPUBLIQUE HELLNIQUE
Chef de ltat: Carolos Papoulias Chef du gouvernement: Lucas Papadmos, remplac par Panagitis Pikrammnos le 16mai, remplac son tour par Antnis Samars le 20juin Tout au long de lanne, des informations ont de nouveau fait tat de violations des droits humains torture et recours excessif la force notamment commises par des policiers. Les migrants et les personnes en qute dasile se heurtaient des obstacles pour dposer leur demande, et taient souvent dtenus dans des conditions dplorables. Les crimes de haine motivs par lorigine ethnique ont enregistr une forte hausse.

Droits des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres ou intersexues
Les relations sexuelles entre adultes consentants du mme sexe taient toujours riges en infraction dans le Code pnal ghanen. Les personnes souponnes de relations homosexuelles continuaient dtre victimes de violences. En mars, des jeunes du quartier de James Town, Accra, ont empch la tenue dune crmonie de mariage homosexuel. Ils ont agress les deux femmes qui se mariaient et leurs invits. Accuses de stre livres une pratique illgale, les deux femmes ont par la suite t arrtes et dtenues au poste de police de James Town. Elles ont t relches aprs lintervention de leurs proches.

Contexte
Lconomie grecque tait en crise et le taux de chmage slevait 26,8% en octobre. Le Parlement a vot de nouvelles mesures daustrit en fvrier et en novembre, sur fond de manifestations Athnes

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Amnesty International - Rapport 2013

et dans dautres villes. Le Comit europen des droits sociaux a estim en mai que certaines rformes lgislatives concernant les fonctionnaires et adoptes dans le cadre de la politique daustrit enfreignaient plusieurs dispositions de la Charte sociale europenne. Le parti politique dextrme droite Aube dore, tenant dun discours agressif et hostile lgard des migrants, a remport 18siges au Parlement lors des lections de juin.

Utilisation excessive de la force


Cette anne encore, des informations ont fait tat du recours une force excessive par la police durant les manifestations. n En avril, plusieurs journalistes et photographes ont t agresss par la police antimeutes lors de mouvements de contestation organiss Athnes la suite du suicide dun pharmacien la retraite g de 77ans. Marios Lolos, photographe de presse, a subi un grave traumatisme crnien aprs quun policier antimeutes lui eut assn des coups de matraque larrire de la tte. Personne na t arrt ni inculp la suite de cette agression. n Le 5aot, la police antimeutes a fait un usage excessif de produits chimiques irritants et aurait tir des balles en caoutchouc et dautres projectiles sur des personnes qui manifestaient pacifiquement contre lexploitation de mines aurifres dans la rgion de la Chalcidique.

n En mars, deux policiers condamns en premire instance ont t acquitts par une juridiction dappel mixte avec jury sigeant Athnes. Ils avaient t dclars coupables, au titre de la disposition du Code pnal relative la torture, de coups et blessures sur la personne de deux rfugis. Les faits staient drouls au poste de police dAghios Panteleimon, dans la capitale, en dcembre 2004. n En octobre, de graves allgations ont fait tat de tortures infliges le 30septembre par des policiers 15manifestants antifascistes dans les locaux de la Direction gnrale de la police, Athnes. Arrtes le 1er octobre, des personnes qui soutenaient les manifestants auraient elles aussi t soumises un traitement assimilable de la torture dans ces mmes locaux. Les autorits ont ni ces allgations, mais un juge dinstruction a demand au ministre public dengager des poursuites contre les policiers souponns dimplication dans les violations des droits humains des manifestants.

Rfugis, demandeurs dasile et migrants


Des amliorations ont t signales au niveau des recours dans la procdure dasile, mais la Grce a pris peu de mesures pour mettre en place un systme juste et efficace. Le nouveau service charg de traiter les demandes navait pas encore commenc fonctionner la fin de lanne, en raison dimportants problmes de recrutement. Les personnes en qute dasile rencontraient toujours des obstacles pour dposer leur demande. Par exemple, seule une vingtaine de demandes taient enregistres chaque semaine par le service des trangers de la Direction gnrale de la police de lAttique, Athnes. Des personnes qui tentaient de rejoindre la Grce depuis la Turquie en franchissant le fleuve vros ont indiqu que les autorits grecques les avaient refoules vers la Turquie. Dans la rgion de lvros, la construction dune clture longeant la frontire avec la Turquie sur 10,5kilomtres a pris fin en dcembre. On continuait de craindre que cette clture nempche les personnes en qute de protection internationale de se mettre en scurit, et quelle ne les pousse tenter de passer la frontire par des moyens dangereux. Les demandeurs dasile et les migrants en situation irrgulire, y compris des mineurs non accompagns, taient rgulirement maintenus en dtention

Torture et autres mauvais traitements


Cette anne encore, des membres de groupes vulnrables, comme les personnes enfermes dans des centres de dtention pour migrants, auraient t maltraits, voire torturs. Des problmes structurels favorisant limpunit persistaient. Par exemple, les pouvoirs publics se montraient souvent incapables de mener rapidement des enqutes exhaustives et impartiales et de garantir le droit un recours utile. En janvier, la Cour europenne des droits de lhomme a jug que le viol avec une matraque inflig par un garde-cte un migrant irrgulier en mai 2001 constituait un acte de torture (Zontul c. Grce). En aot, le Comit des droits de lhomme [ONU] a conclu que la Grce avait omis denquter sur la plainte dpose en 1999 par un Rom grec pour mauvais traitements et discriminations de la part de la police (Katsaris c. Grce).

Amnesty International - Rapport 2013

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pendant de longues priodes. En avril a t adopte une nouvelle disposition lgislative qui autorisait lenfermement de demandeurs dasile et de migrants irrguliers pour des motifs tels que la prsomption de maladies infectieuses comme le sida. Face aux oprations de rpression policire contre les migrants entames en aot, Amnesty International sest inquite de la discrimination base sur lorigine ethnique suppose des personnes, soulignant que cette discrimination allait nourrir la xnophobie. En octobre, une modification lgislative concernant les procdures dasile a donn la police lautorisation de prolonger de 12mois la priode maximale de dtention dun demandeur dasile (qui tait de trois ou six mois). Les conditions de vie dans plusieurs centres de dtention pour migrants et postes de police o taient enferms des demandeurs dasile et des migrants irrguliers demeuraient dplorables. Celles qui rgnaient dans les structures de dtention dElliniko, Athnes, taient inhumaines et dgradantes. Entre aot et la fin de lanne, de nombreux demandeurs dasile et migrants irrguliers, y compris un grand nombre de Syriens qui avaient fui le conflit dans leur pays, auraient t dtenus dans de trs mauvaises conditions dans des postes de police, ou se seraient retrouvs sans abri.

n Le 24septembre, un tribunal athnien a report pour la septime fois le procs de trois Grecs, dont une candidate dAube dore aux lections lgislatives. Ils taient accuss davoir frapp trois demandeurs dasile afghans et poignard lun dentre eux en 2011. Cette affaire tait lun des rares cas de violences caractre raciste passer en jugement. n En octobre, le Parlement a lev limmunit de deux dputs dAube dore impliqus dans des attaques contre des tals de march appartenant des migrants, dans les villes de Rafina et de Missolonghi, le 9septembre. Des poursuites ont t engages en novembre contre le dput impliqu dans lattaque survenue Missolonghi. n Des demandeurs dasile et dautres migrants ont t agresss le 3novembre dans le quartier dAghios Panteleimon Athnes, et leurs boutiques et logements ont t attaqus. Des extrmistes de droite seraient responsables de ces actes.

Les personnes sropositives au VIH


En mai, les autorits ont arrt plus de 100travailleurs et travailleuses du sexe prsums, et les auraient soumis contre leur gr un test de dpistage du VIH. De vives proccupations ont t exprimes aprs la dsignation publique de 29 de ces personnes, inculpes pour lsions corporelles graves infliges intentionnellement: des informations personnelles leur sujet dont leur photographie et leur statut srologique ont t rendues publiques par la police. la fin de lanne, 12dentre elles taient toujours en dtention dans lattente de leur procs.

Discrimination
Crimes de haine
Les agressions caractre raciste ont fortement augment durant lanne. En octobre, le Rseau dobservation de la violence raciste a indiqu que plus de la moiti des 87faits enregistrs impliquaient des groupes dextrme droite ayant agi de manire organise et planifie. Un dcret prsidentiel portant cration Athnes et Thessalonique dunits de police spcialises charges denquter sur les crimes racistes a t sign en dcembre. Ce texte ne protgeait toutefois pas les victimes sans papiers, qui pouvaient tre arrtes et expulses du pays pendant la procdure pnale. Une srie de violentes attaques ont t signales en aot contre des migrants, notamment des demandeurs dasile, et des lieux de culte officieux dAthnes et dautres villes. Un Irakien est mort poignard le 13aot. Louverture dune enqute pnale a t ordonne, mais lauteur des faits na pas t identifi.

Les Roms
Daprs lONG Greek Helsinki Monitor, les enfants roms demeuraient victimes de sgrgation voire dexclusion dans le domaine de lducation, et des familles roms taient expulses de leur logement ou menaces dexpulsion sans quaucune solution de relogement acceptable ne leur soit propose. n En dcembre, la Cour europenne des droits de lhomme a statu que le refus des autorits grecques dintgrer les enfants roms dAspropyrgos dans le systme scolaire ordinaire constituait une discrimination (Sampani et autres c. Grce). La Cour avait dj estim dans une affaire prcdente que la Grce tait responsable de la sgrgation denfants roms dans le systme scolaire primaire dAspropyrgos, en violation de la Convention europenne des droits de lhomme.

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Amnesty International - Rapport 2013

Les lesbiennes, les gays et les personnes bisexuelles, transgenres ou intersexues (LGBTI)
En novembre, des militants LGBTI ont indiqu que les violences homophobes staient intensifies Athnes. Selon les victimes, les agresseurs appartenaient des groupes dextrme droite, y compris le parti Aube dore.

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus en Grce en
janvier, juillet et octobre. 4 Police violence in Greece: Not just isolated incidents (EUR25/005/2012). 4 Greece: The end of the road for refugees, asylum-seekers and migrants (EUR25/011/2012).

Objecteurs de conscience
Les objecteurs de conscience ont cette anne encore fait lobjet de nombreuses poursuites. n En fvrier, le tribunal militaire dAthnes a condamn Avraam Pouliasis (49ans), lun des premiers objecteurs de conscience en Grce, six mois demprisonnement avec sursis pendant trois ans. Cet homme ntait plus soumis lobligation lgale deffectuer son service militaire car il avait plus de 45ans.

GUATEMALA
RPUBLIQUE DU GUATEMALA
Chef de ltat et du gouvernement: lvaro Colom Caballeros, remplac par Otto Prez Molina le 14janvier Cette anne encore, des projets hydrolectriques et miniers de grande ampleur ont t entrepris sans consultation pralable des communauts rurales concernes et au mpris des risques poss pour les droits humains. Des avances ont t enregistres dans certaines affaires de violations des droits humains commises pendant le conflit arm interne (1960-1996), sans toutefois que larme accepte de faire de vritables efforts de coopration. Des dfenseurs des droits humains ont t victimes de menaces et dagressions en raison de leurs activits.

Conditions carcrales
En 2012, la Cour europenne des droits de lhomme a considr que la Grce avait viol la Convention europenne des droits de lhomme dans trois affaires sur la question des conditions carcrales: il sagissait des prisons dIoannina et de Korydallos et du centre de dtention du sige de la police de Thessalonique.

Libert dexpression
La libert dexpression a t menace plusieurs reprises. n En novembre, Kostas Vaxevanis, journaliste et rdacteur dun magazine, a t jug Athnes pour infraction au respect de la vie prive. Il avait publi les noms denviron 2000Grecs qui dtiendraient des comptes bancaires privs en Suisse et avait rclam des enqutes sur de possibles faits dvasion fiscale. Il a t relax lissue dune journe daudience. Le Bureau du procureur des juridictions de premire instance dAthnes sest pourvu en appel, et Kostas Vaxevanis a t dfr au tribunal correctionnel dAthnes. n En octobre, des membres de groupes chrtiens trs conservateurs et dAube dore, dont certains dputs de ce parti dextrme droite, ont tent dempcher la premire reprsentation de la pice Corpus Christi en insultant et menaant les acteurs et des spectateurs. Les organisateurs de la reprsentation ont t inculps de blasphme en novembre.

Contexte
La situation en matire de scurit publique demeurait proccupante. Les rivalits opposant des organisations impliques dans le trafic de stupfiants ou des gangs de rue taient en partie lorigine des taux levs de criminalit violente enregistrs. Pas moins de 4614hommes et 560femmes ont t tus au cours de lanne. Le Guatemala est devenu partie au Statut de Rome de la Cour pnale internationale en avril. Ce mme mois, le Comit des droits de lhomme [ONU] a engag le gouvernement ne pas saper les initiatives visant poursuivre les auteurs de crimes contre lhumanit commis durant le conflit arm interne de 1960-1996. Le prsident Molina avait ni lexistence dactes de gnocide lors de ce conflit. En octobre, le Conseil des droits de lhomme a exhort le Guatemala abolir la peine capitale,

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promouvoir davantage les droits des femmes, amliorer les conditions de dtention, protger les dfenseurs des droits humains et garantir une vritable consultation des populations indignes dans le cadre des projets damnagement raliss sur leurs territoires traditionnels.

Responsabilit des entreprises


Labsence de consultation des habitants pralablement la mise en uvre, dans des zones rurales, de diffrents projets notamment miniers et hydrolectriques, a exacerb les tensions. Bien que le Guatemala ait t pri plusieurs reprises de respecter ses obligations internationales, les autorits du pays nont pas men de vritable processus consultatif auprs des populations concernes, et les multinationales, quant elles, nont pas observ les normes internationales relatives la responsabilit des entreprises en matire de droits humains. n En mai, un homme a t tu et un autre a t bless Santa Cruz Barillas, dans le dpartement de Huehuetenango. Des agents de scurit travaillant pour la socit hydrolectrique Hidro Santa Cruz, filiale du groupe espagnol Hidralia Energa, seraient responsables de ces actes. Lhomicide a dclench un mouvement de contestation et de nouveaux heurts, dont loccupation de la base militaire locale et linstauration de ltat de sige. Les habitants ont affirm quils navaient pas t consults avant la ralisation du projet hydrolectrique. n Dans le dpartement de Santa Rosa, des militants locaux opposs aux activits de la socit dextraction dargent Minera San Rafael, filiale de la socit canadienne Tahoe Resources, ont t la cible de fausses accusations visant, semble-t-il, calmer leurs ardeurs militantes. Le conseil municipal de San Rafael las Flores a annonc en octobre que, en raison dactions en justice et dirrgularits de procdure, il norganiserait pas de consultation municipale des habitants au sujet des activits de la mine exploite par Minera San Rafael.

en cours et des initiatives en vue de retrouver les victimes de disparitions forces. En mai, le gouvernement a ferm les Archives de la paix, o certains documents portant sur le conflit taient conservs. En janvier, le gnral la retraite Efran Ros Montt a t prsent devant un juge; il faisait lobjet de poursuites pnales pour gnocide et crimes contre lhumanit. Lancien chef de ltat de facto tait accus pour sa responsabilit hirarchique dans plusieurs centaines de massacres et dans la politique de la terre brle visant les populations indignes pendant la priode o il tait au pouvoir (mars 1982aot 1983). La procdure judiciaire se poursuivait la fin de lanne. En octobre, la Cour interamricaine des droits de lhomme a tenu ltat guatmaltque pour responsable dune srie de massacres perptrs Ro Negro, dans le dpartement de Baja Verapaz, entre mars 1980 et mai 1982.

Droits des peuples indignes


En raison de la discrimination dont ils faisaient lobjet, les peuples indignes taient surreprsents au sein des populations pauvres. Des organisations de dfense des peuples indignes ont organis des manifestations pour exiger que les habitants des zones rurales soient consults avant la mise en uvre de projets miniers et hydrolectriques. En octobre, huit membres de la communaut indigne maya kche ont t tus Totonicapn, ville situe dans le dpartement du mme nom, lors dune manifestation contre la hausse des tarifs dlectricit et contre des propositions de modification de la Constitution. Neuf militaires, dont un officier, ont t inculps dans le cadre de lenqute sur ces homicides.

Dfenseurs des droits humains


Au moins 305agressions visant des dfenseurs des droits humains ont t signales en 2012. En mars, la haut-commissaire aux droits de lhomme des Nations unies a demand au gouvernement dadopter et de mettre en uvre des mesures efficaces pour protger ces personnes. n Yolanda Oquel, une militante mobilise contre les activits minires, a t grivement blesse en juin alors quelle rentrait chez elle aprs avoir particip

Impunit
Danciens soldats et officiers subalternes ont t condamns pour leur implication dans les massacres perptrs Plan de Snchez et Dos Erres en 1982. Plus de 500personnes au total avaient t tues. Cependant, larme sest abstenue de fournir des informations significatives dans le cadre des enqutes

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Amnesty International - Rapport 2013

une manifestation contre la mine dor El Tambor, exploite dans les municipalits de San Jos del Golfo et de San Pedro Ayampuc. n Luis Ovidio Ortz Cajas, un dirigeant du Syndicat national des travailleurs de la sant engag dans la lutte contre la corruption dans ce secteur, a t abattu en mars. la fin de lanne, personne navait t traduit en justice pour cet homicide.

Utilisation excessive de la force et excutions extrajudiciaires


Tout au long de lanne, les forces de scurit ont rprim les manifestations organises par lopposition, notamment lUnion des forces dmocratiques de Guine (UFDG). Au moins huit personnes ont t tues par les forces de scurit. Des manifestations organises par lUFDG pour rclamer des lections lgislatives libres et transparentes ont eu lieu Conakry en mai. Plusieurs personnes ont t blesses, dont un homme qui aurait t atteint dune balle dans le dos, tire par un membre des forces de scurit. Au dbut du mois daot, les locaux dune compagnie minire brsilienne ont t vandaliss la suite dune grve organise par des ouvriers habitant aux alentours, notamment dans le village de Zogota, 900kilomtres de Conakry. Le mme jour, les forces de scurit envoyes Zogota ont abattu au moins cinq personnes. Dautres ont t arrtes, puis battues et tortures. En septembre, les forces de scurit ont fait usage de leurs armes feu et oppos une riposte disproportionne aux troubles qui avaient clat Koloma, un des quartiers de la capitale. Un homme, Mamadou Alpha Barry, a t tu, et plus de 40personnes ont t blesses.

Peine de mort
Un prisonnier demeurait sous le coup dune sentence capitale; aucune condamnation mort na t prononce en 2012, et aucune excution na eu lieu.

GUINE
RPUBLIQUE DE GUINE
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Alpha Cond Mohamed Sad Fofana Les lections lgislatives prvues pour 2012 ont t reportes lanne 2013. Les forces de scurit se sont rendues coupables de violations des droits humains, notamment de recours excessif la force, dexcutions extrajudiciaires et de torture et autres mauvais traitements. La libert de runion et la libert dexpression continuaient de faire lobjet de svres restrictions. Une journaliste indpendante a t frappe et victime de manuvres dintimidation.

Procs attaque contre le palais prsidentiel


Le procs de 48personnes souponnes davoir lanc une attaque contre la rsidence du prsident Cond en juillet 2011 sest ouvert en fvrier. Le mois suivant, 17dentre elles ont t remises en libert aprs labandon de toutes les poursuites. En juillet, le procureur gnral a fait appel du jugement prononc par le tribunal de Conakry et, en novembre, la cour dappel de Conakry a infirm la dcision dabandon des poursuites dans les cas de 15des accuss. Ceux-ci ont t renvoys devant des tribunaux militaires ou civils (cour dassise). Certains de ces prisonniers avaient t torturs ou maltraits au moment de leur arrestation.

Contexte
la fin de lanne, le Conseil national de transition (CNT), cr en janvier 2010 en vertu des accords de Ouagadougou, navait toujours pas transfr ses pouvoirs une assemble nationale lue. En avril, le prsident Cond a report la tenue des lections lgislatives prvues pour le mois de juillet, invoquant la ncessit den garantir la transparence et le caractre dmocratique. Lopposition a mis en doute limpartialit et la transparence de la Commission lectorale nationale indpendante (CENI). Celle-ci a t remanie en octobre et des lections ont t programmes pour juillet 2013.

Torture et autres mauvais traitements


De nouveaux cas de torture et autres mauvais traitements imputables aux forces de scurit ont t signals. n En fvrier, trois hommes souponns de vol main arme ont t conduits au poste de police de Bambeto,

Amnesty International - Rapport 2013

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Conakry, o ils ont t torturs. Lun deux a t soumis des dcharges lectriques et un autre a t rou de coups durant quatre heures, les mains attaches dans le dos, selon la mthode dite chinoise. Ayant refus davouer, il a t dshabill et frapp coups de crosse sous les yeux de sa famille. Ces deux hommes ont ensuite t envoys Hamdallaye, o des agents de lescadron mobile n2 les ont brls avec des cigarettes et leur ont fait subir le supplice de la brochette (la personne est menotte et suspendue une barre en bois passe entre les genoux et les coudes). Le corps du troisime homme, port disparu, a t dcouvert une semaine plus tard la morgue de lhpital de Donka. Il serait mort des suites de tortures.

En avril et en mai, quatre personnes ont dpos deux plaintes distinctes devant un tribunal de Conakry pour des actes de torture commis en 2011 et 2012. deux reprises, des gendarmes avaient eu recours la torture pour extorquer des aveux dans une affaire de vol qualifi. la fin de lanne, aucun des sept gendarmes concerns navait t dfr la justice. Lune des victimes est morte des suites de ses blessures et une autre avait t grivement blesse.

Peine de mort
Au moins deux personnes ont t condamnes la peine capitale.

Libert dexpression journalistes


La situation demeurait proccupante car la libert dexpression et la libert de la presse restaient soumises des restrictions et certains journalistes taient pris pour cibles. En fvrier, Kounkou Mara, une journaliste travaillant pour le groupe de presse priv Lynx-La Lance, a t frappe par des gendarmes alors quelle se rendait une manifestation organise Conakry par la Banque centrale de la Rpublique de Guine. Elle a d tre hospitalise pour une courte dure. Par peur de reprsailles, les dirigeants du groupe de presse ont renonc porter plainte. la fin de lanne, aucun des gendarmes auteurs de lagression navait t traduit en justice. En aot, les autorits de la rgion de NZerekore, dans le sud-est du pays, ont ferm la station de radio prive Libert FM; daprs les informations reues, cette mesure avait pour objectif dempcher la station de couvrir les manifestations prvues le lendemain.

GUINE-BISSAU
RPUBLIQUE DE GUINE-BISSAU
Chef de ltat: Malam Bacai Sanh, remplac par Raimundo Pereira le 9 janvier, remplac son tour par Manuel Serifo Nhamadjo le 11 mai Chef du gouvernement: Carlos Domingos Gomes Jnior, remplac par Rui Duarte de Barros le 16 mai Aprs le dcs en janvier du prsident Malam Bacai Sanh, la situation politique sest considrablement dgrade et un coup dtat a eu lieu en avril. Elle a encore empir aprs lattaque qui aurait vis une caserne en octobre et qui a port un nouveau coup la situation humanitaire et des droits humains, dj fragile. Les forces armes ont commis, en toute impunit, de nombreuses violations des droits humains, parmi lesquelles des arrestations et dtentions arbitraires, des passages tabac et des excutions extrajudiciaires. La libert de runion, la libert dexpression et la libert de la presse taient fortement restreintes. Les assassinats de personnalits politiques et de responsables des services de scurit commis en 2009 restaient impunis.

Impunit
Lenqute ouverte en fvrier 2010 sur le massacre perptr le 28septembre 2009 au Grand Stade de Conakry a progress. En fvrier, puis en septembre, plusieurs personnes (dont des reprsentants de ltat) ont t inculpes pour violations des droits humains et implication dans le massacre. Il sagissait, entre autres, du colonel Moussa Tiegboro Camara, qui occupait toujours un poste au sein des pouvoirs publcis, et du colonel Abdoulaye Chrif Diaby, ministre de la Sant en 2009.

Contexte
Le prsident Malam Bacai Sanh est mort en janvier des suites dune longue maladie. Le premier tour de llection prsidentielle organise en mars a t remport par lancien Premier ministre, Carlos Gomes

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Amnesty International - Rapport 2013

Jnior, qui a manqu de trs peu la majorit absolue. Un second tour a t planifi pour la fin du mois davril. Dix jours avant, larme a men un coup dtat, prenant le contrle de la capitale, Bissau, et arrtant lancien Premier ministre et le prsident par intrim. Les deux hommes ont t dtenus pendant deux semaines avant dtre relchs et envoys en exil. Des mesures rpressives ont t appliques pour touffer toute critique lgard du commandement militaire autoproclam qui stait empar du pouvoir. Toutes les manifestations ont t interdites et les soldats ont utilis la force pour disperser des rassemblements spontans pacifiques. Larme a dclar avoir agi en raction la prsence dans le pays de militaires angolais, envoys dans le cadre dun accord bilatral daide la formation et la rforme dans le secteur de la scurit. Dbut mai, le commandement militaire et ses allis civils ont conclu avec la Communaut conomique des tats de lAfrique de lOuest (CEDEAO) un accord prvoyant une anne de transition et le dploiement dhommes de la CEDEAO Bissau. Deux semaines plus tard, un prsident et un gouvernement de transition ont t nomms, qui nont pas t reconnus par la communaut internationale. En octobre, les autorits ont affirm quun groupe de soldats et de civils avait attaqu une base militaire situe en priphrie de Bissau, et que six membres de ce groupe avaient t tus. Elles ont accus lancien Premier ministre dtre impliqu dans cette attaque. Des soldats ont commis de graves violations des droits humains alors quils en recherchaient les auteurs prsums.

Homicides illgaux et excutions extrajudiciaires


Selon certaines sources, les six personnes (quatre civils et deux militaires) qui auraient t tues lors de lattaque visant une base militaire en octobre ont t excutes de manire extrajudiciaire. Bolama, dans larchipel de Bijags, des soldats auraient aussi excut de faon extrajudiciaire cinq personnes quils accusaient dtre complices de Pansau Ntchama, linstigateur prsum de lattaque doctobre. Dautres personnes ont t tues illgalement en raison de leurs liens avec des responsables du gouvernement renvers. Luis Ocante da Silva, ami proche de lancien chef dtat-major des forces armes, Jos Zamora Induta, est mort des suites des coups que lui ont infligs des soldats. Le 6novembre, plusieurs militaires sont venus le chercher son domicile. Ils lont battu et emmen dans un lieu secret. Deux jours plus tard, des soldats ont apport son corps la morgue de lhpital central. La famille de Luis Ocante da Silva na t autorise voir que son visage, et elle na pas pu rcuprer le corps pour lui donner des funrailles. Ces homicides, tout comme les autres violations des droits humains perptres par des militaires, nont fait lobjet daucune enqute. Les assassinats politiques commis en 2009 restaient galement impunis.

Torture et autres mauvais traitements


Aprs le coup dtat du mois davril, des soldats la recherche de reprsentants du gouvernement renvers ont frapp des proches, des amis et des employs de ces derniers, et ont saccag leur maison. La plupart des ministres sont entrs dans la clandestinit et y sont rests pendant plusieurs mois. Un certain nombre ont fui la Guine-Bissau. Des membres dorganisations de la socit civile ont eux aussi t pris pour cible. Certains, dont plusieurs membres de la Ligue guinenne de dfense des droits humains, ont reu des menaces de mort et se sont rfugis dans des ambassades. Le lendemain de lattaque doctobre contre la base militaire, des soldats ont arrt et frapp Iancuba Indjai, prsident du Parti de la solidarit et du travail (opposition), et porte-parole du Front national contre le coup dtat, qui rassemble des partis politiques et des groupes de la socit civile opposs au coup dtat du mois davril. Iancuba Indjai a t abandonn

Libert dexpression journalistes


Les radios prives ont t fermes pendant le coup dtat militaire et elles sont restes absentes des ondes pendant deux jours. Elles ont t autorises reprendre lantenne, mais en tant soumises une censure stricte. Au moins une radio a dcid de ne pas reprendre ses activits. Des journalistes ont t empchs de faire leur travail et ont fait lobjet de manuvres de harclement et darrestations. Le correspondant de Radio Televiso Portuguesa, la socit publique de radio et de tlvision du Portugal, a t expuls du pays en octobre parce quil avait diffus des informations critiques lgard des autorits militaires et gouvernementales.

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sur le bord dune route, une cinquantaine de kilomtres de Bissau. Il a t dcouvert, gravement bless, par des habitants du secteur, qui ont prvenu sa famille. Il a par la suite t hospitalis ltranger. Le mme jour, des soldats se sont prsents au cabinet de Silvestre Alves, avocat et prsident du Mouvement dmocratique, Bissau. Ils lont frapp avant de lemmener. Il a t retrouv inconscient sur le bord dune route, 40kilomtres de la capitale, par des habitants du secteur qui lont conduit lhpital. Silvestre Alves a t emmen ltranger pour y recevoir des soins mdicaux.

Visites et documents dAmnesty International


4 Guinea-Bissau: Amnesty Internationals concerns following the coup in April 2012 (AFR30/001/2012).

GUINE QUATORIALE
RPUBLIQUE DE GUINE QUATORIALE
Chef de ltat: Teodoro Obiang Nguema Mbasogo Chef du gouvernement: Ignacio Miln Tang, remplac par Teodoro Obiang Nguema Mbasogo le 21 mai La Constitution modifie, qui largissait les pouvoirs du prsident, a t promulgue en fvrier. Un gouvernement de transition a t dsign dans lattente de la tenue dlections en 2013. Des informations ont fait tat dhomicides illgaux perptrs par des soldats. Des dfenseurs des droits humains, des militants politiques et des dtracteurs du gouvernement ont t victimes de harclement ainsi que darrestations et de dtentions arbitraires. Plusieurs dtenus ont t torturs. Un prisonnier dopinion et au moins 20prisonniers politiques ont t remis en libert la faveur dune grce prsidentielle. La libert dexpression et la libert de la presse continuaient dtre soumises des restrictions.

Conformment au nouveau texte et dans lattente dlections dbut 2013, un gouvernement provisoire, incluant 12membres de la famille du prsident Obiang Nguema, a t constitu en mai. Bien quaucune disposition constitutionnelle ne le prvoie, le prsident a nomm son fils an, Teodoro Teodorn Nguema Obiang, au poste de second vice-prsident. En mars, dans le cadre dune enqute sur une affaire de dtournement de fonds publics et de blanchiment dargent ouverte en France, des juges dinstruction ont dcern un mandat darrt international contre Teodorn Nguema Obiang. En aot, la justice franaise a saisi la rsidence parisienne de celui-ci au motif quelle aurait t achete avec de largent dtourn de Guine quatoriale. En septembre, le gouvernement quatoguinen a saisi la Cour internationale de justice pour quelle ordonne la France dabandonner lenqute visant le prsident et son fils, dannuler le mandat darrt lanc contre ce dernier et de restituer les biens confisqus. En octobre, le tribunal dinstruction de Malabo a dcern un mandat darrt contre le directeur de la branche franaise de lONG Transparency International, laccusant de calomnie, de diffamation, dextorsion de fonds la Guine quatoriale et denrichissement illicite.

Dfenseurs des droits humains


Des dfenseurs des droits humains ont t harcels et arrts en raison de leurs activits et de leur engagement politique, pourtant pacifique. n Wenceslao Mansogo Alo, mdecin, membre influent de la Convergence pour la dmocratie sociale (CPDS, un parti politique dopposition) et dfenseur des droits humains, a t arrt sans mandat au poste de police central de Bata, sur le continent, le 9fvrier. Il avait fait spontanment une dposition au sujet du dcs dune patiente, survenu le 1er fvrier alors quelle subissait une intervention chirurgicale dans sa clinique prive. La famille de la patiente avait accus le mdecin davoir mutil son corps, malgr deux rapports dautopsie confirmant que la dpouille tait intacte et que la femme avait succomb une crise cardiaque. Le ministre de la Sant a affirm que linfarctus avait t provoqu par une erreur de dosage des anesthsiques. Malgr labsence dlments charge, le juge dinstruction a ordonn le placement en dtention du mdecin, sans toutefois linculper. Les recours contre

Contexte
La Constitution modifie, approuve par rfrendum en novembre 2011, a t promulgue en fvrier.

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Amnesty International - Rapport 2013

larrestation et la dtention ont t rejets par plusieurs tribunaux. En mai, Wenceslao Mansogo Alo a t dclar coupable de ngligence professionnelle et condamn trois ans demprisonnement et au versement dune indemnisation. Il a t remis en libert en juin, la faveur dune grce prsidentielle. Sa dclaration de culpabilit et sa peine ont fait lobjet dun appel en novembre devant la Cour suprme, qui ne stait pas prononce la fin de lanne.

lavocat dAgustn Esono Nsogo, Fabin Nsue, a t remis en libert ce mme 30octobre.

Disparitions forces
Antonio Lebn, membre des Forces spciales de larme, a t arrt Bata peu aprs le 17octobre. On tait sans nouvelles de lui depuis. Son arrestation serait lie celle dAgustn Esono Nsogo.

Arrestations et dtentions arbitraires


Des opposants prsums ont t arrts et dtenus arbitrairement au motif, entre autres, quils navaient pas particip aux festivits organises en aot loccasion de lanniversaire de la prise du pouvoir par le prsident Obiang. La plupart ont t dtenus quelques jours ou quelques semaines avant dtre librs sans inculpation. Plusieurs ont t torturs ou ont subi dautres mauvais traitements. n Florentino Manguire Eneme, ancien associ de Teodorn Nguema Obiang, le fils an du chef de ltat, a t interpell le 11aot au poste de police central de Bata, o il stait prsent en rponse une convocation par tlphone. Il a t accus davoir transmis des tiers des documents relatifs aux affaires de Teodorn Nguema Obiang. Deux jours plus tard, il a t transfr Malabo, o il a t maintenu en dtention au poste de police central avant dtre relch, sans inculpation, le 23aot. n Le 17octobre 23heures, des policiers qui ntaient pas munis dun mandat ont interpell Agustn Esono Nsogo son domicile, Bata. Cet homme a t dtenu au secret la prison de Black Beach pendant au moins une semaine. On la tortur trois reprises, dans le but semble-t-il de le contraindre avouer un complot visant dstabiliser le pays. Ce nest quun mois aprs larrestation, soit bien au-del des 72heures prvues par la loi, que la dtention dAgustn Esono Nsogo a t valide par un magistrat. la fin de lanne, il navait toujours pas t inculp dune quelconque infraction. Une dizaine de personnes, dont des proches et des amis dAgustn Esono Nsogo, ont t interpelles Bata dans les jours qui ont suivi larrestation de celuici. Trois au moins ont t transfres la prison de Black Beach Malabo, puis relches sans inculpation le 30octobre. Arrt sans mandat le 22octobre la prison de Black Beach, o il rendait visite un client apprhend une semaine plus tt,

Excutions extrajudiciaires
Des militaires et des policiers se seraient rendus coupables dexcutions extrajudiciaires. n Alors quil tentait de svader avec 46autres dtenus dans la nuit du 14mai, Blas Eng a t abattu par un soldat devant la prison de Bata, dune balle tire semble-t-il bout portant. n En mai, un militaire a abattu Oumar Kon, un ressortissant malien, Bata, parce quil refusait de verser un pot-de-vin un barrage routier ordinaire.

Libert dexpression journalistes


La presse demeurait sous le contrle de ltat, et les critiques ntaient pas tolres. la mi-octobre, une mission de la radio nationale a t interrompue et suspendue pour une dure indtermine, en raison de la retransmission dun entretien avec la reprsentante de 18familles expulses de force de leur domicile Bata. Cette femme avait critiqu le prsident de la Cour suprme, laccusant dtre personnellement impliqu dans ce litige.

Prisonniers dopinion
En juin, un prisonnier dopinion et 20autres prisonniers, qui taient peut-tre eux aussi dtenus uniquement en raison de leurs opinions, ont t remis en libert la faveur dune grce prsidentielle.

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GUYANA
RPUBLIQUE DU GUYANA
Chef de ltat et du gouvernement: Donald Ramotar Des cas dhomicides illgaux imputables la police ont t signals cette anne encore. Au moins cinq personnes ont t condamnes mort; aucune excution na eu lieu.

Contexte
la suite des engagements pris par le Guyana lors de son Examen priodique universel par le Conseil des droits de lhomme [ONU] en 2010, le gouvernement a annonc en aot quil allait mettre en place des consultations publiques sur plusieurs questions, dont labolition de la peine capitale et la dpnalisation des relations entre adultes consentants du mme sexe. Le processus de consultation sur la peine de mort et lorientation sexuelle navait pas dbut la fin de lanne.

observer que les violences contre les femmes taient trs rpandues dans le pays, mais que le nombre de cas signals tait faible. Le Comit a demand, entre autres recommandations, que la Loi relative aux infractions caractre sexuel soit pleinement applique, quune formation soit obligatoirement prodigue aux reprsentants de lappareil judiciaire, que les capacits des centres daccueil et des centres durgence soient renforces, que lopinion publique soit davantage sensibilise ce problme, que les systmes de collecte de donnes statistiques sur les violences sexuelles et conjugales soient amliors et que laccs une aide juridique soit facilit. En aot, la Haute Cour a estim que les procdures crites de renvoi appliques aux affaires dinfractions caractre sexuel ntaient pas conformes la Constitution, car les personnes accuses navaient aucun moyen de se dfendre ce stade de la procdure. Il tait craindre que cette dcision nait des consquences ngatives sur le taux dj trs faible de condamnations pour des crimes et dlits sexuels.

Police et forces de scurit


Trois personnes auraient t abattues par la police antimeutes Linden le 18juillet, lors de manifestations dnonant la hausse des prix de llectricit. Dix-sept autres ont d se faire soigner aprs avoir t touches par des balles ou des projectiles de plomb. Les manifestants auraient jet des bouteilles et des pierres en direction des forces de scurit, qui auraient ripost avec du gaz lacrymogne. Une commission denqute de cinq membres a t cre pour faire la lumire sur ce qui stait pass. Elle devait remettre ses conclusions en fvrier 2013. Le 11septembre, dans le village dAgricola, la police a bless un homme et tu par balle un adolescent de 17ans, Shaquille Grant. Les habitants du village ont contest la version officielle des faits, selon laquelle la police tait intervenue la suite dinformations faisant tat dun cambriolage et avait t vise par des coups de feu. Trois policiers ont t inculps de meurtre en octobre; la fin de lanne, lun deux tait en attente de jugement tandis que les deux autres taient en fuite.

Droits des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres ou intersexues (LGBTI)
Dans un rapport publi en mars, lUniversit des Indes occidentales sest penche sur limpact social des lois touchant les personnes LGBTI. Elle a constat que la majorit des personnes interroges hsitaient signaler les infractions dont elles taient victimes, de peur que des poursuites ne soient engages leur encontre en raison de leur orientation sexuelle.

Droit la sant VIH/sida


En mai, le Comit national de lutte contre le sida, groupe de plaidoyer indpendant, sest lev contre le fait que le gouvernement ne dpnalisait pas les relations homosexuelles et a dnonc lopprobre dont continuaient de faire lobjet les personnes vivant avec le VIH ou le sida, labsence dexamen des liens entre violences sexuelles et propagation du VIH aux femmes et aux filles, et la non-considration des populations indignes comme un groupe particulirement expos.

Violences faites aux femmes et aux filles


En juillet, le Comit pour llimination de la discrimination lgard des femmes [ONU] a fait

Peine de mort
Au moins cinq personnes ont t condamnes mort. Trente autres taient toujours sous le coup de la

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Amnesty International - Rapport 2013

peine capitale la fin de lanne. En juin, quatre condamns mort ont vu leur peine commue en rclusion perptuit au motif que le temps quils avaient pass dans lantichambre de la mort (allant de 16 24ans) constituait un traitement cruel et inhumain.

HATI
RPUBLIQUE DHATI
Chef de ltat: Michel Joseph Martelly Chef du gouvernement: Garry Conille, remplac par Laurent Lamothe le 14mai Plus de 320000personnes qui staient retrouves sans abri la suite du tremblement de terre de janvier2010 restaient dplaces. Des milliers de personnes dplaces ont t expulses de force par les autorits locales et des propritaires privs. Les femmes qui portaient plainte pour des violences lies au genre obtenaient rarement rparation. Aucune mesure na t prise pour mettre un terme limpunit des responsables datteintes aux droits humains commises dans le pass.

Contexte
Lexacerbation des tensions politiques entre le Parlement et la Prsidence a entran la dmission du Premier ministre Garry Conille en fvrier, quatre mois aprs son accession ce poste. Laurent Lamothe, son successeur dsign par le prsident, est entr en fonction en mai. Au cours du dernier trimestre, des manifestations ont eu lieu en plusieurs endroits du pays. Les protestataires dnonaient ce qui semblait tre un chec de la part du gouvernement face aux problmes sociaux et conomiques du pays, et rclamaient la dmission du prsident Martelly. Le chef de ltat a mis en place en aot un Conseil lectoral permanent. Le Parlement ntant pas parvenu se mettre daccord sur le nom des trois reprsentants quil devait dsigner, six membres seulement ont t nomms (sur les neuf que compte cet organe). La nomination des trois membres dsigns par le Conseil suprieur du pouvoir judiciaire a t conteste, pour non-respect des procdures de slection. Le Conseil a par consquent nomm trois

nouveaux reprsentants en octobre. La cration dun Conseil lectoral permanent, institution appele jouer un rle essentiel pour lorganisation dlections locales et gnrales, tait attendue depuis ladoption de la Constitution de 1987. Le Conseil de scurit de lONU a renouvel en octobre le mandat de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Hati (MINUSTAH), pour une neuvime anne. Il sest prononc en faveur de la rduction progressive de la composante militaire et policire de la Mission. Les critiques contre la MINUSTAH se sont intensifies au sein de la population, dans un contexte o lorigine de lpidmie de cholra tait attribue un bataillon npalais et o des soldats de la Mission ont t accuss dun certain nombre de cas de violences sexuelles. Les temptes tropicales Isaac et Sandy, qui ont frapp Hati fin aot et fin octobre respectivement, ont aggrav lpidmie de cholra, exacerb linscurit alimentaire et accru le nombre de familles sans abri. Elles ont touch plus de 15000foyers installs dans des camps de fortune pour personnes dplaces. La situation humanitaire conscutive au sisme de 2010 restait proccupante dans plusieurs endroits, en proie des difficults en matire de protection, dhbergement, de soins de sant, daccs leau et dinstallations sanitaires. Lpidmie de cholra, qui a fait autour de 900victimes sur lensemble de lanne, rendait la situation plus difficile encore, et le manque de fonds pesait sur la fourniture de laide humanitaire. La reconstruction se poursuivait un rythme lent, en raison en partie de linstabilit politique, de la faiblesse des institutions publiques et de retards dans la mise disposition de fonds promis par la communaut internationale. Sur les 5,53milliards de dollars des tats-Unis annoncs, seulement 2,79milliards avaient t verss en septembre. Le Parlement a adopt en mai la loi de ratification du Pacte international relatif aux droits conomiques, sociaux et culturels (PIDESC). la fin de lanne, toutefois, le texte navait pas t promulgu par le prsident.

Personnes dplaces
Plus de 320000personnes qui staient retrouves sans abri la suite du tremblement de terre de

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janvier 2010 vivaient toujours dans des camps de fortune la fin de 2012. Le gouvernement, assist par lOrganisation internationale pour les migrations et ses partenaires, a poursuivi les programmes de retour et de rinstallation des personnes dplaces vivant dans les camps les plus exposs aux risques naturels. En 2012, environ 134000familles ont reu une aide la rinstallation hors des camps (allocation logement ou offre dhbergement temporaire). Les conditions de vie dans les camps restaient extrmement difficiles. Les conditions sanitaires se sont amliores dans certains dentre eux, mais les problmes de qualit de leau demeuraient, ce qui a entran une nouvelle hausse du nombre de cas de cholra dclars pendant la saison des pluies et des ouragans (avril novembre).

Droits en matire de logement expulsions forces


Les expulsions forces de personnes dplaces se sont poursuivies Port-au-Prince et dans dautres lieux touchs par le tremblement de terre. Des milliers dhommes, de femmes et denfants se sont retrouvs une nouvelle fois sans abri aprs la destruction de leur hbergement de fortune lors de ces oprations, menes sans que les procdures lgales soient respectes, notamment sans consultation ni notification pralables des habitants. Les personnes vinces de chez elles ne se sont pas vu proposer de solution de relogement. Des actes de contrainte, de harclement et de violence ont marqu ces expulsions. Les vacuations ont contribu la baisse gnrale du nombre de personnes vivant dans des structures de fortune ainsi qu la fermeture de nombreux camps. Entre janvier et juin, plus de 30camps ont t ferms la suite doprations dexpulsions forces, qui ont touch plus de 2140personnes. Plus de 75000personnes vivaient sous la menace constante dune expulsion. n En mai, des fonctionnaires municipaux accompagns de membres arms de la Brigade de contrle des rues et de la police nationale ont expuls de force 131familles vivant dans le camp Mozayik, Port-au-Prince. Des habitants ont dclar que les autorits avaient dmoli leur maison et dtruit leurs biens. Personne navait t au pralable inform en bonne et due forme de lopration, et personne ne sest vu proposer de solution de relogement.

n En juillet, les autorits ont tent dexpulser de force 142familles appartenant une communaut tablie dans les annes1980 dans le parc La Visite, une rserve naturelle du dpartement du Sud-Est. Selon des tmoins, 30policiers et 20civils arms se sont prsents pour procder lexpulsion. Des habitants ont lanc des pierres en direction des policiers lorsque ceux-ci ont commenc dmolir les maisons. Les forces de lordre ont alors ouvert le feu et tu quatre hommes. Les autorits ont dmenti toute responsabilit. la fin de lanne aucune enqute navait t mene sur les faits. Le gouvernement a prsent en avril un projet de politique nationale du logement, une premire dans ce domaine. Amnesty International tait proccupe, entre autres, par labsence dune dimension des droits humains dans ce document, et par la non-prise en compte de la question des expulsions forces.

Violences faites aux femmes et aux filles


Les femmes et les filles taient toujours en butte des violences lies au genre. Selon des informations diffuses par des organisations de dfense des droits des femmes, les habitantes de camps de personnes dplaces restaient particulirement vulnrables ce type de violences ainsi qu lexploitation sexuelle. Confrontes la pauvret, des femmes et des filles continuaient de recourir au commerce du sexe pour subvenir leurs besoins. Quelques progrs ont t relevs dans lattitude de la police et de la justice hatiennes face aux violences lies au genre. Les femmes navaient toutefois gure de chance dobtenir justice et rparation.

Impunit
Les auteurs de violations graves des droits humains disparitions forces, torture, viols et excutions extrajudiciaires notamment perptres au cours des 40dernires annes continuaient dchapper la justice. En janvier, un juge dinstruction a prononc un non-lieu sur les plaintes pour crimes contre lhumanit dposes contre Jean-Claude Duvalier par 22victimes. Il a estim que lancien chef de ltat ne devait tre jug que pour des faits de corruption et de dtournement de fonds publics. Il a indiqu dans son rapport que les tribunaux hatiens ntaient pas comptents pour enquter sur des crimes contre lhumanit ni pour les juger, ce qui est contraire aux

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Amnesty International - Rapport 2013

obligations dHati au regard du droit international. Des victimes et des familles de victimes se sont pourvues en appel, mais aucune dcision navait t rendue la fin de lanne.

HONDURAS
RPUBLIQUE DU HONDURAS
Chef de ltat et du gouvernement: Porrio Lobo Sosa Cette anne encore, des dfenseurs des droits humains ont t tus ou ont t la cible de menaces et dagressions. Les conditions carcrales demeuraient proccupantes et 360dtenus ont pri dans un incendie la prison de Comayagua. On redoutait ladoption dune loi qui rigerait en infraction pnale laccs la contraception. La destitution de plusieurs magistrats de la Cour suprme a raviv des inquitudes quant lindpendance du systme judiciaire.

Justice
Le Conseil suprieur du pouvoir judiciaire a finalement t mis en place en juillet. Des dissensions internes entravaient toutefois son fonctionnement et ont provoqu le retrait temporaire de deux membres, dont la reprsentante du secteur des droits humains. Le Conseil est une institution cl dans la rforme de la justice et pour la garantie de lindpendance du systme judiciaire. Il a notamment pour rle de confirmer la nomination des juges. Selon des organisations hatiennes de dfense des droits humains, cependant, des juges continuaient dtre nomms sans que le Conseil ait donn son accord. Le commissaire du gouvernement (procureur gnral) de Port-au-Prince, Jean Renel Snatus, a t limog le 28septembre. Lors dune interview accorde une station de radio locale, il a dclar quil avait t rvoqu pour avoir refus dexcuter un ordre de son ministre de tutelle lenjoignant de faire arrter 36opposants politiques, parmi lesquels lavocat des droits humains Mario Joseph ainsi que Newton St Juste et Andr Michel, deux autres avocats spcialiss pour leur part dans les affaires de corruption. Lucman Delille a t nomm commissaire du gouvernement de Port-au-Prince en octobre. Il tait la huitime personne occuper ce poste depuis lentre en fonction du prsident Martelly. Les autorits nont rien fait de concret pour rsoudre le problme de la dtention provisoire prolonge.

Contexte
La criminalit violente, toujours trs rpandue, demeurait au centre des proccupations politiques. Le gouvernement a tent de dbarrasser la police dlments indsirables, la suite dallgations de violences et de corruption; des policiers auraient notamment t accuss dimplication et de complicit dans plusieurs homicides, dont ceux de deux tudiants en 2011.

Dfenseurs des droits humains


Des dfenseurs des droits humains ont cette anne encore t victimes dactes dintimidation et dagressions en raison de leurs activits; certains ont mme t tus. Des dirigeants communautaires et des dfenseurs des droits humains reprsentant des communauts paysannes dans le cadre des conflits fonciers persistants dans la rgion du Bajo Agun ont t menacs et agresss. n En septembre, Antonio Trejo Cabrera, un avocat spcialis dans les droits humains, a t abattu Tegucigalpa par des hommes arms qui ont tir sur lui cinq reprises. Antonio Trejo tait lavocat de trois coopratives paysannes et avait aid des paysans rcuprer leurs droits la terre. Il devait se rendre aux tats-Unis pour participer des audiences de la Commission interamricaine des droits de lhomme concernant le conflit foncier en question. Il avait signal avoir reu des menaces de mort au cours de lanne. Fin 2012, personne navait t amen rendre de comptes pour ce meurtre.

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus en Hati en mai et
en juillet.

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Le gouvernement na pris aucune vritable mesure pour empcher ou rprimer les violations des droits des militants des droits humains. En fvrier, la rapporteuse spciale des Nations unies sur la situation des dfenseurs des droits de lhomme a dplor labsence dun programme destin spcifiquement protger ceux qui dfendent les droits humains. En novembre, la vice-ministre de la Justice et des Droits humains a annonc llaboration dun projet de loi crant des mesures de protection pour les dfenseurs des droits humains et les professionnels des mdias et de la justice. Le texte du projet ntait pas finalis la fin de lanne. n Bertha Oliva et Nohem Prez, toutes deux membres du Comit des familles de dtenus et disparus du Honduras (COFADEH), ont reu des menaces verbales en mars et en avril. n En fvrier, Dina Meza, qui travaille elle aussi pour le COFADEH, a t menace par tlphone et par SMS. Lun de ces messages disait: On va vous brler la chatte avec de la chaux jusqu vous faire hurler, et a amusera toute la bande.. Ce message tait sign CAM, pour Comando lvarez Martinez, un commando portant le nom dun gnral des forces armes honduriennes (1982-1984), que les groupes de dfense des droits humains associent aux escadrons de la mort paramilitaires actifs une poque o de graves atteintes aux droits humains ont t commises.

La cration dun mcanisme national de prvention de la torture, requise aux termes du Protocole facultatif la Convention contre la torture [ONU], a constitu un pas dans la bonne direction. Cependant, il tait craindre que le mcanisme ne soit pas dot des ressources et du personnel ncessaires son bon fonctionnement. Une loi relative au systme pnitentiaire a t adopte en dcembre. Toutefois, les prisons taient toujours surpeuples et les conditions carcrales dplorables, ce qui exposait les dtenus des risques accrus datteintes leurs droits fondamentaux.

Justice
En dcembre, le Congrs national a vot la destitution de quatre des cinq juges de la Chambre constitutionnelle de la Cour suprme. Estimant que certains aspects du texte taient anticonstitutionnels, ces magistrats avaient rendu une dcision qui bloquait une proposition de loi du Congrs visant faciliter le processus de purge au sein des forces de police. Ce limogeage controvers a t critiqu par la Commission interamricaine des droits de lhomme, qui a exhort le gouvernement hondurien respecter et garantir lindpendance de la magistrature.

Visites et documents dAmnesty International


4 Honduras: Public letter to the Honduran government: No more killings, attacks or threats against journalists and human rights defenders (AMR37/009/2012).

Droits sexuels et reproductifs


En fvrier, la Cour suprme a statu que linterdiction de la pilule contraceptive durgence tait conforme la Constitution, alors mme que cette interdiction serait contraire aux obligations du Honduras, en vertu du droit national et international, de protger les droits fondamentaux des femmes et des jeunes filles. Si le Congrs national dcidait de suivre la dcision de la Cour suprme, le Honduras deviendrait le premier pays du monde riger en infraction pnale le recours un moyen de contraception.

HONGRIE
RPUBLIQUE DE HONGRIE
Chef de ltat: Pl Schmitt, remplac par Jnos der le 10mai Chef du gouvernement: Viktor Orbn Une nouvelle Constitution est entre en vigueur. Certaines de ses dispositions pourraient avoir des consquences discriminatoires. de nombreuses reprises des Roms ont t victimes dactes de harclement et dintimidation de la part de groupes dextrme droite. Malgr certaines modifications, la lgislation imposait toujours un contrle politique sur la presse.

Conditions carcrales
Un incendie survenu dans la prison de Comayagua a fait plus de 360morts et de nombreux blesss graves parmi les dtenus. Les autorits ont reconnu leur responsabilit dans les dcs et se sont engages rformer en profondeur le systme carcral, amliorer les dplorables conditions de vie des dtenus et examiner les circonstances lorigine de lincendie.

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Amnesty International - Rapport 2013

Contexte
Entre en vigueur en janvier, la nouvelle Constitution tait dnonce par certains comme permettant de limiter les droits fondamentaux de la personne, en particulier le droit de ne pas faire lobjet de discriminations et le droit de disposer de recours efficaces. Dans un arrt rendu en novembre, la Cour de justice de lUnion europenne a conclu que la Hongrie avait enfreint la lgislation communautaire en abaissant lge de dpart en retraite des juges et des procureurs.

Discrimination
La nouvelle Constitution limitait la dfinition juridique de la famille lunion dun homme et dune femme, ce qui suscitait des inquitudes concernant dventuelles discriminations dont pourraient faire lobjet les couples de mme sexe. Cette disposition a finalement t annule en dcembre par la Cour constitutionnelle. Le nouveau Code pnal adopt en juillet tendait la dfinition de lagression motive par la haine aux actes perptrs en raison des prfrences sexuelles, de lidentit de genre ou des handicaps des personnes. Les ONG se sont flicites de cette volution, tout en mettant des rserves sur la faon dont ces nouvelles dispositions allaient tre mises en uvre, en labsence de relles directives donnes la police et aux autorits judiciaires concernant la manire denquter sur ce type dinfractions.

Les Roms
Malgr un certain nombre dengagements pris par le gouvernement en faveur de la lutte contre les menaces faites aux Roms, ces derniers faisaient toujours lobjet dagressions verbales et physiques caractre raciste. Le procs des auteurs prsums dune srie dattaques menes contre des Roms en 2008 et 2009, qui staient soldes par la mort de six personnes, dont un enfant, a t diffr. Lun des avocats de la dfense sest dsist en octobre, lorsque lon a appris quil tait le fils dun des juges en charge de laffaire. n Au mois de mars, une commission parlementaire a rendu son rapport sur les activits auxquelles staient livrs en mars2011 des groupes dautodfense du village de Gyngyspata. Ce rapport omettait nanmoins de mentionner que les autorits avaient tard ragir et navaient pas pris les mesures qui

simposaient face aux menaces et aux actes dintimidation et de harclement dont ont t victimes les habitants roms de Gyngyspata pendant prs dun mois, alors que le village tait le thtre de patrouilles menes par trois groupes dautodfense. n Le 5aot, le parti dextrme droite Jobbik et plusieurs groupes dautodfense ont dfil dans le village de Devecser. Des projectiles, notamment des morceaux de bton, auraient t lancs contre des maisons de Roms. La police naurait rien fait pour mettre un terme ces attaques. Aprs ces vnements, le gouvernement sest engag ne plus tolrer de tels agissements et veiller ce que les minorits, ethniques ou autres, ne fassent plus lobjet dactes dintimidation. n Des groupes dautodfense sen seraient pris le 18aot des habitants roms de Cegld. Des personnes, vtues pour la plupart duniformes noirs, se sont rassembles en petits groupes dans les quartiers roms de la localit et ont scand des slogans hostiles aux Roms, en les accompagnant de menaces de mort. La police a conseill aux familles roms prsentes de rentrer chez elles, mais elle nest pas intervenue. Ces groupes sont rests dans la ville pendant deux jours. Selon plusieurs ONG, la police a trait ces incidents comme de simples troubles lordre public, et non comme des actes dagression contre des personnes appartenant une communaut donne. n Plusieurs milliers de sympathisants du parti Jobbik ont dfil le 17octobre dans les rues dun quartier rom de Miskolc. Selon certaines informations, ils scandaient des slogans hostiles aux Roms. Quelques centaines de Roms ont alors organis une contre-manifestation. Les ONG ont reconnu que, dans ce cas, la police avait agi au mieux pour protger les habitants roms dventuelles attaques.

Justice
La Loi sur la Cour constitutionnelle est entre en vigueur au mois de janvier. Plusieurs organisations de dfense des droits humains, dont lInstitut Etvs Kroly, lUnion hongroise pour les liberts civiles et le Comit Helsinki de Hongrie, ont mis en garde contre un certain nombre dobstacles excessifs mis en place par cette loi, notamment en matire de reprsentation juridique obligatoire, qui risquaient de compliquer les recours devant la Cour constitutionnelle de citoyens sestimant victimes datteintes leurs droits

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fondamentaux. La nouvelle loi supprimait en outre la possibilit de porter plainte collectivement.

Libert dexpression
Le Parlement a modifi en mai la lgislation sur la presse, dont la Cour constitutionnelle avait soulign certaines des lacunes en dcembre2011. Les modifications adoptes limitaient en particulier le contrle des pouvoirs publics sur le contenu de la presse crite et en ligne. Elles renforaient en outre la protection des sources des journalistes. Le Conseil de lEurope sest toutefois inquit de la persistance de certaines dispositions regrettables, telle que lobligation faite aux organes de la presse crite ou en ligne de se faire enregistrer officiellement, sous peine de lourdes amendes. Certains estimaient que la lgislation sur la presse, en ltat, permettait toujours un contrle du pouvoir politique sur les mdias. n En septembre, lagence de presse officielle MTI a port plainte contre un journaliste pour diffamation, parce quil lavait accuse de se servir de largent des contribuables pour se livrer une dsinformation du public. Cette raction a t dnonce par la reprsentante de lOSCE pour la libert des mdias, qui a estim quelle risquait dtre perue comme un acte dintimidation par les journalistes indpendants exprimant des points de vue critiques.

avait toutefois t annule quelques jours plus tard par le tribunal mtropolitain de Budapest. Les organisateurs ont dclar que la police avait correctement assur la scurit lors du dfil.

Visites et documents dAmnesty International


v Un dlgu dAmnesty International sest rendu en Hongrie en juillet.
4 Hongrie. Le rapport sur les agissements des groupes dautodfense Gyngyspata naborde pas les problmes de discrimination (EUR27/001/2012). 4 Hongrie. Nouveau Code pnal hongrois : une occasion manque de faire mieux contre les crimes motivs par la haine (EUR27/003/2012).

INDE
RPUBLIQUE DE LINDE
Chef de ltat: Pratibha Patil, remplac par Pranab Kumar Mukherjee le 25 juillet Chef du gouvernement: Manmohan Singh Le recours la torture et dautres formes de mauvais traitements, les excutions extrajudiciaires, les cas de mort en dtention et les placements en dtention arbitraire taient toujours rpandus. Les victimes datteintes aux droits humains taient confrontes des obstacles dans leur qute de justice, en raison essentiellement de linefficacit des institutions et dun manque de volont politique. La premire excution depuis 2004 a eu lieu en novembre. Au moins 78personnes ont t condamnes mort. Les autorits ne sont pas parvenues mettre un terme aux violences faites aux femmes et aux filles. En dcembre, un cas de viol qui a eu un grand retentissement a dclench un mouvement de protestation dans tout le pays, en faveur de rformes lgislatives et autres. Au moins 340personnes, dont des civils, ont t tues dans les affrontements entre groupes arms maostes et forces de scurit. Lobligation de rendre des comptes pour des crimes de droit international ntait toujours pas aborde dans les initiatives de paix en cours au Nagaland et en Assam. Soixantecinq personnes au moins ont trouv la mort en Assam la suite daffrontements intra-ethniques et

Rfugis, demandeurs dasile et migrants


Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les rfugis (HCR) a reproch la Hongrie la manire dont elle traitait les demandeurs dasile, soulignant que les conditions de vie dans les centres daccueil et le recours accru la dtention administrative de cette catgorie de personnes taient contraires aux normes internationales et celles de lUnion europenne. Les demandeurs dasile renvoys en Hongrie aux termes du Rglement de Dublin faisaient gnralement lobjet dun mandat dexpulsion et taient placs en dtention, sans quil soit tenu compte de leur dsir de solliciter lasile.

Droits des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres ou intersexues (LGBTI)
Plus de 3000personnes ont particip la marche des fierts organise le 12juillet Budapest. Le directeur de la police de la capitale avait pris la dcision en avril dinterdire cette manifestation, au motif quelle gnerait la circulation. Cette interdiction

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intercommunautaires qui ont entran le dplacement temporaire de 400000personnes. Les adivasis (aborignes), les pcheurs et dautres groupes marginaliss continuaient de protester contre leur viction force des terres et des lieux o ils vivaient, alors que les enqutes officielles sur lattribution de terres pour des projets dexploitation minire progressaient. Des dfenseurs des droits humains ont t menacs et harcels par des agents de ltat et des acteurs non tatiques; certains ont t condamns de longues peines demprisonnement. Le gouvernement a tent de censurer des sites Internet et dtouffer la dissidence exprime par le biais des mdias sociaux, ce qui a dclench des protestations contre les restrictions pesant sur Internet.

Violences entre les forces de scurit, les milices et les maostes


Les affrontements se sont poursuivis entre des maostes arms et les forces de scurit dans lest et le centre du pays. Des civils taient rgulirement pris pour cible par les deux camps. Des homicides, des enlvements et des incendies volontaires ont eu lieu dans le district de Gadchiroli (tat du Maharashtra), o des maostes ont tu 19civils, dont huit membres ou anciens membres du gouvernement local. Le nombre de personnes membres des forces de scurit et maostes tues depuis 2005 dans ltat du Chhattisgarh slevait 3200. Quelque 25000personnes dplaces navaient toujours pas pu regagner leur foyer 5000 vivaient dans des camps et 20000 autres taient disperses dans lAndhra Pradesh et lOrissa voisins. Plusieurs centaines de membres de la milice Salwa Judum, finance par les autorits, ont t intgrs dans une force auxiliaire de police de 6000membres, en dpit des inquitudes concernant leur implication dans des atteintes aux droits humains. n Enlevs en Orissa par des maostes en mars et en avril, deux touristes italiens ont t relchs en change de la libration de six rebelles capturs par les forces de scurit. Les maostes ont libr un dput de lOrissa quils avaient retenu pendant 33jours. n En avril et en mai, des maostes ont abattu deux agents de scurit et enlev le responsable de ladministration du district de Sukma, au Chhattisgarh. Ils lont relch au bout de 13jours, aprs que les autorits locales eurent promis dexaminer la possibilit de librer sous caution 300maostes prsums. n En juin, dans ltat du Chhattisgarh, les forces paramilitaires centrales ont affirm avoir tu 17maostes lors de combats. Des militants des droits humains ont toutefois dcouvert que les victimes taient des adivasis locaux non arms, dont trois adolescents. Une information judiciaire a t ouverte cinq mois plus tard sur ces homicides.

Contexte
Le gouvernement a t accus de corruption du fait de son incapacit assurer la croissance pour tous dans le contexte dune rcession mondiale qui a svrement affect lconomie indienne. Les pauvres et les groupes marginaliss, qui, selon des estimations, reprsentent 30 50% de la population, ont t durement touchs par la hausse des prix. Les pourparlers au niveau gouvernemental avec le Pakistan voisin, notamment propos du Cachemire, se sont poursuivis. En mars, lInde a vot en faveur de la rsolution19/2 du Conseil des droits de lhomme [ONU], qui priait le gouvernement sri-lankais de traiter les allgations de violations du droit international; elle tait toutefois rticente sexprimer sur dautres sujets de proccupation relatifs aux droits humains. Le rapporteur spcial des Nations unies sur les excutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires sest rendu en Inde en mars. La situation des droits humains dans le pays a t examine en mai dans le cadre de lExamen priodique universel de lONU. Le gouvernement a rejet les recommandations linvitant faciliter la visite du rapporteur spcial des Nations unies sur la torture et du Groupe de travail sur la dtention arbitraire et obliger les membres des forces de scurit rendre des comptes pour les violations des droits humains qui leur sont imputables. Le Parlement a modifi la Loi relative la prvention des activits illgales sur le financement du terrorisme, sans toutefois la mettre en conformit avec les normes internationales relatives aux droits humains.

Responsabilit des entreprises


En aot, la Cour suprme a ordonn aux autorits fdrales et de ltat de dblayer dans un dlai de six mois les dchets toxiques disperss lintrieur et autour du site de lusine dUnion Carbide Bhopal. La Cour a galement ordonn un meilleur suivi mdical et la mise en place de systmes de contrle et dorientation pour amliorer la prise en charge

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mdicale des victimes. Enfin, elle a ordonn au gouvernement de ltat de fournir de leau potable aux personnes vivant proximit de lusine. La socit Vedanta Resources, dont le sige se trouve au Royaume-Uni, navait toujours pas offert de ddommagement aux aborignes et aux autres villageois affects par le projet de raffinerie dalumine de Lanjigarh, et elle navait entam aucune consultation sur son intention de crer une coentreprise avec la compagnie minire Orissa Mining Corporation (OMC), pour lexploitation dune mine dans les collines de Niyamgiri. Le recours form par lOMC contre le refus du gouvernement dautoriser le dboisement pour dmarrer le projet minier tait en instance devant la Cour suprme la fin de lanne. n Des adivasis des rgions de Mahan et de Chhatrasal (Madhya Pradesh), et de Saranda (Jharkand), ont protest contre des initiatives visant affecter des terres des projets dexploitation minire sans tenir aucun compte de leurs droits sur la terre aux termes de la Loi relative aux droits sur les terrains forestiers.

Violences faites aux femmes et aux filles


Les autorits nont rien fait pour rduire le nombre considrable de violences, sexuelles et autres, dont taient victimes les femmes et les filles, alors mme que les cas signals taient en augmentation. n En dcembre, 11hommes ont t reconnus coupables davoir agress sexuellement une femme Guwahati, en Assam. n Cinq hommes et un adolescent ont t arrts en dcembre pour le viol en runion suivi du meurtre dune jeune femme Delhi. Cette affaire a dclench dans tout le pays des mouvements de protestation en faveur dune rvision des lois traitant de la violence contre les femmes.

Impunit
Limpunit pour les atteintes aux droits humains restait gnralise. La Loi relative aux pouvoirs spciaux des forces armes et la Loi relative aux zones troubles nont pas t abroges. Ces deux textes lgislatifs confrent des pouvoirs excessifs aux forces de scurit dans certaines rgions et leur accordent limpunit de facto pour les crimes commis par leurs membres. Des protestations contre ces lois ont eu lieu dans le nord-est du pays et dans ltat de Jammu-et-Cachemire. Le rapporteur spcial des Nations unies sur les excutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires a exprim sa proccupation propos de ces lois lors de sa visite en Inde en mars; le Conseil des droits de lhomme a fait de mme en septembre. Les auteurs prsums des disparitions forces et des excutions extrajudiciaires qui ont eu lieu dans plusieurs tats, notamment en Assam (en 1998 et 2001), au Manipur, au Nagaland et au Pendjab (entre 1984 et 1994), nont toujours pas t arrts. n En janvier, la Cour suprme a ordonn de nouvelles investigations sur 22excutions extrajudiciaires prsumes, perptres au Gujarat entre 2003 et 2006 sur la personne de jeunes musulmans, essentiellement. n En avril, la Commission nationale des droits humains a clos son enqute sur les homicides illgaux prsums et lincinration massive de corps imputs la police pendant le conflit au Pendjab, sans recommander louverture dune information judiciaire. La Commission a accord 279,4millions de roupies (5,78millions de dollars des tats-Unis) titre dindemnisation aux familles de 1513 des 2097victimes. Les conclusions

Peine de mort
I
Aprs un intervalle de huit ans, lInde a repris les excutions le 21novembre, date laquelle un Pakistanais, Ajmal Kasab, a t pendu pour sa participation aux attentats terroristes de Mumbai en 2008. Au cours de lanne, les tribunaux ont prononc au moins 78condamnations mort, ce qui portait plus de 400 le nombre de prisonniers sous le coup dune sentence capitale. Dix condamns ont vu leur sentence capitale commue sur ordre du prsident. Cinq autres prisonniers qui avaient fait appel du rejet de leur recours en grce par le prsident attendaient la dcision de la Cour suprme. En juillet, 14anciens juges ont pri le prsident de commuer les condamnations mort de 13prisonniers qui, selon eux, avaient t confirmes tort par la Cour suprme. En novembre, la Cour suprme a prconis un rexamen des principes de dtermination de la peine, compte tenu de lincohrence dans lapplication de la peine capitale. La Cour suprme sest prononce contre lapplication automatique de la peine de mort pour lutilisation darmes feu prohibes ayant entran la mort. En dcembre, lInde a vot contre la rsolution 67/176 de lAssemble gnrale des Nations unies appelant un moratoire mondial sur les excutions, titre de premire tape vers labolition de la peine de mort.

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dune enqute du Bureau central denqutes sur les homicides navaient pas t rendues publiques la fin de lanne. n Entre 2007 et 2012, la Commission nationale des droits humains a distribu des indemnisations en argent comptant aux familles de 191 personnes, sur 1671dossiers enregistrs dhomicides illgaux. Elle avait pralablement tabli que ces personnes avaient t victimes dexcutions extrajudiciaires. Dans la plupart de ces affaires linformation judiciaire ouverte ne progressait gure.

Jammu-et-Cachemire
Les responsables de violations du droit international humanitaire commises au Cachemire depuis 1989, dont des homicides illgaux, des excutions extrajudiciaires, des actes de torture et des milliers de disparitions forces, continuaient de bnficier de limpunit. Pendant lt 2010, plus dune centaine de jeunes gens avaient t abattus par la police et dautres branches des forces de scurit lors de diverses manifestations, mais fin 2012 la plupart de ces cas navaient pas fait lobjet dinvestigations srieuses. n En mai, la Cour suprme a permis huit membres des forces armes mis en cause danslexcution extrajudiciaire en 2000 de cinq villageois de Pathribal dchapper la justice civile. Ils ont t dfrs devant des tribunaux militaires, que les proches des victimes ont boycotts. n Dans un arrt rendu en juillet sur une affaire similaire, qui concernait lexcution extrajudiciaire de trois villageois en 2010 Machil, la Haute Cour de ltat de Jammu-et-Cachemire sest appuye sur la jurisprudence de Pathribal. n En aot, les autorits locales ont rejet la recommandation de la commission des droits humains de ltat dutiliser les techniques de police scientifique modernes pour identifier plus de 2700corps dcouverts dans des tombes anonymes dans le nord du Cachemire. n Deux organisations de dfense des droits humains bases Srinagar ont affirm, dans un rapport rendu public en dcembre et portant sur 214cas de disparition force, de torture, dexcution extrajudiciaire et dautres atteintes aux droits humains survenus depuis 1989, que les autorits ntaient pas disposes enquter sur des accusations graves portes contre 470membres des forces de scurit et 30membres de milices finances par ltat.

Des modifications restreintes introduites en avril la Loi relative la scurit publique (PSA) la suite dappels en faveur de son abrogation nont pas mis ce texte en conformit avec les obligations internationales de lInde en matire de droits humains. Des dirigeants politiques et des militants sparatistes taient maintenus en dtention administrative aux termes de la PSA, sans inculpation ni jugement. n En dcembre, les autorits ont reconnu que 219personnes taient dtenues aux termes de la PSA, dont 120trangers et sept pour lesquelles lordre de dtention avait dj t annul par les tribunaux. Trois adolescents qui taient maintenus en dtention administrative Mushtaq Saleem Beigh, Mohammed Mubarak Bhat et Danish Farooq ont recouvr la libert. Des projets de modification de la loi rgissant la justice des mineurs dans ltat de Jammu-etCachemire, qui visaient faire passer de 16 18ans lge de la majorit pnale, taient toujours en instance devant lassemble lgislative.

Violences ethniques et intercommunautaires


En juillet et en aot, 75villageois ont trouv la mort dans des affrontements entre musulmans et membres de lethnie bodo en Assam. Quatre cent mille personnes ont d quitter leur foyer et ont trouv un asile temporaire dans 270camps. Limplication de groupes arms a exacerb les tensions et la violence, et les autorits se sont vu reprocher de navoir pas ragi de manire approprie. Dix ans aprs les violences intervenues en 2002 au Gujarat, qui avaient cot la vie 2000personnes des musulmans pour la plupart , la majorit des victimes et leurs proches navaient toujours pas obtenu que justice leur soit rendue. Au moins 78suspects, dont lancienne ministre Maya Kodnani, ont t dclars coupables, et quelque 90autres ont t acquitts dans trois des procs encadrs par la Cour suprme. n En fvrier, une quipe spciale mise en place par la Cour suprme et charge denquter sur 10procdures ouvertes au Gujarat na trouv aucun lment de preuve permettant dengager des poursuites contre le Premier ministre de ltat, Narendra Modi, et 62autres personnalits politiques et hauts fonctionnaires. Zakia Jaffri, qui avait accus le

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Premier ministre de ltat, entre autres personnes, de navoir rien fait pour sauver la vie de son mari, Ehsan Jaffri, et celle de 68autres personnes, a introduit une requte devant la Cour suprme dans laquelle elle mettait des rserves quant au bien-fond des conclusions de lquipe charge de lenqute. Cette anne encore des dalits (opprims) ont t la cible dactes de discriminations et dattaques. Les lois spcifiques adoptes pour poursuivre les responsables prsums de tels agissements taient rarement utilises. n En novembre, Natham Colony (Tamil Nadu), 268habitations appartenant des dalits ont t pilles et endommages par des hindous de haute caste rendus furieux par le suicide dun homme dont la fille avait pous un dalit.

n En aot, les militants associatifs Seema Azad et Vishwa Vijay ont t remis en libert sous caution par la haute cour dAllahabad. Ils avaient interjet appel la suite de leur condamnation pour sdition et collaboration avec des maostes arms.

Dfenseurs des droits humains


Les personnes qui dfendaient les droits des groupes marginaliss continuaient dtre prises pour cible par des agents de ltat et des acteurs non tatiques, ainsi que la soulign en fvrier la rapporteuse spciale des Nations unies sur la situation des dfenseurs des droits de lhomme. n En juillet, le militant cologiste Ramesh Agrawal a t bless par balle dans le district de Raigarh (Chhattisgarh). Il tait mobilis pour dnoncer les atteintes lenvironnement et les violations des droits des adivasis lies des projets dexploitation minire. n La Cour suprme a dbout en septembre le prisonnier dopinion et dirigeant adivasi Kartam Joga, incarcr depuis septembre 2010, de sa demande de mise en libert sous caution. n Toujours en septembre, la Cour suprme a accept dexaminer le certificat mdical prsent par Soni Sori, une enseignante adivasi qui se plaignait davoir t torture par des policiers, et notamment davoir subi des violences sexuelles, pendant sa garde vue dans ltat du Chhattisgarh en octobre 2011. n En octobre, Dayamani Barla, qui milite en faveur des droits des adivasis, a t incarcre pour deux mois dans le cadre dune affaire remontant 2008. Selon certaines sources, les autorits de ltat de Jharkhand lont prise pour cible parce quelle protestait contre lexpulsion force de paysans Nagri.

Utilisation excessive de la force


La police a recouru plusieurs reprises une force excessive ou injustifie pour rprimer des manifestations; dans la plupart des cas, les autorits nont pas men rapidement denqute vritablement impartiale. n En mars et en avril, 10personnes au moins ont t blesses quand la police a utilis une force excessive pour expulser les habitants dun bidonville dans le quartier de Nonadonga, Calcutta. Ces terrains devaient tre acquis pour des projets dinfrastructures urbaines. n En septembre, un manifestant a t tu par un policier et plus de 60autres ont t blesss lorsque la police a dispers une manifestation contre la centrale nuclaire de Kudankulam, dans ltat du Tamil Nadu. n En novembre, une personne a t tue et cinq autres ont t blesses par la police lors de manifestations propos de lindemnisation verse pour des terres destines lexploitation dune mine de charbon par une entreprise prive, dans le village de Loba, au Bengale occidental.

Libert dexpression
Les autorits ont utilis des lois imprcises et dune porte trop large pour arrter au moins sept personnes qui avaient publi sur Internet des commentaires critiquant le gouvernement. n En avril, la police de Calcutta a arrt luniversitaire Ambikesh Mahapatra, qui avait mis en ligne une caricature de la Premire ministre du Bengale occidental, Mamata Banerjee. n La police de Mumbai a arrt en septembre Aseem Trivedi, parce quil avait, dans le cadre dun mouvement de protestation contre la corruption, publi une srie de caricatures parodiant les symboles nationaux de lInde.

Lois sur la sdition


Les protestations se sont intensifies contre des lois archaques sur la sdition, qui taient utilises pour emprisonner des manifestants pacifiques. n Plus de 50 personnes qui manifestaient pacifiquement contre la centrale nuclaire de Kudankulam, dont deux dnommes Udayakumar et Pushparayan, ont t inculpes de sdition et de faits de guerre contre ltat.

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n Ravi Srinivasan a t arrt en octobre par la police de Puducherry pour avoir crit des tweets sur des allgations de corruption visant le fils du ministre fdral des Finances. n En novembre, deux femmes Saheen Dhada et Renu Srinivasan ont t arrtes par la police de Mumbai pour avoir affich sur Facebook des commentaires mettant en cause le bien-fond dune manifestation publique organise par des partisans dune personnalit politique de premier plan dcde peu auparavant.

limpunit des responsables de violations des droits humains commises dans le pass. Aucune excution na t signale.

Contexte
La situation des droits humains en Indonsie a t tudie en mai dans le cadre de lExamen priodique universel de lONU. Le gouvernement a rejet des recommandations importantes qui lengageaient rexaminer les lois et dcrets restreignant les droits la libert de pense, de conscience et de religion. Le rapport soumis par lIndonsie au Comit pour llimination de la discrimination lgard des femmes [ONU] a t examin en juillet. LIndonsie a sign en novembre la Dclaration des droits humains de lANASE mais celle-ci, de lavis de beaucoup, ne rpondait pas aux normes internationales en la matire. Le cadre lgislatif indonsien ne permettait toujours pas de donner suite de manire adquate aux allgations de torture et dautres mauvais traitements. La bastonnade a continu dtre utilise titre de chtiment judiciaire en Aceh pour les infractions la charia (droit musulman). Durant lanne, 45personnes au moins ont subi une telle peine pour stre adonnes un jeu de hasard ou pour stre trouves seules en compagnie dune personne du sexe oppos en dehors des liens du mariage ou dautres liens familiaux (khalwat).

Visites et documents dAmnesty International


4 India: Human rights defenders need effective protection: Amnesty Internationals written statement to the 19th session of the UN Human Rights Council (ASA20/005/2012). 4 India: Vedantas perspective uncovered: Policies cannot mask practices in Orissa (ASA20/029/2012). 4 Inde. Amnesty International exhorte lInde ratifier sans attendre la Convention contre la torture et convier le rapporteur sur la torture se rendre dans le pays. Le Conseil des droits de lhomme adopte le document final rsultant de lExamen priodique universel sur lInde (ASA20/034/2012). 4 India: Still a lawless law detentions under the Jammu and Kashmir Public Safety Act (ASA20/035/2012).

INDONSIE
RPUBLIQUE DINDONSIE
Chef de ltat et du gouvernement: Susilo Bambang Yudhoyono Les forces de scurit faisaient toujours lobjet dallgations de violations des droits humains, notamment de torture, dautres formes de mauvais traitements et dune utilisation excessive de la force et des armes feu. Le pays comptait au moins 76prisonniers dopinion. Les minorits religieuses faisaient lobjet de nombreux actes dintimidation et agressions. Des lois, des politiques et des pratiques discriminatoires empchaient les femmes et les filles dexercer leurs droits, en particulier leurs droits sexuels et reproductifs. Aucun progrs na t accompli dans le domaine de la lutte contre

Police et forces de scurit


La police a t accuse de multiples reprises de violations des droits humains, notamment davoir eu recours de manire excessive la force et aux armes feu et davoir tortur et inflig dautres formes de mauvais traitements. Les mcanismes internes et externes ne permettaient pas vritablement damener les policiers auteurs de violations des droits humains rendre des comptes; les enqutes sur ce type daffaires taient rares. n En mars, 17hommes de la province de Nusa Tenggara Timur (Petites les de la Sonde orientales) ont t arrts arbitrairement pour le meurtre dun policier. Ils auraient t dshabills, menotts et frapps durant 12jours alors quils taient dtenus par la police du sous-district de Savu-Ouest. Certains ont eu des blessures larme blanche ou des fractures. Selon les tmoignages recueillis, des policiers auraient forc certains dentre eux boire leur propre urine. Faute de

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preuves, ces hommes ont t remis en libert sans inculpation la fin du mois de juin. Des membres des forces de scurit, dont des policiers et des militaires, ont t accuss de violations des droits humains commises en Papouasie. Des cas de torture et dautres mauvais traitements, dusage excessif de la force et des armes feu et de possibles homicides illgaux ont t signals. Dans la plupart des cas les auteurs prsums nont pas t traduits en justice et les victimes nont pas reu de rparations. n En juin, le militant politique papou Mako Tabuni, vice-prsident du Comit national pour la Papouasie occidentale, une organisation indpendantiste, a t abattu par des policiers Waena, prs de Jayapura, en Papouasie. Selon la police il refusait de se laisser arrter. Aucune enqute impartiale et indpendante na t mene sur cet homicide. n Toujours en juin, des soldats ont attaqu un village de Wamena, dans la province de Papouasie, la suite dun incident au cours duquel un de leurs camarades avait t tu et un autre bless. Selon les informations recueillies, les militaires ont ouvert le feu arbitrairement, frapp des dizaines de personnes coups de baonnette, faisant un mort, et incendi des maisons, des btiments et des vhicules. n En aot, des policiers et des militaires de lle de Yapen (Papouasie) ont dispers avec violence une manifestation pacifique organise loccasion de la Journe internationale des peuples autochtones. Les forces de scurit ont tir des coups de feu en lair et arrt arbitrairement au moins six manifestants. Certains auraient t brutaliss au moment de leur interpellation. n Toujours en aot, des policiers du district de Jayawijaya (Papouasie), ont arrt arbitrairement cinq hommes et les auraient gifls et frapps coups de poing et de pied pour quils avouent un meurtre. Aucune enqute na t mene sur ces brutalits.

indonsien ont t condamns une peine de trois ans demprisonnement pour avoir particip au troisime Congrs du peuple papou, un rassemblement pacifique organis en octobre2011 Abepura. n En juillet, le prisonnier dopinion moluquois Johan Teterissa, qui purge une peine de 15annes de dtention, a t frapp coups de pied et de cble lectrique aprs avoir t transfr de la prison de Madiun celle de Batu, sur lle de Nusakambangan (Java-Centre). Il na pas t soign la suite des mauvais traitements subis. Des dfenseurs des droits humains et des journalistes ont t la cible de menaces et dintimidations rptes en raison de leurs activits. Les observateurs internationaux, y compris les ONG et les journalistes, continuaient de se voir refuser un accs libre et sans entraves la Papouasie. n En mai, Tantowi Anwari, militant de lAssociation des journalistes pour la diversit, a t frapp et rou de coups de pied Bekasi (Java-Ouest) par des membres du Front des dfenseurs de lislam (un mouvement radical). Il a port plainte auprs de la police mais aucun progrs navait t constat dans cette affaire la fin de lanne. n En septembre, lavocate papoue Olga Hamadi, spcialise dans la dfense des droits humains, a t menace aprs quelle eut enqut sur des cas prsums de torture et de mauvais traitements infligs par la police dans une affaire de meurtre Wamena, en Papouasie. Ces menaces nont fait lobjet daucune enqute et lon craignait toujours pour la scurit de cette femme.

Libert de religion
Les autorits utilisaient les dispositions relatives la provocation et au blasphme pour rprimer la libert de religion ainsi que la libert dexpression, de pense et de conscience. Il y avait encore au moins six prisonniers dopinion dtenus dans le pays, accuss de provocation ou de blasphme. n Alexander Aan, un athe, a t condamn en juin deux ans et demi demprisonnement et une amende de 100millions de roupies (10600dollars des tats-Unis) pour provocation. Il avait mis en ligne des dclarations et des images que certaines personnes ont juges insultantes envers lislam et le prophte Mahomet. n Tajul Muluk, un dignitaire religieux chiite de la province de Java-Est, a t condamn deux ans demprisonnement pour blasphme par le tribunal du

Libert dexpression
Les autorits indonsiennes ont continu recourir des lois rpressives pour sanctionner pnalement des personnes menant des activits politiques pacifiques. Au moins 70habitants des Moluques et de Papouasie taient incarcrs pour le seul fait davoir exprim, pourtant sans violence, leurs opinions. n En mars, cinq militants politiques papous inculps de rbellion au titre de larticle106 du Code pnal

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district de Sampang, en vertu de larticle 156(a) du Code pnal. Des juristes et groupes locaux de dfense des droits humains ont exprim des craintes quant lquit du procs. En septembre, sa peine a t porte en appel quatre ans demprisonnement. Des minorits religieuses, notamment ahmadies, chiites et chrtiennes, taient toujours la cible de discriminations, dactes dintimidation et dagressions. Dans bien des cas, les autorits nassuraient pas une protection adquate des membres de ces minorits et ne traduisaient pas en justice les responsables prsums des actes perptrs contre eux. n Une personne a trouv la mort et des dizaines dautres ont t blesses en aot lors de lattaque par une foule en colre dune communaut chiite du district de Sampang (Java-Est). Selon la Commission nationale des droits humains (Komnas HAM), la police navait pas pris les mesures ncessaires pour empcher lattaque et protger les habitants. n Dplaces en 2006 aprs avoir t attaques par des habitants en raison de leurs convictions religieuses, au moins 34familles dune communaut ahmadie de la province de Nusa Tenggara Barat (Petites les de la Sonde occidentales) vivaient toujours dans des abris temporaires Mataram, sur lle de Lombok. Aucune poursuite navait t engage contre les auteurs prsums de lattaque. n Les autorits refusaient dappliquer les dcisions de la Cour suprme qui, en 2010 et 2011, a ordonn la rouverture de lglise Taman Yasmin de lglise chrtienne dIndonsie, Bogor, et de lglise Filadelfia de lglise chrtienne protestante Batak, Bekasi. Les difices avaient t ferms par les autorits locales en 2010. Les deux congrgations taient toujours sous la menace dactes de harclement et dintimidation de la part de groupes de tendance dure, car elles continuaient de pratiquer leur culte juste devant les btiments ferms.

femmes puissent avoir accs la contraception sans devoir ncessairement obtenir le consentement de leur mari. Une disposition rglementaire adopte en 2010 et autorisant la circoncision fminine restait en vigueur, en violation des obligations de lIndonsie au regard du droit international relatif aux droits humains. Le Comit pour llimination de la discrimination lgard des femmes a demand au gouvernement de retirer cette disposition et de faire adopter une loi sanctionnant pnalement cette pratique. Pour la troisime anne conscutive, le Parlement sest abstenu dexaminer et dadopter un projet de loi encadrant le travail des employs de maison. Ceux-ci dans leur immense majorit des femmes et des jeunes filles restaient donc vulnrables lexploitation conomique et au non-respect de leurs droits des conditions de travail justes, la sant et lducation. Bien que lIndonsie ait ratifi en mai la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille (1990), les employs de maison trangers, pour la plupart des femmes et des jeunes filles, ntaient pas protgs juridiquement de manire approprie et restaient vulnrables au trafic, au travail forc et dautres violations de leurs droits fondamentaux, en Indonsie et ltranger.

Impunit
Les initiatives en vue daccorder justice, vrit et rparations aux victimes de violations des droits humains commises dans le pass, en particulier en Aceh, en Papouasie et au Timor oriental (devenu par la suite le Timor-Leste) nont gure progress. Des victimes de violences sexuelles attendaient toujours de bnficier dun traitement ou de services appropris dans les domaines mdical, psychologique, de sant sexuelle et reproductive et de sant mentale. Le gouvernement indonsien a annonc en septembre au Conseil des droits de lhomme [ONU] quil mettait la dernire main un nouveau texte lgislatif sur une commission pour la vrit et la rconciliation. Aucun lment nouveau na toutefois t signal par la suite. Lquipe mixte mise en place par le prsident en 2011 pour laborer une stratgie en vue de rsoudre le dossier des violations des droits humains commises dans le pass navait

Droits des femmes


Les femmes et les jeunes filles rencontraient des obstacles lexercice de leurs droits sexuels et reproductifs. En juillet, le Comit pour llimination de la discrimination lgard des femmes a recommand au gouvernement de promouvoir les connaissances concernant la sant et la procration, ainsi que les droits en la matire, en particulier auprs des femmes non maries et des employes de maison. Le Comit a galement recommand que les

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toujours pas rendu public un quelconque projet concret. n En juillet, la Komnas HAM a remis au procureur gnral son rapport sur les crimes contre lhumanit qui ont pu tre commis contre des membres du Parti communiste indonsien (PKI) et des sympathisants communistes prsums dans le cadre du coup dtat avort de 1965. La Commission a demand au procureur gnral douvrir une enqute officielle, de traduire les auteurs prsums devant une Cour des droits humains et de mettre en place une commission pour la vrit et la rconciliation. Aucun lment nouveau navait t signal la fin de lanne. n En septembre, le parlement dAceh a annonc que la cration dune commission pour la vrit et la rconciliation dans la province tait retarde. Les victimes et les familles de victimes attendaient donc toujours la mise en place dun mcanisme officiel charg dtablir la vrit sur les violations subies durant le conflit et de faire la lumire sur le sort de leurs proches tus ou victimes de disparition. n Le prsident na pas donn suite aux recommandations mises en 2009 par le Parlement dans le dossier de 13militants en faveur de la dmocratie qui ont t victimes de disparition force en 1997 et 1998. Le Parlement demandait que les personnes impliques soient traduites en justice, quune recherche soit immdiatement lance en vue de retrouver les militants et que les familles de ces derniers se voient accorder des mesures de rhabilitation et dindemnisation. n Le gouvernement na pas mis en uvre les recommandations mises par la Commission vrit et amiti (une structure bilatrale Indonsie TimorLeste), en particulier celle demandant la mise en place dune commission pour les personnes disparues qui serait charge de localiser tous les enfants de TimorLeste qui ont t spars de leurs parents, et dinformer les familles de ce quil est advenu deux.

motif que la peine de mort tait une violation des droits humains et de la Constitution. Il a par ailleurs t annonc en octobre que le prsident avait commu 19condamnations mort entre 2004 et 2011.

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus en Indonsie en
avril, mai et octobre. 4 Stalled reforms: Impunity, discrimination and security force violations in Indonesia Amnesty International Submission to the UN Universal Periodic Review, May-June 2012 (ASA 21/003/2012) 4 Excessive force: Impunity for police violence in Indonesia (ASA 21/010/2012) 4 Indonesia: Briefing to the UN Committee on the Elimination of Discrimination against Women (ASA 21/022/2012)

IRAK
RPUBLIQUE DIRAK
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Jalal Talabani Nouri al Maliki Des milliers de personnes taient dtenues; plusieurs centaines ont t condamnes mort ou des peines demprisonnement, dans bien des cas lissue de procs inquitables et pour des infractions lies au terrorisme. Des actes de torture et dautres mauvais traitements taient rgulirement infligs aux dtenus, en toute impunit. Plusieurs centaines de prisonniers taient sous le coup dune sentence capitale. Cent vingt-neuf personnes, peut-tre plus, ont t excutes au cours de lanne. Trois femmes au moins figuraient parmi les supplicis. Des groupes arms opposs au gouvernement continuaient de commettre des atteintes flagrantes aux droits humains; ils ont tu des centaines de civils dans des attentats-suicides et dautres attaques. Des cas de harclement, dintimidation et de violences contre des journalistes et des professionnels des mdias ont t signals cette anne encore. Plus de 67000Syriens se sont rfugis en Irak.

Peine de mort
Pour la quatrime anne conscutive, aucune excution na t signale. Cependant, au moins 12peines capitales ont t prononces au cours de lanne, et le pays comptait au moins 130condamns mort. On a appris en octobre que la Cour suprme avait commu en aot 2011 la condamnation mort dun trafiquant de drogue, au

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Contexte
Limpasse politique au Parlement continuait de bloquer le processus lgislatif, empchant, entre autres, ladoption dune loi damnistie. Les tensions politiques ont t exacerbes par larrestation de trs nombreuses personnes lies au vice-prsident Tareq al Hachemi, qui a fui Bagdad aprs avoir t accus de diriger des escadrons de la mort. En dcembre, la tlvision irakienne a diffus les aveux de prisonniers prsents comme les gardes du corps de Tareq al Hachemi et qui disaient avoir commis des homicides en change dargent quil leur versait. Le vice-prsident, qui a chapp larrestation, a t inculp, jug et condamn mort par contumace en septembre, de mme que son gendre, Ahmad Qahtan, pour le meurtre dune avocate et dun reprsentant de ltat. Les deux hommes ont galement t condamns mort par contumace lissue dautres procs, en novembre et dcembre. Les relations restaient tendues entre les autorits de Bagdad et le gouvernement rgional du Kurdistan, en raison de diffrends portant sur la rpartition des revenus ptroliers et du conflit persistant sur le trac des frontires intrieures. Des jeunes, tout particulirement ceux considrs comme non conformistes, ont t la cible dune campagne dintimidation aprs lapparition en fvrier, dans plusieurs quartiers de la capitale (Sadr City, al Habibiya et Hay al Amal), de tracts et dinscriptions les dnonant. Les personnes vises taient des jeunes souponns dtre homosexuels et dautres considrs comme ayant un mode de vie non traditionnel cause de leur coiffure, de leurs vtements ou de leurs gots musicaux distinctifs. La Ligue arabe a tenu son sommet Bagdad en mars pour la premire fois depuis le renversement de Saddam Hussein, en 2003. Les forces de scurit ont procd des arrestations massives dans la capitale avant la runion, manifestement titre prventif. Le Parlement a approuv en avril la cration dune Haute Commission indpendante des droits humains. En dcembre, des manifestations antigouvernementales pacifiques ont rassembl chaque jour des dizaines de milliers de personnes pour la plupart des sunnites protestant contre les violences infliges aux dtenus. Le mouvement a dmarr aprs larrestation de plusieurs gardes du corps du ministre des Finances, le sunnite Rafe al Issawi, et la suite daccusations faisant tat de

violences, notamment sexuelles, infliges des dtenues. Des commissions parlementaires auxquelles avait t confie une mission denqute sur ces allgations sont parvenues des conclusions antagonistes.

Exactions perptres par des groupes arms


Cette anne encore, des groupes arms opposs au gouvernement ont commis des atteintes flagrantes aux droits humains, notamment des homicides aveugles de civils. n Le 5janvier, au moins 55civils, dont des plerins chiites qui se dirigeaient vers Kerbala, ont t tus et plusieurs dizaines dautres ont t blesss dans des attentats-suicides et dautres attaques. Les attentats ont eu lieu dans des quartiers majorit chiite de Bagdad, notamment Sadr City et al Kadhimiya, ainsi qu hauteur dun poste de contrle de la police non loin dal Nassiriya, o des plerins attendaient pour se rendre dans le sud. n Cent personnes au moins des civils et des membres des forces de scurit ont trouv la mort le 23juillet dans une srie dattentats lexplosif et de fusillades Bagdad et dans dautres villes, dont Kirkouk et Taji. n Au moins 81personnes, dont de nombreux civils, ont t tues le 9septembre dans des attentats lexplosif perptrs de manire coordonne dans plusieurs villes, dont Bagdad, Baquba, Samarra et Bassora.

Torture et autres mauvais traitements


Dans les prisons et centres de dtention, notamment ceux contrls par les ministres de lIntrieur et de la Dfense, le recours la torture et aux mauvais traitements tait courant et gnralis; il se poursuivait en toute impunit. Les mthodes le plus souvent dcrites taient la suspension prolonge par les bras et les jambes, les coups de cble ou de tuyau darrosage, les dcharges lectriques, les fractures de membres, lasphyxie partielle au moyen dun sac en plastique, ainsi que les violences sexuelles, y compris les menaces de viol. La torture tait utilise pour arracher des informations ou obtenir des aveux que les tribunaux pouvaient retenir titre de preuve charge. n Nabhan Adel Hamid, Muad Muhammad Abed, Amer Ahmad Kassar et Shakir Mahmoud Anad ont t

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arrts vers la fin mars ou dbut avril Ramadi et Fallouja. Selon certaines informations, ils ont t torturs pendant leur dtention au secret (qui a dur plusieurs semaines) aux mains de la Direction de la lutte contre la criminalit Ramadi. Leurs aveux ont ensuite t diffuss sur une chane de tlvision locale. Lors de leur procs, ils ont dclar au tribunal pnal dAnbar quon les avait contraints par la torture avouer une complicit de meurtre. Des tmoignages de leurs codtenus ont confirm leurs allgations de torture. Lexamen mdical de lun des accuss a rvl des traces de brlures et des lsions pouvant rsulter dactes de torture. Ces quatre hommes ont nanmoins t condamns mort le 3dcembre. la connaissance dAmnesty International, aucune enqute indpendante na t mene sur leurs allgations de torture.

mesure navait t prise la fin de lanne contre les responsables prsums.

Lutte contre le terrorisme et scurit


Des centaines de personnes accuses dinfractions lies au terrorisme ont t arrtes et places en dtention pour leur participation prsume des attentats lexplosif et autres attaques contre des membres des forces de scurit et des civils. Beaucoup de ces prisonniers se sont plaints davoir t torturs ou maltraits pendant leur dtention provisoire et ont t condamns lissue de procs inquitables. Dans certains cas, les autorits ont permis des chanes de tlvision locales de montrer des dtenus faisant des dclarations o ils saccusaient eux-mmes avant de comparatre en justice, ce qui compromettait gravement leur droit un procs quitable. Certains ont t condamns mort par la suite. Le ministre de lIntrieur a exhib des dtenus lors de confrences de presse au cours desquelles ils ont fait des aveux. Il diffusait aussi rgulirement les aveux de dtenus sur sa chane YouTube. n la fin de mai, le ministre de lIntrieur a exhib lors dune confrence de presse au moins 16dtenus accuss dappartenance un groupe arm li AlQada. Il a remis des chanes de tlvision des enregistrements dans lesquels certains saccusaient eux-mmes. Au cours de la confrence de presse, lun des dtenus, Laith Mustafa al Dulaimi, membre du Conseil provincial de Bagdad, a protest en criant que lui-mme et dautres prisonniers avaient t maltraits. n Ramzi Shihab Ahmad, un homme de 70ans dtenant la double nationalit irakienne et britannique, a t condamn 15ans demprisonnement le 20juin par le tribunal pnal de Resafa pour avoir contribu au financement de groupes terroristes et avoir promulgu des fatwas (avis juridique religieux). Le tribunal a retenu comme preuves charge les aveux quil avait faits en dtention, alors quil y avait tout lieu de penser quils avaient t obtenus sous la torture.

Morts en dtention
Plusieurs personnes sont mortes en dtention dans des circonstances donnant penser quelles avaient succomb des suites, directes ou indirectes, dactes de torture ou dautres formes de mauvais traitements. n Amer Sarbut Zaidan al Battawi, ancien garde du corps du vice-prsident Tareq al Hachemi, est mort en dtention en mars. Sa famille a affirm que son corps prsentait des traces de torture. Les autorits ont dmenti et annonc des investigations complmentaires. n Samir Naji Awda al Bilawi et son fils de 13ans, Mundhir, ont t interpells en septembre par les forces de scurit un poste de contrle de vhicules Ramadi. Trois jours plus tard, la famille de ce pharmacien a appris quil tait mort en dtention. Des photos quelle a communiques aux mdias irakiens montraient des blessures la tte et aux deux mains. Aprs sa remise en libert, Mundhir a expliqu que son pre et lui avaient t agresss dans un poste de police, puis conduits la Direction de la lutte contre la criminalit Ramadi, o ils avaient t torturs, notamment au moyen de dcharges lectriques. Lenfant a ajout quon lui avait ordonn de dire un juge dinstruction que son pre avait des liens avec une organisation terroriste. Les avocats reprsentant la famille de Samir Naji Awda al Bilawi ont pu lire un rapport dautopsie officiel quils nont pas t autoriss copier qui concluait, ont-ils affirm, que la mort de cet homme avait t cause par des actes de torture, et notamment des dcharges lectriques. la connaissance dAmnesty International, aucune

Peine de mort
Comme les annes prcdentes, un trs grand nombre de personnes sans doute plusieurs centaines ont t condamnes mort, ce qui a fortement accru le nombre de prisonniers sous le coup dune sentence capitale. La plupart de ces condamns avaient t dclars coupables

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dinfractions lies au terrorisme. Trente-trois prisonniers condamns mort au cours des six premiers mois de lanne (27 dentre eux pour des faits de terrorisme) taient dtenus dans la prison de Tasfirat, Ramadi. Dune manire gnrale, les procs ne respectaient pas les normes internationales dquit. De nombreux accuss se plaignaient davoir t torturs pendant les interrogatoires lors de leur dtention provisoire, et davoir t contraints de faire des aveux. n Muhammad Hussain et Sohail Akram, deux proches du vice-prsident Tareq al Hachemi, ont t condamns mort en octobre par la Cour pnale centrale pour le meurtre de membres des services de scurit. Au moins 129prisonniers ont t excuts, soit plus quaucune autre anne depuis la reprise des excutions, en 2005. Les autorits ont parfois procd des excutions collectives; cest ainsi que 34prisonniers ont t excuts le mme jour en janvier et 21autres, dont trois femmes, en une seule journe en aot. On a appris en septembre quau moins 18femmes taient sous le coup dune sentence capitale dans une prison du quartier de Kadhimiya, Bagdad. n Abid Hamid Mahmoud, ancien secrtaire et garde du corps de Saddam Hussein, a t excut en juin. Il avait t condamn la peine capitale en octobre2010 par le Haut Tribunal pnal irakien.

Laggravation du conflit en Syrie a eu des rpercussions importantes en Irak. Plus de 67000rfugis syriens ont franchi la frontire, pour la plupart aprs le 18juillet et le plus souvent vers la rgion du Kurdistan. Des milliers dIrakiens rfugis en Syrie sont rentrs dans leur pays. En violation du droit international, les autorits irakiennes ont ferm en octobre le point de passage dAl Qaem, empchant le passage des rfugis syriens, sauf en cas durgence. Un accs restreint avait t autoris la suite dune prcdente mesure de fermeture, en aot.

Rgion du Kurdistan
La tension restait vive entre le gouvernement rgional du Kurdistan et le pouvoir central de Bagdad. En juin, le Parlement kurde a adopt une loi damnistie gnrale applicable la rgion. Les prisonniers condamns pour crime dhonneur, viol, actes de terrorisme ou trafic de drogue taient exclus du champ dapplication de cette loi. Les autorits kurdes continuaient de perscuter certaines personnes qui dnonaient la corruption du pouvoir politique ou exprimaient des opinions dissidentes. De nouveaux cas de torture ou dautres mauvais traitements ont t signals. n Hussein Hama Ali Tawfik, un commerant, a t arrt le 27mars. Il a t conduit dans les locaux des services de scurit (Asayish) Sulaymaniyah, o on lui aurait band les yeux. Daprs les informations reues, on la menott les mains dans le dos, puis on lui a donn des coups de poing et on la frapp laide dun objet. On lui a alors ordonn de dposer contre dautres personnes poursuivies dans une affaire de corruption, ce quil a refus de faire. Inculp de corruption, il a t maintenu en dtention jusqu son acquittement, en novembre. la connaissance dAmnesty International, aucune enqute na t mene sur les allgations de torture formules par cet homme.

Rfugis et demandeurs dasile


Entam en fvrier, le transfert progressif de quelque 3200exils politiques iraniens du camp Nouvel Irak (anciennement camp dAshraf) au centre de transit Hurriya (camp Libert), au nord-est de Bagdad, tait pratiquement termin la fin de lanne. Ces Iraniens qui rsidaient depuis longtemps en Irak taient, pour la plupart, membres ou sympathisants de lOrganisation des moudjahidin du peuple dIran (OMPI). Ils ont accus les forces de scurit irakiennes davoir attaqu certains dentre eux pendant leur transfert et se sont plaints des conditions de vie au camp Libert. En juillet, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les rfugis (HCR) a appel la communaut internationale proposer aux rsidents du camp Libert des solutions de rinstallation ou dautres formes dadmission pour des motifs humanitaires.

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus en Irak en
septembre. 4 Irak. Des femmes dtenues sans inculpation (MDE14/003/2012). 4 Irak. Des hommes dtenus au secret (MDE14/005/2012). 4 Irak. Amnesty International condamne les homicides de civils et rclame une enqute (MDE14/009/2012). 4 Irak. Les excutions doivent cesser en Irak (MDE14/011/2012).

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IRAN
RPUBLIQUE ISLAMIQUE DIRAN
Chef de ltat [Guide]: Chef du gouvernement [Prsident]: Ali Khamenei Mahmoud Ahmadinejad Des restrictions svres pesaient toujours sur la libert dexpression, dassociation et de runion. Des dissidents et des dfenseurs des droits humains dont des militants des droits des femmes ou des droits des minorits ont t arrts de manire arbitraire, dtenus au secret, emprisonns lissue de procs inquitables ou empchs de se rendre ltranger. Le nombre de prisonniers dopinion et de prisonniers politiques tait trs lev. La torture et dautres mauvais traitements taient frquents et demeuraient impunis. Les femmes et les membres des minorits ethniques et religieuses, ainsi que les lesbiennes, les gays et les personnes bisexuelles, transgenres ou intersexues, souffraient de discrimination, dans la loi et dans la pratique. Cette anne encore, des peines cruelles de flagellation et damputation ont t appliques titre de chtiment judiciaire. Les autorits ont reconnu 314excutions, mais 544 au total ont t signales. Le chiffre rel pourrait tre beaucoup plus lev.

Le Parlement a adopt en fvrier plusieurs modifications du Code pnal. Celles-ci autorisaient toujours limposition de chtiments cruels, inhumains et dgradants et de certaines peines non prvues par le droit codifi, et garantissaient limpunit dans certains cas pour les auteurs de viol. Elles ninterdisaient pas la peine capitale pour les mineurs dlinquants ni lexcution par lapidation. Lancien Code pnal demeurait en vigueur la fin de lanne. En dcembre, lAssemble gnrale des Nations unies a adopt une rsolution exhortant le gouvernement iranien amliorer la situation des droits humains dans le pays.

Libert dexpression, dassociation et de runion


Les autorits ont maintenu les restrictions renforces pesant sur la libert dexpression, dassociation et de runion, et elles ont commenc mettre en place un Internet national troitement contrl. Les coutes tlphoniques, les suspensions de site Internet et les brouillages de radios et tlvisions trangres taient monnaie courante. Ceux qui exprimaient ouvertement leurs opinions taient viss par la rpression. Des employs des mdias et des blogueurs ont t harcels et arrts. Des militants tudiants et des membres de minorits ont t incarcrs ou harcels; certains ont t frapps dinterdiction dtudier. Il y avait un trs grand nombre de prisonniers dopinion, certains incarcrs au cours des annes prcdentes, dautres condamns des peines demprisonnement en 2012. n La journaliste Shiva Nazar Ahari, militante des droits humains et membre du Comit des reporters des droits humains, a commenc en septembre purger une peine de quatre ans demprisonnement. Huit autres prisonnires dopinion et elle-mme ont entam, en octobre, une grve de la faim pour protester contre les mauvais traitements que leur auraient infligs des gardiennes de la prison dEvin, Thran. n Abbas Khosravi Farsani, tudiant luniversit dIspahan, a t arrt le 21juin pour avoir critiqu les autorits dans un livre et sur son blog. Il a t contraint davouer, entre autres, quil avait agi contre la scurit nationale en publiant de fausses informations et en suscitant un malaise dans lopinion publique, quil avait insult le Guide suprme et quil appartenait un groupe dopposition li Isral. Remis en libert 20jours plus tard, il sest vu interdire

Contexte
Le programme nuclaire iranien est rest une source de tensions internationales. Les Nations unies, lUnion europenne et certains tats, dont les tats-Unis, ont maintenu les sanctions contre le pays, et dans certains cas en ont impos de nouvelles, notamment des interdictions de voyager visant des responsables prsums de violations des droits humains. LIran tait confront des difficults conomiques et une inscurit alimentaire croissantes. Des milliers de candidats potentiels aux lections lgislatives de mars ont t carts. Le mandat du rapporteur spcial des Nations unies sur la situation des droits de lhomme dans la Rpublique islamique dIran a t renouvel en mars pour une dure dun an. Le rapporteur et le secrtaire gnral de lONU ont publi des rapports mettant en vidence les violations gnralises des droits humains, et notamment limpunit et le non-respect de ltat de droit.

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de poursuivre ses tudes universitaires. Son procs tait en instance la fin de lanne. Plusieurs dizaines de syndicalistes indpendants taient maintenus en dtention cause de leurs activits pacifiques. n Reza Shahabi, trsorier dun syndicat demploys des autobus dtenu depuis 2010, a appris en fvrier quil avait t condamn six ans demprisonnement pour rassemblement et collusion en vue de nuire la sret de ltat et propagande contre le rgime. Selon certaines informations, il tait en mauvaise sant, aprs avoir t tortur et priv des soins mdicaux dont il aurait eu rapidement besoin.

tremblement de terre, dans la province de lAzerbadjan oriental. Cet ancien prisonnier dopinion avait t libr pour raisons mdicales sept semaines plus tt, aprs avoir vers une caution leve, alors quil purgeait une peine de 15ans demprisonnement prononce en 2010. Il a affirm avoir t tortur aprs son interpellation, dans des locaux du ministre du Renseignement Tabriz. Il a t remis en libert en novembre.

Dfenseurs des droits humains


Cette anne encore, des dfenseurs des droits humains avocats, syndicalistes, militants des droits des femmes et dfenseurs des minorits, notamment ont t harcels, arrts, placs en dtention de manire arbitraire et condamns des peines demprisonnement lissue de procs inquitables. Beaucoup taient des prisonniers dopinion; un certain nombre avaient t condamns les annes prcdentes au terme de procs iniques. Les autorits harcelaient constamment les familles des militants. n Le journaliste Mohammad Sadiq Kabudvand, fondateur de lOrganisation des droits humains du Kurdistan (HROK), continuait de purger une peine de 10ans et six mois demprisonnement lie ses activits de journaliste et de dfense des droits humains. Il sest mis en grve de la faim en mai, puis en juillet, pour protester contre le refus des autorits carcrales de le laisser voir son fils, gravement malade. Son propre tat de sant sest dtrior de ce fait. Il a t priv de soins mdicaux adquats. n Nasrin Sotoudeh, une avocate qui avait reprsent la laurate du prix Nobel de la paix Shirin Ebadi, continuait de purger une peine de six ans demprisonnement prononce en 2011 pour diffusion de propagande contre le rgime et appartenance un groupe illgal portant atteinte la sret de ltat. Prisonnire dopinion depuis 2010, elle a mis un terme en dcembre sa grve de la faim entame 49jours auparavant, les autorits ayant lev les mesures restrictives imposes sa fille ge de 13ans. n Les avocats Mohammad Ali Dadkhah, Abdolfattah Soltani et Mohammad Seyfzadeh, cofondateurs du Centre de dfense des droits humains (CDDH), une organisation ferme sur dcision des autorits en 2008, taient maintenus en dtention la fin de lanne. Amnesty International les considrait comme

Arrestations et dtentions arbitraires


Les forces de scurit ont arrt et plac en dtention de manire arbitraire des opposants et des personnes qui critiquaient le gouvernement. Maintenus au secret pendant de longues priodes, ces prisonniers taient privs de soins. Nombre dentre eux ont t torturs ou maltraits. Plusieurs dizaines dentre eux ont t condamns des peines demprisonnement lissue de procs non conformes aux normes dquit. Plusieurs dizaines de personnes qui avaient critiqu pacifiquement le gouvernement et qui avaient t arrtes dans le cadre des manifestations de masse de 2009-2011 ont t maintenues en dtention ou en rsidence surveille tout au long de lanne. Beaucoup taient des prisonniers dopinion. n Les responsables de lopposition Mehdi Karroubi et Mir Hossein Moussavi, ainsi que lpouse de ce dernier, Zahra Rahnavard, taient toujours assigns rsidence. La mesure leur avait t impose sans mandat darrt en fvrier2011. n Mansoureh Behkish, membre de lorganisation de dfense des droits humains Mres du parc Laleh (anciennement connue sous le nom de Mres en deuil), a t condamne en juillet par une cour dappel six mois demprisonnement. Elle a t reconnue coupable datteinte la sret de ltat pour avoir cr le groupe des Mres en deuil, et de propagande contre le rgime. Elle sest galement vu infliger une peine de 42mois demprisonnement avec sursis. Mansoureh Behkish tait en libert la fin de lanne. n Le blogueur Hossein Ronaghi Maleki tait au nombre des dizaines de travailleurs humanitaires et dfenseurs des droits humains qui ont t arrts en aot dans un camp install pour les victimes dun

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des prisonniers dopinion. La directrice gnrale du CDDH, Narges Mohammadi, a bnfici dune libration temporaire en juillet pour suivre un traitement mdical. En novembre, lpouse dAbdolfattah Soltani a t condamne une peine dun an demprisonnement assortie dune interdiction de quitter le pays pendant cinq ans. Cette condamnation tait lie au fait que son mari stait vu dcerner un prix pour son action en faveur des droits humains.

Procs inquitables
Dans les affaires politiques, mais pas uniquement, les prvenus taient jugs devant des tribunaux rvolutionnaires et des juridictions pnales lors de procs dune flagrante iniquit. Dans bien des cas ils devaient rpondre de charges formules en des termes vagues et ne correspondant pas des infractions dfinies par le Code pnal. Beaucoup taient condamns, parfois en labsence dun avocat, sur la base dinformations ou daveux obtenus apparemment sous la torture. Les tribunaux acceptaient ces aveux titre de preuve sans mener denqute sur la manire dont ils avaient t recueillis. n Mohammad Ali Amouri et quatre autres membres de la minorit arabe ahwazie ont t condamns mort en juillet pour des infractions formules en termes vagues (inimiti lgard de Dieu et corruption sur terre, notamment). Ils taient dtenus depuis prs dun an en raison de leurs activits en faveur de la minorit arabe ahwazie. Quatre dentre eux, peut-tre tous les cinq, auraient t torturs et nauraient pas t autoriss sentretenir avec un avocat. Ils taient en instance dappel la fin de lanne.

Au moins huit cas de mort en dtention pourraient rsulter dactes de torture; aucun na fait lobjet dune enqute indpendante. n Le blogueur Sattar Beheshti est mort en novembre alors quil tait aux mains de la cyberpolice; il avait dpos une plainte pour torture. Une information judiciaire a t ouverte, mais les versions contradictoires quant sa mort livres par les agents de ltat ont jet le doute sur limpartialit de lenqute. Les forces de scurit ont exerc des pressions sur la famille de cet homme pour quelle garde le silence.

Discrimination envers les femmes


Dans la loi et dans la pratique les femmes taient confrontes la discrimination dans les domaines du mariage et du divorce, de la garde des enfants, de la nationalit et des voyages ltranger. Celles qui enfreignaient le code vestimentaire impos par ltat risquaient dtre expulses de luniversit. Des tablissements denseignement suprieur ont introduit la sparation entre les hommes et les femmes, ou ont limit, voire interdit, ladmission des femmes dans certains programmes. Le projet de loi sur la protection de la famille, dont les dispositions renforceraient la discrimination, tait toujours en discussion la fin de lanne. Le projet de Code pnal ne remdiait pas la discrimination existante et continuait, par exemple, dnoncer que le tmoignage dune femme vaut la moiti de celui dun homme. n Bahareh Hedayat, Mahsa Amrabadi et sept autres femmes dtenues dans la prison dEvin ont suivi une grve de la faim en octobre pour protester contre les fouilles corporelles humiliantes et la confiscation deffets personnels par les gardiennes. Par la suite, 33prisonnires politiques ont sign une lettre ouverte dans laquelle elles faisaient valoir que les fouilles des cavits internes taient une forme de svice sexuel; elles exigeaient des excuses de ladministration pnitentiaire et la garantie que de tels faits ne se reproduiraient plus.

Torture et autres mauvais traitements


Les forces de scurit continuaient de se livrer des actes de torture et dautres mauvais traitements sur des dtenus, en toute impunit. Parmi les mthodes le plus souvent signales figuraient les coups, les simulacres dexcution, les menaces, lenfermement dans des cellules minuscules et la privation de soins mdicaux appropris. n Saeed Sedeghi, un commerant condamn mort pour infraction la lgislation sur les stupfiants, a t tortur dans la prison dEvin aprs le report de son excution, conscutif des protestations au niveau international. Il a t pendu le 22octobre.

Droits des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres ou intersexues (LGBTI)
Les personnes appartenant la communaut LGBTI subissaient toujours des discriminations, en droit et en pratique.

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Discrimination minorits ethniques


Les minorits ethniques Arabes ahwazis, Azris, Baloutches, Kurdes et Turkmnes, notamment souffraient de discrimination dans la loi et la pratique. Ils navaient pas accs lemploi et lducation, entre autres droits conomiques, sociaux et culturels, dans les mmes conditions que les autres Iraniens. Lusage des langues minoritaires tait toujours interdit dans les coles et ladministration. Ceux qui faisaient campagne pour les droits des minorits taient exposs aux menaces de la part des autorits et au risque darrestation et dincarcration. n Jabbar Yabbari et au moins 24autres Arabes ahwazis ont t arrts en avril au cours de la commmoration dune manifestation organise en 2005 contre la discrimination. Les autorits ne protgeaient pas suffisamment les rfugis afghans contre les attaques et elles ont forc certains dentre eux quitter lIran. Les autorits municipales dIspahan ont interdit aux Afghans laccs un parc de la ville. Des militants azris ont critiqu la raction du gouvernement iranien au tremblement de terre survenu le 11aot Qaradagh, dans la province de lAzerbadjan oriental, la jugeant lente et inadapte. Ils ont accus les autorits davoir minimis lampleur des dgts et le nombre des victimes, et davoir arrt des personnes qui participaient aux oprations de secours. Seize militants des droits des minorits ont t condamns, en septembre, des peines de six mois demprisonnement avec sursis pour des infractions lies la scurit, du fait de leur action humanitaire.

ses fidles ont t convoqus aux fins dinterrogatoire en avril, en mai et en dcembre; aucun na semble-t-il t inculp. n En aot, les autorits ont arrt 19sunnites au moins dans la province du Khuzestan, et 13autres dans lAzerbadjan occidental, selon toute apparence en raison de leurs croyances. Huit autres ont t arrts au Kurdistan en octobre. Amnesty International ignorait si certains dentre eux avaient t inculps ou devaient tre nouveau interrogs. n Yousef Naderkhani, un pasteur chrtien arrt en 2009, avait t condamn mort pour apostasie en 2010. Sa sentence capitale, confirme par la Cour suprme, a t annule aprs que les magistrats eurent demand conseil au Guide suprme. Il a t remis en libert en septembre, ayant purg une peine de trois ans demprisonnement pour avoir prch lvangile auprs de musulmans. n Les adeptes de la foi bahaie ne pouvaient pas pratiquer leur foi et au moins 177dentre eux ont t dtenus du fait de leurs croyances. Sept dirigeants arrts en 2009 continuaient de purger des peines de 20ans demprisonnement pour espionnage pour le compte dIsral et offense au caractre sacr de la religion.

Chtiments cruels, inhumains ou dgradants


Cette anne encore, des peines de flagellation et damputation ont t prononces et appliques. n Le journaliste et blogueur Siamak Ghaderi et 13autres prisonniers politiques auraient t flagells en aot dans la prison dEvin. Siamak Ghaderi avait t condamn quatre ans demprisonnement et 60coups de fouet pour avoir insult le prsident et diffus des informations mensongres. Ces accusations taient en partie lies des entretiens avec des personnes LGBTI quil avait publis sur son blog en 2007.

Libert de religion et de conviction


Les autorits rservaient un traitement discriminatoire aux minorits non chiites, dont les autres communauts musulmanes, les religieux chiites dissidents, les membres dordres soufis et dAhl-e Haqq (Gens de la vrit), ainsi quaux membres dautres minorits religieuses ou groupes de pense philosophique, y compris les musulmans convertis au christianisme. La perscution des bahais sest accrue. Ils taient diaboliss en public par des reprsentants de ltat et par les mdias gouvernementaux. n Sayed Hossein Kazemeyni Boroujerdi, un religieux chiite dissident, continuait de purger une peine de 11ans demprisonnement prononce en 2007. Dix de

Peine de mort
Plusieurs centaines de personnes ont t condamnes mort. Les autorits ont reconnu 314excutions. Daprs des sources non officielles dignes de foi, au moins 230autres personnes auraient t excutes, dans bien des cas en secret, ce qui portait 544au moins le nombre dexcutions. Le vritable chiffre pourrait toutefois tre bien suprieur et dpasser les 600personnes excutes.

Amnesty International - Rapport 2013

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Parmi les 314personnes dont les autorits ont reconnu lexcution, 71% avaient t condamnes pour des infractions en lien avec des stupfiants, lissue de procs non conformes aux normes dquit. Beaucoup appartenaient des groupes pauvres et marginaliss des ressortissants afghans en particulier. La peine de mort restait applicable dans les affaires de meurtre, de viol, de violence arme, despionnage, dapostasie, de relations extraconjugales et de relations homosexuelles. Au moins 63excutions ont eu lieu en public. Aucune excution par lapidation na t signale, mais 10prisonniers au moins taient sous le coup dune condamnation mort par lapidation. n Allahverdi Ahmadpourazer, musulman sunnite appartenant la minorit azrie, a t excut en mai. Il avait t condamn mort pour des infractions la lgislation sur les stupfiants, lissue dun procs peut-tre inquitable. n Amir Hekmati, qui avait la double nationalit iranienne et amricaine, a t condamn mort pour espionnage en janvier. Ses aveux ont t diffuss par la tlvision nationale. En mars, sa sentence capitale a t annule par la Cour suprme. Il tait maintenu en dtention la fin de lanne dans lattente dun nouveau procs. n La famille de Hamid Ghassemi-Shall a t informe en avril que lexcution de ce dernier tait imminente; la fin de lanne, cependant, il tait toujours en vie et dtenu dans le quartier des condamns en mort. Cet homme, qui a la double nationalit iranienne et canadienne, a t maintenu lisolement pendant 18mois sans tre autoris consulter un avocat. Il a t condamn mort en dcembre2008 lissue dun procs inquitable pour inimiti lgard de Dieu, espionnage et coopration avec un groupe dopposition illgal. n Trois membres de la minorit kurde ont t excuts le 20septembre dans la prison centrale dOroumieh pour leurs activits politiques. n Les autorits ont suspendu la sentence capitale prononce contre Saeed Malekpour pour insulte et profanation de lislam. Cet homme, qui a sa rsidence au Canada, avait cr un programme permettant de tlcharger des photographies. Celui-ci aurait t utilis par la suite son insu pour mettre en ligne des images caractre pornographique. Saeed Malekpour tait incarcr depuis son interpellation, en octobre2008. Ses allgations de torture nont jamais fait lobjet dune enqute.

Visites et documents dAmnesty International


v Amnesty International na pas t autorise depuis 1979 envoyer une
dlgation en Iran pour effectuer des recherches sur la situation des droits humains. Les autorits rpondaient rarement aux lettres de lorganisation. 4 We are ordered to crush you: Expanding repression of dissent in Iran (MDE13/002/2012).

IRLANDE
IRLANDE
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Michael D. Higgins Enda Kenny Les conditions de vie dans un centre pour jeunes dlinquants ont fait lobjet de vives critiques. De nouveaux appels ont t lancs en faveur dune clarification de la lgislation et de la rglementation en matire daccs lavortement lgal. Une loi pnalisant les mutilations gnitales fminines a t promulgue.

Conditions de dtention
Un nouveau systme prvoyant que les investigations sur les plaintes graves formules par des prisonniers soient confies des enquteurs extrieurs, avec la possibilit dinterjeter appel devant lInspecteur des prisons et lieux de dtention, a t annonc en aot. Le gouvernement sest engag ltendre par la suite dautres plaintes moins graves. Cette rforme restait toutefois en de du mcanisme indpendant dexamen des plaintes recommand en 2011 par le Comit contre la torture [ONU]. Un rapport de linspecteur des prisons sur lInstitution Saint Patrick pour jeunes dlinquants a t publi en octobre. Il dcrivait les mauvais traitements, lintimidation et les sanctions svres subis par les garons et les jeunes hommes qui y taient dtenus. Il mettait galement en vidence les carences de ltablissement en matire dducation et de soins mdicaux. la suite de la publication de ce rapport, le gouvernement a annonc des rformes au sein de linstitution notamment lamlioration de la formation des gardiens et louverture dune enqute sur certains membres du personnel. Le placement

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Amnesty International - Rapport 2013

lInstitution Saint Patrick dadolescents gs de 16ans avait cess plus tt dans lanne, mais le fait que des garons de 17ans puissent continuer dy tre incarcrs en attendant louverture dun nouveau centre de dtention pour mineurs prvue pour 2014 restait source de proccupation.

membres dAn Garda Sochna (la police irlandaise) dans le meurtre de deux responsables de la police dIrlande du Nord commis en 1989 en Irlande du Nord par lArme rpublicaine irlandaise provisoire (PIRA).

Droit la sant
Le gouvernement a entam un examen de la conformit de la Loi de 2001 relative la sant mentale avec les normes internationales relatives aux droits humains. Cette loi rgit notamment les circonstances dans lesquelles une personne peut tre admise, dtenue et soigne dans un hpital contre son gr. En octobre, une femme de 31ans est morte de septicmie dans un hpital aprs quon lui eut semble-t-il refus un avortement qui aurait pu lui sauver la vie. Ce cas a mis au jour le manque de clart de la lgislation et de la rglementation concernant le droit des femmes laccs lavortement lorsque leur vie est en danger.

volutions lgislatives, constitutionnelles ou institutionnelles


LIrlande a sign en mars le Protocole facultatif se rapportant au PIDESC. Une convention constitutionnelle dsigne par le gouvernement a t mise en place en juillet. Elle avait pour mission dexaminer certains lments de la Constitution irlandaise, notamment sur les questions du mariage pour les couples de mme sexe, de lgalit des femmes et des hommes et du blasphme. Elle ntait pas expressment charge dexaminer lintgration dans la Constitution des droits humains et des droits conomiques, sociaux et culturels. La Constitution a t modifie en novembre afin de renforcer la protection des droits des enfants.

Violences faites aux femmes et aux filles


la fin de lanne le gouvernement navait toujours pas ouvert une enqute indpendante sur les plaintes pour mauvais traitements qui auraient t infligs des femmes et des filles places dans les Laveries des surs de Marie-Madeleine, des structures gres par une congrgation religieuse, alors que le Comit contre la torture avait recommand une telle enqute. La commission interministrielle dsigne par le gouvernement en 2011 et charge de faire la lumire sur les relations que ltat a pu entretenir avec les Laveries des surs de Marie-Madeleine navait pas dpos son rapport la fin de lanne. Une loi pnalisant les mutilations gnitales fminines a t promulgue en avril. La Loi relative la justice pnale (mutilations gnitales fminines) rigeait galement en infraction pnale le fait demmener une fille ltranger pour lui faire subir ce genre de pratique. Elle prvoyait la protection des victimes pendant la procdure judiciaire.

Visites et documents dAmnesty International


4 Ireland: Amnesty International welcomes the commitments to respect economic, social and cultural rights and to sign the Council of Europe Convention on Violence against Women and Domestic Violence (EUR29/001/2012). 4 Irelands candidacy for election to the Human Rights Council elections: Open letter (EUR29/002/2012). 4 Ireland: Follow-up procedure to the forty-sixth session of the UN Committee against Torture (EUR29/003/2012). 4 Ireland: Abortion issue must be clarified by Irish government (PRE01/564/2012).

Police et forces de scurit


En octobre, lOireachtas (Parlement) a approuv la prolongation du mandat du tribunal Smithwick pour une dure de neuf mois (soit jusquen juillet2013). Ce tribunal examinait des allgations de complicit de

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ISRAL ET TERRITOIRES PALESTINIENS OCCUPS


TAT DISRAL
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Shimon Peres Benjamin Netanyahou la fin de lanne, les prisons israliennes comptaient plus de 4500Palestiniens, dont 178 taient en dtention administrative. Ce dernier chiffre avait connu une baisse temporaire dans le courant de lanne la suite de protestations chez les Palestiniens et au niveau international. Des informations ont fait tat dactes de torture et de mauvais traitements infligs au moment de larrestation et durant les interrogatoires. Le blocus par larme isralienne de la bande de Gaza continuait davoir des consquences graves pour les habitants, soit 1,6million de personnes. En novembre, Isral a lanc une offensive militaire de huit jours contre des groupes arms palestiniens qui avaient tir sans discrimination des roquettes en direction dIsral. Plus de 160Palestiniens et six Israliens ont t tus, dont bon nombre de civils. Les deux camps ont viol le droit international humanitaire pendant le conflit. Les autorits israliennes ont maintenu les restrictions la libert de mouvement des Palestiniens en Cisjordanie, y compris Jrusalem-Est, et poursuivi la construction du mur/barrire. Lexpansion des colonies israliennes illgales a continu et ni les Palestiniens ni leurs biens ntaient protgs contre la violence des colons. Cette anne encore, les autorits israliennes ont dmoli des habitations palestiniennes et procd des expulsions forces. Larme isralienne continuait dutiliser une force excessive contre des manifestants dans les territoires palestiniens occups. Outre les 100civils tus Gaza durant le conflit en novembre, les forces israliennes ont tu au moins 35civils dans les territoires occups au cours de lanne. Les citoyens palestiniens dIsral subissaient des discriminations en matire de

logement et de droits de rsidence; les dmolitions dhabitations se sont poursuivies, en particulier dans la rgion du Neguev/Naqab. Des milliers de personnes qui sollicitaient une protection internationale ont t places en dtention administrative en vertu dune loi entre en vigueur en juin. Des membres des forces de scurit qui avaient tu ou bless des civils palestiniens et tortur ou maltrait des dtenus bnficiaient toujours de limpunit.

Contexte
Les ngociations entre Isral et lAutorit palestinienne nont pas repris. Les relations se sont dgrades aprs que lAssemble gnrale des Nations unies eut accord la Palestine, en novembre, le statut dtat observateur non membre. En raction, Isral a annonc des projets dexpansion des colonies et gel le transfert des droits de douane quil doit reverser lAutorit palestinienne. En mars, Isral a cess de cooprer avec le Conseil des droits de lhomme [ONU] aprs que cette instance eut dcid denvoyer une mission dtablissement des faits charge dtudier les effets des colonies israliennes sur les Palestiniens dans les territoires occups. En juillet, une commission nomme par le gouvernement a conclu que les colonies israliennes en Cisjordanie occupe ne constituaient pas une violation du droit international, en dpit de conclusions juridiques internationales mettant un avis contraire. Elle a recommand au gouvernement de lgaliser les avant-postes non autoriss des colons. Pour la premire fois depuis sept ans, 14nouveaux avant-postes et implantations ont t crs, avec le soutien des autorits israliennes. Rgulirement au cours de lanne, les forces israliennes ont lanc des attaques ariennes sur Gaza et les groupes arms palestiniens ont tir des roquettes en direction dIsral. Larme isralienne continuait de tirer balles relles pour faire respecter les zones dexclusion terrestre et maritime lintrieur du primtre de Gaza et des eaux territoriales; au moins six civils ont t tus et plusieurs autres ont t blesss. Les dirigeants israliens ont prconis publiquement le bombardement de sites nuclaires iraniens. Un civil isralien a t tu en juin par des activistes venus dgypte.

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Droit de circuler librement blocus de Gaza et restrictions en Cisjordanie


La multitude de restrictions imposes par les autorits israliennes la libert de mouvement des Palestiniens constituait un chtiment collectif pour la population de Gaza et de Cisjordanie et tait ce titre une violation du droit international. Outre le mur/barrire, plus de 500postes de contrle et barrages de larme isralienne en Cisjordanie entravaient les dplacements des Palestiniens, en particulier Jrusalem-Est, dans une partie de Hbron, dans la valle du Jourdain et dans les zones proches des colonies. Les Palestiniens devaient obtenir un permis auprs des autorits israliennes alors que les Israliens, y compris les colons, circulaient librement dans ces zones. Des informations persistantes ont fait tat de harclement et de mauvais traitements infligs aux Palestiniens par les forces israliennes aux postes de contrle. Les restrictions la libert de mouvement empchaient galement les Palestiniens daccder aux soins mdicaux, aux points dapprovisionnement en eau et leurs terres agricoles. Le blocus de la bande de Gaza par larme isralienne entrait dans sa sixime anne, et ses consquences sur les infrastructures de base approvisionnement en eau, assainissement et alimentation lectrique taient toujours graves. Isral continuait de limiter de faon drastique les importations et exportations depuis et vers Gaza, ce qui touffait lconomie et stimulait la contrebande de marchandises; celles-ci taient achemines depuis lgypte par des tunnels dangereux dans lesquels, cette anne encore, des Palestiniens ont trouv la mort. Malgr des restrictions persistantes, plus de personnes que les annes prcdentes ont pu quitter Gaza par le point de passage de Rafah, la frontire avec lgypte. Lautorisation de se rendre en Cisjordanie, en revanche, tait rarement accorde et plus difficile obtenir, mme pour les malades qui avaient besoin de soins en urgence. En septembre, la Haute Cour de justice dIsral a rejet une requte introduite par des femmes de Gaza qui voulaient tudier dans des universits de Cisjordanie, confirmant ainsi la politique consistant sparer Gaza de la Cisjordanie.

dans la zoneC, soit plus de 60% de la Cisjordanie; elle dmolissait rgulirement des habitations palestiniennes. Quelque 604structures, dont un tiers dhabitations et 36citernes deau, ont t dtruites au cours de lanne. De ce fait, quelque 870Palestiniens ont t chasss de chez eux. Au moins 1600autres ont subi les effets des dmolitions. Les colons israliens qui attaquaient des Palestiniens et dtruisaient leurs biens bnficiaient toujours dune impunit quasi totale. LAdministration des domaines dIsral et les municipalits multipliaient les dmolitions dhabitations palestiniennes en Isral, surtout dans les villages non reconnus de la rgion du Neguev. n En Cisjordanie, larme a dmoli plusieurs reprises des logements, des citernes de collecte deau et des abris pour animaux Umm al Kheir et dans dautres villages des collines du sud dHbron; Al Aqaba, Khirbet Tana, Humsa et Hadidiya, entre autres villages, taient menacs de dmolition complte. n Des tentes, entre autres structures, ont t dmontes 13reprises au cours de lanne Al Araqib, un village non reconnu de la rgion du Neguev dj dtruit des dizaines de fois depuis juillet2010.

Impunit
Les autorits se sont abstenues cette anne encore de mener des investigations indpendantes sur les homicides de civils palestiniens par des soldats israliens en Cisjordanie et Gaza, et a fortiori dengager des poursuites contre les responsables prsums. Les auteurs de crimes de guerre commis par les forces israliennes pendant lopration Plomb durci, mene en 2008-2009, bnficiaient toujours de limpunit. Rien nindiquait que des enqutes indpendantes seraient conduites sur les violations perptres dans le cadre du conflit de novembre2012 entre Isral et Gaza. Les enqutes de la police isralienne sur les violences exerces par des colons israliens sur des Palestiniens ne dbouchaient que rarement sur des poursuites. n En mai, les autorits militaires ont class sans suite lenqute ouverte sur la mort de 21membres de la famille Samouni, dont de jeunes enfants, pendant lopration Plomb durci. La famille sabritait dans une maison o des soldats israliens lui avaient ordonn de se rendre; 21personnes avaient t tues la suite semble-t-il de tirs dartillerie. Les autorits ont conclu

Expulsions forces et dmolitions


Larme isralienne continuait de contrler lamnagement, loccupation des sols et la scurit

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que la mort de ces personnes ne rsultait pas dune ngligence des forces israliennes. n En aot, un soldat qui avait abattu deux Palestiniennes qui brandissaient un drapeau blanc pendant lopration Plomb durci a t condamn 45jours demprisonnement pour utilisation illgale darme, en vertu dun accord ngoci avec le tribunal. n Le 28aot, un tribunal de Hafa a exonr les autorits israliennes de responsabilit dans la mort de Rachel Corrie, une militante amricaine qui avait t crase en 2003 alors quelle protestait contre des dmolitions de maisons Rafah, dans la bande de Gaza.

visait un activiste, la cible tant alors dsigne par des noms diffrents. n Le 19novembre, Mohammed Abu Zur, cinq ans, et deux de ses tantes ont t tus dans le bombardement de leur maison par larme isralienne. Plusieurs dizaines dautres personnes ont t blesses.

Dtention sans procs


Plus de 320Palestiniens des territoires occups ont t maintenus en dtention sans inculpation ni jugement en vertu dordres de dtention administrative; leur nombre a considrablement diminu la suite dun mouvement massif de grve de la faim (voir ci-aprs Conditions de dtention). Plusieurs Palestiniens, librs en 2011 dans le cadre dun change de prisonniers, ont t de nouveau arrts sur ordre dune commission militaire et dtenus pendant de longues priodes sans avoir t inculps et sans quils ne recommencent officiellement purger les peines auxquelles ils avaient t prcdemment condamns. n la suite dune grve de la faim de 43jours mene en signe de protestation contre son placement en dtention administrative qui avait dbut en fvrier2012, Hana Shalabi, une Palestinienne de Cisjordanie, a t transfre en avril Gaza, probablement contre son gr, pour une dure dau moins trois ans.

Opration Pilier de dfense


Le 14novembre, les forces israliennes ont lanc une opration militaire de grande ampleur Gaza. Elle a dbut par une frappe arienne qui a caus la mort du chef de la branche militaire du Hamas. Dans les huit jours qui ont suivi et avant quun cessez-le-feu soit conclu sous mdiation gyptienne le 21novembre, plus de 160Palestiniens, dont plus de 30enfants et au moins quelque 70autres civils, ainsi que six Israliens, dont quatre civils, ont t tus. Les deux camps ont commis des crimes de guerre et dautres violations du droit international humanitaire. Laviation isralienne a effectu des bombardements ariens et des tirs de roquettes en direction de zones dhabitation; certaines de ces frappes taient disproportionnes et ont caus de lourdes pertes civiles. Dautres ont dtruit ou endommag des biens civils, des locaux de mdias, des btiments publics et des postes de police. Dans la plupart des cas, Isral na pas fourni la preuve que les sites viss avaient t utiliss des fins militaires. La marine isralienne a procd des tirs dartillerie sans discernement en direction de zones ctires habites. La branche militaire du Hamas et dautres groupes arms palestiniens ont tir des roquettes, entre autres, en direction dIsral, tuant des civils et endommageant des biens civils. n Le 18novembre, 10membres de la famille Al Dalu, dont quatre enfants de moins de huit ans, une adolescente et quatre femmes, ainsi que deux voisins ont t tus dans le bombardement arien de leur maison dans la ville de Gaza. Des porte-parole de larme isralienne ont effectu des dclarations divergentes et non tayes, indiquant dans certains cas que la frappe tait un accident et dans dautres quelle

Conditions de dtention
Le 17avril, quelque 2000prisonniers palestiniens ont entam une grve de la faim pour protester contre leurs conditions de dtention, et notamment le placement lisolement, le maintien en dtention sans inculpation ni jugement et la privation de visites de leur famille. Ils ont cess leur mouvement le 14mai la suite dun accord avec les autorits israliennes, ngoci grce la mdiation de lgypte, aux termes duquel Isral acceptait de mettre fin la dtention lisolement de 19prisonniers et de lever linterdiction de visites pour les prisonniers originaires de Gaza. Deux prisonniers palestiniens restaient maintenus lisolement prolong la fin de lanne; cette mesure continuait dtre utilise pour de courtes priodes titre de chtiment. n Hassan Shuka, un prisonnier administratif dtenu sans inculpation ni jugement depuis le 17septembre 2010, a t autoris recevoir la visite de ses surs, ges de 14 et huit ans, dans la prison de Ketziot, dans

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Amnesty International - Rapport 2013

le sud dIsral; les autorits interdisaient aux autres membres de sa famille de se rendre en Isral.

Torture et autres mauvais traitements


Des prisonniers palestiniens se sont plaints davoir t torturs et maltraits durant leur interrogatoire par des membres de lAgence isralienne de scurit (AIS). Parmi les mthodes signales figuraient lutilisation de chanes et la contention de membres dans des positions douloureuses, limmobilisation dans des postures inconfortables, la privation de sommeil, les menaces et les insultes. Des dtenus se voyaient refuser la possibilit de consulter un avocat pendant leur interrogatoire, qui durait plusieurs jours, voire plusieurs semaines. Ceux qui observaient des grves de la faim prolonges taient rgulirement privs du droit de consulter des mdecins indpendants; ils subissaient des mauvais traitements de la part des agents des services pnitentiaires israliens. Les autorits nont pas ordonn denqute indpendante sur les allgations de torture formules par des dtenus contre des agents des services pnitentiaires israliens, ce qui favorisait un climat dimpunit. Les investigations relevaient de la comptence du contrleur des plaintes dpendant de lAIS, bien que le procureur gnral ait dcid, en novembre2010, de rattacher cette fonction au ministre de la Justice. Une loi exemptant la police et lAIS de lenregistrement des interrogatoires des prisonniers dtenus pour des raisons de scurit (des Palestiniens dans leur quasi-totalit) a t proroge, ce qui favorisait la persistance de limpunit pour les responsables dactes de torture et dautres mauvais traitements. Bien que plus de 700plaintes aient t dposes entre 2001 et 2012, une seule information judiciaire avait t ouverte la fin de lanne. n Entre avril et la fin de lanne, Samer al Barq a men trois grves de la faim pour protester contre son maintien en dtention administrative depuis juillet 2010 et la duret de ses conditions de vie au centre mdical de la prison de Ramleh. Il a t priv des soins mdicaux rendus ncessaires par son tat, et a subi coups et insultes de la part de gardiens de prison. n Dirar Abu Sisi, un ingnieur originaire de Gaza qui, en fvrier 2011, avait t renvoy contre son gr dUkraine en Isral, a entam sa deuxime anne lisolement dans la prison de Shikma, non loin dAshkelon. Les visites lui taient interdites. Selon les

informations recueillies, il tait en mauvaise sant et avait t priv des soins mdicaux dont il avait besoin. Son avocat et ses proches affirmaient quon lavait contraint par la torture avouer avoir conu des roquettes utilises par la branche militaire du Hamas.

Libert dexpression et de runion


de nombreuses reprises des soldats israliens ont tir balles relles sur des manifestants palestiniens dans des zones situes dans le primtre de Gaza. Larme utilisait rgulirement une force excessive contre des protestataires en Cisjordanie. Quatre personnes au moins sont mortes dans de telles circonstances. Des organisations locales de dfense des droits humains ont en outre rapport que des soldats israliens avaient tir des grenades lacrymognes directement sur des manifestants pacifiques, dont certains avaient t grivement blesss. Les autorits ont galement eu recours une force excessive pour disperser des manifestations en Isral. n Un homme, Mahmoud Zaqout, a t tu et de trs nombreux autres manifestants ont t blesss le 30mars, lorsque des soldats israliens ont tir balles relles sur des personnes rassembles loccasion de la Journe de la terre, proximit du point de passage dErez, dans la bande de Gaza. Les forces israliennes ont galement utilis une force excessive pour disperser plusieurs manifestations ce jour-l en Cisjordanie, y compris Jrusalem-Est. n Les forces de scurit ont arrt plus de 100personnes et ont eu recours une force excessive pour disperser plusieurs centaines de protestataires israliens qui staient rassembls Tel-Aviv les 22 et 23juin pour rclamer la baisse des prix du logement et une amlioration du systme de sant et de lducation. n En octobre, le militant Bassem Tamimi a t incarcr pour la deuxime fois de lanne pour avoir particip des manifestations non violentes contre les colonies israliennes. Il a t condamn quatre mois demprisonnement en novembre, lissue dun procs inquitable.

Objecteurs de conscience
Au moins six objecteurs de conscience israliens ont t emprisonns au cours de lanne pour avoir refus deffectuer leur service militaire. Lun deux, Natan Blanc, tait toujours dtenu la fin de lanne.

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n Noam Gur a t arrte le 17avril car elle refusait deffectuer son service militaire. Elle a purg deux peines de 10jours demprisonnement en avril et en mai.

ITALIE
RPUBLIQUE ITALIENNE
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Giorgio Napolitano Mario Monti Les Roms continuaient dtre victimes de discrimination et ont t cette anne encore installs dans des camps sur la base de la sgrgation ethnique, soumis des expulsions forces et laisss la rue. Les droits des rfugis, des demandeurs dasile et des migrants taient rgulirement bafous par les pouvoirs publics. Les initiatives visant incorporer le crime de torture dans la lgislation et crer une institution nationale indpendante de dfense des droits humains navaient toujours pas abouti. Aucune mesure systmique na t prise pour prvenir les atteintes aux droits fondamentaux perptres par la police et faire en sorte que les auteurs de ces actes aient rendre des comptes. Les violences contre les femmes, y compris les meurtres, demeuraient trs rpandues.

Rfugis et demandeurs dasile


Des personnes en qute de protection internationale continuaient de se voir barrer laccs une procdure quitable de dtermination du statut de rfugi, et risquaient dtre arrtes et places en dtention. Des milliers de demandeurs dasile ont t emprisonns aux termes de la loi relative la lutte contre linfiltration, adopte en janvier et entre en vigueur en juin. En violation du droit international relatif aux rfugis, ce texte permettait aux autorits dincarcrer automatiquement les demandeurs dasile et les autres personnes qui entraient clandestinement en Isral pour une dure dau moins trois ans ou, dans certains cas, indfinie. la fin de lanne, les autorits tendaient leurs structures de dtention dans le dsert du Neguev, en vue datteindre une capacit daccueil de plus de 11000personnes; au moins 2400demandeurs dasile taient alors dtenus, beaucoup dentre eux dans des tentes. n Plusieurs centaines de demandeurs dasile ont t expulss vers le Soudan du Sud sans avoir eu accs une procdure individuelle de dtermination du statut de rfugi qui soit quitable, cohrente et transparente.

Discrimination
Les Roms
Les pouvoirs publics ne combattaient pas de manire approprie les violations des droits humains que continuaient de subir les Roms, notamment en matire daccs un logement convenable. Plusieurs centaines de Roms ont t expulss de force, un grand nombre dentre eux se retrouvant la rue. Cette anne encore, des campements autoriss ou tolrs ont t ferms sans que les procdures et garanties juridiques appropries aient t observes. Les autorits nont pas amlior les conditions de vie, particulirement mdiocres dans la plupart des campements autoriss; celles qui prvalaient dans les camps informels taient encore plus dures: laccs leau, aux installations sanitaires et lnergie y tait notamment trs limit. De nombreux Roms demeuraient exclus du logement social par les pouvoirs publics locaux, qui prfraient perptuer la politique de sgrgation ethnique consistant les isoler dans des camps. La Stratgie nationale dintgration des Roms prsente en fvrier na t que trs rarement applique. Le Comit pour llimination de la

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus en Isral et dans
les territoires palestiniens occups en juin-juillet et en novembredcembre. 4 Isral et territoires palestiniens occups. Halte aux dplacements de population. Isral est sur le point dexpulser des bdouins pour tendre ses colonies (MDE15/001/2012). 4 Isral et territoires palestiniens occups. En mal de justice. Des Palestiniens dtenus sans jugement par Isral (MDE15/026/2012). 4 Israel/OPT: Letter to UN Committee against Torture regarding adoption of list of issues by the Committee (MDE15/029/2012). 4 Israel/OPT: International pressure mounts over Gaza blockade (MDE15/033/2012). 4 Israel: Amnesty International urges government to respect the right to freedom of peaceful assembly (MDE15/037/2012).

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Amnesty International - Rapport 2013

discrimination raciale [ONU] et le commissaire aux droits de lhomme du Conseil de lEurope ont de nouveau critiqu, respectivement en mars et en septembre, lincapacit des pouvoirs publics garantir les droits des Roms. Le gouvernement na pas octroy de rparations aux Roms dont les droits avaient t bafous au nom de ltat durgence instaur en 2008 en relation avec la prsence de campements de nomades dans cinq rgions dItalie, qui est rest en vigueur jusqu ce que le Conseil dtat le dclare illgal, en novembre 2011. Au lieu de cela, le gouvernement a fait appel, en fvrier, de la dcision du Conseil dtat, arguant que cette juridiction avait outrepass ses pouvoirs de surveillance. Laffaire tait en instance devant la Cour suprme la fin de lanne. En mai, le Conseil dtat a estim que, dans lattente de la dcision de la Cour suprme, certaines oprations ayant commenc sous ltat durgence pouvaient tre menes terme. n Rome, les autorits ont continu dappliquer le plan nomades, ce qui sest traduit par plusieurs expulsions forces de campements non autoriss, tolrs ou autoriss, et par la rinstallation de nombreux Roms dans des campements bass sur une sgrgation ethnique. Les habitants du camp de Tor de Cenci ont t expulss de force au cours de deux oprations, le 25juillet et le 28septembre, sans vritable consultation pralable et malgr lopposition de plusieurs ONG, de lglise catholique et du gouvernement national. En juin, la municipalit a ouvert un nouveau campement bas sur des critres de sgrgation sur un site isol La Barbuta, prs de laroport de Ciampino. Des ONG ont entam en mars une procdure judiciaire devant la justice civile de Rome pour que linstallation de Roms La Barbuta soit considre comme discriminatoire. Quelque 200habitants du camp de Tor de Cenci ont t transfrs sur ce nouveau site. n En mai, des Roms de la ville de Pescara ont t la cible de menaces et dactes dintimidation et dincitation la violence, caractre raciste, aprs le meurtre dun supporter de football qui aurait t commis par un Rom. Des familles roms ont racont quelles craignaient de sortir de chez elle et demmener leurs enfants lcole. Peu de temps aprs le dbut de ces troubles, le maire de Pescara a tenu des propos discriminatoires sur les Roms et voqu la ncessit de rviser leurs conditions daccs au logement social.

Droits des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres ou intersexues
La Cour suprme a confirm que les couples homosexuels avaient droit une vie de famille y compris, dans certaines circonstances, une galit de traitement avec les couples htrosexuels maris. Cependant, elle a aussi jug quun mariage contract ltranger par un couple homosexuel ntait pas reconnu juridiquement en Italie.

Rfugis, demandeurs dasile et migrants


De nombreux rfugis et demandeurs dasile, y compris des mineurs, continuaient de rencontrer des difficults conomiques et de vivre dans le dnuement. Face cette situation, certaines juridictions de pays de lUnion europenne ont suspendu les renvois vers lItalie en vertu du Rglement Dublin. Bien souvent, les pouvoirs publics nont pas rpondu aux besoins de ces personnes ni protg leurs droits. Les conditions de vie dans les centres de dtention pour migrants en situation irrgulire ne rpondaient pas aux normes internationales. Les garanties juridiques relatives au renvoi de ces migrants dans leur pays dorigine ont t bafoues de nombreuses reprises, selon certaines informations. Souvent exploits, vulnrables aux mauvais traitements, les travailleurs migrants navaient en outre pas facilement accs la justice. Les politiques italiennes en matire dimmigration ne respectaient pas les droits des migrants lemploi, la justice et des conditions de travail justes et favorables. En septembre, le commissaire aux droits de lhomme du Conseil de lEurope a dnonc le traitement rserv aux rfugis, aux demandeurs dasile et aux migrants. Il a notamment critiqu labsence de mesures dintgration des rfugis, la misre dans laquelle ils vivaient, les conditions de dtention dgradantes des migrants en situation irrgulire, et les risques de violations des droits humains dcoulant daccords conclus avec des pays comme lgypte, la Libye et la Tunisie. n En fvrier, la Cour europenne des droits de lhomme a conclu que lItalie, en refoulant des migrants et des demandeurs dasile africains en haute mer, avait viol lobligation internationale relative aux droits humains qui tait la sienne de ne pas renvoyer des personnes

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dans des pays o elles risquaient dtre victimes de violations de leurs droits. Dans laffaire Hirsi Jamaa et autres c.Italie, la Cour sest penche sur le sort subi par 24rythrens et Somaliens qui faisaient partie dun groupe de plus de 200personnes interceptes en mer par les autorits italiennes en 2009, et renvoyes de force en Libye. Le Conseil de lEurope a entam en septembre une procdure pour examiner ltat davancement de lexcution de larrt par lItalie. Le 3avril, lItalie a sign avec la Libye un nouvel accord relatif au contrle des migrations. Les pouvoirs publics italiens voulaient sappuyer sur la Libye pour endiguer les flux migratoires, mais fermaient les yeux sur le risque de graves atteintes aux droits fondamentaux que couraient les rfugis, les demandeurs dasile et les migrants dans ce pays. La Libye sest engage renforcer les contrles ses frontires pour empcher les migrants de quitter son territoire, tandis que lItalie devait organiser des formations et fournir du matriel pour amliorer ces contrles. Laccord nincluait pas de garantie effective en matire de droits humains et ne prenait pas en considration les besoins de protection internationale des migrants.

divulguer toutes les informations ncessaires concernant tous les avions suspects lis aux programmes de restitution et de dtention secrte de la CIA; de mener des enqutes effectives sur le rle jou par les gouvernements dans les oprations de la CIA; et de respecter le droit daccs aux informations et de fournir une rponse adquate aux demandes daccs des informations.

Torture et autres mauvais traitements


Le Parlement a approuv en octobre la ratification du Protocole facultatif la Convention contre la torture [ONU], mais na pas inscrit le crime de torture dans son Code pnal, comme lexige la Convention. Aucune mesure systmique na t prise pour prvenir les violations des droits fondamentaux de la part de la police ni pour faire en sorte que les auteurs de ces actes aient rendre des comptes. Dans de nombreuses prisons et dautres centres de dtention, les conditions de vie et le traitement des dtenus taient inhumains et violaient les droits des dtenus, en particulier le droit la sant. Dans un rapport sur les prisons et les centres de dtention pour migrants publi en avril, le Snat a fait tat de graves problmes de surpopulation et de cas de non-respect de la dignit humaine et dautres obligations internationales.

Lutte contre le terrorisme et scurit


Le 19septembre, la Cour suprme a confirm la dclaration de culpabilit prononce en appel de 22agents de la CIA, un grad des forces armes amricaines et deux agents des services secrets italiens, accuss davoir enlev Oussama Mostafa Hassan Nasr (alias Abou Omar) Milan en fvrier 2003. Cet homme avait ensuite t transfr par la CIA en gypte, o il aurait t tortur. Les ressortissants des tats-Unis ont tous t jugs par contumace. La Cour suprme a en outre ordonn que soient rejugs deux membres de la direction des services italiens du renseignement ainsi que trois autres hauts responsables de ces services, pour leur implication dans lenlvement. Les poursuites engages leur encontre avaient t abandonnes sur dcision de la cour dappel de Milan en dcembre 2010, le gouvernement ayant dclar que des lments cls, classs secret dtat, ne pouvaient pas tre divulgus. La cour de Milan devait revoir la porte et les limites du secret dtat, dans le but de la tenue dun nouveau procs. Le Parlement de lUnion europenne a demand en septembre lItalie et dautres tats membres de

Procs du G8 Gnes
Le 5juillet, la Cour suprme a confirm les 25dclarations de culpabilit prononces en appel contre les fonctionnaires de haut rang et les policiers responsables de tortures et autres mauvais traitements infligs des manifestants le 21juillet 2001. Coupables davoir falsifi des mandats darrt, des hauts responsables ont t condamns des peines allant trois ans et huit mois cinq ans demprisonnement. Aucun des accuss na toutefois t incarcr, du fait de lapplication dune loi destine rduire la population carcrale et prvoyant une rduction de trois ans des peines. Tous ont cependant t suspendus de leurs fonctions pendant cinq ans. Les condamnations pour lsions corporelles graves prononces en appel contre neuf agents taient caduques, le dlai de prescription stant coul avant que la Cour suprme ne statue sur les appels. Cela signifiait aussi que les neuf intresss ne seraient pas suspendus de leurs fonctions. Tous les policiers dclars coupables, y compris ceux dont les infractions taient prescrites, devaient faire lobjet de procdures disciplinaires.

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Homicides illgaux
Dans plusieurs cas de mort en dtention, les policiers et les gardiens de prison nont pas eu rpondre de leurs actes car lenqute sest montre dfaillante. Les forces de police municipale se voyaient attribuer des armes feu sans que soient appliques les garanties ncessaires, et en faisaient un usage non conforme au droit international. n Le 13fvrier, Marcelo Valentino Gmez Corts, un Chilien g de 28ans, a t abattu par un agent de la police municipale de Milan alors quil ntait pas arm. Le policier a t dclar coupable dhomicide et condamn 10ans demprisonnement en octobre. Il sest pourvu en appel. Ce fonctionnaire a t affect des tches administratives aprs les vnements, et son permis de port darme lui a t retir. n En mars, un agent de ladministration pnitentiaire a t reconnu coupable de falsification de documents et de non-assistance personne en danger, la suite de la mort dAldo Bianzino la prison de Prouse en 2007, deux jours aprs son arrestation. Il a t condamn 18mois demprisonnement avec sursis. Le procs a fait apparatre des carences dans lenqute initiale mene sur les circonstances de la mort dAldo Bianzino. La famille de la victime continuait de demander la rouverture du dossier. n En avril, un tribunal de premire instance a acquitt un mdecin accus dhomicide involontaire pour avoir prescrit un traitement contre-indiqu Giuseppe Uva, un homme mort peu de temps aprs son interpellation par la police, en 2008 Varse. Le juge a ordonn louverture dune nouvelle enqute, axe sur les vnements survenus entre linterpellation de Giuseppe Uva et son arrive lhpital. Une expertise mdicolgale ralise en dcembre 2011 avait rvl que la victime avait peut-tre t viole et maltraite.

dune loi relative la lutte contre les violences faites aux femmes; et la modification de la dfinition de linfraction dimmigration illgale dans la loi afin que les migrantes en situation irrgulire aient accs la justice.

volutions lgislatives, constitutionnelles ou institutionnelles


Le Parlement a adopt en dcembre une loi qui aurait d tre vote depuis longtemps, pour mettre la lgislation nationale en conformit avec le Statut de Rome de la Cour pnale internationale (CPI), ratifi par lItalie en 1999. Des mesures visant rglementer la coopration judiciaire avec la CPI ont t introduites. Toujours en dcembre, une commission parlementaire charge dexaminer un projet de loi portant cration dune institution nationale des droits humains a conclu que, en raison de lapproche dlections lgislatives, il tait impossible de voter ce texte pendant la session en cours. Celui-ci avait dj fait lobjet de longs dbats au Snat. LItalie a de nombreuses reprises t critique par des organismes internationaux, dont le Haut-Commissariat aux droits de lhomme [ONU], sur le point de labsence dinstitution nationale des droits humains conforme aux normes internationales.

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus en Italie en mars,
avril, juin, septembre, novembre et dcembre. 4 Europe. S.O.S. Europe. Les droits humains et le contrle de limmigration (EUR01/013/2012). 4 Italy: Briefing to the UN Committee on the Elimination of Racial Discrimination: 80th session (EUR30/001/2012). 4 Italie. En marge. Les Roms, victimes dexpulsions forces et de sgrgation en Italie (EUR30/010/2012). 4 Italy: Exploited labour: Migrant workers in Italys agricultural sector (EUR30/020/2012).

Violences faites aux femmes et aux filles


La violence contre les femmes restait un phnomne trs courant. Cent vingt-deuxhomicides ont t enregistrs en 2012, un chiffre peut-tre en de de la ralit. La rapporteuse spciale des Nations unies sur la violence contre les femmes a fait observer en juin que, malgr des amliorations lgislatives et dorientation, le nombre dhomicides navait pas diminu. Elle a recommand, entre autres, la cration dune institution nationale indpendante de dfense des droits humains qui soit dote dun dpartement se consacrant aux droits des femmes; ladoption

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JAMAQUE
JAMAQUE
Chef de ltat: Elizabeth II, reprsente par Patrick Linton Allen Chef du gouvernement: Andrew Holness, remplac par Portia Simpson Miller le 5janvier Les meurtres commis dans le cadre de rglements de comptes entre bandes et les homicides imputables la police taient toujours aussi frquents dans les centres urbains. Lenqute sur les violations des droits humains qui auraient t perptres en 2010, sous couvert de ltat durgence, navait gure progress. Les agressions et les actes de harclement contre les lesbiennes, les gays et les personnes bisexuelles, transgenres ou intersexues (LGBTI) se seraient multiplies. Aucune condamnation mort na t prononce et la Jamaque na procd aucune excution.

Contexte
J
Un nouveau gouvernement est entr en fonction en janvier. Dans son discours dinvestiture, la Premire ministre sest engage mettre en marche la procdure devant permettre la Jamaque daccder au statut de rpublique. Le gouvernement a soumis en juillet la Chambre des reprsentants trois projets de loi visant remplacer le Comit judiciaire du Conseil priv qui sige au Royaume-Uni par la Cour de justice des Carabes comme plus haute juridiction du pays. Les dbats ont cependant tourn court, lopposition exigeant quune telle dcision soit soumise rfrendum. La violence des bandes armes, essentiellement dans les quartiers pauvres des villes, demeurait un motif de proccupation; on a signal cette anne 1087homicides. Plusieurs agressions en bande ont galement t enregistres. Le premier volet de la nouvelle politique nationale de scurit a t publi au mois davril.

Face au toll suscit par une srie de 21homicides perptrs par la police en lespace de six jours, dbut mars, le ministre de la Scurit nationale a annonc que les directives relatives au recours la force par la police allaient tre revues et que le gouvernement tiendrait le directeur de la police et son haut commandement responsables de la rduction du nombre de cas dusage mortel darmes feu par des policiers. Aucune prcision navait cependant t fournie la fin de lanne sur la manire dont les pouvoirs publics entendaient parvenir cet objectif. En juillet, trois soldats ont t inculps du meurtre de Keith Clarke, tu son domicile pendant la premire semaine de ltat durgence instaur en 2010. Malgr ses promesses rptes, le Bureau du mdiateur na pas soumis au Parlement le rapport de son enqute sur les violations des droits humains, et notamment sur les homicides illgaux, qui auraient t commises pendant ltat durgence. Or, le gouvernement a dclar que la cration dune commission denqute indpendante sur les vnements survenus pendant cette priode dpendait des conclusions des investigations du Bureau du mdiateur. Dans son rapport prsent en juin au Parlement, la Commission denqute indpendante mise en place en aot2010 pour faire la lumire sur les abus prsums des forces de scurit (lINDECOM) expliquait que le travail des enquteurs se heurtait lesprit de corps qui soudait les membres des forces de scurit (masqus et cagouls lors des interventions) et aux dlais considrables constats pour obtenir des lments mdicolgaux. la suite de plusieurs recours judiciaires introduits par la police contre lINDECOM, une rvision de la lgislation a t entame avec pour objectif de clarifier les pouvoirs et le mandat de la Commission. Le ministre de la Scurit nationale a annonc en octobre que le gouvernement avait lintention de dissoudre la commission charge de veiller la mise en uvre de la rforme de la police. Les organisations de la socit civile ont dplor cette dcision.

Police et forces de scurit


Bien quil ait baiss en 2012 par rapport 2011, le nombre de personnes tues par la police restait proccupant. Plusieurs personnes ont trouv la mort dans des circonstances controverses.

Justice
Dimportants retards taient toujours signals dans ladministration de la justice. Lincapacit des pouvoirs publics lutter contre labsentisme des tmoins aux audiences et la difficult de trouver des citoyens prts siger au sein dun jury figuraient au

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nombre des principaux problmes. Les dbats se sont poursuivis au Parlement concernant le projet de loi sur la procdure dinstruction, qui prvoyait notamment dacclrer cette dernire en supprimant lenqute prliminaire.

Droits des enfants


Selon plusieurs organisations jamacaines de dfense des droits humains, la police continuait de placer en dtention dans ses locaux des mineurs de sexe masculin, bien souvent sans mme les sparer des dtenus adultes. La cration dun centre de dtention provisoire rserv aux jeunes filles ntait toujours pas prvue. La ministre de la Jeunesse a dclar en septembre quune proposition destine tre soumise au Conseil des ministres allait tre rdige dans un dlai dun mois, pour recommander que les mineurs dlinquants placs en dtention provisoire ou en attente de comparution soient accueillis dans des locaux distincts de ceux des adultes. Aucune information concernant les suites de cette annonce ntait disponible la fin de lanne.

Pendant la campagne lectorale de dcembre 2011, Portia Simpson Miller avait dclar que nul ne devait tre victime de discriminations en raison de son orientation sexuelle. Pourtant, une fois en place, son gouvernement na rien fait pour abroger les lois discriminatoires en vigueur. Une deuxime requte a t dpose auprs de la Commission interamricaine des droits de lhomme afin de contester certains articles de la Loi relative aux crimes et aux dlits contre les personnes (communment appele loi sur la sodomie), au motif quils taient contraires la Constitution et encourageaient lhomophobie.

Peine de mort
Aucune condamnation mort na t prononce. la fin de lanne, 17personnes taient sous le coup dune sentence capitale.

Visites et documents dAmnesty International


4 Jamaque. Une anne de plus sans justice (AMR38/002/2012). 4 Il faut que la Jamaque ragisse une vague choquante dhomicides commis par la police (PRE01/123/2012).

Violences faites aux femmes et aux filles


Les violences sexuelles faites aux femmes et aux filles constituaient toujours un motif de proccupation. Le 27septembre, lissue dune rencontre avec un certain nombre de reprsentants de diffrents ministres et de la socit civile, le cabinet de la Premire ministre sest engag prsenter un plan daction pour lutter contre les violences faites aux femmes. Entre autres recommandations mises en juillet, le Comit pour llimination de la discrimination lgard des femmes [ONU] a demand au gouvernement jamacain daugmenter les moyens du Bureau des affaires fminines, de recueillir et de compiler des donnes exhaustives sur les violences faites aux femmes et de renforcer les programmes dassistance et de soutien aux victimes.

JAPON
JAPON
Chef de ltat: Akihito Chef du gouvernement: Yoshihiko Noda, remplac par Shinzo Abe le 26dcembre Des brutalits policires et des irrgularits dans les mthodes dinterrogatoire de la police taient observes au sein du systme de justice pnale. Les autorits ont continu de rejeter les appels la justice pour les rescapes du systme desclavage sexuel instaur par larme japonaise. Aprs une trve de 20mois, le Japon a repris les excutions. Le nombre de personnes obtenant le statut de rfugi restait extrmement faible.

Droits des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres ou intersexues (LGBTI)
Les organisations LGBTI ont signal une recrudescence des agressions, des actes de harclement et des menaces. Trs souvent, ces actes ne donnaient pas lieu une enqute approfondie et mene dans les meilleurs dlais.

Contexte
Le Parti libral-dmocrate, dirig par Shinzo Abe, a remport les lections lgislatives du 16dcembre.

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Bien que signataire du Statut de Rome de la Cour pnale internationale depuis 2007, le Japon navait toujours pas honor, fin 2012, ses obligations ce titre. Victimes du sisme qui a touch la rgion du Thoku, dans lest du pays, en 2011, environ 160000personnes vivaient encore dans des logements provisoires ou hors de la prfecture de Fukushima. En octobre, Greenpeace a dclar que plusieurs stations publiques de surveillance de la radioactivit installes dans la zone publiaient des niveaux infrieurs la ralit, et quelles effectuaient notamment des mesures dans des zones dcontamines. Des manifestations contre le redmarrage des centrales nuclaires ont rassembl des dizaines de milliers de personnes, et se sont poursuivies durant plusieurs mois dans tout le pays.

Peine de mort
Sept personnes ont t excutes, dont une femme, la premire depuis plus de 15ans. Les prisons japonaises comptaient 133condamns mort. Le groupe de travail sur la question de la peine de mort mis sur pied en juillet 2010 au sein du ministre de la Justice par lancienne ministre Keiko Chiba a t dissous en mars par le ministre Toshio Ogawa, sans quaucune recommandation claire nait t formule. n Junya Hattori a t excut le 3aot. Le tribunal de district de Shizuoka lavait condamn une peine de rclusion perptuit, que la haute cour de Tokyo avait commue en peine capitale aprs appel du parquet. Cette dernire condamnation avait t confirme par la Cour suprme en fvrier 2008.

Demandeurs dasile et rfugis


Plus de 2000demandes dasile ont t dposes, contre 1867 en 2011, mais peu de candidats ont obtenu le statut de rfugi cette anne encore. La majorit des dossiers concernaient des personnes originaires du Myanmar. En mars, le projet pilote lanc par le Japon en 2010 pour accueillir sur son sol 30rfugis du Myanmar dont le dossier tait instruit en Thalande a t reconduit pour deux nouvelles annes. Trois familles ayant retir leur demande, personne na t pris en charge par ce programme de rinstallation en 2012.

Justice
Le systme des daiyo kangoku, qui permet la police de garder des suspects en dtention jusqu 23jours daffile, continuait de faciliter le recours la torture et dautres mauvais traitements pour extorquer des aveux pendant les interrogatoires. Le comit spcial du Conseil lgislatif du ministre de la Justice a poursuivi sa rflexion sur les rformes possibles de la justice pnale. n Aprs avoir pass 15annes en prison, Govinda Prasad Mainali, un ressortissant npalais qui avait t accus de meurtre, a t acquitt le 7novembre. Pendant sa dtention au titre du systme des daiyo kangoku, il avait t maltrait et stait vu refuser le droit de consulter un avocat. En juillet 2011, le parquet avait transmis des lments de preuve qui ont ensuite permis dtablir son innocence.

JORDANIE
ROYAUME HACHMITE DE JORDANIE
Chef de ltat: Abdallah II Chef du gouvernement: Awn al Khasawneh, remplac par Fayez Tarawneh le 2 mai, remplac son tour par Abdullah Ensour le 11 octobre Les forces de scurit ont utilis une force excessive et arrt plusieurs centaines de manifestants, y compris des manifestants pacifiques, qui rclamaient des rformes. Les autorits limitaient toujours svrement la libert dexpression, dassociation et de runion; elles ont impos de nouvelles restrictions aux mdias lectroniques. Des informations ont fait tat dactes de torture et de mauvais traitements infligs des prisonniers. Les

Violences faites aux femmes et aux filles


En octobre, lors de lExamen priodique universel [ONU] de la situation au Japon en matire de droits humains, des reprsentants de ltat ont fait valoir que les anciennes femmes de rconfort avaient dj obtenu rparation par le biais du Trait de paix de San Francisco et dautres accords et traits bilatraux. Le 4novembre, Shinzo Abe, alors chef de lopposition, a fait partie des signataires dun texte paru dans la presse amricaine et affirmant que larme impriale japonaise navait pas rduit de femmes en esclavage sexuel au cours de la Seconde Guerre mondiale.

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procs devant la Cour de sret de ltat ne respectaient toujours pas les normes dquit. Des centaines, et peut-tre des milliers, de personnes souponnes davoir commis des crimes taient maintenues en dtention sans inculpation ni jugement et pour une dure indtermine. Les femmes subissaient des discriminations et des violences; 10 au moins auraient t victimes de crimes dhonneur. Des employs de maison trangers ont t exploits et maltraits. Selon certaines informations, des rfugis ont t renvoys de force en Syrie. Seize personnes au moins ont t condamnes mort. Aucune excution na eu lieu.

Contexte
Les mouvements de protestation contre la lenteur des rformes politiques et la situation conomique, notamment la rduction des subventions sur le carburant, se sont poursuivis tout au long de lanne. Le mouvement a dgnr en violences en novembre; un homme a t tu Irbid dans des circonstances controverses et deux policiers sont morts des suites de blessures par balle reues lors de troubles Karak et Amman. Le roi a tent de calmer la dissidence en nommant un nouveau Premier ministre en mai; en octobre, il a dissous le Parlement et chang de nouveau le Premier ministre. Des lections taient programmes pour janvier2013, aux termes dune loi lectorale approuve en juillet par un dcret royal. Des membres de lopposition ont affirm que les candidats partisans du gouvernement conservaient un avantage injuste. Des milliers de personnes fuyant le conflit en Syrie se sont rfugies en Jordanie, ce qui a aggrav la pression sur les ressources. En novembre, un tribunal britannique a empch le gouvernement du Royaume-Uni dextrader Abou Qatada vers la Jordanie, en faisant valoir que cet homme risquait de ne pas bnficier dun procs quitable dans son pays (Voir Royaume-Uni).

gouvernement a modifi la Loi relative la presse et aux publications, introduisant des restrictions supplmentaires sur les mdias lectroniques: les autorits avaient dsormais le pouvoir de fermer ou de bloquer des sites Internet. n Six membres du Free Tafileh Movement, une organisation qui milite en faveur de rformes, ont t arrts en mars et sont rests dtenus pendant plus dun mois pour avoir insult le roi, entre autres infractions lies une manifestation violente qui stait droule Tafila et laquelle ils navaient semble-t-il pas particip. Majdi Qableen, lun des hommes interpells, a t interrog par des membres du Dpartement des renseignements gnraux (DRG), qui lauraient battu aprs lui avoir band les yeux et attach les pieds. Au moins deux autres membres du Free Tafileh Movement ont t frapps en dtention. Ils ont t remis en libert en avril sans avoir t inculps. n Ola Saif a t arrte en novembre Amman au cours dune manifestation pacifique contre la politique conomique. Cette femme affirme avoir t frappe dans les locaux de la Direction centrale de la scurit publique (DSP), Amman, et prive de tout contact avec ses proches ou avec un avocat. Inculpe de tentative de renversement du systme politique, elle a t remise en libert le 5dcembre.

Torture et autres mauvais traitements


Des informations ont fait tat dactes de torture et dautres mauvais traitements infligs des individus souponns de reprsenter une menace pour la scurit ainsi qu des personnes arrtes la suite de manifestations en faveur de rformes et qui, dans certains cas, taient maintenues en dtention prolonge au secret. n Onze hommes arrts le 21octobre car on les souponnait de prparer des attaques violentes Amman ont t maintenus au secret de manire quasi continue pendant plus de deux mois dans les locaux du DRG dans la capitale, sans tre autoriss rencontrer leur famille ni un avocat. La plupart dentre eux ont affirm quils avaient t contraints de passer des aveux sous la torture. n Rami al Sehwal aurait t dshabill, ligot et battu pendant plus de deux jours par des policiers et des agents du DRG qui entendaient lui donner, ainsi qu 12autres hommes interpells lors dune manifestation pacifique Amman le 30mars, une leon. Ces 13hommes ont t remis en libert sans inculpation.

Libert dexpression, dassociation et de runion


Les forces de scurit ont arrt des centaines de manifestants, y compris des manifestants pacifiques, qui rclamaient des rformes politiques, entre autres; beaucoup ont t battus au moment de leur interpellation ou en dtention. En septembre, le

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Procs inquitables
Cette anne encore, des civils accuss dinfractions lies la scurit ont comparu devant la Cour de sret de ltat dans le cadre de procs qui ntaient pas conformes aux normes dquit internationalement reconnues. Inculpes aux termes darticles du Code pnal rigeant la dissidence pacifique en infraction, plusieurs centaines de personnes, dont neuf enfants, ont t dfres devant cette juridiction. n Uday Abu Isa a t condamn en janvier deux ans demprisonnement par la Cour de sret de ltat pour avoir brl un portrait du roi au cours dune manifestation. Ce prisonnier dopinion a t dtenu pendant sept semaines avant dtre largi la faveur dune grce accorde par le roi. Il sest plaint davoir t battu par des policiers aprs son interpellation.

relations familiales. Le Premier ministre a dclar, en novembre, que le gouvernement allait prendre en compte la question des rserves.

Droits des migrants les employs de maison


Selon certaines sources, des employs de maison, essentiellement des femmes, taient enferms au domicile de leur employeur, privs de leur salaire et dpouills de leur passeport. Certains subissaient des mauvais traitements psychologiques ou physiques, y compris des violences sexuelles, de la part de leur employeur. En mars, le Comit pour llimination de la discrimination raciale [ONU] a exhort le gouvernement faire en sorte que toutes les personnes employes en Jordanie, y compris les domestiques migrants, exercent leurs droits lis au travail, quelle que soit leur origine nationale ou ethnique.

Dtention sans procs


Cette anne encore, plusieurs centaines, voire plusieurs milliers, de personnes ont t maintenues en dtention prolonge sans inculpation ni jugement en vertu de la Loi de 1954 relative la prvention de la criminalit. Ce texte autorise les gouverneurs de province ordonner le maintien en dtention, sans inculpation et pour une dure indtermine, de quiconque est souponn davoir commis un crime ou est considr comme reprsentant un danger pour la socit.

Rfugis et demandeurs dasile


Des milliers de personnes qui fuyaient le conflit en Syrie se sont rfugies en Jordanie. En dcembre, le bureau du Haut-Commissariat des Nations unies pour les rfugis (HCR) a dclar que 163088Syriens taient enregistrs ou en cours denregistrement auprs de ses services; le nombre total de rfugis prsents sur le territoire tait probablement plus lev. Selon certaines informations, des rfugis palestiniens et syriens ont t renvoys en Syrie contre leur gr. Le 31aot, le ministre jordanien des Affaires trangres a annonc que 200Syriens environ avaient t expulss du camp de rfugis de Zaatari et ramens la frontire syrienne pour participation une meute et incitation la violence.

Violences et discrimination lgard des femmes


Les femmes taient victimes de discrimination dans la lgislation et dans la pratique; elles ntaient pas suffisamment protges contre les violences lies au genre. Dix femmes au moins auraient t tues par des parents proches de sexe masculin au nom de lhonneur de leur famille. Le Comit pour llimination de la discrimination lgard des femmes et la rapporteuse spciale sur la violence contre les femmes [ONU] ont recommand au gouvernement de rviser la Loi relative la citoyennet et la nationalit afin que les Jordaniennes puissent transmettre leur nationalit leurs enfants et leur conjoint, comme les Jordaniens peuvent le faire. Ils lont galement appel lever les rserves formules aux articles9 et 16 de la Convention sur les femmes [ONU] relatifs la nationalit et la discrimination dans le cadre des

Peine de mort
Seize personnes au moins ont t condamnes mort; au moins cinq peines capitales ont t commues. Aucune excution na eu lieu. La Jordanie navait procd aucune excution depuis 2006.

Visites et documents dAmnesty International


v Amnesty International sest rendue en Jordanie en fvrier et en juillet
pour effectuer des recherches sur la situation des droits humains en Syrie.

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4 Jordanie. La dcision de librer deux dtracteurs du gouvernement est considre comme un premier pas positif (MDE16/001/2012). 4 Jordanie. Il faut librer les six militants rformistes qui font lobjet dune enqute pour avoir insult le roi (MDE16/002/2012). 4 Jordan: Arbitrary arrests, torture and other ill-treatment and lack of adequate medical care of detained protestors (MDE16/003/2012). 4 Jordanie: larrestation de 20militants favorables aux rformes annonce un tour de vis contre la libert dexpression (PRE01/489/2012).

KAZAKHSTAN
RPUBLIQUE DU KAZAKHSTAN
Chef de ltat: Noursoultan Nazarbaev Chef du gouvernement: Karim Massimov, remplac par Serik Akhmetov le 24septembre lissue dune enqute judiciaire sur lemploi, par des agents des forces de scurit, de mthodes ayant entran la mort lors des troubles de Janaozen en dcembre 2011, des poursuites ont t engages contre cinq fonctionnaires. Un certain nombre de personnes accuses davoir organis ces vnements ou dy avoir particip ont t traduites en justice en mars. La plupart dentre elles affirmaient avoir t contraintes sous la torture de faire des aveux. Le dirigeant dun parti dopposition non reconnu par les autorits, accus davoir particip aux violences de Janaozen, a t condamn une lourde peine demprisonnement lissue un procs non quitable. Des organes de presse indpendants ont t qualifis dextrmistes et ont t ferms. Cette anne encore, des personnes ont t extrades alors quelles risquaient dtre tortures et, plus gnralement, maltraites leur arrive dans le pays demandeur.

violents affrontements avaient clat entre manifestants et policiers loccasion de la clbration du 20e anniversaire de lindpendance du Kazakhstan. Au moins 15personnes avaient t tues et plus de 100grivement blesses. Selon certaines informations, les forces de scurit navaient pas t formes pour contenir manifestants et grvistes par des mthodes non violentes et proportionnes, alors que les autorits taient confrontes depuis des mois un mouvement de grve et de contestation men par les travailleurs du secteur ptrolier, leurs familles et leurs sympathisants. En rponse aux appels lancs en faveur de louverture dautres enqutes prenant en compte toutes les personnes tues ou blesses, y compris celles qui navaient pas t comptabilises officiellement, afin dtablir le bilan rel des violences et de traduire en justice tous les responsables, les services du procureur gnral ont fait savoir en octobre que tous les lments disponibles avaient t attentivement examins par lantenne rgionale du ministre de lIntrieur, et que rien ne justifiait linculpation dautres membres des forces de scurit. n Cinq grads des forces de scurit de la rgion de Manguistaou et de la ville de Janaozen ont t inculps fin janvier dabus de pouvoir, pour usage injustifi darmes feu. Selon les services du procureur gnral, certains dentre eux auraient t identifis grce des images vidos. Ils ont t condamns en mai des peines allant de cinq sept ans demprisonnement. Plusieurs policiers appels tmoigner lors du procs ont confirm quils avaient eux-mmes tir directement sur des manifestants. Ils nont pourtant pas t inculps.

Torture et autres mauvais traitements


Trente-sept personnes accuses davoir organis les violences de Janaozen ou dy avoir particip ont t traduites en justice au mois de mars Aktaou, le chef-lieu de rgion. La plupart dentre elles ont dclar avoir t tortures ou, plus gnralement, maltraites en dtention par des agents des forces de scurit qui cherchaient ainsi les faire passer aux aveux. Elles se sont rtractes pendant le procs. Les mthodes de torture dcrites par les prvenus correspondaient celles quavaient dnonces en dcembre 2011 nombre de personnes interpelles puis libres. Ces tmoignages faisaient tat de dtention dans des centres non officiels ou dans les

Utilisation excessive de la force


Lenqute mene sur le recours des mthodes meurtrires par les forces de scurit lors des vnements survenus Janaozen a dbouch en janvier 2012 sur linculpation de cinq grads pour abus de pouvoir. Le nombre de morts et de blesss graves par balle indiquait toutefois quils taient loin dtre les seuls membres des forces de scurit avoir fait usage darmes feu. Le 16dcembre 2011, Janaozen, une ville du sud-ouest du pays, de

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sous-sols de postes de police, et de dtenus dshabills, contraints sallonger ou saccroupir sur le sol de bton froid, aspergs deau glace, et frapps, y compris coups de pied, par des agents des forces de scurit, souvent jusqu en perdre connaissance. Ceux qui svanouissaient taient ranims leau froide, puis de nouveau battus, intervalles rguliers. Ces traitements rptitifs pouvaient durer des heures. Dix des tmoins de laccusation se sont rtracts lors des audiences, affirmant avoir eux-mmes t contraints sous la torture ou divers mauvais traitements de tmoigner contre les prvenus. Certains des prvenus ont identifi les policiers et autres agents des services de scurit qui les avaient torturs ou maltraits. Les membres des forces de scurit accuss par les prvenus et leurs avocats davoir ouvert le feu sur les manifestants et de les avoir maltraits en dtention ont tmoign en tant que victimes ou tmoins, certains anonymement. Tous ont plaid la lgitime dfense. Lorsquon leur a demand qui leur avait ordonn douvrir le feu, certains ont rpondu quils navaient pas reu cet ordre mais quon ne les avait pas non plus enjoints de ne pas tirer. Les services du procureur gnral se sont penchs sur les allgations de torture la demande du prsident le tribunal, pour finalement les rejeter. Sept des accuss ont t condamns des peines allant jusqu sept ans demprisonnement. n La militante du droit du travail Roza Touletaeva, qui avait t lun des principaux contacts de la presse et des organisations internationales pendant la grve des travailleurs du secteur ptrolier, en 2011, a dclar lors du procs que les agents des services de scurit qui avaient men son interrogatoire lavaient suspendue par les cheveux, avaient menac de sen prendre sa fille, ge de 14ans, lui avaient mis un sac en plastique sur la tte pour lempcher de respirer, et lavaient soumise des humiliations et des svices sexuels. Elle a dclar quelle avait trop honte pour pouvoir dcrire devant la cour les actes de torture sexuelle quelle avait subis, en raison de la prsence de sa famille et damis dans le public. Elle a t condamne sept ans demprisonnement pour incitation la discorde sociale.

Procs inquitables
Outre les 37personnes arrtes Janaozen en dcembre 2011 et juges en mars 2012, trois

militants dopposition rsidant Almaty ont galement t interpells en janvier 2012 pour leur rle prsum dans les troubles ainsi que, en juin, le directeur dun thtre de renom et un militant dun mouvement de jeunesse. Ces cinq personnes ont t inculpes dincitation la discorde sociale et de dstabilisation de la situation dans la rgion. Trois dentre elles ont t remises en libert conditionnelle, aprs avoir pass plusieurs semaines de dtention dans les locaux du Service de scurit nationale et accept de signer des aveux, dans lesquels elles reconnaissaient stre rendues Janaozen pour soutenir les ouvriers en grve. Dfavorables aux personnes inculpes dans le cadre de laffaire de Janaozen, certaines dclarations faites par de hauts responsables dans les mdias dtat compromettaient toute chance pour ces personnes dtre juges quitablement. De nombreuses atteintes la procdure ont en outre t constates (accs limit aux avocats et aux familles, par exemple). Les avocats reprsentant les militants dtenus par le Service de scurit nationale ont d signer des engagements de confidentialit qui leur interdisaient de divulguer la moindre information sur la procdure en cours contre leurs clients. n Vladimir Kozlov, dirigeant du parti dopposition Alga, non reconnu officiellement, a t arrt le 23janvier son domicile dAlmaty par des agents du Service de scurit nationale. Il tait accus dincitation la discorde sociale. Son domicile a t perquisitionn, ainsi que les bureaux dAlga Almaty et les maisons ou appartements de plusieurs autres membres de cette formation. Vladimir Kozlov stait rendu Janaozen en janvier, en tant que membre dun groupe dobservation public indpendant qui avait pour mission denquter sur les allgations de torture et dautres mauvais traitements en garde vue, et qui avait ensuite fait part de ses conclusions au Parlement europen. Il a t plac en dtention dans les locaux du Service de scurit nationale dAktaou, et navait quun accs limit ses avocats et sa famille. Le 8octobre, il a t dclar coupable par le tribunal municipal dAktaou dincitation la discorde sociale et de tentative de renversement de lordre constitutionnel. Il a t condamn sept ans et demi demprisonnement et la confiscation de ses biens. Amnesty International le considrait comme un prisonnier dopinion. Les observateurs indpendants qui ont pu assister son

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procs ont dclar que la prsomption dinnocence navait pas t respecte et que les preuves charge ne permettaient pas de conclure sa culpabilit. Dans son jugement, le tribunal qualifiait en outre dextrmistes politiques incitant la haine sociale plusieurs organes de presse de lopposition qui avaient couvert les grves de 2011 et les enqutes menes sur les violences de Janaozen. Le jugement de premire instance a t confirm le 19novembre par la cour dappel, Aktaou. n Contre toute attente, la prisonnire dopinion Natalia Sokolova, qui avait assur le rle de reprsentante juridique des travailleurs de la compagnie Kazmunaigas en grve Janaozen, a t remise en libert en mars, la suite dun recours introduit en sa faveur auprs de la Cour suprme par les services du procureur gnral. Elle avait t condamne en aot 2011 par le tribunal municipal dAktaou six annes demprisonnement, pour incitation la discorde sociale.

Rfugis et demandeurs dasile


Au mpris dune dcision du Comit contre la torture [ONU] et des obligations contractes par le Kazakhstan au titre du droit international relatif aux droits humains et aux rfugis, les autorits kazakhes ont continu de placer en dtention des personnes avec lintention de les extrader vers des pays comme lOuzbkistan, o elles risquaient dtre maltraites, et notamment tortures. En juin, le Comit contre la torture a estim que lextradition par le Kazakhstan de 28Ouzbeks, tous de sexe masculin, vers lOuzbkistan constituait une violation de la Convention contre la torture [ONU]. n De nationalit ouzbke, Sobir Nosirov a t dtenu pendant 12mois en vue de son extradition, avant dtre finalement relch en juillet 2012, sans inculpation. Il avait quitt lOuzbkistan avec sa famille en 2005 pour aller travailler en Russie, o il avait obtenu des permis temporaires de sjour et de travail. Il avait t interpell inopinment en juillet 2011 la frontire avec le Kazakhstan, en vertu dun mandat darrt mis contre lui par lOuzbkistan pour sa participation prsume aux violences dAndijan, en mai 2005. Il avait dans un premier temps t dtenu au secret pendant plusieurs jours Ouralsk. La justice du Kazakhstan na pas ordonn sa remise en libert, alors que les charges figurant sur la demande dextradition le concernant ne rsistaient manifestement pas un examen srieux. Il a finalement t libr le 24juillet 2012, sans aucune explication officielle, et reconduit la frontire russe par des agents des forces de scurit.

Libert dexpression
De nouvelles dispositions de la Loi sur la scurit entres en vigueur en janvier rendaient passible de poursuites toute personne ou organisation cherchant influencer lopinion du public et des individus par la diffusion dinformations dformes et non fiables, au dtriment de la scurit nationale. On pouvait craindre que les autorits ne veuillent se servir de la lgislation sur la scurit nationale pour limiter la libert dexpression et la libert de la presse. n Le 21novembre, le procureur de la ville dAlmaty a port plainte dans le but de faire fermer presque tous les mdias indpendants ou de lopposition encore en activit (dont certains avaient t cits dans le jugement rendu contre Vladimir Kozlov). Il les accusait dtre extrmistes, dinciter la discorde sociale et de menacer la scurit nationale. Cette plainte visait une quarantaine dorganes de la presse crite, en ligne et audiovisuelle. Le procureur dAlmaty demandait galement que le parti dopposition non enregistr Alga et le mouvement social non reconnu Khalyk Maydany soient classs comme extrmistes. Le mme jour, un tribunal dAlmaty a ordonn la suspension immdiate de toutes les activits dAlga. Dautres tribunaux ont ordonn larrt de la publication et de la diffusion de la majorit des organes de presse viss par la plainte du procureur.

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus au Kazakhstan en
juin. 4 Kazakhstan: Progress and nature of official investigations called into question 100 days after violent clashes between police and protesters in Zhanaozen (EUR57/001/2012).

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KENYA
RPUBLIQUE DU KENYA
Chef de ltat et du gouvernement: Mwai Kibaki Les liberts de runion et dexpression ont t mises mal. Limpunit demeurait la rgle pour les violations des droits humains commises rcemment ou par le pass, y compris pour les homicides illgaux. Des rfugis et des demandeurs dasile somaliens ont t viss par des violences xnophobes et certains ont t arrts arbitrairement par la police. Des attaques lexplosif, notamment la grenade, ont t perptres dans des villes frontalires de la province du Nord-Est et Nairobi.

Aprs avoir examin le bilan du Kenya quant la mise en uvre du PIDCP, le Comit des droits de lhomme [ONU] a rendu publiques ses observations finales en juillet. Il sest dclar proccup par labsence denqutes et de poursuites contre les auteurs prsums des violences.

Violations des droits humains commises par la police


Cette anne encore, Amnesty International a reu des informations faisant tat de multiples violations des droits humains imputables la police. Celle-ci aurait notamment fait un usage excessif de la force, procd des arrestations arbitraires et maltrait des personnes en garde vue. Daprs de nombreux tmoignages, elle sen serait galement prise dans tout le pays des membres de communauts spcifiques, en particulier des personnes dorigine somalienne. Limpunit pour les atteintes aux droits fondamentaux perptres par la police persistait. La mise en uvre de lois essentielles devant encadrer la rforme de la police a subi des retards importants. LAutorit indpendante de surveillance du maintien de lordre (IPOA) a dbut ses travaux en juin. Elle tait charge denquter sur les plaintes dposes contre des membres des Services de police au niveau national et sur les infractions pnales ou les fautes disciplinaires quils auraient commis. On craignait cependant que le budget allou lIPOA ne lui permette pas de mener bien sa mission. n En octobre, la police a arrt le dirigeant du Conseil rpublicain de Mombasa (MRC), Omar Mwamnuadzi, et 40autres personnes supposes tre des membres du MRC. Lors de lopration, deux personnes ont t tues et plusieurs autres blesses par des policiers. Omar Mwamnuadzi a notamment t frapp. Les personnes arrtes ont t inculpes, entre autres, dappartenance un groupe illgal, de provocation et de dtention darmes feu. Leurs dossiers taient en instance la fin de lanne. n En octobre galement, la police a tir des balles en caoutchouc sur des manifestants qui staient rassembls devant un poste de police pour protester contre linscurit Mathare, un secteur dhabitat prcaire de Nairobi. Trois protestataires ont t arrts et inculps dincitation la violence. Sept militants, dont deux bnvoles et un membre du personnel dAmnesty International, qui avaient tent de

Contexte
Le processus de mise en uvre des rformes constitutionnelles sest poursuivi tout au long de lanne, le Parlement adoptant plus de 27propositions de loi. Cependant, la Commission de mise en uvre de la Constitution a critiqu certaines de ces propositions, estimant quelles ntaient pas conformes la Constitution. Lapplication de certaines lois votes par le Parlement, dont la Loi relative aux Services de police au niveau national, a t retarde. La scurit dans le pays a t mise mal par plusieurs pisodes de violences, survenus notamment dans les provinces du Nord-Est et de la Cte et dans les villes de Kisumu et Nairobi.

Impunit violences postlectorales


Aucune mesure na t prise pour traduire en justice les responsables prsums des crimes et des violations des droits humains (dont certaines pourraient constituer des crimes contre lhumanit) qui auraient t commis lors des violences postlectorales de 2007-2008, bien que le gouvernement ait affirm, plusieurs reprises, que les enqutes se poursuivaient. En fvrier, le procureur gnral a cr une quipe spciale charge de traiter 5000affaires en instance. Ctait la troisime fois quune quipe de ce type tait mise en place pour examiner les affaires en cours. Lquipe spciale a rvl en aot que, dans la plupart des cas, les lments de preuve recueillis ntaient pas suffisamment solides pour que les affaires passent en jugement.

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rencontrer la police pour voquer cette manifestation, ont t arrts arbitrairement et dtenus au secret pendant toute une nuit au poste de police de Pangani, o ils ont galement t frapps. Ils ont t inculps dincitation la violence, de troubles lordre public et davoir empch un agent de ltat dexercer ses fonctions. Laffaire se poursuivait la fin de lanne. En novembre et en dcembre, la suite dattaques la grenade ou avec dautres explosifs, plusieurs centaines de Somaliens ont t dtenus de faon arbitraire ou discriminatoire par la police et dautres forces de scurit, en particulier dans le secteur dEastleigh, Nairobi. Ces attaques ont t attribues AlShabab, groupe arm islamiste qui opre en Somalie mais qui aurait men quelques oprations au Kenya. Cependant, il existait aussi au Kenya une forte discrimination lgard des Somaliens, ceux-ci tant perus comme un poids pour le pays, qui hbergeait dj un grand nombre de rfugis de cette nationalit (voir Rfugis et demandeurs dasile). En dcembre, sur une priode de trois jours, jusqu 300personnes auraient t interpelles, dont des rfugis et des demandeurs dasile somaliens ainsi que des Knyans dorigine somalienne. La plupart ont par la suite t remises en libert sans avoir t inculpes. Elles ont t nombreuses cependant affirmer que les forces de scurit les avaient maltraites lors de larrestation ou en dtention, et leur avaient extorqu de largent ou avaient tent de le faire. Cette vague darrestations et labsence de toute inculpation faisaient craindre que la raction des autorits nait t motive par des considrations discriminatoires lgard des Somaliens. n En octobre, Shem Kwega, reprsentant politique du Mouvement dmocratique orange (ODM), a t tu par des inconnus Kisumu. Sa mort a dclench une manifestation qui a pris une tournure violente. Des pierres ont t lances sur des policiers, qui ont ripost en tirant balles relles; quatre personnes auraient t abattues. Plusieurs personnes sont galement mortes dans lincendie qui a ravag le local o elles avaient trouv refuge. Daprs des tmoins, le feu sest dclar lorsque des policiers ont tir des gaz lacrymognes dans le local.

estimait que les affrontements survenus dans le cadre de ce conflit avaient fait quelque 200morts et entran le dplacement de 30000personnes environ. Malgr le dploiement de plus de 2000policiers dans le delta du Tana en septembre, de nouveaux affrontements ont eu lieu, ce qui a suscit de srieuses craintes quant la raction des forces de scurit et leur capacit dfendre les droits humains de la population de cette rgion. Des habitants ont soutenu quils avaient tent plusieurs reprises, avant le mois daot, de faire part la police et aux forces de scurit de leurs inquitudes au sujet de la dgradation de la situation, mais leurs craintes navaient pas t prises au srieux. Les autorits knyanes ont cr une commission charge denquter sur ces homicides et sur la raction inapproprie dont tait accuse la police, mais celle-ci navait pas encore communiqu dinformations la fin de lanne.

Justice internationale
En janvier, la Chambre prliminaireII de la Cour pnale internationale (CPI) a dcid de renvoyer en jugement William Ruto, Joshua arap Sang, Uhuru Kenyatta et Francis Muthaura, accuss de crimes contre lhumanit qui auraient t commis pendant les violences postlectorales de 2007-2008 au Kenya. Uhuru Kenyatta, vice-Premier ministre, et William Ruto, ancien ministre, avaient dclar quils se prsenteraient aux lections de 2013. Le gouvernement knyan a, selon toute apparence, tent de mettre en cause la comptence de la CPI sur ces quatre affaires. LAssemble lgislative de lAfrique de lEst a adopt en avril une rsolution engageant le Conseil des ministres de la Communaut dAfrique de lEst demander le transfert de ces affaires la Cour de justice de lAfrique de lEst. Cette dernire nest toutefois pas comptente pour connatre des crimes de droit international. La CPI a annonc en juillet que les procs souvriraient en avril 2013.

Rfugis et demandeurs dasile


la fin de lanne, le Kenya comptait plus de 600000rfugis et demandeurs dasile, qui venaient de Somalie dans leur immense majorit. Ils vivaient pour la plupart dans les camps de Dadaab. Lenregistrement des nouveaux arrivants Dadaab demeurait suspendu, tout comme le transport des

Violences intercommunautaires
Le conflit opposant les ethnies pokomo et orma sur des questions deau et de pturages sest aggrav dans le comt de Tana River. la fin de lanne, on

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demandeurs dasile entre la frontire et Dadaab, ce qui signifiait que ceux-ci devaient parcourir une centaine de kilomtres pied pour demander lasile. Cette anne encore, la police sest rendue coupable de violations des droits humains de rfugis vivant dans les camps de Dadaab. En mai, elle a arrt arbitrairement, dtenu et frapp plusieurs dentre eux aprs quun vhicule de police eut t attaqu dans les camps. Elle tait, disait-on, la recherche dexplosifs. plusieurs reprises en 2012, de hauts reprsentants de ltat ont menac de fermer les camps de Dadaab et de renvoyer de force tous leurs occupants dans le sud de la Somalie. Ils ont dcrit Dadaab comme une menace pour la scurit et soutenu que certaines rgions du sud de la Somalie taient sres. Amnesty International et dautres groupes de dfense des droits humains ont contest cette position (voir Somalie). Aux personnes vivant dans des camps venaient sajouter quelque 55000rfugis et demandeurs dasile enregistrs auprs du Haut-Commissariat des Nations unies pour les rfugis (HCR) Nairobi et dans dautres agglomrations. En dcembre, le gouvernement knyan a annonc que tous les rfugis et demandeurs dasile des zones urbaines devaient tre dplacs dans les camps de rfugis. Le HCR sest dit profondment inquiet de cette annonce et a demand au gouvernement de ne pas mettre son projet excution.

protester contre lexpulsion et qui fuyaient pour chapper la police. n En aot, les occupants de 70habitations ont t expulss de force de Kiamaiko, un secteur dhabitat prcaire de Nairobi. Une affaire tait pourtant en cours devant la justice pour dterminer la proprit du terrain. n Les habitants de Deep Sea, Nairobi, taient toujours menacs dexpulsion force par un projet de route conu par lAutorit de la voirie urbaine du Kenya (KURA). La KURA laborait certes un plan de relogement des personnes touches mais, selon certains des habitants, ces derniers navaient pas t correctement consults au sujet du plan et celui-ci ne tenait pas compte du nombre rel de personnes concernes par lexpulsion. Une proposition de loi tablissant des directives en matire dexpulsion et prohibant les expulsions forces a t dpose au Parlement en octobre. Elle navait pas encore t dbattue la fin de lanne. En octobre, le ministre des Questions foncires a nomm une nouvelle quipe charge dexaminer une proposition similaire que le ministre avait prpare en 2011 mais qui navait pas t prsente devant le Parlement.

Peine de mort
Aucune excution na eu lieu, mais au moins 21condamnations mort ont t prononces en 2012. La Loi relative aux forces de dfense du Kenya, adopte en 2012, prvoyait la peine de mort pour les membres de ces forces dclars coupables de toute une srie dinfractions, dont la trahison, lespionnage, la collusion avec lennemi, la communication de renseignements lennemi et lappel illgal un changement de gouvernement.

Personnes dplaces
Le Parlement a vot en octobre la Loi relative aux personnes dplaces. Aux termes de ce texte, le gouvernement et dautres institutions taient tenus de protger la population contre des facteurs susceptibles dentraner leur dplacement, et le gouvernement de mettre en place des structures daide destines aux personnes ayant t dplaces.

Visites et documents dAmnesty International


v Une dlgation dAmnesty International sest rendue au Kenya en
janvier, octobre et dcembre. 4 Kenya; Submission to the Human Rights Committee, July 2012 (AFR32/002/2012).

Droits en matire de logement expulsions forces


n Le 28janvier, la police a expuls de force de trs nombreux habitants de Mukuru Kwa Njenga, dans lest de Nairobi. Trois personnes sont mortes pendant lopration: une femme a t lectrocute lors de la chute dun cble lectrique sous tension, une autre a t touche par une balle perdue, et un enfant est mort lors de la dbandade de manifestants qui entendaient

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KIRGHIZISTAN
RPUBLIQUE KIRGHIZE
Chef de ltat: Almaz Atambaev Chef du gouvernement: Omourbek Babanov, remplac par Jantoro Satibaldiev le 5septembre La torture et les autres mauvais traitements restaient monnaie courante dans tout le pays et les autorits policires et judiciaires ne donnaient gnralement pas suite aux allgations faisant tat de tels actes. Les autorits navaient toujours pas men denqute srieuse et impartiale sur les violences de juin 2010 et leurs consquences. Les milliers de victimes de crimes graves et datteintes aux droits humains, y compris de crimes contre lhumanit, continuaient donc de se heurter un dni de justice. Cette anne encore, les membres de la communaut ouzbke ont t plus particulirement viss par les arrestations et les poursuites engages en raison des vnements de juin 2010.

Torture et autres mauvais traitements


Malgr llaboration dun programme national global de lutte contre la torture tenant compte des recommandations du rapporteur spcial des Nations unies sur la torture, et ladoption dune loi sur la cration dun Centre national pour la prvention de la torture et des autres mauvais traitements, les agents de ltat nont pas renonc ces pratiques. Le rapporteur spcial a estim en fvrier que la torture et les mauvais traitements taient des mthodes encore largement utilises pour obtenir des aveux. Il dplorait en outre labsence, dans la pratique, dune procdure claire dfinissant les mesures que les tribunaux devaient prendre lorsque des lments semblaient manifestement avoir t obtenus sous la torture, ou plus gnralement par des mauvais traitements. Il constatait galement quaucune consigne navait apparemment t donne aux tribunaux concernant lapplication dune telle procdure ou la ncessit dordonner une enqute effective, immdiate et impartiale dans de tels cas. Toujours selon le rapporteur spcial, alors que lactuel prsident de la Rpublique, ainsi que son prdcesseur, et la procureure gnrale staient prononcs et avaient agi en ce sens, il ny avait apparemment pas eu de consignes manant du ministre de lIntrieur et

condamnant la torture et les autres mauvais traitements ou indiquant clairement que de tels actes ne sauraient tre tolrs de la part de policiers. n Anna Agueeva, une jeune femme de 18ans, enceinte, a t arrte par la police Bichkek le 11septembre. Souponne dhomicide volontaire, elle a t dtenue au secret pendant trois jours dans les locaux du poste de police du district de Sverdlovsk. Selon son tmoignage, pendant ces trois jours, des policiers lauraient tire par les cheveux, lauraient enchane un radiateur avec des menottes et lui auraient donn des coups de pied et des coups de poing dans le ventre et dans les reins, pour lobliger avouer le meurtre dune autre jeune femme. Un avocat de lONG Kylym Shamy a port plainte pour torture auprs des services du procureur du district de Sverdlovsk. Trois autres suspectes, dont une jeune fille de 17 ans, Adiana Toktassounova, dtenue dans le cadre de la mme enqute, se sont plaintes auprs des services du procureur, affirmant que des policiers les avaient tortures pour les contraindre faire des aveux. Le ministre de lIntrieur a rejet les allgations de torture, quil a qualifies dabsurdes, affirmant avoir enqut sur laffaire et navoir trouv aucun lment permettant de penser quil y avait eu faute de la part des policiers. Le parquet du district a ouvert en octobre une information sur ces allgations. n En novembre, lorganisation de dfense des droits humains Spravedlivost (Justice) a crit la procureure gnrale pour lui demander de veiller personnellement au droulement de lenqute sur certaines allgations, selon lesquelles huit dtenus du centre de dtention provisoire de Djalal-Abad auraient t soumis des mauvais traitements par une quinzaine de policiers. Alerte par les proches de certains des dtenus, Spravedlivost avait effectu une visite dans ce centre de dtention. Les dtenus ont dclar que des policiers les avaient frapps au visage, sur la tte et sur le corps, puis les avaient compltement dshabills et les avaient obligs courir. La mdiatrice rgionale sest rendue dans ce centre de dtention deux jours aprs Spravedlivost. Elle a rencontr les 42personnes qui y taient retenues; 37dentre elles ont confirm avoir t maltraites. Elle a elle aussi demand au parquet rgional denquter sur cette affaire. Le ministre de lIntrieur a men sa propre enqute interne et a conclu que rien ne permettait de dire que des mauvais traitements avaient eu lieu.

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Bien que les arrestations visant essentiellement les Ouzbeks semblent tre devenues moins frquentes en 2012, un certain nombre dinformations indiquaient toujours que de graves violations des droits humains ont cette anne encore t commises lencontre de membres de cette communaut, dans le cadre des enqutes en cours sur les violences de juin 2010 et leurs consquences. Il tait notamment question de torture et de mauvais traitements en dtention, daveux sous la contrainte et de procs inquitables. Dans son rapport de fvrier, le rapporteur spcial sur la torture sest dit proccup de constater que de graves atteintes aux droits humains commises dans le cadre de ces enqutes staient poursuivies sans relche au cours des derniers mois.

Rights qui ont examin Azimjan Askarov en janvier ont estim quil prsentait des signes cliniques caractristiques dune lsion crbrale, squelle dactes de torture. Son avocat a dpos en novembre une plainte auprs du Comit des droits de lhomme [ONU].

Impunit
En dpit dun certain nombre dinitiatives prises au cours des deux dernires annes par les autorits (qui avaient dailleurs rencontr une forte opposition interne), les violences qui ont clat en juin 2010 et par la suite Och et Djalal-Abad navaient toujours pas fait lobjet denqutes quitables et srieuses, et des milliers de victimes de crimes et de graves violations des droits humains, dont des crimes contre lhumanit, navaient toujours pas obtenu justice la fin de 2012. Le procureur de la ville dOch a dclar en avril que, sur 105 affaires juges dans le cadre de ces vnements, seules deux staient soldes par des acquittements. Une seule de ces affaires concernait un membre de la communaut ouzbke, Farroukh Gapirov, le fils du dfenseur des droits humains Ravshan Gapirov. Il a t remis en libert aprs que la cour dappel eut conclu que sa condamnation en premire instance tait fonde sur des aveux obtenus sous la torture. Aucune enqute judiciaire na cependant t ouverte contre les policiers accuss de lavoir tortur. Par opposition, les premiers (et manifestement, la fin de lanne, les seuls) Kirghizes condamns pour le meurtre de membres de la communaut ouzbke en juin 2010 ont vu leur sentence annule. n Le tribunal rgional de Djalal-Abad a annul en mai les condamnations de quatre membres de la communaut kirghize accuss du meurtre de deux Ouzbeks, lors des troubles de juin 2010. Deux dentre eux avaient t condamns en novembre 2010 20 et 25annes demprisonnement, respectivement. Ils avaient tous les deux affirm avoir t torturs pendant leur dtention. Les deux autres avaient t condamns des peines de trois ans demprisonnement avec sursis. La premire cour dappel a annul les condamnations des quatre hommes, a renvoy laffaire pour un complment dinformation et a fait librer les accuss sous caution. Trois ont finalement t acquitts. Le quatrime, celui qui avait t condamn 25ans demprisonnement

Procs inquitables
Le rapporteur spcial des Nations unies sur la torture a expliqu avoir reu des tmoignages selon lesquels, lors de procs de personnes accuses dimplication dans les violences de juin 2010, les juges et les procureurs avaient plusieurs reprises omis de donner suite aux allgations de torture ou de mauvais traitements formules par des prvenus ou leurs avocats. Il a cit notamment la dcision de la Cour suprme en date du 20dcembre 2011 de rejeter le recours dAzimjan Askarov et de confirmer sa condamnation lemprisonnement vie comme un exemple de passivit de la plus haute instance judiciaire du pays face des allgations de torture et de mauvais traitements. Le gouvernement kirghize a accus le rapporteur spcial davoir un jugement partial, affirmant que les services du procureur gnral avaient men une enqute approfondie sur toutes les allgations de torture et daveux forcs dans laffaire concernant Azimjan Askarov et ses coaccuss, et quils navaient trouv aucun lment permettant dtayer ces affirmations. n Azimjan Askarov, un dfenseur des droits humains en vue, tait toujours dtenu lisolement la fin de lanne. Il tait considr comme prisonnier dopinion. Selon un rapport publi en octobre par lorganisation Physicians for Human Rights, son tat de sant stait sensiblement dgrad (et notamment sa vue, son systme nerveux et son systme respiratoire), sans quil reoive pour autant les soins mdicaux ncessaires, ce qui constituait une forme de mauvais traitement. Des experts de Physicians for Human

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en premire instance, a bnfici dune mesure de libration conditionnelle. En dpit des directives officielles donnes par le parquet gnral, qui insistaient sur la ncessit denquter sur toutes les allgations de torture sans exception, les procureurs se penchaient rarement de manire srieuse et impartiale sur les informations faisant tat de tels actes et ils sabstenaient le plus souvent den traduire les responsables prsums en justice. Le rapporteur spcial sur la torture a estim que les efforts dploys par le gouvernement par intrim pour enquter sur les abus commis la suite des vnements de juin 2010, et pour en punir les auteurs, staient bien souvent rvls vains. n En mars, le procs de quatre policiers accuss davoir tortur Ousmonjon Kholmirzaev, mort en aot 2011 des suites des svices subis, a t renvoy devant les tribunaux de Djalal-Abad. Le prsident du tribunal rgional de Djalal-Abad a demand un complment denqute et a libr sous caution deux des policiers inculps. Avant mme que le procs commence, en septembre 2011, des parents et des sympathisants des policiers inculps ont organis des manifestations, parfois violentes. Devant le tribunal et dans la salle daudience, ils ont tent dintimider les tmoins charge, ainsi que la famille dOusmonjon Kholmirzaev et son avocat. Ils ont aussi cherch faire pression sur le juge pour que celui-ci prononce la non-culpabilit des accuss. Le procs a finalement t dlocalis dans la rgion de Tchou, 500 kilomtres de l, pour des raisons de scurit. Plusieurs tmoins cls ont nanmoins t menacs de violences. Certains ont modifi leur tmoignage dans un sens favorable aux accuss. Plusieurs ont prfr partir ltranger, pour mettre leur famille labri. la fin de lanne, le procureur rgional de Djalal-Abad navait toujours pas ouvert denqute sur les agissements des proches et des sympathisants des accuss, malgr les plaintes en ce sens formules par la veuve dOusmonjon Kholmirzaev et par ses avocats. Le 26dcembre, le tribunal rgional a dcid dajourner le procs jusqu une date non prcise, trois des avocats de la dfense ne stant pas prsents laudience prvue ce jour-l.

KOWET
TAT DU KOWET
Chef de ltat: Sabah al Ahmed al Jaber al Sabah Chef du gouvernement: Jaber al Mubarak al Hamad al Sabah Dans un contexte de rpression de la libert dexpression et de runion, la police antimeutes a utilis une force excessive contre des manifestants pacifiques. Des milliers de bidun (Arabes apatrides) taient toujours privs de la nationalit kowetienne. De ce fait, ils navaient pas accs la sant, lducation ou lemploi dans les mmes conditions que les citoyens kowetiens. Les femmes continuaient de subir des discriminations, dans la lgislation et dans la pratique. Les employs de maison trangers taient exploits et maltraits par leurs employeurs. Parmi les personnes mortes en dtention, une au moins aurait t torture ou autrement maltraite. Neuf condamnations mort ont t prononces, dont quatre ont t commues. Aucune excution na t signale.

Libert dexpression, dassociation et de runion


Les autorits ont renforc les restrictions imposes la libert dexpression et de runion, notamment par le biais de poursuites judiciaires lencontre de certains utilisateurs des rseaux sociaux. La police antimeutes a fait usage dune force excessive, de gaz lacrymogne et de grenades assourdissantes pour disperser des manifestations pacifiques organises par des opposants au gouvernement et des bidun. lapproche des lections lgislatives du 1er dcembre, les opposants au gouvernement ont organis une srie de manifestations. Ces marches de la dignit avaient notamment pour objectif de dnoncer des projets de modification de la loi lectorale. la suite dun mouvement particulirement massif, en octobre, les autorits ont invoqu une loi datant de 1979 qui interdisait les rassemblements de plus de 20personnes. Si certaines manifestations ont t autorises, dautres notamment une le 27dcembre ont t disperses par la force. Danciens parlementaires, des militants et des enfants taient au nombre des personnes interpelles durant les manifestations. La plupart dentre elles ont

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgues dAmnesty International se sont rendues au Kirghizistan
en avril, mai, septembre et dcembre. 4 Kyrgyzstan: Dereliction of duty (EUR58/001/2012).

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t libres dans les jours suivant leur arrestation; certaines ont t inculpes. Lmir a mis son veto une proposition de modification de la loi sur le blasphme qui aurait rendu passible de la peine capitale linsulte envers Dieu, ses prophtes et ses messagers. n Hamad al Naqi, membre de la minorit musulmane chiite, a t arrt en avril et condamn en juin 10ans demprisonnement assortis de travaux forcs. Il a t dclar coupable davoir mis en ligne des messages Twitter critiquant les dirigeants de lArabie saoudite et de Bahren, et davoir insult lislam. Ce prisonnier dopinion tait en instance dappel la fin de lanne. n Musallam al Barrak, dirigeant de lopposition et ancien membre du Parlement, a t arrt le 29octobre et inculp davoir port atteinte au statut de lmir en raison de dclarations faites au cours dune manifestation le 15octobre. Il a t remis en libert sous caution le 1er novembre. Son procs ntait pas termin la fin de lanne. Sil tait reconnu coupable il serait passible dune peine pouvant aller jusqu cinq ans demprisonnement.

Le Premier ministre a dclar Amnesty International le 18octobre que le gouvernement allait accorder la nationalit kowetienne 34000bidun et rgler la situation des autres dans un dlai de cinq ans. En fvrier, le Comit pour llimination de la discrimination raciale [ONU] a recommand aux autorits kowetiennes de dlivrer des documents dtat civil toutes les personnes prsentes sur son territoire et de donner aux bidun laccs aux services sociaux, lducation, au logement, lemploi, la proprit et lenregistrement de leurs activits commerciales, entre autres.

Droits des femmes


Les femmes taient toujours victimes de discrimination, dans la lgislation et dans la pratique. En septembre, le Conseil judiciaire suprme a annonc que les femmes pouvaient faire acte de candidature pour exercer diffrentes fonctions dans lappareil judiciaire et au parquet. Cette dcision faisait suite des procdures intentes en 2011 contre le ministre de la Justice par des juristes diplmes, aprs que le ministre eut annonc la vacance de postes auxquels seuls les hommes pouvaient postuler.

Torture et autres mauvais traitements


Une loi ramenant de quatre deux jours la dure maximale de la garde vue sans dcision dun tribunal a t promulgue en juillet. Selon certaines sources, les circonstances de la mort de Nawaf al Azmi lun des cinq cas signals de mort en dtention donnaient penser quil pourrait avoir succomb la torture ou dautres mauvais traitements. n Le 24dcembre, une cour dappel a confirm les peines demprisonnement dont deux perptuit prononces en premire instance contre des policiers impliqus dans la mort en dtention, en 2011, de Mohammad Ghazzai al Maimuni al Mutairi. Deux autres policiers avaient t condamns une amende. Tous ces fonctionnaires ont t rvoqus.

Travailleurs migrants
Les employs de maison trangers, qui ntaient toujours pas protgs par le Code du travail kowetien, continuaient dtre exploits et maltraits par leurs employeurs. Le systme de parrainage (kafala) ne permettait pas une protection adquate des travailleurs migrants. Les trangers ntaient toujours pas autoriss se constituer en entits collectives. Le Comit pour llimination de la discrimination raciale a recommand au Kowet dadopter une lgislation spcifique pour protger les travailleurs trangers et les domestiques et garantir leurs droits conformment aux normes internationales, notamment celles des conventions de lOIT, auxquelles le Kowet est partie.

Discrimination les bidun


Plus de 100000bidun rsidant de longue date dans le pays continuaient dtre privs de la nationalit kowetienne. Rgulirement, plusieurs centaines dentre eux ont manifest de manire pacifique. Les forces de scurit ont parfois dispers ces rassemblements par la force et procd plusieurs dizaines darrestations arbitraires. Des poursuites ont t entames contre plus de 150manifestants.

Peine de mort
Neuf condamnations la peine capitale ont t prononces, dont quatre ont t commues. Dautres ont t confirmes par la Cour dappel. Trois autres condamnations mort (prononces en 2011 contre deux Iraniens et un Kowetien pour espionnage pour

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le compte de lIran) ont t commues en dtention perptuit lissue de la procdure dappel. Trois personnes en instance dexcution pour meurtre ont bnfici dune grce accorde par les proches de leurs victimes. Aucune excution na t signale.

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus au Kowet en mai.
Le secrtaire gnral de lorganisation a rencontr, en octobre, le Premier ministre, danciens membres du Parlement, des militants de lopposition, des bidun et des dfenseurs des droits humains au Kowet. 4 Kuwait: Joint open letter to His Highness the Amir of Kuwait regarding the Bidun (MDE17/004/2012).

t publie ce sujet. Les perscutions contre les chrtiens se poursuivaient dans certaines provinces: confiscations de biens,; fermeture dglises, placement en dtention pour de courtes priodes et autres pressions sur des personnes pour quelles abjurent leur foi.

Libert dexpression
La libert dexpression tait toujours troitement contrle. Les mdias et les autres acteurs se conformaient aux politiques gouvernementales et pratiquaient lautocensure. En janvier, le ministre de lInformation, de la Culture et du Tourisme a ordonn larrt de lmission radiophonique de libre antenne Talk of the News, un programme trs populaire qui avait vu des auditeurs appeler la station pour dnoncer des confiscations de terres et la corruption. n Les prisonniers dopinion Thongpaseuth Keuakoun, Bouavanh Chanhmanivong et Seng-Aloun Phengphanh ont t maintenus en dtention alors que les autorits avaient annonc, en septembre 2011, la libration de deux dentre eux. Ils avaient t incarcrs en octobre 1999 pour avoir tent dorganiser une manifestation pacifique. n Condamns respectivement 12 et 15ans demprisonnement, Thao Moua et Pa Fue Khang, tous deux dethnie hmong, ont vu leurs peines rduites de neuf mois. Ils avaient t arrts en 2003 pour avoir aid deux journalistes trangers recueillir des informations sur des groupes de Hmongs qui se cachaient dans la fort.

LAOS
RPUBLIQUE DMOCRATIQUE POPULAIRE LAOTIENNE
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Choummaly Sayasone Thongsing Thammavong Cette anne encore, la libert dexpression, dassociation et de runion a fait lobjet de restrictions. Trois prisonniers dopinion et deux prisonniers politiques dethnie hmong taient toujours en dtention. Des cas de harclement visant des chrtiens ont t signals dans plusieurs provinces. Les proccupations se sont renforces autour des conflits fonciers lis des projets de dveloppement ayant un impact sur les moyens de subsistance des populations riveraines.

Conflits fonciers
Dans un contexte marqu par la multiplication des conflits fonciers, les autorits ont annonc en juin quelles avaient dcid, compte tenu des problmes environnementaux et sociaux, dappliquer un moratoire de quatre ans sur les nouveaux projets dinvestissements miniers et de concessions de caoutchouc. De grands programmes damnagement empitaient sur les terres de villageois, les privant ainsi dune partie de leurs moyens de subsistance sans que des indemnisations appropries ne leur soient apparemment proposes. n En juin, huit villageois ont t interpells pour avoir dpos auprs des autorits une requte propos dun conflit foncier impliquant une socit vietnamienne concessionnaire dune plantation de caoutchouc qui empitait sur les terres du village de Ban Yeup, dans le

Contexte
En fvrier, le Comit pour llimination de la discrimination raciale [ONU] sest dit inquiet des difficults rencontres par les rfugis dethnie hmong renvoys de force par la Thalande pour communiquer avec la communaut internationale. En septembre, le Laos a ratifi la Convention contre la torture [ONU]. En novembre, il a adopt la Dclaration des droits humains de lANASE un texte qui, toutefois, semblait en de des normes internationales. La peine capitale demeurait automatique pour certaines infractions la lgislation sur les stupfiants; aucune statistique officielle na

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district de Thateng (province de Sekong). Ils ont tous t remis en libert au bout de quelques jours, lexception dun homme, maintenu en dtention environ deux semaines, qui aurait t victime de mauvais traitements avant dtre libr.

Disparitions forces
Le 15dcembre, Sombath Somphone, un membre respect de la socit civile laotienne connu pour son action en faveur de lducation et du dveloppement durable, a t arrt par la police Vientiane puis emmen dans un camion par des inconnus. Il avait particip lorganisation du Forum des peuples AsieEurope Vientiane, en octobre.

Daprs le Haut-Commissariat des Nations unies pour les rfugis (HCR), plus de 300000personnes soit environ un sixime de la population, dorigine russe pour la plupart, taient toujours apatrides, mme si les pouvoirs publics les considraient comme des non-ressortissants qui bnficiaient ce titre dune plus grande protection et dun meilleur accs aux droits que les personnes apatrides aux termes de la Convention relative au statut des apatrides de 1954 et de la Convention sur la rduction des cas dapatridie de 1961. Ces personnes ne bnficiaient pas des droits politiques.

Rfugis et demandeurs dasile


Les demandeurs dasile rencontraient souvent des difficults pour faire valoir leur droit une protection internationale. Les personnes susceptibles de demander lasile navaient pas accs des informations suffisantes leur arrive dans le pays. En consquence, plusieurs dentre elles ont t considres comme des migrants en situation irrgulire et places en dtention. Le manque de traducteurs faisait galement obstacle laccs aux procdures de dtermination du statut de rfugi.

LETTONIE
RPUBLIQUE DE LETTONIE
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Andris Berzins Valdis Dombrovskis Les victimes de crimes de haine fonds sur le genre, le handicap ou lorientation sexuelle ntaient pas protges par la loi. Les demandeurs dasile avaient difficilement accs aux procdures de dtermination du statut de rfugi. Le texte portant abolition de la peine capitale pour tous les crimes est entr en vigueur. Plus de 300000personnes demeuraient apatrides.

Surveillance internationale
La Commission europenne contre le racisme et lintolrance a publi en fvrier son quatrime rapport sur la Lettonie. Elle a recommand, entre autres, la fermeture des classes spciales rserves aux enfants roms existant encore et lintgration de ces enfants dans des classes gnrales, loctroi automatique de la citoyennet aux enfants ns de parents non ressortissants aprs lindpendance de la Lettonie en 1991, et la rvision de la politique relative la langue officielle afin de nimposer son utilisation que dans les cas o un intrt public lgitime peut tre clairement tabli.

Discrimination
La lgislation relative aux crimes motivs par la haine ne protgeait pas les lesbiennes, les gays, les personnes bisexuelles, transgenres ou intersexues ni les personnes souffrant dun handicap ni les victimes de crimes de haine fonds sur le genre. Le Code pnal punissait uniquement lincitation la haine raciale, ethnique ou religieuse. Seuls les motifs racistes taient considrs comme des circonstances aggravantes. La quatrime marche des fierts des pays baltes, une manifestation annuelle, a eu lieu Riga en juin, dans un climat de coopration avec la police. Plus de 600personnes y ont particip, dont des dputs et le ministre des Affaires trangres.

Peine de mort
Des modifications lgislatives portant abolition de la peine capitale en toutes circonstances sont entres en vigueur le 1er janvier. Le Protocole n13 de la Convention europenne des droits de lhomme a ensuite t ratifi.

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LIBAN
RPUBLIQUE LIBANAISE
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Michel Sleiman Najib Mikati De nouvelles informations ont fait tat de torture et dautres mauvais traitements. Des dtenus ont notamment t soumis de force des examens mdicaux abusifs. Les rfugis palestiniens continuaient dtre victimes de discrimination et taient confronts des restrictions dans laccs lducation, la sant, au travail et un logement convenable. Des travailleurs migrants ont t maltraits par leurs employeurs et, dans certains cas, par les forces de scurit. Des rfugis et des demandeurs dasile, dont certains fuyaient les violences dans la Syrie voisine, ont t dtenus de manire arbitraire. Le nombre depersonnes venues de Syrie durant lanne pour chercher refuge au Liban slevait au moins 170000. Les femmes taient victimes de discrimination dans la lgislation et dans la pratique. Le Tribunal spcial pour le Liban a annonc une date pour louverture dun procs en 2013, mais, cette anne encore, les autorits libanaises nont pris aucune mesure pour claircir le sort de personnes disparues de longue date et dont certaines ont t victimes de disparition force. Des civils ont t condamns mort ou des peines demprisonnement lissue de procs inquitables qui se sont drouls devant des tribunaux militaires. Au moins neuf condamnations mort ont t prononces; aucune excution na eu lieu.

ailleurs, en particulier aprs lassassinat, dans un attentat la voiture pige perptr le 19octobre Beyrouth, du chef du service du renseignement des Forces de scurit intrieure (FSI). Plusieurs dizaines de personnes, dont des enfants, ont trouv la mort au cours de ces violences et des centaines dautres ont t blesses. Au moins 20Syriens ainsi que dautres trangers ont t enlevs et retenus captifs en aot et en septembre, dans certains cas pendant un mois, par des membres arms du clan Meqdad qui voulaient ainsi faire pression sur un groupe arm syrien pour obtenir la libration dun de leurs proches. Un projet de Plan national daction pour les droits humains au Liban a t lanc au Parlement en dcembre; il navait pas t approuv la fin de lanne.

Torture et autres mauvais traitements


De nouvelles informations ont fait tat de torture et dautres mauvais traitements infligs des suspects de droit commun et des personnes souponnes dinfractions lies la scurit, dont une au moins aurait t interpelle, battue et menace par des agents non tatiques arms; ceux-ci lauraient ensuite remise au service du renseignement militaire pour un nouvel interrogatoire, au cours duquel elle aurait de nouveau t frappe. Pour agir contre la torture et les autres formes de mauvais traitements, le gouvernement a lanc, en janvier, un Code de conduite pour les agents des FSI rdig avec lassistance du Haut-Commissariat aux droits de lhomme [ONU]. Toutefois, les autorits navaient toujours pas mis en place en 2012 un organe indpendant charg dinspecter les prisons et les centres de dtention, au mpris de leurs obligations internationales. Il tait par consquent difficile de savoir si le Code de conduite avait entran des amliorations.

Contexte
Les craintes que le conflit syrien ne stende au Liban ont accentu les tensions entre les diverses communauts religieuses du pays. Le Liban a connu un afflux important de rfugis en provenance de Syrie. Des heurts violents sporadiques le long de la frontire syro-libanaise ont fait des morts et des blesss parmi les civils. Tripoli et aux alentours, des affrontements arms ont oppos rgulirement des musulmans alaouites favorables au gouvernement syrien des sunnites partisans des forces dopposition. Des affrontements arms se sont galement produits Sada en aot et en novembre. Des protestations ont eu lieu dans la capitale et

Procs inquitables
Cette anne encore, des civils accuss despionnage pour le compte dIsral ou dautres infractions lies la scurit ont t jugs par des tribunaux militaires au cours de procs inquitables, ces juridictions ntant ni indpendantes ni impartiales. Les tribunaux militaires sabstenaient gnralement dordonner des enqutes sur les allgations daccuss qui affirmaient quon les avait torturs pendant leur dtention provisoire pour les contraindre avouer.

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Libert dexpression
Des journalistes et dautres professionnels des mdias ont t harcels et agresss par les forces de scurit et par des agents non tatiques cause de leurs opinions politiques, relles ou supposes. n En juin, trois hommes, peut-tre plus, ont lanc des objets en combustion dans lentre de la chane de tlvision Al Jadid, la suite de la diffusion dune interview controverse dun religieux salafiste.

Rfugis, demandeurs dasile et migrants


La loi continuait dinterdire des milliers de rfugis palestiniens, qui rsidaient pourtant depuis longtemps au Liban, dexercer certaines professions et de bnficier dautres droits dont disposaient les citoyens libanais. Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont fui la Syrie pour se rfugier au Liban, ce qui a accru la pression sur les ressources en matire de logement, de sant et dducation, entre autres. Le HautCommissariat des Nations unies pour les rfugis (HCR) recensait plus de 170000rfugis en provenance de Syrie la fin de lanne; le chiffre exact tait probablement beaucoup plus lev. La plupart staient installs dans le nord du pays et dans la valle de la Bekaa. Les autorits libanaises imposaient des conditions dentre discriminatoires aux rfugis palestiniens qui fuyaient la Syrie. Fin 2012, le Liban navait pas ratifi la Convention de 1951 relative au statut des rfugis ni le Protocole de 1967. Des rfugis, des demandeurs dasile et des travailleurs migrants se sont plaints davoir t maltraits par les forces de scurit, en particulier au moment de leur interpellation et de leur placement en dtention parfois arbitraires ou durant des descentes dans leur quartier ou sur leur lieu de travail. Ctait notamment le cas de quelque 70travailleurs migrants syriens, gyptiens et soudanais, qui ont dclar avoir t battus par des militaires en octobre, au cours dune descente dans le quartier de Geitawi, Beyrouth. Les employes de maison trangres recrutes dans le cadre du systme de parrainage officiel risquaient toujours dtre maltraites par leurs employeurs. n Des experts de lONU en matire de droits humains ont rclam louverture dune enqute sur le suicide dune thiopienne, en mars, aprs que le propritaire prsum de lagence de placement qui lemployait eut t film alors quil la tranait et la faisait monter de force dans sa voiture pour lempcher dentrer dans le consulat dthiopie Beyrouth.

Le Tribunal spcial pour le Liban


Le Tribunal spcial pour le Liban, qui sige aux Pays-Bas, a annonc louverture en 2013 du procs de quatre hommes mis en accusation en 2011 pour leur participation prsume plusieurs crimes, dont lassassinat, en 2005, de lancien Premier ministre Rafic Hariri. On sattendait ce que les accuss soient jugs par contumace.

Impunit disparitions forces et enlvements


Le sort de milliers de personnes enleves, dtenues ou disparues pendant et aprs la guerre civile de 1975-1990, et dont beaucoup auraient t emmenes en Syrie, navait, dans la plupart des cas, pas t lucid. Un projet de dcret soumis par le ministre de la Justice en vue de mettre en place une Commission indpendante nationale charge denquter sur le sort des disparus, et notamment des victimes de disparition force, a t largement critiqu; il navait pas t promulgu la fin de lanne. La libration de Yacoub Chamoun dune prison syrienne, presque 27ans aprs sa disparition, a donn lespoir aux familles des disparus que certains de leurs proches taient peut-tre encore vivants.

Droits des femmes


Les femmes continuaient dtre victimes de discrimination dans la lgislation et dans la pratique. Un projet de loi visant permettre aux Libanaises maries un tranger de transmettre leur nationalit leurs enfants, comme cela est possible pour les hommes, a t dbattu par le gouvernement, mais il na pas t finalis. Un projet de loi rprimant les violences au sein de la famille tait toujours en instance devant le Parlement.

Droits des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres ou intersexues (LGBTI)
Les personnes LGBTI taient en butte la discrimination et aux mauvais traitements.

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Amnesty International - Rapport 2013

n En juillet, 36hommes interpells lors de la projection dun film ont t soumis de force un examen visant dterminer sils staient livrs des pratiques anales. la suite de cette affaire, lordre des mdecins a demand tous les praticiens de refuser de participer de tels examens, sous peine de sanctions disciplinaires.

et condamn 50ans demprisonnement pour des crimes commis sur le territoire sierra-lonais. Le peuple librien devra encore attendre avant de voir quelquun poursuivi en justice pour des violations des droits humains perptres dans son propre pays pendant le conflit arm.

Peine de mort
Au moins neuf condamnations mort ont t prononces. Le Liban na procd aucune excution depuis 2004. Le projet de Plan national daction sur les droits humains suggrait de remplacer la peine capitale par la dtention perptuit dans toutes les lois libanaises concernes. n Cinq hommes au moins ont t condamns mort pour espionnage pour le compte dIsral. n En avril, un magistrat militaire a requis la peine de mort contre 26hommes accuss davoir enlev et dtenu un groupe dEstoniens en 2011. Le procs ntait pas termin la fin de lanne.

Impunit
La plupart des recommandations formules en 2009 par la Commission vrit et rconciliation du Liberia nont toujours pas t appliques. En particulier, le pays na pas cr de tribunal pnal charg de poursuivre les auteurs de crimes de droit international ni mis en uvre dautres rformes institutionnelles et juridiques prconises. Il na pas non plus suivi les recommandations relatives lobligation de rendre des comptes et aux rparations.

Peine de mort
Bien que le Liberia ait adhr en 2005 au Deuxime Protocole facultatif se rapportant au PIDCP, qui exige de ltat partie quil prenne des initiatives pour abolir la peine capitale, des condamnations mort ont de nouveau t prononces en 2012. Toutefois, aucune excution na eu lieu. Les auteurs de vol main arme, dactes de terrorisme et denlvement, quand ces actes entranaient mort dhomme, taient toujours passibles de ce chtiment.

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus au Liban en mai,
aot-septembre et novembre-dcembre pour effectuer des recherches sur la situation des droits humains, au Liban et en Syrie.

LIBERIA
RPUBLIQUE DU LIBERIA
Chef de ltat et du gouvernement: Ellen Johnson-Sirleaf Le systme judiciaire demeurait inefficace. Les organisations nationales et internationales navaient que difficilement accs aux tablissements pnitentiaires. Les femmes ainsi que les gays, les lesbiennes et les personnes bisexuelles, transgenres et intersexues continuaient de subir des discriminations. Quarante et une personnes ont t extrades vers la Cte dIvoire en dehors de toute procdure lgale.

Systme judiciaire
Lappareil judiciaire manquait toujours de moyens et restait inefficace et corrompu. Les procdures taient lentes; de fait, les personnes en attente de jugement taient maintenues en dtention prolonge. Environ 80% des personnes incarcres taient en dtention provisoire. la fin de lanne, des avocats de lassistance judiciaire taient disponibles dans chacun des comts, mais des organisations de la socit civile ont fait savoir quil tait pourtant toujours difficile dobtenir une reprsentation juridique gratuite.

Conditions carcrales
Les services de soins mdicaux se sont lgrement amliors en 2012, le ministre de la Sant et du Bien-tre social faisant rgulirement bnficier les dtenus de ce type de soins. Il y avait toutefois une pnurie de mdicaments et de fournitures mdicales. En raison de problmes de scurit et de conditions de dtention particulirement prouvantes,

Contexte
Lex-prsident librien Charles Taylor a t dclar coupable par le Tribunal spcial pour la Sierra Leone

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une dizaine dvasions, peut-tre davantage, ont eu lieu travers le pays. Daprs certaines sources, les autorits ont ripost en rduisant le temps dexercice et de sortie lair libre des prisonniers. Une crmonie a eu lieu en janvier pour inaugurer le chantier, dans le comt de Montserrado, dune nouvelle prison centrale cense rduire la surpopulation carcrale et fournir de meilleures infrastructures; la fin de lanne, toutefois, les choses navaient gure avanc. Beaucoup craignaient que la construction dun nouvel tablissement ne rsolve pas les problmes sous-jacents lorigine du nombre lev de personnes en dtention provisoire. Aprs la publication par Amnesty International, en 2011, dun rapport sur les conditions carcrales, le gouvernement a limit laccs des organisations nationales et internationales aux prisons ainsi quaux donnes les concernant. la fin de lanne, les pouvoirs publics staient abstenus de rendre public un rapport tabli par le Sous-Comit pour la prvention de la torture [ONU] lissue dune visite dinspection des lieux de dtention effectue en 2011.

leur identit ni la validit de leurs affirmations, car le Haut-Commissariat des Nations unies pour les rfugis (HCR), des avocats et dautres personnes et organismes nont pas t autoriss les rencontrer. En dcembre, une autre demande dextradition a t dpose pour huit Ivoiriens (sept hommes adultes et un mineur). Ils taient accuss par le gouvernement de Cte dIvoire davoir men une attaque ayant entran la mort de sept membres des forces de maintien de la paix des Nations unies et dun soldat ivoirien en juin 2012. Ils taient galement inculps au Liberia de meurtre, de viol et dactivit de mercenaires, entre autres infractions. Labsence dlments incriminants dans les deux affaires suscitait de vives proccupations. Si elles taient extrades, ces personnes couraient le risque dtre tortures ou autrement maltraites, juges inquitablement ou victimes dune arrestation arbitraire, dune disparition force ou dune excution extrajudiciaire, arbitraire ou sommaire.

Violences faites aux femmes et aux filles


Les violences domestiques ne constituaient toujours pas une infraction et demeuraient trs rpandues. Le viol et dautres formes de violences sexuelles contre les femmes et les filles, y compris des pratiques traditionnelles dangereuses comme les mutilations gnitales fminines et les mariages prcoces, taient galement toujours monnaie courante.

Rfugis et demandeurs dasile


En juin, 41personnes arrtes en 2011 et accuses davoir tent de franchir la frontire librienne, en possession darmes, pour se rendre en Cte dIvoire ont t extrades la demande du gouvernement ivoirien. Des agences des Nations unies et des organisations de dfense des droits humains, entre autres, avaient pourtant dit craindre que ces personnes ne soient tortures ou autrement maltraites ou juges inquitablement, ou quelles ne subissent dautres atteintes aux droits fondamentaux en cas dextradition vers la Cte dIvoire. Le principe de non-refoulement, inscrit dans le droit international coutumier, a t viol durant le processus dextradition. Le droit une procdure rgulire na pas non plus t respect pour un grand nombre des accuss. Ceux-ci nont gnralement pas bnfici des services dun interprte lors des audiences dextradition et, lorsquils ont t extrads, les recours quils avaient forms contre la dcision dextradition ainsi que leurs requtes en habeas corpus taient en instance. Au moins11 des accuss avaient le statut de rfugi. Dautres, affirmant tre en qute dasile, nont pas t autoriss accder aux procdures en matire dasile, et il na pas t possible de confirmer

Droits des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres ou intersexues (LGBTI)
Alors que lhomophobie tait gnralise dans la population librienne et les mdias, deux textes lgislatifs visant sanctionner plus svrement les relations homosexuelles ont t dposs. Ils ont encore aggrav les discriminations. En juillet, le Snat a adopt lunanimit une modification de la Loi relative aux relations conjugales qui rigeait le mariage homosexuel en crime grave sans circonstances aggravantes. Le texte navait pas encore t vot par la Chambre des reprsentants la fin de lanne. Un second projet de loi portant modification du nouveau Code pnal, qui rigeait en infraction la promotion de lhomosexualit et prvoyait de lourdes peines pour les personnes coupables de relations homosexuelles librement consenties, se trouvait devant la Chambre des

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Amnesty International - Rapport 2013

reprsentants la fin de lanne. Une fois adopt, il devait tre transmis au Snat. Lambigut de la disposition relative la promotion contenue dans ce projet de loi risquait dentraner la criminalisation des activits des dfenseurs des droits humains. Des personnes LGBTI ont indiqu avoir t victimes de discriminations, de manuvres de harclement et de menaces en raison de leur sexualit. Un grand nombre dentre elles ont galement dclar que, avec la prsentation de ces propositions de loi qui entretenaient lopprobre li aux relations homosexuelles, elles taient de plus en plus inquites pour leur scurit et anxieuses lide de solliciter les services publics dans des domaines tels que la sant, la scurit et la protection sociale.

Visites et documents dAmnesty International


v Une dlgation dAmnesty International sest rendue au Liberia en
septembre/octobre. 4 Liberia. La police doit prendre des mesures immdiates pour protger une journaliste (AFR34/001/2012).

dplaces lintrieur de la Libye et pouvaient subir des attaques de reprsailles, entre autres atteintes leurs droits fondamentaux. Les trangers en situation irrgulire risquaient dtre exploits, dtenus arbitrairement pendant une priode indfinie et torturs ou maltraits. Des affrontements arms sporadiques entre des milices dans tout le pays ont cot la vie plusieurs centaines de personnes; parmi les victimes figuraient des enfants et dautres civils qui ne participaient pas aux combats. Limpunit pour les violations flagrantes des droits humains commises dans le pass et les exactions persistantes des milices restait profondment ancre. Les femmes continuaient dtre victimes de discrimination dans la lgislation et dans la pratique. La peine de mort tait maintenue; aucune excution na eu lieu.

Contexte
Le 7juillet, les Libyens ont lu un Congrs gnral national (CGN) de 200membres charg dadopter des lois, de prparer des lections lgislatives, de former un nouveau gouvernement, et ventuellement de superviser le processus de rdaction de la premire constitution du pays depuis plus de 40ans. Le Conseil national de transition (CNT) mis en place le 2mars 2011, qui dirigeait lopposition au colonel Kadhafi, a officiellement remis le pouvoir au CGN le 8aot. Les gouvernements qui se sont succd ne sont pas parvenus mettre au pas les milices qui avaient rempli le vide scuritaire laiss par le renversement du gouvernement de Mouammar Kadhafi en 2011. De nombreuses milices continuaient se comporter comme si elles taient au-dessus des lois, refusant de rendre les armes ou dintgrer la police ou larme. Les initiatives visant intgrer les anciens combattants de lopposition dans le Comit suprme de scurit (CSS) du ministre de lIntrieur, par exemple, taient dpourvues de toute procdure systmatique de contrle en vue dexclure les auteurs dactes de torture, entre autres crimes de droit international; ceci risquait de favoriser le renouvellement de tels agissements. Lors de la session du Conseil des droits de lhomme [ONU] en mars, la Commission denqute sur la Libye a dclar que les troupes fidles au colonel Kadhafi et les forces dopposition avaient commis des crimes de guerre, des crimes contre

LIBYE
LIBYE
Chef de ltat: Mustafa Abdel Jalil, remplac par Mohammed Magarief le 9 aot Chef du gouvernement: Abdurrahim al Keib, remplac par Ali Zeidan le 14 novembre Les milices armes continuaient de commettre en toute impunit des atteintes graves aux droits humains arrestations et dtentions arbitraires, actes de torture et homicides illgaux, notamment. Des milliers de personnes souponnes davoir t des combattants ou des fidles du colonel Kadhafi, renvers en 2011, taient maintenues en dtention sans inculpation ni jugement ni accs des voies de recours. La plupart de ces prisonniers ont t battus ou maltraits en dtention; plusieurs dizaines sont morts des suites de torture. Des dizaines de milliers de personnes contraintes en 2011 de quitter leur foyer dans des rgions considres comme favorables Mouammar Kadhafi taient toujours

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lhumanit et des atteintes aux droits humains pendant le conflit en 2011. Elle a ajout que des milices armes staient livres des exactions graves, notamment des dtentions arbitraires et des actes de torture aprs la fin des hostilits. Le gouvernement libyen a toutefois rejet linclusion de la surveillance de la situation des droits humains, ainsi que toute rfrence aux atteintes persistantes ces droits, dans une rsolution du Conseil des droits de lhomme sur lassistance la Libye dans le domaine des droits de lhomme. En aot, des milices armes ont dtruit des sites religieux soufis, notamment Tripoli et Zlitan; la connaissance dAmnesty International personne na t arrt ni traduit en justice pour ces agissements. Des attentats lexplosif et dautres attaques ont t perptrs dans le pays, en particulier Benghazi, contre des btiments publics notamment des tribunaux et des postes de police, des missions diplomatiques et des organisations internationales. Le 11septembre, lambassadeur des tats-Unis, J.Christopher Stevens, et trois autres ressortissants amricains ont t tus dans une attaque contre les locaux diplomatiques amricains Benghazi. Le gouvernement libyen a condamn lattaque et annonc larrestation de plusieurs individus, mais personne navait t traduit en justice la fin de lanne.

Arrestations et dtentions arbitraires


En mai, le CNT a adopt le Loi n38 sur les procdures particulires la priode de transition, qui accordait aux ministres de lIntrieur et de la Dfense un dlai maximum de 60jours pour renvoyer devant des procureurs civils ou militaires les personnes dtenues par des milices armes. Des milliers de combattants ou de sympathisants prsums du rgime de Kadhafi restaient toutefois dtenus par des milices ou des organes de scurit semi-officiels. Bien que la responsabilit de plus de 30prisons ait t officiellement confie au Dpartement de la police judiciaire, et que le ministre de la Justice ait, en dcembre, labor une stratgie en vue de reprendre le contrle des prisons, des membres des milices travaillaient toujours comme gardiens ou employs administratifs dans de nombreux tablissements pnitentiaires. La plupart des personnes dtenues en 2011 dans le cadre du conflit arm navaient pas t inculpes ni juges la

fin de lanne. Certaines taient prives des visites de leur famille; trs peu avaient t autorises consulter un avocat. Les milices armes ont continu de capturer ou denlever des personnes souponnes davoir t des combattants ou des fidles du rgime de Mouammar Kadhafi. Ces personnes taient apprhendes leur domicile, sur leur lieu de travail, des postes de contrle ou dans la rue. Beaucoup taient battues au moment de leur arrestation; leurs habitations taient bien souvent pilles et saccages. Les membres de communauts supposes fidles Mouammar Kadhafi, et notamment les Tawarghas, taient particulirement vulnrables. Les dtenus taient rgulirement dplacs dun centre de dtention improvis un autre avant dtre transfrs dans des prisons et des centres de dtention officiels ou semiofficiels; ce nest qu partir de ce moment-l que leur famille pouvait connatre leur lieu de dtention. On restait sans nouvelles de plusieurs personnes enleves par des milices. n Bashir Abdallah Badaoui, ancien directeur du Dpartement des enqutes criminelles de Tripoli, et son fils, Hossam Bashir Abdallah, g de 19ans, ont t enlevs par des miliciens arms Tripoli le 13avril, proximit de leur domicile. Hossam Bashir Abdallah a t relch cinq jours plus tard, mais malgr les efforts dploys par ses proches pour retrouver son pre, on ignorait tout du sort de celui-ci la fin de lanne.

Torture et autres mauvais traitements


La torture et les autres mauvais traitements restaient trs frquents, surtout dans les centres de dtention contrls par les milices; ils taient utiliss pour punir les dtenus et pour leur extorquer des aveux. Les prisonniers taient particulirement vulnrables au moment de leur arrestation, pendant les premiers jours de leur dtention et durant les interrogatoires. Beaucoup signaient des aveux sous la torture ou la contrainte. Larticle2 de la Loi n38 de 2012 confrait une valeur juridique aux procs-verbaux dinterrogatoire dresss par les milices si le juge les estimait crdibles. De nombreux dtenus ont t frapps des heures durant coups de tuyau en plastique, de crosse de fusil, de cble lectrique, de tuyau darrosage ou de ceinture, le plus souvent alors quils taient suspendus dans des positions contorsionnes. Parmi les mthodes utilises figuraient aussi les dcharges

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lectriques, les brlures avec des cigarettes ou des objets en mtal chauff, voire avec de leau bouillante, les menaces de mort ou de viol et les simulacres dexcution. Plusieurs dizaines de personnes dtenues par des milices ou le CSS ainsi que dans des prisons officielles sont mortes dans des circonstances donnant penser quelles avaient succomb des suites, directes ou indirectes, de torture. n Tarek Milad Youssef al Rifai, un ancien policier tawargha, est mort le 19aot aprs son transfert de la prison de Wehda dans les locaux du CSS Misratah, pour un interrogatoire. Il avait t captur en octobre 2011 chez lui, Tripoli, par des miliciens arms de Misratah. Les proches de cet homme ont constat la morgue de Misratah que son corps prsentait des contusions; un rapport mdicolgal a conclu quil tait mort des suites de coups. La famille a dpos une plainte auprs des autorits, mais aucune enqute srieuse navait t ouverte la fin de lanne. n La famille dAhmed Ali Juma a retrouv le corps de ce dernier dans une morgue de Tripoli plusieurs jours aprs quil eut t convoqu pour interrogatoire par le Conseil militaire dAbou Salim, en juillet. Un rapport mdicolgal a fait tat de contusions multiples sur le corps, la tte, le torse, les membres et les organes gnitaux, et a conclu que cet homme avait t battu mort. Personne na eu rendre de comptes pour sa mort.

probablement plus lev. Parmi les morts figuraient des habitants de Beni Walid qui ntaient pas impliqus dans les combats, y compris des enfants. Cest ainsi que Mohamed Mustafa Mohamed Fathallah, neuf ans, a t tu par des clats dobus qui ont atteint sa maison le 10octobre. Le ministre de la Dfense, Ossama Jweili, a indiqu le 30octobre que larme ne contrlait pas la situation et que les milices se livraient des exactions gnralises. Les autorits ont dsign des commissions dtablissement des faits charges denquter sur certains affrontements arms. la fin de lanne, cependant, leurs conclusions navaient pas t rendues publiques, aucun responsable navait t traduit en justice et les victimes navaient pas reu rparation.

Rfugis, demandeurs dasile et migrants


Malgr les garanties nonces dans la Dclaration constitutionnelle rendue publique en aot2011, qui prvoyait le respect du droit de solliciter lasile et den bnficier, le gouvernement na pas ratifi la Convention relative au statut des rfugis [ONU]; il na pas non plus sign de protocole daccord avec le Haut-Commissariat des Nations unies pour les rfugis (HCR) ni adopt de loi sur lasile. Les milices armes et la police continuaient darrter de manire arbitraire des trangers en situation irrgulire, dont des personnes qui avaient besoin dune protection internationale, pour de prsumes infractions en matire dimmigration, par exemple lentre clandestine sur le territoire libyen. la fin de lanne, des milliers de personnes taient maintenues en dtention pour une dure indtermine dans lattente de leur expulsion, dans des centres de dtention surpeupls o les conditions dhygine taient dplorables. Elles navaient pas la possibilit de contester le bien-fond de leur dtention ou de se plaindre du traitement qui leur tait rserv. Les personnes souponnes dtre des migrants clandestins taient rgulirement insultes et battues en dtention, entre autres mauvais traitements constituant dans certains cas des actes de torture. Deux trangers au moins dtenus par des milices sont morts. n Le 13septembre, un groupe de Nigrianes incarcres dans le centre de dtention de Tweisha, Tripoli, ont t frappes de multiples reprises coups

Affrontements arms
Des combattants, mais aussi des riverains et des passants, ont t tus ou blesss dans des affrontements sporadiques entre milices. De tels combats taient frquents; on en a relev notamment Koufra en fvrier, avril et juin, Sebha en mars, dans le massif du Nefoussa/Djebel al Gharbi en juin, Barak al Shat en septembre et Beni Walid en octobre. Les miliciens utilisaient des roquettes Grad, des obus de mortier et des mitrailleuses antiariennes dans des zones dhabitation, faisant des victimes et causant des dommages matriels. Selon certaines informations, des milices ont utilis du phosphore blanc Sgeiga en juin, malgr la dangerosit de cette substance pour les habitants. Selon les autorits, 22personnes ont trouv la mort aprs des semaines de sige et un assaut sur Beni Walid men par larme et les milices, qui a pris fin le 24octobre; le nombre rel de victimes tait

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de tuyau, entre autres objets, par une dizaine dhommes en civil. Certaines ont reu des dcharges lectriques. Les pouvoirs publics nont pris aucune mesure contre les responsables de ces agissements.

Personnes dplaces
Les autorits nont en ralit rien fait pour faciliter le retour en toute scurit dans leur foyer de communauts entires dplaces durant le conflit en 2011, dont les habitants de Tawargha, de Mashashiya et de Gawalish, entre autres secteurs considrs comme soutiens du colonel Kadhafi. Les milices ont compltement dvast ces localits pour les rendre inhabitables et elles ont arrt de manire arbitraire et maltrait certains habitants, en particulier les Tawarghas. n Quatre hommes originaires de Tawargha ont t arrts laroport de Tripoli le 6mai leur arrive de Benghazi. Bien que lon ait dit un de leurs proches qui les accompagnait quils seraient rapidement librs, ces quatre hommes taient encore dtenus sans jugement Misratah la fin de 2012. Selon les informations disponibles, 58000personnes environ taient toujours dplaces la fin de lanne. Plusieurs milliers taient hberges dans des camps dots de peu de moyens, Tripoli et Benghazi.

Impunit
Les autorits se sont engages enquter sur les violations graves des droits humains commises sous le rgime de Mouammar Kadhafi et ont ouvert des enqutes sur un certain nombre danciens hauts responsables et de fidles prsums du colonel. Aucune initiative na toutefois t prise pour enquter sur les exactions persistantes des milices armes ni pour traduire en justice les responsables prsums de ces agissements. Le CNT a adopt en mai la Loi n17, qui mettait en place une commission dtablissements des faits et de la rconciliation. On ne savait pas prcisment si le mandat de cette commission couvrait uniquement les crimes commis par des membres de lancien gouvernement ou sil incluait ceux perptrs par dautres individus. la connaissance dAmnesty International, la commission navait men aucune enqute vritable la fin de lanne. La Loi n35 relative lamnistie, adopte en mai par le CNT, ntait pas conforme aux obligations de la

Libye au regard du droit international douvrir des enqutes sur les allgations de crimes de guerre, de crimes contre lhumanit, de disparitions forces et dexcutions extrajudiciaires, et de traduire en justice les responsables prsums de ces actes. La Loi n38 de 2012 a accord aux miliciens limmunit de poursuites pour tous les actes rputs avoir t commis dans le but de protger la rvolution du 17Fvrier. Les autorits nont men aucune enqute srieuse sur les crimes de guerre et autres atteintes graves aux droits humains torture et homicides illgaux, notamment qui auraient t commis par les milices pendant le conflit arm et par la suite. Aucune conclusion denqute navait t rendue publique sur les circonstances de la mort de Mouammar Kadhafi, de son fils Mutassim et dautres combattants et loyalistes prsums, excuts de manire extrajudiciaire selon toute apparence aprs leur capture en 2011. Les autorits libyennes ont refus de remettre la Cour pnale internationale (CPI) Saif al Islam Kadhafi ainsi quAbdallah Senoussi, extrad de Mauritanie vers la Libye le 5septembre. Les deux hommes sont poursuivis pour deux chefs de crimes contre lhumanit. En juin, quatre employs de la CPI ont t dtenus pendant trois semaines Zintan par des milices qui les accusaient de porter atteinte la scurit nationale. La Chambre prliminaire de la CPI navait pas statu la fin de lanne sur la requte introduite le 1er mai par le gouvernement libyen en vue de faire juger Saif al Islam Kadhafi par un tribunal national plutt que par la CPI.

Libert dexpression et de runion


Le nombre de mdias et de groupes de la socit civile a considrablement augment. Les personnes qui critiquaient les milices armes, y compris les journalistes libyens et trangers, taient la cible de menaces, de manuvres dintimidation, de harclement, voire darrestations; ceci les conduisait sautocensurer. n Le directeur de la chane de tlvision AlAssema, Nabil Shebani, a t interrog le 25aot pendant plusieurs heures par des agents du CSS Tripoli propos de la manire dont la chane avait rendu compte de la destruction de sites religieux soufis dans la capitale. Il a t remis en libert sans inculpation.

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n Le 19juillet, Sharron Ward, une journaliste britannique indpendante, a t arrte par les membres dune milice Tripoli alors quelle venait de filmer le camp de lAcadmie navale de Janzour, o des personnes qui vivaient Tawargha avaient trouv refuge. Interpelle nouveau le 21juillet, elle a t contrainte de quitter le pays trois jours plus tard. Une partie de son matriel a t saisi. En juin, la Cour suprme a jug contraire la Constitution la Loi n37 de 2012 qui rigeait en infraction pnale la glorification de Kadhafi et imposait des restrictions excessives la libert dexpression. Le CGN a promulgu en novembre la Loi n65 de 2012 encadrant les manifestations. Le texte comportait des dispositions injustement restrictives du droit la libert de runion pacifique.

Droits des femmes


Les femmes continuaient de subir des discriminations dans la lgislation et dans la pratique. Deux femmes ont t nommes au gouvernement provisoire dAli Zeidan. Trente-trois femmes ont t lues pour siger au CGN, qui compte 200siges au total; 32figuraient sur des listes prsentes par les partis et la 33e tait une candidate indpendante de Beni Walid. Lors de la crmonie de transfert du pouvoir au CGN le 8aot, une prsentatrice a d quitter la scne car elle ne portait pas de voile. En fvrier, de modestes manifestations organises Tripoli et Benghazi pour rclamer lgalit et dnoncer le harclement sexuel et les violences faites aux femmes ont t publiquement critiques par des chefs de milices influents et dautres dirigeants. Plusieurs des organisateurs ont interrompu leurs activits publiques aprs avoir reu des menaces.

fidles de Mouammar Kadhafi ont t la cible dactes dintimidation, de menaces et de violences imputables des milices armes. n En aot est apparue dans Misratah une affiche dnonant 34avocats (dsigns nommment) qui assuraient la dfense de fidles prsums du colonel Kadhafi. Elle les accusait de chercher recevoir de largent et obtenir la libration de la lie de la socit [nom couramment donn aux fidles de Kadhafi], au dtriment du sang des martyrs, des blesss et des disparus. Laffiche a t retire la suite de protestations du Syndicat des avocats, entre autres, mais certains des 34avocats ont reu des menaces anonymes. Aucune mesure na t prise pour rformer lappareil judiciaire et mettre en place un mcanisme de contrle systmatique en vue dcarter les juges qui avaient t impliqus dans des procs inquitables et des placements en dtention arbitraires, entre autres violations des droits humains commises sous le rgime de Mouammar Kadhafi.

Peine de mort
La peine de mort tait maintenue pour toute une srie de crimes. Cinq personnes au moins ont t condamnes mort par contumace en novembre. Aucune excution na t signale.

Homicides illgaux
Plusieurs dizaines de membres des services de scurit (y compris ceux du rgime du colonel Kadhafi) ont t viss par des engins explosifs dans lest du pays, Benghazi et Derna en particulier, lors dattaques menes selon toute apparence pour des motifs politiques. Un certain nombre ont trouv la mort. la connaissance dAmnesty International, aucune enqute srieuse na t mene sur ces homicides. n Le 30octobre, Khaled al Safi al Adli, membre dun comit rvolutionnaire sous le rgime de Mouammar Kadhafi, a t abattu Derna par des inconnus.

Systme judiciaire
Le systme judiciaire tait pratiquement paralys et incapable de traiter les milliers daffaires en instance, les postes de police et les tribunaux restant ferms dans certaines rgions du pays. Des procs de responsables influents, comme celui dAbuzeid Dorda, ancien chef de lAgence de sret extrieure, ont dbut puis ont t ajourns, sur fond dinquitudes quant au respect des normes dquit. Des procureurs, des enquteurs, des agents de la police judiciaire et des avocats qui dfendaient des personnes accuses dtre des combattants ou des

OTAN
Aucune information na t rendue publique sur les pertes civiles rsultant des frappes ariennes de lOTAN contre les forces de Mouammar Kadhafi en 2011. LOTAN soutenait que la question des rparations accorder aux victimes relevait de la responsabilit des autorits libyennes.

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Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus en Libye en
janvier-fvrier, mai-juin et aot-septembre. 4 Libye. Les victimes oublies des frappes de lOTAN (MDE19/003/2012). 4 Libya: Rule of law or rule of militias? (MDE19/012/2012). 4 Libye. Dix mesures pour les droits humains. Manifeste dAmnesty International pour les droits humains en Libye (MDE19/017/2012). 4 Libye. Nous sommes des trangers, nous navons aucun droit. La situation critique des rfugis, des demandeurs dasile et des migrants en Libye (MDE19/020/2012).

pays denquter, dans le respect des droits humains, sur sa complicit.

Discrimination lesbiennes, gays et personnes bisexuelles, transgenres ou intersexues (LGBTI)


Un certain nombre de dispositions lgislatives discriminatoires (ou susceptibles dtre appliques de faon discriminatoire) sur la base de lorientation sexuelle des personnes demeuraient en vigueur. Ces textes avaient notamment des effets prjudiciables sur les droits la libert dexpression et de runion des personnes LGBTI, ainsi que de celles et ceux qui militaient en faveur de leurs droits. De nouvelles dispositions discriminatoires ont t proposes. n Le Parlement a rejet en juin une nouvelle proposition de modification du Code relatif aux infractions administratives, qui visait interdire la promotion de lhomosexualit dans les lieux publics. Un projet de modification de la Constitution, dont lobjet tait de rviser la dfinition de la famille et de limiter sa composition un homme et une femme maris, tait en cours dexamen au Parlement. Cette modification, si elle tait adopte, pouvait dboucher sur des discriminations fondes sur la situation matrimoniale et lorientation sexuelle.

LITUANIE
RPUBLIQUE DE LITUANIE
Chef de ltat: Dalia Grybauskait Chef du gouvernement: Andrius Kubilius, remplac par Algirdas Butkeviius le 7 dcembre La Lituanie navait toujours pas rendu de comptes pour sa complicit prsume dans les programmes de restitution et de dtention secrte mens par les tats-Unis. Les lesbiennes, les gays et les personnes bisexuelles, transgenres ou intersexues continuaient de faire lobjet de discriminations, qui portaient atteinte notamment leurs droits la libert dexpression et de runion.

Surveillance internationale
Le Conseil des droits de lhomme [ONU] a adopt le 16mars les conclusions de lExamen priodique universel sur la Lituanie. Le pays a accept les recommandations relatives la protection des personnes contre la discrimination fonde sur lorientation sexuelle, ainsi qu la poursuite des investigations concernant les implications sur les droits humains de mesures antiterroristes telles que les programmes de dtention secrte. la fin de lanne, toutefois, des lois discriminatoires demeuraient en vigueur et les autorits navaient pris aucune mesure pour appliquer ces recommandations. En juillet, le Comit des droits de lhomme [ONU] a engag la Lituanie faire en sorte que sa lgislation ne soit pas interprte ni applique de manire discriminatoire contre des personnes sur la base de leur orientation sexuelle ou de leur identit de genre, et garantir le respect de tous leurs droits fondamentaux, y compris les droits la libert dexpression et de runion. Le Comit a galement

Lutte contre le terrorisme et scurit


Les pouvoirs publics nont pas rouvert lenqute sur limplication de la Lituanie dans les programmes de restitution et de dtention secrte de la CIA, malgr la dcouverte de nouvelles informations et la communication par des ONG de donnes relatives des liaisons ariennes. Ils nont pas, plus forte raison, traduit quiconque en justice pour rpondre de violations des droits humains, y compris dactes de torture et de disparitions forces, susceptibles de stre droules sur le territoire lituanien. lissue dune visite dans le pays, une dlgation du Parlement europen a conclu, en avril, que la Lituanie navait pas men denqute indpendante, impartiale, exhaustive et effective sur son implication dans les programmes de la CIA. Dans un rapport adopt en septembre, le Parlement a demand au

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Amnesty International - Rapport 2013

demand au pays de poursuivre les enqutes sur les violations des droits humains prsumes rsultant de mesures antiterroristes et de traduire les responsables de ces violations en justice.

Visites et documents dAmnesty International


4 Europe: What is new on the alleged CIA illegal detention and transfers of prisoners in Europe? (EUR01/006/2012). 4 Lithuania: Amnesty International urges the reopening of the criminal investigation into Lithuanias involvement in the US-led rendition and secret detention program (EUR53/001/2012).

MACDOINE
EX-RPUBLIQUE YOUGOSLAVE DE MACDOINE
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Gjorge Ivanov Nikola Gruevski Les relations entre les communauts macdonienne et albanaise du pays se sont dtriores. Les proches des personnes enleves en 2001 et portes disparues nont toujours pas pu obtenir justice. Les conditions de vie dans les lieux de dtention ntaient pas conformes aux normes minima.

macdonienne slave prs du lac de Smilkovci, dans les environs de Skopje. Cinq dentre eux ont t inculps dhomicide volontaire et dactes de terrorisme. Des milliers dAlbanais ont protest contre ces arrestations, ainsi que contre lattitude des autorits, qui qualifiaient les personnes interpelles de terroristes. En aot, lOrganisation rvolutionnaire macdonienne interne Parti dmocrate pour lunit nationale macdonienne (VMRO-DPMNE, le parti au pouvoir) a dpos une proposition de loi visant accorder des rparations aux militaires et aux policiers macdoniens (ou leurs proches) ayant combattu et subi des dommages lors du conflit arm de 2001. Le texte a t mis en chec en octobre au Parlement par lUnion dmocratique pour lintgration (BDI), parti albanais membre de la coalition gouvernementale, qui lui reprochait de ne pas prvoir les mmes mesures en faveur des combattants de lArme de libration nationale (UK), qui staient opposs aux forces rgulires lors du conflit.

Crimes de droit international


En octobre, la Cour constitutionnelle a rejet un recours introduit par des proches de membres de la communaut macdonienne slave prsums enlevs par lUK en 2001. Les requrants contestaient la lgalit dune interprtation faite par le Parlement en juillet2011 de la Loi damnistie de 2002. la suite de cette interprtation, le parquet avait annul quatre affaires portant sur des crimes de guerre, notamment sur les enlvements prsums voqus dans le recours. Ces affaires avaient t transmises la Macdoine par le Tribunal pnal international pour lex-Yougoslavie.

Contexte
La Commission europenne a de nouveau recommand en octobre louverture de ngociations en vue de ladhsion de la Macdoine lUnion europenne (UE), mais le Conseil des ministres de lUE a remis plus tard les pourparlers, en partie en raison du conflit qui continue dopposer ce pays la Grce concernant son nom officiel. Les relations entre les communauts macdonienne et albanaise du pays se sont encore dtriores. En fvrier, Gostivar, un policier macdonien qui ntait pas en service a abattu deux membres de la communaut albanaise. Plusieurs agressions caractre ethnique ont eu lieu en mars Tetovo et Skopje. En mai, 20membres de la communaut albanaise ont t arrts lors doprations de police menes aprs le meurtre de cinq hommes appartenant la population

Torture et autres mauvais traitements


De nouvelles allgations de torture et dautres mauvais traitements perptrs par la police ont t enregistres cette anne, notamment concernant deux hommes arrts aprs les meurtres du lac de Smilkovci. En mai, le mdiateur, agissant en tant que mcanisme national de surveillance, a indiqu que les conditions de dtention dans les commissariats de police avaient t, en 2011, audessous des normes minima, en particulier pour les mineurs, et que les dtenus avaient rarement accs un avocat ou un mdecin. Les suspects

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mineurs taient dtenus lisolement dans des conditions inhumaines et totalement dgradantes. En dcembre, le Comit europen pour la prvention de la torture a dplor que ses recommandations prcdentes naient gure suscit dactions de la part des autorits, notamment la prison dIdrizovo, o les mauvais traitements de la part des gardiens lencontre des dtenus et lintimidation et la violence entre dtenus posaient toujours un grave problme, tout comme les conditions de dtention totalement insatisfaisantes de limmense majorit des dtenus dans cet tablissement.

Rfugis, demandeurs dasile et migrants


Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les rfugis (HCR), il y avait encore en Macdoine 1087rfugis roms et ashkalis, pour la plupart originaires du Kosovo. En labsence de solution durable, 30personnes sont rentres au Kosovo et 14 sont reparties en Serbie. Sous la pression de lUnion europenne, le gouvernement a limit le droit de se rendre ltranger. Les agents chargs du contrle aux frontires ont plus particulirement cherch limiter les dparts de membres des communauts rom et albanaise, en marquant leur passeport pour les empcher de tenter de nouveau de quitter le territoire. Entre janvier et octobre, 8115ressortissants macdoniens ont sollicit lasile dans des pays de lUnion europenne. Moins de 1% se sont vu accorder une protection. LAutriche et la Suisse appliquaient une procdure acclre de traitement des demandes dasile manant de ressortissants macdoniens. En Macdoine, 638personnes ont demand lasile. Aucune ne la obtenu.

Homicides illgaux
Igor Spasov, membre dune unit spciale de la police, a t condamn en janvier 14annes demprisonnement pour le meurtre de Martin Neskoski, commis lors dun rassemblement lectoral en juillet2011.

Libert dexpression
Un projet de loi visant dpnaliser la diffamation a t labor en accord avec lAssociation des journalistes. Un certain nombre de professionnels de la presse ont cependant critiqu les nouvelles sanctions prvues, qui risquaient, selon eux, dinciter les mdias sautocensurer. Le projet de loi prvoyait en effet des amendes pouvant atteindre 2000euros pour les auteurs, 10000euros pour les responsables de la rdaction et 15000euros pour les propritaires des organes de presse.

Lutte contre le terrorisme et scurit


La Cour europenne des droits de lhomme a estim en dcembre, lunanimit, que la Macdoine stait rendue responsable de violations lencontre de Khaled el Masri, rsidant allemand apprhend en 2003 par les autorits macdoniennes, puis dtenu au secret pendant 23jours en Macdoine avant dtre remis aux autorits amricaines et envoy par avion en Afghanistan. La Cour a considr que la Macdoine tait responsable de la dtention illgale de Khaled el Masri, de sa disparition force, des actes de torture et des autres mauvais traitements subis par celui-ci, et de son transfert vers une destination o il a de nouveau t victime de violations graves de ses droits fondamentaux. Elle a galement reconnu la Macdoine coupable de ne pas avoir effectu denqute approfondie sur cette affaire. Il sagissait du premier arrt de la Cour europenne des droits de lhomme concernant une affaire relative au programme de restitutions mis en place par les tats-Unis.

Discrimination
Le gouvernement navait toujours pas modifi la Loi de 2010 contre la discrimination, pour tendre sa protection aux lesbiennes, aux gays et aux personnes bisexuelles, transgenres ou intersexues (LGBTI). Les propos homophobes tenus en octobre par le ministre du Travail et des Affaires sociales ont t suivis dune attaque contre le Centre de soutien aux LGBTI, une structure gre par une ONG.

Les Roms
La Macdoine, qui a exerc jusquen juillet la prsidence de la Dcennie pour lintgration des Roms, na pas consacr suffisamment de moyens la mise en uvre de ses propres plans daction dans ce domaine et de sa Stratgie nationale pour la promotion des femmes et des filles roms.

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Amnesty International - Rapport 2013

MADAGASCAR
RPUBLIQUE DE MADAGASCAR
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Andry Nirina Rajoelina Jean Omer Beriziky De graves violations des droits humains dont des centaines dhomicides illgaux commis par les forces de scurit, ainsi que des arrestations et des dtentions illgales ont continu dtre perptres dans une impunit quasi totale. Des dirigeants politiques, des journalistes, des pasteurs, des avocats, ainsi que dautres personnes ayant critiqu les autorits ont t victimes dactes dintimidation. Certaines ont t incarcres lissue de procs non conformes aux normes dquit.

linstauration dune commission denqute, pilote par les Nations unies. Les travaux prparatoires de lenqute se poursuivaient la fin de lanne.

Homicides illgaux
De nombreux civils ont t tus par des agents de ltat pour des vols de btail. Des centaines de personnes sont restes sans protection lors de violences intercommunautaires et de massacres, en particulier dans la rgion de lAnosy (sud du pays). Daprs des tmoignages recueillis par Amnesty International, des personnes se trouvant dans lincapacit de fuir leur domicile ont t brles vives quand les forces de scurit ont incendi des villages sans aucun discernement dans le cadre de lopration militaire Tandroka, lance en septembre. n En septembre, les units impliques dans cette opration auraient tu au moins 11personnes, dont une fillette ge de six ans, et brl 95maisons dans la commune dElonty. Des rcoltes ont t rduites nant et au moins une cole a t rase pendant ces attaques. Des reprsentants des autorits ont affirm que seules des exploitations cultivant du cannabis avaient t dtruites par les forces publiques. n Les forces de scurit ont excut sommairement des voleurs de btail (dahalos) prsums, dont une personne souffrant de handicap physique, dans le village de Numbi, en septembre. Dans la commune de Mahaly, les parents et lpouse dun suspect bien connu ont t victimes de ce type dexcution en octobre. n Au moins 250personnes ont t tues cette anne aux alentours de la ville de Fort-Dauphin, dans le sud du pays, dans le cadre de ce que les autorits ont dcrit comme des affrontements entre communauts dclenchs par des vols de btail. Amnesty International craignait que ce chiffre ne soit bien en de de la ralit. Des tmoins ont expliqu que les autorits avaient t informes de limminence dune attaque contre un village par des personnes vivant proximit; elles nont pris aucune mesure, et au moins 86personnes ont t tues coups de machette.

Contexte
La situation politique et sociale restait tendue et les conditions de scurit demeuraient trs prcaires dans certaines rgions, en particulier dans le sud du pays. Des dispositions importantes de la Feuille de route pour la sortie de crise Madagascar, signe en septembre 2011 par une majorit dacteurs politiques malgaches sous lgide de la Communaut de dveloppement de lAfrique australe, nont pas t mises en uvre. Ctait notamment le cas des dispositions concernant labandon des procdures judiciaires motives par des considrations politiques, la protection et la promotion des droits humains et le respect des liberts fondamentales, ainsi que le retour au pays des exils politiques. Des membres de la communaut internationale et le gouvernement malgache ont confirm que llection prsidentielle se droulerait en mai 2013. la mi-avril 2012, une loi damnistie couvrant la priode du 1er janvier 2002 au 31dcembre 2009 a t adopte par les deux chambres du Parlement. En septembre, Madagascar a sign le Deuxime Protocolefacultatif se rapportant au PIDCP, qui vise abolir la peine de mort, et le Protocole facultatif la Convention relative aux droits de lenfant [ONU]. la suite dun communiqu de presse publi par Amnesty International le 20novembre, dans lequel lorganisation dnonait les graves atteintes aux droits humains commises par les forces de scurit dans le sud du pays et demandait louverture dune enqute indpendante, le Premier ministre a dcid

Impunit
Des agents des forces de scurit et des membres de groupes arms responsables de graves violations des droits humains, dont des homicides illgaux, ont continu dagir dans limpunit. n La plainte dpose la suite de la mort de Michel Rahavana, substitut du procureur Toliara, faisait

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toujours lobjet dune enqute un an aprs les faits. Michel Rahavana avait t tu en dcembre 2011 par un groupe de policiers qui cherchaient obtenir la remise en libert dun de leurs collgues, plac en dtention par le magistrat dans le cadre dune affaire de vol. Prsent Toliara au moment du meurtre, le ministre de la Scurit intrieure, autorit de tutelle de la police, aurait t inform de lattaque imminente visant le substitut mais naurait rien fait pour lempcher. La ministre de la Justice avait annonc fin 2011 quune enqute serait ouverte. n Lhomicide de Hajaharimananirainy Zenon, un chauffeur de taxi connu sous le nom de Bota, na fait lobjet daucune enqute officielle, malgr les engagements pris dans ce sens par la ministre de la Justice. Bota avait t arrt, tortur puis tu par des membres de la Force dintervention de la police (FIP) le 17juillet 2011, dans le quartier des 67ha Antananarivo; sa famille avait port plainte le 30aot 2011.

et rdacteur en chef de Gazetiko ont t entendus la gendarmerie de Betongolo, dans la province dAntananarivo. Lhomme daffaires Ravatomanga Mamy, conseiller officiel du prsident, avait port plainte contre eux aprs que leurs journaux eurent publi des extraits dune dclaration dun dirigeant local laccusant dtre impliqu dans un trafic de bois de rose. Les journalistes ont t envoys au bureau du procureur le 12novembre. Ils nont pas t placs en dtention mais une information a t ouverte contre eux. Elle tait en cours la fin de lanne.

Visites et documents dAmnesty International


v Un dlgu dAmnesty International sest rendu Madagascar en
novembre. 4 Madagascar doit mettre fin aux massacres et enquter sur les forces de scurit (PRE01/570/212).

Libert dexpression journalistes


Plusieurs mdias, dont Radio Fahazavana, demeuraient ferms. Au moins cinq autres stations de radio ont t suspendues en fvrier. Les autorits ont continu dutiliser lappareil judiciaire pour intimider et harceler des journalistes. n Le 13novembre, Lalatiana Rakotondrazafy et Fidle Razara Pierre, journalistes la radio Free FM, ont t condamns par le tribunal dAntananarivo une peine demprisonnement de trois mois avec sursis et une amende dun million dariarys (environ 500dollars des tats-Unis). Ils avaient tous deux t remis en libert le 3mai aprs une priode de dtention de 24heures. En juin, les autorits les ont empchs de quitter le territoire. Ils ont t condamns pour diffamation et diffusion de fausses informations la suite dune plainte dpose par Ravatomanga Mamy, homme daffaires et conseiller officiel du prsident. Craignant pour leur scurit, les deux journalistes et un technicien de la radio staient rfugis le 1er aot lambassade dAfrique du Sud Antananarivo, o ils avaient pass plus de deux mois. n Les 8 et 9novembre, quatre journalistes de la presse crite Zo Rakotoseheno, directeur de publication de Midi Madagasikara; Rocco Rasoanaivo, directeur de publication de La Nation et prsident du Syndicat des journalistes malgaches; Fidy Robson et Herivonjy Rajaonah, respectivement directeur de la publication

MALAISIE
MALAISIE
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Abdul Halim Muadzam Shah Najib Tun Razak Un certain nombre de lois datant de lpoque coloniale qui permettaient la dtention arbitraire et limitaient la libert dexpression ont t remplaces. Les nouvelles dispositions adoptes ntaient cependant toujours pas conformes aux normes internationales relatives aux droits humains. La police a brutalement rprim des manifestations non violentes en faveur dune rforme du systme lectoral et a procd de trs nombreuses arrestations. Au moins 14personnes restaient en dtention sans procs au titre de la Loi relative la scurit intrieure.

Contexte
La coalition du Premier ministre Najib Tun Razak et lopposition parlementaire se sont prpares aux prochaines lections, que le chef du gouvernement tait tenu de convoquer au plus tard en mars 2013. Le leader dopposition Anwar Ibrahim, qui avait t inculp (pour des raisons politiques) de sodomie et

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Amnesty International - Rapport 2013

qui risquait ce titre une condamnation lemprisonnement et cinq annes dinterdiction dexercer une fonction publique, a t acquitt en janvier 2012.

Libert dexpression
Le gouvernement a annonc en juillet son intention dabroger la Loi de 1948 relative la sdition, longtemps utilise pour rprimer toute dissidence. La future loi dharmonie nationale, cense la remplacer, contenait cependant de nouvelles restrictions de la libert dexpression. Aux termes de larticle 114A de la Loi sur la preuve, fruit dune modification entre en vigueur au mois de juillet, les personnes proposant un hbergement sur Internet ou administrant des sites acceptant les contributions des internautes (cas des forums en ligne, par exemple), taient dsormais juridiquement responsables de tout contenu offensant publi par le biais de ces services. n Les autorits ont interdit en mai le livre de la Canadienne Irshad Manji, Allah, libert et amour, jug prjudiciable pour la moralit et lordre public. Nik Raina Nik Abdul Aziz, directrice dune librairie du groupe Borders qui avait ce livre en stock, a t inculpe de diffusion dun livre offensant pour lislam, au titre de la charia. Elle risquait deux annes demprisonnement.

DCNS, une socit franaise darmement naval, aurait vers des dessous-de-table des fonctionnaires malaisiens afin dobtenir un contrat portant sur lachat de deux sous-marins. n La Haute Cour a rejet en mars lappel de la coalition Seksualiti Merdeka. Celle-ci avait demand louverture dune enqute judiciaire sur linterdiction par la police dun festival annuel pour les droits en matire de sexualit, qui stait droul sans problme depuis 2008.

Utilisation excessive de la force


La police a fait usage dune force excessive contre des manifestants pacifiques. Les autorits ont rejet les appels ritrs en faveur de la cration dune commission indpendante denqute sur les plaintes et les cas dabus mettant en cause la police, mesure recommande par la Commission royale de 2005 sur la police. n Lors du dfil Bersih 3.0 du 28avril, la police de Kuala-Lumpur a fait usage de gaz lacrymogne et de canons eau contre plusieurs dizaines de milliers de personnes, qui manifestaient pacifiquement pour une rforme du systme lectoral. Les forces de scurit ont frapp des manifestants non violents et arrt au moins 471personnes. n Le ministre de lIntrieur, Hishammuddin Hussein, a indiqu en octobre au Parlement que, entre 2007 et aot 2012, la police avait abattu 298suspects de droit commun, dont 151ressortissants indonsiens.

Libert de runion
Les pouvoirs publics harcelaient les organisations de la socit civile critiques lgard du gouvernement. La Loi de 2012 sur les rassemblements pacifiques supprimait lobligation pour les organisateurs de runions publiques dobtenir une autorisation de la police, mais elle permettait aussi dinterdire tout rassemblement au motif quil constituait une protestation de rue. n En mai, trois dirigeants de lopposition, dont Anwar Ibrahim, ont t inculps datteinte la Loi sur les rassemblements pacifiques pour avoir particip un rassemblement organis par le mouvement Bersih (Propre), au motif que celui-ci tait en fait une protestation de rue. n Plusieurs organismes de ltat ont men une campagne de harclement et dintimidation lencontre de lorganisation Suara Rakyat Malaysia (Suaram), une association de dfense des droits humains qui a obtenu que la justice franaise enqute sur une affaire de corruption. Selon cette association, la

Arrestations et dtentions arbitraires


Le gouvernement a abrog la Loi relative la scurit intrieure, qui autorisait la dtention sans inculpation ni procs pour une dure indtermine, et la remplace en juillet par la Loi sur les atteintes la scurit (Mesures spciales). Ce nouveau texte autorisait la police maintenir les suspects en dtention au secret pendant 48heures, et jusqu 28jours sans inculpation ni contrle judiciaire. n En novembre, au moins 14personnes, toutes de nationalit trangre, taient encore dtenues au titre de la Loi relative la scurit intrieure, et ce malgr labrogation de ladite Loi.

Rfugis et migrants
Les rfugis taient systmatiquement placs en dtention. Les travailleurs migrants risquaient dtre victimes dabus en matire de droits du travail. En

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juin, lIndonsie a mis un terme une mesure prise deux ans plus tt qui interdisait lenvoi en Malaisie demploys de maison, en raison des abus constats leur gard dans ce pays. n Le 12fvrier, la Malaisie a viol le principe international de linterdiction de tout refoulement, en renvoyant de force le blogueur Hamza Kashgari en Arabie saoudite, o celui-ci tait inculp dapostasie pour des messages envoys sur Tweeter concernant le prophte Mahomet, et o il risquait la peine de mort. n Un tudiant nigrian, Onochie Martins Nwankwo, a t battu mort le 30mars par des membres du corps des volontaires du peuple Ikatan Relawan Rakyat (RELA), une force civile qui effectue certaines tches de police et qui est charge de procder aux contrles en matire dimmigration. Le Parlement a adopt le 20avril la Loi de 2012 sur le Corps des volontaires de Malaisie, qui interdisait dsormais aux membres du RELA de procder des arrestations et de porter des armes feu.

MALAWI
RPUBLIQUE DU MALAWI
Chef de ltat et du gouvernement: Bingu wa Mutharika, remplac par Joyce Banda le 7avril Les manuvres de harclement et dintimidation visant les dtracteurs du rgime se sont poursuivies pendant la premire partie de lanne. Aprs la prestation de serment de Joyce Banda en tant que prsidente, en avril, la situation sest rapidement amliore sur le plan des droits civils et politiques. Les commissions charges denquter sur les circonstances de la mort de 20personnes lors des manifestations nationales de juillet2011, et sur celle dun jeune militant tudiant, ont rendu leurs conclusions. Plusieurs lois attentatoires aux droits humains garantis par le droit international ont t abroges.

Peine de mort
Fin fvrier, selon les chiffres de ladministration pnitentiaire, au moins860 personnes se trouvaient dans le quartier des condamns mort. Les autorits nont pas rendu public le nombre dexcutions ayant eu lieu en 2012. n Le ministre des Affaires juridiques Nazri Aziz a annonc en octobre que le gouvernement allait examiner la possibilit de remplacer la peine capitale obligatoire par des peines demprisonnement, mais uniquement pour les atteintes la lgislation sur les stupfiants et dans certaines circonstances.

Contexte
Le prsident Bingu wa Mutharika, mort subitement le 5avril, a t remplac dans ses fonctions par la viceprsidente, Joyce Banda. En mai, la prsidente Joyce Banda a demand lUnion africaine (UA) dannuler linvitation adresse lex-prsident soudanais Omar el Bchir, sous le coup dun mandat darrt de la Cour pnale internationale, pour quil assiste au sommet de lorganisation du 9 au 16juin, Lilongwe, la capitale malawienne. LUA ayant refus, le Malawi a dcid de ne pas accueillir le sommet, qui a t report une date ultrieure et reprogramm Addis-Abeba, en thiopie. La prsidente ny a pas assist. Sensibles aux rformes engages par Joyce Banda, plusieurs bailleurs de fonds importants, dont la Banque mondiale, le Fonds montaire international et lUnion europenne, ont repris les versements daide au Malawi.

Visites et documents dAmnesty International


4 Malaisie. Il faut cesser de harceler les militants anticorruption (ASA28/002/2012). 4 La Malaisie doit largir son projet dabolition de la peine capitale (ASA28/003/2012). 4 Malaisie. Le cas dAnwar Ibrahim montre pourquoi la loi sur la sodomie doit tre abroge (PRE01/009/2012).

volutions lgislatives
Plusieurs lois adoptes sous la prsidence de Bingu wa Mutharika et qui avaient fait lobjet de trs nombreuses critiques ont t abroges en mai. Il sagissait notamment de larticle46 du Code pnal, qui confrait au ministre de lInformation le pouvoir discrtionnaire dinterdire une publication sil avait

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Amnesty International - Rapport 2013

des motifs raisonnables de croire que celle-ci, ou limportation de celle-ci, serait contraire lintrt gnral.

Droits des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres ou intersexues
Le 18mai, la prsidente Banda a annonc labrogation imminente de certaines lois contraires aux droits humains, en particulier celles qui rigeaient lhomosexualit en infraction. Malgr plusieurs rformes du droit, les dispositions faisant de lhomosexualit une infraction sont demeures en vigueur.

Dfenseurs des droits humains


Ralph Kasambara, un avocat dfendant des militants des droits humains et dautres voix dissidentes, a t arrt le 13fvrier Blantyre avec ses cinq agents de scurit. Ces interpellations ont fait suite un incident intervenu dans les bureaux de Ralph Kasambara: ce dernier et ses agents de scurit ont t accuss davoir agress un groupe dhommes apparemment venus pour commettre un attentat au cocktail Molotov. La veille, une dclaration de Ralph Kasambara critique lgard de la politique du prsident Mutharika tait parue dans la presse. Lavocat et ses agents de scurit ont t arrts et inculps denlvement et de coups et blessures, puis transfrs la prison de Chichiri. Ralph Kasambara a t relch le 15fvrier, mais de nouveau interpell quelques heures plus tard. Le 17fvrier, la Haute Cour a ordonn sa libration immdiate. Ce mme jour, il navait pas encore t libr lorsquil a d tre hospitalis. Le 21fvrier, la police a mis fin sa garde vue, mais la plac en libert sous caution. Laffaire na pas donn lieu des poursuites.[0]

MALDIVES
RPUBLIQUE DES MALDIVES
Chef de ltat et du gouvernement: Mohamed Nasheed, remplac par Mohamed Waheed le 7 fvrier La dmission controverse du prsident dbut fvrier a dclench des mois de protestation et de rpression politique dans lensemble de larchipel. Les forces de scurit ont eu recours une force excessive pour rprimer des rassemblements pourtant en grande partie pacifiques, notamment en frappant des manifestants coups de matraque et en les aspergeant de gaz poivre directement dans les yeux. Des sympathisants du Parti dmocratique maldivien (PDM), le parti du prsident qui a quitt ses fonctions, ont t la cible dagressions en fvrier. Des dtenus ont t torturs et autrement maltraits. Les dfaillances du systme judiciaire ont contribu perptuer limpunit pour les responsables datteintes aux droits humains.

volutions institutionnelles
La commission charge denquter sur les manifestations de juillet 2011, au cours desquelles 20personnes avaient trouv la mort, a publi son rapport le 10juillet. Elle a tabli que la police avait fait usage dune force excessive et que les tirs balles relles avaient provoqu des blessures et des morts qui auraient pu tre vites. La prsidente Joyce Banda a demand au procureur gnral de dire si les faits constituaient des motifs suffisants pour engager des poursuites pnales. En avril, Joyce Banda a charg une commission denquter sur la mort de Robert Chasowa, un militant tudiant dont le corps avait t dcouvert le 24septembre 2011. La commission a tabli que le jeune homme avait t tu en toute illgalit et que la police avait dlibrment tent de faire disparatre les lments clairant les causes de sa mort. Les 10personnes arrtes et inculpes dans cette affaire de meurtre ont obtenu de la Haute Cour leur mise en libert sous caution.

Contexte
Pendant les mois qui ont prcd la dmission de Mohamed Nasheed, le 7fvrier, le pays a t en proie des conflits entre partis politiques et une agitation sociale suivis dune mutinerie de la police. Le lendemain de son dpart, dans un discours lattention de ses partisans, Mohamed Nasheed affirmait avoir t contraint de quitter ses fonctions sous la menace dune arme. partir du 7fvrier, des sympathisants du PDM ont t pendant plusieurs jours la cible directe de violences policires, ce qui a entran une crise des

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droits humains dans le pays. Bien que les rassemblements du PDM aient t en grande partie pacifiques, le 8fvrier des policiers sen sont pris des manifestants Mal, dclenchant une raction violente Addu, la ville la plus mridionale de larchipel. Une Commission denqute nationale, cre par le prsident Waheed en fvrier, a conclu au mois daot que Mohamed Nasheed avait volontairement quitt le pouvoir, reprenant les propos tenus par le prsident Waheed peu aprs la dmission de son prdcesseur. La Commission relevait lexistence dallgations de brutalits policires et dactes dintimidation et demandait que les enqutes avancent, que leurs conclusions soient rendues publiques et que les responsables soient amens rendre compte de leurs actes.

Dfenseurs des droits humains


Des personnes qui soutenaient la tolrance religieuse ou qui faisaient campagne pour la promouvoir ont t victimes dagressions, et la police ou les autorits judiciaires nont pris aucune mesure pour dfrer les auteurs de ces actes la justice. n Le 5juin, des hommes non identifis ont entaill la gorge dIsmail Hilath Rasheed, qui a survcu lagression. Il avait dj t victime de violences en dcembre 2011 pour avoir plaid en faveur de la libert religieuse lors dun petit rassemblement Mal. n Le 2octobre, Afrasheem Ali, membre du Parlement, a t poignard mort devant son domicile Mal. Cet intellectuel musulman trs respect dfendait le droit davoir des opinions religieuses diffrentes au sein de lIslam.

Utilisation excessive de la force


Tout au long de lanne, les forces de scurit ont rgulirement pris pour cible des manifestants pacifiques, dont des membres du Parlement, des journalistes et des passants, dans les villes de Mal et dAddu, deux bastions du PDM. Des policiers ont frapp des manifestants coups de matraque et les ont rous de coups de pied et aspergs de gaz poivre directement dans les yeux. Aux alentours de la dmission de Mohamed Nasheed, entre le 7 et le 9fvrier, la police sen est violemment prise des cadres du PDM, et a poursuivi et agress des manifestants blesss jusque dans les hpitaux. n Le 7fvrier, les forces de scurit ont agress le parlementaire Ahmed Esa, le frappant notamment la tte coups de barre de fer et de matraque. n Le 29mai, Mana Haleem, lpouse dun ancien ministre du gouvernement de Mohamed Nasheed, a t arrte par la police alors quelle rentrait chez elle. Elle avait long la rue Majeedee Magu au moment o sy droulait un rassemblement de lopposition. Des policiers lui ont assn plusieurs coups de matraque sur les bras, le dos et les hanches avant de la placer en garde vue.

Obligation de rendre des comptes


Les graves dfaillances du systme judiciaire ont accentu limpunit. Ainsi, aucune loi codifie ne permettait de garantir la mme justice pour tous, et des personnes nayant pas reu de vritable formation ont t nommes juges sans que leurs qualifications dans le domaine juridique naient t srieusement examines. Tout au long de lanne, les autorits ont t accuses de parti pris politique parce quelles ont acclr les poursuites engages contre des partisans de lopposition inculps de comportements dlictueux lors de manifestations, alors quelles nont pas poursuivi des policiers et dautres personnes souponns davoir commis des violations des droits humains au cours de ces mmes rassemblements.

Peine de mort
Au moins deux personnes ont t condamnes mort, mais aucune excution na eu lieu. Cependant, le prsident de la Cour suprme et le ministre des Affaires intrieures ont fait des dclarations laissant entendre que les excutions ne pouvaient pas tre exclues aux termes de la lgislation. Selon des informations diffuses par les mdias, le gouvernement rdigeait un projet de loi visant garantir lapplication des condamnations mort, ce qui a soulev des proccupations quant une ventuelle reprise des excutions, aprs une interruption de prs de soixante ans.

Torture et autres mauvais traitements


Des personnes ont t tortures au moment de leur arrestation ou alors quon les emmenait au poste de police. Parmi les pratiques couramment utilises figuraient les passages tabac, la pulvrisation de gaz poivre dans les yeux et la bouche, la privation deau et, dans la ville dAddu, lincarcration dans des cages pour chiens.

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MALI
RPUBLIQUE DU MALI
Chef de ltat: Amadou Toumani Tour, remplac provisoirement par Diouncounda Traor le 12avril Chef du gouvernement: Mariam Kadama Ciss Sidib, remplace provisoirement par Cheick Modibo Diarra le 17avril, son tour remplac par Diango Cissoko le 11dcembre

Le conflit arm dans le nord du pays et le coup dtat militaire qui a suivi ont donn lieu de trs graves violations des droits humains, excutions extrajudiciaires, disparitions forces et torture notamment, commises par les forces de scurit. Dans le nord, des groupes arms se sont livrs des exactions, dont des violences sexuelles, des homicides dlibrs et arbitraires et des chtiments corporels. Les deux camps ont recrut des enfants soldats.

prsums. En juillet et en aot, la CPI a envoy une dlgation qui a procd un examen prliminaire pour dterminer si une enqute devait tre ouverte. Les rsultats de cet examen navaient pas t rendus publics la fin de lanne. En octobre, des dirigeants africains de la CEDEAO ont dcid de dfinir un plan dintervention militaire en vue de la reconqute du nord du Mali avec le soutien des Nations unies et de plusieurs autres gouvernements, dont la France et les tats-Unis. En dcembre, le Conseil de scurit des Nations unies a autoris une force sous conduite africaine prendre toute mesure utile pour reprendre les zones du nord contrles par des groupes arms.

Violations des droits humains imputables aux forces gouvernementales


Dans son combat contre le MNLA, larme a lanc plusieurs attaques sans discernement contre des cibles civiles dans la rgion de Kidal. n En fvrier, un hlicoptre de larme a vis le camp de Kel Essouck, prs de Kidal. Au moins 12 personnes ont t blesses; Fata Walette Ahmedu, une fillette de quatre ans atteinte par un obus, a succomb ses blessures.

Contexte
En janvier, des groupes arms touaregs et islamistes ont dclench un soulvement qui a provoqu, en mars, un coup dtat militaire Bamako et le renversement du prsident dmocratiquement lu Amadou Toumani Tour. Ces vnements ont dbouch sur une partition de facto du pays en avril. Un chef dtat et un Premier ministre ont t dsigns en avril titre provisoire, mais les chefs de la junte dirige par le capitaine Amadou Haya Sanogo restaient influents politiquement. Le conflit dans le nord a entran des pertes civiles et militaires ainsi que le dplacement de plus de 400000 personnes, qui ont trouv refuge dans le sud du Mali et dans les pays voisins Algrie, Burkina Faso, Mauritanie et Niger. partir du mois davril, la totalit du nord du pays tait aux mains de plusieurs groupes arms, savoir le Mouvement national de libration de lAzawad (MNLA) et trois groupes islamistes: Ansar Eddin, le Mouvement pour lunicit et le jihad en Afrique de lOuest (MUJAO) et Al Qada au Maghreb islamique (AQMI). En juillet, le gouvernement a saisi la Cour pnale internationale (CPI) de la situation de crise au Mali, au motif que les autorits nationales taient dans limpossibilit denquter sur les crimes commis et dengager des poursuites contre leurs auteurs

Torture et autres mauvais traitements; excutions extrajudiciaires


Des personnes souponnes de sympathie lgard de groupes arms, ou prises pour cible parce quelles taient touaregs, ont t victimes de torture et dautres mauvais traitements, voire dexcutions extrajudiciaires, imputables aux forces de scurit. n En janvier, des soldats ont arrt deux Touaregs accuss de fournir de lessence des groupes arms Mnaka et les ont frapps coups de crosse de fusil. n En avril, des soldats ont arrt trois hommes non arms dont deux Touaregs accuss despionnage pour le compte du MNLA Svar. Ils les ont frapps coups de crosse de fusil avant de les excuter sommairement. n En septembre, 16Maliens et Mauritaniens ont t arrts par des militaires Diabaly et excuts de manire extrajudiciaire car on les souponnait de soutenir des groupes arms islamistes. Ces 16hommes, qui appartenaient un groupe de prdicateurs musulmans, la Dawa, taient venus de Mauritanie pour participer au rassemblement annuel de leur mouvement Bamako. Une enqute a t

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ouverte, mais ses conclusions navaient pas t rendues publiques la fin de lanne.

Arrestations et dtentions arbitraires


Des sympathisants prsums du MNLA ont t arrts et incarcrs sans inculpation. n En fvrier, quatre personnes, dont la prsidente et la vice-prsidente de lAssociation des femmes de lAzawad, ont t arrtes dans la rgion de Kidal et transfres Bamako. Elles ont t libres en avril en change de 13personnes dtenues par le MNLA.

n En mars, cinq journalistes ont t arrts Bamako par des militaires et emmens au camp de Kati. Ils ont t relchs quelques jours plus tard. Omar Ouahmane, un journaliste franais travaillant pour la station de radio France Culture, a t arrt, maltrait et menac de mort par des soldats fidles la junte. n En juin, la chane de tlvision prive Africable TV a t censure alors quelle tait sur le point de diffuser une interview dun responsable du MNLA.

Atteintes aux droits humains perptres par la junte


Excutions extrajudiciaires, disparitions forces et torture
En mai, aprs une tentative de contre-coup dtat, des militaires et des policiers fidles lancien prsident Tour ont t torturs et excuts de manire extrajudiciaire; dautres ont t victimes de disparition force. Deux militaires ont t poignards mort dans le camp militaire de Kati, non loin de Bamako, par des soldats fidles la junte. Plus de 20 autres ont t victimes de disparition force aprs avoir t enlevs de leur cellule et, la fin de lanne, on tait toujours sans nouvelles deux. Certains des militaires et des policiers ont t dtenus dans des conditions prouvantes durant leur interrogatoire et ont t soumis des svices sexuels.

Exactions perptres par des groupes arms


Homicides arbitraires et torture
Des groupes arms ont commis des atteintes graves au droit international humanitaire en torturant et en excutant des militaires maliens quils avaient capturs. n En janvier, des soldats maliens faits prisonniers lors dune embuscade Tilemsi ont t ligots et frapps coups de crosse de fusil. n En janvier, plusieurs dizaines de militaires maliens faits prisonniers Aguelhoc ont t abattus ou gorgs par des membres dAnsar Eddin.

Violences faites aux femmes et aux filles


Lors de la prise de contrle du nord par des groupes arms, et aprs, des femmes et des jeunes filles ont t soumises des viols, dans certains cas commis en runion, par des membres de ces groupes. La plupart taient enleves leur domicile ou dans la rue et emmenes dans un camp militaire. n la fin de mars et au dbut davril, plusieurs femmes ont t agresses et violes Gao alors quelles venaient chercher des vivres dans les locaux de lOffice des produits agricoles du Mali (OPAM). n En avril, Mnaka, des femmes dethnie bambara auraient t agresses et violes par des membres du MNLA. n Vers la fin juillet et le dbut daot, six femmes ont t attaques Gossi par plusieurs membres dun groupe arm qui circulaient en moto et qui les ont dpouilles; trois dentre elles ont t enleves et violes.

Dtention arbitraire
La junte militaire a arrt et plac en dtention de manire arbitraire des opposants qui avaient protest contre le coup dtat. n En mars, la junte a arrt plusieurs personnalits politiques, dont le ministre des Affaires trangres, Soumeylou Boubye Maga, et le ministre de lAdministration territoriale, Kafougouna Kon. Ces personnes ont t dtenues sans inculpation, dans certains cas durant 20jours, dans le camp militaire de Kati. n En avril, plusieurs opposants la junte, dont lancien Premier ministre Modibo Sidib et lancien ministre des Finances Soumala Ciss, ont t arrts et emmens au camp de Kati. Ils ont t librs deux jours plus tard sans avoir t inculps.

Chtiments corporels
Des groupes islamistes arms ont puni de chtiments corporels ou ont tu de manire dlibre et arbitraire des personnes qui refusaient de respecter les nouvelles rgles et les comportements quils imposaient conformment leur interprtation du droit musulman.

Libert de la presse
partir du mois de mars, la junte sen est prise aux journalistes pour les empcher de diffuser des informations.

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Amnesty International - Rapport 2013

n En juin, Bourem, des membres du MUJAO ont flagell des personnes qui fumaient. n En juillet, Tombouctou, des membres dAnsar Eddin ont administr 40 coups de canne un homme accus de boire de lalcool. n galement en juillet, Aguelhoc, des membres dAnsar Eddin ont lapid un couple non mari qui avait eu un enfant. Un certain nombre de personnes accuses de vol ou de vol qualifi ont t amputes lissue de parodies de procs. n En aot, un leveur touareg accus de vol de btail a t amput de la main droite. n En septembre, cinq personnes accuses de vol qualifi ont subi lamputation du pied droit et de la main gauche.

n Sept Algriens, parmi lesquels figurait le consul dAlgrie Gao, ont t enlevs en avril par des membres du MUJAO. Trois dentre eux ont t librs en juillet. n Trois personnes deux Espagnols et une Italienne enleves par des membres du MUJAO en Algrie en octobre 2011 ont t libres en juillet non loin de Gao, apparemment en change de la libration de trois militants islamistes dans des pays voisins. n Le 20novembre, dans louest du Mali, un ressortissant franais, Gilberto Rodriguez Leal, a t victime dun enlvement qui a t revendiqu par le MUJAO.

Peine de mort
La Cour dassises sigeant Bamako a condamn 10personnes mort en 2012. Quatre dentre elles avaient t reconnues coupables dassociation de malfaiteurs, de vol qualifi, dentente et de dtention illgale darmes feu, et deux autres de complicit de meurtre.

Enfants soldats
Les deux parties au conflit recrutaient des enfants soldats. Dans la partie du pays contrle par le gouvernement, des milices dautodfense recrutaient et entranaient des enfants, avec le soutien des autorits, dans la perspective dune offensive visant la reprise du contrle du nord du pays. Les groupes arms qui contrlaient le nord recrutaient galement des enfants, souvent affects aux postes de contrle pour effectuer les fouilles.

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus au Mali en avril,
juillet et aot-septembre. 4 Mali: retour sur cinq mois de crise. Rbellion arme et putsch militaire (AFR37/001/2012). 4 Mali. Nous navons plus revu nos compagnons de cellule. Disparitions forces et tortures de militaires et de policiers opposs la junte (AFR37/004/2012). 4 Mali. Les civils paient un lourd tribut au conflit (AFR37/007/2012).

Droit lducation et la culture


Dans le nord du pays, le droit lducation tait mis en pril par AQMI, qui interdisait lenseignement du franais et la mixit dans les coles. n En mars, toutes les coles et bibliothques de Kidal ont t incendies et pilles, hormis deux madrassas (coles coraniques). Le droit la culture tait menac par les groupes islamistes arms, qui dtruisaient des mausoles de valeur historique. Ils affirmaient vouloir mettre fin au culte des saints. n En mai, des membres dAQMI soutenus par Ansar Eddin ont entam une srie de destructions, en profanant le mausole du saint musulman Sidi (Mahmoud ben) Amar Tombouctou.

MALTE
RPUBLIQUE DE MALTE
Chef de ltat: Chef du gouvernement: George Abela Lawrence Gonzi Les demandeurs dasile et les migrants en situation irrgulire continuaient dtre obligatoirement placs en dtention pour des dures pouvant aller jusqu 18mois. Les procdures disponibles pour contester cette mesure taient inadaptes. La

Actes de terrorisme et enlvements


la fin de lanne, 14personnes taient retenues en otage par des groupes arms, dont AQMI, dans le nord du pays.

Amnesty International - Rapport 2013

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protection juridique contre les crimes motivs par la haine a t tendue aux gays, aux lesbiennes et aux personnes bisexuelles, transgenres et intersexues.

Rfugis, migrants et demandeurs dasile


Le nombre de personnes qui sont arrives par la mer a augment de 28% par rapport 2011, passant de 1577 2023. Les autorits ont continu de placer automatiquement en dtention les migrants sans papiers, pour une dure allant souvent jusqu 18mois, en violation des obligations internationales de Malte relatives aux droits humains. Des enfants non accompagns dont on ne connaissait pas lge exact auraient eux aussi t incarcrs. Les procdures de dtermination de lge demeuraient inadaptes et laborieuses. Les procdures dappel disponibles pour contester la dure et la lgitimit de la dtention ou le rejet dune demande dasile ne rpondaient pas aux normes internationales relatives aux droits humains. Les migrants risquaient toujours dtre arrts arbitrairement. Les conditions de vie dans les centres de dtention demeuraient dplorables, aggraves par la surpopulation. Plusieurs centaines de dtenus souffraient dun manque dintimit, dun accs limit aux installations sanitaires et de labsence de vritables espaces de dtente et de loisirs. De nombreuses informations crdibles ont fait tat des consquences ngatives de ces conditions dincarcration sur la sant mentale des migrants. Les conditions de vie dans les centres ouverts accueillant les rfugis et les migrants remis en libert restaient tout aussi inadaptes. n Le 30juin, Mamadou Kamara, migrant malien g de 32ans, est mort en dtention. Il aurait t gravement maltrait lorsquil a t repris aprs avoir tent de svader du centre de dtention de Safi Barracks. Deux agents ont t inculps de meurtre et un troisime dentrave au fonctionnement de la justice. Le 2juillet, le Premier ministre a charg un juge de mener une enqute indpendante pour dterminer si les personnes impliques dans la mort de Mamadou Kamara avaient fait preuve de ngligence, navaient pas respect les procdures ou avaient abus de leurs pouvoirs. Il avait aussi pour mission de chercher savoir si les recommandations formules lissue de lenqute sur la mort, en 2011, dInfeanyi Nwokoye avaient t mises en uvre.

n Linformation judiciaire ouverte sur la mort, en avril 2011, dInfeanyi Nwokoye se poursuivait. Ce migrant nigrian tait dcd lhpital aprs avoir t repris alors quil tentait de svader du centre de dtention de Safi Barracks. Il vivait Malte depuis 2006. Sa demande dasile avait t refuse et, une fois les documents ncessaires pour lexpulser prpars, il avait t renvoy en centre de dtention. lissue dune enqute gouvernementale sur les circonstances de sa mort, une synthse de recommandations avait t rendue publique en octobre 2011.

Droits des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres ou intersexues
En juin, la suite dune modification du Code pnal, lorientation sexuelle et lidentit de genre ont t ajoutes la liste des circonstances aggravantes pour certaines infractions. galement en juin, la dfinition de la discrimination figurant dans la Loi relative lgalit des hommes et des femmes a t largie pour inclure la discrimination fonde sur lorientation sexuelle et lidentit de genre. Le mandat de la Commission nationale pour la promotion de lgalit, qui surveille lapplication des lois relatives lgalit, a t largi en consquence.

Visites et documents dAmnesty International


4 Europe. S.O.S. Europe. Les droits humains et le contrle de limmigration (EUR01/013/2012).

MAROC ET SAHARA OCCIDENTAL


ROYAUME DU MAROC
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Mohammed VI Abdelilah Benkirane Les autorits ont impos des restrictions la libert dexpression et engag des poursuites contre des dtracteurs de la monarchie et des institutions

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Amnesty International - Rapport 2013

tatiques, ainsi que contre des Sahraouis partisans de lautodtermination. Les forces de scurit ont fait usage dune force excessive contre des manifestants. Dans les affaires de terrorisme et dinfractions lies la scurit, les suspects risquaient dtre torturs et autrement maltraits, et dtre jugs au cours de procs inquitables. Des migrants, des rfugis et des demandeurs dasile ont t la cible dattaques. Les femmes et les filles taient victimes de discrimination dans la lgislation et dans la pratique. Sept personnes au moins ont t condamnes mort; aucune excution na eu lieu.

Contexte
Le Conseil de scurit des Nations unies a prorog dun an en avril le mandat de la Mission des Nations unies pour lorganisation dun rfrendum au Sahara occidental (MINURSO), sans prvoir cette anne encore un quelconque mcanisme de surveillance de la situation des droits humains. Le bilan du Maroc en matire de droits humains a t examin en mai dans le cadre de lExamen priodique universel de lONU. Le gouvernement a accept driger en infraction pnale les disparitions forces et dadopter une loi sur la violence au sein de la famille. Il a toutefois rejet les recommandations en faveur dun moratoire de jure sur les excutions et dune amlioration des procdures daccrditation des organisations de la socit civile. Le rapporteur spcial des Nations unies sur la torture sest rendu au Maroc et au Sahara occidental en septembre.

Mouad Belghouat tait maintenu en dtention la fin de lanne. n Tarek Rouchdi et cinq autres militants du Mouvement du 20fvrier, qui rclame des rformes politiques, ont t condamns en septembre des peines allant jusqu 10mois demprisonnement. Ils avaient t dclars coupables doutrage et de coups et blessures lencontre dagents publics, entre autres. Selon certaines informations, des dizaines de membres de ce mouvement taient maintenus en dtention la fin de lanne. En aot, la police a eu recours une force excessive envers des personnes qui protestaient devant le Parlement Rabat contre une crmonie annuelle commmorant laccession du roi au trne. Un journaliste qui couvrait lvnement a galement t maltrait. En novembre, la police a fait usage dune force excessive pour empcher des membres du Mouvement du 20fvrier de manifester devant le Parlement. La manifestation avait t annonce.

Rpression de la dissidence militants sahraouis


Les autorits continuaient de sen prendre aux dfenseurs sahraouis des droits humains et aux partisans de lautodtermination du Sahara occidental. Les forces de lordre ont fait un usage excessif de la force au Sahara occidental pour rprimer des manifestations ou les empcher. Les organisations sahraouies de la socit civile taient toujours confrontes des obstacles qui empchaient leur reconnaissance lgale. n Selon certaines informations, plusieurs dizaines de personnes qui manifestaient Laayoune en solidarit avec 23prisonniers sahraouis auraient t blesses par la police le 13janvier. Arrts la suite de violences intervenues en novembre2010 dans le campement de protestation de Gdim Izik, non loin de Laayoune, ces 23prisonniers taient dtenus dans lattente de leur procs dans la prison de Sal, ct de Rabat, loin de chez eux. Beaucoup se sont plaints davoir t torturs ou maltraits en dtention. Treize personnes, dont 11membres des forces de scurit, avaient trouv la mort dans les affrontements qui avaient dbut Gdim Izik puis staient tendus Laayoune. n LAssociation sahraouie des victimes des violations graves des droits de lhomme commises par ltat marocain (ASVDH) tait toujours prive de

Libert dexpression, dassociation et de runion


Les autorits ont poursuivi la rpression contre les journalistes et dautres dtracteurs de la monarchie ou des institutions tatiques. Les forces de scurit ont eu recours une force excessive pour disperser des manifestations. n Abdelsamad Haydour, un tudiant, a t condamn en fvrier trois ans demprisonnement et une amende pour avoir insult le roi dans une vido mise en ligne. n Le rappeur Mouad Belghouat a vu sa peine dun an demprisonnement pour outrage la police confirme en juillet par la cour dappel de Casablanca. Il avait t inculp la suite de la diffusion sur Internet dun clip vido dune de ses chansons. Incarcr en mars,

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reconnaissance lgale, bien quun jugement ait conclu en 2006 lillgalit dune dcision administrative refusant lenregistrement. Le gouvernement a rejet une recommandation formule dans le cadre de lExamen priodique universel de lONU et qui lappelait permettre la reconnaissance lgale des organisations de dfense du droit du peuple sahraoui lautodtermination.

terrorisme sur la base daveux qui auraient t obtenus sous la torture pendant sa dtention provisoire, en labsence dun avocat. Il avait t condamn une peine de 10ans demprisonnement, qui a t ramene cinq ans en janvier. Il tait maintenu en dtention la fin de lanne. Ses allgations de torture nont pas fait lobjet dune enqute.

Torture et autres mauvais traitements


De nouvelles informations ont fait tat dactes de torture et de mauvais traitements infligs notamment des personnes dtenues aux fins dinterrogatoire par des agents de la Direction de la surveillance du territoire (DST). la suite de sa visite au Maroc en septembre, le rapporteur spcial des Nations unies sur la torture a fait observer que les actes de torture taient plus rpandus lorsque les autorits considraient que la scurit nationale tait menace. Il a ajout que les allgations de torture dbouchaient rarement sur des poursuites lencontre des auteurs. Le Conseil national des droits de lhomme (CNDH) a signal en octobre que les membres du personnel pnitentiaire continuaient de maltraiter les dtenus et que ces agissements faisaient rarement lobjet denqutes.

Justice de transition
Les autorits navaient toujours pas mis en uvre les recommandations mises en novembre2005 par lInstance quit et rconciliation, qui avait notamment demand aux autorits de ratifier le Statut de Rome de la Cour pnale internationale (CPI) et de permettre aux victimes datteintes graves aux droits humains commises entre 1956 et 1999 davoir accs la justice.

Rfugis, demandeurs dasile et migrants


Les migrants, les rfugis et les demandeurs dasile risquaient dtre victimes dagressions et de mauvais traitements. En septembre, le rapporteur spcial des Nations unies sur la torture a signal que les actes dagression, les violences sexuelles et dautres formes de mauvais traitements envers les migrants en situation irrgulire taient en augmentation. Il a pri les autorits denquter sur les informations faisant tat de violence contre les migrants subsahariens et de prvenir le renouvellement de ces pratiques.

Lutte contre le terrorisme et scurit


M
Les personnes souponnes dactes de terrorisme, entre autres infractions lies la scurit, risquaient dtre tortures ou maltraites et de ne pas bnficier dun procs quitable. n Ali Aarass, reconnu coupable en novembre2011 dappartenance une organisation terroriste, a vu sa peine de 15ans demprisonnement ramene 12ans par la cour dappel de Sal. Un recours en cassation tait en instance la fin de lanne. Cet homme avait t extrad par lEspagne vers le Maroc en dcembre2010, en violation de mesures provisoires ordonnes par le Comit des droits de lhomme [ONU] car il risquait dtre tortur et maltrait au Maroc. Il aurait t contraint de faire des aveux sous la torture. n En aot, le Groupe de travail sur la dtention arbitraire [ONU] a conclu que la dtention de Mohamed Hajib, ressortissant germano-marocain, tait arbitraire; il a demand au gouvernement marocain de remettre cet homme en libert. Mohamed Hajib avait t dclar coupable en 2010 dinfractions lies au

Droits des femmes


Les femmes et les filles taient victimes de violences sexuelles et de discrimination dans la lgislation et dans la pratique. Le gouvernement a entam en novembre le processus devant aboutir ladhsion du Maroc au Protocole facultatif la Convention sur les femmes. Il maintenait toutefois ses rserves la Convention, savoir que les dispositions lobligeant liminer la discrimination lgard des femmes ne devaient pas aller lencontre de la charia. Le gouvernement a rejet une recommandation formule dans le cadre de lExamen priodique universel qui linvitait rviser le Code de la famille pour garantir lgalit entre les hommes et les femmes en matire dhritage. Les hommes coupables de viol pouvaient toujours chapper aux poursuites en pousant leur victime.

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Amnesty International - Rapport 2013

Camps du Front Polisario


Cette anne encore, le Front Polisario na pris aucune mesure pour amener rendre compte de leurs actes les personnes accuses davoir commis des atteintes aux droits humains durant les annes 1970 et 1980 dans les camps quil contrlait.

Peine de mort
Sept personnes au moins ont t condamnes mort. La dernire excution a eu lieu en 1993.

terrorisme qui ont t enlevs de la prison centrale de Nouakchott, la capitale, en mai 2011. Parmi ces hommes figuraient Mohamed Ould Chabarnou, Sidi Ould Sidina, Maarouf Ould Heiba, Khadim Ould Semane, Mohamed Ould Abdou, Abderrahmane Ould Areda et Mohamed Ould Chbih. Les autorits continuaient daffirmer que ces dtenus avaient t transfrs, titre temporaire, vers un lieu tenu secret pour des raisons de scurit.

Libert dexpression
Trente-six personnes au moins ont t arrtes la suite de manifestations pacifiques. n En fvrier, des manifestations pacifiques organises par des tudiants de luniversit de Nouakchott ont t rprimes brutalement. Plus de 30 tudiants ont t arrts. Certains ont t librs au bout de quelques jours, dautres ont t dtenus pendant plus dune semaine sans inculpation ni jugement.

MAURITANIE
RPUBLIQUE ISLAMIQUE DE MAURITANIE
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Mohamed Ould Abdel Aziz Moulaye Ould Mohamed Laghdaf Des restrictions svres pesaient sur la libert dexpression, dassociation et de runion. Des manifestations ont t organises tout au long de lanne pour rclamer le dpart du prsident Mohamed Ould Abdel Aziz. Les autorits ont cette anne encore menac les militants antiesclavagistes. Lancien responsable des services de renseignement libyens, Abdullah Senoussi, a t arrt et extrad vers la Libye, o il risquait la peine capitale. Six personnes au moins ont t condamnes mort.

Prisonniers dopinion et prisonniers politiques


n En avril, 11 membres de lorganisation antiesclavagiste Initiative pour la rsurgence du mouvement abolitionniste en Mauritanie (IRAMauritanie) ont t arrts. Parmi eux figuraient Biram Ould Dah Ould Abeid, Yacoub Diarra, Ahmed Hamdy Ould Hamat Fall, Abidine Ould Salem, El Id Ould Lemlih, Oubeid Ould Imijine et Boumediene Ould Bata. Ces hommes avaient protest contre les crits de lettrs musulmans qui, selon IRA-Mauritanie, justifiaient lesclavage. Ils ont t inculps datteinte la sret de ltat, doutrage aux bonnes murs et dadministration dune organisation non autorise. Le prsident dIRAMauritanie a galement t inculp dapostasie. Ils ont tous t remis en libert provisoire en septembre aprs quatre mois de dtention. Leur procs navait pas dbut la fin de lanne. n Lemine Ould Dadde, ancien commissaire aux droits humains, a t mis en libert provisoire en dcembre.

Contexte
Le prsident Ould Abdel Aziz a t bless par balle par des membres dune unit de larme en octobre. Les autorits ont affirm quil avait t touch par erreur. Il a t transfr en France pour y recevoir des soins mdicaux, alors que des rumeurs de coup dtat commenaient se rpandre. En novembre, plusieurs manifestations ont dnonc le vide politique et juridique rsultant de labsence du prsident. La Mauritanie a ratifi en octobre la Convention contre les disparitions forces et le Protocole facultatif la Convention contre la torture [ONU].

Lutte contre le terrorisme et scurit


Dix-sept hommes au moins ont t jugs et condamns des peines demprisonnement ou la peine capitale pour des infractions lies au terrorisme. Certains procs ne rpondaient pas aux normes dquit internationalement reconnues. n Trois prisonniers au moins, dont Assad Abdel Khader Mohamed Ali, condamns pour des infractions lies au

Disparitions forces
Les autorits nont pas rvl o se trouvaient les 14 dtenus condamns pour des faits lis au

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terrorisme, ont t maintenus en dtention au-del de lexpiration de leurs peines demprisonnement. Ils ont finalement t remis en libert avec un retard de quatre, 10 et 12 mois respectivement.

Torture et autres mauvais traitements


Cette anne encore, de nombreuses informations ont fait tat dactes de torture et dautres mauvais traitements infligs dans des lieux de dtention, notamment dans les postes de police de Ksar et de Tevragh-Zeina ainsi que dans la prison pour femmes de Nouakchott. n Un tudiant dtenu au poste de police de Ksar la suite des manifestations tudiantes de fvrier a eu les mains et les pieds attachs ensemble avec une corde. Les policiers lont frapp et pitin pendant son interrogatoire. n Deux dtenues de la prison pour femmes se sont plaintes davoir t passes tabac au moment de leur interpellation, en 2010, puis durant leur interrogatoire dans un poste de police. Aucune enqute na t ordonne sur les allgations de torture et de mauvais traitements infligs pendant des gardes vue et des interrogatoires.

n Toujours en avril, Mohamed Abdellahi Ould Ahmednah Ould Mohamed Salem, condamn la peine capitale en 2011, a vu sa sentence confirme en appel par le tribunal pnal de Nouakchott. Il tait accus dappartenance Al Qada au Maghreb islamique (AQMI) et dimplication dans le meurtre dun ressortissant amricain.

Esclavage
n Quatre militants dIRA-Mauritanie qui avaient protest contre un cas desclavage Ayoun, une ville du sud du pays, ont t arrts le 11janvier et dtenus pendant quatre jours. Ils ont t accuss de tentative de rsistance aux forces de lordre et de provocation la rbellion.

Droits des migrants


Cette anne encore, des migrants originaires pour la plupart dAfrique subsaharienne en particulier du Mali, de Guine et du Sngal et souponns de vouloir se rendre en Europe, ont t arrts arbitrairement et incarcrs. Au moins 4000migrants ont t arrts et renvoys au Mali ou au Sngal. n En avril, des membres arms des forces de scurit ont arrt Nouadhibou entre 400 et 800migrants originaires pour la plupart dAfrique de lOuest. Ils ont t incarcrs pendant plusieurs jours dans des centres de dtention pour migrants Nouadhibou et Nouakchott, et la plupart ont t renvoys au Mali et au Sngal. Ils nont pas eu la possibilit de contester le bien-fond de leur dtention ni leur expulsion collective.

Extradition
M
Lancien chef du renseignement libyen, Abdullah Senoussi, a t arrt en mars son arrive en provenance du Maroc. Les autorits ont dclar en juillet quil tait entr en Mauritanie illgalement et quelles examinaient plusieurs options pour son extradition, notamment une requte de la Cour pnale internationale. Cette juridiction avait dcern un mandat darrt contre Abdullah Senoussi pour crimes contre lhumanit perptrs en Libye. La Mauritanie la finalement extrad en septembre vers la Libye, o il risquait une condamnation mort.

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus en Mauritanie en
juin et en juillet. 4 Mauritanie. Des militants dtenus dans un lieu inconnu (AFR38/002/2012). 4 Mauritanie : les familles des 14 prisonniers disparus depuis plus dun an ont le droit de savoir o ils se trouvent (AFR38/008/2012). 4 Mauritanie. Amnesty International appelle la Mauritanie respecter ses obligations aprs la ratification de deux principaux instruments internationaux (AFR38/009/2012). 4 Lancien chef du renseignement libyen doit tre remis la CPI (PRE01/145/2012).

Peine de mort
Six personnes au moins ont t condamnes mort au cours de lanne. n En avril, trois hommes au moins Mohamed Saleck Ould Cheikh, Youssouf Galissa et Mohamed Lemine Ould Mball ont t condamns mort. Ils avaient t accuss de tentative de commettre une infraction terroriste et dappartenance un groupement terroriste.

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MEXIQUE
TATS-UNIS DU MEXIQUE
Chef de ltat et du gouvernement: Felipe Caldern Hinojosa, remplac par Enrique Pea Nieto le 1er dcembre Le gouvernement du prsident Caldern a continu de fermer les yeux sur les violations avres et gnralises des droits fondamentaux dont des arrestations arbitraires, des actes de torture, des disparitions forces et des excutions extrajudiciaires perptres par la police et les forces de scurit. Durant les six ans de son mandat prsidentiel, qui a pris fin en dcembre, plus de 60000personnes ont t tues et 150000 autres ont t dplaces du fait de violences lies la drogue. Des cartels de la drogue et dautres bandes criminelles taient responsables de la grande majorit des homicides et des enlvements, mais les faits taient commis le plus souvent avec la complicit dagents de ltat. Le systme de justice pnale tait profondment dficient, et 98% de tous les crimes restaient impunis. Les indignes, en particulier, taient susceptibles de ne pas bnficier dun procs quitable. Des migrants en transit ont t victimes dattaques enlvements, viols et trafic dtres humains, en particulier. Plusieurs journalistes et dfenseurs des droits humains ont t tus, agresss ou menacs. Un mcanisme de protection des dfenseurs des droits humains et des journalistes a t instaur dans la loi. Les violences contre les femmes et les filles taient trs rpandues. Les responsables de violations graves des droits humains commises durant les annes 1960, 1970 et 1980 bnficiaient toujours de limpunit. La Cour suprme du Mexique a rendu des arrts novateurs incorporant des obligations en matire de droits humains, et tout particulirement des restrictions la comptence des tribunaux militaires. Le nouveau gouvernement du prsident Enrique Pea Nieto a conclu avec dautres partis politiques un pacte comprenant des engagements en matire de droits humains; il sest engag lutter contre le niveau lev et persistant de pauvret.

fonctions en dcembre. Le PRI a galement remport plusieurs postes de gouverneur dtat et a accru sa reprsentation au Congrs fdral. La campagne lectorale, trs dure, a vu lmergence de JeSuis132 (YoSoy132), un mouvement tudiant de protestation sociale critique vis--vis du processus lectoral et du candidat du PRI. Le dbat politique a t domin par linscurit et les violences rsultant de la rponse militarise du prsident Caldern au crime organis. En mai, un cartel de la drogue aurait abandonn 49corps mutils Caldereyta, dans ltat du Nuevo Len; lidentit des victimes navait pas t tablie la fin de lanne. Le Mouvement pour la paix dans la justice et la dignit continuait de rclamer la fin des violences et lobligation pour tous les responsables de tels agissements de rendre des comptes. Le gouvernement du prsident Caldern a mis son veto la Loi gnrale sur les victimes. Ce texte, qui avait t soutenu par le Mouvement pour la paix dans la justice et la dignit, et approuv par le Congrs, renforait les droits des victimes de violences, notamment le droit dobtenir rparation. En dcembre, le nouveau gouvernement du prsident Enrique Pea a annonc le retrait du veto. En aot, bien que les autorits mexicaines aient chou satisfaire aux conditions relatives aux droits humains nonces par le Congrs des tats-Unis dans le cadre de lInitiative de Mrida un accord rgional de coopration et de scurit le Dpartement dtat des tats-Unis a recommand au Congrs de dbloquer les 15% des fonds soumis au respect de ces conditions. Les mcanismes thmatiques de lONU sur la discrimination raciale, la discrimination contre les femmes et la torture ont examin le respect par le Mexique des obligations dcoulant des traits et formul des recommandations. Le Mexique a pris des mesures pour se conformer aux arrts de la Cour interamricaine des droits de lhomme dans les affaires Rosendo Radilla, Ins Fernndez, Valentina Rosendo, Rodolfo Montiel et Teodoro Cabrera. Des victimes continuaient toutefois de rclamer le plein respect des arrts.

Contexte
lu la prsidence en juin, Enrique Pea Nieto, du Parti rvolutionnaire institutionnel (PRI), a pris ses

Scurit publique
Des membres de larme de terre et de la marine, ainsi que des policiers fdraux, municipaux et des tats, se sont rendus responsables de violations

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graves et rptes des droits humains commises dans le cadre doprations de lutte contre la criminalit ou perptres en collusion avec des bandes criminelles. Le gouvernement refusait systmatiquement de reconnatre lampleur et la gravit des atteintes aux droits humains ou le manque de crdibilit des enqutes officielles. Limpunit tait gnralise et les victimes navaient pratiquement pas accs des voies de recours. La Commission nationale des droits humains (CNDH) a recueilli 1921plaintes contre les forces armes et 802contre la police fdrale. Elle a mis au cours de lanne 21recommandations contre larme de terre et la marine et neuf contre la police fdrale. Aucune information ntait disponible concernant des policiers qui auraient fait lobjet de poursuites dbouchant sur des condamnations pour violation des droits humains. Seuls huit membres des forces armes ont t condamns par des juridictions militaires au cours de lanne.

Dtention arbitraire, torture et autres mauvais traitements


La dtention arbitraire, la torture et les mauvais traitements taient couramment utiliss pour obtenir des suspects des informations et des aveux lors des interrogatoires. La CNDH a indiqu avoir reu au cours de lanne 1662plaintes pour torture et mauvais traitements. Aucune condamnation pour actes de torture na t signale. Les procureurs fdraux et ceux des tats continuaient de recourir rgulirement larraigo, une forme de dtention provisoire avant inculpation qui permettait de dtenir des suspects jusqu 80jours en attendant les rsultats de lenqute. Larraigo portait gravement atteinte aux droits des dtenus, dont laccs un avocat, leur famille et un mdecin tait fortement restreint, ce qui crait un environnement dans lequel les plaintes pour torture et mauvais traitements taient monnaie courante. Le Comit contre la torture [ONU] a recommand, en novembre, labolition de cette forme de dtention. Toutefois, seuls les tats du Chiapas, dOaxaca et du Yucatn ont cess dy recourir. n Le 18janvier, trois frres Juan Antonio, Jess Ivn et Luis Adrin Figueroa Gmez, ce dernier g de 14ans ont t interpells par la police judiciaire Ciudad Jurez, dans ltat de Chihuahua. Ils auraient t battus, menacs et soumis des dcharges

lectriques. Leurs tortionnaires cherchaient les contraindre avouer quils extorquaient de largent des entreprises locales. Leurs dclarations ont t filmes et verses au dossier titre de preuve. Toutefois, les autorits nont pas tenu compte des traces de torture que prsentaient les trois hommes lors de leur placement en dtention. Ils ont dpos une plainte pour torture. la connaissance dAmnesty International, aucune enqute navait t mene sur leurs allgations la fin de lanne. n Le 1er dcembre, 97personnes ont t arrtes la suite de manifestations violentes Mexico contre linvestiture du nouveau prsident. La majorit des personnes interpelles ont t libres au cours des jours suivants. La Commission des droits humains du district fdral a recens des cas de dtention arbitraire, de torture et de mauvais traitements. Les 14personnes qui avaient t maintenues en dtention ont t remises en libert sous caution le 27dcembre. On ne disposait daucune information propos de lenqute sur les atteintes aux droits fondamentaux qui auraient t commises par la police.

Utilisation excessive de la force et excutions extrajudiciaires


La CNDH a recens 25cas dhomicide de personnes non impliques lors daffrontements arms entre bandes criminelles et forces de scurit. Labsence denqutes srieuses pour la grande majorit des homicides empchait lidentification dun grand nombre de victimes ainsi que la clarification des circonstances de leur mort et la comparution devant la justice des responsables prsums. n Le 3fvrier, Carmen Puerta Carrillo, un indigne, a t tu par balle alors quil circulait en voiture proximit dune base militaire dans le village de Baborigame, dans la municipalit de Guadalupe y Calvo (tat de Chihuahua). Selon des tmoins oculaires, les soldats ont ouvert le feu sans avertissement ni provocation. Des militaires auraient enjoint les proches de cet homme de ne pas porter plainte. n La CNDH a publi en mars un rapport accablant sur lhomicide de deux enseignants en formation lcole normale rurale dAyotzinapa, dans ltat de Guerrero, commis pendant les manifestations de dcembre2011, ainsi que sur les actes de torture et les mauvais traitements infligs dautres tudiants. Le rapport mettait en cause des fonctionnaires fdraux et

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de ltat. Trois agents de ltat ont t incarcrs, mais beaucoup dautres nont pas t traduits en justice. En mai, Vidulfo Rosales, un avocat spcialis dans la dfense des droits humains qui travaillait sur cette affaire, a t menac de mort.

Disparitions forces
En dcembre, un rapport du bureau du procureur gnral fdral qui a fait lobjet de fuites a rvl quau moins 25000cas denlvements, de disparitions et de personnes manquantes avaient t recenss dans tout le pays durant le mandat du prsident Caldern. La majorit des enlvements avaient t commis par des bandes criminelles, mais des agents de ltat taient galement impliqus dans certains cas. La CNDH enqutait sur 2126cas signals de disparition force. Dans la plupart des affaires on ignorait le sort des victimes. Les autorits taient souvent peu disposes ordonner des enqutes, particulirement en cas de disparition force, ce qui obligeait les familles mener leurs propres investigations pour tablir le sort de leurs proches, sexposant ainsi gnralement un risque grave de reprsailles. Dans certains tats, des proches de victimes ont t traits avec mpris, des agents de ltat ayant port des allgations infondes propos de lappartenance prsume des victimes des associations criminelles. Dans les tats de Coahuila et du Nuevo Len, des victimes et des organisations de dfense des droits humains ont obtenu de responsables locaux quils sengagent rexaminer des cas de disparition et mener sans dlai des recherches et des enqutes sur les cas signals de disparition. Lengagement du gouvernement fdral de crer une base de donnes nationale sur les disparus est rest lettre morte. Selon la CNDH, 15921corps au moins navaient pas t identifis et plus de 1400cadavres avaient t dcouverts dans des fosses communes. En mars, le Groupe de travail sur les disparitions forces et involontaires [ONU] a publi un rapport qui attirait lattention sur le niveau alarmant des disparitions forces et de limpunit au Mexique. Une loi rigeant la disparition force en infraction pnale a t approuve en novembre dans ltat du Nuevo Len. Dans presque tous les autres tats, ainsi quau niveau fdral, la disparition force ntait pas criminalise, ce qui tait contraire aux exigences des normes internationales relatives aux droits humains.

Le nouveau gouvernement sest engag y remdier. n Moiss Orozco Medina aurait t arrt par des agents de la police municipale Uruapan (tat du Michoacn) en mai. Les autorits ont affirm ne pas tre au courant de son arrestation. On ignorait tout du sort de cet homme la fin de lanne. Son frre et son pre avaient t enlevs par des hommes arms, respectivement en 2009 et 2008. On restait sans nouvelles deux et, la fin de lanne, les autorits de ltat navaient fourni aucune information sur les investigations menes sur ces cas.

Droits des migrants


Les migrants en transit taient toujours en butte au risque dtre enlevs, tus ou enrls de force dans des bandes criminelles. Les femmes et les enfants taient tout particulirement exposs aux violences. Dans bien des cas des agents de ltat taient souponns dtre complices de bandes criminelles et de commettre dautres atteintes aux droits des migrants racket et dtention arbitraire, par exemple. Bien que le gouvernement se soit engag combattre toutes les violences infliges aux migrants, les mesures prises ntaient pas efficaces et les autorits des tats ne faisaient rien pour empcher et sanctionner les crimes contre ces personnes. La circulaire dapplication de la nouvelle loi sur la migration est entre en vigueur en novembre. Des mres de migrants disparus originaires dAmrique centrale se sont rendues au Mexique en octobre, la recherche de leurs proches. Lanne sest acheve sans quune base de donnes des migrants ports disparus soit cre ni que lidentification de corps considrs comme ceux de migrants ait progress. Les personnes qui dfendaient les droits des migrants continuaient de recevoir des menaces de reprsailles. n Le centre daccueil pour migrants de Lechera (tat de Mexico) a t ferm en juillet, la suite de menaces rptes de bandes criminelles contre les migrants et les employs de ltablissement. Les autorits de ltat nassuraient pas une vritable protection et des habitants de la localit avaient protest contre la prsence du centre. Des migrants et des dfenseurs des droits humains ont continu de recevoir des menaces et dtre confronts linscurit Huehuetoca, o des centres provisoires avaient t ouverts en remplacement. n Selon des tmoins oculaires, au moins 40migrants qui taient monts dans un train de marchandises

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auraient t enlevs en octobre Medias Aguas (tat de Veracruz). Lenqute officielle na pas permis dtablir le sort de ces migrants, mais a rfut tout enlvement.

Dfenseurs des droits humains et journalistes


Cette anne encore, des dfenseurs des droits humains et des journalistes ont t attaqus ou menacs en raison de leurs activits. Six journalistes au moins ont t tus. Le bureau du procureur fdral spcial charg denquter sur les crimes contre les journalistes na pas ralis de progrs dans la plupart des cas de professionnels des mdias assassins. La grande majorit des enqutes sur les attaques et les menaces visant des dfenseurs des droits humains nont pas non plus abouti. Une loi instaurant un mcanisme de protection des dfenseurs des droits humains et des journalistes, qui tait soutenue par la socit civile, a t approuve par le Congrs en avril. Le nouveau gouvernement a promis de mettre en place ce mcanisme et de faire de la protection des dfenseurs des droits humains et des journalistes une priorit. n Quatre journalistes ont t tus dans ltat de Veracruz pendant la priode avril-mai Regina Martnez, correspondante de lhebdomadaire dinformation Proceso, et Gabriel Huge, Guillermo Luna et Esteban Rodrguez, photographes de presse locaux. Les responsables prsums navaient pas t traduits en justice la fin de lanne, bien que des investigations aient t menes au niveau fdral et celui de ltat. n Lucila Bettina Cruz a t arrte de manire arbitraire en fvrier Santa Mara Xadani (tat dOaxaca) alors quelle sortait dune runion avec des membres de la Commission fdrale de llectricit. Elle a t inculpe davoir illgalement priv de leur libert des agents de ltat, et a t remise en libert sous caution un peu plus tard. Cette journaliste avait particip des manifestations pacifiques organises par des indignes dont les terres taient affectes par la construction de parcs oliens.

Droits des peuples indignes


Dans diffrentes rgions du pays les peuples indignes souffraient toujours dexclusion et de discriminations gnralises, et navaient quun accs restreint de nombreux services de base. Leur droit

un consentement libre, pralable et clair sur les projets de dveloppement et dexploitation des ressources affectant leurs terres tait frquemment bafou. Le systme de justice pnale privait rgulirement les indignes des garanties dquit des procs et daccs des voies de recours efficaces. Le rexamen daffaires emblmatiques par la Cour suprme du Mexique a reprsent une avance. n En octobre, la Cour suprme a annul la condamnation prononce contre Hugo Snchez Ramrez, un jeune chauffeur de taxi indigne de ltat de Mexico, et a ordonn sa remise en libert. Cet homme avait t emprisonn tort en 2007 pour un enlvement aprs que des policiers et des procureurs de ltat eurent fabriqu des preuves charge. n La Cour suprme a annul en novembre les condamnations prononces contre Jos Ramn Aniceto Gmez et Pascual Agustn Cruz, et a ordonn leur remise en libert. Ces deux dfenseurs indignes des droits humains originaires dAlta (tat de Puebla) taient des prisonniers dopinion. Accuss tort du vol dune voiture en 2009, ils avaient t privs du droit un procs quitable. Ils avaient t condamns en juillet2010, sur la base daccusations forges de toutes pices en reprsailles leur action visant garantir leur communaut un meilleur approvisionnement en eau. n Alberto Patishtan, un indigne dclar coupable du meurtre de sept policiers dans ltat de Chiapas en 2000, tait maintenu en dtention la fin de lanne, dans lattente de lexamen par la Cour suprme de la requte introduite contre sa condamnation. Amnesty International avait fait connatre cette juridiction sa proccupation quant au fait quil avait t priv du droit un procs quitable et que sa condamnation tait injuste. n Les indignes wixrikas poursuivaient leur campagne pour mettre un terme loctroi de concessions minires situes sur leurs sites ancestraux de plerinage de Wirikuta (tat de San Luis Potos). Le gouvernement a promis de crer un parc de biodiversit pour protger une partie des terres, mais les Wixrikas navaient pas t correctement consults sur ce projet la fin de lanne.

Discrimination et violences faites aux femmes et aux filles


Les violences contre les femmes et les filles passage tabac, viol, enlvement et meurtre, notamment

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taient trs rpandues dans de nombreux tats. Les lois destines prvenir et sanctionner la violence ntaient pas rellement appliques et la formation des agents de ltat sur la manire de traiter correctement les crimes lis au genre ntait pas suffisamment contrle pour garantir quelle tait bien dispense. Bien que des engagements damliorer les enqutes sur les violences lies au genre aient t pris, les nouveaux protocoles dinvestigation de la police navaient pas t introduits la fin de lanne et les responsables de tels agissements chappaient gnralement la justice. Dans de nombreux tats les ordres de protection ntaient pas mis en uvre et les victimes continuaient de vivre sous les menaces. La politique de scurit publique du gouvernement et le taux lev de violence criminelle auraient dans certains cas amen les autorits prter moins attention aux violences lies au genre. Certains tats ont introduit le crime de fminicide (homicide dune femme pour des motifs lis au genre), mais une bonne partie de la lgislation au niveau des tats restait en de des obligations internationales du Mexique en matire de droits humains. n Au moins 13corps de jeunes femmes et de jeunes filles ont t retrouvs au cours du premier trimestre de lanne dans le district de Valle de Jurez, la priphrie de Ciudad Jurez. Sept corps auraient t identifis. Ils taient ceux dadolescentes de 15 17ans qui avaient t enleves dans le centre de Ciudad Jurez.

affirm le droit des proches de contester la comptence des tribunaux militaires. la fin de lanne, la Cour navait pas tabli la jurisprudence devant guider les dcisions des juridictions infrieures dans des cas similaires, et lincertitude demeurait quant lapplication de la comptence des tribunaux militaires. Des propositions de rforme du Code de justice militaire visant exclure les violations des droits humains de la comptence des tribunaux militaires ont t bloques en avril. la fin de lanne, le nouveau Congrs navait pas repris son compte les propositions lgislatives visant mettre le Code de justice militaire en conformit avec les arrts de la Cour interamricaine des droits de lhomme ou de la Cour suprme du Mexique. Le gouvernement fdral na pas donn linstruction aux procureurs de faire en sorte que toutes les investigations prliminaires soient menes exclusivement par des autorits civiles.

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus au Mexique en
mars et en novembre. 4 Mexico: Documentation of the case of Jos Ramn Aniceto Gmez and Pascual Agustn Cruz prisoners of conscience (AMR41/035/2012). 4 Mxico: Carta abierta a la y los candidatos a la Presidencia de la Repblica (AMR41/038/2012). 4 Mexico: Briefing to the UN Committee on the Elimination of Discrimination against Women (AMR41/041/2012). 4 Known abusers, but victims ignored: Torture and ill-treatment in Mexico (AMR41/063/2012).

Justice militaire
La Cour suprme du Mexique a rexamin en aot une srie daffaires afin dtablir les limites du systme de justice militaire. Cette initiative faisait suite des arrts de la Cour interamricaine des droits de lhomme sur cette question ainsi qu des rformes constitutionnelles dans le domaine des droits humains adoptes en juin2011, qui avaient raffirm lobligation de respecter les traits internationaux relatifs aux droits humains. La Cour suprme a conclu que les affaires dans lesquelles des membres de larme sont mis en cause pour des infractions de droit commun, y compris des violations des droits humains, et qui ne concernent pas directement la discipline militaire, devaient tre juges par la justice civile fdrale. Dans le cas de Bonfilio Rubio Villegas, un enseignant indigne tu par larme en 2009 un barrage routier dans ltat de Guerrero, la Cour a

MOLDAVIE
RPUBLIQUE DE MOLDOVA
Chef de ltat: Marian Lupu, prsident par intrim, remplac par Nicolae Timofti le 23 mars Chef du gouvernement: Vladimir Filat Des cas de torture et autres mauvais traitements commis par la police en toute impunit ont t signals. Ltat ne protgeait pas les personnes des actes de discrimination dont elles pouvaient tre victimes en raison de leurs prfrences sexuelles ou de leur tat de sant.

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Torture et autres mauvais traitements


Malgr certaines modifications apportes la lgislation, limpunit en matire de torture et autres mauvais traitements restait un problme majeur. Sur 128plaintes reues par les services du procureur gnral pour des faits commis la suite de manifestations ayant eu lieu en avril2009, seules 43 avaient effectivement donn lieu des poursuites. Fin 2012, les tribunaux avaient en tout et pour tout condamn trois fonctionnaires de police, qui plus est des peines avec sursis. Le Parlement a adopt en novembre un certain nombre de modifications du Code pnal et du Code de procdure pnale, permettant la Moldavie davancer dans la voie dun meilleur respect de son obligation de lradication de la torture. La peine maximum encourue pour actes de torture est passe de 10 15ans demprisonnement, la prescription dans ces affaires a t abolie et la possibilit pour les personnes condamnes de bnficier de mesures damnistie ou de sursis a t supprime. La procdure a galement t modifie pour obliger la police indiquer ltat de sant des personnes interpelles leur arrive sur le lieu de dtention et leur fournir un document crit prcisant les raisons de leur arrestation. n Le 8mai, la Cour suprme a rejet le recours introduit par Eugen Fedoruc, qui contestait la lgitimit de son internement lhpital psychiatrique de Chiinu. Sa dtention dans cet tablissement a t prolonge en juillet de six mois supplmentaires. Eugen Fedoruc avait t arrt le 2avril 2011, dans le cadre de lenqute sur une srie de meurtres. Dtenu du 16avril au 17juin 2011 dans les locaux du commissariat gnral de police de Chiinu, il a affirm avoir t tortur durant cette priode. Selon son tmoignage, on lui a attach les mains et les pieds ensemble et on la suspendu ainsi, puis on lui a administr des dcharges lectriques afin de lobliger faire des aveux. Eugen Fedoruc a ensuite t transfr lhpital psychiatrique de Chiinu, pour une valuation qui devait au dpart durer 10jours. Il y a t dtenu jusquen dcembre. Eugen Fedoruc avait t trait auparavant dans cet hpital pour schizophrnie, mais sans jamais y sjourner. Son mdecin traitant a indiqu en juin2012 quEugen Fedoruc tait calme et ne reprsentait pas une menace pour la socit, et quil nexistait donc aucune raison pour quil reste intern. Les allgations de torture nont donn lieu aucune enqute.

Chtiments cruels, inhumains ou dgradants


Le Parlement a adopt le 24mai une loi rendant obligatoire la castration chimique pour les personnes reconnues coupables dabus sexuels sur mineurs commis avec violences. Le prsident de la Rpublique avait pourtant mis son veto une telle mesure au mois davril.

Discrimination
Le Parlement a adopt en mai une Loi sur lgalit, qui devait entrer en vigueur le 1er janvier 2013. Ses dispositions ntaient cependant pas conformes aux normes internationales, dans la mesure o elle ne mentionnait pas lorientation sexuelle, lidentit de genre et ltat de sant dans la liste des motifs de discrimination prohibs. Un certain nombre de personnes et de groupes continuaient de faire lobjet de discriminations. n En fvrier, une femme sropositive ge de 48ans, I.H., qui prsentait une grave ncrose de la hanche (ostoncrose), sest vu refuser la pose dune prothse au motif quelle tait porteuse du VIH. Le 21novembre 2011, le sous-directeur de lhpital de traumatologie et dorthopdie de Chiinu lui avait annonc que cette opration ne pouvait pas tre pratique sur des patients sropositifs. LInstitut pour les droits humains, une ONG, et le reprsentant pour les droits humains du Programme des Nations unies pour le dveloppement (PNUD) sont intervenus, en soulignant que des prothses de hanche taient rgulirement poses sur des patients porteurs du VIH un peu partout dans le monde, sans quon ait dplorer de complications, ds linstant o le systme immunitaire de lintress fonctionnait normalement au moment de lintervention. Lhpital a nanmoins refus de raliser lopration. n En mars, alors que le Parlement sapprtait adopter la Loi sur lgalit, plusieurs instances locales travers le pays ont pris des mesures discriminatoires contre diffrentes catgories de la population. Certaines, visant les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres ou intersexues (LGBTI), ont ainsi interdit la propagande agressive en faveur dorientations sexuelles non classiques; dautres se sont prononces contre la prsence de lieux de culte musulmans, au mpris des droits des fidles de cette religion. Une seule instance locale a abrog sa dcision, sur intervention du Mdiateur.

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n Le 12juin, la Cour europenne des droits de lhomme a estim que linterdiction dune manifestation de personnes LGBTI, en mai2005, constituait une violation du droit la libert de runion et du droit de ne pas faire lobjet de discriminations; la Cour a ordonn au gouvernement moldave de verser sous trois mois la somme de 11000euros aux organisateurs de cette manifestation, lassociation GenderDoc-M.

Procs inquitables
Des avocats et des responsables publics ont dclar que les procs taient souvent inquitables, en particulier quand ils concernaient des reprsentants de ltat ou des personnalits politiques. Les avocats disposaient de peu de temps pour consulter les dossiers avant daller plaider, et laccs ces dossiers tait limit. Le droit des prvenus dchanger en toute confidentialit avec lavocat de leur choix ntait pas pleinement respect. n Lancien prsident N. Enkhbayar, deux autres anciens responsables publics et un quatrime homme ont t dclars coupables en aot de corruption. Lancien chef de ltat stait vu refuser en mai sa remise en libert sous caution au motif que les lments de preuve favorables taient insuffisants, ce qui avait conduit Amnesty International sinquiter du caractre arbitraire de sa dtention. Il a t libr peu aprs. Daprs ses avocats, des reprsentants de ltat ont fait obstacle au droit quavait N. Enkhbayar de sentretenir avec eux en priv. Laccs au dossier a t restreint et les avocats nont dispos que de trs peu de temps pour prparer la premire audience.

Visites et documents dAmnesty International


v Une dlgue dAmnesty International sest rendue en Moldavie en
avril, puis de nouveau en septembre. 4 Unfinished Business: Combating Torture and Ill-treatment in Moldova (EUR59/001/2012). 4 Towards Equality: Discrimination in Moldova (EUR59/006/2012).

MONGOLIE
MONGOLIE
Chef de ltat: Tsakhiagiyn Elbegdorj Chef du gouvernement: Skhbaataryn Batbold, remplac par Norovyn Altankhuyag le 10 aot La Mongolie a franchi une nouvelle tape vers labolition de la peine capitale en adhrant au Deuxime Protocole facultatif se rapportant au PIDCP. Des personnalits de premier plan, y compris politiques, ont t juges au cours de procs qui ne satisfaisaient pas aux normes internationales dquit. Le non-respect des procdures lgales a conduit des expulsions forces dans des quartiers de yourtes (gers) dOulan-Bator.

Expulsions forces
Des familles ont t expulses de leur logement sans avoir t consultes au pralable et sans bnficier des garanties prvues par la loi. Elles ont dans certains cas t soumises la contrainte ou menaces par des reprsentants des autorits locales ou des entrepreneurs de travaux privs. Plusieurs ont t victimes dententes entre les autorits locales et des promoteurs privs, et taient supposes payer pour toute solution de relogement qui leur serait propose, quelle quelle ft. n En 2010, des familles du 7e sous-district dOulanBator ont t averties oralement que leur quartier devait tre ramnag mais elles nont pas t consultes de manire officielle et nont eu quun accs restreint aux projets.

Contexte
Des lections lgislatives ont eu lieu le 28juin. Le Parti dmocrate, majoritaire, a form un gouvernement avec la coalition Justice et le Parti du courage civique les Verts.

Justice internationale
Partie au Statut de Rome de la Cour pnale internationale depuis 2002, la Mongolie navait toujours pas honor les obligations qui lui incombent ce titre. De mme, la Convention contre les disparitions forces, signe par la Mongolie en 2007, attendait toujours dtre ratifie.

Peine de mort
Le pays na procd aucune excution. En mars, la Mongolie a adhr au Deuxime Protocole facultatif se rapportant au PIDCP, visant abolir la peine de mort.

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MONTNGRO
MONTNGRO
Chef de ltat: Filip Vujanovi Chef du gouvernement: Igor Luki, remplac par Milo jukanovi le 3dcembre Les verdicts prononcs dans certains procs pour crimes de guerre ntaient pas conformes au droit international. Cette anne encore, des journalistes indpendants ont fait lobjet de manuvres dintimidation et dagressions.

Contexte
Lanne a t marque par de nombreuses manifestations contre la politique sociale et conomique du gouvernement. Les ngociations en vue de ladhsion du Montngro lUnion europenne ont dbut en juin. Elles ont essentiellement port sur le respect de ltat de droit, notamment sur la lutte contre la criminalit organise et contre la corruption dans les milieux de pouvoir. Au lendemain des lections doctobre, le Parti dmocratique des socialistes, au pouvoir depuis des annes, nest parvenu former un gouvernement quavec le soutien de formations reprsentant les minorits ethniques. Lancien prsident de la Rpublique Milo jukanovi a t nomm Premier ministre pour la sixime fois.

n Lappel interjet par laccusation contre lacquittement, en 2011, de plusieurs rservistes de larme et fonctionnaires de police accuss de traitements inhumains sur la personne de Bosniaques, perptrs en 1992 Bukovica, a t rejet. Le tribunal a en effet estim que, au moment des faits, les actions des prvenus ne constituaient pas une infraction pnale aux termes de la lgislation. Les traitements inhumains sont pourtant dfinis comme un crime contre lhumanit dans le Code pnal de 2003 qui, conformment aux principes du droit international en vigueur, aurait d tre appliqu de faon rtroactive. n En septembre sest ouvert le nouveau procs de quatre membres de lArme yougoslave (qui a succd la JNA) accuss du meurtre de six Albanais du Kosovo, commis en 1999 Kaludjeruski Laz. n En novembre, neuf anciens fonctionnaires de police, qui comparaissaient une nouvelle fois pour leur rle prsum dans la disparition force, en mai 1992, dau moins 79rfugis de Bosnie-Herzgovine, ont de nouveau t acquitts. Les juges ont estim que les prvenus ne staient pas rendus coupables dun crime de guerre, au motif que, sils avaient effectivement arrt illgalement les victimes, ils ntaient pas parties au conflit arm international qui dchirait alors la Bosnie-Herzgovine.

Libert dexpression
Le Premier ministre Igor Luksi sen est pris publiquement aux ONG et aux mdias opposs la politique du gouvernement. Un certain nombre de journalistes indpendants ont par ailleurs fait lobjet dactes dintimidation et de menaces de la part dacteurs non tatiques. n La journaliste Olivera Laki, qui travaille pour le journal indpendant Vijesti, a d tre hospitalise en mars aprs avoir t roue de coups devant son domicile. Son travail sur une affaire de fraude industrielle prsume avait entran louverture dune information judiciaire. n La procureure gnrale a rpondu en avril une requte formule en 2010 par lONG Human Rights Action, qui avait demand o en taient les enqutes concernant 12affaires non lucides datteintes aux droits humains portant notamment sur des meurtres de journalistes et dautres homicides de nature politique. Les informations fragmentaires fournies par le parquet montraient que ces enqutes navaient gure progress.

Crimes de droit international


Les poursuites engages contre des personnes souponnes de crimes de droit international suivaient leur cours. La procdure ntait pas toujours conforme aux normes internationales et un certain nombre de jugements prononcs ne correspondaient pas aux dispositions du droit international. n Quatre anciens membres de lArme fdrale yougoslave (JNA) qui taient rejugs pour crimes de guerre ont t condamns en janvier des peines allant jusqu quatre ans demprisonnement, pour des actes commis contre des prisonniers de guerre et des civils croates dans le camp de Morinj. Ces peines taient infrieures aux peines planchers lgalement applicables. Des recours en appel ont t dclars recevables en juillet.

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Discrimination
Les lesbiennes, les gays et les personnes bisexuelles, transgenres ou intersexues taient toujours en butte des discriminations. En septembre, trois hommes, dont un acteur et le ralisateur dune vido dnonant lhomophobie, ont t violemment agresss par des membres dun club de supporters de football de Podgorica. Lacteur Todor Vujosevi a de nouveau t agress en octobre, alors quil avait demand plusieurs reprises bnficier dune protection policire.

dtention arbitraires. Des cas dusage excessif de la force ont galement t signals. Les conditions de dtention effroyables ont provoqu des meutes dans les prisons.

Contexte
Le 8mars, un policier et un membre de la Rsistance nationale mozambicaine (RENAMO) ont t tus et plusieurs autres personnes blesses au cours dune fusillade entre la police et quelque 300membres de ce mouvement dopposition dans la ville de Nampula. La police avait effectu une descente au sige de la RENAMO, o ces membres staient installs depuis dcembre2011, attendant semble-t-il des consignes du responsable du parti, Afonso Dhlakama, pour organiser des manifestations antigouvernementales. la fin du mois doctobre, Afonso Dhlakama sest install avec quelque 800hommes sur lancienne base de la RENAMO Gorongosa (province de Sofala), menaant de reprendre les armes si le gouvernement nacceptait pas de rencontrer le parti. Une commission gouvernementale charge douvrir le dialogue avec la RENAMO a t cre en novembre. En dcembre, quatre membres de la RENAMO ont t condamns neuf mois et 11jours demprisonnement pour leur participation la fusillade du mois de mars. Leur priode de dtention provisoire couvrant la dure de leur peine, ils ont t remis immdiatement en libert. Le 11mai, un mdiateur de justice a t lu pour la premire fois par le Parlement, qui a choisi lancien ministre de la Justice, Jos Abudo, pour occuper ce poste. Le 5septembre, les 11membres de la nouvelle Commission nationale des droits humains ont pris officiellement leurs fonctions. Le prsident Guebuza a t rlu la tte du Front de libration du Mozambique (FRELIMO) lors du 10econgrs du parti, en septembre.

Rfugis et migrants
Autour de 3200Roms et Ashkalis du Kosovo taient toujours rfugis au Montngro. En juillet, 800 dentre eux se sont retrouvs la rue, la suite de lincendie du centre daccueil collectif de Konik, o ils vivaient depuis 1999. Ils ont protest lorsque les autorits leur ont distribu des tentes. Ils ont t relogs en novembre dans des conteneurs mtalliques, ce qui ne constituait pas une solution satisfaisante. Les projets long terme de relogement permanent, cens remplacer lhbergement en centre collectif, ont t remis plus tard. Le Montngro tait toujours une zone de transit pour les migrants irrguliers. Cette anne, 1531nouvelles demandes dasile ont t dposes. Sur lensemble des dossiers tudis, deux ont reu une rponse positive (un statut de rfugi et une protection subsidiaire).

Visites et documents dAmnesty International


(EUR66/004/2012).

4 Montenegro: Submission to the UN Universal Periodic Review

MOZAMBIQUE
RPUBLIQUE DU MOZAMBIQUE
Chef de ltat: Armando Emlio Guebuza Chef du gouvernement: Aires Bonifcio Baptista Ali, remplac par Alberto Vaquina le 8 octobre Le Mozambique maintenait des personnes en dtention prolonge sans jugement. La police a procd des arrestations et placements en

Police et forces de scurit


Entre fvrier et novembre, plus de 20commerants (ou proches de commerants) asiatiques ont t enlevs Maputo, la capitale du pays, une ranon tant exige contre leur libration. Les milieux daffaires asiatiques ont affirm que la police tait implique dans ces enlvements. Plusieurs suspects ont t arrts puis relchs en septembre, en raison semble-t-il de labsence de preuves. De nouvelles interpellations ont eu lieu en novembre. On ne

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disposait daucune information supplmentaire la fin de lanne. En avril, le commandant gnral de la police a bafou une dcision de justice. Il aurait dclar quil navait pas de comptes rendre au pouvoir judiciaire en ce qui concerne les sanctions infliges aux policiers. n En mars, cinq policiers de Nacala (province de Nampula), dont le commandant de police de la ville, ont t arrts car ils taient souponns davoir stock illgalement des armes. Un juge a ordonn leur libration conditionnelle dans lattente des conclusions dune enqute, mais les cinq hommes ont t de nouveau arrts et placs en dtention par la police, avant dtre relchs une seconde fois la suite de lintervention de leurs avocats. Le commandant gnral de la police a dclar que ses forces avaient agi conformment au Rglement disciplinaire de la police de 1987, et quelles ntaient pas tenues de respecter la dcision rendue par la justice. En septembre, le Conseil constitutionnel a estim que la disposition du Rglement invoque par le commandant gnral avait t prcdemment annule.

(province de Maputo), il a t transfr au poste de police n1 dInhambane, o il est rest deux jours. Il a ensuite t conduit la prison de scurit maximale dInhambane. Inculp de recel darmes et dincitation la violence, il a t maintenu en dtention pendant quatre mois avant dtre remis en libert dans lattente de son procs. n Le 18avril, 38membres du Mouvement dmocratique du Mozambique (MDM, opposition) ont t arrts lors dlections municipales partielles dans la province dInhambane. Relchs sans inculpation dans un premier temps, ils ont cependant t accuss en aot dactivits de campagne illgales dans les bureaux de vote. Ils ont expliqu quils distribuaient de leau et de la nourriture aux observateurs du MDM prsents dans les bureaux de vote. Le 5octobre, ils ont t dclars coupables dinfractions lectorales et condamns deux mois demprisonnement, sans peine damende alternative. Sept dentre eux ont t jugs par contumace.

Utilisation excessive de la force et homicides illgaux


En juillet, le tribunal administratif de Maputo a ordonn ltat de verser 500000meticais (environ 17000dollars des tats-Unis) de dommages et intrts la mre dun garon de 11ans qui avait t tu par une balle perdue tire par la police lors de violentes manifestations Maputo, en septembre 2010. Aucun policier na t tenu pour responsable. Dautres cas dutilisation excessive de la force par la police ont t signals durant lanne. n En juillet, la police a abattu un jeune homme de 19ans dans la ville de Nampula. Antnio (on ne connat que son prnom) et un ami auraient percut un vhicule de police stationn devant le poste de police n2 de Nampula, et ne se seraient pas arrts. Des policiers les ont alors pris en chasse et ont tir, touchant Antnio, qui a succomb ses blessures. Des responsables de la police ont indiqu en novembre des reprsentants dAmnesty International quune enqute tait en cours, mais la fin de lanne, aucune nouvelle information navait t communique. n En aot, le commandant de police de district dIlha de Moambique (province de Nampula) a frapp une femme enceinte, qui a d tre hospitalise la suite des coups reus. Des responsables de la police ont indiqu quil sagissait dune altercation prive. Ils ont ajout quune procdure disciplinaire avait t

Arrestations et dtentions arbitraires


Les forces de police ont procd des arrestations et dtentions arbitraires, dont certaines taient motives par des considrations politiques. Un certain nombre de personnes dtenues ont t remises en libert sans inculpation. Selon les informations recueillies, aucune na t indemnise et aucun policier na t amen rendre des comptes devant la justice pnale. n La police a arrt des membres du Forum des anciens combattants, dont le porte-parole de lassociation, Jossas Alfredo Matsena, qui a t interpell trois reprises. Le 10janvier, il a t arrt puis remis en libert quelques heures plus tard sans quaucune charge ne soit retenue contre lui. Interpell de nouveau le 19janvier, il a t inculp de dtournement de fonds et menaces contre un reprsentant de district du FRELIMO. Jug pour dtournement de fonds, il a t acquitt en mars. Les poursuites pour menaces ont t abandonnes en juin. Le 14fvrier, il a t apprhend sans quaucun mandat ne lui soit prsent alors quil se rendait dans les bureaux de la Ligue des droits humains du Mozambique. Aprs avoir t dtenu pendant quelques heures au poste de police de Machava

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entame et une enqute ouverte. On ne disposait daucune autre information la fin de lanne.

MYANMAR
RPUBLIQUE DE LUNION DU MYANMAR
Chef de ltat et du gouvernement: Thein Sein Dans un contexte de rformes politiques, juridiques et conomiques, les autorits ont remis en libert plusieurs centaines de prisonniers dopinion. Un trs grand nombre restaient malgr tout derrire les barreaux. Cette anne encore, des membres des forces de scurit et dautres agents de ltat se sont rendus coupables de violations des droits humains. Ils ont notamment commis des homicides illgaux, fait un usage excessif de la force, procd des arrestations arbitraires, tortur et inflig dautres mauvais traitements, et confisqu ou dtruit illgalement des biens et des moyens de subsistance. Limpunit persistait pour les auteurs de crimes commis dans le pass, y compris en cas de crimes contre lhumanit.

Dtention sans procs


Plusieurs centaines de personnes taient maintenues en dtention sans jugement dans au moins trois prisons de Maputo et deux de Nampula, certaines sans avoir t inculpes. Leur priode de dtention provisoire excdait celle autorise par la loi. Des milliers dautres personnes taient en dtention provisoire dans le reste du pays. n Le 16fvrier, une dlgation conjointe dAmnesty International et de la Ligue mozambicaine des droits humains a constat que Jos Capitine Cossa (galement connu sous le nom de Zeca Capetinho Cossa) tait incarcr sans inculpation ni jugement dans la prison de haute scurit de Machava. Cet homme tait dtenu depuis plus de 12ans. Les autorits ont dclar ne pas savoir pourquoi il tait en dtention. Le procureur gnral a fait savoir Amnesty International en septembre que Jos Capitine Cossa avait t remis en libert le 4 de ce mois car sa dtention tait illgale; il a prcis quune information judiciaire avait t ouverte. Les responsabilits navaient pas t tablies la fin de lanne et aucune indemnisation navait t verse Jos Capitine Cossa pour son arrestation et sa dtention illgales.

Contexte
Le Myanmar a organis en avril des lections partielles, qui ont t considres comme globalement libres et quitables par les observateurs internationaux. La Ligue nationale pour la dmocratie (NLD, opposition) a remport 43 des 44siges quelle briguait, et ses lus ont t autoriss siger au Parlement. En aot, lex-prisonnire dopinion Aung San Suu Kyi a t nomme prsidente du Comit sur ltat de droit et la stabilit, organe parlementaire nouvellement cr. La Commission nationale des droits humains a t accepte comme membre du Forum dAsie du Sud-Est des institutions nationales des droits humains en septembre, et comme membre associ du Forum dAsie-Pacifique en novembre. Des inquitudes subsistaient toutefois au sujet de sa capacit de surveillance indpendante des droits humains. Le Myanmar a adopt en novembre la dclaration des droits humains de lANASE mais celle-ci, de lavis de beaucoup, ne rpondait pas aux normes internationales en la matire. galement en novembre, le prsident Thein Sein a autoris le CICR reprendre ses visites des tablissements pnitentiaires et a annonc que le gouvernement prvoyait dlaborer un mcanisme

Conditions carcrales
Des meutes ont clat parmi les dtenus des prisons centrales de Nampula et de Beira, en mars et septembre respectivement. Les prisonniers entendaient protester contre la surpopulation carcrale, linsuffisance de la nourriture et les mauvaises conditions sanitaires. La Force dintervention rapide a eu recours une force excessive lors des troubles dans la prison centrale de Nampula, ce qui a t condamn par la ministre de la Justice. Les conditions de dtention dans cette prison taient trs prouvantes: les dtenus taient entasss, les conditions dhygine taient dplorables, la nourriture insuffisante et les services mdicaux mdiocres. Des conditions similaires ont t observes dans dautres centres de dtention.

Visites et documents dAmnesty International v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus au Mozambique
en fvrier et en novembre. 4 Locking up my rights: arbitrary arrest, detention and treatment of detainees in Mozambique (AFR41/001/2012).

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intergouvernemental dexamen des dossiers de prisonniers. Au cours du premier semestre de 2012, lAustralie, le Canada, les tats-Unis, la Suisse et lUnion europenne ont suspendu la plupart des sanctions pesant sur le Myanmar. Les embargos sur les armes demeuraient toutefois en vigueur.

Conflit arm interne


Le gouvernement a sign des accords de paix initiaux ou de cessez-le-feu avec les branches politiques de huit groupes dopposition recrutant parmi les minorits ethniques, dont le Parti de libration de ltat dArakan, lUnion nationale karen, lArme de ltat chan-Nord et lArme de ltat chan-Sud. Cependant, des informations ont continu de faire tat daffrontements sporadiques dans lest du pays. Le conflit arm svissant dans ltat kachin et le nord de ltat chan sest intensifi; les forces armes ont eu recours des frappes ariennes ciblant les postes avancs de lArme pour lindpendance kachin (KIA) la fin de lanne. Ce conflit avait clat en juin 2011, aprs que larme rgulire eut rompu laccord de cessez-le-feu sign avec la KIA. Les tentatives de pourparlers entre le gouvernement et le groupe arm sont restes infructueuses en 2012. Un programme daction du Bureau international du travail (BIT) sur lenrlement des mineurs et le plan daction conjointe sur les enfants touchs par des conflits arms, prvu par la rsolution1612 du Conseil de scurit de lONU, ont t signs en juin. Les autorits ont officiellement dmobilis 42enfants soldats en septembre. Dans les zones de conflit arm, en particulier dans ltat kachin et le nord de ltat shan, les villageois ont cette anne encore t victimes de multiples atteintes aux droits fondamentaux arrestations arbitraires, homicides illgaux, violences sexuelles, torture, disparitions forces et destructions de moyens de subsistance, notamment. n En janvier, les avocats de la famille de Sumlut Roi Ja ont saisi la Cour suprme Nay Pyi Taw. Cette femme kachin a disparu, selon certaines informations, aprs avoir t arrte par les forces armes en octobre 2011. Son mari, qui a dclar avoir t tmoin de son enlvement, na pas t autoris tmoigner. En mars, la Cour suprme a class laffaire, invoquant linsuffisance des lments de preuve.

n Quatre Kachins qui gardaient des btes ont t arrts en juin par des militaires qui les souponnaient de liens avec lOrganisation pour lindpendance kachin (KIO) et avec la KIA. Selon des informations crdibles, les quatre hommes ont t torturs. n Le 1er juillet, des soldats ont arrt 27villageois kachins en raison de leurs relations prsumes avec la KIA. La plupart de ces hommes ont t rapidement remis en libert. Le corps de Galau Bawm Yaw, qui figurait parmi ceux maintenus en dtention, a t retrouv le 22juillet. Il portait des traces de torture.

Personnes dplaces
Le conflit dans ltat kachin avait entran le dplacement de plus de 75000personnes la fin de lanne. La plupart vivaient dans des camps de fortune installs dans des zones contrles par la KIA proximit de la frontire chinoise, o elles taient mal nourries, mal soignes et navaient pas accs de vritables installations sanitaires. Les organisations humanitaires nont pas pu apporter daide durable dans les zones contrles par la KIA et la KIO en raison de restrictions imposes par le gouvernement. Plus de 400000personnes taient toujours dplaces dans lest du Myanmar. ces personnes venaient sajouter, dans ltat dArakan, 115000musulmans (Rohingyas ou non) dplacs la suite datteintes aux droits humains et de violences interethniques. Les organismes humanitaires souhaitant venir en aide aux personnes dplaces qui ne vivaient pas dans les camps officiels se sont heurts des obstacles, en particulier fin octobre et dbut novembre. Les camps taient surpeupls et les conditions sanitaires y taient dplorables.

Violences intercommunautaires
Dbut juin, de violents heurts ont oppos des Rakhines bouddhistes et des communauts musulmanes, notamment des Rohingyas, aprs le viol et le meurtre prsums dune Rakhine bouddhiste par trois musulmans, le 28mai dans ltat dArakan, suivis en reprsailles du meurtre de 10musulmans. Le prsident a dcrt ltat durgence le 10juin. Les mois de juillet et daot ont t maills dpisodes violents, avant que dintenses affrontements intercommunautaires nclatent de nouveau entre les 21 et 30octobre. Dautres communauts musulmanes, par exemple la minorit ethnique kaman, ont alors t prises pour cible. Quelque

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160personnes sont mortes au cours de ces vnements, daprs les chiffres officiels, mais le nombre rel de victimes pourrait tre bien plus lev. Le 17aot, une commission charge denquter sur lorigine des violences dans ltat dArakan a t nomme par le gouvernement. Elle comptait parmi ses membres diffrentes parties intresses, y compris danciens prisonniers politiques et six membres de la communaut musulmane mais les Rohingyas ntaient pas reprsents. Deux reprsentants musulmans ont t relevs de leurs fonctions en novembre. La commission navait pas rendu public son rapport dfinitif la fin de lanne.

Libert de runion
Le gouvernement a promulgu en juillet la Loi de 2011 relative au droit de runion et de manifestation pacifiques. Exigeant des intresss quils demandent lautorisation de manifester au moins cinq jours lavance, ce texte prvoyait que la demande ne [devait] tre refuse que dans la circonstance o il y aurait atteinte la sret de ltat, ltat de droit, lordre public et aux lois en vigueur protgeant la population. Des personnes qui, sans autorisation, avaient organis des manifestations pacifiques ou particip de tels rassemblements ont t inculpes au titre de larticle18 de cette loi et elles encouraient un an demprisonnement pour chaque district o elles taient passes lors du mouvement de protestation non autoris. n Plusieurs personnes ont t inculpes au titre de la Loi relative au droit de runion et de manifestation pacifiques aprs avoir organis en septembre une marche pacifique sans y tre autorises. Les participants taient passs par plusieurs districts et taient poursuivis dans chacun dentre eux. n En dcembre, au moins six militants ont t inculps au titre de larticle18 de la loi pour avoir manifest le 1er dcembre Yangon sans autorisation. Ils entendaient protester contre la rpression violente dploye en novembre contre les protestataires de la mine de Monywa, dans la division de Sagaing.

Conflits fonciers
Les saisies de terres et les expulsions ont dclench des manifestations durant lanne. Une commission parlementaire a t mise en place pour enquter sur les litiges fonciers. Sur les 4000cas de confiscation de terres qui auraient t soumis son attention, elle avait, selon les informations disponibles, examin plusieurs centaines daffaires au cours du dernier trimestre de 2012 et devait prsenter ses conclusions devant le Parlement dbut 2013. n Le 29novembre au petit matin, la police a dispers par la force des manifestants pacifiques qui staient installs sur le site de la mine de cuivre de Letpadaung, dans le district de Monywa (division de Sagaing). Certains dentre eux, dont des moines, ont t gravement blesss. Les manifestants entendaient protester contre lexpansion de la mine, les spoliations de terres qui y taient lies et limpact quaurait dj eu lexploitation de cette mine sur lenvironnement. En dcembre, Aung San Suu Kyi a t nomme la tte dune commission charge denquter sur le projet dexpansion minire et la rpression dclenche contre les contestataires. La Loi relative aux terres agricoles et celle relative la gestion des terres en friche, en jachre et non occupes, promulgues toutes les deux en 2012, noffraient pas de garanties satisfaisantes aux agriculteurs contre la rquisition de leurs terres par les autorits. La Loi relative ladministration des circonscriptions et des villages a t modifie en mars. Le travail forc a t rig en infraction. Le gouvernement a approuv en juillet un plan daction pour mettre fin toutes les formes de travail forc dici 2015. Cependant, cette pratique perdurait, en particulier dans les zones peuples de minorits ethniques.

Libert dexpression
Le 20aot, le ministre de lInformation a annonc la fin de toutes les procdures de censure avant parution. Le mme jour, il a mis une liste stricte de directives de publication interdisant, entre autres, les critiques ngatives des politiques publiques. Les articles, une fois publis, devaient toujours tre transmis au Service denregistrement et de surveillance de la presse. Le gouvernement a cr dbut aot le Conseil de la presse du Myanmar, organe intrimaire charg de contrler et traiter les questions lies aux mdias jusqu la promulgation de la nouvelle loi relative aux mdias. Le manque dindpendance de cet organe, sa composition et les pouvoirs qui lui taient dvolus ont t vivement contests par les journalistes. Un nouveau Conseil de la presse provisoire a t tabli la mi-septembre; plus de la moiti de ses membres taient journalistes.

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Arrestations et dtentions arbitraires


Plusieurs centaines de personnes, y compris des enfants, ont t arrtes arbitrairement, dtenues au secret et soumises des traitements cruels, inhumains et dgradants dans des lieux de dtention, o elles ne recevaient pas de soins mdicaux adquats. De nouveaux cas de tortures et dautres mauvais traitements en dtention ont t signals, certains ayant entran la mort de la victime. n Le prisonnier dopinion Tun Aung tait toujours derrire les barreaux la fin de lanne. Ce mdecin, galement prsident du Conseil des affaires islamiques du district de Maungdaw (tat dArakan), a t arrt le 11juin pour avoir dclench des meutes intercommunautaires dans le district. Il a t condamn 11ans demprisonnement. Il tait semblet-il perscut en raison de son rle de chef de file de la communaut musulmane du district. n Myo Myint Swe est mort en juillet dans un poste de police de Yangon aprs avoir t accus de participation un meurtre. Son corps portait des traces de torture.

Les personnes impliques dans de graves atteintes aux droits fondamentaux navaient pour la plupart pas t traduites en justice.

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus au Myanmar en
mai, novembre et dcembre. 4 Myanmar. Le point sur la situation des droits humains (ASA16/003/2012). 4 Le Myanmar doit immdiatement faire face aux besoins humanitaires de la population et sattaquer la discrimination systmique (ASA16/008/2012). 4 Myanmar: Open letter to the Minister of Home Affairs (ASA16/016/2012).

NAMIBIE
RPUBLIQUE DE NAMIBIE
Chef de ltat et du gouvernement: Hikepunye Pohamba Le procs pour trahison de Caprivi, ouvert depuis de longues annes dj, se poursuivait. La plupart des prvenus taient privs de libert depuis plus de 12ans. Des membres du parti au pouvoir, lOrganisation du peuple du Sud-Ouest africain (SWAPO), continuaient de jouir de limpunit pour les violations des droits humains commises lencontre de leurs opposants politiques. Les minorits ethniques taient marginalises et exclues des processus de prise de dcision.

Grce de prisonniers
Les autorits ont remis en libert plus de 8500dtenus, dont plusieurs centaines de prisonniers dopinion. La plupart ont obtenu une libration conditionnelle au titre de larticle401 du Code de procdure pnale. Ils pouvaient tre de nouveau incarcrs pour purger le restant de leur peine sils ne respectaient pas les conditions de leur libration conditionnelle.

Peine de mort
Dbut janvier, le prsident a commu en peines de rclusion perptuit les sentences capitales de tous les condamns mort. Au moins 17condamnations mort ont toutefois t prononces durant lanne.

Procs de Caprivi
Le dernier des 379tmoins du procs pour haute trahison de Caprivi a t appel la barre et le parquet a achev ses rquisitions devant la Haute Cour le 7fvrier. Les 111hommes qui restaient en instance de jugement devaient rpondre de 278accusations au total, dont celle de haute trahison, neuf accusations de meurtre et 240 de tentative de meurtre en lien avec un prtendu complot en faveur de la scession de la rgion de Caprivi, entre janvier 1992 et dcembre 2002. Lun des accuss, Rodwell Kasika Mukendwa, a t acquitt le 10aot 2012. Il avait t arrt le 26aot 1999.

Impunit
La Commission nationale des droits humains ntait pas habilite recevoir et instruire les plaintes lies aux violations des droits humains commises avant sa formation, le 5septembre 2011. Comme il nexistait pas au Myanmar de mcanisme exhaustif et indpendant charg denquter sur les crimes de guerre et crimes contre lhumanit prsums, il tait difficile pour les victimes et leurs proches de connatre la vrit et dobtenir justice et rparation.

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Pour Amnesty International, nombre des prvenus dans cette affaire taient susceptibles dtre considrs comme des prisonniers dopinion car ils avaient t arrts uniquement en raison de leurs opinions politiques, relles ou supposes, de leurs origines ethniques ou de leur appartenance certaines organisations. Le groupe tait jug sur la base dune intention dlictueuse commune. Cette doctrine consiste essentiellement dispenser laccusation davoir prouver au-del de tout doute raisonnable que chaque membre du groupe a commis une infraction et contribu, par un enchanement de causes et deffets, aux actes dlictueux en question. Ce faisant, cette doctrine dplace la charge de la preuve de laccusation aux accuss et porte atteinte leur droit la prsomption dinnocence.

n Le 15fvrier, Melody Monde Mbololwa est morte aprs que son petit ami leut frappe de neuf coups de couteau Mavuluma Extension Two, dans la ville de Katima Mulilo (rgion de Caprivi). n Le 19juillet, une lycenne, Letitia Ndeshuulilwe Nghilongwa, a t abattue par son petit ami Oshikuku (rgion dOmusati). n Le 20septembre, Tangi Nanguka Martin, originaire du village dEpuku, dans la rgion dOhangwena, a t tue par son mari.

Discriminations
En septembre, le rapporteur spcial des Nations unies sur les droits des peuples autochtones sest rendu en Namibie et a soulign la marginalisation que continuaient de subir les minorits ethniques du pays. De nombreux obstacles empchaient notamment les enfants des peuples indignes san et ovahimba dtre scolariss. Ctait le cas, en particulier, des enfants ovahimbas, contraints de se couper les cheveux et interdits de porter leurs vtements traditionnels pour pouvoir frquenter les coles publiques Opuwo.

Libert dassociation et de runion


La police namibienne et des membres de la SWAPO ont bafou le droit la libert de runion pacifique et dassociation. n En octobre, sept enseignants ont t arrts dans la ville dOshakati pour avoir protest contre la mdiocrit de leurs conditions de travail. Ils faisaient partie des quelque 300professeurs qui staient mis en grve pour demander des salaires plus justes et de meilleures conditions de travail, dans le cadre dun mouvement daction nationale du corps enseignant.

Conditions carcrales
La plupart des tablissements pnitentiaires et des centres de dtention restaient surpeupls, et certains dentre eux taient utiliss plus du double de leur capacit. La prison centrale de Windhoek, prvue pour 912prisonniers, en comptait environ 2000, condamns ou en dtention provisoire. Les prisons des villes dOndangwa, de Swakopmund, dOshakati et dOtjiwarongo faisaient face des situations similaires.

NPAL
RPUBLIQUE DMOCRATIQUE FDRALE DU NPAL
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Ram Baran Yadav Baburam Bhattarai

Violences faites aux femmes et aux filles


Les violences lies au genre demeuraient un grave motif de proccupation. De nombreuses femmes ont t tues par leur partenaire dans le cadre de disputes au foyer. n Le 1er fvrier, Fransina Ndinelago Amuteka est morte aprs avoir t poignarde et gorge par son petit ami dans le village dOndukutu, prs dOndangwa.

Plusieurs initiatives prises par le gouvernement nont fait que renforcer limpunit dans le pays: nomination des postes de la haute fonction publique de responsables prsums de violations des droits humains, abandon des poursuites pnales engages contre eux et tentative de mise en place dun mcanisme de justice transitoire habilit recommander des amnisties pour des crimes de droit international. Des dbats sur la question du fdralisme ont entran des violences politiques dans plusieurs rgions du pays. Des cas de dtention arbitraire, de torture et dexcution extrajudiciaire ont t signals tout au long de lanne.

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Contexte
LAssemble constituante a t dissoute le 27mai sans tre parvenue laborer une nouvelle Constitution, les partis politiques nayant pas russi sentendre sur plusieurs points cls malgr quatre ans de ngociations. Les avis politiques divergents concernant le modle de fdralisme adopter, et les demandes en faveur dune plus grande autonomie pour les minorits ethniques et les peuples indignes ont entran des dissensions et de violents affrontements entre partis politiques et en leur sein mme. En octobre, le gouvernement a annonc avoir men terme le processus dintgration danciens combattants maostes dans larme npalaise, conformment aux dispositions de lAccord de paix global et de la Constitution intrimaire de 2007. En janvier, le gouvernement a adopt une loi visant renforcer le contrle de ltat sur le travail de la Commission nationale des droits humains.

Justice de transition
Le 28aot, le Conseil des ministres a propos un texte instaurant une Commission denqute sur les personnes disparues et de vrit et rconciliation, cartant ainsi lide dinstaurer deux commissions distinctes pour traiter ces questions. Cette nouvelle commission devait avoir le pouvoir de recommander des amnisties pour de graves atteintes aux droits humains, mais ne devait pas tre habilite recommander des poursuites contre les auteurs prsums de crimes, au mpris des obligations juridiques qui incombent au Npal dengager des poursuites pour les crimes de droit international. Le Haut-Commissariat aux droits de lhomme [ONU] a publi en octobre un rapport sur les violations du droit international relatif aux droits humains et du droit international humanitaire commises au cours du conflit arm au Npal, ainsi que des archives comportant prs de 30000documents et cas tayant ce rapport.

n Kuber Singh Rana, qui tait encore sous le coup dune enqute pnale concernant la disparition force et lexcution extrajudiciaire de cinq tudiants dans le district de Dhanusha en 2003, a t nomm inspecteur gnral de la police au mois de septembre. n Raju Basnet, un colonel souponn davoir particip des crimes de guerre, a t promu gnral de brigade en octobre. Cette promotion, largement condamne par les militants des droits humains, a t suspendue par la Cour suprme au cours du mme mois. Le gouvernement a continu de demander labandon des poursuites pnales contre des membres de partis politiques afin de respecter lengagement quil avait pris, dans le cadre de lAccord de paix global et dautres accords ultrieurs, de renoncer aux poursuites engages dans des affaires de nature politique. Cependant, le concept daffaire politique ntait pas clairement dfini, et de nombreuses affaires dont labandon avait t recommand impliquaient des homicides, des enlvements et dautres crimes graves.

Droits des travailleurs migrants


Les agences de recrutement se livraient toujours au trafic de travailleurs migrants, les soumettant lexploitation et au travail forc. Elles leur facturaient des commissions dpassant les plafonds fixs par le gouvernement et les contraignaient de ce fait souscrire des prts importants des taux dintrt levs. De nombreux migrants taient tromps sur leurs conditions demploi et de rmunration par les recruteurs. Les agences de recrutement qui violaient la loi npalaise taient rarement punies. Les mcanismes de rparation et de compensation taient centraliss, peu connus et difficilement accessibles. n Au mois daot, le gouvernement a interdit aux femmes de moins de 30ans de migrer en Arabie saoudite, aux mirats arabes unis, au Kowet ou au Qatar pour y devenir employes domestiques, en raison de plaintes dabus sexuels et dautres violences physiques enregistres dans ces pays. Cette interdiction risquait de mettre davantage en danger les femmes, qui taient ds lors obliges de chercher du travail par le biais de rseaux informels. Deux ministres du Travail ont successivement t contraints par le Premier ministre quitter leur poste, sous laccusation de faits de corruption. Cependant, les agences de recrutement restaient au-dessus des lois, et rares sont

Impunit
Le fait que le gouvernement ait promu des responsables prsums de violations de droits humains de hauts postes de la fonction publique a gravement compromis les efforts dploys pour garantir lobligation de rendre des comptes pour les atteintes aux droits humains et le respect du droit des victimes dobtenir justice, vrit et rparation.

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celles qui se sont vu retirer leurs licences pour activits illgales.

Torture et autres mauvais traitements


Alors quil avait adhr la Convention contre la torture [ONU] en 1991, le Npal navait toujours pas rig la torture en infraction pnale dans sa lgislation nationale. En avril, le Conseil des ministres a annonc quun projet de loi dans ce sens tait envisag. Cette initiative navait toutefois pas t mene bien au moment de la dissolution de lAssemble constituante. En juillet, le Comit des droits de lhomme [ONU] a rappel au gouvernement quil tait tenu de promulguer un texte lgislatif qui dfinisse et incrimine la torture, et dabroger toutes les lois qui accordent limmunit aux responsables prsums dactes de torture et de disparition force. Les femmes, les hommes et les enfants dtenus par la police taient couramment soumis la torture ou dautres formes de mauvais traitements. Dans son rapport annuel, le Comit contre la torture [ONU] a conclu que la torture tait utilise au Npal de faon routinire, dlibre et gnralise, et quelle constituait pour conclure une pratique systmatique.

parce quil avait touch la porte dentre dune maison appartenant un membre dune caste dominante. Les femmes et les filles dalits ou issues de familles rurales pauvres taient victimes de discriminations dans laccs la justice, lenseignement et aux soins.

Sant maternelle
La pauvret, la discrimination fonde sur le genre, la malnutrition, le manque dassistants obsttriques qualifis et de soins obsttricaux durgence, le maintien des charges de travail pendant la grossesse et aprs laccouchement sont autant de facteurs qui contribuaient au nombre lev de prolapsus utrins au Npal. On estime quen 2012, 600000Npalaises ont souffert de cette pathologie et que 200000 dentre elles ncessitaient un traitement chirurgical durgence. Le gouvernement a mis en place des camps de chirurgie pour traiter cette affection, mais de nombreuses femmes nont pas t informes de leur existence. Le Npal navait pas suffisamment investi dans les mesures prventives, les alternatives la chirurgie ou les soins de suivi. Selon certaines informations, 24498femmes ont t opres dun prolapsus utrin entre 2008 et 2011, mais on ne disposait que de trs peu dinformations sur leur tat de sant.

Violences dans la rgion du Tera


Les groupes arms prsents dans la rgion du Tera ont t moins actifs, selon les informations disponibles. Cependant, en raison de labsence dobligation de rendre des comptes pour les violations commises par le pass et de la culture de limpunit rgnant de longue date dans le pays, des cas datteintes aux droits humains perptrs par la Force de police arme, la police npalaise et des groupes arms ont continu dtre signals. Il sagissait notamment de cas de dtention arbitraire, de torture et dexcution extrajudiciaire. La trs grande inscurit qui rgnait dans la rgion et la crainte de reprsailles constituaient pour les victimes et les dfenseurs des droits humains des obstacles de taille laccs la justice.

NICARAGUA
RPUBLIQUE DU NICARAGUA
Chef de ltat et du gouvernement: Daniel Jos Ortega Saavedra Toute forme davortement demeurait une infraction pnale. Une nouvelle loi contre les violences faites aux femmes est entre en vigueur; la plupart des victimes de viols et autres violences sexuelles taient des filles ges de 17ans ou moins.

Discriminations
Les discriminations fondes sur la caste, lorigine ethnique, la religion, le genre, la situation conomique ou le handicap taient toujours aussi vives.En octobre, Bhim Bahadur, un dalit du district de Dailekh, aurait t hospitalis pour des blessures graves aprs avoir t frapp coups de faucille

Contexte
Trois personnes sont mortes et des dizaines dautres ont t blesses lors de violences qui ont fait suite aux lections municipales de novembre. Les tensions avaient t exacerbes lapproche des lections par des accusations de fraude et dirrgularits portes

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contre le Front sandiniste de libration nationale (FSLN, parti au pouvoir) et des petits partis qui lui taient apparemment lis. Des irrgularits avaient t dnonces aussi le jour du scrutin.

Dtention arbitraire, torture et autres mauvais traitements


Une quinzaine de jours aprs les lections, des allgations persistantes de fraude ont dclench des affrontements entre partisans du Parti libral constitutionnaliste (PLC, opposition) et du FSLN Nueva Guinea, dans la rgion autonome de lAtlantique sud. Daprs des organisations de dfense des droits humains, des militants du PLC ont t arrts par la police et maltraits en dtention. Des dtenus ont dit avoir t frapps, et des femmes et des filles ont dclar avoir t contraintes de se dvtir devant des policiers de sexe masculin qui les ont humilies et menaces de violences sexuelles.

sest rendue au Nicaragua en mai. Elle a exhort le gouvernement abroger linterdiction totale de lavortement et examiner le lien entre violences fondes sur le genre et droits sexuels et reproductifs. En juillet, le ministre de la Sant a dclar quau cours de la dcennie 2000-2009, le nombre de naissances chez les filles ges de 10 14ans avait augment de 47,9%. Au Nicaragua, toute relation sexuelle avec un enfant de moins de 14ans est considre comme un viol sur mineur. Le 28septembre, des associations de dfense des droits humains et des droits des femmes ont protest contre le refus du gouvernement dabroger linterdiction totale de lavortement, et contre le fait que la Cour suprme ne stait toujours pas prononce sur un recours de 2007 mettant en cause la constitutionnalit de cette interdiction.

Violences faites aux femmes et aux filles


Au cours du premier semestre de lanne 2012, le Commissariat de la femme et de lenfant a reu 1862plaintes pour violences sexuelles; 1048dentre elles concernaient des enfants de moins de 14ans, et 80% des victimes taient ges de 17ans ou moins. Bien que ces statistiques ne prcisent pas le sexe des victimes, des donnes officielles antrieures montrent que la majorit des victimes de violences sexuelles sont des femmes et des filles. n En octobre, la police de Matagalpa, une ville du nord du pays, a reu lordre dexcuter un mandat darrt lencontre dun professeur accus davoir agress sexuellement une lve de 14ans. Les policiers nont cependant pas procd linterpellation, en raison dune prtendue absence de place dans les prisons et du manque de moyens au sein de la police. Le professeur aurait quitt la ville; il tait toujours en fuite la fin de lanne. La Loi intgrale sur les violences faites aux femmes (Loi n779) est entre en vigueur au mois de juin. Cette lgislation tait certes un pas dans la bonne direction, mais le manque de moyens permettant de garantir sa mise en uvre restait proccupant.

NIGER
RPUBLIQUE DU NIGER
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Mahamadou Issoufou Brigi Rani Des dtenus accuss dappartenir des groupes terroristes ont t victimes de mauvais traitements. Plusieurs travailleurs humanitaires ainsi que leur chauffeur ont t enlevs par un groupe arm et sont rests trois semaines aux mains de leurs ravisseurs.

Contexte
Des affrontements ont clat entre les forces gouvernementales et des groupes arms bass au Mali et au Nigeria. Dans le nord du pays, larme a renforc le dispositif de scurit pour contrer les lments de groupes arms impliqus dans des prises dotages, le trafic de drogue et le grand banditisme. La crise qui a suivi la tentative de coup dtat militaire au Mali, en mars, a pouss au moins 50000personnes se rfugier au Niger, dans des camps daccueil o laccs aux soins et aux produits de premire ncessit tait trs limit.

Droits sexuels et reproductifs


Toute forme davortement demeurait illgale. La rapporteuse sur les droits des femmes de la Commission interamricaine des droits de lhomme

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Amnesty International - Rapport 2013

Torture et autres mauvais traitements


Plusieurs personnes, dont des citoyens nigrians, qui taient accuses dtre membres dAl Qada au Maghreb islamique (AQMI) ou de Boko Haram un groupe arm islamiste nigrian et souponnes dactivits terroristes, ont fait lobjet de mauvais traitements au moment de leur interpellation ou peu aprs, lors de tentatives visant leur extorquer des aveux. n En avril, Moustapha Madou Abba Kiari a t arrt Difa, prs de la frontire avec le Nigeria, et frapp coups de poing et de pied. Accus dappartenir Boko Haram, il a t inculp dinfractions la lgislation antiterroriste.

NIGERIA
RPUBLIQUE FDRALE DU NIGERIA
Chef de ltat et du gouvernement: Goodluck Jonathan La violence et linscurit se sont intensifies et un millier de personnes au moins ont trouv la mort dans les attaques menes par le groupe arm islamiste Boko Haram dans le centre et le nord du pays. Des membres de la police et de larme ont commis des homicides illgaux et sommaires en toute impunit. Plusieurs milliers de personnes ont t expulses de force de leur domicile dans diffrentes rgions du pays. La dtention illgale et les arrestations arbitraires taient monnaie courante.

Exactions perptres par des groupes arms


Plusieurs personnes, trangres pour certaines, ont t enleves par des groupes arms. n En octobre, cinq travailleurs humanitaires (quatre Nigriens et un Tchadien) ainsi que leur chauffeur, galement nigrien, ont t enlevs Dakoro par des individus arms. Ils ont t retenus captifs pendant trois semaines. Lotage tchadien, bless par balle au moment de son enlvement, est mort peu aprs.

Contexte
En janvier, le Congrs des travailleurs nigrians (NLC) ainsi que dautres syndicats et des organisations de dfense des droits civils ont appel une grve gnrale pour protester contre lannonce de la suppression des subventions sur le carburant. partir du 2janvier des manifestations, pacifiques pour la plupart, ont rassembl des dizaines de milliers de personnes dans de nombreux tats. plusieurs occasions, la police a tir sur les manifestants; trois personnes au moins ont t tues et 25autres blesses dans les tats de Kaduna, Kano et Lagos. En janvier, un policier aurait t arrt et plac en dtention pour un cas de recours la force, mais aucune autre mesure navait semble-t-il t prise son encontre la fin de lanne. Au moins 186personnes ont trouv la mort le 20janvier Kano lorsque des lments de Boko Haram ont attaqu les forces de scurit en huit endroits diffrents de la ville. Les attaques lexplosif ont t suivies de plusieurs heures dchanges de tirs entre le groupe arm et les forces de scurit. Parmi les victimes figuraient des policiers, des membres de leurs familles et des personnes rsidant proximit des lieux. Un journaliste de la chane de tlvision Channels, Enenche Akogwu, a lui aussi t tu par balle. Le mme mois, le prsident Jonathan a proclam ltat durgence dans 15zones de gouvernement local de quatre tats; cette mesure a expir au bout de six mois. Un regain de tension a t observ dans le delta du Niger quand danciens membres du Mouvement pour

Justice internationale
En mai, les autorits nigriennes se sont dites prtes tudier la demande dextradition formule par la Libye lencontre de plusieurs hauts responsables du gouvernement de lex-prsident Mouammar Kadhafi qui se sont rfugis au Niger. n En fvrier, dans le cadre dune opration dInterpol, Saadi Kadhafi, un des fils de lancien dirigeant libyen, a t assign domicile Niamey aprs tre apparu sur une chane de tlvision arabe et avoir menac la Libye dun soulvement imminent. la fin de lanne, il restait soumis des restrictions sa libert de mouvement et de communication.

Visites et documents dAmnesty International


v En avril, une dlgation dAmnesty International sest rendue au Niger,
dans des camps accueillant des rfugis maliens.

Amnesty International - Rapport 2013

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lmancipation du delta du Niger (MEND) se sont plaints de ne pas recevoir leur allocation mensuelle damnistie prvue dans le cadre dun accord conclu avec le gouvernement. Par ailleurs, ce groupe arm ntait pas satisfait du fonctionnement des programmes mis en place pour rintgrer les militants dans la socit. Le pays a t frapp entre aot et octobre par les pires inondations de ces dernires dcennies, qui ont caus la mort de plus de 300personnes et en ont dplac un million dautres, dans 15tats.

Boko Haram
Attaques de Boko Haram
Le groupe arm islamiste Boko Haram a revendiqu les attaques menes laide dexplosifs et darmes feu travers le nord et le centre du pays. Plus dun millier de personnes ont t tues. Des postes de police, des casernes, des glises, des coles et des bureaux de presse ont t pris pour cible; des religieux et des fidles chrtiens et musulmans, des personnalits politiques et des journalistes, des policiers et des soldats ont t tus. En novembre, le bureau du procureur de la Cour pnale internationale (CPI) a annonc quil existait des motifs raisonnables de croire que le groupe Boko Haram commettait des crimes contre lhumanit depuis juillet 2009. n En avril, 20personnes au moins ont t tues le jour de Pques Kaduna par lexplosion dune voiture pige proximit de deux glises. n Le 26avril, Boko Haram a attaqu les bureaux du quotidien nigrian Thisday Abuja ainsi quun btiment abritant trois journaux Kaduna. Sept personnes au moins ont trouv la mort. Le 1er mai, Boko Haram a adress un avertissement 11organismes de presse nationaux et internationaux. n Le 17juin, 21personnes, peut-tre davantage, ont t tues dans des attentats lexplosif perptrs par Boko Haram pendant des offices religieux, Kaduna. Les heurts entre chrtiens et musulmans intervenus la suite de ces vnements ont fait quant eux au moins 70morts.

Ractions de la police et des forces de scurit


Face aux exactions de Boko Haram, les forces de scurit se sont rendues coupables de violations graves des droits humains, notamment de

disparitions forces, dexcutions extrajudiciaires, dincendies volontaires dhabitations et de placements illgaux en dtention. De trs nombreuses personnes ont t tues en toute illgalit par la police ou la Force dintervention conjointe (JTF) compose de membres de larme, de la police et dautres branches des forces de scurit, mise en place pour faire face aux violences; dautres ont t victimes de disparition force alors quelles taient dtenues aux mains de la police ou de la JTF. Des habitations ont t incendies par la JFT dans cinq quartiers au moins de Maiduguri, le plus souvent aprs des raids et des arrestations et, dans certains cas, apparemment titre de sanction. La JFT a arrt de manire arbitraire plusieurs centaines de personnes accuses davoir des liens avec Boko Haram. Beaucoup ont t maintenues au secret pendant de longues priodes sans inculpation ni procs, et sans tre dfres une autorit judiciaire ni autorises consulter un avocat. Des centaines de personnes ont t dtenues sans inculpation ni procs dans la caserne de Giwa de la 21ebrigade blinde, Maiduguri, dans des conditions pnibles qui pourraient sapparenter un traitement inhumain et dgradant. Les allgations de violations des droits humains par les forces de scurit faisaient rarement lobjet dune enqute indpendante et impartiale. Dans les cas o des investigations taient menes, leurs conclusions ntaient pas rendues publiques. n Le 9mars, Ali Mohammed Sadiq, Ahmed Yunusa, Auwalu Mohammed et deux autres personnes tous employs ou clients dune station-service de Rijiyar Zaki, dans ltat de Kano ont t tus lorsque des membres de la JTF ont ouvert le feu la suite dune attaque contre un poste de police voisin. Ali Mohammed Sadiq a t atteint par cinq balles, dont une la tte. Aucune enqute na t conduite et, la connaissance dAmnesty International, aucun membre de la JTF na eu rendre de comptes pour ces homicides. Le commandant de la JTF de Borno a prsent la radio des excuses publiques aux familles des victimes. n La JTF na donn suite une dcision de justice en date du 4janvier, qui ordonnait la comparution de Goni Ali. Cet homme avait t arrt le 16octobre 2011 par des membres de la JTF, son domicile de Maiduguri, puis emmen la caserne de Giwa. Depuis cette date,

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Amnesty International - Rapport 2013

personne ne lavait revu et sa famille ignorait toujours o il se trouvait la fin de lanne. n Le 1er mai, la suite dun homicide commis Kawar Maila par un membre prsum de Boko Haram, des soldats de la JTF ont ordonn des femmes et des enfants qui vivaient proximit de sortir de chez eux, puis ont mis le feu quelque 33habitations. La JTF a galement mis le feu une cole islamique frquente par les enfants de la localit. Le btiment tait vide au moment de lincendie.

suspendu par les pieds au plafond un jour sur deux. Plac en dtention provisoire le 15fvrier aprs plus dun mois en garde vue, il a t remis en libert sous caution le 6juillet. Les charges retenues contre lui ont t requalifies en vol pendant sa garde vue.

Justice
Le systme pnal du Nigeria restait min par une corruption gnralise et par le mpris des droits de la dfense et de la primaut de la loi. Un grand nombre de personnes ont t arrtes et dtenues arbitrairement pendant plusieurs mois sans tre inculpes. Les policiers continuaient de rclamer de largent aux dtenus en change de leur remise en libert. De nombreux dtenus en attente de jugement taient maintenus derrire les barreaux pendant de longues priodes, dans des conditions prouvantes. Les procdures taient lentes et suscitaient gnralement la mfiance. Selon le secrtaire excutif de la Commission nationale des droits humains, plus de 70% des dtenus taient en attente de procs ou de jugement. Les dcisions de justice ntaient le plus souvent pas respectes par la police et les forces de scurit. n Patrick Okoroafor, qui tait incarcr depuis 17ans, a recouvr la libert le 30avril. Il avait t injustement condamn mort lissue dun procs inquitable, pour un vol main arme commis lge de 14ans.

Homicides illgaux
Dans tout le pays, des policiers se sont rendus coupables dhomicides illgaux. En mars, le prsident du conseil dadministration de la Commission nationale des droits humains a affirm que 2500dtenus environ taient excuts sommairement par la police chaque anne. n Le 8avril, un adolescent de 16ans, Blessing Monday, qui vivait dans la rue prs du pont routier dAbali Park, Port Harcourt, a t abattu par des agents du poste de police de Mile1 qui le souponnaient davoir vol un sac. La police a dcouvert par la suite que le jeune homme tait innocent. n Le 24mai, Goodluck Agbaribote, un ancien habitant du quartier dmoli dAbonnema Wharf, Port Harcourt, a t tu par des membres de la Brigade spciale de rpression des vols (SARS) alors quil se baignait dans un puits communal. Les policiers ont affirm que cet homme tait un voleur arm. n En novembre, la Police fdrale nigriane a dclar la haute cour de Port Harcourt que Chika Ibeku, disparu en 2009 alors quil tait dtenu par la police, avait en ralit t tu par des policiers dans une fusillade. Sa famille a engag une action en justice par lintermdiaire dune ONG pour obtenir le rapport dautopsie.

Droits des enfants


Douze tats navaient toujours pas adopt la Loi relative aux droits de lenfant la fin de lanne. Les centres pour mineurs dlinquants taient surpeupls et manquaient de moyens. Cette anne encore, des enfants ont t maintenus en dtention avec des adultes dans des postes de police.

Violences intercommunautaires
Les violences intercommunautaires qui se sont poursuivies dans la Middle Belt ont cot la vie plus de 100personnes. n En mars, environ 15000personnes ont t dplaces la suite de nouveaux affrontements provoqus par des litiges fonciers entre groupes ethniques dans ltat de Benue. n Plus de 60personnes auraient t tues les 6et 7juillet lors daffrontements entre des leveurs fulanis et des villageois dans plusieurs zones de gouvernement local de ltat du Plateau, dont Riyom et Barkin Ladi.

Torture et autres mauvais traitements


Cette anne encore, les forces de scurit ont rgulirement inflig des tortures et dautres traitements cruels, inhumains et dgradants des suspects et des dtenus de droit commun. n Le 9janvier, Alexander Nworgu a t arrt Owerri (tat dImo), puis emmen dans les locaux de lunit de lutte contre les enlvements dans ltat de Rivers. Il a affirm que, pendant sa garde vue, il avait t rgulirement frapp coups de machette et quil tait

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Le 8juillet, des personnes qui assistaient aux funrailles de certaines des victimes, dont le snateur Gyang Dantong et le chef de la majorit au Parlement de ltat du Plateau, Gyang Fulani, ont t attaques par des hommes arms non identifis. Les affrontements se sont poursuivis le 10juillet entre chrtiens et musulmans dans neuf localits distinctes de ltat du Plateau, faisant une cinquantaine de morts.

Peine de mort
Statuant dans une procdure engage en 2008 par le Groupement des ressources juridiques (LRC) et lONG nigriane Projet de dfense et dassistance juridique (LEPAD), la haute cour de ltat de Lagos a conclu en septembre que limposition obligatoire de la peine de mort tait contraire la Constitution. Ce chtiment est toutefois rest obligatoire dans la lgislation pnale pour toute une srie de crimes. Daprs certaines informations, 1002dtenus, dont des personnes qui taient mineures au moment des faits pour lesquels elles taient condamnes, taient sous le coup dune sentence capitale la fin de lanne. Beaucoup de ces prisonniers avaient t condamns mort lissue de procs dune iniquit flagrante ou aprs avoir pass plus de 10ans en prison dans lattente dtre jugs. Le gouvernement fdral a dclar en 2012 que le moratoire sur les excutions mis en place lanne prcdente tait volontaire. Les tribunaux continuaient de prononcer des sentences capitales. n En octobre, le gouverneur de ltat dEdo a sign les mandats dexcution de deux hommes dtenus dans le quartier des condamns mort de la prison de Benin City (tat dEdo), alors que la justice navait pas encore statu sur leur appel. la fin de lanne, ils taient toujours en instance dexcution. n Le 13juillet, Olatunji Olaide a t libr de la prison de Kirikiri, Lagos, aprs avoir pass 23ans dans le couloir de la mort pour un vol de voiture main arme. La cour dappel a reconnu son innocence le 5juin, et la acquitt.

personnes risquaient de subir le mme sort, les gouvernements des tats continuant de prononcer des menaces de dmolitions massives. n Entre 10000 et 20000personnes ont t expulses par la force de chez elles Abonnema Wharf, Port Harcourt, en juillet, lorsque le quartier a t dmoli. Les habitants navaient pas t prvenus suffisamment lavance ni vritablement consults; ils nont pas t indemniss et aucune solution de relogement ne leur a t propose. Ils ont t contraints de dormir dans des voitures, chez des amis ou sur le bord de la route. Des centaines de personnes se sont retrouves sans abri. n Le 16juillet, plusieurs dizaines dhabitations et de structures ont t dmolies dans le quartier de Makoko, Lagos. Selon le Centre daction pour les droits sociaux et conomiques (SERAC, une ONG locale), plus de 2000personnes ont t dplaces sans tre suffisamment indemnises et sans quaucune solution de relogement ne leur ait t propose. Une personne a t tue quand la police a ouvert le feu sur des manifestants pacifiques qui protestaient contre les dmolitions. Le policier responsable aurait t arrt. n Le 16aot, le quartier de Mpape, Abuja, a t partiellement dmoli sans pravis ni consultation pralable des rsidents, et alors quune procdure en vue dempcher les dmolitions tait en instance devant la haute cour. Mpape est lun des 19quartiers qui doivent tre dmolis dans le cadre du plan directeurdAbuja. Selon des ONG, un million de personnes pourraient se retrouver sans toit si ce projet tait mis en uvre.

Libert dexpression
Les dfenseurs des droits humains ont t en butte cette anne encore des actes dintimidation et des agressions. n Le 26janvier, le dirigeant syndicaliste et dfenseur des droits humains Osmond Ugwu a t remis en libert sous caution par la haute cour de ltat dEnugu. Il avait t arrt le 24octobre 2011 par un groupe de militaires, de policiers et de membres du Service de scurit de ltat lourdement arms, lors dune runion pacifique de prire syndicale organise Enugu aprs une campagne pour lapplication de la loi portant augmentation du salaire minimum. Il avait par la suite t inculp de collusion en vue de commettre un meurtre.

Expulsions forces
Des expulsions forces et des dmolitions illgales de logements ont eu lieu cette anne encore, dans tout le pays. Les habitations de plusieurs dizaines de milliers de personnes, situes dans quatre quartiers distincts de Port Harcourt, Lagos et Abuja, ont t dmolies. Des centaines de milliers dautres

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Amnesty International - Rapport 2013

n Le 6septembre, un journaliste travaillant pour le quotidien Leadership qui effectuait un reportage sur une opration de dmolition dans ltat dAnambra a t battu par des soldats et sest fait confisquer son matriel. n Le 24dcembre, Musa Mohamed Awwal et Aliyu Saleh, deux journalistes qui travaillaient pour le journal en langue haoussa Al Mizan, ont t arrts dans ltat de Kaduna et dtenus pendant une semaine par des agents du Service de scurit de ltat.

Droits des femmes


Le Nigeria avait toujours lun des taux de mortalit maternelle les plus levs au monde. Selon lOMS, 14% de tous les dcs maternels enregistrs dans le monde se produisent au Nigeria. La violence contre les femmes et les filles restait un problme grave, prenant notamment la forme de brutalits domestiques ou de viols et autres svices sexuels.

pour lenvironnement (PNUE) dans une tude importante publie en 2011 navaient pas t mises en application la fin de lanne 2012. n Un dversement de ptrole a t dcouvert vers le 21juin dans la localit de Bodo, dans le delta du Niger. La fuite na t colmate que le 30juin. Loloduc relevait de la responsabilit de la compagnie ptrolire Shell. Lenqute sur la cause du dversement tait maille de lenteurs. la fin de lanne, elle ntait pas termine et la zone pollue navait pas t nettoye. Lexamen dune plainte dpose contre Shell par un groupe de fermiers du delta du Niger a commenc le 11octobre LaHaye, aux Pays-Bas. Dans un arrt rendu le 14dcembre et appel faire date, la Cour de justice de la CEDEAO a conclu que le gouvernement nigrian navait rien fait pour empcher les activits des compagnies ptrolires de porter atteinte aux droits fondamentaux des populations; elle la engag faire respecter de manire approprie la rglementation de ces activits.

Droits des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres ou intersexues
Les atteintes aux droits fondamentaux des personnes du mme sexe souponnes davoir des relations entre elles, ou une identit de genre non conventionnelle, se sont poursuivies. Le projet de loi sur la prohibition du mariage entre personnes du mme sexe, approuv en dcembre 2011 par le Snat, a t adopt en deuxime lecture par la Chambre des reprsentants le 13novembre. Ce texte prvoit une peine de 14ans demprisonnement pour quiconque contracteun mariage ou une union civile avec une personne du mme sexe. Si le projet de loi est adopt, il rigerait en infraction pnale la libert dexpression, dassociation et de runion.

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus au Nigeria sept
fois entre fvrier et novembre. 4 Nigeria. Expulsions forces dans le quartier dAbonnema Wharf: Prenez vos affaires et partez! (AFR44/034/2012). 4 Nigeria: Another Bodo oil spill: Another flawed oil spill investigation in the Niger Delta (AFR44/037/2012). 4 Nigeria. Enqutes sur les dversements de ptrole dans le delta du Niger. Mmorandum dAmnesty International (AFR44/042/2012). 4 Nigeria: Trapped in the cycle of violence (AFR44/043/2012).

Pollution ptrolire dans le delta du Niger


La pollution et la dgradation de lenvironnement causes par lindustrie ptrolire dans le delta du Niger continuaient davoir de graves consquences pour les habitants et pour leurs moyens de subsistance. Les lois et rglements relatifs la protection de lenvironnement ntaient pas appliqus de manire satisfaisante. Les recommandations relatives la dpollution du pays ogoni (delta du Niger) formules par le Programme des Nations unies

NORVGE
ROYAUME DE NORVGE
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Harald V Jens Stoltenberg Les conditions daccueil des enfants demandeurs dasile demeuraient proccupantes. Les victimes de viol et de violences sexuelles ne bnficiaient toujours pas dune protection et dun accs la justice suffisants.

Amnesty International - Rapport 2013

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Rfugis, demandeurs dasile et migrants


Le 8juin, le gouvernement a publi des propositions visant pourvoir aux besoins des enfants demandeurs dasile, quils soient isols ou accompagns de leurs parents. Certaines ONG ont considr que ces propositions mettaient trop laccent sur les renvois et pas assez sur les droits de lenfant. Le nombre denfants isols demandeurs dasile qui auraient disparu de leurs centres daccueil depuis le dbut de lanne slevait 8 en dcembre. Des ONG ont dit craindre que certains dentre eux naient t victimes de traite dtres humains et ont demand que les enfants non accompagns ne relvent plus des services de limmigration mais de la protection de lenfance.

profilage racial, notamment lors des interpellations et des fouilles menes par la police et par les agents des douanes et de limmigration.

volutions lgislatives, constitutionnelles ou institutionnelles


En octobre, le Centre norvgien des droits humains a perdu son statut dinstitution nationale de dfense des droits humains, faute de respecter intgralement les Principes de Paris [ONU]. En novembre, le Parlement a examin des propositions en vue de renforcer la Commission des droits humains.

Justice internationale
Le procs dun Rwandais de 47ans accus de participation au gnocide de 1994 sest ouvert le 25septembre devant le tribunal de district dOslo. Le 10octobre, le ministre de la Justice et de la Scurit publique a dcid que la Norvge pouvait extrader un autre citoyen rwandais vers le Rwanda afin quil y soit jug pour participation au gnocide.

NOUVELLEZLANDE
NOUVELLE-ZLANDE
Chef de ltat: Chef gouvernement: Elizabeth II, reprsente par Jerry Mateparae John Key Les droits des demandeurs dasile taient menacs par un nouveau projet de loi. La pauvret infantile demeurait leve, touchant les peuples autochtones maoris et des les du Pacifique de faon disproportionne. Les violences faites aux femmes taient toujours monnaie courante, mais les autorits nont pas recueilli suffisamment de donnes sur la nature des rpercussions quelles avaient sur les femmes, en particulier sur celles appartenant des minorits.

Violences faites aux femmes et aux filles


Tant dans le droit que dans la pratique, les femmes ntaient toujours pas suffisamment protges contre les violences. Les statistiques sur les cas de viol ou dagression sexuelle signals ntaient pas mises jour rgulirement. En mars, le Comit pour llimination de la discrimination lgard des femmes [ONU] sest dit proccup par la forte prvalence de la violence contre les femmes en Norvge, par le taux lev de relaxe et par la clmence des peines infliges aux auteurs des violences. Il sest galement inquit du fait que la dfinition du viol figurant dans le Code pnal gnral maintenait le critre du recours des menaces ou la force. En novembre, le Comit contre la torture [ONU] a repris son compte plusieurs de ces proccupations.

volutions lgislatives, constitutionnelles ou institutionnelles


Les dispositions constitutionnelles du pays continuaient dtre examines dans le cadre dun processus lanc par le gouvernement. Une srie de questions taient tudies, dont celle de lopportunit dadopter une Constitution crite. En octobre 2012, le Comit de rvision constitutionnelle avait rencontr 56organisations. Cependant, aucune consultation publique navait encore eu lieu la fin de lanne. En mai, le Comit des droits conomiques, sociaux et culturels [ONU] sest inquit de ce que ces droits ntaient toujours pas incorpors dans la Loi de 1990

Discrimination
La Commission europenne contre le racisme et lintolrance a dclar en fvrier que les autorits norvgiennes navaient pas appliqu ses recommandations de 2009 qui visaient combattre le

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Amnesty International - Rapport 2013

portant Charte des droits. Il a galement soulign lincapacit de la Nouvelle-Zlande assurer une protection suffisante des droits des populations autochtones sur leurs terres, territoires, eaux et zones maritimes, entre autres ressources.

galement aux autorits le pouvoir de suspendre le traitement des demandes dasile. Le texte navait pas t adopt la fin de lanne.

Droits des enfants


La pauvret infantile demeurait leve. Daprs une tude publie en aot par le ministre du Dveloppement social, prs de 270000enfants vivaient dans la pauvret. Environ 47% de ces enfants appartenaient des peuples maoris ou des les du Pacifique.

OMAN
SULTANAT DOMAN
Chef de ltat et du gouvernement: Qabous bin Sad al Sad Plus de 30personnes militant pour le respect des droits humains ou critiquant la politique du gouvernement ont t incarcres et inculpes dutilisation des mdias sociaux pour publier des messages insultants envers le sultan, entre autres infractions lies la scurit. Elles ont t condamnes des peines allant jusqu 18mois demprisonnement et taient considres comme des prisonniers dopinion.

Droits des femmes


En juillet, le Comit pour llimination de la discrimination lgard des femmes [ONU] a examin le rapport priodique remis par la NouvelleZlande. Il sest dclar proccup par les nombreuses violences dont continuaient dtre victimes les femmes, des violences qui taient en hausse. Le Comit a montr du doigt lincapacit du pays recueillir sur ce phnomne suffisamment de statistiques, en particulier sur les violences infliges aux femmes maories, aux migrantes et aux femmes souffrant dun handicap.

Contexte
Des conflits du travail ont clat par intermittence. Des employs de lindustrie ptrolire et des ouvriers, omanais et trangers, qui travaillaient sur le chantier du nouvel aroport international de Mascate, ont fait grve durant de courtes priodes. Les autorits envisageaient de renforcer lindpendance du pouvoir judiciaire en mettant fin la reprsentation du ministre de la Justice au sein du Conseil judiciaire suprme. Cet organe tait toutefois toujours prsid par le sultan.

Droits des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres ou intersexues
En aot, le projet de modification de la Loi relative au mariage (galit) a recueilli la majorit lors dune premire lecture (sur trois au total), avec 80voix pour et 40contre. Ce texte visait clarifier la dfinition du mariage telle quelle tait inscrite dans la loi de 1955, et autoriser le mariage entre deux personnes indpendamment de leur sexe, de leur orientation sexuelle ou de leur identit de genre. Il demeurait en instance la fin de lanne.

Libert dexpression et libert de runion


Les autorits ont restreint la libert dexpression et pris des mesures contre plus de 35dtracteurs du gouvernement dont des militants des droits humains et des blogueurs accuss davoir, entre autres infractions, insult le sultan sur des rseaux sociaux. n Le 31mai, la police a interpell lavocat Yaqoub al Kharousi et deux membres du tout nouveau Groupe omanais pour les droits humains, Habeeba al Hinai et Ismal al Muqbali, sur le champ ptrolifre de Fohoud o des travailleurs avaient entam une grve plusieurs jours auparavant. Leurs tlphones portables ont t confisqus et ils ont t dtenus au secret pendant cinq jours. Yaqoub al Kharousi et Habeeba al Hinai ont

Rfugis et demandeurs dasile


Le projet de modification de la Loi relative limmigration (arrives massives) a t prsent devant le Parlement en avril. Ce texte prvoyait le placement en dtention illimite des demandeurs dasile arrivant par la mer en groupes de plus de 10personnes, ainsi que des restrictions en matire de regroupement familial et dexamen de leur situation par une autorit judiciaire. Il octroyait

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t remis en libert sous caution, mais Ismal al Muqbali est rest en dtention. Il a t condamn, le 9septembre, une peine de 18mois demprisonnement assortie dune amende. n Entre le 2 et le 8juin, quatre personnes ont t arrtes, dont lcrivain Hamoud al Rashidi et le pote Hamad al Kharous. Vingt-deux autres, qui manifestaient pacifiquement pour rclamer leur libration, ont t interpelles le 11juin. Parmi elles figurait lminente avocate Basma al Kiyumi, dj arrte prcdemment lors de manifestations, en mai 2011. la suite de ces interpellations, le ministre public a dclar son intention dengager des poursuites lencontre de ceux qui, selon lui, avaient port atteinte la scurit nationale et lintrt public en diffusant sur les mdias en ligne des propos diffamatoires, en rpandant des rumeurs et en incitant observer des sit-in et des grves. Lun des dtenus, Saeed al Hashimi, qui avait entam une grve de la faim pour protester contre son incarcration, aurait t hospitalis. Au moins 32 de ces prisonniers ont fait lobjet de poursuites et ont t jugs entre le 9juillet et le 9septembre. Reconnus coupables notamment doutrage au sultan, dutilisation dInternet pour publier des informations diffamatoires, datteinte ltat, de participation ou dappel des manifestations et dentrave la circulation, ils ont t condamns des peines allant jusqu 18mois demprisonnement assorties dune amende. Un certain nombre dentre eux ont t remis en libert sous caution dans lattente de leur procs en appel. n Les 5 et 12dcembre, la cour dappel de Mascate a confirm les peines de six mois un an prononces lencontre de 28militants, dont Nabhan al Hanashi, pour outrage au sultan, publication de propos diffamatoires sur Internet et participation, ou incitation participer, des manifestations.

excution na t signale. En dcembre, Oman a rejet une rsolution de lAssemble gnrale des Nations unies appelant un moratoire sur la peine de mort. Les annes prcdentes le pays stait abstenu lors du vote sur cette question.

Visites et documents dAmnesty International


4 Oman. Des manifestants et des crivains dtenus (MDE20/001/2012). 4 Oman. Des manifestants pacifiques risquent la prison (MDE20/002/2012). 4 Oman. 20 autres militants condamns des peines demprisonnement (MDE20/003/2012). 4 Oman. Nouveaux cas de militants menacs demprisonnement (MDE20/004/2012). 4 Oman. Six militants dbouts de leur appel (MDE20/005/2012). 4 Oman doit mettre fin aux attaques contre les liberts dexpression et de runion (MDE20/006/2012).

OUGANDA
RPUBLIQUE DE LOUGANDA
Chef de ltat et du gouvernement: Yoweri Kaguta Museveni La libert dexpression et dassociation restait soumise des restrictions. Les lesbiennes, les gays et les personnes bisexuelles, transgenres ou intersexues (LGBTI) taient toujours en butte des actes de harclement. Cette anne encore, des policiers et dautres agents de la force publique se sont rendus coupables de violations des droits humains, dont des actes de torture, et nont pas t amens rendre compte de leurs actes.

Droits des femmes


Les femmes et les filles continuaient de subir des discriminations importantes dans la loi et dans la pratique, en particulier en matire de statut personnel et demploi, et elles restaient subordonnes leur tuteur masculin.

Contexte
Le gouvernement a accept en fvrier les recommandations sur le droit la libert dexpression et de runion et sur la non-discrimination qui avaient t formules lors de lvaluation de la situation des droits humains dans le pays dans le cadre de lExamen priodique universel [ONU] en 2011. Les tribunaux ont annul les rsultats des lections de 2011 dans certaines circonscriptions. Des lections partielles ont par consquent t organises

Peine de mort
Les autorits nont fourni aucune information propos de lapplication de la peine capitale. Aucune

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et se sont soldes par la victoire du candidat de lopposition pour sept des neuf siges pourvoir. Des allgations de dtournement de fonds au sein du cabinet du Premier ministre ont amen le Royaume-Uni, la Sude et le Danemark suspendre leur aide au pays. Des ministres poursuivis dans le cadre dun dtournement de fonds publics destins la runion des chefs de gouvernement du Commonwealth en 2007 ont t acquitts.

Libert dexpression
Les journalistes ainsi que les responsables et les militants de lopposition qui exprimaient des opinions juges critiques lgard des autorits taient toujours en butte des actes dintimidation et de harclement, des arrestations arbitraires et des poursuites pnales sur la base daccusations forges de toutes pices. Au moins 70journalistes ont dclar avoir t agresss physiquement et placs en dtention arbitraire au cours de lanne. n En septembre, des policiers ont agress et frapp deux journalistes Isaac Kasamani et William Ntege qui filmaient larrestation de Kizza Besigye, dirigeant du Forum pour le changement dmocratique (FCD); ils ont galement endommag leur matriel. Le Conseil ougandais des mdias, organe officiel de rgulation des mdias, a interdit la reprsentation dans les thtres de deux pices. Lune delles, The River and the Mountain, ayant t joue en septembre de manire informelle dans dautres lieux, son coproducteur, David Cecil, a t arrt. Inculp de dsobissance un ordre manant dune autorit publique, il a t laiss en libert sous caution. Tout donnait penser que la pice avait t interdite car les autorits considraient quelle faisait la promotion de lhomosexualit. Lautre uvre, State of the Nation, qui dnonait la gestion des affaires publiques et la position du gouvernement sur la corruption, a t interdite en octobre. Les producteurs lont toutefois fait jouer deux fois par la suite sans quaucune mesure ne soit prise leur encontre.

publiques, qui stait incarn dans des manifestations disperses violemment par la police. La dcision du procureur gnral allait lencontre du respect du droit la libert dexpression, dassociation et de runion. En octobre, les autorits ont interdit les manifestations avant le 50e anniversaire de lindpendance de lOuganda et dispers des cortges organiss par le groupe For God and My Country (4GC), qui rclamait louverture denqutes sur la mort de manifestants en 2011. Kizza Besigye, responsable du FCD, a t interpell de manire arbitraire deux reprises, puis relch sans inculpation. La police justifiait les restrictions au motif que 4GC regroupait bon nombre des membres du groupe interdit A4C. Les ONG et les militants qui exprimaient des opinions dissidentes propos de la gestion des ressources ptrolires, de la terre, de la corruption et des droits humains taient en butte des mesures de surveillance et des actes dintimidation ou de harclement; leurs activits taient entraves. Selon certaines sources, les bureaux de plusieurs ONG ont t cambriols et leur matriel vol; par ailleurs la police a perquisitionn les locaux de certaines ONG et confisqu du matriel.

Droits des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres ou intersexues (LGBTI)
La proposition de loi relative la lutte contre lhomosexualit (2009) a t redpose devant le Parlement en fvrier, mais la discussion sur ce texte a t suspendue dans lattente dun rapport de la Commission des affaires juridiques et parlementaires. En octobre, le prsident du Parlement a annonc que la proposition de loi serait bientt dbattue. Ce texte, sil tait adopt, risquait daggraver la discrimination lgard des membres de la communaut LGBTI et dentraner de nouvelles violations des droits fondamentaux. Les restrictions la libert dassociation des groupes LGBTI se sont accrues. En fvrier, le ministre de lthique et de lIntgrit a impos larrt dun atelier organis par des militants LGBTI Entebbe, en avanant que cette runion tait illgale. En juin, la police a ferm arbitrairement un atelier et plac ses organisateurs en dtention pendant une courte priode. Latelier avait t organis par le Projet des

Libert de runion et dassociation


Le procureur gnral a dclar illgal le groupe de pression Activists for Change (A4C, Militants pour le changement) et a prononc son interdiction en avril. Cette organisation avait relanc le mouvement de protestation de 2011 contre la hausse des prix, la corruption et la mauvaise gestion des affaires

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dfenseurs des droits humains de lAfrique orientale et de la Corne de lAfrique (EHAHRDP) pour transmettre des comptences en matire de surveillance des droits humains des militants des droits des LGBTI du Kenya, du Rwanda, de Tanzanie et dOuganda. Le ministre de lIntrieur a menac dannuler lagrment de 38ONG, qui selon lui faisaient la promotion de lhomosexualit.

Plus de 40000Congolais se sont rfugis en Ouganda la suite de la recrudescence des combats entre larme congolaise et le groupe arm M23, et en raison de linscurit gnralise provoque partir davril par diffrents groupes arms dans la province du Nord-Kivu de la Rpublique dmocratique du Congo (RDC).

Justice internationale
Caesar Acellam Otto, un chef de lArme de rsistance du Seigneur (LRA), a t captur en mai par les forces gouvernementales. Au cours du mme mois, le ministre de lIntrieur a abrog une disposition de la Loi damnistie de 2010 qui avait accord lamnistie des combattants de la LRA. Ce texte avait permis aux auteurs de crimes de droit international dchapper aux poursuites, empchant ainsi les victimes dobtenir justice. Le gouvernement a ouvert une enqute sur le cas de Caesar Acellam Otto, mais aucune inculpation navait t prononce contre lui la fin de lanne. Il tait maintenu en dtention au secret. On ignorait si cet homme, ainsi que dautres capturs par la suite, seraient effectivement dfrs devant la Division des crimes internationaux de la Haute Cour. Les mandats darrt dcerns en 2005 par la Cour pnale internationale lencontre de Joseph Kony, chef de la LRA, et de trois autres commandants de ce mouvement demeuraient en vigueur. Les quatre hommes taient toujours en fuite la fin de lanne.

Torture et autres mauvais traitements


La loi contre la torture entre en vigueur en 2012 interdit la torture et lrige en infraction pnale; elle oblige les responsables de tels actes rendre des comptes. Elle largit la dfinition de la torture aux acteurs non tatiques et dispose que les informations obtenues sous la torture ne sont pas recevables dans le cadre dune procdure pnale. Si elle est applique, cette loi permettra de lutter contre limpunit, de faire en sorte que les victimes obtiennent justice et de rduire le nombre de cas de torture. Les policiers continuaient toutefois de recourir souvent la torture et aux mauvais traitements. Bien que des enqutes aient t diligentes par la Commission ougandaise des droits humains, aucune mesure na t prise pour obliger les agents de la force publique responsables de violations des droits humains rendre compte de leurs actes, ni pour garantir aux victimes et leur famille laccs un recours effectif.

Peine de mort
Les tribunaux civils et militaires ont, cette anne encore, prononc la peine de mort pour certaines infractions punies de ce chtiment. LOuganda na procd aucune excution en 2012.

Rfugis et migrants
La cessation de la protection internationale pour les rfugis et demandeurs dasile rwandais qui avaient fui leur pays avant 1998 a t repousse juin2013. LOuganda, le Rwanda et le Haut-Commissariat des Nations unies pour les rfugis (HCR) ont tenu des discussions tripartites propos de la mise en uvre de la clause de cessation. En mars, la Cour constitutionnelle a examin une requte en vue de dterminer si les rfugis avaient le droit dacqurir la nationalit ougandaise. Laudience a t ajourne plusieurs reprises et la requte tait toujours en instance la fin de lanne, ce qui faisait craindre que les rfugis rwandais ne souhaitant pas rentrer dans leur pays rencontrent des difficults pour obtenir un autre statut, en particulier la nationalit.

OUZBKISTAN
RPUBLIQUE DOUZBKISTAN
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Islam Karimov Chavkat Mirziyoyev La libert dexpression tait battue en brche, des dfenseurs des droits humains et des journalistes ayant cette anne encore t harcels, agresss,

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traduits en justice ou placs en dtention. Deux dfenseurs des droits humains ont bnfici dune libration anticipe pour raisons humanitaires, mais 10autres au moins taient toujours emprisonns la fin de lanne, pour certains dans des conditions cruelles, inhumaines et dgradantes. La torture et dautres mauvais traitements continuaient dtre utiliss pour extorquer des aveux, en particulier contre les personnes souponnes dtre lies des groupes religieux interdits.

Libert dexpression
Les dfenseurs des droits humains et les journalistes taient toujours confronts des actes de harclement et des pressions de la part des autorits. Ils faisaient lobjet dune surveillance rgulire de la part de membres des services de scurit, en uniforme ou en civil. Il ntait pas rare que la police les convoque pour les interroger et certains ont t placs en rsidence surveille. Un certain nombre de personnes ont t empches de participer des manifestations pacifiques ou de rencontrer des diplomates trangers. Certaines se sont plaintes davoir t frappes par des agents de la force publique, ou agresses par des individus souponns de travailler pour les services de scurit, qui cherchaient ainsi les dissuader de dnoncer les violations des droits humains ou de critiquer les pouvoirs publics. n Les prisonniers dopinion et dfenseurs des droits humains Alicher Karamatov et Khabiboulla Akpoulatov ont t librs, respectivement en avril et en juillet, aprs avoir purg des peines demprisonnement de prs de six et sept ans. Ils avaient t condamns lissue de procs inquitables, lun en 2005, lautre en 2006, pour diffamation et extorsion de fonds. n En mai, Goulchan Karaeva, la directrice de la section de Kachka-Daria de lAssociation des droits humains dOuzbkistan (OPCHU), une organisation indpendante, a t agresse par deux femmes dans un magasin de la ville de Karchi. Des graffitis ont par ailleurs t dessins sur les murs de sa maison. Elle avait peu auparavant dclar publiquement avoir refus de servir dindicatrice au Service de la scurit nationale (SSN). Le 27septembre, elle a t place en garde vue au commissariat proche de son domicile. Elle a t informe quelle faisait lobjet daccusations de diffamation et dinjure de la part des deux femmes qui lavaient agresse en mai. Elle encourait

jusqu quatre annes demprisonnement. Elle a toutefois bnfici dune mesure damnistie prsidentielle le 13dcembre et les poursuites engages contre elle ont t abandonnes. Plusieurs proches et collgues de Goulchan Karaeva ont galement t victimes dactes de harclement, dinsultes et de violences. Ainsi, au mois de juillet, son frre et sa belle-sur, ainsi que leur fille ge de neuf ans, ont t frapps par deux de leurs voisins, qui les accusaient dappartenir la famille dennemis du peuple (les voisins faisaient rfrence Goulchan Karaeva et son frre an, Toulkin Karaev, rfugi en Sude). Le mois suivant, le couple a t convoqu au poste de police local, o il a t menac de poursuites en raison propos de cette mme agression.

Torture et autres mauvais traitements


La torture et le mauvais traitement des personnes en garde vue ou incarcres constituaient toujours une pratique habituelle de la part des agents des forces de scurit et du personnel pnitentiaire. De nombreux cas de torture ou dautres mauvais traitements ont t dnoncs pendant lanne. Beaucoup concernaient des hommes et des femmes souponns ou dclars coupables dappartenance des mouvements islamiques ou des groupes ou partis islamistes, voire dautres organisations religieuses, frapps dinterdiction en Ouzbkistan. Comme les annes prcdentes, les autorits nont pas men rapidement denqutes approfondies et impartiales sur les informations qui faisaient tat de tels actes, ni sur les plaintes dposes auprs des services du procureur gnral. n En fvrier, 12hommes daffaires turcs ont t librs de prison, aux termes dune amnistie prsidentielle dcrte en dcembre2011, et ont t expulss vers la Turquie. Ils avaient t condamns en 2011, en compagnie de 42autres hommes daffaires de nationalit turque, des peines allant de deux trois ans demprisonnement pour diverses infractions conomiques, et notamment pour vasion fiscale. Un documentaire diffus la tlvision dtat montrait plusieurs des condamns en train davouer les crimes conomiques qui leur taient reprochs. Ces hommes taient galement accuss dtre lis au mouvement islamique interdit Nurchilar. Lun deux, Vahit Gne, ancien directeur gnral du centre commercial Turkuaz de Tachkent, a entam une procdure judiciaire contre les autorits ouzbkes

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son retour en Turquie. Il accusait le SSN de lavoir tortur en garde vue, ainsi que plusieurs autres personnes, afin de les contraindre signer de faux aveux. Il affirmait par ailleurs que ni lui ni ses compagnons navaient pu tre assists par les avocats de leur choix. Selon lui, dautres personnes arrtes auraient t tortures pendant leur dtention provisoire et certaines en seraient mortes. Vahit Gne a d recevoir des soins mdicaux son retour en Turquie. Toujours selon son tmoignage, un autre homme daffaires, Hairetdin ner, se trouvait toujours lhpital deux mois aprs sa libration. Il y tait soign pour le traumatisme physique et psychologique dont il avait t victime. n En aot, Goultchehra Abdoullaeva, qui fait partie des tmoins de Jhovah, a dclar avoir t torture dans les locaux du poste de police de Khazarasp par des policiers qui cherchaient lui faire avouer quelle avait introduit illgalement des textes religieux interdits en Ouzbkistan, accusation quelle rejetait. La police lavait arrte arbitrairement au mois de juillet, alors quelle rentrait du Kazakhstan. Selon son tmoignage, les policiers lauraient contrainte de rester debout pendant des heures, sans boire et sans manger, puis lui auraient mis un masque gaz dont ils avaient coup larrive dair afin de lempcher de respirer. Ils lauraient oblige signer une dclaration dans laquelle elle reconnaissait avoir pris part des activits religieuses interdites, puis lauraient relche. Elle a t dclare coupable le 28juillet par le tribunal rgional de Khazarasp denseignement priv de croyances religieuses. Goultchehra Abdoullaeva a fait appel et a officiellement protest auprs des autorits, mais celles-ci ont refus de prendre sa plainte en considration.

Lutte contre le terrorisme et scurit


Les autorits se sont cette anne encore efforces dobtenir, au nom de la scurit et de la lutte contre le terrorisme, lextradition de personnes souponnes dappartenir des mouvements islamiques ou des groupes ou partis islamistes interdits en Ouzbkistan. Elles ont galement demand lextradition dopposants politiques, de personnes critiques lgard du gouvernement et de riches particuliers tombs en disgrce auprs du rgime. Nombre de ces demandes dextradition taient bases sur des lments peu fiables, voire forgs de toutes pices. Afin dobtenir gain de cause, le gouvernement ouzbek

a donn aux tats sollicits des assurances diplomatiques, promettant douvrir sans restriction les lieux de dtention aux observateurs indpendants et aux diplomates. Dans la pratique, ces promesses ntaient pas tenues. Les personnes renvoyes de force dans le pays taient gnralement places en dtention au secret, tortures ou maltraites. Elles taient ensuite juges dans le cadre dune procdure inquitable et condamnes de lourdes peines demprisonnement, quelles devaient purger dans des conditions cruelles, inhumaines et dgradantes. Les autorits ont galement t accuses de plusieurs tentatives dassassinat contre des opposants vivant en exil. n Le 22fvrier, un tireur non identifi a tir sur Obidkhon Nazarov devant son domicile, en Sude, o il tait rfugi depuis 2006. Bless la tte, Obidkhon Nazarov tait toujours dans le coma la fin de lanne. Imam dissident bien connu, il avait souvent dnonc publiquement la rpression mene par les autorits ouzbkes contre les groupes musulmans indpendants. Il avait fui lOuzbkistan en 2000 mais, en 2005, il avait t accus davoir t lun des organisateurs des manifestations dAndijan et des violences qui avaient suivi. Les autorits demandaient son extradition depuis, au motif quil constituait selon elles une menace pour la scurit de lOuzbkistan. Lors du procs qui a suivi la tentative dassassinat, le prsident du tribunal a estim quil avait trs probablement t vis en raison de ses convictions politiques par un groupe situ hors des frontires de la Sude. Le procureur a accus les autorits de lOuzbkistan davoir organis la tentative dassassinat. Lavocat reprsentant la famille dObidkhon Nazarov, ainsi que nombre des partisans et sympathisants de celui-ci, accusaient les services de scurit ouzbeks. n Rouslan Soulemanov a t extrad en Ouzbkistan le 20septembre depuis lUkraine, pays o il tait venu sinstaller en novembre 2010 de crainte dtre victime dun procs non quitable, voire dtre soumis la torture ou dautres mauvais traitements. En Ouzbkistan, Rouslan Soulemanov tait lun des grants dune entreprise prive du btiment, que des concurrents avaient propos de racheter en 2008. Lentreprise ayant rejet cette proposition, les services de scurit avaient fait une descente dans ses locaux et une information avait t ouverte contre ses dirigeants, dont Rouslan Soulemanov, pour diverses infractions conomiques. Ce dernier avait t plac en dtention

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en Ukraine en fvrier2011, les autorits ouzbkes ayant demand son extradition. Alors que le HautCommissariat des Nations unies pour les rfugis (HCR) lavait plac sous son mandat en mai2012 et lui cherchait un pays de rinstallation, Rouslan Soulemanov a t extrad dUkraine le 20septembre. Selon des informations recueillies auprs de sa famille en novembre, il se trouvait en dtention provisoire Tachkent.

Contexte
Le Pakistan a connu plusieurs crises politiques, larme, les tribunaux et le gouvernement lu saffrontant propos dun certain nombre de questions, notamment au sujet denqutes sur la corruption. Le 19juin, la Cour suprme a contraint le Premier ministre, Yousouf Raza Gilani, la dmission aprs lavoir dclar coupable doutrage magistrat. Cet pisode a mis en lumire le rle croissant du pouvoir judiciaire. Dans une dcision historique prononce le 23septembre, la Cour suprme a conclu quaux termes de la Constitution pakistanaise les transgenres disposaient des mmes droits que les autres citoyens. Dans le cadre dun vaste accord sur les relations consulaires sign en mai, plusieurs centaines de prisonniers ont t transfrs entre lInde et le Pakistan, ce qui laissait entrevoir une amlioration des relations entre les deux pays. Un nombre non divulgu de civils, dont des enfants, ont t tus ou blesss la suite dassassinats cibls commis par des tirs de drones amricains dans les zones tribales (voir tats-Unis). Les relations entre le Pakistan et les tats-Unis, son principal alli tranger, staient amliores la fin de lanne. Le Pakistan, lu pour une priode de deux ans au Conseil de scurit de lONU, a commenc siger en janvier. Plusieurs experts de lONU dans le domaine des droits humains se sont rendus dans le pays pour la premire fois depuis 13ans: le rapporteur spcial sur lindpendance des juges et des avocats (en mai), la Haut-Commissaire aux droits de lhomme (en juin) et le Groupe de travail sur les disparitions forces ou involontaires (en septembre). La situation des droits humains au Pakistan a t examine en octobre dans le cadre de lExamen priodique universel de lONU. Plusieurs pays ont voqu une srie de questions, notamment la rforme des lois sur le blasphme, les progrs accomplir en vue de labolition de la peine de mort et la ncessit de mettre un terme aux disparitions forces. Le Pakistan a t lu pour la troisime fois au Conseil des droits de lhomme de lONU, le 12novembre.

PAKISTAN
RPUBLIQUE ISLAMIQUE DU PAKISTAN
Chef de ltat: Asif Ali Zardari Chef du gouvernement: Yousuf Raza Gilani, remplac par Raja Pervez Ashraf le 22 juin La tentative dassassinat par les talibans pakistanais, en octobre, dune adolescente qui militait en faveur des droits humains a mis en lumire les risques srieux auxquels taient exposs les dfenseurs des droits fondamentaux et les journalistes. Les membres des minorits religieuses taient victimes de perscutions et dattaques, notamment dassassinats cibls perptrs par des groupes arms; des chefs religieux ont incit la violence contre eux. Cette anne encore, les forces armes et des groupes arms ont commis des atteintes aux droits humains disparitions forces, enlvements, actes de torture et homicides illgaux dans les zones tribales et au Baloutchistan. Les tribunaux ont obtenu que les autorits leur prsentent quelques victimes de disparitions forces, mais les responsables de ces agissements nont pas t dfrs la justice pour tre jugs selon une procdure quitable. En novembre, les autorits militaires ont procd la premire excution signale depuis 2008. Les attaques contre des agents de sant ont eu des rpercussions importantes sur laccs aux soins dans les rgions isoles et en proie au conflit. Le Parlement a adopt des lois, respectivement en fvrier et en mars, portant cration de commissions nationales distinctes sur le statut des femmes et les droits humains.

Violations commises par les forces de scurit


Comme les annes prcdentes, les forces de scurit, qui bnficiaient de limpunit, ont t accuses de multiples violations des droits humains, notamment darrestations arbitraires, de disparitions

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forces, dactes de torture, dexcutions extrajudiciaires et de la mort en dtention de militants politiques, de journalistes et de membres prsums de groupes arms. Dans les zones tribales du NordOuest, les forces armes exploitaient les lois (anciennes et nouvelles) relatives la scurit pour couvrir ces violations et chapper la justice. n Aprs quun complot prsum visant assassiner Asma Jahangir eut t mis au jour en juin, les autorits ont fourni une protection renforce cette avocate spcialise dans la dfense des droits humains. Le gouvernement semblait toutefois incapable, ou peu dsireux, denquter sur les allgations selon lesquelles ce complot avait t autoris par les autorits militaires au plus haut niveau.

Homicides illgaux
Des centaines dhomicides illgaux excutions extrajudiciaires et cas de mort en dtention ont t signals, le plus souvent dans les zones tribales du Nord-Ouest et dans les provinces du Baloutchistan et du Sind. n La haute cour de Peshawar a ordonn plusieurs reprises au cours de lanne louverture denqutes sur la centaine de corps retrouvs abandonns dans la ville, capitale de la province de Khyber-Pakhtunkhwa. n Muzaffar Bhutto, cadre dun parti nationaliste sindhi, a t retrouv mort le 22mai dans le village de Bukhari, prs de Hyderabad (Sind). Il avait t enlev 15mois plus tt par des hommes en civil accompagns de policiers. Le corps de cet homme prsentait, selon les tmoignages recueillis, des traces de torture et des blessures par balle, mais personne na t traduit en justice pour rpondre de son enlvement et de cet homicide.

renseignements dtaills sur toutes les personnes maintenues en dtention pour des raisons de scurit dans les zones tribales du Nord-Ouest. Des cas de disparition force continuaient toutefois dtre signals dans tout le pays, tout particulirement au Baloutchistan et dans les zones tribales du Nord-Ouest. Aucun membre actif ou en retraite des forces de scurit na t dfr la justice pour son implication prsume dans ces violations des droits humains ou dans dautres atteintes aux droits fondamentaux. Le Groupe de travail de lONU sur les disparitions forces ou involontaires a effectu sa premire visite dans le pays en septembre. Des hauts responsables ont toutefois refus de rencontrer la dlgation, parmi lesquels le prsident de la Commission denqute sur les disparitions forces, les prsidents de la Cour suprme et de la plupart des hautes cours ainsi que des reprsentants de rang lev de larme et des services de scurit. n Le corps de Sangat Sana, dirigeant du Parti rpublicain du Baloutchistan, a t retrouv le 13fvrier la priphrie de Turbat, au Baloutchistan. Des tmoins avaient assist plus de deux ans auparavant son enlvement par plusieurs hommes en civil un barrage de police au col de Bolan, sur la route entre Quetta et le Sind.

Exactions perptres par des groupes arms


Les talibans pakistanais, le Laskhar-e Jhangvi, lArme de libration du Baloutchistan et dautres groupes arms ont pris les forces de scurit et des civils pour cible, notamment des membres des minorits religieuses, des employs dorganisations humanitaires, des militants et des journalistes. Ils ont perptr des attaques aveugles avec des engins explosifs improviss et ont commis des attentatssuicides. n Les talibans pakistanais ont interdit aux agents de sant de travailler dans les zones tribales tant que les tats-Unis nauraient pas mis un terme leur programme dassassinats cibls dans cette rgion. Un infirmier qui travaillait pour le CICR a t tu en avril. Sur une priode de trois jours au mois de dcembre, neuf agents de sant des femmes pour la plupart qui travaillaient pour la campagne de vaccination contre la polio ont t tus dans des attaques coordonnes Peshawar, Nowshera et

Disparitions forces
Fait sans prcdent, la Cour suprme a obtenu la possibilit daccder des victimes de disparition force, notamment sept survivants des 11 dAdiala, en fvrier, et plusieurs autres prisonniers originaires du Baloutchistan, dans le courant de lanne. Le prsident de la Cour suprme a menac dordonner larrestation de responsables de lapplication des lois ayant procd sans base lgale des arrestations et placements en dtention dans la province du Baloutchistan. La haute cour de Peshawar a continu de faire pression sur les autorits pour quelles fournissent des

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Charsadda, dans le nord-ouest du pays, ainsi que dans la ville mridionale de Karachi. n Le Lashkar-e Jhangvi a revendiqu le massacre, perptr le 28juin dans des conditions voquant une excution, dau moins 14plerins chiites partis de Quetta et qui se rendaient en bus en Iran. Ce groupe a commis au moins huit autres attaques, qui ont cot la vie 49personnes dans tout le pays. n Alors quils quittaient un rassemblement politique, Bashir Ahmed Bilour, un haut responsable du Parti national Awami (ANP), et huit autres hommes ont t tus dans un attentat-suicide perptr par les talibans pakistanais Peshawar, le 22dcembre.

Discrimination minorits religieuses


En raison de leurs croyances religieuses, les ahmadis, les hindous et les chrtiens taient toujours trs exposs aux violences et aux actes dintimidation. Au moins 79attaques contre des musulmans chiites ont t signales, soit le nombre le plus important dagressions contre un groupe religieux dans le pays. Les membres des minorits religieuses taient surreprsents dans les affaires o des particuliers essayaient de se prvaloir des lois sur le blasphme formules de manire vague. n La rgion de Gilgit-Baltistan, dans le nord du pays, a t le thtre de violences motivation religieuses dune ampleur sans prcdent. Les autorits nont pratiquement rien fait pour dfrer la justice les auteurs de plus de 70homicides commis lors de heurts entre sunnites et chiites, en avril. n Le 4juillet, Channigoth (province du Pendjab), une foule a lynch un sans-abri dtenu dans un poste de police, avant de brler son corps. On reprochait cet homme davoir brl un Coran. n Le 20novembre, la haute cour dIslamabad a acquitt Rimsha Masih, une jeune fille chrtienne qui avait t accuse de blasphme par la police en aot sous la pression publique, pour avoir, affirmait-on, brl des pages du Coran. Le religieux qui lavait mise en cause a t inculp en septembre aux termes des mmes lois pour avoir fabriqu des lments de preuve contre elle. La remise en libert de Rimsha Masih tait un cas rare, dans le sens o lacquittement a t prononc sans dlai et o laccusation de blasphme a t remise en cause publiquement devant le tribunal. n Les autorits ont autoris des groupes religieux empcher des ahmadis dentrer dans des lieux de culte. Les tombes de plus de 100ahmadis ont t profanes dans un cimetire de Lahore le 3dcembre. n Ltat na rien fait pour protger la communaut chiite hazara du Baloutchistan contre les attaques de groupes arms, et ce malgr une forte prsence militaire dans la province; de ce fait, 84personnes au moins ont trouv la mort au cours de lanne.

Libert dexpression
Les journalistes taient toujours menacs par les forces de scurit et des groupes arms dopposition, entre autres, tout particulirement dans les provinces du Baloutchistan et du Sind et dans les zones tribales du Nord-Ouest. Huit journalistes au moins ont t tus au cours de lanne. Plusieurs journalistes se sont plaints davoir t menacs parce quils rendaient compte des activits de larme, des partis politiques ou des groupes arms. n Mukarram Aatif a t abattu pendant la prire du soir dans une mosque de Charsadda le 17janvier. Ce journaliste originaire de lagence tribale de Mohmand stait install Charsadda aprs avoir t menac de mort cause de ses articles par les talibans pakistanais. Ces derniers ont revendiqu son assassinat. n Le 19mai, le corps cribl de balles de Razzaq Gul, correspondant de la chane de tlvision Express News, a t retrouv la priphrie de Turbat, au Baloutchistan. Il avait t enlev la veille. Les autorits nont pas traduit en justice les responsables de sa mort. n Hamid Mir, un journaliste chevronn qui travaille pour une chaine de tlvision, a chapp en novembre une tentative dassassinat qui a t revendique par les talibans pakistanais; la bombe place sous sa voiture na pas explos. Le gouvernement a bloqu par intermittence des sites Internet, notamment YouTube et Facebook, sans donner dexplications ou cause dun contenu jug offensant pour les sentiments religieux. Des tribunaux ont menac dentamer des procdures pnales pour outrage magistrat contre des journalistes qui critiquaient le pouvoir judiciaire.

Violences faites aux femmes et aux filles


Les femmes et les filles ainsi que les personnes qui faisaient campagne pour leurs droits continuaient de subir des discriminations et taient victimes de violences au sein de la famille et dans lespace public. Des organisations de dfense des droits humains ont recens des milliers de cas de violences

Amnesty International - Rapport 2013

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contre les femmes et les filles, dans tout le pays mais en majorit dans la province du Pendjab, qui est la plus peuple. Des meurtres, des viols et des cas de violence domestique ont t signals. Ils ne reprsentaient probablement quune partie de tous les cas, ces agissements tant peu dnoncs. n En mai, des notables tribaux auraient ordonn de tuer quatre femmes qui avaient chant et tap dans leurs mains, en compagnie de deux hommes affirmaiton, loccasion dun mariage dans le district du Kohistan (province de Khyber-Pakhtunkhwa). La Cour suprme, qui avait ordonn en juin louverture dune enqute sur cette affaire, a conclu que les femmes taient probablement toujours en vie. Les investigations menes prsentaient toutefois de graves dficiences. n Le 4juillet, Fareeda Afridi, une militante des droits des femmes, a t abattue dune balle tire depuis une voiture en marche alors quelle quittait son domicile de Peshawar pour rejoindre son lieu de travail, dans lagence tribale de Khyber. Selon des groupes de la socit civile locale, cette femme a t prise pour cible car elle dfendait les droits fondamentaux des femmes. Les autorits nont rien fait pour traduire en justice les auteurs de cet assassinat. n Les talibans pakistanais ont revendiqu la tentative dassassinat perptre le 9octobre contre Malala Yousafzai, une adolescente de 15ans. Ils ont jur quils sen prendraient de nouveau elle car elle dfendait le droit lducation des femmes et des filles. En rponse cette dclaration, le prsident a promulgu le 20dcembre une loi garantissant lducation gratuite et obligatoire pour les garons et les filles de cinq 16ans.

que cela nouvre la porte une reprise des excutions. En juillet, le gouvernement a entam des consultations sur un avant-projet de loi parlementaire visant commuer toutes les condamnations mort en peines de rclusion perptuit.

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus au Pakistan en
fvrier-mars, juillet-aot et dcembre. Des consultants de lorganisation maintenaient une prsence constante dans le pays. 4 Pakistan: Human rights and justice the key to lasting security: Amnesty International submission to the UN Universal Periodic Review (ASA33/003/2012). 4 Open Letter: Pakistan must resolve the crisis of enforced disappearances (ASA33/012/2012). 4 The hands of cruelty: Abuses by Armed Forces and Taliban in Pakistans tribal areas (ASA33/019/2012).

PANAMA
RPUBLIQUE DU PANAMA
Chef de ltat et du gouvernement: Ricardo Martinelli Cette anne, plusieurs personnes ont t tues ou blesses lors de mouvements de protestation. Les autorits nont pas veill ce que des enqutes efficaces soient menes ni ce que les auteurs de ces homicides rendent des comptes. Quelques avances limites ont t constates dans la mise en place de mcanismes visant localiser et identifier les victimes de disparitions forces.

Peine de mort
Plus de 8300personnes taient toujours sous le coup dune sentence capitale, dans certains cas depuis 20 30ans; 242 condamnations mort ont t prononces au cours de lanne. En novembre, les autorits militaires ont excut Muhammad Hussain, reconnu coupable du meurtre dun officier suprieur et de deux autres personnes, commis dans le district dOkara, au Pendjab. Des recours en grce avaient t rejets par le chef dtat-major de larme de terre et le prsident. Il sagissait de la premire excution signale au Pakistan depuis 2008. Le gouvernement a pris ses distances par rapport la dcision dappliquer la sentence qui relevait des autorits militaires. Des militants craignaient toutefois

Utilisation excessive de la force


Le recours excessif la force dont se seraient rendues coupables les forces de scurit demeurait un motif de proccupation. n Deux indignes ont t tus et 40personnes, dont des policiers, blesses lors de manifestations organises par les Ngbes-Bugls en janvier et en fvrier. Ce peuple indigne protestait contre des propositions de loi qui faciliteraient la mise en uvre par des entreprises de projets hydrolectriques sur leurs terres ancestrales. Selon les informations reues,

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Amnesty International - Rapport 2013

la police a utilis du gaz lacrymogne proximit de centres de sant, et les personnes arrtes nont pas t autorises se faire assister par un avocat. En fvrier, le rapporteur spcial des Nations unies sur les droits des peuples autochtones a engag le gouvernement nouer un dialogue avec les NgbesBugls concerns, enquter sur les circonstances des deux homicides et faire en sorte que les responsables rendent des comptes. n Trois personnes, dont un garon de neuf ans, auraient t tues lors de manifestations en octobre contre le projet de vente de zones de libre-change dtenues par ltat dans la ville de Coln. La police a indiqu que plusieurs agents avaient t blesss par des balles, entre autres projectiles, tires par des manifestants.

PAPOUASIENOUVELLE-GUINE
TAT INDPENDANT DE PAPOUASIE-NOUVELLE-GUINE
Chef de ltat: Elizabeth II, reprsente par Michael Ogio Chef du gouvernement: Peter Charles Paire ONeill (de facto depuis aot 2011, conrm depuis le 3aot 2012) Les violences lgard des femmes constituaient un vritable flau, contre lequel le gouvernement ntait gure mobilis. Les meurtres lis la sorcellerie taient toujours monnaie courante. Les habitants des quartiers et villages construits sans autorisation continuaient de vivre dans la crainte dtre victimes tout moment dexpulsions arbitraires et brutales. Limpunit de la police, notamment dans le cadre des expulsions forces, restait un grave sujet dinquitude.

Impunit
Les initiatives visant ce que les victimes de violations des droits humains commises sous les rgimes militaires (1968-1989) obtiennent justice progressaient lentement. En janvier, le gouvernement a cr une Commission nationale spciale charge daider localiser et identifier les dpouilles de victimes de disparition force. Une Commission vrit, qui avait rendu un rapport en 2002, a estim que 207personnes avaient t soumises une disparition force et tues sous les gouvernements militaires. Manuel Noriega, ancien dirigeant du Panama (1983-1989) extrad depuis la France en 2011, a t maintenu en dtention toute lanne dans lattente de son procs. Il a t inculp de violations des droits humains, y compris dexcutions extrajudiciaires.

Contexte
La Cour suprme a rendu en mai un arrt qualifiant dillgal le gouvernement de Peter ONeill, qui avait obtenu le soutien de la majorit au Parlement en aot2011. La Cour demandait que lancien Premier ministre Michael Somare soit rtabli dans ses fonctions. Peter ONeill a refus dobir cette dcision et deux gouvernements rivaux ont alors revendiqu le contrle du pays. Les juges de la Cour suprme qui staient exprims dans cette affaire ont t arrts pour trahison, mais laccusation a t abandonne par la suite. Peter ONeill et Michael Somare ont finalement form un gouvernement de coalition en aot, au lendemain des lections.

Violences faites aux femmes et aux filles


Les violences faites aux femmes et aux filles demeuraient trs rpandues. Les violences au foyer taient frquentes et une vritable culture du silence et de limpunit prvalait en la matire. Des agressions pendant la garde vue taient frquemment signales. n En juin, un policier de Port Moresby a t reconnu coupable de deux chefs de viol sur la personne dune femme place en garde vue. n Au mois daot, une jeune fille handicape a t brle vive lors de violences lectorales dans les hautes terres. Les femmes nauraient pas pu voter librement

Amnesty International - Rapport 2013

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dans certains secteurs du pays, ce qui a galement t source de proccupation. lissue dune visite effectue en mars, la rapporteuse spciale des Nations unies sur la violence contre les femmes a dclar que ce type dabus constituait un phnomne extrmement rpandu en Papouasie-Nouvelle-Guine, dans tous les milieux, la maison, dans la socit et dans le cadre institutionnel. Elle a estim que la polygamie tait un facteur qui contribuait la violence dans le cadre familial, et appel le gouvernement prendre ses responsabilits en matire de protection des femmes, y compris en sattaquant aux pratiques traditionnelles nfastes pour ces dernires.

PARAGUAY
RPUBLIQUE DU PARAGUAY
Chef de ltat et du gouvernement: Fernando Lugo Mndez, remplac par Federico Franco le 22 juin Quelques avances ont t enregistres dans la reconnaissance des droits des peuples indignes, dont certains continuaient toutefois dtre privs du droit de jouir de leurs terres ancestrales. Plusieurs manifestations pour les droits fonciers ont eu lieu au cours de lanne. Le manque dimpartialit et dindpendance du pouvoir judiciaire demeurait un motif de proccupation.

Meurtres lis la sorcellerie


De nombreuses informations faisaient tat de meurtres lis la sorcellerie, les femmes risquant gnralement plus que les hommes den tre victimes. quelques exceptions prs, les autorits nont pas fait grand-chose pour lutter contre ce problme. n En juillet, la police a arrt huit femmes et 21hommes, qui ont t inculps de meurtre et dactes de cannibalisme sur la personne de trois femmes et de quatre hommes, dans la province de Madang. Les auteurs prsums de ces actes avaient soutenu que les victimes taient des sorciers.

Contexte
Le prsident Fernando Lugo a t destitu en juin la suite daffrontements dans le dpartement de Canindey, dans lest du pays, au cours desquels 11paysans et six policiers ont t tus. Un comit de slection a t cr en octobre et charg de dsigner les membres du mcanisme national de prvention de la torture. la fin de lanne, cependant, ceux-ci navaient toujours pas t nomms. Le projet de loi relatif la lutte contre les discriminations navait toujours pas t adopt par le Congrs la fin de lanne. Ce texte, qui devait incorporer des normes internationales dans le droit interne, tait en cours dexamen depuis 2007. On craignait que le Congrs ne tente dexclure lorientation sexuelle des motifs de discrimination prohibs. Un projet de loi visant prvenir les violences faites aux femmes, mettre fin ces violences et en punir les auteurs a t prsent au Congrs en novembre. Le texte navait pas t adopt la fin de lanne.

Expulsions forces
Les expulsions forces de personnes vivant dans des quartiers ou des villages construits sans autorisation se sont poursuivies, soit pour faire place des projets damnagement, soit dans le cadre de politiques visant rduire la criminalit dans tel ou tel secteur. Les autorits recouraient souvent la violence pour venir bout des rsistances. n Des policiers arms ont procd en mai une opration dexpulsion force Paga Hill, lun des plus anciens quartiers de Port Moresby. Une injonction des tribunaux a stopp lopration aprs la dmolition de quelques maisons. Carol Kidu, une dirigeante de lopposition, a t brutalise par des policiers alors quelle tentait de sinterposer. Des coups de feu ont t tirs pour disperser la foule.

Droits des peuples indignes


Certaines communauts indignes ont vu des avances dans la rsolution de leurs revendications territoriales, tandis que dautres demeuraient prives du droit de jouir de leurs terres ancestrales. n Les Sawhoyamaxas vivaient toujours dans des conditions affligeantes, le long dun grand axe routier, car leur territoire traditionnel ne leur avait pas t restitu bien que la Cour interamricaine des droits de

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lhomme ait prononc un arrt en leur faveur en 2006. En novembre, les ngociations entre les autorits et le propritaire foncier ont repris aprs que la communaut eut organis des manifestations et rig un barrage routier. Aucun accord navait t trouv la fin de lanne. n Un accord conclu en fvrier entre les autorits et un propritaire foncier a restitu aux Yakyes Axas les terres quils revendiquaient. la fin de lanne, ils attendaient de pouvoir se rinstaller, mais le fonds de dveloppement communautaire, dont la Cour interamricaine des droits de lhomme avait demand la cration dans un arrt de 2005, navait pas encore t mis en place. n En aot, la police a tent dexpulser plus de 30familles dune communaut ava guaran, dans le district dItakyry, incendiant plusieurs huttes selon des membres du groupe. Cela faisait environ 70ans que la communaut vivait sur ce terrain revendiqu par une socit commerciale dont elle affirmait dtenir un titre de proprit.

Les terrains qui faisaient lobjet dun litige Curuguaty avaient dj t occups plusieurs reprises au cours des annes prcdentes. Plusieurs procdures judiciaires visant dterminer qui ils appartenaient taient en cours la fin de lanne.

Dfenseurs des droits humains


Quatre membres dIniciativa Amotocodie, une ONG uvrant la protection des droits des groupes indignes ayoreos, qui vivent sans contacts avec le monde extrieur dans le Chaco paraguayen, taient toujours la cible de poursuites judiciaires, notamment pour abus de confiance. Les investigations sur lONG ont dbut lorsque celle-ci sest publiquement dclare oppose une expdition scientifique baptise Chaco Seco 2010, au motif que cette expdition risquait de porter atteinte aux droits des peuples indignes qui vivent trs isols. Lexpdition avait par la suite t annule. Lenqute, qui a dur deux ans, a t marque par plusieurs changements de procureur et par des suspensions daudience. En aot, le procureur a demand une suspension temporaire de la procdure, dclarant quil ne pouvait pas tayer les accusations portes contre lONG et faisant valoir que des informations supplmentaires devaient encore tre recueillies. Le juge a accd sa demande.

Justice
Le manque de moyens et labsence dindpendance et dimpartialit du systme judiciaire ont t dnoncs par certains. Des retards dans ladministration de la justice ont t signals. En juin, dans le district de Curuguaty (dpartement de Canindey), des litiges fonciers ont donn lieu des affrontements entre des manifestants et des policiers. Dix-sept personnes (11paysans et six policiers) ont t tues. En dcembre, 14paysans ont t inculps, notamment, doccupation illgale de terres et dassociation de malfaiteurs. Dix dentre eux ont galement t poursuivis pour la mort des six policiers. Le manque dimpartialit des enqutes sur les affrontements, qui nauraient t axes que sur les actes des manifestants, constituait un motif dinquitude. La procdure judiciaire engage contre les 14paysans se poursuivait la fin de lanne. Certaines des personnes places en dtention la suite des affrontements ont entam une grve de la faim pour clamer leur innocence. Elles affirmaient quelles ntaient pas prsentes lors de ces heurts, ou bien quelles ny avaient pas particip. Des informations ont fait tat de tortures infliges des personnes dtenues dans le contexte des affrontements de Curuguaty. la connaissance dAmnesty International, aucune enqute navait t ouverte sur ces allgations la fin de lanne.

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgues dAmnesty International se sont rendues au Paraguay en
novembre.

PAYS-BAS
ROYAUME DES PAYS-BAS
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Beatrix 1re Mark Rutte Le nouveau gouvernement de coalition a propos driger le sjour illgal sur le territoire en infraction et dinterdire partiellement le port du voile intgral. Les Pays-Bas continuaient de recourir de manire excessive au placement en dtention de migrants.

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volutions lgislatives, constitutionnelles ou institutionnelles


En septembre, le gouvernement a confirm son intention dlaborer un plan national daction pour les droits humains, en rponse une recommandation faite lors de lExamen priodique universel [ONU] du pays en mai. En octobre, la nouvelle institution nationale de dfense des droits humains a dbut ses activits.

leurs convictions par le port de la burqa ou du niqab. Les pratiques discriminatoires utilises par les forces de lordre, y compris le profilage ethnique, demeuraient un motif de proccupation.

Justice internationale
En avril, la Cour suprme nerlandaise a rendu son avis dans laffaire concernant la responsabilit de la Force de protection des Nations unies (FORPRONU) dans la mort de musulmans bosniens, tus au cours du gnocide perptr en 1995 Srebrenica. Elle a estim que les Nations unies bnficiaient de limmunit de poursuites devant les juridictions nationales. Les familles des victimes ont fait appel de cette dcision devant la Cour europenne des droits de lhomme.

Rfugis, demandeurs dasile et migrants


Les pouvoirs publics nerlandais continuaient de recourir de manire excessive au placement en dtention des migrants, malgr lintroduction, titre dessai, de nouveaux systmes visant remplacer cette pratique pour certaines catgories de migrants et de demandeurs dasile. Les conditions de vie dans les centres de dtention pour migrants taient trs similaires aux conditions dincarcration des dlinquants condamns. La transparence de la Commission de surveillance intgrale des retours (CITT), organisme charg de contrler les renvois forcs et figurant parmi les mcanismes nationaux de prvention crs en vertu du Protocole facultatif la Convention contre la torture, demeurait limite. Les rapports publis chaque anne par la CITT nincluent pas de donnes spcifiques sur le recours la force dans les procdures individuelles dexpulsion. En octobre, le nouveau gouvernement de coalition a propos driger en infraction pnale le sjour illgal sur le territoire. Cette initiative faisait craindre une aggravation de la marginalisation et de la vulnrabilit des migrants clandestins.

Visites et documents dAmnesty International


4 Europe. Choix et prjugs. La discrimination lgard des musulmans en Europe (EUR01/001/2012). 4 Pays-Bas. Amnesty International engage les Pays-Bas mettre en uvre les recommandations relatives la dtention des migrants, la discrimination et llaboration dun plan daction national pour les droits humains. Le Conseil des droits de lhomme adopte les conclusions de lExamen priodique universel sur les Pays-Bas (EUR35/001/2012).

PROU
RPUBLIQUE DU PROU
Chef de ltat et du gouvernement: Ollanta Humala Tasso Plusieurs manifestations contre des projets dextraction minire ont donn lieu des affrontements avec les forces de scurit. Des manifestants ont t tus et des dfenseurs des droits humains ont t dtenus arbitrairement et maltraits. Les enqutes sur les violations des droits humains commises lors du conflit arm interne (1980-2000) progressaient avec lenteur. Labsence de processus de consultation appropri des peuples indignes demeurait un motif de proccupation.

Discrimination
Le gouvernement de coalition a propos en octobre dadopter des mesures pour combattre la discrimination fonde sur lorientation sexuelle et de ratifier la Convention relative aux droits des personnes handicapes. Toutefois, il a aussi propos que soit partiellement interdit le port du voile intgral par les femmes dans les transports en commun ainsi que dans les hpitaux, les coles et les tablissements publics. Une telle interdiction pourrait tre contraire la libert dexpression et de religion des femmes qui choisissent dexprimer leur identit ou

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Amnesty International - Rapport 2013

Contexte
Des manifestations massives ont t organises au cours de lanne pour dfendre les droits du travail et protester contre des projets dindustrie extractive. Des affrontements avec ce qui reste du groupe dopposition arm Sentier lumineux ont fait au moins 30morts parmi les forces de scurit et de trs nombreux blesss. Le chef du Sentier lumineux, Florindo Eleuterio Flores Hala (camarade Artemio), a t arrt en fvrier. Le Prou a ratifi en septembre la Convention internationale contre les disparitions forces. Cependant, la fin de lanne, le pays navait toujours pas reconnu la comptence du Comit sur les disparitions forces pour examiner les plaintes manant de particuliers. En novembre, la situation des droits humains au Prou a t value dans le cadre de lExamen priodique universel [ONU]. Le gouvernement a accept la plupart des recommandations formules, sengageant notamment : prvenir la torture et les mauvais traitements lencontre de personnes prives de libert; garantir justice et rparation aux victimes de violations des droits humains; adopter un protocole national sur lavortement et rexaminer la question de la dpnalisation de lavortement en cas de viol; veiller ce que les peuples indignes soient consults sur les mesures susceptibles daffecter leurs droits et leurs moyens de subsistance.

Dfenseurs des droits humains


Des dfenseurs des droits humains ont fait lobjet de menaces, darrestations arbitraires et de mauvais traitements. n En mai, Jaime Cesar Borda Pari et Romualdo Tito Pinto, membres de lorganisation de dfense des droits humains Vicaria de Solidaridad de Sicuani, ainsi que le dirigeant communautaire Sergio Huamani ont t arrts proximit dune zone dexploitation minire et accuss de transporter des munitions bord de leur vhicule. Ils ont affirm que les balles en question avaient t dissimules par la police lors dune fouille du vhicule laquelle ils navaient pas assist. Les trois hommes staient rendus sur place en compagnie dun procureur local pour valuer la situation de personnes places en dtention la suite de violents affrontements qui avaient clat lors de manifestations dans la rgion. Ils ont t remis en libert sous caution au bout de deux jours, mais restaient sous le coup dune information la fin de lanne. n En juin, Amparo Abanto, militante des droits humains et avocate du Groupe de formation et dintervention pour le dveloppement durable (GRUFIDES, une ONG locale) et de la Coordination nationale des droits humains (CNDDHH, organisation qui chapeaute plusieurs associations de dfense des droits humains), ainsi que Genoveva Gmez, membre du personnel du Bureau du mdiateur pruvien, auraient t frappes par des policiers dans la rgion de Cajamarca. Amparo Abanto et Genoveva Gmez voulaient sentretenir avec des personnes dtenues la suite de manifestations contre un projet dexploitation minire. Les communauts locales craignaient que ce projet nait des consquences sur leur droit leau. la fin de lanne, une enqute tait en cours sur les mauvais traitements dont les deux femmes disaient avoir t victimes. n En juillet, des policiers ont arrt et maltrait Marco Arana, lui aussi membre du GRUFIDES, alors quil manifestait contrele mme projet dexploitation minire. Remis en libert conditionnelle le lendemain de son arrestation, Marco Arana a port plainte pour mauvais traitements et torture. Sa plainte a t classe sans suite; la fin de lanne, le recours quil a form contre cette dcision navait pas t examin et son procs pour trouble lordre publicet rbellion tait en instance. Une enqute sur ses plaintes pour abus dautorit tait toujours en cours.

Police et forces de scurit


Les forces de scurit se seraient rendues coupables de placements en dtention arbitraires, de torture et dautres mauvais traitements et de recours excessifs la force au cours de manifestations contre des projets dindustrie extractive. n Six personnes, dont une ge de 17ans, ont t abattues, semble-t-il par les forces de scurit, lors daffrontements qui ont eu lieu en mai dans la province dEspinar (rgion du Cusco) et en juin dans la ville de Celendn (rgion de Cajamarca). n En septembre, Nemesio Poma Ascate a t tu par balles et de nombreuses personnes ont t blesses au cours dune manifestation organise Huaraz (rgion dncash). Nemesio Poma Ascate et dautres membres de la communaut de Mareniyoc protestaient contre une entreprise minire qui na pas tenu son engagement dapprovisionner la communaut en eau potable.

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Droits des peuples indignes


Le ministre de la Culture a publi en avril les textes rglementaires de la Loi relative au droit des peuples indignes une consultation pralable. Cette lgislation suscitait des inquitudes, notamment parce que les peuples indignes nont pas t consults de faon approprie lors de llaboration du texte. Le gouvernement a annonc en aot que le nouveau dispositif serait appliqu pour la premire fois dans le cadre dune consultation des peuples indignes achuar, quechua et kichwa qui aura lieu en 2013 au sujet dun projet dexploitation ptrolire Loreto, dans le nord du pays.

PHILIPPINES
RPUBLIQUE DES PHILIPPINES
Chef de ltat et du gouvernement: Benigno S. Aquino III Les dfenseurs des droits humains et les journalistes risquaient dtre victimes dhomicides illgaux, et plusieurs milliers de cas de graves violations des droits fondamentaux nont toujours pas t lucids. Des victimes de violations des droits humains, commis notamment sous ltat de sige de 1972 1981, continuaient de se voir refuser laccs la justice, la vrit et des rparations. Les Philippines ont adhr en avril au Protocole facultatif la Convention contre la torture [ONU] mais navaient pas encore tabli de mcanisme de contrle du traitement des dtenus, comme ce texte lexige. Laccs aux soins de sant reproductive demeurait soumis des restrictions. Une loi sur cette question a t adopte en dcembre.

Impunit
Les efforts entrepris pour apporter vrit, justice et rparation aux victimes de violations des droits humains commises dans le pass ne progressaient toujours quavec lenteur et se heurtaient des obstacles. La rticence du ministre de la Dfense cooprer pleinement et divulguer les informations sur les cas demeurait un motif de proccupation. Le Congrs a adopt en mai une loi garantissant loctroi de rparations toutes les victimes de violences sexuelles, mais le texte ntait pas encore entr en vigueur la fin de lanne. Ainsi, les victimes de violences sexuelles (autres que le viol) commises au cours du conflit arm se voyaient toujours refuser toute forme de rparation.

Contexte
Le gouvernement et le Front de libration islamique moro (MILF) ont sign en octobre un accord-cadre qui ouvrait la voie une rsolution pacifique du conflit arm engag depuis plusieurs annes sur lle de Mindanao, mais qui ne tenait pas compte de faon exhaustive des droits humains. Le Congrs a adopt en octobre la Loi sur la prvention de la cybercriminalit, qui rprime dune peine demprisonnement pouvant aller jusqu 12annes la publication sur Internet de commentaires jugs diffamatoires. Devant le toll dclench, la Cour suprme a suspendu lapplication de ce texte dans lattente dun examen judiciaire. Les Philippines ont adopt en novembre la dclaration des droits humains de lANASE, un texte qui tait toutefois bien en de des normes internationales.

Droits sexuels et reproductifs


P
Les femmes et les filles se heurtaient des obstacles pour exercer leurs droits sexuels et reproductifs. La contraception durgence ntait prescrite dans aucun centre de sant public. Les directives nationales visant rglementer laccs lavortement thrapeutique, pourtant attendues depuis longtemps, navaient toujours pas t labores par les autorits. En novembre, le Comit contre la torture [ONU] sest dit proccup par le fait que lavortement la suite dun viol tait considr comme une infraction pnale, et par la dcision de 2009 du Tribunal constitutionnel dinterdire aux autorits de dlivrer des contraceptifs durgence.

Homicides illgaux
Une quinzaine de militants politiques, dopposants aux activits minires et de membres de leur famille, ainsi que six journalistes au moins, ont t victimes dhomicides illgaux. n Des journalistes de la radio ont t abattus par des hommes arms moto: Christopher Guarin en janvier, Rommel Palma et Aldion Layao en avril, Nestor Libaton en mai, et Julius Causo en novembre. Les quatre

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Amnesty International - Rapport 2013

premiers travaillaient pour la radio de Mindanao, Julius Causo pour celle de Cabanatuan. En septembre, le corps du journaliste et homme politique Eddie Apostol a t retrouv dans la province de Maguindanao. Il prsentait des blessures par balle la tte. n En septembre, des inconnus ont tir sur Timuay Lucenio Manda, chef de la tribu subanen et militant mobilis contre les activits minires, alors quil conduisait son fils de 11ans, Jordan, lcole. Timuay Manda a t bless et Jordan tu. Deux suspects ont t arrts. n En octobre, des soldats ont ouvert le feu sur la maison de Daguil Capion, chef de la tribu blaan militant contre les activits minires, dans la province de Davao del Sur. Sa femme, Juvy, qui tait enceinte, et leurs deux enfants, Jordan (13ans) et John (huit ans), ont t tus. Les autorits ont annonc que 13soldats seraient jugs par un tribunal militaire, mais on ignorait sils seraient galement poursuivis devant la justice civile. Trois ans aprs le massacre de Maguindanao, au cours duquel des milices armes par ltat et diriges par des agents du gouvernement avaient tu 57personnes, la moiti des 197suspects navaient toujours pas t arrts par la police. Alors que les procs des auteurs prsums suivaient leur cours, les tmoins potentiels du ministre public, les autres tmoins et leurs proches continuaient dtre la cible de menaces. n Alijol Ampatuan, un tmoin dont lidentit avait t tenue secrte et qui tait prt identifier des membres de lOrganisation de volontaires civils ayant particip au massacre, a t tu en fvrier. n Toujours en fvrier, Hernanie Decipulo, un policier considr comme tmoin du ministre public, se serait suicid en garde vue. n En mai, Esmail Amil Enog, qui avait tmoign devant la justice, a t retrouv mort, dcoup en morceaux laide dune trononneuse. n La police a indiqu en juin que trois proches de tmoins dans laffaire du massacre de Maguindanao avaient t tus depuis les faits. En octobre, le Comit des droits de lhomme [ONU] a conclu que le gouvernement devait renforcer lefficacit du programme de protection des tmoins et enquter de faon approfondie sur tous les cas dhomicide de tmoins et dactes prsums dintimidation de faon mettre fin au climat de peur qui plane sur les enqutes et les poursuites.

Torture et autres mauvais traitements


Trois ans aprs sa promulgation, la Loi contre la torture tait toujours faiblement applique et personne navait encore t dclar coupable de ce crime. Les victimes de torture, notamment les suspects de droit commun, hsitaient porter plainte car ils craignaient de subir des reprsailles et de sengager dans une longue procdure. n Laffaire Darius Evangelista se poursuivait. Des images vido montrant une sance de torture subie par cet homme en 2010 et permettant didentifier les tortionnaires existaient. Sur les sept policiers suspects, deux seulement ont t inculps. Ils ont initialement t placs en garde vue mais, selon la Commission philippine des droits humains, ils ont disparu en avril 2012 et taient toujours en fuite la fin de lanne.

Disparitions forces
Des informations ont de nouveau fait tat de disparitions forces de militants, dinsurgs et de dlinquants prsums. n En janvier, aprs latterrissage laroport de Manille de leur vol en provenance de Zamboanga, Najir Ahung, Rasbi Kasaran et Yusoph Mohammad ont t apprhends, apparemment par les forces gouvernementales. On tait sans nouvelles de ces trois agriculteurs depuis. Les autorits ont refus de remettre aux avocats assurant leur dfense les enregistrements du systme vido en circuit ferm et la liste des forces de scurit en service laroport au moment de leur disparition. Aprs plus de 20annes de pressions de la part de la socit civile, le Congrs a adopt en octobre le projet de loi contre les disparitions forces ou involontaires. Lentre en vigueur de ce texte, qui rige la disparition force en infraction et prvoit des peines allant jusqu la rclusion perptuit, tait subordonne la signature du prsident.

Impunit
Limpunit persistait pour les actes de torture, les disparitions forces et les homicides illgaux, bien que le gouvernement se soit engag radiquer ces crimes et traduire leurs auteurs en justice. Les affaires relatives aux violations des droits humains commises sous ltat de sige (1972-1981) ont t classes sans suites ou demeuraient au point mort. En novembre, le prsident a ordonn la cration dune commission interinstitutions charge

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denquter sur des cas plus rcents de violations graves de ce type. n Raymond Manalo, un homme qui avait t victime de torture et de disparition force, a t appel tmoigner devant le Bureau du mdiateur en janvier, plus de trois ans aprs avoir port plainte contre ses ravisseurs pour enlvement, dtention arbitraire et torture. Avec plusieurs autres personnes, il avait t soumis une disparition force et tortur en 2006, semble-t-il par des soldats rpondant aux ordres du gnral Jovito Palparan. Celui-ci chappait toute arrestation depuis 2011.

POLOGNE
RPUBLIQUE DE POLOGNE
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Bronisaw Komorowski Donald Tusk Lenqute sur la participation de la Pologne au programme de restitutions et de dtentions secrtes men par les tats-Unis progressait lentement. Le public navait toujours pas accs aux informations concernant laffaire Al Nashiri c. Pologne instruite par la Cour europenne des droits de lhomme (CEDH). Tandis que le dbat sur les modifications de la loi sur lavortement se poursuivait, la CEDH a jug que la Pologne avait priv une adolescente du droit un avortement lgal.

Droit la sant
Le gouvernement a publi en juin les rsultats de lenqute sur la sant familiale ralise en 2011. Ils montrent que la mortalit maternelle a augment entre 2006 et 2011, passant de 162 221dcs pour 100000naissances denfants ns vivants. Sappuyant sur ces donnes, la ministre de la Sant a estim que 11femmes mouraient chaque jour de complications lies la grossesse ou laccouchement qui pourraient tre facilement vites. Aprs une dcennie dactions de pression de la part de groupes de la socit civile, la loi relative la sant reproductive a finalement t adopte en dcembre. Le texte prvoyait le financement public prventif des mthodes de contraception modernes et rendait obligatoire lducation la sant et la sexualit.

Lutte contre le terrorisme et scurit


Linformation judiciaire ouverte par le parquet de Varsovie en 2008 sur le rle de la Pologne dans les programmes de restitutions et de dtentions secrtes de la CIA a t transfre au parquet de Cracovie en fvrier, ce qui faisait craindre de nouveaux retards et des difficults lies la raffectation du dossier. Le bureau du procureur de Varsovie avait accord le statut de victime Abd al Rahim al Nashiri et Zayn al Abidin Muhammad Husayn (galement appel Abu Zubaydah), qui taient toujours dtenus Guantnamo. Ces deux hommes affirmaient que, entre 2002 et 2003, ils avaient t transfrs illgalement en Pologne, soumis une disparition force et dtenus dans un centre secret de la CIA, o ils avaient subi des tortures et dautres mauvais traitements. En mars, les mdias polonais ont indiqu que lancien chef des services secrets, Zbigniew Siemitkowski, et son adjoint taient inculps dinfractions en rapport avec la dtention et les mauvais traitements infligs des personnes dtenues secrtement par la CIA sur le territoire polonais. Le ministre public polonais a refus de confirmer ou dinfirmer ces inculpations. Lenqute se poursuivant dans le plus grand secret, les victimes se sont inquites de ne pas avoir accs aux informations et de ne pas pouvoir participer pleinement la procdure. En septembre, le Parlement europen a adopt un rapport sur le transport et la dtention illgale

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus aux Philippines
en septembre. 4 Philippines. Des tortionnaires chappent la justice sous le mandat de Benigno Aquino (ASA35/004/2012). 4 Philippines: Amnesty International submission to the Human Rights Committee 106th session (ASA35/006/2012). 4 Philippines: Cybercrime law threatens free speech and must be reviewed (ASA35/008/2012).

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Amnesty International - Rapport 2013

prsums de prisonniers par la CIA dans plusieurs pays europens. Le rapport demandait tous les tats membres de lUnion europenne souponns davoir accueilli des centres de dtention secrets de la CIA sur leur territoire de respecter leurs obligations juridiques en menant une enqute indpendante, impartiale, approfondie et efficace sur leur participation aux programmes de la CIA. La rapporteuse sest rendue en Pologne en mai pour sentretenir avec les autorits du pays du rle de la Pologne dans ces programmes. En juillet, la CEDH a communiqu aux autorits polonaises le dossier de laffaire Al Nashiri c. Pologne. Le gouvernement a transmis ses commentaires la Cour en septembre, de faon confidentielle. La Cour ayant demand aux juristes chargs du dossier de rpondre ces commentaires de manire tout aussi confidentielle, le public navait donc accs aucune information.

Droits sexuels et reproductifs


Le bilan de la Pologne en matire de droits humains a t examin en juin dans le cadre de lExamen priodique universel de lONU. Il lui a t demand damliorer laccs aux services de sant gnsique, y compris lavortement lgal. En octobre, le Parlement polonais a rejet un projet de loi visant largir laccs lavortement lgal, introduire un programme dducation sexuelle complet et subventionner la contraception. n Dans laffaire P. et S. c. Pologne, la CEDH a conclu en octobre que la Pologne avait bafou le droit dune adolescente de 14ans, victime prsume de viol, davorter en toute lgalit. Alors que la lgislation lautorisait interrompre sa grossesse, il lui a t impossible daccder rapidement des services spcialiss. Des membres du personnel de trois hpitaux, des policiers et dautres personnes ont voulu lempcher de recevoir les soins de sant dont elle pouvait lgalement bnficier, lont harcele et humilie et ont fait pression sur elle, notamment en la plaant dans un foyer daccueil. La CEDH a considr que ce traitement constituait une violation de linterdiction des traitements inhumains ou dgradants ainsi que des droits au respect de la vie prive et la libert.

polonaises dans le droit la libert dexpression dun journaliste. Parce quil navait pas publi la rponse quune autorit locale voulait apporter un article laccusant de mauvaise gestion de lenvironnement, ce journaliste avait t condamn une peine de quatre mois de travaux dintrt gnral avec sursis et priv pendant deux ans du droit dexercer sa profession. La CEDH a considr que prononcer une sanction pnale pour la non-publication dun droit de rponse tait disproportionn et dcourageait la tenue de dbats libres sur des questions dintrt gnral. n En septembre, lditeur du site Internet Antykomor.pl a t condamn une peine de 10mois de travaux dintrt gnral pour avoir publi des textes satiriques sur le chef de ltat. n Dans laffaire Lewandowska-Malec c. Pologne, la CEDH a conclu en septembre que la Pologne avait viol le droit la libert dexpression dune conseillre municipale. Celle-ci avait publiquement exprim lide que le maire de sa commune faisait indment pression sur le ministre public dans une affaire de fraude prsume impliquant des responsables municipaux de la ville de witniki Grne. la suite dune plainte du maire, la conseillre avait t reconnue coupable de diffamation en 2006. La CEDH a jug que la sanction pnale qui lui avait t inflige (une amende de 1900euros) tait disproportionne.

Rfugis et migrants
En octobre, la Pologne a fait part de son intention dinterdire le placement en dtention des migrants de moins de 13ans non accompagns. Toutefois, les statistiques disponibles indiquaient que la majorit des mineurs isols arrivant en Pologne avaient plus de 13ans. La Pologne a rejet en septembre la mise en uvre totale de la recommandation qui lui avait t faite dans le cadre de lExamen priodique universel dinterdire le placement en dtention de tous les migrants mineurs.

Libert dexpression
La diffamation demeurait une infraction pnale. n Dans laffaire Kaperzyski c. Pologne, la CEDH a conclu en avril une ingrence des autorits

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PORTO RICO
COMMONWEALTH DE PORTO RICO
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Barack H. Obama Luis G. Fortuo Certaines dispositions du nouveau Code pnal restreignaient le droit de manifester. Une enqute du ministre de la Justice des tats-Unis sur les violations des droits humains imputables aux services de police portoricains tait toujours en cours.

PORTUGAL
RPUBLIQUE PORTUGAISE
Chef de ltat: Anbal Antnio Cavaco Silva Chef du gouvernement: Pedro Manuel Mamede Passos Coelho Des informations ont fait tat dun recours excessif la force de la part de la police lencontre de manifestants et de Roms. La violence domestique demeurait un grave motif de proccupation.

Torture et autres mauvais traitements


Linformation judiciaire ouverte sur lutilisation, en 2010, dun pistolet incapacitant contre un dtenu de la prison de Paos de Ferreira na pas progress, malgr les conclusions dune enqute mene par le Service de contrle et dinspection de la Direction gnrale de ladministration pnitentiaire. Celui-ci avait estim que deux membres du Groupe dintervention et de scurit dans les prisons avaient fait un usage disproportionn de cette arme. la fin de lanne on ne connaissait toujours pas lissue de la procdure disciplinaire engage contre les deux gardiens. n Ouvert en novembre 2011, le procs de trois policiers accuss davoir tortur Virgolino Borges pendant sa garde vue, en mars 2000, navait gure progress.

Libert dexpression
Des groupes de dfense des liberts individuelles ont critiqu une disposition du Code pnal amend au motif quelle portait atteinte au droit la libert dexpression. Le nouveau Code, entr en vigueur en juillet, comprend un article rigeant en infraction pnale les manifestations qui bloquent des btiments publics et perturbent le fonctionnement de ladministration locale. Ce texte rendait illgales les manifestations du type de celles qui ont eu lieu ces dernires annes luniversit de Porto Rico et au Capitole (le sige de lAssemble lgislative). Laction en justice intente contre cette disposition par lUnion amricaine pour les liberts publiques (ACLU) Porto Rico tait en instance la fin de lanne.

Police et forces de scurit


la suite de la publication, en 2011, dun rapport du ministre de la Justice des tats-Unis sur les violations gnralises et systmatiques des droits humains par des policiers, des ngociations ont t entames en vue de rformer les services de police portoricains; elles taient en cours la fin de lanne.

Utilisation excessive de la force


En mars, la police aurait recouru une force excessive contre des manifestants pacifiques lors de mouvements de contestation contre laustrit. Le 22mars, deux journalistes ont d tre soigns aprs avoir, selon toute apparence, t frapps par des policiers lors dune manifestation Lisbonne. n En septembre, des membres de la Garde nationale rpublicaine (GNR) auraient utilis une force excessive alors quils tentaient darrter un homme de la communaut rom de Regalde, dans la ville de Vila Verde. Au moins neuf Roms, dont des enfants, auraient t agresss, insults et battus par une trentaine de policiers. Trois dentre eux, peut-tre davantage, ont d recevoir des soins mdicaux. n Daprs les informations reues, lors dune grve gnrale tenue le 14novembre la police a attaqu des manifestants pacifiques avec des matraques. Parmi les personnes dtenues, certaines nauraient pas t

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Amnesty International - Rapport 2013

informes des motifs de leur dtention ni autorises consulter un avocat dans un dlai raisonnable. Quarante-huit personnes ont t blesses selon des chiffres communiqus par les mdias.

QATAR
TAT DU QATAR
Chef de ltat: Hamad bin Khalifa al Thani Chef du gouvernement: Hamad bin Jassem bin Jaber al Thani La libert dexpression restait soumise des restrictions. De nouveaux cas de torture ont t signals. Les femmes continuaient de subir des discriminations, dans la lgislation et dans la pratique, et elles taient toujours en butte des violences. Les travailleurs migrants, qui formaient la majorit de la main-duvre, taient exploits et maltraits. Ils ntaient pas suffisamment protgs par la loi. Une personne au moins a t condamne mort; aucune excution na t signale.

Violences faites aux femmes et aux filles


La violence domestique demeurait un grave motif de proccupation. LAssociation portugaise de soutien aux victimes (APAV) et le Mdiateur portugais ont signal une hausse du nombre de plaintes pour violences domestiques dposes par des personnes ges. Selon lAPAV, le nombre total de plaintes pour ce type de violences est pass de 15724 en 2011 16970 en 2012. Daprs des estimations communiques par lONG Union des femmes Alternative et rponse (UMAR), les violences conjugales ont t lorigine de 36dcs survenus entre janvier et septembre 2012. Vingt-sept dcs avaient t enregistrs sur lensemble de lanne 2011.

Libert dexpression
Les autorits maintenaient un contrle troit sur la libert dexpression et ont prsent un projet de loi relatif aux mdias visant renforcer les restrictions. Si ce texte tait adopt, toutes les publications devraient tre approuves par une autorit comptente dsigne par le gouvernement, qui serait habilite supprimer une partie de leur contenu ou les empcher de paratre. n Accus dincitation au renversement du rgime et doutrage lmir, le pote Mohammed alAjami, galement connu sous le nom de Mohamed Ibn al Dheeb, a t condamn la rclusion perptuit le 29novembre par la Cour pnale de Doha. Ses pomes dnonaient la rpression dans les tats du Golfe. Maintenu au secret aprs son arrestation, en novembre2011, il tait considr comme un prisonnier dopinion. Il a fait appel de sa condamnation.

Surveillance internationale
Le 31octobre, le Comit des droits de lhomme [ONU] a publi ses observations finales sur le quatrime rapport priodique du Portugal. Les recommandations du Comit portaient sur les droits des personnes dtenues par la police, les conditions carcrales, la violence domestique et la discrimination visant les migrants et les minorits ethniques, dont les Roms. lissue de sa visite dans le pays en mai, le Commissaire aux droits de lhomme du Conseil de lEurope sest dit proccup par la discrimination que continuaient de subir les Roms et par limpact de la crise conomique et des mesures daustrit budgtaire sur les droits des enfants et des personnes ges.

Droits des travailleurs migrants


Malgr les dispositions protectrices inscrites dans le Code du travail de 2004 et les dcrets affrents, les travailleurs trangers, qui constituaient plus de 90% de la main-duvre du Qatar, continuaient dtre exploits et maltraits par leurs employeurs. Les autorits nappliquaient pas les textes correctement. Les conditions de vie de ces travailleurs taient souvent foncirement mdiocres et beaucoup se plaignaient dhoraires excessifs de travail, au-del du maximum lgal, ou dun salaire

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trs infrieur celui convenu lors de la signature de leur contrat. Les employs de maison, essentiellement des femmes, ainsi que certains autres travailleurs taient expressment exclus du Code du travail de 2004, ce qui les exposait tre encore plus exploits et maltraits, y compris subir des violences sexuelles. Le gouvernement, qui stait engag promulguer une loi pour remdier ce problme, navait encore pris aucune initiative dans ce sens la fin de lanne. La Loi de 2009 sur le parrainage, qui oblige les travailleurs trangers obtenir lautorisation de leur garant pour quitter le pays ou changer demployeur, tait exploite par les employeurs pour empcher les travailleurs maltraits de se plaindre auprs des autorits ou de changer demploi. Le systme du parrainage augmentait la probabilit pour les travailleurs dtre soumis au travail forc. En octobre, lagence de presse officielle a annonc que le gouvernement allait dsigner une commission charge dtudier la question du parrainage.

En novembre, la suite de lexamen de lapplication par le Qatar des dispositions de la Convention contre la torture, le Comit contre la torture [ONU] a pri le gouvernement de faire en sorte que les garanties fondamentales prvues par la Convention soient appliques dans la pratique toutes les personnes prives de libert, y compris en veillant ce que les plaintes pour mauvais traitements fassent sans dlai lobjet dune enqute impartiale et que les dtenus aient la possibilit de contester le bien-fond de leur dtention ou du traitement qui leur est inflig.

Discrimination et violences faites aux femmes


Les femmes continuaient dtre victimes de discrimination dans la lgislation et dans la pratique et elles ntaient pas suffisamment protges contre les violences exerces au sein de la famille. Le Code de la famille tait discriminatoire lgard des femmes: il tait beaucoup plus facile pour les hommes de solliciter le divorce, et les femmes taient fortement dsavantages du point de vue conomique si la demande de divorce venait delles ou si leur mari les quittait.

Discrimination refus de la nationalit


Une centaine de personnes qui appartenaient, pour la plupart, la tribu Al Murra et dont la nationalit qatarienne leur avait t retire arbitrairement les annes prcdentes, taient toujours prives de laccs lemploi, la scurit sociale et aux soins du fait de leur statut dapatrides. Elles navaient aucun recours et ntaient pas autorises contester en justice la dcision de retrait de leur nationalit.

Peine de mort
Une condamnation mort au moins a t prononce (contre un Sri Lankais reconnu coupable de meurtre). Aucune excution na t signale. Parmi les prisonniers sous le coup dune condamnation mort figuraient au moins six hommes condamns en 2001 pour leur participation la tentative de coup dtat de 1996.

Torture et autres mauvais traitements


Q
De nouveaux cas de torture et de mauvais traitements ont t signals. n Aprs leur remise en libert, Abdullah al Khawar et Salem al Kawari ont affirm que, durant leur dtention sans inculpation ni jugement en 2011 pour atteinte la scurit, ils avaient t battus, suspendus par les membres et obligs de rester debout des heures durant. Ils se sont galement plaints davoir t privs de sommeil, maintenus lisolement dans des cellules minuscules et exposs un froid intense de manire prolonge, pendant que ceux qui les interrogeaient essayaient dobtenir des aveux. Les autorits nont pris aucune mesure pour enquter sur leurs allgations ni pour traduire en justice les responsables prsums de ces agissements.

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus au Qatar en
octobre. 4 Qatar: Briefing to the United Nations Committee against Torture (MDE22/001/2012). 4 Le Qatar doit prendre des mesures pour mettre fin la torture et aux autres formes de mauvais traitements (MDE22/003/2012).

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RPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
RPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Franois Boziz Faustin Archange Touadra La population demeurait particulirement expose des atteintes aux droits humains, notamment des violences, car mme si plusieurs groupes arms avaient dclar avoir cess les combats, beaucoup dautres taient toujours actifs. De nombreux civils ont t victimes dhomicide, denlvement, de mauvais traitements ou de viol et autres formes de violence sexuelle. Dans la plupart des cas, les auteurs de ces actes bnficiaient dune totale impunit.

Exactions perptres par des groupes arms


Des exactions homicides, actes de torture et enlvements, notamment perptres par des groupes arms ont t signales tout au long de lanne dans le nord et lest du pays. Dans le nord de la Rpublique centrafricaine, de nombreuses exactions (y compris des homicides, des enlvements et des pillages) ont t imputes des lments rsiduels du Front populaire pour le redressement (FPR, un groupe arm tchadien). Les armes tchadienne et centrafricaine ont men en janvier une attaque conjointe contre les bases du FPR dans le nord du pays, et dispers les combattants rebelles. Le chef du FPR, Baba Ladd, est rentr au Tchad en septembre. Plusieurs centaines de combattants du groupe arm ainsi que des civils qui vivaient avec eux ont t rapatris un mois plus tard. Mme si, selon les informations disponibles, le nombre dhomicides commis par la LRA en 2012 tait infrieur celui des annes prcdentes, des combattants du groupe arm continuaient de tuer des civils non arms, de se livrer des pillages et dutiliser des femmes et des filles comme esclaves sexuelles. n En mars, 13hommes travaillant dans une mine situe dans une rserve de chasse, dans la prfecture de Mbomou, ont t tus. Erik Mararv, le propritaire de la rserve, dorigine sudoise, et David Simpson, un pilote britannique, ont t accuss de ces homicides, mais des groupes de dfense des droits humains et leurs avocats ont fait valoir que ces actes portaient la marque de la LRA. Les deux hommes ont bnfici dun non-lieu en aot, aprs avoir pass plusieurs mois en dtention.

Contexte
La Communaut conomique des tats de lAfrique centrale (CEEAC) a dcid que le mandat de la Mission de consolidation de la paix en Centrafrique (MICOPAX) prendrait fin en dcembre 2013. Plusieurs centaines de soldats franais taient toujours stationns dans le pays pour aider et former les forces rgulires, et pour soutenir la MICOPAX. En septembre, lUnion africaine a assum la responsabilit politique du dploiement dune force rgionale contre lArme de rsistance du Seigneur (LRA). Les forces de maintien de la paix prsentes dans le pays se sont heurtes plusieurs reprises de petites units de la LRA; des combattants de ce groupe ont t tus et dautres capturs. Larme ougandaise a annonc en mai la capture de Caesar Achellam, un haut responsable de la LRA. Dbut dcembre, une coalition de groupes arms baptise Seleka a lanc une offensive en vue de renverser le gouvernement. la fin du mois, elle stait empare de vastes secteurs du nord du pays mais les soldats de la MICOPAX lavaient empche de marcher sur la capitale, Bangui. Les deux camps ont accept de ngocier la fin de lanne. Plusieurs centaines de militaires sud-africains ont t dploys Bangui la demande du gouvernement.

Dsarmement, dmobilisation et rinsertion


Plusieurs groupes arms ont annonc la fin du conflit avec le gouvernement et se sont engags procder au dsarmement, la dmobilisation et la rintgration de leurs membres. LUnion des forces rpublicaines (UFR) a indiqu en juin que son dsarmement et sa dissolution taient termins. LArme populaire pour la restauration de la dmocratie (APRD) a de son ct dclar en juillet quelle avait cess dexister en tant que groupe arm. Le processus de dmobilisation de lAPRD avait t ajourn en janvier aprs que son chef (Jean-Jacques Demafouth, vice-prsident national du programme de

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dsarmement, de dmobilisation et de rintgration) et deux autres responsables politiques avaient t accuss de complot contre le gouvernement et placs en dtention. Selon des dirigeants de lopposition, ces arrestations taient motives par des considrations politiques et visaient faire chouer le programme de dsarmement, de dmobilisation et de rinsertion. Les poursuites ont t abandonnes et les trois hommes relchs en mai. La Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP) et le gouvernement centrafricain ont sign un accord de cessation des hostilits en aot. De trs nombreux enfants soldats avaient t dmobiliss des rangs du groupe arm au cours des mois prcdents. Le processus de dsarmement des combattants de la CPJP ntait toutefois pas achev la fin de lanne, et une faction du groupe oppose laccord conclu avec le gouvernement a men des attaques contre larme rgulire au cours du second semestre de lanne.

quil ny avait pas lieu de les poursuivre en justice. Le gouvernement a toutefois form un recours contre la dcision du juge, et la fin de lanne les poursuites engages contre eux pour incendie volontaire taient toujours en cours.

Dtention sans inculpation ni procs


Plusieurs personnes de lentourage des ministres des Finances et de la Justice limogs cette anne (en juin et juillet respectivement, alors quils taient semble-t-il souponns par le prsident Boziz de complot contre le gouvernement) ont t arrtes en juillet et en aot. Il sagissait de Laurent Feindiro, frre du ministre de la Justice, de Jean Bianga, chauffeur du ministre des Finances, et de Serge-Venant Magna, fonctionnaire au service de ce dernier. la fin de lanne, ces hommes taient toujours dtenus sans inculpation ni procs.

Utilisation excessive de la force


Des membres des forces armes de la Rpublique centrafricaine ont maltrait et tu des civils, le plus souvent en toute impunit. Les auteurs de ces actes appartenaient pour beaucoup la garde prsidentielle. n Mijora Delphine Dengwize est morte en aot des suites de ses blessures aprs avoir reu une balle tire par un capitaine de larme. Ce dernier avait ouvert le feu Bangui sur des gens qui protestaient et lui demandaient de ne pas arrter des civils quil accusait davoir particip des violences. Il tait connu depuis longtemps pour des violations des droits humains, commises en toute impunit.

Visites et documents dAmnesty International


v Une dlgation dAmnesty International sest rendue en Rpublique
centrafricaine en mai et en juin.

RPUBLIQUE DMOCRATIQUE DU CONGO


RPUBLIQUE DMOCRATIQUE DU CONGO
Chef de ltat: Joseph Kabila Chef du gouvernement: Adolphe Muzito, remplac par Louis Koyagialo le 6 mars, remplac son tour par Augustin Matata Ponyo Mapon le 9 mai Dj prcaire, la situation en matire de scurit dans lest du pays sest gravement dtriore en raison de la multiplication des groupes arms (dont le tout nouveau groupe du 23-Mars), de la disponibilit des armes et des munitions et des violations commises par larme rgulire. Les groupes arms comme les forces de scurit gouvernementales ont menac, harcel et arrt arbitrairement des dfenseurs des droits humains, des journalistes et des membres de lopposition politique.

Violences faites aux femmes et aux filles


Des soldats de larme tchadienne qui avaient particip lopration de janvier contre le FPR ont viol une quinzaine de femmes dans la ville de Ndl (nord du pays). Ni les autorits du Tchad ni celles de la Rpublique centrafricaine nont pris de mesures contre eux.

Prisonniers dopinion
Onze prisonniers dopinion arrts en juin 2010 en raison de leurs liens avec un avocat et un homme daffaires recherchs par les autorits ont t librs titre provisoire en avril, aprs quun juge eut estim

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Contexte
Le 28 avril, le prsident Joseph Kabila, rlu peu de temps auparavant, a dsign un nouveau gouvernement aprs des mois de controverse au sujet des rsultats lectoraux. Le processus de restructuration des Forces armes de la Rpublique dmocratique du Congo (FARDC, arme rgulire) sest poursuivi, saccompagnant de lintgration partielle de groupes arms dans ses rangs. Mal coordonn, ce processus a de fait permis des groupes arms de prendre le contrle de zones do les FARDC staient retires. En avril, des soldats qui avaient dsert dans les deux provinces du Kivu ont form le groupe arm du 23-Mars (M23) aprs un appel la mutinerie lanc par le gnral Bosco Ntaganda, inculp de crimes contre lhumanit et de crimes de guerre par la Cour pnale internationale. Le M23 a dclar avoir pris les armes pour que le gouvernement congolais respecte pleinement laccord de paix du 23mars 2009. Les affrontements entre FARDC et groupes arms ont accru linscurit, obligeant plusieurs milliers de personnes abandonner leur foyer. De violents heurts ont oppos des soldats des FARDC des membres du M23 entre avril et septembre, puis en novembre lorsque Goma, la capitale du Nord-Kivu, est passe sous la coupe du M23 pendant 11jours. Selon les informations reues, dautres groupes arms ont particip aux combats, et des violations gnralises des droits humains ont t perptres par toutes les parties. Les attaques de groupes arms contre la population civile se sont multiplies. La Mission de lOrganisation des Nations unies pour la stabilisation en Rpublique dmocratique du Congo (MONUSCO) a pris plusieurs mesures pour rsoudre les problmes de scurit et accrotre sa prsence dans les zones abandonnes par les FARDC, mais sa capacit protger les civils de faon satisfaisante tait grandement limite par des effectifs dj insuffisants. En 2012, le Groupe dexperts sur la Rpublique dmocratique du Congo [ONU] et plusieurs ONG internationales, dont Amnesty International, ont apport la preuve de laide prodigue au M23 par le Rwanda, qui a notamment facilit et soutenu le recrutement au Rwanda de combattants pour le compte du groupe arm, et fourni des armes et des munitions.

la suite de la reprise des combats entre le M23 et les FARDC en novembre, et de la prise de contrle provisoire de Goma par le groupe arm, des ngociations entre les pays de la rgion ont t ouvertes le 9dcembre, sous lgide de la Confrence internationale sur la rgion des Grands Lacs.

Exactions perptres par des groupes arms


Le redploiement des soldats des FARDC pour combattre le M23 dans lest du pays a cr un vide en matire de scurit dans dautres rgions. Plusieurs groupes arms, dont les Raa Mutomboki, les Nyatura, les Forces dmocratiques de libration du Rwanda (FDLR), les Forces nationales de libration (FNL) du Burundi, les Ma Ma Sheka et lAlliance des patriotes pour un Congo libre et souverain (APCLS), ont ainsi pu se livrer de graves violations des droits humains alors quils tendaient leurs oprations militaires dans ces rgions. Parmi les exactions perptres, caractrises par une violence extrme et motives pour certaines par des considrations ethniques, figuraient des homicides illgaux, des excutions sommaires, lenrlement forc denfants, des viols et dautres violences sexuelles, des pillages de grande ampleur et des destructions de biens. La situation a t aggrave par la facilit avec laquelle les groupes arms ont pu se procurer des armes et des munitions. n Dans la nuit du 13mai, au moins 20civils ont t tus illgalement et plusieurs autres ont t blesss lors dune attaque qui aurait t mene par les FDLR Bunyakiri, dans le territoire de Kalehe (Sud-Kivu), quelques kilomtres dune base de la MONUSCO. Dautres groupes arms, dont lArme de rsistance du Seigneur (LRA), les Ma Ma Lumumba et les Forces dmocratiques allies/Arme nationale de libration de lOuganda (ADF/NALU), taient toujours actifs dans le nord-est du pays.

Violences faites aux femmes et aux filles


Payant le terrible prix de lintensification des hostilits, un grand nombre de femmes et de filles ont t victimes de viol et dautres formes de violences sexuelles imputables aussi bien des membres des FARDC qu des groupes arms. Particulirement exposes ces svices taient celles qui vivaient dans les villages viss par des oprations dintimidation et de

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pillage de la part de groupes arms et de larme nationale, et celles rfugies dans des camps de personnes dplaces, qui devaient souvent parcourir de longues distances pour se rendre dans les champs. n Entre avril et mai, des combattants du M23 auraient viol plusieurs dizaines de femmes et de filles dans la localit de Jomba, dans le territoire de Rutshuru (NordKivu), o le groupe arm avait tabli sa base. La plupart des victimes avaient t dplaces en raison du conflit. Les svices sexuels taient extrmement frquents lorsque larme rgulire vivait proximit de la population. n Fin novembre, les Nations unies ont indiqu que des membres des FARDC staient rendus coupables dau moins 126viols en lespace de quelques jours Minova, o les troupes staient replies aprs la chute de Goma, le 20novembre. Dans le reste du pays, des membres de la police nationale et dautres forces de scurit ont continu de se livrer des viols et dautres formes de violences sexuelles. Mises au ban de leur communaut, les victimes de viol ntaient pas aides ni soutenues de manire satisfaisante.

Personnes dplaces
Lintensification partir du mois davril du conflit dans lest de la RDC tait en partie responsable de laugmentation du nombre de personnes dplaces lintrieur du pays, estim plus de 2,4millions en 2012. Ce chiffre tait le plus haut constat depuis 2009. Au 1er novembre on recensait environ 1,6million de personnes dplaces dans les seules provinces du Kivu. Il sagissait trs souvent de civils qui fuyaient des groupes arms pour ne pas tre enrls de force dans leurs rangs. n En juillet, plusieurs milliers de personnes femmes, enfants et personnes ges pour la plupart ont d quitter leur foyer en raison des combats opposant larme rgulire au M23 dans la ville de Bunagana (territoire de Rutshuru), qui se sont solds par la prise de la localit par le groupe rebelle.

Torture et autres mauvais traitements


La pratique de la torture, et plus gnralement des mauvais traitements, tait endmique dans tout le pays. Ces actes taient souvent commis par les services de scurit de ltat lorsque des personnes taient illgalement arrtes ou dtenues.

Enfants soldats
Des enfants ont t recruts par des groupes arms comme par les FARDC. Utiliss en tant que combattants, porteurs, cuisiniers, guides, espions et messagers, un grand nombre dentre eux ont subi des violences sexuelles et des traitements cruels et inhumains. n En mars et en avril, avant la formation du M23, des enfants ont t enlevs et enrls de force par des dserteurs des FARDC, en particulier dans le territoire de Masisi (Nord-Kivu). Le 4octobre, le gouvernement congolais a sign un plan daction, adopt dans le cadre des rsolutions1612 (2005) et1882 (2009) du Conseil de scurit des Nations unies, pour mettre fin au recrutement de mineurs. Ce texte prsentait des mesures spcifiques mettre en uvre pour librer et rinsrer les enfants associs aux forces de scurit gouvernementales, et pour empcher quils ne soient de nouveau recruts. La MONUSCO a continu de procder la dmobilisation, au dsarmement, au rapatriement, la rinstallation et la rinsertion de soldats des FDLR, parmi lesquels figuraient des mineurs.

Peine de mort
Cette anne encore, les tribunaux militaires ont prononc des condamnations mort, y compris contre des civils. Aucune excution na t signale. n Le 30mai, un tribunal militaire dUvira a condamn par contumace deux soldats la peine capitale et plusieurs autres la rclusion perptuit, pour avoir rpondu lappel la mutinerie lanc par le gnral Bosco Ntaganda en avril.

Impunit
Limpunit persistante favorisait de nouvelles atteintes aux droits humains. Les efforts dploys par les autorits judiciaires pour renforcer les capacits de traitement des tribunaux, y compris pour les dossiers impliquant des violations des droits fondamentaux, nont obtenu que des rsultats limits. Un grand nombre daffaires plus anciennes taient au point mort. Les initiatives entreprises en 2011 par le ministre de la Justice pour mettre un terme limpunit des auteurs de crimes de droit international commis dans le pass ou rcemment navaient pas progress, et les victimes continuaient de se voir refuser la vrit, la justice et des rparations. Les

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dcisions de justice ntaient pas appliques. Aucune avance na par ailleurs t constate dans des dossiers majeurs comme ceux des viols en masse commis dans le territoire de Walikale et dans les villages de Bushani et de Kalambahiro, en 2010 et 2011. Le ministre de la Justice et des Droits humains a demand en fvrier aux autorits judiciaires civiles et militaires douvrir des enqutes sur les allgations de violences lectorales, mais les investigations ne semblaient gure avoir progress au cours de lanne.

Procs inquitables
Le manque dindpendance des tribunaux, les violations des droits des accuss, labsence daide juridique et la corruption figuraient au nombre des obstacles lquit des procs. La justice militaire congolaise, fondamentalement vicie, conservait sa comptence exclusive en matire de crimes de gnocide, de crimes contre lhumanit et de crimes de guerre, y compris dans les affaires o des civils taient jugs.

des droits humains fermer leurs bureaux. Un grand nombre de militants ont d fuir aprs avoir reu, plusieurs reprises, des menaces de mort par SMS, des appels tlphoniques anonymes et la visite nocturne dhommes arms. Nombreux aussi ont t ceux qui, craignant pour leur scurit, ont quitt Goma lorsque le M23 a pris le contrle de la ville, fin novembre. Le 6dcembre, lAssemble nationale a adopt une loi portant cration de la Commission nationale des droits de lhomme. Cet organe, sil voit le jour effectivement, aura pour mission daider les autorits satisfaire leurs obligations relatives aux droits humains.

Arrestations et dtentions arbitraires


Les arrestations et dtentions arbitraires demeuraient gnralises dans tout le pays. Les services de scurit, en particulier la police nationale, le renseignement, larme et la police de limmigration, procdaient des arrestations arbitraires et extorquaient frquemment de largent ou des effets de valeur des civils lors doprations de maintien de lordre ou sur les lieux des postes de contrle. Dans les provinces de louest du pays en particulier, les forces de scurit se livraient des arrestations arbitraires pour satisfaire des intrts privs ou obtenir des paiements illicites. Des opposants politiques ont t arrts arbitrairement pendant la priode qui a suivi les lections. En fvrier, un responsable de lopposition a t arrt par les services de scurit et aurait t tortur et autrement maltrait avant dtre relch quelques jours plus tard. n Eugne Diomi Ndongala, un opposant politique, a disparu le 27juin alors quil tait en chemin pour aller signer une charte de coalition avec dautres partis politiques. Il a t remis en libert 100jours plus tard, aprs avoir t dtenu au secret par lAgence nationale de renseignements (ANR), Kinshasa. Il na pas t autoris durant sa dtention recevoir la visite de ses proches ni consulter un avocat ou un mdecin, malgr les problmes de sant chroniques dont il souffrait.

Conditions carcrales
Manquant toujours cruellement de moyens, le systme pnitentiaire tait incapable de remdier ltat de dlabrement des lieux de dtention, la surpopulation carcrale et aux conditions dhygine particulirement dplorables. Plusieurs dizaines de dtenus sont morts en prison ou lhpital parce quils souffraient de malnutrition ou navaient pas reu de soins adapts. Les hommes et les femmes ntaient pas vritablement spars, pas plus que les personnes en attente de jugement ne ltaient des prisonniers condamns, ou les militaires des civils, ce qui renforait linscurit pour les dtenus.

Dfenseurs des droits humains


La situation en matire de scurit pour les dfenseurs des droits humains dans lest de la RDC sest dgrade tout au long de lanne. Les militants faisaient face des actes dintimidation de plus en plus nombreux, et ils taient souvent la cible darrestations arbitraires et de menaces de mort de la part des forces de scurit, du M23 et dinconnus arms. Leurs activits sen trouvaient grandement entraves. La chute de la ville de Rutshuru (Nord-Kivu) aux mains du M23, en juillet, a contraint les dfenseurs

Libert dexpression
La libert dexpression a t svrement restreinte, en particulier pendant la priode qui a suivi les lections et alors que le M23 gagnait du terrain dans lest du

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pays. Les opposants politiques et les journalistes taient les principales cibles de ces restrictions, certains dentre eux tant menacs ou arrts arbitrairement. Des stations de radio, des chanes de tlvision et des journaux ont t suspendus arbitrairement par les autorits. Des locaux dorganes de presse ont t la cible dincendies volontaires, entre autres dgradations. On ignorait lidentit des auteurs de ces attaques. n Le 30novembre, le Conseil suprieur de laudiovisuel et de la communication a interrompu le signal de transmission de Radio Okapi Kinshasa, sans avertissement pralable, la suite de la diffusion dune mission o un porte-parole du M23 tait interview.

4 Rpublique dmocratique du Congo. Si tu rsistes, on te tue. Rpublique dmocratique du Congo: arguments en faveur dun trait efficace sur le commerce des armes (AFR62/007/2012). 4 Rpublique dmocratique du Congo. Ptition de 102105 signatures remise la Ministre de la Justice et des droits humains (AFR62/008/2012). 4 Democratic Republic of Congo: The Human Rights Council must act for better protection of civilians and an end to threats and intimidation against human rights defenders, journalists and political opponents (AFR62/011/2012). 4 Rpublique dmocratique du Congo. Lettre type tous les membres permanents du Conseil de scurit des Nations unies (AFR62/015/2012). 4 Rpublique dmocratique du Congo. La CPI acquitte le dirigeant dun groupe arm congolais (AFR62/017/2012). 4 Canada. La dcision de la Cour dans laffaire du massacre de Kilwa prive du droit rparation les victimes datteintes aux droits humains imputables aux entreprises (AMR20/002/2012). 4 lapproche de louverture du Sommet de la Francophonie Kinshasa, Amnesty International demande larrt des violences en RDC (PRE01/475/2012).

Justice internationale
Le 10juillet, la Cour pnale internationale (CPI) a condamn 14ans demprisonnement Thomas Lubanga Dyilo, fondateur et prsident prsum de lUnion des patriotes congolais et commandant en chef de sa branche arme, les Forces patriotiques pour la libration du Congo (FPLC). Il avait t dclar coupable le 14mars de lenrlement et de la conscription de mineurs de moins de 15ans et de les avoir fait participer activement des hostilits en Ituri, actes constitutifs de crimes de guerre. Le 13juillet, la CPI a dlivr un mandat darrt lencontre de Sylvestre Mudacumura, commandant prsum de la branche arme des FDLR, accus de neuf chefs de crimes de guerre commis entre janvier2009 et septembre2010 dans lest de la RDC. Un second mandat darrt a t dcern en juillet lencontre de Bosco Ntaganda pour trois chefs de crimes contre lhumanit et quatre chefs de crimes de guerre. Les autorits de la RDC avaient refus darrter et de remettre Bosco Ntaganda la CPI avant quil ne dserte les rangs de larme congolaise, en avril. Le 18dcembre, la CPI a acquitt Mathieu Ngudjolo Chui, ancien dirigeant prsum du Front des nationalistes intgrationnistes (FNI). Cet homme tait poursuivi pour des crimes commis en fvrier2003 dans le village de Bogoro, en Ituri.

RPUBLIQUE DOMINICAINE
RPUBLIQUE DOMINICAINE
Chef de ltat et du gouvernement: Leonel Antonio Fernndez Reyna, remplac par Danilo Medina Snchez le 16 aot Le nombre dhomicides illgaux commis par la police demeurait lev. Cette anne encore, des personnes dorigine hatienne se sont vu refuser la dlivrance de documents didentit. Les violences faites aux femmes et aux filles taient toujours un grave motif de proccupation. Il tait craindre que les projets de rforme du Code pnal ne portent atteinte aux droits des femmes et la libert dexpression.

Contexte
Danilo Medina, membre du Parti de la libration dominicaine (PLD), a t lu prsident en mai et a pris ses fonctions en aot. Approuve en novembre, une loi introduisant des rformes fiscales a dclench dans tout le pays une vague de manifestations, dont certaines ont t violemment rprimes par la police.

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus en RDC en fvrier,
mai et septembre. 4 Rpublique dmocratique du Congo. Le gouvernement congolais doit arrter Bosco Ntaganda et le remettre la CPI (AFR62/004/2012).

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Pour la 11e anne conscutive, les autorits nont pas nomm de mdiateur des droits humains. La Convention contre la torture [ONU] est entre en vigueur dans le pays le 23fvrier. En mars, le Comit des droits de lhomme [ONU] a procd lexamen du cinquime rapport priodique remis par la Rpublique dominicaine et a formul plusieurs recommandations relatives, notamment, la rduction des violations des droits humains commises par la police, la protection des migrants hatiens et des Dominicains dorigine hatienne contre la discrimination, et la lutte contre les violences lies au genre.

dernire fois respectivement en juillet et septembre2009. la fin de lanne on ignorait toujours le sort qui leur avait t rserv. En fvrier, la Cour interamricaine des droits de lhomme a jug que ltat tait responsable de la disparition force, en 1994, du journaliste Narciso Gonzlez Medina. En octobre, elle la par ailleurs dclar responsable de la mort de sept migrants hatiens, qui avaient t tus en 2000 par des membres des forces armes.

Discrimination les Hatiens et les Dominicains dorigine hatienne


Plusieurs tribunaux ont ordonn au Conseil lectoral dominicain de dlivrer des pices didentit des centaines de Dominicains dorigine hatienne qui avaient t privs de leur droit de dtenir des documents officiels. Cependant, le Conseil lectoral navait pas appliqu ces dcisions de justice la fin de lanne. En juillet, des organisations locales de dfense des droits humains ont indiqu que des personnes qui avaient port plainte contre le Conseil lectoral dominicain avaient subi des menaces et des manuvres dintimidation de la part de membres du Conseil lorsque ceux-ci staient rendus dans leur quartier pour les interroger au sujet du statut de leurs parents au regard de la lgislation sur limmigration.

Police et forces de scurit


Le nombre dhomicides commis par la police a baiss de 18% par rapport 2011, mais demeurait lev. Un certain nombre dlments donnaient penser que beaucoup de ces homicides pourraient avoir t commis en toute illgalit. n Yefri Felizor a t tu le 31octobre lors dune opration mene par la police dans le quartier de La Mina, Santiago. Des tmoins ont racont que des agents lavaient fouill, puis lui avaient ordonn de courir. Lorsquil sest excut, ils lont abattu. la fin de lanne, aucune inculpation navait t prononce. Plusieurs personnes ont t tues par la police durant des manifestations. Dans bien des cas une force excessive ou injustifie avait de toute vidence t utilise. n En juin, trois hommes et une femme enceinte ont t tus Salcedo lors dun mouvement de protestation contre le pitinement de lenqute sur la mort dun sportif, tu le 12mai, peut-tre par un policier. Le procureur gnral a dclar en octobre que les investigations sur les homicides de juin se poursuivaient. En novembre, le prsident a nomm une commission charge de proposer des mesures lgislatives et politiques pour mener bien une rforme densemble de la police.

Droits des migrants


Cette anne encore, des expulsions massives de migrants hatiens ont eu lieu. Elles semblaient, dans de nombreux cas, arbitraires. Le 25mai, le directeur des Migrations a mis une directive enjoignant le ministre de lducation de ne plus accepter denfants trangers sans papiers dans les coles. Vivement critiqu, ce texte a t retir en juin.

Violences faites aux femmes et aux filles


Selon le Bureau du procureur gnral, le nombre de femmes et jeunes filles tues par leur mari ou compagnon (ou ancien mari ou compagnon) a diminu de 19% par rapport 2011. Des organisations de dfense des droits des femmes se sont dites proccupes par les modifications envisages du Code pnal, qui reprsenteraient un pas en arrire dans la lutte contre la violence visant les femmes et les filles. Le projet nincluait pas, par exemple, linfraction de violences

Impunit
De nombreuses atteintes aux droits humains commises apparemment par des policiers restaient impunies, malgr des lments de preuve accablants. n Les autorits nont pas fait la lumire sur la disparition force de Gabriel Sandi Alistar et de Juan Almonte Herrera. Ces deux hommes ont t vus pour la

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lies au genre, et allgeait les peines prvues pour certaines formes de violences faites aux femmes et aux filles.

4 Towards a successful reform? Proposals for an organic law to help bring about comprehensive reform of the National Police in the Dominican Republic (AMR27/016/2012).

Droits sexuels et reproductifs


Linterdiction totale de lavortement demeurait en vigueur. Le projet de modification du Code pnal autoriserait une exception lorsque la vie de la femme est menace. Les organisations de dfense des droits des femmes considraient toutefois que la formulation de cette disposition tait trop vague. n En aot, Rosaura, une adolescente de 16ans souffrant de leucmie, est morte des suites de complications dune fausse couche. Elle navait pas pu subir davortement thrapeutique, comme le recommandaient plusieurs professionnels de la sant, cette pratique tant interdite par la loi. Son traitement chimiothrapeutique avait galement t report, car les mdecins craignaient des rpercussions sur le ftus.

RPUBLIQUE TCHQUE
RPUBLIQUE TCHQUE
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Vclav Klaus Petr Neas Des organismes intergouvernementaux, des ONG et des experts en matire de droits humains ont dnonc avec force labsence de mesures gouvernementales efficaces visant remdier la sgrgation des lves roms dans le systme ducatif. Cette anne encore, des Roms ont subi des expulsions forces.

Libert dexpression journalistes


Le Syndicat national des professionnels de la presse a indiqu quun trs grand nombre de journalistes et dautres professionnels des mdias avaient t harcels et agresss physiquement. Dans la majorit des cas, les auteurs de ces agissements nont pas t traduits en justice. Des proccupations existaient concernant le projet de rforme du Code pnal, qui comprenait des peines allant jusqu trois ans demprisonnement pour les personnes critiquant des lus ou des fonctionnaires nomms par le gouvernement.

Discrimination les Roms


Des Roms ont cette anne encore t la cible de manuvres dintimidation et dagressions violentes. Le Centre europen des droits des Roms a fait tat de rassemblements anti-Roms, dincendies volontaires visant les maisons de familles Roms et de diverses autres agressions.

Enseignement
Le ministre de lducation, Josef Dobe que certaines ONG avaient vivement critiqu par le pass, laccusant dentraver les efforts destins mettre fin la sgrgation des Roms dans les tablissements scolaires a dmissionn en mars; il a t remplac en mai par Petr Fiala. Le nouveau ministre sest engag faire cesser la discrimination dont les enfants roms faisaient lobjet en matire daccs lducation. En octobre, la situation des droits humains en Rpublique tchque a t value dans le cadre de lExamen priodique universel de lONU. La Rpublique tchque a t invite liminer les pratiques qui perptuent la sgrgation des enfants roms dans les coles, et mettre pleinement en uvre le Plan national daction pour lducation inclusive.

Droits en matire de logement expulsions forces


R
Selon des ONG locales, plusieurs expulsions forces ont eu lieu, la police faisant un usage illgal de la force diverses reprises.

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus en Rpublique
dominicaine en novembre-dcembre. 4 Dominican Republic: Submission to the UN Human Right Committee (AMR27/001/2012). 4 Dominican Republic: Open letter from Amnesty International to Dominican presidential candidates for the May 2012 elections (AMR27/005/2012).

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Amnesty International - Rapport 2013

Le commissaire aux droits de lhomme du Conseil de lEurope, Nils Muinieks, a dclar en novembre que les coles pratiques (autrefois appeles coles spciales) perptuaient la sgrgation des enfants roms, lingalit et le racisme. Il a demand quelles soient progressivement fermes et remplaces par des tablissements scolaires ordinaires dment prpars accueillir et aider tous les lves, indpendamment de leur origine ethnique. En dcembre, le Comit des ministres du Conseil de lEurope sest dit proccup par le peu de progrs raliss, cinq ans aprs larrt rendu par la Cour europenne des droits de lhomme dans laffaire D.H. et autres c. Rpublique tchque, pour remdier aux causes de la discrimination subie par les coliers roms. Le Comit a toutefois pris acte de lengagement renouvel du gouvernement mettre fin la sgrgation des Roms dans le systme ducatif.

municipaux. Les personnes restes dans limmeuble de Pedlice craignaient que les autorits ne procdent dautres expulsions forces.

Strilisation force de femmes roms


n En octobre, dans le cadre de lExamen priodique universel [ONU], la Rpublique tchque a une nouvelle fois t invite enquter sur les affaires concernant des femmes roms strilises sans leur consentement et veiller ce que ces femmes bnficient dune indemnisation et de rparations appropries.

Droits des migrants


Des ONG ont continu de dnoncer le placement en dtention des demandeurs dasile et labsence de recours juridiques effectifs contre cette pratique. n Les informations judiciaires ouvertes sur des cas prsums de travailleurs migrants employs dans le secteur forestier victimes de fraude, de traite et de chantage se sont poursuivies. Les avocats des migrants concerns ont port plainte contre des dcisions de la police visant clore certaines enqutes. Ils ont galement dplor le fait que la longueur des procdures entranait la disparition de certains lments de preuve essentiels. n Dans laffaire Buishvili c. Rpublique tchque, la Cour europenne des droits de lhomme a considr, en octobre, que les autorits tchques avaient viol le droit dun demandeur dasile gorgien de contester la lgalit de sa dtention dans le cadre dune procdure judiciaire. Cet homme avait t transfr des Pays-Bas en Rpublique tchque au titre du rglement DublinII. Le ministre de lIntrieur lui ayant refus lentre sur le territoire tchque, il avait t plac dans le centre de rtention de laroport de Prague. Il a fait valoir avec succs quil navait pas pu engager daction judiciaire pour obtenir sa libration dans la mesure o un tribunal pouvait annuler la dcision ministrielle mais ne pouvait pas ordonner sa remise en libert.

Logement
n En aot, plus de 300Roms habitant dans la rue Pedndra, Ostrava, ont t menacs dune expulsion force aprs avoir reu un avis leur laissant 24heures pour quitter leur logement de leur plein gr. La plupart dentre eux ont fini par partir et accepter les solutions dhbergement provisoire qui leur taient proposes dans des foyers, malgr les inquitudes des ONG concernant les tarifs pratiqus par ces foyers et leur surpopulation. Le gouvernement et le maire dOstrava ont dclar quil ne leur appartenait pas de rsoudre ces problmes. n En octobre, la haute cour dOlomouc a considr que la municipalit dOstrava ne stait pas rendue coupable de discrimination en imposant des obligations administratives supplmentaires aux demandeurs de logements permanents qui taient roms. n En novembre, la municipalit dst nad Labem a expuls 36habitants dun immeuble de Pedlice, un quartier peupl essentiellement de Roms. La mairie a fait valoir que le btiment prsentait des dfauts de construction le rendant inhabitable. Les habitants expulss et les militants locaux ont dclar que lopration avait t conduite sans consultation pralable adquate et sans que la municipalit nait propos de solutions de relogement acceptables. Ils ont t temporairement hbergs dans un gymnase de la ville avant dtre transfrs dans des foyers pour travailleurs trop coteux et inadapts leurs besoins. Ils ont galement rencontr des difficults pour scolariser leurs enfants et accder dautres services

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus en Rpublique
tchque en juin et en juillet. 4 Five more years of injustice: Segregated education for Roma in Czech Republic (EUR71/006/2012). 4 Czech Republic: Joint NGO Submission D.H. and Others v the Czech Republic (EUR71/009/2012). 4 Czech Republic: Comments to the consolidated action plan for the execution of the judgment of the European Court of Human Rights in the case of D.H. and Others v. the Czech Republic (EUR71/010/2012).

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ROUMANIE
ROUMANIE
Chef de ltat: Traian Bsescu Chef du gouvernement: Emil Boc, remplac par Mihai Rzvan Ungureanu le 9fvrier, remplac son tour par Victor Ponta le 7mai La police a t accuse davoir fait usage dune force arbitraire et disproportionne lgard de manifestants qui protestaient contre laustrit et la politique gouvernementale. Les autorits municipales de Baia Mare et de Piatra Neam se sont livres de nombreuses expulsions forces dhabitants roms. Le Parlement europen a appel le gouvernement roumain ouvrir une nouvelle enqute sur limplication de la Roumanie dans le programme de restitutions et de dtentions secrtes dirig par la CIA.

Utilisation excessive de la force


la suite des violences de janvier entre la police et des manifestants qui protestaient contre la politique du gouvernement, des policiers ont t accuss de brutalits. Selon des informations reprises par la presse, ainsi que des squences vido, la police aurait recouru une force excessive contre des manifestants apparemment pacifiques qui ne lui opposaient aucune rsistance. Le Comit Helsinki de Roumanie a runi des informations concernant plusieurs cas prcis de dbordements policiers commis pendant les manifestations. Selon cette ONG, certaines des actions menes par les responsables de lapplication des lois ont t arbitraires et disproportionnes. En fvrier, le ministre de lAdministration et de lIntrieur a indiqu que des enqutes taient en cours la suite de quatre plaintes portes au pnal concernant le comportement de certains policiers lors des manifestations. Aucune inculpation navait t prononce la fin de lanne.

Contexte
Le gouvernement est tomb deux reprises en 2012. Le cabinet dEmil Boc (Parti dmocrate libral) a dmissionn en fvrier aprs des semaines de manifestations contre les mesures daustrit. En avril, aprs une nouvelle vague de protestation, le gouvernement suivant, dirig par Mihai Razvan Ungureanu, a son tour d jeter lponge aprs stre vu refuser la confiance par le Parlement. Le prsident de la Rpublique a alors nomm un Premier ministre par intrim, en la personne de Victor Ponta. Le Parti social dmocrate, la formation dont tait issu ce dernier, a par la suite remport une majorit de siges lors des lections lgislatives de dcembre. Le chef de ltat a t suspendu de ses fonctions en juillet, la suite dun vote du Parlement en faveur de sa destitution. Le gouvernement lavait auparavant accus davoir enfreint la Constitution. Le rfrendum organis dans la foule pour confirmer la suspension du chef de ltat na pas t valid, faute dune participation suffisante, et ce dernier est finalement rest la tte du pays. En juillet, la Commission europenne sest dite trs inquite quant la situation en Roumanie en matire de respect de ltat de droit et dindpendance du systme judiciaire.

Discrimination les Roms


Droit lducation
En octobre, le Comit consultatif de la Conventioncadre pour la protection des minorits nationales (Conseil de lEurope) a indiqu que des enfants roms continuaient dtre placs dans des tablissements pour enfants handicaps ou dans des coles ou des classes spares.

Droits en matire de logement


Au niveau local, les pouvoirs publics ont cette anne encore expuls de force des Roms pour les reloger dans des logements inadapts, spars du reste de la population. n Les conditions de logement de quelque 76 familles, essentiellement dorigine rom, expulses de force en dcembre 2010 du centre de Cluj-Napoca, ntaient toujours pas satisfaisantes. Elles vivaient la priphrie de la ville, prs de la dcharge municipale et dun ancien site de dversement de dchets chimiques. Lors de rencontres avec les familles expulses, les autorits locales se sont engages commencer les dplacer en 2013, dans le cadre dun projet labor en collaboration avec le Programme des Nations unies pour le dveloppement (PNUD). Les dtails de cette initiative restaient cependant flous.

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n Le tribunal de Cluj-Napoca a rejet, le 18avril, la requte dpose par la socit roumaine des chemins de fer (CFR), concernant lexpulsion denviron 450personnes, principalement des Roms, qui vivaient rue Cantonului, dans cette mme ville de Cluj-Napoca. La dcision cartait lventualit dune expulsion force de ces habitants, dont beaucoup avaient t installs dans le quartier par la municipalit et y vivaient depuis 2002. n Une cour dappel a annul en avril la dcision du Conseil national de lutte contre les discriminations, qui entendait imposer une amende aux autorits municipales de Baia Mare pour avoir construit un mur de bton sparant les pts de maisons occups par des Roms des quartiers habits par le reste de la population. La cour a estim que ce mur constituait une mesure adapte au risque daccidents de la circulation quelle tait cense combattre, et quil ne reprsentait pas un lment de sgrgation ethnique des Roms de la ville. Le Conseil national de lutte contre les discriminations a annonc son intention de faire appel. n La municipalit de Baia Mare a procd en mai et en juin lexpulsion force denviron 120familles roms qui habitaient le secteur de Craica, le plus important quartier rom de la ville. Ces familles ont t installes dans trois ensembles dimmeubles appartenant lusine mtallurgique CUPROM, qui ntaient pas destins accueillir des habitants. Des familles entires ont t entasses dans une ou deux pices, sans chauffage ni isolation suffisante. Les installations sanitaires taient limites. n La municipalit de Piatra Neam a dplac en aot quelque 500Roms qui vivaient dans des habitations aux portes de la ville, pour les reloger dans une zone o ils taient totalement coups du reste de la population, deux kilomtres de larrt de bus le plus proche. Les logements proposs navaient pas llectricit et le secteur ne disposait pas des infrastructures ncessaires (clairage public et voie daccs adapte, par exemple).

Lutte contre le terrorisme et scurit


Dans un rapport publi en septembre, le Parlement europen a appel tous les tats membres de lUnion europenne (dont la Roumanie) souponns davoir hberg des centres de dtention secrets de la CIA sacquitter de lobligation absolue que leur faisait la loi de mener une enqute indpendante, impartiale, approfondie et effective sur leur implication dans le programme de restitutions et de dtentions secrtes de lagence amricaine. Ce rapport demandait aux autorits douvrir une nouvelle enqute au vu des tmoignages danciens responsables amricains, qui avaient indiqu quun centre secret de dtention avait bien exist Bucarest, et la lumire des nouveaux lments de preuve concernant des vols entre, dune part, la Roumanie et, dautre part, la Lituanie et la Pologne, deux pays eux aussi accuss davoir hberg des sites secrets de la CIA. n La Cour europenne des droits de lhomme a communiqu en octobre laffaire Al Nashiri c. Roumanie aux autorits roumaines. Cette affaire concernait un ressortissant saoudien qui affirmait avoir t emprisonn et tortur dans un centre de dtention secret de la CIA situ en Roumanie, avant son transfert vers la base militaire amricaine de Guantnamo, sur lle de Cuba.

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus en Roumanie en
mars, en mai, en octobre et en dcembre. 4 Europe: Policing demonstrations in the European Union (EUR01/022/2012). 4 Roumanie. Des fondations instables. Il faut garantir le droit au logement en Roumanie (EUR39/002/2012). 4 Romania: Forced eviction of Roma and alleged collusion in US-led rendition and secret detention programmes: Amnesty International Submission to the UN Universal Periodic Review, January-February 2013 (EUR39/012/2012).

Droits sexuels et reproductifs


Un projet de loi prsent en septembre au Parlement visait obliger les femmes enceintes rencontrer un conseiller. Une telle mesure devait entraner notamment des cots supplmentaires et ventuellement un rallongement des dlais dattente pour les femmes souhaitant subir une interruption de grossesse.

Amnesty International - Rapport 2013

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ROYAUME-UNI
ROYAUME-UNI DE GRANDE-BRETAGNE ET DIRLANDE DU NORD
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Elizabeth II David Cameron Louverture dune information judiciaire a t annonce dans deux cas prsums de restitution. Lenqute relative aux personnes dtenues ltranger dans le cadre des oprations antiterroristes (Detainee inquiry) a t clture prmaturment la suite de ces nouvelles enqutes pnales. Un projet de loi qui autoriserait le gouvernement utiliser des lments tenus secrets dans les affaires ayant trait la scurit nationale qui sont examines devant des juridictions civiles a t rendu public. Le moratoire sur le transfert de dtenus aux autorits afghanes a t maintenu.

Torture et autres mauvais traitements


Le 12janvier, la police mtropolitaine de Londres et le substitut du procureur gnral ont annonc que, la suite dune enqute, aucune inculpation ne serait prononce contre les membres des services britanniques du renseignement qui avaient t mis en cause dans deux affaires de mauvais traitements infligs des dtenus ltranger. Le premier cas concernait la participation dagents britanniques des actes de torture et dautres formes de mauvais traitements infligs Binyam Mohamed; le second avait trait au traitement subi par un individu non identifi dtenu par les autorits amricaines sur la base arienne de Bagram, en Afghanistan, en janvier 2002. La police mtropolitaine a toutefois dclar quelle avait recueilli dautres allgations et se rservait la possibilit de conduire de nouvelles investigations. Les autorits ont en revanche annonc louverture dune information judiciaire sur limplication du Royaume-Uni dans la restitution de Sami al Saadi et Abdel Hakim Belhaj la Libye, en 2004, et dans les actes de torture et les mauvais traitements qui leur auraient t infligs. Sami al Saadi et sa famille ont accept, en dcembre, un accord financier propos par le gouvernement britannique. Laction civile en dommages et intrts intente par Abdel Hakim Belhaj contre le Royaume-Uni tait en instance la fin de lanne.

Le gouvernement a annonc, le 18janvier, que lenqute relative aux dtenus (Detainee Inquiry) serait clture avant son terme, en raison des nouvelles investigations menes sur les restitutions prsumes en Libye. Cette procdure avait t instaure en 2010 pour examiner les allgations selon lesquelles le Royaume-Uni aurait particip des violations des droits fondamentaux de personnes dtenues ltranger dans le cadre doprations antiterroristes. Le protocole de cette enqute ne respectait pas les normes internationales relatives aux droits humains garantissant des enqutes approfondies, indpendantes et impartiales. Un rapport a t remis aux autorits le 27juin pour rendre compte du travail effectu jusqu cette date dans le cadre de lenqute. Il navait pas t rendu public la fin de lanne. En septembre, un rapport du Parlement europen a appel un certain nombre de pays, dont le Royaume-Uni, divulguer toutes les informations disponibles concernant tous les avions suspects lis au programme de restitution de la CIA et leur territoire. En octobre, la Haute Cour de justice a rejet les actions que le gouvernement avait intentes pour carter les plaintes dposes par trois Knyans torturs par les autorits coloniales britanniques au Kenya dans les annes1950. Elle a conclu que, malgr le temps coul, un procs quitable restait possible en raison de la prsence de trs nombreuses preuves.

Lutte contre le terrorisme et scurit


Le gouvernement continuait de sappuyer sur des assurances diplomatiques peu fiables et inapplicables lorsquil cherchait renvoyer des personnes qui, selon lui, reprsentaient un danger pour la scurit nationale vers des pays o elles risquaient dtre victimes de violations graves des droits humains, notamment de torture. n En janvier, la Cour europenne des droits de lhomme a statu sur le cas dOmar Othman (galement connu sous le nom dAbu Qatada), un Jordanien que les autorits souhaitaient expulser pour des motifs de scurit nationale. Elle a conclu que, bien que les assurances diplomatiques de la Jordanie suffisaient rduire le risque de torture et dautres mauvais traitements que cet homme pourrait subir son retour dans son pays, il serait expos un risque

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Amnesty International - Rapport 2013

rel de dni de justice flagrant en raison de lutilisation de tmoignages dautres personnes obtenus sous la torture. La Commission spciale des recours en matire dimmigration (SIAC) a conclu, en novembre, quAbu Qatada ne pouvait pas tre expuls car des lments de preuve obtenus sous la torture risquaient toujours dtre utiliss lors de son procs, en dpit des efforts du gouvernement pour obtenir de nouvelles assurances. Les autorits britanniques avaient lintention dinterjeter appel de cette dcision. n Dans un arrt rendu en avril, la Cour europenne des droits de lhomme a estim que cinq hommes en instance dextradition vers les tats-Unis pour des actes de terrorisme ne risquaient pas dtre torturs ou maltraits sils taient condamns et incarcrs dans la prison de trs haute scurit de Florence, au Colorado. Les cinq hommes ont t extrads vers les tats-Unis le 5octobre. Le rgime des ordonnances de contrle a t remplac en janvier par celui des mesures dinvestigation et de prvention du terrorisme (TPIM). Bien que dampleur plus limite que lancien systme, les TPIM autorisaient la privation de libert, la restriction du droit de circuler librement et la limitation des activits des personnes souponnes dimplication dans des actes de terrorisme, sur la base dinformations tenues secrtes. Dix mesures relevant des TPIM taient en vigueur au 30novembre.

de transparence de la justice, et quil empcherait les victimes de violations des droits humains dobtenir la divulgation devant les tribunaux dlments relatifs ces violations. Le texte contenait des dispositions limites visant amliorer le contrle des services du renseignement. Des reprsentants de la socit civile et des ONG ont mis des rserves propos de limpact de la Loi relative laide judiciaire, la condamnation et aux peines applicables aux contrevenants, entre en vigueur en mai. Ils craignaient que cette loi ne restreigne laccs la justice dans certains cas, et notamment pour les personnes victimes datteintes aux droits fondamentaux commises ltranger par des socits multinationales. La commission charge de dterminer si une Charte britannique des droits devait tre rdige pour remplacer la Loi relative aux droits humains a remis son rapport en dcembre. Elle ntait pas parvenue un consensus.

Forces armes
En juillet, 169Irakiens ont t autoriss solliciter un rexamen judiciaire pour faire valoir que lIraq Historic Allegations Team (IHAT), une commission charge denquter sur les allgations dactes de torture et dautres mauvais traitements infligs des citoyens irakiens par des soldats britanniques, ntait toujours pas assez indpendante, malgr les changements structurels introduits par le gouvernement. Les avocats des plaignants ont argu quune commission denqute devait tre mise en place pour mener des investigations srieuses sur les ventuelles violations des droits humains commises par larme britannique en Irak. Le 29novembre, le ministre de la Dfense a annonc quil allait maintenir, jusqu nouvel ordre, le moratoire sur le transfert de dtenus aux autorits afghanes, eu gard de nouvelles informations faisant tat de mauvais traitements graves infligs aux dtenus en Afghanistan. Cette dcision a t annonce lors dune audience de la Haute Cour de justice dans laffaire concernant Serdar Mohammed, un Afghan arrt par les forces britanniques en 2010 et remis par la suite aux services du renseignement afghans. Cet homme stait plaint davoir t tortur lorsquil tait aux mains de ces services, puis soumis un procs manifestement inique. n La Cour suprme a confirm en octobre lordonnance dhabeas corpus concernant Yunus Rahmatullah.

volutions lgislatives et politiques


Le gouvernement a rendu public en mai un projet de loi sur la justice et la scurit qui tendait aux procdures civiles considres par le gouvernement comme relevant de la scurit nationale le recours des procdures pour documents sensibles. Ces procdures autorisent le gouvernement utiliser des documents secrets qui ont t remis un tribunal lors daudiences huis clos auxquelles ni les plaignants ni leurs avocats ni le public nont accs. Le projet de loi contenait galement des dispositions visant supprimer la possibilit pour les tribunaux dordonner la divulgation dinformations sensibles (y compris des informations concernant des allgations de violations des droits humains), qui seraient susceptibles daider des individus dans un procs contre un tiers. Des ONG, des avocats et des mdias ont fait part de leur inquitude quant au fait que le projet de loi tait contraire aux principes dquit et

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Captur en 2004 par les troupes britanniques en Irak, cet homme avait t remis larme amricaine, qui lavait transfr en Afghanistan, o il tait maintenu en dtention sans inculpation. La Cour suprme a considr que selon certains lments la dtention de Yunus Rahmatullah tait illgale aux termes des Conventions de Genve et que le gouvernement britannique tait tenu de solliciter son transfert au Royaume-Uni. Elle a toutefois conclu que le refus des tats-Unis de remettre cet homme aux autorits britanniques suffisait dmontrer que le Royaume-Uni navait pas pu obtenir sa remise en libert.

Police et forces de scurit


En janvier, deux hommes ont t reconnus coupables du meurtre caractre raciste de Stephen Lawrence, commis en 1993. Une enqute mene en 1999 avait conclu que les investigations policires sur cette affaire avaient t fausses par leffet conjugu de lincomptence professionnelle, dun racisme institutionnalis et dun dfaut dautorit de la part des officiers suprieurs. Un policier inculp dhomicide involontaire dans laffaire de la mort de Ian Tomlinson, survenue en avril2009 durant les manifestations organises Londres en marge du G20, a t acquitt en juillet. En 2011, un jury avait rendu un verdict dhomicide illgal lissue de lenqute visant rechercher les causes de la mort, et conclu que Ian Tomlison tait mort des suites dune hmorragie interne aprs avoir t frapp coups de matraque et prcipit terre par un policier. En septembre, une commission disciplinaire de la police mtropolitaine de Londres a estim que le comportement du policier constituait une faute professionnelle grave.

Irlande du Nord
De nouveaux cas de violences imputables des groupes paramilitaires ont t signals. David Black, un gardien de prison, a t abattu le 1er novembre. Des rpublicains dissidents ont revendiqu son assassinat. Un certain nombre dlus et de journalistes ont t agresss ou menacs par des membres de groupes paramilitaires loyalistes ou par des inconnus. Plusieurs personnes, dont des policiers, ont t blesses lors de troubles de lordre public au cours de lanne. La commission denqute mise en place par le gouvernement dIrlande du Nord sur les mauvais

traitements infligs entre 1922 et 1995 des enfants placs en institution a dbut ses travaux en octobre. LInspection royale de la police a entam en novembre son enqute sur le travail de lHistorical Enquiries Team (HET), un organisme charg de reprendre tous les cas de dcs attribus au conflit en Irlande du Nord. Cette enqute portera sur la question de savoir si les investigations menes par le HET dans des affaires mettant en cause larme sont conformes aux normes en matire de droits humains et daction policire. n La police dIrlande du Nord a confirm en dcembre quune information judiciaire allait tre ouverte en 2013 sur les vnements du 30janvier 1972, lorsque 13personnes qui manifestaient en faveur des droits civiques ont t tues par des soldats britanniques. Ce jour a t appel par la suite Bloody Sunday (Dimanche sanglant). n En dcembre, la Haute Cour dIrlande du Nord a annul un rapport rdig en 2011 par le mdiateur de la police dIrlande du Nord sur le meurtre de six hommes lors dune attaque perptre par des paramilitaires dans un bar de Loughinisland, dans le comt de Down, en juin 1994. Entr en fonction en juillet, le nouveau mdiateur de la police a entrepris des rformes en vue de garantir la qualit, lexhaustivit et lindpendance des enqutes historiques sur les fautes commises par des policiers dans lexercice de leurs fonctions. n En dcembre, un rexamen du meurtre de Patrick Finucane, un avocat tu en 1989, a mis au jour de nombreux lments graves dmontrant la complicit de ltat dans cet assassinat, tout en concluant labsence de complot gnral au niveau de ltat. Le Premier ministre a prsent des excuses la famille de Patrick Finucane. Cette initiative ne constituait toutefois pas lenqute srieuse, indpendante et approfondie qui tait ncessaire et qui avait t promise la famille.

Violences faites aux femmes et aux filles


Le gouvernement a annonc, en mai, une nouvelle initiative visant prvenir les violences sexuelles dans les conflits et les situations daprs-conflit, soulignant que ce thme serait une priorit de la prsidence britannique du G8 en 2013. Le Royaume-Uni a sign en juin la Convention sur la prvention et la lutte contre la violence lgard des femmes et la violence domestique [Conseil de lEurope].

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De nouvelles dispositions introduites en novembre en Angleterre et au Pays de Galles ont rig le harclement en infraction pnale.

4 Afghanistan. Le Royaume-Uni est tenu de maintenir le moratoire sur les transferts de dtenus vers lAfghanistan (ASA11/020/2012). 4 Une affaire de restitution dun Libyen montre quil est temps pour le Royaume-Uni de dire la vrit (PRE01/206/2012).

Rfugis et demandeurs dasile


Le parquet a annonc en juillet quil nexistait pas suffisamment dlments de preuve pour prononcer des inculpations dans laffaire de la mort de Jimmy Mubenga, en 2010. Des tmoignages indiquaient toutefois que cet homme avait t soumis une technique dangereuse de contrainte, et certains lments donnaient penser que la formation des agents de scurit prsentait des lacunes. Jimmy Mubenga, de nationalit angolaise, avait perdu connaissance et tait mort aprs que des agents dune socit de scurit prive lavaient immobilis lors dune tentative dexpulsion vers son pays. Les autorits ont tent, en octobre, de renvoyer de force un Syrien dans son pays, en dpit de lavis contraire mis par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les rfugis (HCR). Le renvoi forc de cet homme a t bloqu au dernier moment par une dcision de la Haute Cour de justice. En dcembre, le Tribunal dappel des affaires dimmigration et dasile a rendu une dcision dorientation qui concluait que, dans le contexte actuel, aucun demandeur dasile ne devait tre renvoy de force en Syrie tant donn les risques auxquels il serait expos son retour. Des Sri-Lankais ont t renvoys de force dans leur pays malgr des lments crdibles dmontrant quils encouraient un risque rel de torture, entre autres atteintes graves leurs droits fondamentaux, leur retour.

RUSSIE
FDRATION DE RUSSIE
Chef de ltat: Dmitri Medvedev, remplac par Vladimir Poutine le 7 mai Chef du gouvernement: Vladimir Poutine, remplac par Dmitri Medvedev le 7 mai Le pouvoir a rpondu par la rpression la monte de la contestation politique pacifique. De nouvelles lois limitant les droits la libert dexpression, de rassemblement et dassociation ont t adoptes. Les dfenseurs des droits humains, les journalistes et les juristes taient toujours en butte des actes de harclement, mais les enqutes menes sur les agressions parfois violentes dont certains dentre eux ont t victimes nont donn aucun rsultat. La torture et les autres formes de mauvais traitements constituaient toujours une pratique courante, et les auteurs de tels actes taient rarement traduits en justice. Les procs ntaient pas conformes aux normes internationales dquit et les jugements manifestement inspirs par des considrations politiques se sont multiplis. Le nord du Caucase restait en proie linscurit et linstabilit et les oprations menes en raction par les forces de scurit ont t entaches de violations systmatiques des droits humains, perptres avec une quasi totale impunit.

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus en Irlande du
Nord en mars, septembre et dcembre. Des reprsentants de lorganisation ont assist des procs en Angleterre tout au long de lanne. 4 UK: Detainee Inquiry closure presents an opportunity for real accountability (EUR45/005/2012). 4 United Kingdom: Submission to the Joint Committee on Human Rights The Justice and Security Green Paper (EUR45/006/2012). 4 Royaume-Uni. Abu Qatada risque toujours la torture et un procs inique (EUR45/010/2012). 4 Left in the dark: the use of secret evidence in the United Kingdom (EUR45/014/2012). 4 Les tats-Unis doivent respecter les droits des personnes extrades depuis le Royaume-Uni (AMR51/086/2012).

Contexte
Le retour de Vladimir Poutine la prsidence, lissue dlections trs critiques, a suscit une vague de protestations dans la population, de nombreux citoyens exigeant davantage de liberts civiles et politiques, en particulier loccasion de la prise de fonctions officielle du chef de ltat, en mai. Les autorits ont ragi en renforant les restrictions pesant sur ces liberts. Les manifestations ont frquemment t interdites ou perturbes. De nouvelles lois rpressives ont t adoptes, bien

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souvent sans la moindre consultation des citoyens et malgr lopposition de nombreux secteurs de la socit. Elles mettaient en place de lourdes sanctions administratives et pnales, susceptibles dtre utilises pour rprimer les protestations lgitimes, les activits politiques et les actions de la socit civile, ainsi que pour empcher que des fonds venant de ltranger puissent servir financer des activits civiques. La Russie a ragi avec agressivit aux critiques internationales de son bilan en matire de droits humains. Aux tats-Unis, une loi a t adopte qui prvoyait diverses sanctions, notamment des restrictions aux dplacements, lencontre des agents de ltat prsums responsables du dcs de lavocat Sergue Magnitski, mort en dtention en 2009. Des projets de loi similaires ont t dposs dans plusieurs autres pays. Les autorits russes ont ripost par des sanctions de mme type et en interdisant ladoption denfants russes par les ressortissants amricains. Elles ont en outre interdit aux ONG russes de recevoir des fonds des tats-Unis. La croissance conomique sest poursuivie, bien qu un rythme moins soutenu en raison de la baisse des prix du ptrole, du ralentissement conomique mondial et de labsence de rformes structurelles sur le plan national. Les manifestations ont diminu en intensit la fin de lanne mais, dans le mme temps, les sondages dopinion faisaient apparatre une baisse du soutien aux dirigeants politiques du pays.

n Le 6mai, cest--dire la veille de linvestiture de Vladimir Poutine la Prsidence, un cortge de manifestants qui se dirigeait vers la place Bolotnaa, Moscou, en suivant un itinraire autoris, a t bloqu par la police. La confrontation a t marque par quelques chauffoures. la suite de ces vnements, 19manifestants ont t inculps pour participation ce que les autorits ont qualifi dmeutes de masse. Lun dentre eux, qui avait plaid coupable, a t condamn quatre ans et demi demprisonnement. Les autres attendaient dtre jugs la fin de lanne. Plusieurs militants politiques de premier plan ont t considrs comme des tmoins dans cette affaire et leurs domiciles ont t perquisitionns, dans le cadre doprations largement couvertes par les chanes de tlvision publiques. Les 6 et 7mai, des centaines de manifestants non violents ont t arrts dans les rues de Moscou, certains uniquement parce quils arboraient un ruban blanc en signe de protestation contre la fraude lectorale. La Loi sur les manifestations publiques a t de nouveau modifie en juin. La liste des infractions quelle sanctionnait a t allonge, de nouvelles restrictions ont t adoptes et les sanctions ont t alourdies.

Libert dexpression
Le droit la libert dexpression a t de plus en plus restreint. lexception de quelques organes de presse la diffusion limite, la plupart des mdias restaient de fait contrls par ltat. La tlvision nationale semployait rgulirement, aux heures de grande coute, discrditer les personnes critiques lgard du gouvernement. La diffamation a de nouveau t inscrite au nombre des infractions sanctionnes par le Code pnal, huit mois seulement aprs en avoir t exclue. Le Code pnal a par ailleurs t modifi pour largir en la rendant plus vague la dfinition de la trahison et de lespionnage, afin quelle couvre dsormais aussi la fourniture dinformations ou dune quelconque assistance des organisations ou des tats trangers dont les activits sont diriges contre la scurit de la Fdration de Russie. Une nouvelle loi donnait au gouvernement le droit de mettre lindex et de bloquer les sites Internet publiant des lments considrs comme extrmistes ou, de faon gnrale, nfastes la sant, la morale ou la scurit publiques. Ces

Libert de runion
La police dispersait rgulirement, et souvent avec brutalit, les manifestations pacifiques organises un peu partout en Russie, y compris les rassemblements ne regroupant que quelques personnes et ne prsentant aucune menace ni aucune gne pour lordre public. Les pouvoirs publics considraient toute manifestation, aussi paisible et modeste soitelle, comme un acte illgal, ds linstant o elle navait pas t dment autorise. En revanche, les rassemblements de militants favorables au gouvernement ou lglise orthodoxe pouvaient se drouler le plus souvent sans que les forces de scurit ninterviennent, mme lorsquils navaient pas t autoriss au pralable. De nombreux cas de brutalits policires contre des manifestants pacifiques ou des journalistes ont t signals, sans quaucune enqute approfondie ne soit effectue.

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nouvelles dispositions avaient dj t invoques la fin de lanne pour fermer plusieurs sites publiant des contenus pourtant protgs par le droit la libert dexpression. n Maria Alekhina, Ekaterina Samoutsevitch et Nadejda Tolokonnikova, toutes trois membres du groupe punk Pussy Riot, ont t arrtes en mars, aprs une performance politique tenant certes de la provocation, mais brve et non violente, dans la cathdrale moscovite du Christ-Sauveur. Elles ont t reconnues coupables en aot de hooliganisme motiv par la haine religieuse et ont t toutes les trois condamnes deux annes demprisonnement. Ekaterina Samoutsevitch a toutefois bnfici dun sursis en appel et a t libre le 10octobre. n Le 29novembre, un tribunal de Moscou a dclar que les images vido montrant la performance du groupe dans lglise taient de nature extrmiste et quelles ne pouvaient donc pas tre mises en ligne.

verbalement plusieurs clients de ltablissement. Ils ont t interpells par la police. Toutefois, lorsque les victimes se sont rendues au poste de police pour porter plainte, elles ont t places dans la mme pice que leurs agresseurs. Ceux-ci les ont de nouveau menaces et ont fini par tre remis en libert sans inculpation.

Dfenseurs des droits humains


De nouveaux cas de harclement de dfenseurs des droits humains ont t signals. Dans le Caucase du Nord, ainsi que dans dautres rgions, les militants, les journalistes et les avocats de personnes victimes de violations des droits humains continuaient de faire lobjet de menaces physiques, notamment de la part de responsables de lapplication des lois. Les enqutes sur de nombreuses agressions perptres les annes prcdentes navaient manifestement gure progress. Ctait le cas de lenqute sur le meurtre de Natalia Estemirova. La nouvelle lgislation mettait en place des obstacles administratifs supplmentaires et obligeait les ONG recevant des fonds de ltranger et menant des activits trs gnralement qualifies de politiques senregistrer en tant quorganisations remplissant les fonctions dagents trangers, une terminologie vocatrice dactivits despionnage. Le non-respect de ces dispositions entranait de lourdes amendes, voire lemprisonnement des dirigeants des ONG concernes. Les reprsentants de ltat cherchaient rgulirement salir la rputation des dfenseurs des droits humains et de certaines ONG, ainsi que laction des organisations de dfense des droits fondamentaux en gnral. n Un haut responsable du Service fdral de scurit (FSB) aurait dclar en octobre que ses services avaient fait fermer une vingtaine dONG en Ingouchie, en raison de leurs liens avec des organes de renseignement trangers. Il naurait cependant fourni aucune prcision concernant dventuelles charges despionnage pesant sur telle ou telle ONG en Ingouchie, ni mme cit les noms des organisations frappes par cette mesure. Il a toutefois indiqu que Machr, une association ingouche connue pour son engagement en faveur des droits humains, tait un agent tranger toujours en activit.

Discrimination
Les discriminations en fonction des origines des personnes, de leur appartenance ethnique, de leur genre, de leur religion ou de leurs sympathies politiques restaient trs frquentes. Plusieurs rgions ont adopt des lois discriminatoires lgard des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres ou intersexues (LGBTI). Des projets allant dans le mme sens existaient au niveau fdral. Une loi interdisant la propagande auprs des mineurs en faveur de la sodomie, du lesbianisme, de la bisexualit et des comportements transgenres est entre en vigueur en avril Saint-Ptersbourg. Des textes de mme nature ont t adopts en Bachkirie, dans le district autonome de Tchoukotka et dans les rgions de Krasnodar, Magadan, Novossibirsk et Samara. Un projet similaire a t dpos devant la Douma dtat. Un certain nombre de manifestations prvues en faveur des droits des LGBTI ont t interdites et leurs participants ont t disperss par la police. Un peu partout en Russie, des personnes LGBTI, ainsi que des membres de divers groupes minoritaires, ont continu de faire lobjet dagressions. Ces actes nont pas t suivis denqutes officielles srieuses et, bien souvent, leurs auteurs nont pas t identifis. n Le 4aot, quatre hommes ont pntr de force dans un club LGBTI de Tioumen et sen sont pris

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n Lavocat Omar Sadmagomedov et son cousin ont t tus le 20janvier 2012 Makhachkala, au Daghestan, par des membres des forces de scurit. La version officielle faisait tat de la mort de deux membres dun groupe arm, tus lors dune fusillade. Les confrres dOmar Sadmagomedov ont rejet cette version des faits, estimant quil avait t victime dune excution extrajudiciaire lie ses activits professionnelles, et ont exig louverture dune enqute. Lenquteur en charge du dossier a convoqu lavocat reprsentant la famille dOmar Sadmagomedov, afin de lentendre en tant que tmoin, dans lintention, manifestement, de le disqualifier pour lempcher de jouer un rle de conseil juridique dans cette affaire. n Elena Milachina, journaliste la Novaa Gazeta, un journal indpendant, et lune de ses amies ont t agresses par deux hommes le 4avril dans une rue de Moscou. Les deux femmes ont t grivement blesses. Lenquteur en charge de laffaire a identifi deux individus et a engag des poursuites contre eux. Ceux-ci ont dans un premier temps sign des aveux, avant de se rtracter lorsque leurs familles ont engag des avocats indpendants pour les dfendre. Lenquteur a ignor les dclarations dElena Milachina, qui affirmait que les deux hommes arrts ne correspondaient pas la description faite par son amie de leurs agresseurs, et que les vritables auteurs des violences couraient toujours. n Igor Kaliapine, directeur du Comit contre la torture, une ONG, a t menac de poursuites en raison de son action en faveur dIslam Oumarpachaev, victime de la torture en Tchtchnie. Il a t convoqu le 7juillet, dans le cadre dune enqute judiciaire, pour rpondre des questions concernant la divulgation prsume dinformations confidentielles. En septembre, des journalistes qui avaient interview Igor Kaliapine et plusieurs personnes qui avaient envoy des lettres de soutien ont galement t convoqus pour tre interrogs.

Torture et autres mauvais traitements


De nombreux cas de torture et dautres formes de mauvais traitements ont encore t signals cette anne et les enqutes dans ce genre daffaires taient rares. Selon certaines informations, les responsables de lapplication des lois contournaient frquemment les garanties juridiques existantes destines lutter contre la torture: les dtenus taient parfois placs au secret (en particulier dans le Caucase du Nord);

les agents de ltat avaient souvent recours la force, sous prtexte de matriser des individus violents; les responsables des enqutes refusaient souvent que les dtenus choisissent leur avocat et commettaient doffice des juristes dont ils savaient quils ne se proccuperaient pas de signes de torture ventuels. Une affaire de torture survenue Kazan au mois de mars a cependant eu un retentissement considrable, car la victime est morte lhpital de lsions internes. Lhomme a dclar avant de mourir avoir t viol avec une bouteille alors quil se trouvait dans les locaux de la police. Plusieurs policiers ont t arrts et inculps dabus de pouvoir. Deux dentre eux ont t condamns respectivement deux ans et deux ans et demi demprisonnement. De nombreuses autres allgations de torture par la police de Kazan ont t formules aprs cette affaire, qui a fait beaucoup de bruit dans les mdias. En rponse une initiative lance par une ONG, le directeur du Comit denqute a dcid de crer des services spciaux chargs denquter sur les infractions commises par des responsables de lapplication des lois. Cette dcision na cependant gure eu de consquences pratiques, car les nouveaux services crs nont pas t dots du personnel ncessaire. n Dans la soire du 19janvier, Issa Khachagoulgov, un dtenu du centre de dtention provisoire de Vladikavkaz, en Osstie du Nord, aurait t conduit dans un lieu qui na pas t rvl et pass tabac. Ses tortionnaires lauraient menac de recommencer sil refusait de cooprer dans le cadre de lenqute dont il faisait lobjet. Entre le 6 et le 8fvrier, Issa Khachagoulgov aurait t emmen pendant plusieurs heures par jour hors du centre de dtention o il se trouvait, chaque fois que ses avocats cherchaient le voir. Il aurait t maltrait. Souponn dappartenance un groupe arm, Issa Khachagoulgov avait dj t transfr plusieurs reprises de centre de dtention en centre de dtention. Sa famille et ses avocats navaient pas pu obtenir dinformations sur son sort, parfois pendant plusieurs jours daffile. Ses plaintes nont jamais donn lieu une enqute. n Le militant russe dopposition Leonid Razvozjaev a disparu le 19octobre Kiev, en Ukraine, devant les bureaux dune organisation partenaire du HautCommissariat des Nations unies pour les rfugis (HCR). Le Comit denqute de Moscou a dclar le 22octobre quil tait rentr de son plein gr en Russie et stait rendu aux autorits. Leonid Razvozjaev a

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dmenti cette version par la voix de son avocat. Il a affirm avoir en fait t enlev et ramen clandestinement en Russie, puis plac en dtention dans un lieu secret, maltrait et contraint de signer une dclaration dans laquelle il saccusait, ainsi que dautres militants politiques, dimplication dans lorganisation de troubles de masse en Russie, selon des ordres reus de ltranger. Les autorits russes ont rejet ces allgations et refus douvrir une enqute.

Justice
La ncessit de procder une rforme du systme judiciaire tait trs largement reconnue, y compris par un certain nombre de hauts responsables. Rien de concret na cependant t fait pour garantir lindpendance du pouvoir judiciaire. De trs nombreux procs non quitables ont t signals. Toute une srie de jugements rendus, notamment en matire dextrmisme, de crimes conomiques ou dinfractions la lgislation sur les stupfiants, taient influencs par des considrations politiques. Un nombre croissant de condamnations, comme celles des membres du groupe Pussy Riot (voir plus haut) rpondaient manifestement des motivations dordre politique. Des cas de collusion entre juges, procureurs, enquteurs et divers services responsables de lapplication des lois, lorigine de condamnations injustes ou de sanctions administratives disproportionnes, ont souvent t signals. Aux quatre coins du pays, des avocats se sont plaints de violations de la procdure remettant en cause le droit de leurs clients bnficier dun procs quitable refus de laisser un avocat voir son client; dtention de personnes comme sil sagissait de suspects de droit communs sans que les familles ni leurs avocats soient avertis dans les meilleurs dlais; nomination davocats commis doffice connus pour leur docilit face dventuelles atteintes la procdure et face aux mauvais traitements. n Lavocat Roustam Matsev a dclar que, le 31mai, dans un centre de dtention provisoire Naltchik (Rpublique de Kabardino-Balkarie), un haut grad de la police lui avait dit quil devait arrter dapprendre son client mentir et le convaincre de retirer la plainte quil avait dpose contre la police pour enlvement et mauvais traitements. Ce grad aurait indiqu Roustam Matsev que les avocats pouvaient tre bloqus de la mme manire que les membres de

groupes arms, lors des oprations de scurit menes par les forces de lordre pour les liquider. Les autorits ont refus douvrir une enqute sur les allgations de lavocat. n Le 27octobre, plusieurs dizaines de manifestants ont form une chane, en se plaant tous les 50mtres (ce qui permet de manifester sans autorisation pralable), devant le sige du FSB Moscou. Un peu plus tard, lorsque plusieurs militants politiques de premier plan ont tent de quitter les lieux, entours de journalistes, ils ont t interpells par la police. Alexe Navalny et Sergue Oudaltsov ont chacun t condamns, respectivement le 30octobre et le 4dcembre, une amende de prs de 1000dollars des tats-Unis, pour avoir organis un rassemblement non autoris portant atteinte lordre public et y avoir particip. Le juge charg de statuer sur le sort dAlexe Navalny aurait refus de donner suite la demande de lavocat de ce dernier, qui souhaitait soumettre les policiers ayant procd son arrestation un contreinterrogatoire. Le juge aurait galement refus de prendre en compte titre dlment dcharge des images vido tournes lors de la manifestation.

Caucase du Nord
La situation dans la rgion est reste trs instable. Les oprations menes par les forces de scurit ont cette anne encore donn lieu de multiples atteintes aux droits humains. Des groupes arms ont continu de mener des attaques contre les forces de scurit, des responsables locaux et des civils. Un double attentat la bombe, perptr le 3mai Makhatchkala, la capitale du Daghestan, a fait 13morts (dont huit policiers). Plus de 80membres des quipes de secours et dintervention durgence ont en outre t blesss. Le 28aot, Sad Afandi, un influent religieux musulman du Daghestan, a t tu, ainsi que cinq personnes qui lui rendaient visite, lors dun attentatsuicide commis par une femme. Dautres violences ont t perptres par des groupes arms travers tout le Caucase du Nord. Certaines rpubliques de la rgion se sont efforces de mettre en place une politique non rpressive face aux menaces reprsentes par les groupes arms. Le Daghestan et lIngouchie ont ainsi cr des Commissions dadaptation, destines encourager la reddition et la rintgration dans la socit des personnes appartenant des groupes

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arms. Les autorits daghestanaises ont adopt une attitude plus tolrante lgard des musulmans salafistes. Des oprations de scurit ont cependant t menes cette anne encore de faon rgulire dans toute la rgion. Elles ont manifestement donn lieu de nombreuses violations des droits humains par des responsables de lapplication des lois (disparitions forces, dtentions illgales, actes de torture et autres mauvais traitements, excutions extrajudiciaires notamment). Les autorits nenqutaient jamais de manire efficace et impartiale, dans les meilleurs dlais, sur les violations des droits humains commises par des agents de ltat; elles ne cherchaient pas non plus identifier les responsables afin de les traduire en justice. Si une procdure judiciaire a effectivement t ouverte dans quelques affaires, la plupart du temps linstruction ne parvenait pas tablir lidentit des auteurs prsums ou confirmer la participation de reprsentants des pouvoirs publics, voire concluait simplement quaucune violation navait t commise par les membres des forces de scurit. Les poursuites de policiers pour abus de pouvoir, dans des affaires de torture ou dautres mauvais traitements, restaient exceptionnelles. Aucun cas de disparition force ou dexcution extrajudiciaire prsume na t rsolu et aucun membre des forces de scurit na t traduit en justice pour sa responsabilit dans une telle affaire. n Roustam Aouchev, un jeune homme de 23ans vivant en Ingouchie, a t vu pour la dernire fois le 17fvrier la gare de Mineralnye Vody, dans le territoire administratif voisin de Stavropol. Lun de ses proches a parl le lendemain avec des employs de la gare, qui lui ont dit avoir vu un jeune homme se faire arrter par des hommes en civil, qui lauraient emmen bord dun minibus de modle Gazelle. La scne aurait t filme par une camra de surveillance. Un agent de scurit se serait adress auparavant au chauffeur pour lui demander de se garer dans la zone autorise. Ce dernier lui aurait alors montr une carte officielle du FSB. La famille du jeune homme disparu a communiqu ces informations aux autorits, exigeant louverture dune enqute, mais on ignorait toujours ce qutait devenu Roustam Aouchev la fin de lanne. n Le premier procs de deux policiers jamais initi en Ingouchie sest achev Karaboulak. Les deux

inculps taient accuss, entre autres, davoir secrtement dtenu et davoir tortur Zelimkhan Tchitigov. Lannonce du verdict a t repousse plusieurs reprises pendant prs de trois mois. Finalement, lun des accuss a t condamn, le 7novembre, huit annes demprisonnement. Lautre, qui tait son suprieur au moment des faits, a en revanche t acquitt de toutes les charges. Des allgations dintimidation des victimes et des tmoins ont circul pendant toute la dure du procs, auquel les deux prvenus comparaissaient libres. Aucun autre auteur navait t identifi, bien que Zelimkhan Tchitigov ait donn le nom dau moins un autre fonctionnaire et affirm que de nombreux autres agents de ltat staient relays pendant les trois jours de torture incessante quil avait subie alors quil se trouvait en dtention secrte.

Visites et documents dAmnesty International


v Une dlgation dAmnesty International sest rendue en Fdration de
Russie en mai et en juin. 4 Russie. Le cercle de linjustice. Oprations de scurit et violations des droits humains en Ingouchie (EUR46/012/2012). 4 Russian Federation: Briefing to the UN Committee against Torture (EUR46/040/2012).

RWANDA
RPUBLIQUE RWANDAISE
Chef de ltat: Paul Kagame Cette anne encore, les autorits ont rprim lexercice lgitime de la libert dexpression et dassociation. Des cas de dtention illgale et des cas prsums de torture mettant en cause des agents des services de renseignement militaire nont pas fait lobjet denqutes. Laide militaire fournie par le Rwanda au groupe arm M23, actif dans la Rpublique dmocratique du Congo (RDC) voisine, a terni limage du Rwanda, qui reposait sur le dveloppement conomique et un faible niveau de corruption. Le soutien de la communaut internationale au Rwanda a flchi.

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Contexte
Le rapport final du Groupe dexperts sur la RDC publi en novembre contenait des lments de preuve montrant que le Rwanda avait viol lembargo sur les armes vot par les Nations unies en fournissant des armes, des munitions et du matriel militaire au M23. Le document prcisait que des responsables militaires rwandais prtaient appui ce groupe en recrutant des civils au Rwanda et en lui apportant un soutien au niveau logistique, du renseignement et des orientations politiques. Dans un additif au rapport dtape publi en juin, le Groupe dexperts avait dj nommment dsign de hauts responsables militaires rwandais y compris le ministre de la Dfense comme ayant jou un rle cl dans la fourniture de cette aide. Le Rwanda a publi une rfutation dtaille de ce rapport dans laquelle il niait tout soutien au M23 et critiquait la mthodologie ainsi que la crdibilit des sources utilises. Certains des principaux donateurs du Rwanda notamment les tats-Unis, lUnion europenne, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, lAllemagne et la Sude ont suspendu une partie de leur aide financire ou retard son versement. En octobre, le Rwanda a t lu membre non permanent du Conseil de scurit de lONU, pour un mandat de deux ans partir de 2013. Les procs pour gnocide devant les tribunaux communautaires gacaca se sont achevs en 2012; ce systme a officiellement pris fin en juin, aprs plusieurs reports.

Le gouvernement rwandais a catgoriquement ni en mai devant le Comit contre la torture [ONU] toutes les allgations de dtention illgale et de torture mettant en cause des agents des services du renseignement militaire. En juin, le ministre de la Justice a reconnu lexistence de cas de dtention illgale, quil a imputs au zle excessif [dagents] dans lexcution dune noble mission. Le 7octobre, le gouvernement a publi une dclaration dans laquelle il raffirmait que des cas de dtention illgale staient produits, mais sans faire aucune allusion des enqutes ni des poursuites. n Le chef religieux congolais Sheikh Iddy Abassi a t enlev au Rwanda le 25mars 2010. Il tait un partisan notoire de Laurent Nkunda, dirigeant du Congrs national pour la dfense du peuple (CNDP), un ancien groupe arm congolais. La famille de Sheikh Iddy Abassi a signal sa disparition la police et larme le lendemain, 26mars. Mary Gahonzire, commissaire gnrale adjointe du Service correctionnel du Rwanda (SCR), a dclar au Comit contre la torture que des investigations taient en cours, mais que tout semblait indiquer que Sheikh Iddy Abassi tait en RDC.

Libert dexpression
Le journalisme critique navait pratiquement pas de place au Rwanda. Il restait peu de voix indpendantes la suite de la rpression qui avait frapp, en 2010, des journalistes et des opposants politiques; un certain nombre dorganes de presse privs navaient pas repris leurs activits. Les efforts en vue daccrotre la libert des mdias par des rformes lgislatives, des amliorations techniques et des investissements du secteur priv taient mis mal par le maintien en dtention de journalistes incarcrs pour avoir exerc leurs activits lgitimes. La diffamation demeurait une infraction pnale.

Impunit
Le gouvernement na engag aucune enqute et aucune poursuite concernant des cas de dtention illgale et des allgations de torture mettant en cause des agents des services du renseignement militaire. En mai et en octobre, Amnesty International a publi des informations mettant en vidence des cas de dtention illgale, de dtention au secret et de disparition force. Les informations recueillies dans le cadre des recherches comprenaient des allgations dactes de torture, notamment des passages tabac, ladministration de dcharges lectriques et la privation sensorielle. Ces mthodes auraient t utilises en 2010 et 2011 au cours dinterrogatoires, essentiellement de civils, pour extorquer des aveux.

Lois rprimant lidologie du gnocide et le sectarisme


Des lois rdiges en termes vagues qui rprimaient lidologie du gnocide et le sectarisme taient utilises abusivement pour riger en infraction les critiques visant le gouvernement et la dissidence lgitime. Un nouveau projet de loi sur lidologie du gnocide tait en instance devant le Parlement la fin de lanne.

Journalistes
Plusieurs lois concernant les mdias approuves par le Parlement taient en instance de promulgation la fin de lanne.

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n Le 5avril, la Cour suprme a rduit les peines prononces contre Agns Uwimana Nkusi, rdactrice en chef du journal populaire indpendant de langue kinyarwanda Umurabyo, et sa rdactrice en chef adjointe, Saidati Mukakibibi, les portant quatre et trois ans de prison respectivement. Ces deux femmes avaient t condamnes en fvrier2011, respectivement 17 et sept ans demprisonnement, pour des articles dopinion publis en 2010, durant la priode prlectorale, qui critiquaient la politique gouvernementale et dnonaient la corruption. La Cour suprme a acquitt Agns Uwimana Nkusi des chefs didologie du gnocide et de divisionnisme, mais a confirm sa condamnation pour diffamation. Elle a par ailleurs rduit la peine inflige aux deux femmes pour atteinte la sret de ltat.

et le sectarisme. Laccuse na pas t traite quitablement durant le procs. Elle a rgulirement t interrompue et a d faire face une attitude hostile.

Libert dassociation
Certains partis politiques navaient toujours pas russi se faire reconnatre officiellement. Des membres de formations dopposition se sont plaints dtre lobjet de harclement et dintimidation; certains ont t emprisonns pour avoir exerc leur droit la libert dassociation. n Le 27avril, la Cour suprme a confirm les charges retenues contre Bernard Ntaganda, prsident du Parti social idal (PS-Imberakuri). Reconnu coupable le 11fvrier 2011 de divisionnisme pour avoir prononc en public des discours critiquant la politique gouvernementale avant les lections de 2010, port atteinte la sret de ltat et tent dorganiser une manifestation sans autorisation, cet homme purgeait une peine de quatre ans demprisonnement. n Huit membres du FDU-Inkingi (le parti de Victoire Ingabire), des enseignants et des tudiants pour la plupart, ont t arrts en septembre la suite dune runion au cours de laquelle ils avaient discut, selon les informations recueillies, de questions lies au dveloppement et lducation. Inculps dincitation au soulvement ou des troubles parmi la population, ils ont t placs en dtention provisoire. Lun deux avait t remis en libert la fin de lanne.

Procs inquitable
Victoire Ingabire, prsidente des Forces dmocratiques unifies (FDU-Inkingi), a t condamne le 30octobre huit ans demprisonnement. Rentre au Rwanda en janvier2010 aprs 16ans dexil, elle esprait alors faire reconnatre officiellement le FDU-Inkingi avant llection prsidentielle daot2010. Elle avait cependant t arrte en avril2010. Malgr la prsence dobservateurs internationaux, son procs a t entach de violations des procdures rgulires. Le tribunal na pas contrl les lments de preuve fournis par laccusation. Les dclarations de deux des co-accuss de Victoire Ingabire retenues comme lments charge contre elle ont t obtenues lissue dune longue priode de dtention dans un camp militaire o des cas dutilisation de la torture contre des dtenus pour leur arracher des aveux ont t recueillis par Amnesty International. Un tmoin de la dfense a fait valoir quil avait t dtenu par des militaires avec lun des co-accuss et que les aveux de cet homme avaient t obtenus sous la contrainte. Dans la phase prcdant le procs, les autorits rwandaises ont par ailleurs fait des dclarations problmatiques quant au respect du principe de la prsomption dinnocence. Les chefs dinculpation concernant la libert dexpression ne reposaient pas sur des bases lgales claires et certaines charges taient fondes sur des dispositions floues et gnrales de la lgislation rwandaise rprimant lidologie du gnocide, la discrimination

Justice internationale
Tribunal pnal international pour le Rwanda
La Chambre de premire instance du Tribunal pnal international pour le Rwanda (TPIR) a pour la premire fois transfr une affaire la justice rwandaise, celle de lancien pasteur Jean Uwinkindi. Plusieurs autres affaires ont ensuite t renvoyes au Rwanda au cours de lanne. Deux membres du personnel du TPIR ont t temporairement affects au suivi des dossiers transfrs, en attendant quun accord sur la surveillance des procs soit conclu avec la Commission africaine des droits de lhomme et des peuples. Ils devaient transmettre des rapports mensuels par lintermdiaire du greffe du prsident du TPIR ou, le cas chant, du prsident du Mcanisme international appel exercer les fonctions rsiduelles des tribunaux pnaux.

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Comptence universelle
Des procdures judiciaires contre des personnes souponnes de gnocide ont eu lieu en Allemagne, en Belgique, en Finlande et aux Pays-Bas. n La Cour europenne des droits de lhomme a dbout Sylvre Ahorugeze de lappel quil avait interjet contre la dcision du gouvernement sudois de lextrader vers le Rwanda. Il tait toujours au Danemark la fin de lanne. n Charles Bandora tait en instance dextradition vers le Rwanda. Son cas avait franchi toutes les tapes du systme pnal norvgien et son appel ultime tait en instance.

v Un observateur dAmnesty International a assist au procs de Victoire


Ingabire en mars et avril. 4 Rwanda. Communication au Comit contre la torture (ONU). Mai 2012 (AFR47/003/2012). 4 Rwanda. Dans le plus grand secret. Dtention illgale et torture aux mains du service de renseignements militaire (AFR47/004/2012). 4 lheure o Charles Ntakirutinka est libr, le Rwanda est pri de mettre fin la rpression de lopposition (PRE01/113/2012). 4 Le Rwanda doit enquter sur les cas de dtention illgale et de torture aux mains du service de renseignement militaire (PRE01/464/2012). 4 Rwanda. Victoire Ingabire doit pouvoir faire appel aprs son procs inique (PRE01/523/2012).

Impunit pour les crimes de guerre et les crimes contre lhumanit


Les autorits nont pas ouvert denqute ni engag de poursuites pour les allgations de crimes de guerre et de crimes contre lhumanit qui ont t commis par larme rwandaise au Rwanda et en RDC et qui sont exposs dans le Rapport du Projet Mapping des Nations unies.

SALVADOR
RPUBLIQUE DU SALVADOR
Chef de ltat et du gouvernement: Carlos Mauricio Funes Cartagena Limpunit restait la rgle pour les violations des droits humains commises au cours du conflit arm (1980-1992). Une crise a secou le systme judicaire lorsque des membres du Congrs ont t accuss davoir voulu interfrer dans le processus de slection et de nomination des juges. Les atteintes aux droits sexuels et reproductifs demeuraient une source de proccupation.

Rfugis et demandeurs dasile


Lentre en vigueur de la clause de cessation pour les rfugis rwandais, invoque au 31dcembre 2011 par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les rfugis (HCR), a t repousse jusquen juin2013. Aux termes de cette clause, les rfugis ayant quitt le Rwanda avant la fin de 1998 perdront leur statut, mais devront tre entendus individuellement afin de faire valoir dventuels motifs personnels expliquant quils continuent craindre dtre perscuts au Rwanda.

Contexte
Bien que le gouvernement ait signal une baisse gnrale du nombre dhomicides, la criminalit violente restait au centre des proccupations politiques.

Prisonniers dopinion
n Le prisonnier dopinion Charles Ntakirutinka, ancien ministre, a t remis en libert le 1er mars aprs avoir purg la peine de 10ans demprisonnement prononce son encontre lissue dun procs inquitable. Arrt en avril2002 dans le cadre dune vague de rpression mene avant llection prsidentielle de 2003, il avait t dclar coupable dincitation la dsobissance civile et dassociation de malfaiteurs.

Impunit
Limpunit pour les violations des droits humains commises dans le pass demeurait un motif dinquitude. n En janvier, conformment une dcision rendue en 2010 par la Commission interamricaine des droits de lhomme, le prsident a prsent des excuses au nom de ltat pour le massacre de plus de 700femmes, hommes et enfants perptr en 1981 El Mozote et dans des villages voisins, dans la province de Morazn. Les victimes avaient t tortures et tues par les forces

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus au Rwanda en
fvrier, mars et juin.

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armes sur une priode de trois jours. En dcembre, la Cour interamricaine des droits de lhomme a rendu sa dcision finale dans cette affaire, demandant ltat salvadorien de mener une enqute et damener les responsables rpondre de leurs actes. Elle a galement appel le gouvernement veiller ce que la Loi damnistie de 1993 ne fasse pas obstacle la poursuite en justice des criminels de guerre, continuer de complter la liste des victimes, procder aux exhumations et veiller ce que les proches des victimes obtiennent rparation. n En aot, des survivants et des familles de victimes du massacre dEl Calabozo ont rappel que cela faisait 30ans que limpunit perdurait pour ces faits au cours desquels, en 1982, plus de 200femmes, hommes et enfants avaient t tus par les forces armes. loccasion dun vnement public organis en novembre, des reprsentants de survivants et de proches de victimes ont remis au gouvernement une ptition signe par plus de 5000personnes. Cette ptition rclamait la mise en place de mesures permettant de rpondre aux exigences des victimes et de leurs familles en matire de vrit, de justice et de rparation.

Montano, ancien vice-ministre de la Scurit publique du Salvador et ancien militaire, a t accus davoir menti aux services dimmigration amricains dans le but de rester aux tats-Unis. Sil est reconnu coupable, Inocente Orlando Montano pourrait tre extrad vers lEspagne et inculp pour son rle prsum dans le meurtre en 1989, au Salvador, de six prtres jsuites, de leur femme de mnage et de la fille de cette dernire, ge de 16ans.

Systme judiciaire
En avril, des membres du Congrs ont tenu des propos laissant penser que les rgles de slection des juges seraient contournes, en particulier concernant la nomination de deux membres de la chambre constitutionnelle de la Cour suprme. On craignait ainsi que la dsignation des magistrats ne repose davantage sur leur appartenance politique que sur leurs aptitudes professionnelles. En novembre, la rapporteuse spciale des Nations unies sur lindpendance des juges et des avocats sest rendue au Salvador pour valuer la situation. Au terme de sa visite, elle a rappel aux autorits salvadoriennes quelles taient tenues de respecter lindpendance de la justice et devaient se garder de toute forme dingrence lgard du systme judiciaire. Elle a galement recommand au gouvernement de rviser la procdure de nomination des magistrats. Aucune dmarche en ce sens navait encore t effectue la fin de lanne.

Droits sexuels et reproductifs


Lavortement tait toujours considr comme une infraction pnale en toutes circonstances. n Mery (son prnom a t modifi), une jeune femme de 27ans enceinte de huit semaines, a voulu avorter clandestinement par voie mdicamenteuse. Aprs avoir pris les mdicaments, elle sest rendue dans un hpital pour demander une assistance mdicale. Des membres du personnel lont dnonce la police. Alors quelle tait dans un tat de grande souffrance et quelle continuait de recevoir des soins, Mery a t menotte un brancard et place sous surveillance policire. En aot, elle a t dclare coupable et condamne deux ans de prison pour avoir provoqu son avortement. Alors quelle ntait en prison que depuis quelques jours, Mery a tent de se suicider et a t transfre dans un hpital psychiatrique, o elle tait maintenue constamment sous surveillance. la fin de lanne, elle attendait le rsultat de son recours en appel.

SNGAL
RPUBLIQUE DU SNGAL
Chef de ltat: Abdoulaye Wade, remplac par Macky Sall le 2avril Chef du gouvernement: Souleymane Ndn Ndiaye, remplac par Abdoul Mbaye le 3avril Les troubles qui ont clat en janvier et fvrier, lapproche des lections, ont donn lieu de graves violations des droits humains, dont des cas de recours excessif la force qui se sont solds par la mort de plusieurs manifestants, des actes de torture et dautres mauvais traitements et des atteintes la libert dexpression. En Casamance,

Justice internationale
Lors dune audience qui sest tenue en septembre devant un tribunal aux tats-Unis, Inocente Orlando

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Amnesty International - Rapport 2013

dans le sud du pays, les affrontements qui opposaient les forces nationales un groupe arm se sont intensifis en dbut danne et des civils ont t arrts ou pris pour cibles. Le Sngal a sign un accord avec lUnion africaine en vue de crer une juridiction spciale pour juger Hissne Habr.

Contexte
En janvier et fvrier, les forces de scurit ont violemment rprim ceux qui sopposaient la candidature du prsident sortant Abdoulaye Wade, en lice pour un troisime mandat. Ce recours excessif la force a fait plusieurs victimes parmi les opposants. Malgr ce contexte troubl, Macky Sall a t lu la prsidence et les rsultats du scrutin nont fait lobjet daucune contestation. En octobre, des reprsentants du gouvernement sngalais et des membres du Mouvement des forces dmocratiques de Casamance (MFDC) se sont runis Rome (Italie) sous la mdiation du mouvement catholique Communaut de SantEgidio.

t arrts et taient en attente de jugement la fin de lanne. n En aot, Kcouta Sidib, un homme sourd et muet arrt pour consommation de chanvre indien, serait mort des suites des tortures subies pendant sa dtention Kdougou. En dcembre, le commandant adjoint de la gendarmerie de Kdougou a t reconnu coupable de meurtre par la cour dappel de Kaolack, et arrt. Une enqute sur limplication ventuelle de cinq autres gendarmes dans cette affaire tait en cours la fin de lanne.

Libert dexpression
Des militants politiques et des dfenseurs des droits humains ont t agresss et incarcrs pour avoir exprim sans violence leur opposition la candidature du prsident Wade. n En janvier, des policiers sen sont pris physiquement trois journalistes. Il sagissait de deux femmes travaillant pour le quotidien sngalais Le Populaire et dun correspondant de lAgence France Presse. n En fvrier, les forces de scurit ont empch des membres du collectif Yen a marre dorganiser un sit-in place de lOblisque, Dakar, et ont procd plusieurs interpellations. Toutes les personnes arrtes ont t relches peu aprs sans avoir t inculpes.

Utilisation excessive de la force


Au moins six personnes ont t tues par les forces de scurit lors des meutes qui ont prcd les lections. n En janvier, Podor, des gendarmes ont tir balles relles sur des manifestants qui dfilaient pacifiquement. Deux personnes ont t tues, Mamadou Sy et une femme dune soixantaine dannes, Bana Ndiaye, qui ne faisait pas partie du cortge. n Le mme mois, Mamadou Diop a t tu, renvers par un vhicule de police lors dune manifestation pacifique organise place de lOblisque, Dakar. Une enqute a t ouverte mais elle ntait pas encore termine la fin de lanne.

Violations des droits humains et exactions en Casamance


Plusieurs civils ont t arrts ou pris pour cibles quand les tensions se sont accentues entre le MFDC et larme. n En janvier, les forces de scurit ont interpell huit personnes Affiniam, un village situ 30kilomtres au nord de Ziguinchor, la plus grande ville de la rgion. Il semble que ces arrestations aient t en partie motives par la volont de larme dexercer des reprsailles, un gendarme ayant t tu et trois autres blesss quelques heures plus tt dans cette zone, apparemment par des membres arms du MFDC. Les huit personnes, inculpes datteinte la sret de ltat, ont t remises en libert au mois de juin sans avoir t juges. n En fvrier et en mars, des individus arms se revendiquant du MFDC ont agress et dpouill des civils pour les dissuader de se rendre aux urnes lors de llection prsidentielle. n Huit otages, dont des soldats sngalais, qui taient retenus captifs depuis plus dun an par des branches

Torture et autres mauvais traitements


Plusieurs personnes places en dtention ont t tortures ou soumises dautres mauvais traitements par des membres des forces de scurit. Au moins deux dentre elles en seraient mortes. n En fvrier, alors quil revenait dune manifestation dopposants la candidature du prsident Wade, Ibrahima Fall a t interpell Tivavouane, puis tortur et molest: des gendarmes lont frapp coups de bton, de tuyau darrosage et de cble lectrique. n En fvrier, Ousseynou Seck est mort aprs avoir t tortur en garde vue. Tous les policiers impliqus ont

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armes du MFCD, ont t relchs en Gambie au mois de dcembre.

Justice internationale Hissne Habr


En aot, le Sngal a sign un accord avec lUnion africaine en vue de la cration dun tribunal spcial charg de juger lex-prsident tchadien Hissne Habr. Cet organe serait comptent pour juger les responsables prsums de crimes de droit international commis au Tchad entre 1982 et 1990. Le 19dcembre, lAssemble nationale a adopt une loi portant cration de chambres extraordinaires au sein des juridictions sngalaises. Cependant, il manquait certaines conditions ncessaires la bonne marche dun procs quitable; par exemple, aucun programme de protection des victimes et des tmoins ntait en place et le Sngal navait conclu aucun accord dentraide judiciaire avec dautres pays, tels la France et le Tchad, o pouvaient se trouver des victimes, des tmoins, des preuves ou des avoirs en rapport avec le dossier.

a une fois de plus t interdite. Au Kosovo, les crimes de droit international perptrs par lArme de libration du Kosovo (UK) restaient impunis. Dans le nord, les violences ont persist. Les minorits subissaient toujours des discriminations et les agressions interethniques navaient pas cess.

Contexte
la suite dlections qui ont eu lieu en mai, un gouvernement de coalition conduit par le Parti progressiste serbe et le Parti socialiste de Serbie a t form en juillet. Il remplaait le gouvernement de coalition prcdent, dirig par le Parti dmocrate. linstar de son prdcesseur Boris Tadi, le nouveau chef de ltat, Tomislav Nikoli, a affirm publiquement quil ny avait pas eu de gnocide Srebrenica. Le Conseil europen a confirm en mars la candidature de la Serbie ladhsion lUnion europenne. En octobre, la Commission europenne na toutefois recommand aucune date pour louverture de ngociations, attendant de voir la Serbie adopter une approche constructive dans le cadre dun dialogue visant normaliser les relations avec le Kosovo. Des pourparlers entre les Premiers ministres des deux entits ont dbut au mois doctobre.

Visites et documents dAmnesty International


v Une dlgation dAmnesty International sest rendue au Sngal en
fvrier, mars et juin. 4 Sngal. La situation des droits humains - bref tat des lieux la veille de llection prsidentielle (AFR49/001/2012). 4 Sngal. Un agenda pour les droits humains. Une occasion ne pas manquer pour les autorits issues de llection prsidentielle de mars 2012 (AFR49/004/2012).

Justice internationale
Les procs de Ratko Mladi, ex-commandant en chef des forces bosno-serbes, et de Goran Hadi, ancien chef des Serbes de Croatie, ont commenc en mai et en octobre, respectivement. Les deux hommes avaient t arrts en Serbie et remis au Tribunal en 2011. Le chef du Parti radical serbe Vojislav eelj, accus de crimes de guerre et de crimes contre lhumanit, a t condamn en juin deux annes demprisonnement pour outrage au tribunal. Ramush Haradinaj, ancien Premier ministre du Kosovo et ex-commandant de lUK, accus de crimes de guerre, a t acquitt en novembre par le Tribunal lissue dun nouveau procs partiel. Idriz Balaj et Lahi Brahimaj, qui ont eux aussi t acquitts, staient vu imputer comme lui la responsabilit individuelle et collective dune entreprise criminelle visant des civils du Kosovo (Serbes, Roms, gyptiens et Albanais) prsums collaborer avec les autorits serbes ou ne pas soutenir lUK. Ils taient accuss notamment de placement

SERBIE
RPUBLIQUE DE SERBIE (Y COMPRIS LE KOSOVO)
Chef de ltat : Boris Tadi, remplac par Tomislav Nikoli le 31 mai Chef du gouvernement : Mirko Cvetkovi, remplac par Ivica Dai le 23 juillet Les procs de Ratko Mladi et de Goran Hadi ont dbut devant le Tribunal pnal international pour lex-Yougoslavie (le Tribunal). Plus dun millier de Roms ont t expulss de force en avril Belgrade. Prvue en octobre, la marche des fierts de Belgrade

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Amnesty International - Rapport 2013

illgal en dtention, de mauvais traitements, de torture et de meurtres. En dcembre, une cour dappel sudoise a acquitt un ancien policier serbe reconnu coupable en premire instance, en janvier, de crimes de guerre commis uka/Qyshk, au Kosovo, en 1999.

Serbie
Crimes de droit international
La Chambre spciale charge des crimes de guerre au sein du tribunal de district de Belgrade a continu ses travaux. Trente-sept accuss serbes ont t reconnus coupables de crimes de guerre et condamns en premire instance, mais il ny a eu que sept nouvelles inculpations. Des tmoins auraient t menacs par les fonctionnaires qui taient chargs de les protger. La Cour dappel a examin la fin de lanne un recours introduit par neuf membres de la section de Gnjilane/Gjilan de lUK, condamns en premire instance pour crimes de guerre, notamment pour des enlvements de membres de la communaut serbe, pour meurtre et pour viol. Trente-quatre des victimes taient toujours portes disparues. Au lendemain de lacquittement de deux gnraux croates par la Chambre dappel du Tribunal (voir Croatie), le procureur charg des affaires de crimes de guerre a demand au Tribunal de communiquer les lments figurant dans les dossiers concerns, pour quils puissent tre pris en compte dans le cadre des informations ouvertes par la justice serbe sur les crimes de guerre qui auraient t commis contre les Serbes de Croatie lors de lopration Tempte, en 1995.

municipalit a propos de les construire dans des secteurs isols, mettant ainsi en place un vritable systme de sgrgation ethnique. La commissaire la protection de lgalit (institution serbe) a estim en novembre que la municipalit de Belgrade stait rendue coupable de discrimination envers les Roms en leur imposant, lors de leur relogement dans des conteneurs, des rgles et des conditions quaucun autre groupe ntait tenu de respecter, ce qui stait sold par lexpulsion de 11familles. Plusieurs amendements adopts en septembre rduisaient potentiellement les discriminations en permettant aux personnes juridiquement invisibles, cest--dire en premier lieu les Roms, dobtenir plus facilement un extrait dacte de naissance, et donc des papiers didentit.

Droits des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres ou intersexues (LGBTI)
Un homme gay a t victime dune agression homophobe Belgrade. Il a t rou de coups par un groupe de jeunes gens. En octobre, le Premier ministre a interdit la marche des fierts Belgrade pour la deuxime anne conscutive, invoquant des raisons de scurit non spcifies. En novembre, la condamnation de Mladen Obradovi, leader de lorganisation dextrme droite Obraz, a t annule en appel et un nouveau procs a t ordonn. Mladen Obradovi avait t condamn en premire instance 10mois demprisonnement pour incitation la discrimination contre les participants la marche des fierts de 2009.

Rfugis et migrants
Le gouvernement a renforc les mesures de contrle aux frontires visant nier certaines personnes, des Roms pour la plupart, le droit de se rendre ltranger. Entre le mois de janvier et le mois doctobre, 15135ressortissants serbes, presque tous roms, ont demand lasile dans des pays de lUnion europenne. En octobre, six tats membres de lUnion ont pri le Conseil europen denvisager des mesures afin de rduire le nombre de ces demandeurs. LAutriche et la Suisse ont mis en place une procdure acclre dexamen des demandes dasile des ressortissants serbes. Plus de 1700personnes, dont des mineurs non accompagns, ont sollicit lasile en Serbie. Aucune ne la obtenu, la procdure existante ne permettant pas une valuation quitable des besoins de

Discrimination les Roms


Les expulsions forces se sont poursuivies Belgrade. n Un millier de Roms ont t expulss de force en avril du quartier de Belvil par la municipalit de Belgrade. Prs de la moiti dentre eux ont t renvoys dans le sud de la Serbie. Beaucoup se sont retrouvs sans domicile. Certains Roms renvoys Ni ont d attendre la mi-juillet pour avoir leau courante et des installations sanitaires. Les personnes enregistres comme rsidant dans la capitale ont t parques dans des camps de conteneurs, la priphrie de la ville, dans des zones o il leur tait impossible de trouver du travail. La Commission europenne a accept de financer des logements prennes pour les Roms expulss, mais la

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protection de chaque individu. En septembre, plus dune centaine de demandeurs dasile ont camp devant le centre daccueil de Bogovaa, en labsence dune autre solution dhbergement.

Kosovo
La Commission europenne a entam en janvier des discussions avec le Kosovo sur une ventuelle libralisation du rgime des visas. Le Groupe dorientation sur le Kosovo a dclar en septembre la fin de la priode de supervision de lindpendance du Kosovo. En dcembre, le Conseil europen a appel au renforcement de ltat de droit, la protection des minorits, au respect de la libert dexpression et la coopration avec la mission de police et de justice de lUnion europenne au Kosovo (EULEX). LEULEX, sous une forme rduite, a vu son mandat renouvel en juin jusqu 2014. Elle restait charge des enqutes et des poursuites dans les affaires de crimes de droit international, de criminalit organise et de corruption, ainsi que de la protection des tmoins.

De nombreux policiers kosovars et au moins quatre Serbes auraient t blesss dans les violences qui ont suivi. Pristina, 16enfants qui rentraient dune fte organise loccasion de Vidovdan ont t blesss dans lattaque de leur car par des membres de la communaut albanaise. Une proposition du gouvernement serbe visant accorder un statut dautonomie au nord du Kosovo a t rejete en dcembre par le Premier ministre kosovar, Hashim Thai.

Crimes de droit international


LEULEX a engag deux procureurs supplmentaires pour instruire les affaires de crimes de guerre et engager des poursuites. Entre en vigueur au mois de septembre, la Loi de 2011 sur la protection des tmoins ntait toujours pas applique la fin de lanne 2012. En mai, lancien ministre des Transports et leader de lUK Fatmir Limaj et trois autres personnes ont t acquitts de crimes de guerre commis en 1999 dans le camp pnitentiaire de Kleka/Klek. Les accuss taient notamment mis en cause pour avoir ordonn la torture et la mise mort de civils serbes et albanais du Kosovo. Six autres accuss avaient t acquitts en mars. La Cour suprme a annul en novembre le verdict du mois de mai et a ordonn la tenue dun nouveau procs. LEULEX a procd larrestation de Fatmir Limaj et de trois autres personnes. Le Premier ministre a immdiatement contest le droit de lEULEX darrter ces quatre personnes, qui taient cependant toujours en dtention provisoire la fin de lanne. Deux Serbes du Kosovo souponns davoir viol en avril 1999 plusieurs Albanaises du Kosovo ont t arrts en septembre, en vertu du premier acte daccusation tabli au Kosovo pour violences sexuelles constituant un crime de guerre.

La situation dans le nord


LEULEX et le pouvoir en place au Kosovo ont continu daffirmer leur autorit sur les trois municipalits du nord, population majoritairement serbe. Des Serbes opposs la souverainet du gouvernement kosovar sur ces circonscriptions ont men des actions violentes Mitrovica/Mitrovic, lorsque ce dernier y a install des services municipaux, en juillet. Les postes frontires mis en place en 2011 par les autorits du Kosovo et surveills par lEULEX et la KFOR (Force internationale de paix au Kosovo) ont t le thtre dincidents quasi quotidiens, les Serbes du Kosovo continuant de protester contre les contrles des changes avec la Serbie. Des membres de la KFOR et des civils, essentiellement des Serbes du Kosovo, ont t blesss dans les affrontements qui se sont succd. Au moins un policier kosovar a succomb ses blessures. Plusieurs points de passages entre le Kosovo et la Serbie, ngocis dans le cadre de laccord sur la gestion intgre des postes frontires, ont t ouverts au mois de dcembre. n En juin, lors de la fte religieuse serbe de Vidovdan, la police kosovare a pris des Serbes qui franchissaient la frontire des drapeaux serbes et dautres objets assimilables des insignes, y compris des tee-shirts.

Disparitions forces et enlvements


La Task force spciale denqute de lUnion europenne (SITF) a poursuivi son travail dinvestigation sur les allgations selon lesquelles lUK aurait enlev des Serbes qui auraient ensuite t emmens en Albanie voisine, o ils auraient t torturs, tus et, pour certains, soumis des prlvements dorganes pour alimenter un trafic. En dcembre, le Groupe consultatif sur les droits de lhomme [ONU], mis en place pour examiner les accusations de violations des droits humains impliquant des membres de la Mission

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Amnesty International - Rapport 2013

dadministration intrimaire des Nations unies au Kosovo (MINUK), sest pench sur trois plaintes, concluant chaque fois que la MINUK avait effectivement viol le droit la vie de Serbes du Kosovo enlevs la suite du conflit arm de 1999, en sabstenant de mener une enqute approfondie. En septembre, le Dpartement de mdecine lgale avait procd lexhumation des restes de 20personnes; 51corps (33membres de la communaut albanaise et 18Serbes du Kosovo) ayant t identifis par une analyse ADN ont t rendus aux familles afin que celles-ci puissent les inhumer. Les travaux dexhumation entams dans la mine de Zhilivoda/ilivoda ont t abandonns. Selon certaines informations, les restes de 25Serbes du Kosovo y avaient t enfouis, mais aucun corps na t retrouv. La Commission gouvernementale du Kosovo pour les personnes disparues ne sest pas montre capable de mettre rellement en uvre lessentiel des dispositions de la Loi de 2011 sur les personnes manquantes. Les familles des disparus ont exig des autorits quelles abordent cette question dans leurs pourparlers avec la Serbie.

Discrimination
Les Roms taient victimes de discriminations frquentes et persistantes. Selon lOrganisation pour la scurit et la coopration en Europe (OSCE), la mise en uvre du Plan daction du Kosovo pour lapplication de la Stratgie dintgration des communauts rom, ashkali et gyptienne na gure progress, faute de moyens financiers, de coordination et de renseignements suffisants. En aot, le Groupe consultatif sur les droits de lhomme a dclar partiellement recevable la plainte dpose par 147Roms, qui estimaient que la MINUK avait port atteinte leur droit la sant, en tolrant quils passent plus de 10ans dans des camps contamins par le plomb. La majorit des plaignants avaient par la suite t installs ailleurs, mais les enfants souffrant dempoisonnement par le plomb (saturnisme) ne bnficiaient pas des soins ncessaires. Les Roms avaient tent en vain dobtenir des rparations dans le cadre dune autre procdure prvue par les Nations unies.

Rfugis et demandeurs dasile


Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les rfugis (HCR), 997personnes appartenant des minorits sont rentres volontairement au Kosovo; 489autres se sont laiss convaincre de rentrer chez elles. Quelque 1997personnes ont t rapatries de force, essentiellement de pays membres de lUnion europenne; 680 dentre elles appartenaient pourtant des groupes considrs comme ncessitant une protection internationale. Un certain nombre dobstacles un retour durable subsistaient sur place. Certaines municipalits navaient ni la volont politique, ni les structures ni les moyens financiers ncessaires la rinsertion des candidats au retour. Les Roms, en particulier, ntaient gure assists dans leurs tentatives de rinsertion. Ils navaient pas accs aux registres de ltat civil, lducation, la sant, au logement, lemploi et aux aides sociales. Un peu plus de 300Serbes sont rentrs volontairement au Kosovo. Les membres de la communaut serbe qui tentaient de revenir chez eux faisaient lobjet dagressions, parfois violentes. Dans la municipalit de Klin/Klina, plusieurs dentre eux ont reu des lettres de menaces et deux maisons rcemment reconstruites par des Serbes revenus dexil ont t incendies.

Utilisation excessive de la force


La police du Kosovo a fait usage dune force excessive dans la rpression de manifestations organises en janvier et octobre contre la politique du gouvernement par le mouvement politique Vetvendosje.

Libert dexpression
Des journalistes ont cette anne encore t victimes dagressions. Un certain nombre de journalistes et de fonctionnaires ont dnonc le maintien dans la version rvise du Code pnal de dispositions restreignant le droit constitutionnel la libert dexpression, qui faisaient de la diffamation une infraction pnale et prvoyaient des peines demprisonnement pour les journalistes refusant de dvoiler leurs sources. La prsidente du Kosovo, Atifete Jahjaga, a refus en mai dentriner ce texte et la renvoy devant lAssemble nationale. Une loi abrogeant les articles litigieux a finalement t adopte en octobre. Au moins de dcembre, le lancement dune revue consacre aux pratiques htrosexuelles et homosexuelles dans louest des Balkans a t perturb par une violente agression caractre homophobe. Les bureaux de lONG Libertas, qui milite pour les droits des personnes LGBTI, ont t attaqus le lendemain.

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n En juillet, Ljiljana et Milovan Jevti ont t tus par balle, dans le village de Talinovc i Muhaxherve/Muhadzer Talinovac, o ils taient revenus vivre en 2004. Une enqute a t ouverte sur ce double meurtre.

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus en Serbie en avril,
juin et novembre. 4 Kosovo: Time for EULEX to prioritize war crimes (EUR70/004/2012). 4 After Belvil: Serbia needs new laws against forced eviction (EUR70/015/2012).

SIERRA LEONE
RPUBLIQUE DE SIERRA LEONE
Chef de ltat et du gouvernement: Ernest Bai Koroma Lancien prsident librien Charles Taylor a t condamn pour des crimes commis au cours des 11annes de conflit arm en Sierra Leone. Des lections ont eu lieu pour la troisime fois depuis la fin du conflit; elles se sont droules de faon ordonne et dans la transparence, selon les observateurs internationaux. La police a eu recours une force illicite contre des citoyens non arms. Le gouvernement a progress vers labolition de la peine de mort. Les accords conclus entre le gouvernement et de grandes entreprises ntaient pas transparents; les populations touches par les activits des entreprises ntaient pas suffisamment consultes sur leurs consquences potentielles.

peine de 50annes demprisonnement. La dfense comme laccusation ont interjet appel de ce jugement en juillet; une dcision tait attendue en 2013. Du fait dune disposition de lAccord de paix de Lom prvoyant une amnistie, et du mandat limit du Tribunal spcial pour la Sierra Leone, des milliers de responsables prsums datteintes graves aux droits humains commises pendant le conflit nont fait lobjet daucune enqute, et encore moins de poursuites judiciaires. Des dizaines de milliers de victimes et leurs familles attendaient la pleine mise en uvre de vastes programmes de rparations. Des affrontements sporadiques entre partisans des deux principaux partis politiques ont eu lieu lapproche des lections gnrales de novembre, mais le scrutin sest, dune manire gnrale, droul dans le calme. Le prsident Ernest Bai Koroma, membre du Congrs du peuple runi (APC), a t lu pour un deuxime mandat. Le processus de rvision constitutionnelle accusait des annes de retard. Le gouvernement stait engag le reprendre aprs les lections de 2012. Deux textes lgislatifs importants les projets de loi sur la libert dinformation et sur lgalit entre hommes et femmes taient toujours en instance devant le Parlement la fin de lanne. Aucune initiative na t prise pour modifier la Loi de 1965 relative lordre public, qui autorise des restrictions la libert dexpression.

Peine de mort
Aprs ladoption en 2011 dun moratoire officiel sur les excutions, le gouvernement continuait de se rapprocher de labolition totale de la peine de mort. Selon des organisations de la socit civile, il ny avait plus la fin de lanne aucun dtenu sous le coup dune sentence capitale; aucune nouvelle condamnation mort na t prononce. La peine de mort tait toutefois maintenue dans la lgislation, pour les crimes de trahison, de vol avec circonstances aggravantes et de meurtre (elle sappliquait de manire obligatoire dans ce dernier cas).

Contexte
En avril, le Tribunal spcial pour la Sierra Leone, qui sige LaHaye, a dclar lancien prsident librien Charles Taylor coupable titre individuel de planification et de complicit de crimes de guerre et crimes contre lhumanit commis en Sierra Leone durant le conflit arm interne. Reconnu coupable des 11chefs de lacte daccusation utilisation denfants soldats, meurtre, viol et esclavage sexuel notamment, Charles Taylor a t condamn une

Systme judiciaire
La Loi relative lassistance juridique a t adopte en mai, mais elle navait pas t mise en uvre la fin de lanne. Le systme judiciaire souffrait toujours

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Amnesty International - Rapport 2013

du manque de capacits et de moyens. Des organisations de la socit civile ont expliqu que, dans bon nombre de cas, les personnes arrtes ne pouvaient pas utiliser les dispositions concernant la libert sous caution car bien souvent, pour pouvoir en bnficier, elles devaient verser des pots-de-vin au poste de police ou au tribunal. Selon des organisations de la socit civile, lemprisonnement pour dettes (sous linculpation de dtournement de fonds, entre autres) ou pour vagabondage tait rpandu. Cest ainsi que des femmes qui tentaient de gagner leur vie en faisant du commerce ou en recourant des organismes de microcrdit risquaient dtre emprisonnes pour dettes. La corruption ainsi que le manque dexpertise juridique au sein du systme judiciaire constituaient de graves problmes de fond. Les personnes maintenues en dtention prolonge parce quelles ne pouvaient pas consulter un avocat taient nombreuses. Les reports permanents, les retards dans la procdure de mise en accusation, la perte de dossiers et la pnurie de magistrats contribuaient la dure excessive de la dtention provisoire et la surpopulation carcrale.

cette femme navaient pas t rendues publiques la fin de lanne. Personne navait t amen rendre des comptes pour ces faits. n Alieu Sonkoh et Ishmael Kargbo-Sillah ont t abattus en juin par des policiers Wellington. Un troisime homme a t grivement bless. Selon les familles des victimes et des riverains tmoins des faits, ces hommes, qui ntaient pas arms, faisaient partie dun groupe de surveillance de quartier qui se trouvait dans une zone o des policiers recherchaient un vhicule. Le prsident sest rendu sur place et a ordonn une enqute pour tablir les circonstances de la mort de ces deux hommes. Les rsultats des investigations, qui se sont termines en juillet, navaient pas t rendus publics la fin de lanne. n En juin galement, un homme qui circulait moto et ne stait pas arrt un poste de contrle de la police a t abattu par des policiers Goderich. Un policier a t arrt et inculp de meurtre. Son procs ntait pas termin la fin de lanne. Des organisations de la socit civile ont rclam la mise en place dun mcanisme de contrle indpendant et efficace charg denquter sur les plaintes et damener les policiers rendre compte de leurs actes.

Police et forces de scurit


La presse a appris en janvier que la police avait achet et reu une cargaison darmes dune valeur de plusieurs millions de dollars des tats-Unis, qui comprenait des armes lgres, des munitions et des lance-grenades. Cette livraison, intervenue avant les lections de novembre, a alarm les acteurs locaux et internationaux. En visite dans le pays en mai, des membres du Conseil de scurit des Nations unies ont soulev cette question auprs des autorits, qui ont assur quune partie de la cargaison avait t transfre aux forces armes. n En avril, la police a tu une femme non arme, Musu Conteh, et bless au moins 11autres personnes qui participaient une manifestation pacifique organise par des employs dune socit minire pour protester contre leurs conditions de travail et de rmunration. La Commission des droits humains de la Sierra Leone a men une enqute dont les conclusions, rendues publiques en septembre, recommandaient louverture dune information judiciaire dbouchant sur des poursuites. Les conclusions de lenqute confie au coroner pour tablir les circonstances de la mort de

Droit la sant
Des progrs ont t accomplis sur la question de la gratuit des soins pour les enfants de moins de cinq ans et pour les femmes et les filles enceintes ou allaitantes, dans le cadre dune initiative lance en 2010. Le gouvernement a fait adopter en juin la Loi relative lunit nationale dapprovisionnement pharmaceutique, permettant le contrle et la rglementation de la chane dapprovisionnement des mdicaments et du matriel mdical. Le personnel de sant continuait de signaler des difficults pour lobtention de fournitures de base. Un certain nombre de problmes subsistaient dans la mise en uvre de linitiative de gratuit des soins. Des centres de sant continuaient de faire payer des soins mdicaux qui auraient d tre gratuits. Un numro vert a t mis en place pour permettre aux personnes qui ne recevaient pas les soins auxquels elles avaient droit de dposer une plainte, mais le systme fonctionnait lentement et ne savrait pas toujours efficace. Le budget de la sant a t rduit de 11 7,4% du budget global en 2012, soit exactement la moiti

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des 15% recommands par la Dclaration dAbuja sur le financement de la sant.

SINGAPOUR
RPUBLIQUE DE SINGAPOUR
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Tony Tan Keng Yam Lee Hsien Loong Singapour sest engag dans un processus visant ce que la peine de mort ne soit plus obligatoirement applique pour certaines infractions. La presse restait troitement contrle et les dissidents faisaient toujours lobjet de mesures de rpression politique. Les lois autorisant la dtention arbitraire et le chtiment de la bastonnade taient toujours en vigueur.

Droits des femmes et des filles


La Loi sur les violences sexuelles, adopte en aot, navait pas t promulgue la fin de lanne. Rien na t fait pour modifier larticle27(4)(d) de la Constitution, qui contenait des dispositions discriminatoires en matire dadoption, de mariage, de divorce, dinhumation et dhritage, entre autres questions relevant du statut personnel. Les violences envers les femmes et les filles demeuraient trs rpandues, et des pratiques traditionnelles nfastes, telles que le mariage prcoce et les mutilations gnitales fminines, se poursuivaient.

Responsabilit des entreprises


Les accords sur lutilisation des terres conclus entre de grandes entreprises, les pouvoirs publics et les populations privilgiaient grandement les intrts des socits multinationales au dtriment de ceux des populations locales. Des terrains ont t donns des entreprises par des chefs traditionnels sans vritable consultation des populations concernes. Les accords fonciers ntaient le plus souvent pas disponibles dans les langues locales ou ntaient pas rendus accessibles aux personnes illettres. Les habitants et les organisations de la socit civile qui menaient des actions en faveur de la responsabilit des entreprises et de la transparence taient en butte des actes de harclement et dintimidation. En avril, des fermiers, des organisations de la socit civile et des militants se sont rassembls Freetown pour rclamer un rexamen de toutes les transactions foncires rcentes. Ils ont appel le gouvernement prendre des mesures permettant de garantir lquit et la transparence des accords conclus entre les populations et des socits multinationales.

Peine de mort
Le gouvernement a dclar en juillet quil allait procder la rvision des lois aux termes desquelles une personne reconnue coupable dhomicide volontaire ou de trafic de drogue tait obligatoirement punie de la peine de mort. Il a propos en octobre plusieurs modifications qui devaient autoriser les juges faire un usage discrtionnaire de la peine de mort dans certaines affaires de trafic de drogue, notamment lorsque le prvenu na jou quun rle de passeur ou quil a accept de collaborer largement avec la Brigade des stupfiants. La Cour dappel serait galement tenue dexaminer la lgalit de chaque condamnation mort avant toute excution. Le gouvernement a expliqu que les excutions seraient suspendues pendant la dure de cette rvision. Le pays comptait au moins 32 condamns mort la fin de lanne.

Torture et autres mauvais traitements


La bastonnade (pratique assimilable un acte de torture ou, plus gnralement, un mauvais traitement) continuait dtre applique pour punir toute une srie dinfractions pnales. Aux termes des modifications proposes la Loi relative lusage illicite de stupfiants, les trafiquants de drogue condamns lemprisonnement vie au lieu de la peine de mort pourraient galement tre soumis la bastonnade.

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus en Sierra Leone
en avril-mai et en septembre. 4 Sierra Leone: Briefing on the events in Bumbuna (AFR51/004/2012). 4 Seven-point human rights agenda for candidates in Sierra Leones 2012 elections (AFR51/005/2012). 4 La dclaration de culpabilit visant Charles Taylor montre que nul nest au-dessus des lois (PRE01/226/2012).

Libert dexpression et de runion


Des militants dopposition, parmi lesquels danciens prisonniers dopinion, continuaient dexprimer leur

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Amnesty International - Rapport 2013

opinion en ligne, dans des livres ou lors de rassemblements publics, mais ils se heurtaient trs souvent la rpression des autorits. n En mai, Robert Amsterdam, un avocat canadien spcialis dans la dfense des droits humains qui reprsentait le Parti dmocrate de Singapour (SDP) et son dirigeant, Chee Soon Juan, sest vu refuser lentre sur le territoire singapourien. Par cette mesure, le gouvernement portait atteinte au droit du dirigeant du SDP de sentretenir avec son avocat. n En juillet, le prsident du nouveau campus ouvert Singapour par luniversit amricaine de Yale a indiqu au quotidien des tats-Unis Wall Street Journal que les tudiants de cet tablissement ne seraient pas autoriss organiser des manifestations politiques. Au regard des Principes directeurs relatifs aux entreprises et aux droits de lhomme [ONU], cette politique a plac linstance dirigeante de luniversit, la Yale Corporation, en porte--faux, puisque celle-ci a lobligation de veiller ne pas limiter les droits humains, en loccurrence le droit la libert dexpression et de runion. n En septembre, les anciens Premiers ministres Lee Kuan Yew et Goh Chok Tong ont accept une conciliation avec Chee Soon Juan, le dirigeant du SDP, qui leur a vers la somme de 30000dollars des tatsUnis. Ce dernier a ainsi vit la faillite et obtenu lautorisation de se rendre ltranger et de se prsenter aux prochaines lections. En aot, pour la premire fois depuis de nombreuses annes, ses livres avaient t mis en vente dans des librairies du pays.

SLOVAQUIE
RPUBLIQUE SLOVAQUE
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Ivan Gaparovi Iveta Radiov, remplace par Robert Fico le 4 avril

Les Roms faisaient toujours lobjet de discriminations. La Cour europenne des droits de lhomme a estim quune jeune Rom avait t strilise de force dans un hpital, en violation de ses droits les plus fondamentaux. Des expulsions forces de Roms ont t signales dans tout le pays.

Contexte
En septembre il a t dcid de supprimer la fonction de vice-Premier ministre en charge des droits humains et des minorits nationales. La protection des droits humains et la prvention des discriminations ont t confies au ministre des Affaires trangres et europennes et au ministre de lIntrieur.

Discrimination les Roms


Le gouvernement na gure avanc dans la lutte contre les discriminations institutionnalises dont taient victimes les Roms. En mai, le Comit des droits conomiques, sociaux et culturels [ONU] a reproch la Slovaquie de ne pas avoir pris de mesures pour combattre les discriminations dont les Roms continuaient dtre victimes dans les domaines de lducation, de lemploi, de la sant et du logement.

Droit lducation
Le Comit a galement constat que la sgrgation continuait dtre pratique lencontre des enfants roms dans le systme scolaire. n Certains des lves dune cole primaire de Levoa qui avaient t placs dans des classes rserves aux Roms ont rintgr des classes mixtes. Cet tablissement continuait cependant davoir des classes uniquement rserves aux Roms. Les classes spares avaient t mises en place en septembre 2011, sous la pression de parents dlves non roms. n Statuant en appel, le tribunal de district de Preov, dans lest de la Slovaquie, a estim en octobre que, en plaant les lves roms dans des classes spares, lcole primaire de la ville de arisk

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Michaany avait contrevenu la lgislation contre la discrimination.

Torture et autres mauvais traitements


La Slovaquie sest vu reprocher davoir renvoy de force des personnes vers des pays o elles risquaient dtre maltraites, voire tortures. n La Cour europenne des droits de lhomme a estim en mai que la Slovaquie avait viol les droits de Mustapha Labsi, en mconnaissant une mesure provisoire indique par la Cour. En 2010, la Slovaquie avait renvoy de force Mustapha Labsi en Algrie, o celui-ci risquait dtre maltrait et de ne pas pouvoir faire valoir son droit un recours effectif. n En juin, la Cour europenne des droits de lhomme a pris des mesures provisoires contre lextradition dAslan Achmetovitch Iandiev vers la Russie, o il tait accus dappartenance un groupe arm. Aslan Iandiev affirmait avoir t tortur par la police russe avant de parvenir schapper. La Cour suprme de Slovaquie a estim en juin, alors que sa demande dasile en Slovaquie tait en instance, que la demande dextradition formule son encontre par le parquet russe tait recevable. La Cour europenne sest oppose cette extradition, au motif quune telle mesure exposerait lintress un risque de torture. La Cour constitutionnelle slovaque a admis en aot le bien-fond du recours contre la dcision dextradition, indiquant que cette dernire ne pourrait pas tre mise excution tant que la demande dasile naurait pas t examine.

Droits en matire de logement


Un peu partout en Slovaquie, les pouvoirs publics ont continu expulser de force les Roms qui vivaient dans des campements non autoriss, sans leur fournir pour autant un accs aux services de base. n En mai, les autorits municipales de Vrtky ont dmoli plusieurs maisons roms construites sans permis sur un terrain de la commune. Des personnes se sont retrouves la rue. Certains des enfants expulss auraient t retirs leurs parents par les services sociaux et placs dans un foyer. n Les habitants dun campement non autoris install prs de Preov ont t expulss de force le 22 octobre, et contraints de dmolir eux-mmes leurs habitations. Auparavant, le maire de la ville avait annonc lexpulsion sur sa page Facebook, et adress un message au plnipotentiaire du gouvernement charg des communauts roms lui demandant de soccuper de ses ouailles. n Un ensemble dhabitations prcaires abritant quelque 150Roms a t dmoli Koice le 31octobre. Seules quatre personnes auraient accept dtre reloges titre provisoire. Selon les tmoignages des habitants, certaines des personnes expulses vivaient l depuis 12ans. Le maire de la ville a dclar que cette opration de dmolition tait en ralit un nettoyage de dcharge illgale, dans la mesure o les maisons des Roms avaient t construites avec des dchets.

Droits des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres ou intersexues (LGBTI)
Le gouvernement a cr en octobre au sein du Conseil des droits humains un nouveau Comit pour les droits des personnes LGBTI. La mission de ce Comit est de veiller au respect par les pouvoirs publics slovaques des dispositions des traits internationaux relatifs aux droits humains.

Strilisation force de femmes roms


La Cour europenne des droits de lhomme a prononc deux arrts supplmentaires dans des affaires de strilisations forces pratiques au dbut des annes 2000 sur des femmes et des jeunes filles roms. Elle a considr que la strilisation dune femme sans son plein consentement, donn en parfaite connaissance de cause, constituait une violation du droit de cette femme ne pas tre soumise un traitement inhumain ou dgradant, ainsi quune violation de son droit au respect de la vie prive et de la vie de famille. la suite de ces dcisions, le Centre des droits civils et humains (Porada), une ONG, a reproch au gouvernement de ne pas avoir enqut sur tous les cas prsums de strilisation force, de ne pas avoir prsent dexcuses toutes les victimes et de ne pas leur avoir propos dindemnisation.

Visites et documents dAmnesty International


vDes dlgus dAmnesty International se sont rendus en Slovaquie en
mars, juin et novembre. 4 Slovakia: Briefing to the UN Committee on Economic, Social and Cultural Rights, 48th session, May 2012 (EUR72/001/2012).

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Amnesty International - Rapport 2013

SLOVNIE
RPUBLIQUE DE SLOVNIE
Chef de ltat: Danilo Trk, remplac par Borut Pahor le 22 dcembre Chef du gouvernement: Borut Pahor, remplac par Janez Jana le 10 fvrier Les droits des personnes rayes en toute illgalit des registres de la population slovne en 1992 navaient toujours pas t rtablis. Les Roms demeuraient en butte des discriminations.

Discrimination
Les effacs
Les autorits ne garantissaient toujours pas les droits des effacs, ces habitants originaires dautres rpubliques de lex-Yougoslavie radis illgalement du registre slovne des rsidents permanents en 1992. Les mesures lgislatives adoptes les annes prcdentes nont pas permis de rparer les atteintes aux droits conomiques, sociaux et culturels subies par ces personnes, et ne leur ont pas non plus garanti la jouissance de ces droits lavenir. Les autorits nont pris aucune nouvelle initiative susceptible de rtablir le plein exercice de ces droits. n Le 26juin, la Grande Chambre de la Cour europenne des droits de lhomme, appele se prononcer dans laffaire pilote Kuri et autres c. Slovnie, a estim que leffacement des plaignants et ses consquences constituaient une violation des droits de ces derniers avoir une vie prive et familiale et disposer de recours juridiques efficaces. La Grande Chambre a galement considr que les plaignants avaient t victimes de discriminations au regard de ces droits. Elle a donn un dlai dun an aux autorits slovnes pour mettre en place un programme dindemnisation des victimes. Rien nindiquait, la fin de lanne, que les pouvoirs publics avaient mis en route une quelconque procdure destine crer un tel dispositif.

La majorit des Roms vivant en zone rurale dans des campements prcaires, isols et spars du reste de la population navaient toujours pas accs un logement dcent. Ils ne jouissaient pas non plus de la scurit doccupation de leur lieu de rsidence et taient exposs aux expulsions forces. En outre, nombre dentre eux taient privs de services publics, notamment deau courante, pour leurs besoins quotidiens (ils devaient souvent sapprovisionner dans des cours deau pollus ou aux robinets des stations dessence ou des cimetires). n Le mdiateur a publi en juillet un rapport sur la situation des Roms dans le sud-est de la Slovnie. Dans ce rapport, il appelait les pouvoirs publics assurer sans dlai laccs des Roms leau potable et des installations sanitaires, en apportant les modifications ncessaires la lgislation. Lors de la procdure visant adopter officiellement les recommandations du mdiateur, le Parlement a reformul certaines dentre elles, en les vidant en grande partie de leur substance. n La Commission gouvernementale pour la protection de la communaut rom a estim en septembre que la Loi sur les Roms devait tre modifie. Les premires discussions sur cette question ont port sur la ncessit dintgrer dans la Loi des dispositions garantissant laccs des Roms aux services publics les plus lmentaires.

SOMALIE
RPUBLIQUE DE SOMALIE
Chef de ltat: Sharif Sheikh Ahmed, prsident du gouvernement fdral de transition, remplac par Hassan Sheikh Mohamoud le 16 septembre Premier ministre: Abdiweli Mohamed Ali, remplac par Abdi Farah Shirdon Said le 17 octobre Prsident de la Rpublique du Somaliland: Ahmed Mohamed Mahamoud Silanyo

Les Roms
Le gouvernement navait toujours pas mis en place de mcanismes satisfaisants permettant de dtecter les pratiques discriminatoires contre les Roms. Il na pas non plus institu le cadre juridique et institutionnel qui garantirait aux victimes de telles pratiques des recours vraiment efficaces.

Le conflit opposant les forces progouvernementales, la Mission de lUnion africaine en Somalie (AMISOM) et le groupe arm islamiste Al Shabab sest poursuivi dans le sud et le centre de la Somalie. Les forces progouvernementales ont pris le contrle dun certain nombre de villes importantes jusqualors

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tenues par Al Shabab, dont le port de Kismayo. Le processus de transition politique a mis fin au mandat du gouvernement fdral de transition (GFT). Un nouveau Parlement a t choisi en aot, un nouveau prsident de la Rpublique a t nomm en septembre puis un nouveau Premier ministre en octobre. Des milliers de civils ont t tus, blesss ou dplacs dans le contexte du conflit arm et de la violence gnralise. Laccs des organisations humanitaires aux populations civiles tait toujours entrav par les combats, linscurit et les restrictions imposes par les parties au conflit. Dix-huit journalistes ont t tus; dautres ont t agresss, harcels et contraints lexil. Cette anne encore, des personnes travaillant pour les organisations humanitaires et des militants des droits humains ont t la cible datteintes leurs droits fondamentaux. Les groupes arms pratiquaient toujours le recrutement forc, y compris denfants, et continuaient denlever, de torturer et de tuer illgalement des personnes. Des atteintes graves aux droits humains, dont certaines constituaient des crimes de guerre, restaient impunies. Dans le Somaliland, la libert dexpression sest dtriore et un journaliste a t tu.

Contexte
Le GFT et lAMISOM ont gard le contrle de la capitale, Mogadiscio. Les affrontements avec AlShabab se sont poursuivis tout au long de lanne, mais les pisodes signals taient moins frquents que les annes prcdentes et le nombre de pertes civiles a diminu. AlShabab a perdu le contrle de plusieurs villes importantes, dont Baidoa, Afgoye, Merka et Kismayo, mais une grande partie de la campagne tait toujours entre ses mains. Linscurit restait gnralise. Les civils risquaient dtre victimes de tirs aveugles ou dattentats-suicides ou dtre directement viss par des attaques cibles. En juillet, les troupes knyanes ont t formellement intgres lAMISOM la suite de leur intervention en octobre 2011. La communaut internationale continuait de soutenir les forces de scurit gouvernementales et les milices allies, bien quelles naient pas t amenes rendre de comptes pour les atteintes graves et persistantes aux droits humains commises.

En juillet, le Groupe de contrle des Nations unies a attir lattention sur les violations persistantes de lembargo sur les armes destination de la Somalie. LONU a dclar en fvrier que la famine avait pris fin en Somalie, tout en indiquant que la crise humanitaire persistait. la fin de lanne, 31% de la population tait touche par la crise alimentaire et avait besoin daide. Le mandat du GFT a pris fin en aot. La date butoir du 20aot pour la transmission du pouvoir un nouveau gouvernement plus reprsentatif a t repousse plusieurs reprises. Le Parlement a t choisi en aot et un nouveau prsident a t dsign en septembre. Un groupe de 135chefs traditionnels ont t dsigns pour former une Assemble nationale constituante charge de choisir 275nouveaux dputs et dapprouver la nouvelle Constitution du pays. Le 1er aot, lAssemble constituante adoptait la Constitution. Elle nen a pas modifi le texte, mais elle a nanmoins formul un certain nombre de recommandations que le nouveau Parlement devait examiner. Un rfrendum tait ncessaire pour que la Constitution devienne dfinitive, mais il navait pas encore t organis la fin de lanne. Un Comit technique de slection a aid lAssemble nationale constituante choisir les futurs dputs. Les candidats ont t valus en fonction dune srie de critres, dont dventuelles allgations datteintes aux droits humains. Le Comit technique de slection a dcid de rejeter les noms de 16dputs au motif quil sagissait de chefs de guerre prsums, dcision que la Haute Cour a annule. En septembre, le Parlement a lu la prsidence Hassan Sheikh Mohamoud. Le prsident sortant, Sharif Sheikh Ahmed, a t battu au deuxime tour par 190voix contre 79. En octobre, le prsident a dsign Abdi Farah Shirdon Said au poste de Premier ministre et, en novembre, le Parlement a approuv la composition du gouvernement. Il comprenait la premire femme ministre des Affaires trangres de Somalie. Ltat de Khatumo, cr en janvier, dclarait se composer des rgions de Sool, Sanag et Ayn et affirmait faire allgeance au gouvernement bas Mogadiscio. Or, le Somaliland et le Puntland se disputent le contrle de ces rgions. Des milliers de personnes ont t dplaces la suite daffrontements entre les forces armes du Somaliland et des milices allies ltat de Khatumo.

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Atteintes aux droits humains perptres par les parties au conflit


Attaques menes sans discernement
Des centaines de civils ont t tus ou blesss dans des attaques aveugles menes par toutes les parties au conflit. Les tirs de mortier ont diminu, mais certains auraient entran des pertes civiles. Des civils ont galement t tus ou blesss lors dchanges de tirs et daffrontements entre diffrentes units du GFT et des milices, en particulier Mogadiscio, ainsi que par des engins explosifs improviss et des grenades, de plus en plus utiliss par la milice Al Shabab et ses sympathisants. Al Shabab a revendiqu des attentatssuicides qui ont bless ou tu des centaines de personnes. Des frappes ariennes, certaines menes par le Kenya, ont galement bless ou tu des civils dans le sud et le centre de la Somalie. n Le 15janvier, sept personnes au moins, dont cinq enfants, ont trouv la mort lors de frappes ariennes sur Jilib. Cette attaque na pas t revendique. n Le 28mars, un tir de mortier qui visait semble-t-il des miliciens progouvernementaux a atteint le camp de personnes dplaces de Beerta Darawiishta, Mogadiscio; trois personnes, dont un enfant de trois ans, ont t tues. Huit autres auraient t grivement blesses. n En avril, 22personnes au moins ont trouv la mort lors dattentats-suicides perptrs Mogadiscio et Baidoa. Dix personnes au moins, dont le prsident du Comit olympique somalien et le prsident de la Fdration somalienne de football, ont t tues lors dune attaque contre le thtre national de la capitale qui venait de rouvrir. Baidoa, une attaque non loin dun march trs frquent a cot la vie 12personnes au moins; plus de 30autres, dont 10journalistes, ont t blesses.

flagellations. Elles ont aussi impos des codes de conduite restrictifs aux hommes et aux femmes. n Trois hommes auraient t abattus en public Merka en juillet par des membres dAl Shabab qui les accusaient despionnage pour le compte de la CIA et du MI6, les services amricain et britannique du renseignement, et dtre responsables de tirs de drones. n En aot, une femme a t enleve et dcapite proximit de Baidoa. Selon certaines sources, des membres dAl Shabab lavaient menace quelques jours plus tt pour quelle cesse de vendre du th aux forces gouvernementales dans la rgion. Baidoa et Beletweyne, des milices allies au gouvernement se seraient rendues responsables dexcutions extrajudiciaires, de dtention arbitraire, dactes de torture et de mauvais traitements, le plus souvent en raction linscurit persistante et aux attaques des miliciens dAl Shabab. n En aot, des soldats thiopiens auraient abattu un homme sourd Baidoa car il navait pas obtempr quand ils lui avaient demand de sarrter.

Enfants soldats
Cette anne encore, Al Shabab a recrut par la force des enfants avant et pendant les oprations militaires. La plupart taient envoys au front. Les milices allies au gouvernement taient elles aussi accuses de continuer recruter des enfants soldats et les utiliser. En juillet, le GFT a sign un plan daction avec les Nations unies pour mettre un terme au recrutement et lutilisation denfants dans larme nationale. Ce plan navait pas dmarr la fin de lanne et des enfants servaient toujours dans les forces armes gouvernementales.

Les civils directement pris pour cible


Mogadiscio, les civils risquaient toujours dtre directement la cible dattaques et dhomicides. n Le 9novembre, Malaaq Isaac Uus, lun des chefs traditionnels chargs de dsigner les nouveaux dputs, a t abattu devant une mosque dans le quartier de Waberi, Mogadiscio. Les factions dAl Shabab continuaient de torturer et de tuer illgalement des personnes quelles accusaient despionnage ou qui ne se conformaient pas leur interprtation de la loi islamique. Elles ont procd des excutions en public, notamment par lapidation, ainsi qu des amputations et des

Libert dexpression
Les parties au conflit ont continu dagresser, de harceler et dintimider des journalistes et des employs des mdias somaliens. Au moins 18personnes travaillant pour les mdias ont t tues. En novembre, le prsident a annonc la cration dun groupe de travail charg denquter sur les meurtres de journalistes et den identifier les auteurs. Aucun membre de ce groupe de travail navait toutefois t nomm la fin de lanne et personne navait eu rendre de comptes. Les autorits du Puntland continuaient elles aussi

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dimposer des restrictions arbitraires la libert des mdias. n Hassan Osman Abdi (connu sous le nom de Fantastic), directeur du rseau de mdias Shabelle, a t abattu le 28janvier par des inconnus. Il serait mort pendant son transfert lhpital. n Le 20septembre, trois journalistes Abdirahman Yasin Ali, directeur de Radio Hamar, Abdisatar Daher Sabriye, directeur de linformation de Radio Mogadiscio, et Liban Ali Nur, directeur de linformation de la tlvision nationale somalienne ont trouv la mort dans un attentat-suicide contre un restaurant populaire de la capitale. Au moins 12autres personnes ont t tues, et plusieurs dizaines ont t blesses, dont quatre journalistes. n Le 27septembre, le corps dAbdirahman Mohamed, qui travaillait pour un site Internet consacr aux sports, a t retrouv dcapit non loin dun march aux bestiaux de Mogadiscio. n Ali Ahmed Abdi, journaliste Radio Galkayo, a t abattu le 4mars par des hommes non identifis. Farhan Jemiis Abdulle, reporter de Radio Daljir, a t tu le 2mai par deux tireurs inconnus alors quil rentrait chez lui. Ces deux homicides ont eu lieu dans le nord de la ville de Galkayo, contrl par les autorits du Puntland. n En octobre, le ministre de lIntrieur du Puntland a ferm Radio Horseed, quil accusait de diffuser de fausses nouvelles en vue de dstabiliser le Puntland. Laccs au site Internet de Horseed Media, propritaire de Radio Horseed, a galement t restreint dans certaines zones du Puntland.

la fourniture de services aux camps. De nouvelles informations ont fait tat de violences sexuelles infliges des femmes et des filles. Des personnes dplaces auraient t expulses de force danciens btiments gouvernementaux pour faire place des projets de rhabilitation, ainsi que de camps proches de laroport pour des raisons de scurit. n En fvrier, au moins 60000personnes ont fui le couloir dAfgoye, la route reliant Mogadiscio la ville dAfgoye, en prvision dune offensive du gouvernement et de lAMISOM pour reprendre la ville la milice Al Shabab. n En septembre, plus de 100000personnes ont quitt Kismayo la veille dune offensive qui a permis de reprendre le port jusqualors contrl par Al Shabab. On recensait plus dun million de rfugis somaliens dans la rgion, particulirement en thiopie et au Kenya. En novembre, le complexe de rfugis de Dollo Ado, en thiopie, est devenu le deuxime plus grand au monde aprs celui de Dadaab au Kenya, qui accueille lui aussi des rfugis somaliens.

Restrictions laide humanitaire


Les oprations humanitaires taient toujours entraves par les combats, linscurit gnralise et les restrictions imposes laccs aux populations. n En janvier, Al Shahab a annonc quil interdisait au CICR doprer dans les rgions sous son contrle. La milice a affirm que le CICR avait distribu de la nourriture impropre la consommation et quil avait accus Al Shabab de bloquer laide. En mars, Al Shabab a interdit lONG Save the Children de continuer travailler, laccusant de corruption, de distribution de nourriture avarie et de non-respect des rgles de la milice sappliquant aux organisations humanitaires. Le 8octobre, Al Shabab annonait sur le rseau Twitter quil interdisait Islamic Relief Worldwide. n En mai, Ahmed Mohamed Noor, qui travaillait pour une organisation humanitaire, a t abattu par des hommes non identifis alors quil sortait dune mosque aprs la prire du soir Mursil, non loin de Baidoa.

Personnes dplaces, rfugis et demandeurs dasile


Cette anne encore, les combats, linscurit et la malnutrition svre ont contraint des centaines de milliers de personnes quitter leur foyer. Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les rfugis (HCR), prs de 1,36million de Somaliens ont t dplacs lintrieur du pays en 2012, essentiellement dans le sud et le centre. Les camps de personnes dplaces continuaient de stendre Mogadiscio. Des informations provenant notamment du Groupe de contrle des Nations unies faisaient rgulirement tat de manuvres de dtournement de laide par des responsables gouvernementaux et des gestionnaires de camps. Linscurit avait galement un impact sur

Peine de mort
Les statistiques gouvernementales, Mogadiscio, ont fait tat de quatre excutions en 2012. Selon certaines sources, toutefois, leur nombre serait de cinq, voire plus. Au moins 51sentences capitales ont

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t prononces par des tribunaux militaires lissue de procs qui ne respectaient pas les garanties dquit. Au Puntland, sept condamnations mort ont t signales et au moins une excution a eu lieu.

SOUDAN
RPUBLIQUE DU SOUDAN
Chef de ltat et du gouvernement: Omar Hassan Ahmad el Bchir Les accords de laprs-indpendance sur le partage des ressources ptrolires, la nationalit et la dlimitation des frontires taient toujours en cours de ngociation avec le Soudan du Sud la fin de lanne. Le conflit persistait au Darfour et dans les tats du Kordofan du Sud et du Nil Bleu. Cette anne encore, des personnes considres comme critiques lgard du gouvernement et qui avaient exerc leur droit la libert dexpression, dassociation et de runion ont t victimes de violations de leurs droits fondamentaux commises par des membres du Service national de la sret (NSS), entre autres agents des services gouvernementaux.

Somaliland
Des milliers de personnes ont fui leur foyer la suite daffrontements dans lest du pays entre larme du Somaliland et des milices affilies au nouvel tat de Khatumo. La libert dexpression faisait lobjet de restrictions croissantes. Plusieurs dizaines de journalistes ont t arrts de manire arbitraire et incarcrs. Certains se sont plaints davoir t battus en dtention. Un journaliste a t tu. Un chef traditionnel a t dtenu pendant quatre mois pour avoir fait des dclarations critiquant le gouvernement. n Ahmed Saakin Farah Ilyas, journaliste de la chane de tlvision Universal TV, a t abattu par des inconnus le 25octobre dans la ville de Las Anod. n Boqor Osman Mohamoud Buurmadow a t arrt le 15mars Hargeisa. Il a t inculp le 24avril davoir men des activits contre le rgime depuis ltranger, diffus de la propagande antinationale ou subversive et commis une infraction continue cause de commentaires quil avait faits aux mirats arabes unis rprouvant la visite du prsident du Somaliland en Chine. Dclar coupable le 8juillet, il a t condamn un an demprisonnement pour outrage un reprsentant de ltat. Il a t remis en libert le 18juillet.

Contexte
Les tensions entre le Soudan et le Soudan du Sud se sont exacerbes propos des questions de laprsindpendance qui restaient en suspens. La suspension de la production ptrolire dans le Soudan du Sud en fvrier, dcide en raison de diffrends entre les deux pays sur les droits de transit du ptrole, a entran une escalade du conflit. Les affrontements entre les forces armes des deux pays, notamment les bombardements ariens aveugles mens par larme soudanaise de la fin du mois de mars jusquen mai, puis en novembre, dans les rgions frontalires de Heglig/Panthou et de Kiir Adem, ont contraint des centaines de personnes quitter leur foyer. En fvrier, le Soudan et le Soudan du Sud ont sign un pacte de non-agression propos de leur diffrend frontalier. Le protocole daccord couvrait cinq principes, dont deux clauses mentionnaient la cessation des oprations transfrontalires et la fin du soutien des auxiliaires interposs. Les tensions frontalires ont persist malgr ce pacte. Le 24avril, le Conseil de paix et de scurit de lUnion africaine a adopt une feuille de route pour la rsolution des questions en suspens entre les deux pays. Le Conseil de scurit des Nations unies a approuv cette feuille de route dans sa rsolution2046, qui donnait aux deux pays

Visites et documents dAmnesty International


et les droits humains (PRE01/100/2012). (PRE01/112/2012).

4 Somaliland. Un prisonnier dopinion doit tre libr (AFR52/007/2012). 4 Somalie. Un avenir stable ne peut tre envisag sans protger les civils 4 Somalie. Les attaques visant des journalistes doivent cesser 4 Journalistes tus en Somalie : il faut mettre fin limpunit des meurtriers (PRE01/390/2012).

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un dlai de trois mois pour parvenir un accord de rglement de leurs diffrends. Le Soudan du Sud et le Soudan ont sign, le 27septembre Addis-Abeba (thiopie), une srie daccords sur le commerce, le ptrole, la scurit et les questions lies la citoyennet. la fin de lanne, toutefois, ces accords navaient pas t mis en application. Ceux conclus plus tard sur le statut de la zone dispute dAbyei et le trac de la frontire entre les deux pays ne lont pas t davantage. Le conflit arm opposant les forces rgulires au Mouvement populaire de libration du Soudan-Nord (MPLS-N) sest poursuivi dans les tats du Kordofan du Sud et du Nil Bleu. En avril et en mai, ltat durgence a t proclam dans un certain nombre de localits situes dans des tats frontaliers du Soudan du Sud, savoir ceux du Kordofan du Sud, du Nil Blanc et de Sennar. En aot, le gouvernement du Soudan et le MPLS-N ont sign avec le groupe tripartite (ONU, Union africaine et Ligue arabe) deux mmorandums daccord distincts prvoyant laccs des organisations humanitaires aux populations touches par le conflit dans les tats du Kordofan du Sud et du Nil Bleu. la fin de lanne cependant, aucun progrs navait t accompli dans lacheminement de laide humanitaire vers les populations des zones contrles par le MPLS-N. La majorit des habitants dAbyei dplacs au Soudan du Sud ntaient toujours pas rentrs chez eux, malgr la prsence depuis juin2011 de la Force intrimaire de scurit des Nations unies pour Abyei (FISNUA). Des membres du Comit de surveillance conjoint dAbyei ont t dploys en juillet, mais les pourparlers entre le Soudan et le Soudan du Sud sur des points administratifs et des questions politiques plus gnrales concernant Abyei sont rests au point mort. En novembre, le Conseil de scurit de lONU a adopt la rsolution2075 qui prorogeait de six mois le mandat de la FISNUA. Bien que la surveillance des droits humains ait figur dans le mandat de la FISNUA depuis le dbut, aucune avance navait t constate dans ce domaine. Le 19septembre, le prsident Omar el Bchir a invit les ONG et les partis politiques assister une runion consultative sur la Constitution. Le texte avait dj t rdig par le Parti du Congrs national et aucune consultation ne semble avoir eu lieu avant sa publication. Tous les grands partis dopposition ont refus de participer aux consultations.

Des vagues de protestation ont eu lieu en janvier et en juin; les forces de scurit ont utilis une force excessive pour disperser des tudiants qui manifestaient contre la politique gouvernementale et les mesures daustrit. Plusieurs centaines de militants ont t arrts; beaucoup ont t torturs et autrement maltraits avant dtre relchs.

Justice internationale
Le gouvernement soudanais a persist dans son refus de cooprer avec la Cour pnale internationale (CPI) pour excuter les mandats darrt dcerns contre le prsident el Bchir en 2009 et 2010, et ceux mis en 2007 contre le gouverneur du Kordofan du Sud, Ahmed Haroun, et le milicien Ali Mohammed Ali Abdelrahman, un ancien chef des Janjawids. Le 1er mars, la CPI a dcern un mandat darrt contre le ministre de la Dfense, Abdel Raheem Muhammad Hussein, pour 41chefs de crimes de guerre et crimes contre lhumanit commis dans le cadre de la situation au Darfour.

Rfugis et migrants
Des rfugis et des demandeurs dasile rythrens ont t renvoys de force dans leur pays, au mpris des obligations du Soudan au regard du droit international qui lui imposent de ne pas renvoyer des personnes vers un pays o elles courent un risque rel dtre victimes de violations des droits humains. n En juillet, neuf demandeurs dasile et un rfugi ont t dclars coupables dentre illgale sur le territoire soudanais et renvoys de force en rythre. n Le 11octobre, un rythren de 24 ans a t renvoy dans son pays contre son gr la suite de la dcision dun tribunal de Kassala. Il avait t interpell aprs stre rendu dans un poste de police pour solliciter lasile.

Libert dexpression
Le gouvernement a impos des restrictions svres la libert dexpression en utilisant de nouvelles formes de censure. Les autorits ont, par exemple, confisqu tous les exemplaires dun journal, empch la publication darticles ou de tribunes, interdit des journalistes de rdiger des articles pour la presse et harcel des rdacteurs en chef, de manire peser sur leurs choix en matire de couverture de lactualit.

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Amnesty International - Rapport 2013

En janvier et en fvrier, les autorits ont suspendu la parution de trois journaux en invoquant des dispositions de la Loi de 2010 relative la scurit nationale, qui autorise le NSS interdire toute publication contenant des informations considres comme reprsentant une menace pour la scurit nationale. cinq reprises durant le seul mois de mars, les autorits ont saisi le journal Al Midan aprs parution. Trois quotidiens Alwan, Rai al Shaab et Al Tayyar ont t ferms le 2janvier. Les journalistes risquaient dtre arrts, torturs et maltraits par des agents du NSS, entre autres membres des forces de scurit soudanaises. Beaucoup ont fait lobjet dinculpations et ont vu leur matriel confisqu, ce qui les empchait de mener leurs activits. Plus de 15journalistes taient toujours frapps dune interdiction dexercer leur profession. n Faisal Mohammed Saleh, journaliste de renom travaillant pour plusieurs publications nationales, a t arrt puis remis en libert plusieurs reprises en mai. Il a ensuite t inculp de non-coopration avec un agent de ltat. Relax le 31mai, il restait poursuivi pour un article publi en 2011 sur le viol prsum dune militante par des agents du NSS. n Harcele en permanence par des agents du NSS, la vido-blogueuse Najla Sid Ahmed a t contrainte lexil. Cette Soudanaise travaillait sur les violations des droits humains dans son pays, effectuant des interviews de militants et de victimes quelle diffusait sur YouTube. n Jalila Khamis Koko, une enseignante des monts Nouba membre du MPLS-N, a t arrte en mars. Elle avait apport une aide humanitaire des personnes dplaces du Kordofan du Sud et elle tait maintenue en dtention la fin de lanne. Elle avait aussi dnonc, dans une vido diffuse sur YouTube, la situation dans la rgion des monts Nouba. En dcembre, le NSS a engag des poursuites contre Jalila Khamis Koko pour six infractions pnales, dont cinq relevaient de la catgorie des crimes contre ltat (deux de ceux-ci tant punis de la peine capitale).

Libert dassociation et de runion


La libert de runion tait toujours soumise des restrictions svres. Les autorits ont rprim une vague de manifestations contre la hausse des prix qui ont dbut le 16juin et se sont transformes en un vaste mouvement de protestation rclamant des

changements politiques. Des manifestations ont eu lieu dans la capitale, Khartoum, et dans dautres villes, y compris de moindre importance. Pour rprimer ce mouvement gnralement pacifique qui sest prolong jusquen aot, les forces de scurit ont utilis des matraques, du gaz lacrymogne, des balles en caoutchouc et des balles relles, faisant plusieurs morts et blesss parmi les contestataires. Des femmes auraient subi plusieurs reprises des tests de virginit, assimilables des actes de torture ou autres mauvais traitements. Des policiers en civil dploys dans les hpitaux ou proximit ont arrt des manifestants prsums qui venaient se faire soigner. Les agents du NSS ont procd une srie darrestations dans tous les secteurs de la socit civile la suite des manifestations. Des centaines de personnes ont t interpelles, quelles aient ou non particip aux manifestations; parmi elles figuraient des protestataires, mais aussi des avocats, des employs dONG, des mdecins, des membres dorganisations de jeunesse et des militants de partis politiques. Beaucoup de ces prisonniers ont t dtenus sans inculpation; dautres ont t jugs selon une procdure sommaire pour participation une meute ou trouble lordre public, et condamns des peines damende ou de flagellation. Dautres encore ont t maintenus en dtention, dans certains cas jusqu deux mois durant, et accuss dinfractions plus graves, le plus souvent dactes de terrorisme mais ils nont pas t condamns. Bon nombre des personnes interpelles la suite des manifestations de juin ont t tortures ou maltraites par des agents du NSS, qui les ont gifles et frappes coups de poing, de pied et de tuyau darrosage. Certains dtenus ont t forcs de rester debout pendant plusieurs heures dans une chaleur crasante et maintenus dans des positions douloureuses. Beaucoup ont t privs deau et de nourriture et nont pas eu accs des installations sanitaires de base. n Le 31juillet, 10personnes au moins des lycens en majorit ont t tues lorsque les forces de scurit et la police paramilitaire ont ouvert le feu sur des manifestants rassembls Nyala, au Darfour, pour protester contre les prix des carburants et le cot de la vie. n Quatre tudiants darfouriens de luniversit de ltat dAl Djazirah ( Wad Madani) ont t retrouvs morts

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dans un canal proche de luniversit les 6 et 7dcembre. Ils avaient t arrts par des agents du NSS aprs avoir particip des manifestations luniversit. Selon les informations recueillies, leurs corps prsentaient des traces de coups, ce qui donne penser quils ont peut-tre t torturs ou maltraits. Le gouvernement soudanais continuait de harceler les membres de groupes dopposition. En octobre et en novembre, plus de 100personnes souponnes dappartenir au MPLS-N ont t arrtes Kadugli et Dilling, ou aux alentours de ces localits de ltat du Kordofan du Sud.

Peine de mort
Cette anne encore, des condamnations mort ont t prononces. Deux femmes au moins ont t condamnes la lapidation. Elles nont pas bnfici de lassistance dun avocat, en violation manifeste du droit un procs quitable. Les sentences capitales taient le plus souvent prononces lissue de procs qui violaient de manire flagrante les droits de la dfense. Cette anne encore, les autorits ont eu recours des moyens dilatoires pour entraver le droit des condamns dinterjeter appel. n Intisar Sharif Abdallah, 20ans, et Layla Ibrahim Issa Jumul, 23ans, ont t condamnes mort par lapidation pour adultre, respectivement en mai et juillet. Dans chacune des deux affaires, la culpabilit de laccuse na t tablie que sur la base de ses aveux, obtenus sous la contrainte. Les deux femmes ont t remises en libert aprs lexamen de leur appel. n Al Tom Hamed Tutu, un dirigeant du Mouvement pour la justice et lgalit (MJE), tait toujours sous le coup dune sentence capitale. Il pouvait tre excut tout moment. Il avait t condamn mort en 2011 lissue dun procs entach dirrgularits.

Conflit arm Darfour


Dans tout le Darfour, des violations graves des droits humains continuaient dtre commises, dans le cadre du conflit persistant entre le gouvernement et les groupes arms dopposition et de la perte de contrle du gouvernement sur les milices qui lui taient allies. Les attaques contre les civils menes par des milices progouvernementales ainsi que les bombardements ariens, les pillages et destructions de biens taient trs rpandus. Les forces armes soudanaises ont procd cette anne encore des bombardements

ariens, en violation de linterdiction par lONU de tout survol militaire du Darfour. La Mission des Nations unies et de lUnion africaine au Darfour (MINUAD) estimait que 29020personnes avaient t dplaces par les combats entre juillet et novembre. La MINUAD a indiqu quelle se heurtait toujours des obstacles pour mener ses activits, en raison des restrictions imposes par le gouvernement lacheminement de laide humanitaire et des retards dans son approbation. n Le village de Hashaba Nord et ses alentours ont t attaqus par des hommes arms entre le 26septembre et le 2octobre. On a dnombr plus de 250victimes. n Le 2octobre, quatre membres de la MINUAD ont t tus et huit autres ont t blesss dans une embuscade non loin de leur base dEl Geneina, au Darfour de lOuest. n Le 17octobre, une milice a attaqu un convoi de la MINUAD qui se rendait Hashaba Nord pour enquter sur les informations faisant tat datteintes graves aux droits humains perptres dans la rgion. Un membre de la MINUAD a t tu et trois autres ont t blesss. n Dans la nuit du 31dcembre, des bombardements ariens ont t signals dans lest de la rgion du Djebel Marra. Cinq personnes ont t tues et deux autres ont t blesses dans le village dAngero Rouka. Cette anne encore, des femmes ont t victimes de viol, entre autres violences sexuelles, commis par des membres des forces gouvernementales et des milices qui leur sont allies. De nombreuses sources ont rapport que des hommes arms pntraient la nuit dans les camps de dplacs pour piller des biens et violer des femmes et des filles. n Le 10juillet, des membres de milices progouvernementales sont entrs dans le camp de Hamidia, situ dans la ville de Zalingei (centre du Darfour). Ils auraient viol quatre femmes, bless quatre rsidents du camp et enlev 20autres personnes. Lune delles, qui sest vade par la suite, a affirm que les personnes enleves avaient t tortures et maltraites.

Conflit arm Kordofan du Sud et Nil Bleu


Le conflit qui avait clat en 2011 entre larme rgulire et le MPLS-N dans les tats du Kordofan du Sud (en juin) et du Nil Bleu (en septembre) sest poursuivi tout au long de lanne. Les affrontements

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se sont intensifis partir doctobre. Les forces gouvernementales ont men des attaques sans discrimination, notamment des bombardements ariens, et les deux parties ont procd des tirs de mortier dans la localit de Kadugli (Kordofan du Sud), qui ont tu et bless des civils. Les bombardements ariens aveugles des forces armes soudanaises ont en outre provoqu des destructions de biens et perturb lagriculture. Sajoutant au refus daccs des organisations humanitaires aux zones contrles par le MPLS-N, les combats ont contraint plus de 200000personnes se rfugier au Soudan du Sud et en thiopie.

Contexte
Le 9janvier, le prsident a pris un dcret dsignant les membres de la Commission nationale pour la rvision de la Constitution. Cette instance, charge de rdiger une Constitution permanente, a commenc ses travaux en aot, aprs la promulgation, le 6juillet, de la Loi relative aux lections nationales. Les accords conclus avec le Soudan aprs lindpendance navaient toujours pas t appliqus la fin de lanne. En fvrier, le Soudan du Sud a stopp sa production de ptrole en raison de diffrends avec le Soudan propos des taxes de transit, ce qui a entran une chute de 98% des revenus nationaux. Le Conseil de paix et de scurit de lUnion africaine a adopt, le 24avril, une feuille de route comportant un calendrier de mise en uvre pour rgler les questions en suspens. Le 2mai, le Conseil de scurit des Nations unies a approuv cette feuille de route en adoptant la rsolution2046, qui donnait aux deux pays un dlai de trois mois pour parvenir un accord global de rglement de leurs diffrends. la suite de larrt prolong de la production ptrolire, lAssemble lgislative sudsoudanaise a vot en juillet un budget daustrit visant rduire de 34% les dpenses pour lanne budgtaire 2012-2013. Le Soudan et le Soudan du Sud ont sign, le 27septembre Addis-Abeba (thiopie) un certain nombre daccords conomiques, commerciaux et de scurit qui prvoyaient la reprise de lexportation de ptrole, la mise en place dune zone frontalire dmilitarise et la cessation de toutes les hostilits. Un accord a t conclu sur les principes des quatre liberts accordant aux ressortissants du Soudan et du Soudan du Sud la libert de rsidence, la libert de circulation, le droit dacqurir et de vendre des biens ainsi que le libre exercice dactivits conomiques dans les deux pays. De nouvelles ngociations taient ncessaires pour rgler le conflit sur le statut dAbyei et parvenir un accord sur le trac de la frontire avec le Soudan. Le gouvernement a mis en place, en mars et avril, une approche plusieurs niveaux pour lutter contre linscurit rsultant des violences intercommunautaires qui avaient clat en 2011 et au dbut de lanne dans ltat de Jonglei. Parmi ces mesures figurait lopration Restore Peace, une campagne de dsarmement civil sur tout le territoire de ltat lance en mars pour une dure indtermine. Elle a t interrompue en septembre

Visites et documents dAmnesty International


4 Soudan: violences sans fin au Darfour. Lapprovisionnement en armes se poursuit malgr la persistance des violations des droits humains (AFR54/007/2012). 4 Soudan. Les autorits soudanaises doivent cesser de rprimer systmatiquement les manifestants et les militants (AFR54/036/2012). 4 Soudan du Sud. Nous pouvons fuir les bombes, mais pas la faim. Les rfugis soudanais au Soudan du Sud (AFR65/001/2012).

SOUDAN DU SUD
RPUBLIQUE DU SOUDAN DU SUD
Chef de ltat et du gouvernement: Salva Kiir Mayardit Le Soudan du Sud a clbr le 9juillet le premier anniversaire de son indpendance. Les ngociations se poursuivaient la fin de lanne avec le Soudan propos du partage des ressources ptrolires, daccords de scurit, de la dmarcation des frontires et du statut de la rgion conteste dAbyei. LArme populaire de libration du Soudan (APLS, forces armes du Soudan du Sud) et le Service de police du Soudan du Sud ont continu de commettre des violations des droits humains en bnficiant dune impunit relative. Lafflux de Sud-Soudanais qui rentraient chez eux et de rfugis sest poursuivi, venant sajouter aux dplacements de populations lintrieur du Soudan du Sud.

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dans le comt de Pibor la suite dattaques dune milice dirige par David Yau Yau, qui a fait dfection de lAPLS pour la deuxime fois, en avril. Le prsident a galement install, en mars, une commission sur la crise dans ltat de Jonglei, charge denquter sur les responsables des violences intercommunautaires. la fin de lanne, toutefois, la commission navait pas reu le financement ncessaire pour mener ses activits et ses membres navaient pas prt serment. Le processus de paix de Jonglei a t relanc en avril. Le gouvernement a conclu en mars un accord avec Peter Kuol Chol, chef du Mouvement/Arme dmocratique du Soudan du Sud, entamant ainsi le processus dintgration de 1800membres de ce groupe arm dopposition dans lAPLS. En juin, le prsident a sign une ordonnance provisoire relative aux rfugis. Le Soudan du Sud a adhr, en juillet, aux Conventions de Genve de 1949 et leurs protocoles additionnels. Le pays na toutefois pas adhr dautres traits importants relatifs aux droits humains, bien quil soit considr, selon le droit international, comme li par les traits auxquels le Soudan tait partie au moment de lindpendance du Soudan du Sud. Des lacunes importantes dans la lgislation nationale notamment labsence de cadre juridique appropri pour rglementer le Service national de la sret portaient atteinte la protection des droits humains. En novembre, une spcialiste des droits humains de la Mission des Nations unies en Rpublique du Soudan du Sud (MINUSS) a reu lordre de quitter le pays, en violation des obligations lgales du Soudan du Sud dcoulant de la Charte des Nations unies.

Soudan. Larme soudanaise aurait men des bombardements ariens sans discrimination dans les tats sud-soudanais dUnit et du Bahr el Ghazal septentrional en avril et en mai, puis de nouveau en novembre dans le seul Bahr el Gazal.

Violences intercommunautaires
Ltat de Jonglei a t, cette anne encore, le thtre daffrontements, essentiellement entre les deux groupes ethniques Lou Nuer et Murle. Selon les chiffres de lONU, 888personnes ont trouv la mort entre le 23dcembre 2011 et fvrier2012. Plus de 170000personnes ont d quitter leur foyer entre la fin de dcembre2011 et le mois davril2012. Des femmes et des enfants ont t enlevs, des biens pills et des troupeaux vols. Des affrontements ont t signals le 22aot dans le comt de Pibor entre lAPLS et une milice dirige par David Yau Yau, ancien gnral de lAPLS. Vingt-quatre soldats au moins ont trouv la mort le 27aot dans une embuscade, apparemment tendue par la mme milice. Face la menace dattaques du groupe de David Yau Yau, lAPLS a envoy des renforts dans le comt de Pibor et la MINUSS y a dploy un plus grand nombre de soldats de maintien de la paix. En aot et en septembre, deux des trois cliniques de Mdecins sans frontires (MSF) ont t pilles, ce qui a priv la population du comt de Pibor daccs aux soins. Les vols de btail ont continu par intermittence dans le triangle situ entre les tats des Lacs, dUnit et de Warab, de part et dautre des limites des tats. la fin de janvier et au dbut de fvrier, des affrontements ont clat la limite entre les tats dUnit et de Warab, apparemment parce que des responsables gouvernementaux navaient pas tenu leur engagement de restituer le btail vol lors dune attaque en septembre2011. Plus de 70personnes auraient t tues. Des heurts ont clat en juillet entre deux sous-clans dinkas dans ltat des Lacs; 20personnes ont t tues et 20autres ont t blesses. De nouveaux affrontements intervenus en novembre dans ltat des Lacs ont fait 12morts et 20blesss, selon les informations recueillies.

Conflit arm
S
En mars, des affrontements ont oppos lAPLS larme soudanaise dans la rgion de Heglig/Panthou, une zone ptrolire conteste et considre comme faisant partie de ltat soudanais du Kordofan du Sud, mais galement revendique par ltat sud-soudanais dUnit. Le Soudan du Sud sest empar le 10avril dHeglig/Panthou; le 15avril, les combats se sont tendus le long de la frontire entre les deux pays, Kiir Adem (tat du Bahr el Ghazal septentrional). Le 20avril, le Soudan du Sud a ordonn le retrait inconditionnel des troupes de lAPLS du champ ptrolifre de Heglig/Panthou, dans le but de crer un environnement favorable des ngociations avec le

Libert dexpression
Lenvironnement oprationnel des professionnels des mdias locaux et internationaux restait difficile. Les forces de scurit ont harcel des employs des

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mdias locaux et internationaux, plac arbitrairement en dtention des journalistes et des prsentateurs de radio et confisqu du matriel. Les autorits ont galement menac de supprimer des missions de radio juges critiques envers le gouvernement, et le seul quotidien du Soudan du Sud sest heurt des obstacles pour continuer paratre. n Ayak Dhieu Apar, prsentatrice de radio Rumbek (tat des Lacs), a t arrte le 14mai; elle est reste dtenue sans inculpation aux mains de la police durant cinq jours. On lui reprochait davoir anim sur une station publique un dbat intitul Comment la population pourrait-elle respecter la police?. Des auditeurs intervenant par tlphone auraient critiqu la pitre qualit des services rendus par la police et son mpris de ltat de droit. Alors mme quelle navait pas t inculpe, Ayak Dhieu Apar a t remise en libert sous caution. La police a menac de la poursuivre en justice pour diffamation et atteinte limage de la police. Dbut juin, le gnral Saed Abdulatif Chawul Lom, responsable des services de police de ltat des Lacs, qui tait pense-t-on lorigine de larrestation dAyak Dhieu Apar, a t dmis de ses fonctions, en raison semble-t-il de son rle dans cette affaire. n Bonfacio Taban Kuich, un journaliste indpendant de Bentiu (tat dUnit), a t arrt par lAPLS le 30mai et retenu pendant six heures dans une caserne cause dun article publi dans le journal en ligne Sudan Tribune. Selon certaines informations, il a par ailleurs t menac de mort par des responsables gouvernementaux. Larticle rvlait que plus de 500femmes dont le mari, membre de lAPLS, tait mort au combat navaient pas reu du gouvernement la totalit de lindemnisation laquelle elles avaient droit.

Obligation de rendre des comptes


Lenqute ouverte en aot2011 sur des allgations formules contre lancien directeur de la Scurit publique et des enqutes criminelles ntait pas termine la fin de lanne. Les investigations portaient sur son implication prsume dans des faits de corruption et des actes de torture, ainsi que sur la cration de centres de dtention illgaux et la disparition force de John Louis Silvino, un architecte qui travaillait pour le ministre du Logement et dont on tait sans nouvelles depuis le 25mars 2011. Les pouvoirs publics nont gure pris dinitiatives pour sanctionner les violations perptres par lAPLS et la force auxiliaire du Service de police du Soudan

du Sud durant la campagne de dsarmement civil lance en mars dans ltat de Jonglei (opration Restore Peace). Des excutions extrajudiciaires ont notamment t commises, ainsi que des passages tabac dhommes, de femmes et denfants, des simulacres de noyade, des violences sexuelles contre les femmes et des pillages dans les villes et villages. Sept arrestations directement lies des violations qui auraient t commises durant cette campagne ont t signales. Deux de ces sept personnes, des militaires, faisaient lobjet de poursuites la fin de lanne. Lenqute sur lenlvement de deux militants de lAlliance de la socit civile du Soudan du Sud, et sur les mauvais traitements qui leur auraient t infligs, ntait pas acheve. n Le prsident de lAlliance, Deng Athuai Mawiir, a t enlev le 4juillet dans son htel Djouba. Selon les informations recueillies, il a t dtenu pendant trois jours, durant lesquels on la frapp et interrog sur son travail propos de la corruption au Soudan du Sud. n Le 22octobre, Ring Bulabuk a t enlev puis laiss dans un cimetire abandonn de Djouba. Cet homme avait reu des menaces lenjoignant de cesser son travail concernant une procdure pnale contre un gnral accus dappropriation illicite de terres Djouba. Dautres cas dimpunit des forces de scurit ont t signals durant lanne. n Le 9dcembre Wau, dans ltat du Bahr el Ghazal occidental, les forces de scurit ont tir sur des personnes qui manifestaient pacifiquement contre la mort dun jeune militant et contre la dcision des autorits de transfrer ladministration du comt de Wau Bagari. Huit personnes ont t tues et 20autres ont t blesses. Le gouverneur a annonc louverture immdiate dune enqute, mais aucune investigation na t mene, la connaissance dAmnesty International. Les membres des forces de scurit impliqus dans les tirs illgaux nont pas t traduits en justice, alors que des dizaines dopposants prsums au gouvernement, y compris des membres de lAssemble lgislative, ont t interpells.

Torture et autres mauvais traitements


Les forces de scurit, notamment lAPLS, le Service national de la sret et le Service de police du Soudan du Sud, ont harcel, arrt, tortur ou maltrait des personnes, dont des employs de lONU et de diverses ONG. Les attaques contre des

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travailleurs originaires dAfrique de lEst se sont galement multiplies. n Tabitha Musangi, une enseignante knyane de lcole internationale John Garang, a t abattue le 13avril par les forces de scurit parce que son taxi ne stait pas arrt pendant que des gardes baissaient le drapeau national Djouba. n En aot, Joseph Matu, un pharmacien knyan, est mort aprs avoir t tortur durant sa garde vue Torit (tat dquatoria oriental). On lui reprochait de ne pas avoir la licence ncessaire pour exercer sa profession. n Le 31octobre, les forces de scurit ont bless par balles une lve de 17ans et un enseignant de ltablissement denseignement secondaire Day, Djouba, la suite de protestations contre lacquisition de biens de ltablissement par un investisseur priv. Des policiers et des agents de scurit en civil auraient pntr dans les locaux et tir balles relles en direction des protestataires. Des lves et des enseignants ont t arrts de manire arbitraire pour avoir particip laction; ils ont t relchs le jour mme.

recrudescence des combats et de la pnurie de denres alimentaires dans les zones en proie au conflit, le nombre des rfugis sest accru de plus de 50000personnes dans les tats du Haut-Nil et dUnit entre avril et juin. Un nouvel afflux de rfugis a eu lieu partir de novembre, dbut de la saison sche. Plus de 180000Soudanais avaient trouv refuge au Soudan du Sud la fin de lanne. La plupart des 110000personnes qui avaient fui la rgion conteste dAbyei en mai2011, aprs la prise de la ville par larme rgulire soudanaise, taient toujours dplaces dans le Soudan du Sud et dpendaient de laide humanitaire. Ltat de Jonglei a t le plus touch par les inondations saisonnires, qui ont contraint plus de 259000personnes quitter leur foyer.

Peine de mort
Plus de 200prisonniers taient sous le coup dune condamnation mort. Deux hommes au moins ont t excuts le 28aot dans la prison de Djouba, et trois autres le 6septembre dans la prison de Wau.

Prisonniers politiques
Des membres de groupes arms dopposition taient maintenus en dtention sans accs la justice. n Gabriel Tanginye, chef dun groupe arm dopposition, et ses deux adjoints taient maintenus en rsidence surveille Djouba depuis avril2011, la suite daffrontements entre son mouvement et lAPLS dans les tats du Haut-Nil et de Jonglei. Ces hommes navaient pas t inculps la fin de lanne. n Peter Abdul Rahaman Sule, chef du Front dmocratique uni, un groupe dopposition, tait dtenu sans inculpation depuis plus dune anne. Accus davoir recrut des jeunes gens, il avait t arrt en novembre2011 dans ltat dquatoria occidental.

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus au Soudan du
Sud en mars-avril et en aot-septembre. 4 Soudan du Sud. Nous pouvons fuir les bombes, mais pas la faim. Les rfugis soudanais au Soudan du Sud (AFR65/001/2012). 4 South Sudan: Overshadowed conflict - arms supplies fuel violations in Mayom County, Unity State (AFR65/002/2012). 4 South Sudan: Lethal disarmament - abuses related to civilian disarmament in Pibor County, Jonglei State (AFR65/005/2012).

Rfugis et personnes dplaces


Les Sud-Soudanais qui vivaient au Soudan avant lindpendance ont continu de revenir; on estimait que plus de 120000personnes staient ainsi rinstalles au Soudan du Sud la fin de lanne. Fuyant les combats persistants entre larme rgulire soudanaise et le Mouvement populaire de libration du Soudan-Nord (MPLS-Nord, un groupe arm dopposition), des rfugis soudanais originaires des tats du Kordofan du Sud et du Nil Bleu continuaient darriver au Soudan du Sud. Du fait de la

SRI LANKA
RPUBLIQUE SOCIALISTE DMOCRATIQUE DU SRI LANKA
Chef de ltat et du gouvernement: Mahinda Rajapakse Les dtentions illgales, la torture et les disparitions forces demeuraient frquentes et leurs auteurs jouissaient toujours dune totale impunit. Un certain nombre de responsables et de partisans du gouvernement ont harcel et menac des dfenseurs des droits humains, des journalistes et des membres

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de lappareil judiciaire qui avaient dnonc des abus de pouvoir ou recommand que les auteurs datteintes aux droits humains soient contraints de rendre compte de leurs actes. Plus de trois ans aprs la fin du conflit arm entre le gouvernement et les Tigres librateurs de lEelam tamoul (LTTE), les crimes de guerre et les crimes contre lhumanit prsums restaient impunis. Le gouvernement na pas mis en uvre les recommandations formules par la Commission enseignements et rconciliation (LLRC) et le Conseil des droits de lhomme des Nations unies, qui visaient garantir lobligation de rendre des comptes. Les autorits ont continu dinvoquer la Loi relative la prvention du terrorisme pour arrter des suspects et les maintenir en dtention prolonge, sans inculpation ni procs. Malgr les affirmations du gouvernement, nombre de personnes dplaces par le conflit arm navaient pas vritablement t rinstalles. Ctait notamment le cas de certaines personnes dont les terres restaient occupes par larme sri-lankaise.

familles de personnes disparues. La cour dappel a diffr plusieurs reprises lexamen du recours en habeas corpus introduit par les proches des deux hommes. n Mohan Peiris, ancien procureur gnral, a t cit comparatre une audience de recours en habeas corpus concernant la disparition du dessinateur politique Prageeth Eknaligoda. Il avait en effet dclar en 2011 au Comit contre la torture [ONU] que ce dernier vivait ltranger. Lors de laudience, Mohan Peiris a reconnu quil ne savait pas ce qutait devenu Prageeth Eknaligoda, ajoutant quil ne se rappelait pas qui lui avait dit que le dessinateur vivait en exil.

Arrestations et dtentions arbitraires


Les autorits ont continu darrter des personnes sans aucun mandat, pour les placer en dtention prolonge sans inculpation ni procs. Elles ont reconnu quelles dtenaient en octobre prs de 500anciens membres prsums des LTTE, qui ne faisaient lobjet daucune inculpation et taient dtenus des fins de rinsertion. Des centaines dautres Tamouls taient toujours en dtention administrative, trs souvent depuis des annes, dans lattente des conclusions denqutes sur leurs liens supposs avec les LTTE. Les personnes libres aprs une priode de rinsertion faisaient frquemment lobjet de mesures de surveillance, ou taient de nouveau arrtes.

Disparitions forces
Plus de 20disparitions forces prsumes ont t signales. Parmi les victimes figuraient des militants politiques, des hommes daffaires et des suspects de droit commun. Plusieurs affaires qui avaient fait beaucoup de bruit les annes prcdentes navaient toujours pas t lucides. n Des hommes arms ont enlev lhomme daffaires tamoul Ramasamy Prabaharan le 11fvrier, deux jours avant la date laquelle la Cour suprme tait cense examiner le recours quil avait introduit pour arrestation arbitraire, dtention et torture par la police, puis confiscation de son entreprise en mai 2009. n Deux militants du Parti socialiste davant-garde, Premakumar Gunaratnam et Dimuthu Attigala, ont t enlevs en avril, peu avant le lancement de cette nouvelle formation. Ils ont tous deux t interrogs, puis finalement remis en libert. Premakumar Gunaratnam, de nationalit australienne, affirme avoir t tortur par ses ravisseurs, selon lui lis aux autorits. n Lenqute sur la disparition force prsume de deux militants politiques, Lalith Kumar Weeraraj et Kugan Muruganathan, apparemment emmens par larme Jaffna en dcembre 2011, na pas avanc. Au moment des faits, ces deux hommes prparaient une manifestation pacifique qui devait tre mene par des

Utilisation excessive de la force


n En fvrier, des membres de la Force dintervention spciale, une unit de choc de la police, ont tir balles relles sur un groupe de pcheurs qui manifestaient contre la hausse du prix du carburant, aux environs de Chilaw, sur la cte ouest. Antony Warnakulasuriya a t tu et trois autres personnes ont t blesses. La police aurait empch les manifestants demmener les blesss lhpital par la route, les contraignant prendre un bateau.

Torture et autres mauvais traitements


La torture en garde vue restait une pratique courante. Au moins cinq personnes sont mortes en dtention des suites de mauvais traitements (passages tabac, etc.) infligs par la police. n Chandrasiri Dassanayake, tmoin dans une affaire de violation des droits humains soumise la Cour suprme et mettant en cause le responsable du poste

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de police de Wadduwa, est mort le 15avril dans ce commissariat. Selon la version de la police, cet homme a t arrt parce quil tait en possession de cannabis, et il a t hospitalis aprs tre tomb malade dans sa cellule. Le fils de Chandrasiri Dassanayake a dclar quil avait vu son pre allong sur le sol de sa cellule, perdant du sang, et que celui-ci lui avait dit que des policiers lavaient pass tabac. La mort de Chandrasiri Dassanayake a provoqu une vague de protestations au niveau local. Le responsable du poste, un sergent et deux autres policiers ont t muts, mais laffaire na pas eu dautres suites. n Trente dtenus tamouls de la prison de Vavuniya auraient t rous de coups par des membres de la Force dintervention spciale en juin, en reprsailles aprs une mutinerie survenue un peu plus tt. Deux sont morts des suites de leurs blessures. n Le 9novembre, 27prisonniers sont morts dans des affrontements entre dtenus et membres de la Force dintervention spciale, la prison de Welikada. Une enqute a t mene sur des allgations selon lesquelles des prisonniers auraient t excuts de faon extrajudiciaire, mais ses conclusions nont pas t rendues publiques.

Lanka tabli par le secrtaire gnral a reconnu que lONU ntait pas parvenue protger la population civile pendant le conflit arm qui a dchir ce pays.

Dfenseurs des droits humains


Plusieurs membres du gouvernement et la presse dtat sen sont violemment pris aux dfenseurs des droits humains qui avaient assist la session de mars du Conseil des droits de lhomme de lONU, en les traitant de tratres. La haut-commissaire des Nations unies aux droits de lhomme et la prsidente du Conseil des droits de lhomme ont dnonc ces menaces et demand louverture dune enqute. Le 23mars, le ministre sri-lankais des Relations publiques a menac de violences physiques journalistes et dfenseurs des droits humains, et a revendiqu la responsabilit dune agression perptre en 2010 contre un journaliste qui stait ensuite exil. Le ministre de la Sant a pour sa part accus lorganisation catholique Caritas de comploter contre le gouvernement.

Libert dexpression journalistes


Les journalistes faisaient toujours lobjet de pressions dans lexercice de leur mtier. n Le 5juillet, le secrtaire dtat la Dfense, Gotabaya Rajapakse, a profr des menaces de mort ladresse de la journaliste du Sunday Leader Frederica Jansz, qui tentait de linterviewer concernant une affaire dabus de pouvoir prsum. La journaliste a t licencie en septembre par le nouveau propritaire du journal. Elle a quitt le pays. n Shantha Wijesooriya, journaliste pour le site Internet dinformations Lanka X News, a dclar la police quil avait t victime le 5juillet dune tentative denlvement, de la part dindividus appartenant, selon lui, aux forces de scurit. La police avait fait une descente une semaine plus tt dans les locaux o il travaillait. n En septembre, la journaliste Nirmala Kannangara et un photographe ont t encercls et menacs par des militaires alors quils tentaient de faire un reportage sur la rinstallation de personnes dplaces du camp de Manik Farm.

Obligation de rendre des comptes


Le Conseil des droits de lhomme [ONU] a adopt en mars la rsolution 19/2, qui demandait au Sri Lanka de donner suite aux recommandations relatives aux droits humains formules par la LLRC et de prendre les mesures ncessaires pour garantir ltablissement des responsabilits dans les atteintes au droit international qui auraient t commises. Dvoil en juillet, le plan daction du gouvernement cens rpondre ces recommandations ne prvoyait pas denqutes nouvelles ou indpendantes et laissait larme et la police impliques lune comme lautre dans de graves violations des droits humains et du droit humanitaire rgler elles-mmes les problmes en interne. Le bilan du Sri Lanka en matire de droits humains a t valu en novembre dans le cadre de lExamen priodique universel de lONU. Les autorits ont soutenu quil ntait pas ncessaire de mener des enqutes indpendantes sur les atteintes aux droits humains et les violations du droit international commises par le pass, malgr les rserves formules cet gard par plusieurs pays membres de lONU. Dans un rapport publi le 14novembre, le Groupe dexamen interne de laction des Nations unies au Sri

Justice
Le 7octobre, des hommes arms ont agress Manjula Thilakaratne, un juge de haute cour et secrtaire de la Commission des services judiciaires

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(JSC) du Sri Lanka, et ont tent de lextraire de sa voiture. Le 18septembre, il avait publi un communiqu au nom de la JSC, dnonant les tentatives de remise en cause de lindpendance du judiciaire et en particulier dingrence dans le fonctionnement de la JSC, sous la forme de menaces et de manuvres dintimidation. Le Parlement a entam en dcembre une procdure de destitution lencontre de la prsidente de la Cour suprme, Shirani Bandaranayake. La rapporteuse spciale des Nations unies sur lindpendance des juges et des avocats a dnonc cette initiative, ses yeux extrmement politise et dpourvue des garanties les plus lmentaires en matire de rgularit et dquit de la procdure.

SUDE
ROYAUME DE SUDE
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Carl XVI Gustaf Fredrik Reinfeldt Ahmed Agiza, que la Sude avait restitu en 2001 lgypte, o il avait ensuite t victime de mauvais traitements, a pu finalement retourner auprs de sa famille en Sude. En juillet, les autorits ont suspendu les renvois forcs de Oughours en Chine, pays o ils risquaient de faire lobjet de perscutions.

Personnes dplaces
Fin septembre, les pouvoirs publics ont ferm le vaste camp pour personnes dplaces de Manik Farm et annonc que les derniers rsidents de ce camp (qui en a compt plus de 200000) taient dsormais rentrs chez eux. Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les rfugis (HCR), des dizaines de milliers de personnes dplaces navaient cependant toujours pas pu regagner leur domicile ou sinstaller durablement ailleurs la fin de lanne, et continuaient de dpendre de familles daccueil pour lhbergement et dautres aides. n Le 30septembre, prs de 350personnes dplaces du camp de Manik Farm sont montes dans des cars militaires, pensant rentrer dans leur village de Keppapilavu. Or, elles ont t conduites en rase campagne, dans le district de Mullaitivu, parce que leurs terres taient toujours occupes par larme. Ces personnes dplaces se sont plaintes de ne disposer dans ce nouveau camp daucune infrastructure et de ne pas avoir deau potable. Dautres personnes dplaces de leurs villages dorigine ont vcu des expriences similaires.

Torture et autres mauvais traitements


En dcembre, Ahmed Agiza a rejoint sa famille en Sude, les autorits ayant fait droit sa demande de permis de sjour. En dcembre 2001, Ahmed Agiza et Mohammed El Zari avaient t incarcrs en Sude puis embarqus dans un avion affrt par la CIA et restitus lgypte. Pendant leur dtention dans ce pays, les deux hommes avaient t torturs et soumis dautres formes de mauvais traitements. En 2008, le gouvernement sudois leur avait accord une indemnisation financire pour ces violations de leurs droits fondamentaux. Dtenu au Caire, Ahmed Agiza avait t libr en 2011, aprs plus de neuf ans passs en prison la suite dun procs inique devant un tribunal militaire. En lui accordant un permis de sjour, les autorits sudoises ont contribu ce quil obtienne rparation pour la violation de ses droits fondamentaux. Nanmoins, lanne sest coule sans quune enqute efficace, impartiale, approfondie et indpendante ne soit mene.

Rfugis, demandeurs dasile et migrants


Entre janvier et juin, un certain nombre de Oughours ont t renvoys de force en Chine, malgr les risques rels de perscution et autres prjudices graves quils encouraient leur arrive. Toutefois, lOffice national des migrations a annonc en juillet que, compte tenu des informations classes secrtes qui venaient dtre portes sa connaissance, toutes les expulsions de Oughours vers la Chine seraient suspendues, y compris pour les demandeurs dasile dbouts.

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Discrimination
En septembre, la Commission europenne contre le racisme et lintolrance a publi son rapport de suivi sur la Sude. Le document pointait divers aspects proccupants, parmi lesquels la discrimination continuelle subie par les Roms, en particulier sur le plan des droits sociaux; la multiplication des propos antismites et islamophobes, y compris de la part de certains parlementaires sudois; et le fait que des juifs ou des musulmans portant des signes visibles de leur religion avaient t la cible dincidents caractre antismite ou islamophobe.

SUISSE
CONFDRATION SUISSE
Chef de ltat et du gouvernement: Eveline Widmer-Schlumpf Des restrictions ont t imposes laccs lasile. Des mesures visant limiter lusage de la force lors dexpulsions ont t introduites.

droit et en pratique. La lgislation en matire de lutte contre la discrimination et les mcanismes de rparation ntaient pas conformes aux normes internationales. En mars, le commissaire aux droits de lhomme du Conseil de lEurope sest dclar proccup par certaines initiatives populaires qui ciblaient et stigmatisaient des communauts de migrants, en violation des normes internationales relatives aux droits humains. Linterdiction driger des minarets, prononce lissue dune initiative populaire, est demeure en vigueur en 2012. Le Conseil des tats a rejet en mars une motion en faveur de ladoption dune loi proscrivant le voile intgral, qui avait t approuve en 2011 par le Conseil national.

Rfugis, demandeurs dasile et migrants


Le droit de demander lasile dans les ambassades suisses a t supprim en septembre. Le Parlement a galement approuv une disposition excluant de loctroi du statut de rfugi les objecteurs de conscience; ceux-ci pouvaient nanmoins toujours bnficier dune admission provisoire. De nouvelles dispositions restrictives la loi sur lasile ont t adoptes en dcembre. Parmi la dizaine de mesures figuraient lexclusion des enfants majeurs du bnfice de lasile familial ainsi que limposition dun dlai de 10ans et dune intgration russie pour loctroi dun permis dtablissement aux rfugis reconnus. En mars, la Commission nationale de prvention de la torture (CNPT) a accept dassurer le suivi indpendant de lexcution des retours forcs. Des mesures positives ont t prises pour limiter le recours des mthodes de contrainte lors du transport laroport, avant et pendant lembarquement, et durant le vol. En octobre, la Commission sest dclare proccupe par les conditions restrictives de dtention dont faisaient lobjet les personnes retenues au titre de la lgislation relative limmigration. Lenqute sur la mort de Joseph Ndukaku Chiakwa, un ressortissant nigrian dcd en mars 2010 laroport de Zurich lors dune opration de renvoi collectif, a t classe en janvier. la fin de lanne, lappel interjet dans cette affaire navait pas t examin.

Police et forces de scurit


Cette anne encore, certaines informations ont fait tat de mauvais traitements infligs par la police du canton de Genve des personnes, y compris mineures, pendant ou immdiatement aprs larrestation. Le Comit europen pour la prvention de la torture a recommand en octobre damliorer les formations prodigues et de renforcer les garanties en place pour combattre les violences policires.

Conditions carcrales
S
Le Comit europen pour la prvention de la torture a demand instamment que les lsions traumatiques constates lors de visites mdicales dans les lieux de dtention du canton de Genve soient signales un organe indpendant habilit mener des enqutes. Il a par ailleurs recommand tous les cantons de crer des structures de soins adaptes pour les dtenus souffrant de troubles psychiatriques.

Discrimination
Les migrants et les minorits religieuses ou ethniques continuaient dtre victimes de discriminations en

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Responsabilit des entreprises


En dcembre, le gouvernement a accept dlaborer une stratgie nationale visant mettre en uvre les Principes directeurs des Nations unies relatifs aux entreprises et aux droits de lhomme, pour les appliquer aux multinationales dont le sige social se trouve en Suisse.

Impunit
LAssemble nationale a adopt en avril une modification de la loi damnistie de 1992. Le nouveau texte allongeait la priode couverte par cette loi jusqu aot 1992, au lieu davril 1980 initialement, incluant ainsi dans son champ dapplication les actes de torture et les excutions extrajudiciaires dont avaient t victimes en dcembre 1982 15opposants au gouvernement militaire de lpoque. Vingt-cinq personnes, dont le prsident Dsir Dsi Delano Bouterse, la tte du rgime militaire qui gouvernait alors le pays, avaient t poursuivies devant un tribunal militaire en novembre 2007 pour ces homicides. Le texte modifi accordait lamnistie ceux qui staient rendus coupables dinfractions pnales ou qui taient souponns den avoir commis dans le cadre de la dfense de ltat ou du renversement des autorits lgalement tablies, notamment lors des vnements survenus en dcembre 1982 et au cours de la gurilla. Il entendait ainsi favoriser lunit nationale et le dveloppement ininterrompu de la Rpublique du Suriname. Le prsident Bouterse a soutenu que la nouvelle loi damnistie contribuerait la rconciliation du pays. En avril et mai, des manifestations ont toutefois eu lieu Paramaribo, la capitale, contre cette initiative ayant pour effet daccorder limmunit au prsident Bouterse et ses coaccuss. Cette loi a t critique par la communaut internationale, notamment par la Commission interamricaine des droits de lhomme, qui a dclar que des lois qui visent laisser impunies de graves violations des droits humains sont incompatibles avec les obligations interamricaines en la matire. En avril, la suite de ladoption de la loi, les Pays-Bas ont rappel leur ambassadeur. Le 11mai, le tribunal militaire a suspendu les audiences en attendant quune cour constitutionnelle puisse examiner la nouvelle loi damnistie. Cette dcision a t confirme le 12dcembre par le ministre public. Laffaire risquait de ce fait de subir dimportants retards puisquaucune cour constitutionnelle navait t mise en place la fin de 2012, alors que la cration dune telle instance tait prvue par la Constitution de 1987. En novembre, Sharona Lieuw On, prsidente du mouvement de jeunesse Jongeren tegen Amnestie (Les Jeunes contre la loi damnistie), a port plainte aprs avoir reu par la poste une balle darme feu

Violences faites aux femmes et aux filles


La Suisse a adopt en juin des dispositions lgislatives contre le mariage forc, autorisant lannulation de tout mariage contract sous la contrainte. Le gouvernement a approuv en septembre un programme de prvention du mariage forc et de la violence domestique. Dune dure de cinq ans, il prvoyait le renforcement de la collaboration entre les tablissements scolaires, les professionnels et les services de consultation privs. La ministre de la Justice a annonc en juillet la cration dun bureau national pour la protection des tmoins de la traite des personnes. Le gouvernement a adopt en octobre un plan national de lutte contre la traite des tres humains.

volutions lgislatives, constitutionnelles ou institutionnelles


En dcembre, le Conseil fdral a lanc un processus de consultation en vue de ratifier la Convention contre les disparitions forces [ONU]. Il a par ailleurs dcid de ratifier la Convention relative aux droits des personnes handicapes [ONU].

Visites et documents dAmnesty International


4 Europe. Choix et prjugs. La discrimination lgard des musulmans en Europe (EUR01/001/2012).

SURINAME
RPUBLIQUE DU SURINAME
Chef de ltat et du gouvernement: Desir Delano Bouterse Une modification de la loi damnistie a empch que soient jugs le prsident Bouterse et 24autres personnes, tous accuss de lexcution extrajudiciaire de 15opposants politiques en 1982.

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accompagne dune lettre lincitant ne pas sopposer la loi damnistie. Craignant pour sa scurit, elle a par la suite retir sa plainte.

volutions lgislatives, constitutionnelles ou institutionnelles


Lindpendance du pouvoir judiciaire a t continuellement menace en 2012, ce qui a eu des rpercussions sur laccs la justice. La situation des droits humains dans le pays a t value en mars dans le cadre de lExamen priodique universel de lONU. Le Swaziland a de nouveau rejet les recommandations linvitant autoriser les partis politiques prsenter des candidats aux lections. Il a par ailleurs confirm son intention de ratifier le Protocole facultatif la Convention contre la torture, mais ne lavait toujours pas fait la fin de lanne. En mai, la Commission africaine des droits de lhomme et des peuples a adopt une rsolution o elle se disait inquite de la non-mise en uvre par le gouvernement de sa dcision de 2002 et de ses recommandations de 2006 relatives aux droits la libert dexpression, dassociation et de runion. La Commission a galement fait part de sa proccupation la suite de lannulation de lenregistrement du Congrs des syndicats du Swaziland (TUCOSWA), rcemment cr.

Visites et documents dAmnesty International


4 Suriname. La modification de la loi damnistie risque de mettre fin un procs en cours (AMR48/001/2012). 4 Suriname: Open letter to the Judiciary (AMR48/003/2012).

SWAZILAND
ROYAUME DU SWAZILAND
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Mswati III Barnabas Sibusiso Dlamini Cette anne encore, les droits la libert dexpression, dassociation et de runion pacifique ont t bafous, et la contestation politique a t rprime au moyen darrestations arbitraires et par le dploiement dune force excessive. La torture et les autres formes de mauvais traitements constituaient toujours un motif de proccupation. Quelques modifications ont t apportes aux lois discriminatoires envers les femmes.

Libert dexpression
Les droits la libert dexpression, dassociation et de runion pacifique ont t bafous cette anne encore. La police a notamment utilis des balles en caoutchouc, des gaz lacrymognes et des matraques pour disperser des manifestations et des rassemblements considrs comme illgaux. n En mars, la Haute Cour a entendu les arguments de la dfense faisant valoir que la procdure acclre qui visait le groupe Swaziland Independent Publishers et le rdacteur en chef de The Nation pour outrage lautorit de la justice violait le droit des accuss un procs quitable et la libert dexpression et dopinion, et quelle tait par consquent illgale et inconstitutionnelle. Cette action en justice avait t entame aprs la publication de deux articles appelant les autorits judiciaires utiliser la Constitution pour amliorer la vie des gens et sinquitant des intentions du prsident par intrim de la Cour suprme. Elle tait le fait du procureur gnral, conseiller juridique du chef de ltat, bien quil ne soit pas comptent pour engager des poursuites dans cette affaire. La Haute Cour navait pas rendu de dcision la fin de lanne.

Contexte
La situation des finances publiques demeurait prcaire, malgr la hausse des recettes issues de lUnion douanire dAfrique australe. Les tentatives du gouvernement pour obtenir des prts auprs de diffrentes sources ont t infructueuses, notamment en raison de lincapacit du Swaziland mettre en uvre des rformes fiscales et de son refus daccepter certaines conditions, par exemple ladoption de rformes politiques. Placs sous de fortes contraintes, les fonctionnaires, en particulier les enseignants, ont men de longues grves. Des formations politiques et des organisations de la socit civile ont ritr leurs appels en faveur de changements politiques. En octobre, lAssemble nationale a vot une motion de censure lgard du gouvernement, ce qui ne stait jamais produit jusqualors.

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n Alors quil sapprtait participer, en avril, des manifestations planifies, le TUCOSWA a t inform par le procureur gnral que sa structure tait illgale. Son enregistrement avait pourtant t valid par le directeur du travail par intrim, aux termes de la Loi sur les relations entre partenaires sociaux. Les dirigeants du TUCOSWA se sont pourvus en justice pour contester la lgalit de lannulation de lenregistrement. De son ct, la police a perturb les runions du syndicat, confisqu les banderoles o figurait son logo, procd des arrestations arbitraires et menac des militants et des responsables. Une militante au moins, lavocate Mary Pais da Silva, a t brutalise en garde vue.

relative la rpression du terrorisme. La condamnation dAmos Mbedze pour meurtre ntait corrobore par aucun des lments produits lors du procs.

Peine de mort
La Cour dappel suprme a rejet en novembre le recours form par David Simelane contre sa condamnation mort, prononce en 2011 lissue dun procs de 10ans, pour le meurtre de 34femmes. Le mme mois, la Haute Cour a condamn mort Mciniseli Jomo Simelane, pour meurtre.

Procs inquitables, torture et autres mauvais traitements


Le recours la torture et dautres formes de mauvais traitements tait toujours un motif dinquitude. En avril, un juge de la Haute Cour a demand ltablissement dune commission denqute sur les allgations de torture, y compris de coups et dasphyxie, formules plusieurs reprises par des accuss lors de leur procs. Amnesty International demeurait galement proccupe par des cas de mort dans des circonstances suspectes et par lincapacit des autorits garantir louverture denqutes indpendantes et le respect de lobligation de rendre des comptes. Des policiers et des militaires taient impliqus dans les faits signals. n Maxwell Dlamini, prsident de lAssociation nationale des tudiants du Swaziland, et Musa Ngubeni, militant politique et ancien leader tudiant, ont t remis en libert en fvrier aprs avoir pass 10mois en dtention provisoire. Leur libration a t assortie de conditions trs restrictives. n Le 12mars, Lucky Montero (43ans) a t rou de coups de pied et frapp sur tout le corps (y compris la tte) par des soldats un poste frontire. Il est mort 12jours plus tard lhpital public de Mbabane de complications rsultant de ses blessures. n En aot, la Haute Cour a dclar le Sud-African Amos Mbedze coupable de meurtre la suite dun attentat la voiture pige commis en 2008 et au cours duquel deux hommes se trouvant dans le vhicule avaient trouv la mort. Amos Mbedze aurait mont avec ces deux hommes un complot contre la sret de ltat. Il a t condamn 85ans demprisonnement. Lattentat, intervenu proximit de lun des palais du roi, avait conduit la promulgation rapide de la Loi

Droits des femmes


Lors de lExamen priodique universel de lONU, en mars, le Swaziland a accept de modifier sans tarder les lois discriminatoires lgard des femmes. Un texte portant modification de la Loi sur le registre des actes notaris a t adopt en juin par le Parlement. Il modifiait une disposition de la loi empchant la plupart des femmes maries civilement denregistrer leur nom des habitations. Bien quadopt par la chambre basse du Parlement en octobre2011, le projet de loi relatif aux crimes sexuels et aux violences domestiques navait toujours pas t inscrit lordre du jour des travaux du Snat la fin de lanne. La Loi relative au bien-tre et la protection de lenfant a t approuve par le roi en septembre. Ce texte amliorait la protection des filles et des jeunes femmes contre le mariage forc. Le Groupe daction du Swaziland contre les violences (SWAGAA) a fait part publiquement de sa vive proccupation aprs quun conseiller du roi sur les questions de lois traditionnelles et de coutumes eut annonc son intention de contester le texte devant les tribunaux.

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus au Swaziland en
mars et novembre. 4 Swaziland. Amnesty International exhorte le gouvernement prendre des mesures concrtes et immdiates pour garantir lindpendance et limpartialit du pouvoir judiciaire, et amender sans dlai les lois discriminant les femmes (AFR55/001/2012).

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SYRIE
RPUBLIQUE ARABE SYRIENNE
Chef de ltat: Bachar el Assad Chef du gouvernement: Adel Safar, remplac par Riad Farid Hijab le 23 juin, provisoirement remplac par Omar Ibrahim Ghalawanji entre les 6 et 9 aot, date de lentre en fonction de Wael al Halqi

conditions de vie taient souvent trs difficiles. Il a t impossible de vrifier si des condamnations mort avaient t prononces et si des excutions avaient eu lieu.

Contexte
Le conflit arm interne, qui a gagn la majeure partie du pays, a fait des milliers de victimes parmi la population civile. Les frappes ariennes aveugles, les tirs dobus dartillerie et de mortier, les attentats lexplosif, les excutions extrajudiciaires et sommaires, les menaces, les enlvements et les prises dotages taient devenus monnaie courante. En janvier, la Ligue arabe a suspendu sa mission charge dvaluer la mise en uvre des engagements pris par le gouvernement syrien de retirer ses forces armes des villes, de cesser les violences et de librer les prisonniers. De mme, la mission dobservation des Nations unies en Syrie, mise en place en avril pour surveiller et soutenir lapplication du plan labor par lenvoy spcial de lONU et de la Ligue arabe, Kofi Annan, a pris fin le 19aot alors que la violence arme continuait. La Russie et la Chine ont oppos leur veto deux reprises des rsolutions du Conseil de scurit de lONU concernant la situation en Syrie. Le diplomate algrien chevronn Lakhdar Brahimi a remplac Kofi Annan en aot, mais aucun progrs navait t accompli la fin de lanne en vue dune solution politique concerte au conflit. Le gouvernement a organis en fvrier un rfrendum sur une nouvelle constitution qui mettait fin au monopole exerc de longue date par le parti Baas sur le pouvoir, sans toutefois satisfaire les revendications de rformes politiques radicales formules par lopposition. Des lections lgislatives ont eu lieu 90 jours plus tard. Le gouvernement, qui continuait dattribuer beaucoup dhomicides de manifestants dobscures bandes armes, a adopt une nouvelle loi antiterroriste en juillet. Ce texte a t utilis pour incarcrer des militants politiques, entre autres, sur la base de vagues accusations dactes de terrorisme et pour les faire juger selon une procdure non quitable par un nouveau tribunal qui a commenc siger en septembre. Un attentat lexplosif perptr le 18juillet dans la capitale, Damas, et revendiqu par lASL a cot la vie au ministre de la Dfense et son adjoint ainsi quau vice-prsident et au chef de la Scurit

Le conflit arm interne entre les forces gouvernementales et lopposition compose de lArme syrienne libre (ASL) et dautres groupes arms, a t marqu par des atteintes flagrantes aux droits humains et par des crimes de guerre et des crimes contre lhumanit. Les forces gouvernementales, responsables de la grande majorit des violations, ont men des attaques sans discrimination contre des zones dhabitation au moyen davions de combat, de tirs dartillerie et de mortier, darmes incendiaires et de bombes sousmunitions. Avec les milices qui les soutiennent, elles ont arrt des milliers de personnes, y compris des enfants, dont beaucoup ont t victimes de disparition force. Les dtenus taient couramment torturs et maltraits. Au moins 550 personnes au moins seraient mortes en dtention, dans bien des cas la suite dactes de torture. Dautres ont t excutes de manire extrajudiciaire. Cette anne encore, des personnes qui participaient des manifestations antigouvernementales pacifiques ou des funrailles publiques ont t abattues par des tireurs embusqus. Des membres du personnel mdical qui soignaient les blesss ont t pris pour cible. Limpunit restait la norme pour les atteintes persistantes aux droits humains et pour celles commises par le pass. Les groupes arms qui luttaient contre le gouvernement ont galement commis des exactions graves, notamment des crimes de guerre. Ils ont tortur et sommairement excut des soldats gouvernementaux et des membres des milices quils avaient capturs et ont perptr des attentats lexplosif aveugles qui ont tu ou bless des civils. Des centaines de milliers de personnes ont d quitter leur foyer. Selon lONU, plus de deux millions de Syriens dplacs lintrieur de leur propre pays vivaient dans des conditions dplorables et, depuis le dbut du conflit, prs de 600000 autres staient rfugis dans les pays voisins o les

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nationale. Des groupes arms dopposition ont lanc deux jours plus tard une offensive qui a entran lextension du conflit arm Alep et Damas, entre autres villes. En septembre, le Conseil des droits de lhomme [ONU] a prolong le mandat de la commission denqute internationale indpendante tablie en 2011. Celle-ci a indiqu en fvrier et en aot que les forces gouvernementales avaient commis des crimes contre lhumanit, des crimes de guerre et des violations graves des droits humains, tout en prcisant que les crimes de guerre commis par les groupes arms dopposition natteignaient pas la gravit, la frquence et lampleur de ceux imputables aux forces gouvernementales. Les autorits continuaient de refuser lautorisation de se rendre dans le pays au Conseil et la commission, ainsi quaux journalistes trangers et aux organisations indpendantes de dfense des droits humains. Ces derniers ont toutefois russi se rendre dans diffrentes rgions, y compris dans certaines zones contrles par des forces armes dopposition. Le gouvernement a annonc des amnisties gnrales en janvier et en octobre, mais on ignorait combien de personnes dtenues arbitrairement avaient recouvr la libert. En novembre, diffrents groupes dopposition se sont unis au sein de la Coalition nationale des forces de la rvolution et de lopposition qui a t par la suite de plus en plus reconnue au niveau international en tant que seul reprsentant lgitime du peuple syrien. Les tats-Unis et la Ligue arabe continuaient dimposer des sanctions la Syrie tout en appelant rgulirement le prsident Assad quitter le pouvoir. LUnion europenne a largi ses sanctions cibles contre des responsables syriens.

guides et tir des obus de mortier et dartillerie ainsi que des munitions incendiaires et des roquettes en direction de zones dhabitation. Elles ont galement utilis des armes interdites au niveau international, notamment des mines antipersonnel et des sousmunitions, et ont systmatiquement pill, dtruit et brl les biens, et parfois mme les corps, des personnes quelles avaient tues. n Hassan et Rayan al Bajri, gs respectivement de 11 et huit ans, ainsi que leur mre Salha et leur pre Naasan ont trouv la mort en juillet en mme temps que deux de leurs voisins quand un obus de mortier tir par les forces gouvernementales est tomb sur leur maison Maarat al Noman. n Vingt-deux civils ont t tus et beaucoup dautres blesss la suite de frappes ariennes des forces gouvernementales contre le march du village de Kafr Anbel le 28aot. Parmi les victimes figuraient Fathiya Fares Ali al Sheikh, mre de neuf enfants, ainsi que Mohamed et Jumaa al Sweid, des adolescents.

Exactions perptres par des groupes arms dopposition


Des groupes arms qui combattaient le gouvernement, et dont certains taient lis lASL, ont commis des violations graves du droit international humanitaire quivalant des crimes de guerre. Les victimes taient pour la plupart des membres avrs ou prsums des forces gouvernementales et de milices qui ont t torturs ou sommairement excuts, aprs leur capture ou lissue de procs conduits devant des tribunaux improviss appliquant une procdure inquitable. Ces groupes ont galement pris pour cible des journalistes qui travaillaient pour les mdias progouvernementaux ainsi que les familles de membres prsums de milices allies au gouvernement. Ils ont menac et enlev des civils en exigeant parfois une ranon en change de leur libration et ont, dans certains cas, retenu des personnes en otage, dont des soldats capturs et des ressortissants libanais et iraniens. Ils ont perptr des attentats lexplosif, y compris des attentats-suicides, et ont parfois tir en direction de quartiers densment peupls avec des armes imprcises telles que des obus dartillerie et de mortier. Ils ont utilis des armes non discriminantes par nature, comme les mines terrestres antipersonnel, et ont prpar ou stock des munitions et des explosifs dans des btiments rsidentiels, mettant en

Crimes de droit international


Les forces gouvernementales et les milices qui leur sont allies ont commis des crimes de guerre quand elles ont saccag des villes et des villages considrs comme des fiefs de lopposition, notamment dans les gouvernorats de Homs, dIdlib, de Hama, de Damas et dAlep. Elles ont men des attaques sans discrimination qui ont tu ou bless des milliers de civils. Beaucoup de dcs taient dus lutilisation abusive darmes de champ de bataille peu prcises dans des zones densment peuples. Les forces de scurit ont largu de bombes classiques non

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danger les habitants. Des enfants ont t utiliss pour des oprations militaires, le plus souvent pour un rle de soutien plutt que de combat. Selon certaines sources, la fin de lanne des groupes arms dopposition menaaient et attaquaient de plus en plus souvent des communauts minoritaires considres comme progouvernementales. n Neuf des 11 chiites libanais pris en otage le 22mai par la brigade Asifat al Shimal, un groupe arm, alors quils se rendaient au Liban depuis lIran, taient toujours retenus la fin de lanne. n Le 31juillet, la suite daffrontements intenses, la brigade Al Tawhid, un groupe arm, a captur 14membres du clan sunnite progouvernemental Al Berri. Une vido montrait les captifs en train dtre torturs puis on voyait au moins trois dentre eux, dont Ali Zein al Abdeen al Berri, un chef du clan, tre abattus. Le charg de communication de lASL a condamn ces homicides et annonc louverture dune enqute. Aucune investigation na semble-t-il t diligente.

iranien Al Alam a t bless. Les deux hommes avaient reu des menaces manant des forces dopposition. n Ali Mahmoud Othman, militant du centre de presse de Homs, a t arrt son domicile le 24mars. Il a t montr la tlvision publique en avril, mais les autorits navaient fourni sa famille aucun renseignement sur son lieu de dtention la fin de lanne. n Mazen Darwish, directeur du Centre syrien pour les mdias et la libert dexpression (SCM), ainsi que quatre membres de ce mme organisme Abd al Rahman Hamada, Hussein Gharir, Mansour al Omari et Hani al Zitani ont t dtenus au secret aprs leur arrestation, le 16fvrier Damas, par des membres du Service de renseignement de larme de lair. Ils taient toujours en dtention la fin de lanne. Onze autres personnes arrtes en mme temps queux ont t remises en libert; sept dentre elles ont toutefois t dclares coupables par un tribunal militaire de possession de documents interdits en vue de leur diffusion.

Libert dexpression attaques contre des journalistes


Les journalistes ont t pris pour cible par toutes les parties au conflit. Les forces gouvernementales ont galement vis des citoyens-journalistes. Onze journalistes au moins ont t tus dans des attaques apparemment cibles; dautres ont t arrts ou pris en otage, dautres encore ont trouv la mort la suite de bombardements aveugles ou dchanges de tirs. n Marie Colvin, une journaliste amricaine, et Rmi Ochlik, un photographe franais, ont t tus le 22fvrier Homs dans le bombardement dun immeuble par les forces gouvernementales. Des journalistes qui ont survcu cette attaque ont affirm que le btiment avait t pris dlibrment pour cible car il servait de centre de presse. Rami el Sayed, un journaliste syrien qui couvrait la situation Homs, est mort aprs avoir t bless par des clats dobus le mme jour. n Maya Nasser, un Syrien correspondant de la chane de tlvision publique iranienne Press TV, a t abattu apparemment par des tireurs embusqus appartenant lopposition alors quil rendait compte dun attentat lexplosif perptr le 26septembre contre le quartier gnral de larme Damas. Son collgue Hussein Mortada qui travaillait pour le rseau dinformations

Excutions extrajudiciaires par les forces gouvernementales et les milices qui leur sont allies
Les forces gouvernementales et les milices agissant leurs cts ont excut sommairement des combattants de lopposition et des civils quelles avaient capturs, parfois en grand nombre, lors dincursions dans des zones considres comme favorables lopposition. Les victimes taient souvent retrouves les mains attaches dans le dos et elles prsentaient de multiples blessures par balle sur la partie suprieure du corps. Certains cadavres avaient t brls. n Des soldats gouvernementaux ont enlev trois frres Yousef, Bilal et Talal Haj Hussein, des ouvriers du btiment gs de 20 30 ans leur domicile de Sarmin, un faubourg dIdlib, le 23mars. Ils les ont sommairement excuts en prsence de leur mre et de leurs surs avant de mettre le feu leurs cadavres. n De trs nombreuses personnes, dont beaucoup de civils qui ne participaient pas aux combats, ont t excutes sommairement lors dune opration militaire dans le village de Houla, proximit de Homs, le 25mai. Malgr les dmentis du gouvernement, la commission denqute internationale indpendante a conclu que plus de 100civils, dont prs de la moiti taient des enfants avaient t tus par des soldats gouvernementaux et des miliciens allis.

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Utilisation excessive de la force par les forces gouvernementales et les milices qui leur sont allies
Les forces gouvernementales et les milices ont rgulirement utilis une force excessive, y compris meurtrire, contre des manifestants pacifiques qui rclamaient la chute du rgime. Des centaines de personnes, dont des enfants et de simples citoyens prsents sur place qui ne constituaient aucune menace pour les forces de scurit ni pour quiconque, ont t tues ou blesses par des tireurs embusqus appartenant aux forces de scurit lors de manifestations ou lors des funrailles publiques de martyrs. Les autorits ont exerc des pressions sur des familles de victimes pour quelles signent des dclarations imputant la mort de leurs proches des groupes terroristes arms plutt quaux forces de scurit. n Mohammad Haffar, propritaire dune confiserie Alep, a t abattu le 17mai. Il se tenait devant sa boutique quand les forces gouvernementales ont ouvert le feu en direction de manifestants. n Moaz Lababidi, un lycen de 16 ans, a t abattu par les forces de scurit et des miliciens en civil en mme temps que 10autres personnes le 25mai. Il a t tu devant un poste de police dAlep alors quil stait joint au cortge funraire de quatre manifestants abattus le jour mme dans des circonstances similaires.

n Osama al Habaly aurait t arrt le 18aot par des agents du Service de renseignement militaire la frontire syro-libanaise alors quil rentrait du Liban o il avait t soign. Sa famille a appris quil avaitt tortur, mais les autorits ne lui ont donn aucune information sur son sort.

Rpression de la dissidence
Des restrictions trs svres taient toujours imposes la libert dexpression, dassociation et de runion. Les forces de scurit et les milices ont arrt des milliers de personnes pendant des manifestations ou au cours de perquisitions domiciliaires ou dautres oprations de fouille systmatique des maisons. Des centaines, voire des milliers de personnes ont t dtenues au secret dans des conditions qui sapparentaient une disparition force, le plus souvent dans des centres de dtention non officiels et parfois improviss, o la torture et dautres formes de mauvais traitements taient monnaie courante et infligs en toute impunit. Parmi les prisonniers figuraient des militants politiques, des dfenseurs des droits humains, des journalistes, des blogueurs, des employs dorganisations humanitaires et des imams. Certains ont t dclars coupables et condamns lissue de procs inquitables qui se sont drouls devant des tribunaux militaires et des juridictions dexception. n Khalil Maatouq, un avocat de renom spcialiste des droits humains, et son ami Mohammed Thatha ont disparu le 2octobre alors quils circulaient Damas; des postes de contrle des forces de scurit se trouvaient sur leur trajet. Leurs familles ont appris quils taient dtenus au secret dans les locaux de la Sret de ltat Damas. n Quatre femmes Rua Jaafar, Rima Dali et les surs Kinda et Lubna al Zaour ont t dtenues pendant sept semaines aprs leur interpellation le 21novembre par des membres des forces de scurit alors que, habilles en maries, elles marchaient dans une rue de Damas en rclamant la fin des violences en Syrie.

Les blesss et le personnel soignant pris pour cible


Les forces gouvernementales et les milices ont pourchass des civils et des combattants de lopposition blesss, dont certains ont galement t maltraits dans des hpitaux publics. Les forces gouvernementales ont aussi pris pour cible des dispensaires de fortune mis en place par lopposition pour venir en aide aux blesss, ainsi que les mdecins, les infirmiers et les membres du personnel paramdical qui y travaillaient bnvolement. n Les corps brls et mutils de Basel Aslan, Musaab Barad et Hazem Batikh, trois tudiants qui faisaient partie dune quipe mdicale venant en aide aux manifestants blesss, ont t retrouvs Alep le 24juin, une semaine aprs leur arrestation par des agents du Service de renseignement de larme de lair. Basel Aslan avait les mains attaches dans le dos; il avait t tortur et prsentait une blessure par balle la tte.

Torture et autres mauvais traitements


Les forces gouvernementales et les milices qui leur sont allies torturaient et maltraitaient rgulirement et en toute impunit les dtenus, y compris les enfants, pour leur extorquer des renseignements ou des aveux, et pour terroriser ou punir des opposants prsums. Parmi les mthodes signales

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figuraient les coups, la suspension par les bras et les jambes, la suspension un pneu, les dcharges lectriques ainsi que le viol et dautres svices sexuels. Les dtenus taient souvent entasss dans des conditions sanitaires dplorables et privs de soins, voire maltraits par le personnel mdical. n Salameh Kaileh, un journaliste palestinien de nationalit jordanienne, a t tortur par des agents du Service de renseignement de larme de lair aprs son arrestation le 24avril son domicile de Damas. On lui reprochait semble-t-il une conversation quil avait eue sur Facebook et la dtention dune publication de gauche. Il a t frapp sur la plante des pieds et insult. Il a t transfr le 3mai dans un hpital militaire o, comme dautres dtenus, il a t battu, insult et priv daccs aux toilettes et de mdicaments. Il a t expuls vers la Jordanie le 14mai. Des groupes arms dopposition ont eux aussi tortur et maltrait des membres des forces de scurit ou des partisans du gouvernement quils avaient capturs.

libanaises et palestiniennes. Toutefois, la libration de Yacoub Chamoun, un ressortissant libanais, prs de 27ans aprs sa disparition a renforc lespoir de certaines familles que leurs proches soient peut-tre encore en vie. n Zilal Ibrahim al Salhani, une militante, a disparu aprs son arrestation le 28juillet par les forces de scurit son domicile dAlep. On ignorait tout du sort de cette femme la fin de lanne.

Impunit
Le gouvernement na pris aucune mesure pour enquter sur les nombreuses accusations portes contre ses forces ni pour traduire en justice les responsables prsums datteintes graves aux droits humains, de crimes de guerre ou de crimes contre lhumanit. Il maintenait un rgime dimpunit. Une loi confrait ainsi aux membres des forces de scurit limmunit pour les homicides illgaux, les actes de torture et les disparitions forces, entre autres violations des droits humains. Aucune mesure na t prise pour mener des investigations sur les violations graves des droits humains commises par le pass, dont des milliers de disparitions forces et les meurtres de dtenus dans les prisons de Saidnaya en 2008 et de Tadmor en juin 1980, ni pour obliger les responsables rendre compte de leurs actes. En fvrier, la commission denqute internationale indpendante a remis la haut-commissaire des Nations unies aux droits de lhomme une liste confidentielle de hauts responsables qui, selon cet organe, devaient faire lobjet denqutes pour des crimes contre lhumanit. Les groupes arms dopposition ne respectaient pas eux non plus le droit international humanitaire. Ils ne faisaient notamment rien pour empcher des crimes de guerre tels que la torture et les excutions sommaires de personnes captures.

Morts en dtention
Au moins 550 personnes, dont des enfants, seraient mortes en dtention, apparemment des suites de torture ou dautres mauvais traitements dans la plupart des cas. Bon nombre des victimes taient souponnes dtre des opposants du gouvernement. Aucun individu na t traduit en justice pour avoir caus la mort de dtenus. n Les frres Ahmad et Yahia Kaake ont t arrts le 29septembre un poste de contrle de larme proximit dAlep. Le corps dAhmad Kaake a t retrouv quelques jours plus tard dans une morgue par un membre de sa famille; il prsentait quatre blessures par balle. Yahia Kaake tait toujours dtenu au secret la fin de lanne.

Disparitions forces
Les forces gouvernementales nont fourni aucune information sur le sort de centaines, voire de milliers de personnes dtenues dans le cadre du conflit dans des conditions quivalant une disparition force. Cette anne encore, les autorits nont pas rendu compte du sort de quelque 17000personnes disparues depuis leur arrestation la fin des annes 1970. Parmi elles figuraient plusieurs centaines de Palestiniens et de Libanais arrts en Syrie ou enlevs au Liban par les forces syriennes ou par des milices

Rfugis et personnes dplaces


Les forces gouvernementales ont men frquemment des frappes ariennes aveugles contre des zones contrles par lopposition, contraignant presque tous les habitants de ces secteurs fuir. Par ailleurs, de nombreuses autres personnes, en particulier les membres de minorits, ont galement quitt leur foyer car elles craignaient dtre attaques par des groupes arms dopposition. Beaucoup campaient dans la campagne ou cherchaient refuge dans des

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grottes; dautres ont t hberges par des proches ou ont quitt le pays. Il tait particulirement difficile pour les rfugis originaires de pays tiers qui vivaient en Syrie, y compris les rfugis palestiniens, de trouver la scurit. En dcembre, les Nations unies estimaient que plus de deux millions de personnes dplaces lintrieur de la Syrie cause du conflit avaient besoin dune aide humanitaire. Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les rfugis (HCR), prs de 600000 Syriens avaient t enregistrs comme rfugis ou attendaient de ltre en Turquie, en Jordanie, au Liban, en Irak et en Afrique du Nord. Le nombre total des personnes ayant fui la Syrie tait probablement plus lev. Les pays voisins permettaient des milliers de rfugis syriens davoir accs la scurit et une aide sur leur territoire. Toutefois, la Turquie et lIrak ont restreint lentre sur leur territoire la mi-aot, en violation du droit international. la fin de lanne, des milliers de personnes vivaient dans des conditions trs difficiles dans des camps proximit de la frontire turque.

TADJIKISTAN
RPUBLIQUE DU TADJIKISTAN
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Emomali Rakhmon Akil Akilov La torture et les autres formes de mauvais traitements constituaient toujours une pratique courante et les auteurs de tels actes continuaient de jouir dune impunit quasi totale. Les organismes indpendants de surveillance ne pouvaient pas se rendre dans les centres de dtention. La libert dexpression restait prcaire, malgr un certain assouplissement de la lgislation.

Contexte
Des affrontements entre forces gouvernementales et groupes arms ont eu lieu en juillet Khorog, dans la rgion autonome du Haut-Badakhchan. Une opration lance par larme rgulire contre des forces fidles au commandant adjoint de lunit frontalire dIshkashim, Tolib Ayombekov, dirigeant de lopposition lpoque de la guerre civile de 19921997, aurait fait selon des sources non officielles environ 150victimes, aussi bien civiles que militaires. Cette opration a donn lieu des combats parmi les plus intenses depuis la fin de la guerre civile.

Peine de mort
La peine de mort tait maintenue. Il a t impossible de vrifier si des condamnations mort avaient t prononces et si des excutions avaient eu lieu.

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus de nombreuses
reprises en Syrie et dans les pays voisins pour effectuer des recherches sur la situation des droits humains en Syrie. 4 Syrie. Je voulais mourir. Tmoignages de survivants de la torture en Syrie (MDE24/016/2012). 4 Deadly reprisals: Deliberate killings and other abuses by Syrias armed forces, partiellement traduit en franais sous le titre Syrie. Reprsailles mortelles. Homicides dlibrs et autres atteintes aux droits humains commis par les forces armes syriennes (MDE24/041/2012). 4 All-out repression: Purging dissent in Aleppo, Syria (MDE24/061/2012). 4 Syria: Civilians bearing the brunt in the battle for Aleppo (MDE24/073/2012). 4 Syria: Indiscriminate attacks terrorize and displace civilians (MDE24/078/2012).

Torture et autres mauvais traitements


Le gouvernement a annonc en mars quil avait lintention dappliquer les recommandations formules lors de lExamen priodique universel du Conseil des droits de lhomme [ONU], et de veiller par exemple ce que les dtenus puissent bnficier dune assistance juridique et mdicale. Le Code pnal a t modifi en avril et la torture constituait dsormais une infraction en tant que telle. La Cour suprme a dict en juin des directives destines aux magistrats amens juger des affaires de prsomption de torture ou dautres mauvais traitements. Les services du procureur gnral ont prpar des recommandations aux procureurs concernant les enqutes mener en cas dallgations de torture. Malgr ces initiatives allant dans le bon sens, de nouveaux cas de mauvais traitement et de torture ont t signals cette anne. Le rapporteur spcial des Nations unies sur la torture et le Comit contre la

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torture [ONU] ont publi leurs observations. lissue de sa visite en mai, le rapporteur spcial a notamment dclar que la torture et les autres mauvais traitements taient frquents et quils se produisaient dans des circonstances trs diverses. Le Comit contre la torture a relev en novembre des allgations nombreuses et concordantes faisant tat de lusage rgulier de la torture et des mauvais traitements sur des suspects, essentiellement dans le but de leur extorquer des aveux. Ces actes seraient surtout commis pendant les premires heures de linterrogatoire, lors de la garde vue, ainsi que dans les centres de dtention provisoire grs par le Comit de sret de ltat et la Brigade de lutte contre la criminalit organise, o les personnes taient places dans lattente de leur procs. Des enfants, des personnes ges et des tmoins dans des procs de droit commun ont affirm avoir t torturs ou, plus gnralement, maltraits. Plusieurs mthodes taient cites: torture llectricit, brlure leau bouillante ou la cigarette, asphyxie partielle, passages tabac, etc. Certaines informations faisaient tat de viols ou de menaces de viol sur la personne de dtenus des deux sexes, ainsi que de torture psychologique. La plupart des actes de torture et autres mauvais traitements taient commis avant mme que le suspect ne soit officiellement enregistr au poste de police. Les suspects ntaient informs de leurs droits (de voir un avocat, davertir leur famille ou de garder le silence) quau moment de lenregistrement de leur arrestation, une formalit cense tre effectue dans les trois heures suivant larrive dans les locaux de la police, mais qui, dans la pratique, tait souvent diffre. On a relev des cas o le suspect a t dtenu au secret pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines, avant dtre enfin enregistr. n Cherik Karamhoudoev, le chef de la section de Khorog du Parti de la renaissance islamique (PRI, opposition), a disparu le 24juillet, pendant les affrontements dans la ville. Sa famille na eu de ses nouvelles que le 8aot et il a d attendre prs de deux mois avant de rencontrer ses avocats. Il aurait t tortur dans le centre de dtention du Comit de sret de ltat de Douchanb. Il a t inculp dorganisation dun groupe criminel et de dtention illgale darmes feu. Les dtenus taient rgulirement interrogs sans quun avocat soit prsent. Certains nont pas pu voir leur conseil pendant plusieurs jours, alors que la loi

garantissait le droit de tout dtenu de bnficier des services dun avocat ds lenregistrement de son placement en dtention. Les personnes accuses dtre proches de mouvements islamiques ou de groupes islamistes interdits taient gnralement dtenues dans les locaux du ministre de lIntrieur ou du Comit de sret de ltat. Elles taient particulirement exposes au risque dtre tortures ou maltraites, et leurs chances de pouvoir consulter un avocat taient, dans le meilleur des cas, limites. Leurs dfenseurs ne parvenaient pas, en outre, se faire communiquer lensemble des lments figurant au dossier de leurs clients. Un certain nombre dinformations ont fait tat denlvements perptrs ltranger par les forces de scurit du Tadjikistan, qui auraient ramen de force plusieurs personnes. Dans plusieurs cas, les demandes dextradition visant des personnes accuses dappartenance des groupes islamiques ou des partis islamistes interdits citaient des informations peu fiables ou incompltes. Les personnes vises affirmaient avoir t tortures leur retour au Tadjikistan. n Savriddine Djouraev, 27ans, a t condamn en avril 26annes demprisonnement aprs avoir t reconnu coupable de conspiration en vue de renverser lordre constitutionnel autour de 1992 (il avait lpoque sept ans). Il stait rfugi en Russie en 2006. Le Tadjikistan avait demand son extradition en 2009. La Russie lui avait accord lasile temporaire en aot 2011. La Cour europenne des droits de lhomme avait demand la Russie de ne pas lextrader tant quelle naurait pas examin son cas mais, en octobre 2011, il avait t enlev Moscou par des inconnus parlant tadjik, qui lavaient ramen de force au Tadjikistan. Il a dclar ses dfenseurs quil avait t maltrait pendant sa dtention Khoudjand et quaucun avocat ntait prsent lors de son interrogatoire. En novembre, le Comit contre la torture a instamment pri le Tadjikistan de mettre fin la pratique consistant enlever ltranger des personnes et les ramener de force au Tadjikistan, pour ensuite les placer en dtention au secret. Il a galement demand aux autorits de veiller ce que ces personnes ne soient pas tortures ou maltraites.

Obligation de rendre des comptes


Un climat gnral dimpunit rgnait toujours dans le pays. Un inspecteur de police a certes t reconnu

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coupable en septembre dactes de torture commis sur un adolescent de 17 ans, dans la rgion de Khatlon, et condamn sept annes demprisonnement une premire au Tadjikistan. Un autre policier a t condamn un an demprisonnement pour torture en dcembre. Paralllement, toutefois, plusieurs responsables de lapplication des lois reconnus coupables dabus de pouvoir ont t remis en libert anticipe, aux termes de la Loi damnistie de 2011. Le parquet de Douchanb a par exemple dcid en juillet dabandonner linformation judiciaire ouverte contre deux policiers accuss dtre responsables de la mort en dtention de Safarali Sangov, en mars 2011. Les deux hommes ont t amnistis. Bien que le Code de procdure pnale prcise que les tribunaux devaient dclarer irrecevable tout lment obtenu sous la torture, il ny a pas eu dexemple cette anne de juge invoquant cette disposition. Les victimes de torture et leurs proches disaient souvent ne pas vouloir porter plainte auprs des services du procureur, par crainte de reprsailles. Les autorits ont refus dautoriser des observateurs indpendants (du CICR ou dONG locales, notamment) se rendre dans les centres de dtention. Lors des audiences de demande de remise en libert, les juges ignoraient rgulirement les allgations de torture et dautres mauvais traitements formules par les dtenus, les invitant porter plainte auprs du procureur. Lorsquune enqute tait ouverte sur des allgations de mauvais traitements ou de torture, les victimes et leurs familles ntaient pas rgulirement tenues au courant de ltat davancement de laffaire ni autorises prendre connaissance des lments de leur dossier. La Cour constitutionnelle a confirm en mai la lgalit de la dcision du procureur gnral de limiter laccs des victimes de violations des droits humains aux lments charge runis contre les auteurs prsums de ces violations. Le parquet refusait gnralement de prciser la faon dont les plaintes avaient t instruites ou les motifs de ses dcisions, lorsquil avait estim que rien ne permettait de conclure une faute de la part dagents de ltat. Les procureurs tardaient bien souvent ordonner lexamen mdical de victimes prsumes de mauvais traitements ou de torture, ce

qui permettait aux traces des svices infligs de disparatre.

Morts en dtention
Les autorits nassuraient pas lintgrit physique des personnes places en dtention. Les morts en dtention ne faisaient pas lobjet denqutes dignes de ce nom et les responsables prsums taient rarement sanctionns. n Hamza Ikromzoda, 27ans, est mort en prison au mois de septembre, apparemment des suites de torture. Un examen mdicolgal a conclu en octobre que le jeune homme stait suicid. Plusieurs anciens codtenus de la victime qui auraient assist sa mort auraient t maltraits, voire torturs dans les prisons de Douchanb et de Khoudjand.

Libert dexpression
Le Code pnal a t modifi en juillet, afin de dpnaliser la diffamation. Loffense au chef de ltat restait cependant passible de sanctions. De nombreuses informations ont toutefois circul, cette anne encore, faisant tat de tentatives du gouvernement de restreindre la libert dexpression des dfenseurs des droits humains, des avocats, des experts mdicaux et des journalistes. Le tribunal de la ville de Khoudjand a ordonn en octobre la fermeture de lassociation Amparo, une organisation de dfense des droits humains mobilise contre les abus au sein de larme. Lassociation tait accuse dinfractions administratives. Selon des militants des droits humains, cette dcision obissait des mobiles politiques et les charges contre Amparo taient infondes.

Violences faites aux femmes et aux filles


La Loi sur la prvention de la violence domestique a finalement t adopte en dcembre, huit ans aprs son passage en premire lecture devant le Parlement.

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgues dAmnesty International se sont rendues au Tadjikistan
en juin. 4 Shattered Lives: Torture and Other Ill-treatment in Tajikistan (EUR60/004/2012). 4 Tadjikistan. Il ne faut pas rduire les groupes militants dissidents au silence (PRE01/579/2012).

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TAIWAN
TAIWAN
Prsident: Chef du gouvernement: Ma Ying-jeou Wu Den-yih, remplac par Chen Chun le 6 fvrier

Droits des peuples autochtones


Les droits garantis par la Loi fondamentale sur les peuples autochtones ntaient pas respects et les litiges conscutifs des oprations de relogement lances aprs le passage du typhon Morakot en 2009 nont pas t rgls. En vertu du rglement sur la dfinition des zones spciales, qui autorise les pouvoirs publics dclarer des terres inhabitables, plusieurs communauts autochtones taient menaces de rinstallation force et soumises de nouvelles restrictions en matire foncire.

Taiwan a procd six excutions. partir du mois de dcembre, pour chaque dossier de condamnation mort port devant la Cour suprme, le ministre public et les avocats de la dfense taient tenus de prsenter leurs arguments sur la sentence et ses aspects connexes. Des autochtones se trouvaient impliqus dans des litiges fonciers prolongs, et les autorits ne protgeaient pas leurs droits dans le processus de reconstruction engag aprs le typhon de 2009. Dans le secteur des mdias, le pouvoir des monopoles sest encore tendu. Un programme dducation lgalit entre hommes et femmes a t mis en uvre, avec une anne de retard.

Libert dexpression
La concentration des mdias entre les mains de quelques propritaires suscitait des craintes quant la libert dexpression et lindpendance rdactionnelle des journalistes. La Commission nationale des communications (NCC) a approuv sous certaines conditions le rachat par le groupe Want Want China Times dune grande chane de tlvision cble en juillet et du gant de la presse Next Media en novembre. En dcembre, la haute cour administrative de Taipei a jug la NCC habilite annuler lacquisition par le groupe dune chane supplmentaire de tlvision par cble, au motif que celle-ci navait pas rempli les conditions fixes par la NCC.

Peine de mort
Six hommes ont t excuts en dcembre. Ayant puis toutes les voies de recours, 55prisonniers taient en attente dexcution. partir de dcembre, le ministre public et les avocats devaient prsenter oralement leurs arguments concernant la sentence et ses aspects connexes toutes les audiences de la Cour suprme concernant des condamnations mort. Ainsi, le jury devait aussi tenir compte de lavis des familles des victimes lors de la dtermination de la peine. n Le 31aot, au terme de 21annes de procdure, la Haute Cour a reconfirm le verdict de non-culpabilit dans laffaire des Trois de Hsichih, et les trois accuss ont t librs. Dautres affaires impliquant la peine de mort, dans lesquelles il tait possible que des aveux aient t extorqus sous la torture ou la contrainte, ntaient pas lucides.

Droits des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres ou intersexues
Aprs des retards lis aux objections formules par des groupes religieux conservateurs en 2011, un programme de sensibilisation lgalit des genres a t mis sur pied. Cependant, trois manuels de rfrence destins aux enseignants du primaire et du secondaire et abordant lidentit de genre, lorientation sexuelle et les nouvelles formes de familles nont pas t publis.

Systme judiciaire
En aot, les services du procureur de district de Taipei ont confirm labandon des charges initialement retenues contre les responsables de la condamnation de Chiang Kuo-ching, un pilote de larme excut tort en 1997.

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Amnesty International - Rapport 2013

TANZANIE
RPUBLIQUE-UNIE DE TANZANIE Chef de ltat: Chef du gouvernement: Chef du gouvernement de Zanzibar: Jakaya Kikwete Mizengo Peter Pinda Ali Mohamed Shein

opposition) lorsque des policiers sont intervenus pour disperser les militants. Un officier subalterne a t inculp du meurtre du journaliste; il se trouvait en dtention pour supplment dinstruction la fin de lanne.

Libert de runion et utilisation excessive de la force


La police et dautres forces de scurit ont fait usage dune force excessive pour disperser des manifestants. n Au mois daot, la police antimeutes aurait tir une balle dans la tte dAlly Nzona, un vendeur de journaux, alors quelle dispersait un rassemblement du CHADEMA dans les locaux dune cole primaire de la ville de Morogoro. Ally Nzona, qui ne participait pas la manifestation, est mort des suites de ses blessures. En fvrier, la police a arrt 16dfenseurs des droits humains, dont 14 femmes, pour rassemblement illgal. Ils ont t librs le jour mme. Ils faisaient partie dun groupe denviron 200militants qui participaient une manifestation publique Dar es Salaam, la capitale du pays, pour demander au gouvernement de rgler le conflit lopposant aux mdecins.

Les autorits tanzaniennes ont restreint les droits la libert dexpression et de runion. Les femmes ont continu de faire lobjet de violences, et les auteurs de ces actes taient rarement dfrs la justice. Le camp de Mtabila, qui accueillait quelque 37000rfugis burundais, a t ferm.

Contexte
La Tanzanie tait engage dans un processus de rvision constitutionnelle aprs la modification apporte en fvrier la Loi de 2011 relative la rvision de la Constitution. Le prsident Kikwete a instaur en avril la Commission de rvision de la Constitution, dont les membres ont prt serment le mois suivant. Le processus devait sachever en octobre 2013.

Libert dexpression mdias


La Tanzanie continuait davoir recours des lois incompatibles avec sa Constitution et le droit international pour encadrer les mdias. La Loi sur la presse et le Code pnal, dont certains journalistes demandaient la rvision, ont t utiliss pour restreindre la libert des mdias. n En juillet, le tablode hebdomadaire Mwanahalisi a t interdit de parution, sur fond dallgations selon lesquelles il avait publi des contenus provocateurs susceptibles dinciter la violence et de compromettre la paix. Ces allgations faisaient suite la publication dun article sur lenlvement et les violences physiques dont avait t victime le docteur Steven Ulimboka, qui prside le Comit spcial des mdecins et avait t la tte dun mouvement de grve des mdecins. Le journal tait toujours interdit de parution la fin de lanne. n David Mwangosi, journaliste de la chane de tlvision Channel Ten, a t tu par la police en septembre. Il couvrait un vnement organis dans le village de Nyololo (rgion dIringa) par le Parti pour la dmocratie et le dveloppement (CHADEMA,

Violences faites aux femmes et aux filles


La violence sexuelle et dautres formes de violence lie au genre, en particulier la violence domestique, taient toujours monnaie courante. Les femmes ges taient exposes aux agressions lies des accusations de sorcellerie. Les auteurs de ces actes taient rarement poursuivis en justice. Les mutilations gnitales fminines demeuraient une pratique trs rpandue dans certaines rgions du pays.

Rfugis et demandeurs dasile


lissue dune runion entre les gouvernements tanzanien et burundais et le Haut-Commissariat des Nations unies pour les rfugis (HCR), la dcision a t prise de fermer le 31dcembre le camp de Mtabila, qui accueillait quelque 37000 rfugis burundais. En juillet, le ministre tanzanien de lIntrieur a dclar que ces personnes seraient dchues de leur statut de rfugi la fermeture du camp. En novembre, le HCR a indiqu quenviron 1000personnes par jour bnficiaient dune assistance pour rentrer de leur plein gr au Burundi.

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Peine de mort
De nouvelles condamnations mort ont t prononces par les tribunaux au cours de lanne. Aucune excution na eu lieu. Une requte dpose par des organisations de la socit civile en 2008 pour contester la constitutionnalit de la peine capitale tait toujours en instance.

Chtiments cruels, inhumains ou dgradants


Les forces de scurit et le personnel pnitentiaire continuaient de soumettre les personnes dont ils avaient la charge, dans une impunit presque totale, des chtiments cruels, inhumains ou dgradants, et notamment des passages tabac.

Dtention sans jugement

TCHAD
RPUBLIQUE DU TCHAD
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Idriss Dby Itno Emmanuel Djelassem Nadingar Des syndicalistes, des journalistes et des dfenseurs des droits humains ont fait lobjet de manuvres dintimidation. Les autorits nont pas hsit engager des poursuites au pnal pour faire taire leurs opposants. Les arrestations arbitraires restaient frquentes, de mme que les placements en dtention provisoire prolonge. De nombreux enfants soldats ont t recruts dans diverses forces armes. Les conditions carcrales taient toujours extrmement dures. Les auteurs datteintes aux droits humains continuaient de jouir de limpunit.

La plupart des personnes incarcres taient dtenues durant de longues priodes avant dtre juges. Plusieurs sont mme restes des annes en dtention sans que les autorits ne soient conscientes de leur prsence. On a ainsi appris en mars quun jeune garon de 17ans avait pass plus de 18mois dans la prison de Doba, sans que le parquet local nen ait eu connaissance.

Arrestations et dtentions arbitraires


Les autorits ont, cette anne encore, plac des hommes et des femmes en dtention sans inculpation, gnralement dans les locaux de la police, voire dans des centres de dtention secrets.

Conditions carcrales
Les conditions de dtention demeuraient tellement dures quelles constituaient de fait une forme de traitement cruel, inhumain ou dgradant. Les cellules taient bondes. La nourriture et leau taient insuffisantes. Les prisonniers ne bnficiaient daucun suivi mdical, mme pour des maladies contagieuses graves comme la tuberculose. Dans la majorit des tablissements, hommes, femmes et enfants taient dtenus tous ensemble. Il nexistait aucun mcanisme permettant un prisonnier de se plaindre de la faon dont il tait trait. n Dans les prisons dAbch, de Sarh et de Doba, les dtenus taient souvent enchans. En mars, la prison dAbch, une quinzaine de prisonniers taient maintenus enchans par les jambes jour et nuit.

Contexte
Le Tchad comptait toujours un grand nombre de rfugis et de personnes dplaces. Selon les Nations unies, il y avait au 31dcembre 281000rfugis soudanais rpartis dans 12camps de lest du pays, 79000rfugis originaires de Rpublique centrafricaine installs dans le sud, et 120000personnes dplaces, regroupes sur plusieurs sites le long de la frontire avec le Darfour (Soudan). Le chef rebelle Abdel Kader Baba Ladd, leader du Front populaire pour le redressement (FPR), qui avait tabli sa base dans le nord de la Rpublique centrafricaine, est rentr au Tchad en septembre lissue de ngociations entre son mouvement et les gouvernements tchadien et centrafricain. Plusieurs organisations de dfense des droits humains laccusaient de recruter des enfants soldats.

Disparitions forces
Rien na vraiment t fait pour traduire en justice les personnes souponnes dtre responsables de la disparition du leader dopposition Ibni Oumar Mahamat Saleh. Plus de quatre ans aprs larrestation de ce dernier, en fvrier2008, on ne savait toujours pas ce quil tait devenu. Or le rapport publi en 2009 par une commission nationale

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denqute avait tabli quil avait bien t arrt son domicile par huit membres des forces de scurit.

Harclement des opposants politiques


Comme les annes prcdentes, les pouvoirs publics tchadiens nont pas hsit engager des poursuites pnales contre des opposants politiques et exercer des pressions sur lappareil judiciaire. n Le dput dopposition Gali Ngoth Gatta, de lUnion des forces dmocratiques, a t arrt en mars et condamn un an demprisonnement pour tentative de corruption et braconnage par le tribunal de premire instance de Sahr, dans le sud du Tchad. Cet homme a t jug et condamn trois jours seulement aprs son arrestation, sans que son immunit parlementaire ait t leve. Incarcr dans un premier temps la prison de Sahr, il a t transfr celle de Moundou aprs avoir fait appel. Le 24avril, la cour dappel de Moundou a annul la procdure, entache selon elle de vices graves, et a ordonn la libration de Gali Ngoth Gatta. La dcision de la cour dappel a t confirme par la Cour suprme. n Emmanuel Dekeumb, un juge la cour dappel de Moundou qui avait refus de condamner Gali Ngoth Gatta et avait dnonc les irrgularits de procdure commises, a t dmis de ses fonctions par le Conseil suprieur de la magistrature. Cette dcision a t confirme en juillet par dcret prsidentiel.

NDjamena Bi-Hebdo a en outre t interdit de publication pendant trois mois. Jean-Claude Nekim sest pourvu en appel, mais aucune dcision navait t rendue la fin de lanne.

Dfenseurs des droits humains


Des dfenseurs des droits humains, dont des leaders syndicaux, ont t agresss. Dautres ont, cette anne encore, fait lobjet de manuvres dintimidation et de harclement de la part de reprsentants du gouvernement. Le pouvoir judiciaire a t utilis plusieurs reprises pour faire taire des militants. n Le 18septembre, Michel Barka, Younous Mahadjir et Franois Djondang, tous trois cadres de lUST, ont chacun t condamns 18mois demprisonnement avec sursis et un million de francs CFA damende. Le tribunal de premire instance de NDjamena a dclar les trois hommes coupables dincitation la haine raciale et de diffamation, pour une ptition lance dbut septembre par leur organisation. Leur jugement en appel tait en attente la fin de lanne. n Lavocate Jacqueline Moudeina, prsidente de lAssociation tchadienne pour la promotion et la dfense des droits de lhomme (ATPDH), a t agresse le 19octobre par des inconnus arms, devant son domicile NDjamena. Elle sen est sortie saine et sauve, mais ses agresseurs lui ont vol son vhicule, qui a t retrouv le 22octobre Malo-Tama, un village situ 35kilomtres de l. Ces faits se sont produits quelques jours aprs que Jacqueline Moudeina eut reu le prix Right Livelihood 2011, en reconnaissance de son action en faveur des droits humains. Plusieurs personnes ont t arrtes, mais on ignorait la fin de lanne si quelquun avait t inculp dans cette affaire. n Le 20octobre, six hommes en uniforme de la gendarmerie ont pntr dans la proprit du militant des droits humains Dobian Assingar, prsident dhonneur de la Ligue tchadienne des droits de lhomme (LTDH). Ils ont perquisitionn son domicile sans mandat, affirmant tre la recherche dune voiture vole. Dobian Assingar a port plainte, mais il navait reu aucune rponse la fin de lanne.

Libert dexpression
Responsables religieux
n Michele Russo, vque catholique de Doba, a t expuls du pays le 14octobre la suite de propos quil a tenus durant la messe du 30septembre et qui ont t retransmis sur une radio locale. Il y dnonait lincurie des pouvoirs publics et la distribution ingale des richesses provenant de lexploitation du ptrole dans la rgion.

Journalistes
Les autorits ont continu de menacer la presse et de harceler les journalistes. n Le 18septembre, Jean-Claude Nekim, rdacteur en chef de la publication NDjamena Bi-Hebdo, a t condamn un an demprisonnement avec sursis et une amende dun million de francs CFA (environ 2000dollars des tats-Unis) parce que son journal avait publi des extraits dune ptition lance par lUnion des syndicats du Tchad (UST). Il tait poursuivi pour incitation la haine raciale et diffamation.

Enfants soldats
Selon des informations insistantes ayant circul en cours danne, des enfants auraient t incorpors dans larme nationale tchadienne, notamment en fvrier et en mars o ils taient particulirement nombreux. En outre, le recrutement et lutilisation

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denfants par des groupes arms tchadiens et soudanais constituaient toujours un motif de proccupation. Selon des informations recueillies auprs de diverses sources entre fvrier et avril, de nombreux enfant des dpartements dAssoungha et de Kimiti, dans lest du Tchad, dont certains avaient dj t dmobiliss une premire fois et rendus leurs familles, passaient rgulirement au Soudan voisin pour y servir au sein de groupes arms. n Au moins 24adolescents gs de 14 17 ans ont t dcouverts en juin par des travailleurs sociaux au centre dentranement militaire de Mongo.

n Dans la nuit du 8janvier, 13dtenues ont t agresses sexuellement par des surveillants de la prison de Moussoro. Toutes les femmes incarcres dans cette prison ont par la suite t transfres celle dAmsinn, NDjamena, sur dcision du ministre de la Justice. Aucune enqute indpendante navait t ouverte la fin de lanne.

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus au Tchad en mars
et en septembre. 4 Tchad: Nous sommes tous en train de mourir ici. Les violations des droits humains dans les prisons (AFR20/007/2012). 4 Tchad. Le harclement judiciaire visant les opposants politiques et les journalistes doit cesser (PRE01/455/2012).

Droits en matire de logement expulsions forces


Les expulsions forces ont continu de se succder tout au long de lanne, mme dans les cas o un tribunal avait ordonn la suspension de lopration. Les personnes frappes ne se voyaient pas proposer de solution de relogement ni dindemnit de compensation, y compris lorsquelles avaient obtenu une dcision de justice en ce sens. n En janvier, plus de 600personnes ont t expulses de force du quartier de Sabangali, NDjamena, et leurs maisons ont t dmolies pour faire place la construction dun htel. Au mois davril, certaines des personnes expulses se sont vu attribuer des parcelles, mais la moiti seulement des habitants chasss de chez eux ont effectivement peru lindemnisation promise par une commission interministrielle.

THALANDE
ROYAUME DE THALANDE
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Bhumibol Adulyadej Yingluck Shinawatra Le conflit arm sest poursuivi dans le sud du pays; les insurgs ont lanc de violentes attaques contre des civils et les forces de scurit se sont livres des violations des droits humains en toute impunit. La Commission vrit pour la rconciliation a rendu public son rapport final, imputant la responsabilit des violences politiques de 2010 aux deux parties. Les mesures visant amener les auteurs de ces violences rendre des comptes se faisaient toutefois attendre. Cette anne encore, le gouvernement a invoqu les dispositions sur les crimes de lsemajest et la Loi relative aux infractions dans le domaine de linformatique pour restreindre la libert dexpression. Des demandeurs dasile et des rfugis risquaient dtre expulss vers leur pays dorigine.

Justice internationale Hissne Habr


Un accord a t sign le 22aot entre le Sngal et lUnion africaine, en vue de la cration dun tribunal spcial charg de juger lancien prsident tchadien Hissne Habr. Les autorits tchadiennes ont annonc en septembre quelles avaient confirm leur participation financire lorganisation du procs, hauteur de deux milliards de francs CFA (environ quatre millions de dollars des tats-Unis). LAssemble nationale du Sngal a adopt en dcembre une loi portant cration dun tribunal spcial charg de juger Hissne Habr.

Violences faites aux femmes et aux filles


Les autorits nont rien fait pour rgler le problme des violences sexuelles perptres aussi bien par des agents de ltat que par des acteurs non tatiques, ni mme pour prvenir de tels actes.

Conflit arm interne


La population civile demeurait expose des attaques causant des morts et des blesss dans lextrme sud du pays (provinces de Narathiwat, de Pattani, de Yala et certains secteurs de la province de Songkhla). Les coles publiques et leurs enseignants, perus comme

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des symboles de ltat, ont t pris pour cible, ce qui a entran la fermeture dtablissements scolaires pendant le second semestre de 2012. Des chefs insurgs ont accus les forces de scurit de stre livres des excutions extrajudiciaires dans la province de Yala. Limpunit tait toujours la rgle pour la plupart des violations perptres par les forces de scurit dans le sud du pays. n Le 29janvier, des rangers, paramilitaires soutenus par le gouvernement, ont tir sur un groupe de neuf civils, des musulmans dorigine malaise, qui se trouvaient bord dun camion dans le district de Nong Chik (province de Pattani). Quatre passagers ont t tus et quatre autres blesss par les tirs. Les rangers ont affirm quils pensaient que ces civils taient lis un groupe dinsurgs et impliqus dans une attaque mene contre leur avant-poste. Une commission vrit mise en place pour enquter sur les faits a tabli quils navaient pas de liens avec des groupes dinsurgs. n Le 21septembre, des insurgs ont tu six personnes, dont un bnvole de la protection civile locale, et en ont bless une cinquantaine dautres aprs avoir ouvert le feu sur une boutique de vente et dachat dor, puis fait exploser une voiture pige dans un march du district de Sai Buri (province de Pattani). n Le 30octobre, Mahama Ma-ae, un professeur de religion islamique que la police souponnait dtre li un groupe dinsurgs, a t abattu dans la province de Yala. Le 14novembre, Abdullateh Todir, un imam de la province, a lui aussi t abattu. Il avait dj t vis par un attentat en 2011, au cours duquel sa fille tait morte. Les chefs des insurgs ont imput la responsabilit de ces homicides aux forces de scurit gouvernementales. n Les 3 et 4dcembre, des insurgs ont tu une enseignante et bless un enseignant lors de deux pisodes distincts dans la province de Narathiwat. La directrice dune cole et un enseignant ont eux aussi perdu la vie lors dun attentat perptr contre un tablissement scolaire de la province de Pattani, le 11dcembre. la suite de ces attaques, les coles des provinces de Narathiwat, de Pattani et de Yala ont t fermes pendant plusieurs jours. Le dcret de 2005 relatif ladministration publique sous ltat durgence est rest en vigueur pendant toute lanne, le gouvernement le prorogeant tous les trois mois. Ce texte confrait limmunit judiciaire aux reprsentants de ltat susceptibles davoir commis des violations des droits humains, y compris des actes de torture.

Responsabilit pour les violences politiques


La Commission vrit pour la rconciliation a publi en septembre son rapport final sur les violences commises dans le contexte des manifestations antigouvernementales davril et mai 2010 Bangkok. Ces violences avaient fait 92morts. La responsabilit en tait impute aux forces de scurit gouvernementales, larme y compris, et aux chemises noires, groupe arm ml aux manifestants et li au Front uni pour la dmocratie et contre la dictature (UDD), mouvement hostile au gouvernement dont les membres sont surnomms les chemises rouges. Le rapport tablissait que les forces gouvernementales avaient eu recours des armes de guerre et des balles relles contre les manifestants. Il tait assorti dune longue liste de recommandations, et demandait en particulier aux pouvoirs publics de faire face, au moyen dun systme de justice quitable et impartial, aux violences commises par toutes les parties et doctroyer des rparations et des mesures de rtablissement aux victimes. Les pouvoirs publics ont accept en janvier dindemniser financirement les victimes des violences de 2010. En mai, une proposition de loi relative la rconciliation nationale, qui prvoyait une mesure damnistie pour les personnes ayant pris part ces violences, a dclench un nouveau mouvement de protestation. Le texte a t suspendu en juillet. Aprs que des membres des forces de scurit eurent t dclars responsables de la mort en mai 2010 dun manifestant membre de lUDD, Phan Khamkong, lancien Premier ministre Abhisit Vejjajiva et lancien vice-Premier ministre Suthep Thaugsuban ont t inculps de meurtre en dcembre. Il sagissait des deux premiers reprsentants de ltat tre poursuivis en justice pour les violences politiques de 2010. Les procs de 24organisateurs des manifestations membres de lUDD se sont ouverts en dcembre. Ils taient inculps de terrorisme.

Libert dexpression
La libert dexpression a cette anne encore t rprime, essentiellement par le recours aux dispositions sur le crime de lse-majest (article112 du Code pnal) et la Loi de 2007 relative aux infractions dans le domaine de linformatique. Au titre de ces textes, les faits perus comme une offense la

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monarchie taient sanctionns par de lourdes peines demprisonnement. Les initiatives entreprises en 2012 pour remettre en cause ou modifier les dispositions relatives au crime de lse-majest ont chou. La Cour constitutionnelle a estim en octobre que larticle112 tait conforme la Constitution, tandis que le Parlement a cart en novembre un projet de loi visant en modifier le contenu. n En mai, le prisonnier dopinion Amphon Tangnoppakul, g dune soixantaine dannes et surnomm oncle SMS, est mort dun cancer alors quil purgeait une peine de 20ans demprisonnement pour crime de lse-majest. Arrt en aot 2010, il avait t dclar coupable en novembre 2011 davoir envoy quatre SMS considrs comme insultants vis-vis de la monarchie. La justice avait rejet ses huit demandes de libration sous caution malgr son tat de sant inquitant. n Toujours en mai, Chiranuch Premchaiporn, responsable du site dinformation en ligne Prachatai, a t dclare coupable de ne pas avoir retir rapidement 10commentaires publis sur son site par des internautes entre avril et novembre 2008 et jugs offensants lgard de la monarchie. Elle a t condamne un an demprisonnement et une amende de 30000bahts (979dollars des tats-Unis) au titre de la Loi relative aux infractions dans le domaine de linformatique. Ces peines ont ensuite t ramenes huit mois avec sursis et une amende de 20000bahts (653dollars des tats-Unis). n Somyot Prueksakasemsuk, rdacteur en chef de Voice of Taksin, a t maintenu en dtention pendant toute lanne. Il encourait jusqu 30ans demprisonnement aprs avoir t inculp en avril 2011 au titre des dispositions sur le crime de lsemajest, en raison de deux articles publis dans son magazine. Le tribunal a rejet toutes ses demandes de remise en libert sous caution.

daffecter les rgions du Myanmar peuples par des minorits ethniques et malgr labsence de protections garantissant un retour volontaire, digne et sr pour les rfugis. Des travailleurs migrants, certains munis de papiers, dautres non, ont t menacs dexpulsion la mi-dcembre car ils ne staient pas soumis une procdure de vrification nationale.

Peine de mort
Aucune excution na t signale. Les tribunaux ont continu de prononcer des condamnations la peine capitale tout au long de lanne. En aot, ltat a commu les sentences dau moins 58condamns mort en peines de rclusion perptuit.

TIMOR-LESTE
RPUBLIQUE DMOCRATIQUE DU TIMOR-LESTE
Chef de ltat: Jos Manuel Ramos-Horta, remplac par Jos Maria Vasconcelos (Taur Matan Ruak) le 20 mai Chef du gouvernement: Kay Rala Xanana Gusmo Les auteurs des crimes contre lhumanit et des atteintes flagrantes aux droits humains commis pendant loccupation indonsienne, entre 1975 et 1999, ont continu de jouir de limpunit. Les forces de scurit ont t accuses de mauvais traitements et de recours excessif la force, entre autres violations des droits humains. De nombreuses femmes et filles ont subi des violences au sein du foyer.

Contexte
Les lections prsidentielle et lgislatives, qui ont eu lieu respectivement en mars-avril et en juillet, se sont droules sans incident. Le mandat de la Mission intgre des Nations unies au Timor-Leste (MINUT) cre par le Conseil de scurit a pris fin en dcembre.

Rfugis et migrants
Les demandeurs dasile vivaient toujours sous la menace dune arrestation, dun maintien prolong en dtention et dun renvoi forc vers des pays o ils risquaient dtre victimes de perscutions. lissue de discussions avec le gouvernement du Myanmar, le Conseil national de scurit thalandais a dclar que les 146900 rfugis du Myanmar qui vivaient en Thalande pourraient retourner dans leur pays dans un dlai dun an, malgr linstabilit qui continuait

Police et forces de scurit


Les forces de scurit ont t accuses de mauvais traitements et de recours excessif la force ayant, dans certains cas, entran la mort. Les mcanismes destins garantir que les membres de la police et

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de larme rendent compte de leurs actes ntaient gure efficaces. La mission des policiers de lONU a pris fin en dcembre.

juin2010, ils ont toutefois t interrompus et diffrs; aucune date de reprise na t annonce.

Droits des femmes


Les violences faites aux femmes au sein du foyer restaient frquentes. Certaines affaires ont fait lobjet de poursuites judiciaires, mais de nombreux auteurs ont vu leur peine assortie dun sursis. Les carences de la protection accorde aux victimes et aux tmoins taient proccupantes. Le taux de mortalit maternelle du Timor-Leste tait lun des plus levs de la rgion Asie-Pacifique.

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus au Timor-Leste en
octobre et novembre. 4 Timor-Leste: Remembering the past Recommendations to effectively establish the National Reparations Programme and Public Memory Institute (ASA57/001/2012).

Impunit
Les affaires concernant les crimes contre lhumanit et autres violations des droits humains perptrs par les forces de scurit indonsiennes et leurs agents auxiliaires entre 1975 et 1999 nont gure progress. Le mandat de lquipe charge denquter sur les infractions graves a pris fin en dcembre, sans avoir pu mener bien la soixantaine denqutes portant sur des violations graves des droits humains commises en 1999. n En dcembre, le tribunal de district de Dili a condamn des peines demprisonnement danciens membres de la milice Besi Merah Putih (BMP) pour des crimes contre lhumanit perptrs dans le contexte du rfrendum de 1999 sur lindpendance. Miguel Soares et Salvador de Jesus ont t condamns respectivement neuf et 16annes demprisonnement pour meurtre, et Faustino de Carvalho six ans de dtention pour transfert forc de population et maintien illgal en captivit de femmes et denfants. Les autorits timoraises nont pas mis en uvre les recommandations de la Commission daccueil, de recherche de la vrit et de rconciliation, ni celles de la Commission vrit et amiti institue conjointement par lIndonsie et le Timor-Leste. Ces recommandations prvoyaient notamment daccorder des rparations aux victimes et leur famille et de prendre des mesures effectives pour identifier les victimes de disparition force et les enfants spars de leur famille. n Les dbats parlementaires sur deux projets de loi visant instaurer un programme national de rparations et un institut de la mmoire collective ont dmarr en fvrier. Pour la troisime fois depuis

TOGO
RPUBLIQUE TOGOLAISE
Chef de ltat: Faure Essozimna Gnassingb Chef du gouvernement: Gilbert Fossoun Houngbo, remplac par Kwesi Ahoomey-Zunu le 23 juillet Les forces de scurit ont fait usage dune force excessive pour disperser des manifestations organises par des partis politiques et des tudiants. La torture a t utilise pour obtenir des aveux. Les autorits ont restreint les droits la libert dexpression et de runion, ainsi que la libert de la presse. La Commission vrit, justice et rconciliation a publi ses premires conclusions, mais la fin de lanne aucune mesure concrte navait t prise pour mettre fin limpunit.

Contexte
Des manifestations appelant des rformes politiques et conomiques ont t organises tout au long de lanne. Certaines ont donn lieu des affrontements entre manifestants et forces de scurit. En janvier, les autorits ont tent dempcher la publication dun rapport de la Commission nationale des droits de lhomme (CNDH). Ce document condamnait les actes de torture infligs par les forces de scurit, et en particulier par des membres de lAgence nationale de renseignement, des civils et des militaires dont Kpatcha Gnassingb, demi-frre du prsident accuss de complot contre ltat. Face la vague de protestation nationale et internationale, les autorits ont accept les conclusions de la CNDH et se sont engages mettre en uvre ses recommandations en matire de lutte contre

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limpunit. Aucune mesure concrte navait toutefois t mise en place la fin de lanne. En mai, lAssemble nationale a adopt une loi modifiant certaines dispositions du Code lectoral. Plusieurs partis dopposition ont accus les autorits davoir unilatralement adopt ces modifications et ont exig leur abrogation. Bien que des changements aient t apports la lgislation la suite de manifestations, certains partis dopposition ont refus de renouer le dialogue et ont contest les conditions dorganisation des lections lgislatives, lorigine prvues avant la fin de lanne mais reportes 2013.

dintervention rapide (FIR). Il a ensuite t dtenu dans le camp de la FIR Lom, o il a t frapp avec des cordelettes et pitin.

Libert dexpression
Les autorits ont restreint les droits la libert dexpression et de runion en menaant les dfenseurs des droits humains et en interdisant des manifestations. Le gouvernement a affirm que ces mesures taient ncessaires au maintien de lordre public et la prvention des risques en matire de scurit. n En fvrier, Koffi Kount, prsident de la CNDH, a reu des menaces de la part de lentourage du chef de ltat, aprs avoir refus de cautionner un rapport dont on savait quil avait t falsifi par le gouvernement. Craignant des reprsailles, Koffi Kount sest rfugi en France. n En aot, une runion dducation citoyenne organise Kara par le collectif Sauvons le Togo (CST) a t interdite. Des dirigeants du CST ont t agresss et pourchasss par les forces de scurit. Les forces de scurit sen sont galement prises des journalistes qui couvraient ou filmaient des manifestations antigouvernementales. n En octobre, Justin Anani, un journaliste affili la Fdration internationale des journalistes, a t agress par les forces de scurit alors quil effectuait un reportage sur une marche de contestation organise Lom par le CST et dautres groupes dopposition.

Utilisation excessive de la force


Les forces de scurit ont rgulirement fait usage dune force excessive pour rprimer des manifestations organises par des partis politiques. n En juin, les forces de scurit ont pourchass des manifestants jusqu leur domicile ainsi que dans un lieu de culte. Elles ont galement lanc des gaz lacrymognes dans une salle de classe de lcole de la mission catholique dAmoutiv, Lom, la capitale. n En juillet, les forces de police ont attaqu le domicile de Jean-Pierre Fabre, prsident de lAlliance nationale pour le changement (ANC). Pendant plusieurs heures, des policiers ont lanc des grenades lacrymognes, puis se sont introduits de force dans les lieux, ont rou de coups les personnes prsentes et arrt plusieurs dentre elles.

Torture et autres mauvais traitements


Des actes de torture ont t infligs des prisonniers en dtention provisoire, lobjectif tant de leur arracher des aveux ou de compromettre des accuss. n En avril, quatre tudiants, dont trois membres de lUnion nationale des lves et tudiants du Togo (UNEET), ont t victimes de mauvais traitements lors de leur arrestation et durant leur dtention la prison civile de Kara, environ 430km au nord de Lom. Ils avaient t inculps dincitation la rvolte pour avoir organis une assemble gnrale afin de dbattre de promesses du gouvernement en matire dallocation de bourses dtude. Ils ont t librs un mois plus tard sans avoir t jugs. n En aot, Kossi Amtpa t arrt alors quil participait une manifestation antigouvernementale. Il a t pass tabac par des lments de la Force

Conditions carcrales
Dans de nombreux centres de dtention, les conditions carcrales sapparentaient une forme de traitement cruel, inhumain ou dgradant en raison de la surpopulation et dun accs insuffisant aux soins. Un certain nombre de personnes seraient mortes du fait de cette situation, dont au moins 19dtenus de la prison civile de Lom. n En mai, Bertin Sama, inculp de trafic de stupfiants, est mort des suites dune infection pulmonaire la prison civile de Lom. Bien quil ait rclam des soins plusieurs reprises, il na t transfr lhpital que deux jours avant sa mort.

Impunit
La Commission vrit, justice et rconciliation a publi son premier rapport en avril, aprs stre entretenue avec des victimes et des auteurs prsums des

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violences politiques commises entre 1958 et 2005. Le prsident a demand pardon au nom de la nation, et les autorits se sont engages mettre en uvre des mesures dapaisement et octroyer des indemnisations aux victimes. Cependant, la fin de lanne, aucune mesure concrte navait t adopte.

Visites et documents dAmnesty International


4 Togo. Les autorits censurent un rapport dnonant la torture (AFR57/001/2012). 4 Togo. Vague darrestations et rpression de manifestants (AFR57/004/2012).

n En avril, dans le village de Mt. Dor Road, Atiba Duncan a t abattu par des policiers, qui ont affirm quil avait braqu un pistolet sur eux alors quils tentaient de larrter. Un mdecin lgiste a cependant constat quil avait reu une balle dans le dos. Lenqute se poursuivait la fin de lanne. En octobre, le Service des plaintes contre la police a demand que les enqutes trop longues dans les affaires de tirs mortels de la part de policiers soient acclres. Il a galement recommand linstallation de camras de vidosurveillance dans plusieurs endroits stratgiques des postes de police.

Justice
Une loi de 2011 visant acclrer la procdure judiciaire par la suppression des enqutes prliminaires devait entrer en vigueur en janvier 2013. On craignait toutefois que linfrastructure ncessaire lapplication de ce texte ne soit pas en place.

TRINIT-ETTOBAGO
RPUBLIQUE DE TRINIT-ET-TOBAGO
Chef de ltat: Chef du gouvernement: George Maxwell Richards Kamla Persad-Bissessar Cette anne encore, des homicides illgaux commis par des policiers ont t signals dont certains, au vu de leurs circonstances, pourraient tre des excutions extrajudiciaires. De nouvelles condamnations la peine capitale ont t prononces.

Violences faites aux femmes et aux filles


En novembre, le service de police de Trinit-et-Tobago a annonc que 689plaintes pour infractions sexuelles avaient t enregistres entre janvier et septembre, soit une augmentation de plus de 200plaintes par rapport la priode allant de janvier dcembre 2011. Daprs les informations reues, le projet de stratgie nationale sur les questions de genre et le dveloppement, en cours dexamen depuis 2009, a t remis au gouvernement.

Contexte
Le nombre dhomicides demeurait lev, avec 377meurtres recenss en 2012. Une loi autorisant labandon des poursuites pnales pour certaines infractions si plus de 10annes staient coules depuis les faits a t vote en aot, puis abroge en octobre la suite du toll gnral qua provoqu son application des affaires de corruption ayant eu un grand retentissement.

Droits des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres ou intersexues (LGBTI)
Les dfenseurs des droits des personnes LGBTI continuaient leur travail de pression pour linclusion de la discrimination fonde sur lorientation sexuelle dans la Loi relative lgalit des chances. Les relations homosexuelles restaient interdites par la loi. Mme si la lgislation en la matire ntait pas applique, elle favorisait un environnement discriminatoire.

Police et forces de scurit


Cette anne encore, des homicides illgaux commis par des policiers ont t signals. Souvent, les dclarations des tmoins contredisaient la version officielle des faits selon laquelle les policiers avaient tir en tat de lgitime dfense.

Conditions carcrales
Dans plusieurs affaires de mauvais traitements, des gardiens de prison ont t poursuivis en justice devant des tribunaux civils. Cependant, dans la

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plupart des cas ils ne faisaient lobjet daucune mesure disciplinaire par la suite. Lors de lexamen en mars du cas dun dtenu pass tabac dans la prison de Golden Grove en dcembre 2009, la Haute Cour a dclar que les observations formules par les tribunaux dans plusieurs affaires similaires semblaient navoir pas t prises en compte et que tout portait croire, vu la rptition de faits similaires, que les auteurs de ces agissements ntaient pas punis. Dans une autre affaire, la Haute Cour a constat en juillet que 302plaintes pour coups et blessures avaient t dposes contre des fonctionnaires entre septembre 2005 et mai 2012. Elle a engag les autorits former les gardiens de prison sur le recours appropri la force.

continuaient de demander justice et rparation. Plusieurs anciens reprsentants de ltat ont t jugs et emprisonns. Les femmes continuaient dtre victimes de discrimination, dans la lgislation et dans la pratique. Neuf personnes ont t condamnes mort; aucune excution na eu lieu.

Contexte
Ltat durgence proclam en janvier2011 a t prolong et tait toujours en vigueur la fin de lanne. Le gouvernement de coalition lu en octobre2011 pour un an est rest en fonction tout au long de lanne. Les autorits ont annonc en octobre la tenue de nouvelles lections lgislatives et prsidentielle, en juin et juillet2013. LAssemble nationale constituante charge dlaborer une nouvelle constitution a publi en aot un avant-projet, mais elle a annonc quelle ne pourrait pas respecter le dlai dun an qui lui avait t imparti. Celui-ci a t repouss jusquen fvrier2013. Lavant-projet a t critiqu sur plusieurs points relatifs aux droits humains, notamment les articles concernant le statut des femmes, le droit la vie et la pnalisation de formes dexpression considres comme offensantes pour la religion. En aot, le parti islamiste Ennahda, majoritaire au sein de la coalition au pouvoir, a soumis lAssemble nationale constituante un projet de loi rprimant pnalement les atteintes la religion et aux valeurs sacres. Ce texte tait en cours dexamen la fin de lanne. Les autorits ont pris des mesures ayant pour objectif apparent de rformer lappareil judiciaire et de promouvoir lindpendance de la justice. En mai, le ministre de la Justice a rvoqu 82juges accuss de corruption neuf ont t rintgrs un mois plus tard. Le Conseil suprieur de la magistrature (CSM) a procd en septembre la mutation, la promotion ou au changement de fonction de plus de 700juges. Des dsaccords au sein de lAssemble nationale constituante ont toutefois empch ladoption dun projet de loi qui aurait remplac le CSM par un Conseil judiciaire provisoire. Ce texte, qui ne prvoyait pas de garanties suffisantes contre le renvoi ou la mutation arbitraires de juges, aurait accord au pouvoir excutif un rle important dans le nouvel organe judiciaire. En septembre, le ministre de la Justice sest nomm lui-mme la tte du CSM. La

Peine de mort
Au moins cinq personnes ont t condamnes mort. Aucune excution na eu lieu. En janvier, le Premier ministre a fait part publiquement de la dtermination du gouvernement appliquer la peine capitale.

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus Trinit-etTobago en septembre et octobre.

TUNISIE
RPUBLIQUE TUNISIENNE
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Moncef Marzouki Hamadi Jebali

Les autorits ont restreint la libert dexpression et engag des poursuites contre plusieurs personnes en utilisant des lois rpressives promulgues sous le gouvernement prcdent. De nouvelles informations ont fait tat dactes de torture et dautres mauvais traitements infligs par des policiers. La police a en outre eu recours une force excessive contre des manifestants. Les familles des personnes tues ou blesses au cours des manifestations qui ont renvers le prsident Ben Ali en janvier2011

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Amnesty International - Rapport 2013

fonction tait occupe dans le pass par le prsident Ben Ali. Des mouvements de protestation et des manifestations taient rgulirement organiss par des groupes religieux, des personnes mcontentes de la lenteur des rformes et des conditions de vie difficiles ainsi que des militants mobiliss en faveur des droits des femmes, de la rforme des mdias et du renforcement de la libert dexpression. La police a rprim par un usage de la force, parfois excessif, des mouvements qui avaient dgnr en violences. Prs de 300manifestants et passants auraient t blesss par la police, qui a eu recours une force excessive Siliana, une ville situe au sud-ouest de Tunis, lors de manifestations les 27, 28 et 29novembre. Les protestataires rclamaient le dpart du gouverneur de Siliana, le dveloppement conomique de leur ville et la libration de 13dtenus arrts lors de manifestations en avril2011. Paralllement, la police a t accuse de ne pas tre intervenue rapidement dans plusieurs cas o des groupes religieux extrmistes, essentiellement des salafistes prsums (musulmans sunnites qui prconisent le retour ce quils considrent comme les principes fondamentaux de lislam), ont agress violemment des artistes et des crivains, entre autres personnes. Des expositions artistiques, des vnements culturels et autres, ainsi que des personnes accuses davoir vendu de lalcool ont t viss par de telles attaques. Lambassade des tats-Unis a t attaque en septembre la suite de la diffusion sur Internet dun film contre lislam. Plusieurs dizaines de salafistes auraient t arrts la suite de ces attaques. Plus de 50 dentre eux ont entam une grve de la faim pour protester contre leur arrestation et leurs conditions de dtention; deux sont morts des suites de leur jene en novembre. Selon les informations dont on disposait, la plupart des autres avaient mis un terme leur mouvement la fin de lanne. En octobre, des salafistes auraient attaqu deux postes de police La Manouba aprs linterpellation dun de leurs compagnons. Deux personnes auraient t tues et des policiers auraient t blesss lors de ces attaques. La situation des droits humains dans le pays a t examine en mai dans le cadre de lExamen priodique universel de lONU. Le gouvernement a accept la

plupart des recommandations formules, mais il a rejet celles qui lappelaient dpnaliser la diffamation et les relations entre personnes de mme sexe, abroger les dispositions lgislatives discriminatoires lgard des femmes et abolir la peine de mort. Les rapporteuses spciales des Nations unies et de lUnion africaine charges de la question des dfenseurs des droits humains se sont rendues en Tunisie en septembre.

Justice transitionnelle
Le gouvernement a cr en janvier un ministre des Droits de lhomme et de la Justice transitoire, charg dlaborer un ensemble de stratgies pour remdier aux atteintes aux droits humains commises dans le pass et garantir la protection des droits fondamentaux. Toutefois, le mois suivant, le nouveau ministre a dclar publiquement que lhomosexualit ntait pas un droit humain, mais une perversion. En avril, le ministre de la Justice a mis en place un comit technique charg de mener des consultations dans tout le pays sur les questions de vrit, de justice, de rparation et de rforme. Ce comit, compos dagents de ltat et de reprsentants de la socit civile, a labor un projet de loi prconisant la cration dune instance de la vrit et de la dignit, organe indpendant charg de superviser le processus de justice transitionnelle; le texte a t soumis en octobre au prsident de la Rpublique et lAssemble nationale constituante. la suite de sa visite en novembre, le rapporteur spcial des Nations unies sur la promotion de la vrit, de la justice, de la rparation et des garanties de non-rptition a dplor labsence dune approche globale appliquant de manire simultane les quatre dimensions de la justice transitionnelle. La Commission nationale dtablissement des faits sur les dpassements commis entre le 17dcembre 2010 et la fin de son mandat (commission Bouderbala) a rendu public son rapport en mai. Ce document dcrivait les vnements survenus au cours du soulvement qui a renvers le rgime du prsident Ben Ali et dressait la liste des personnes tues ou blesses. Il ne dsignait toutefois pas nommment les responsables de lutilisation de la force meurtrire et des violations des droits humains. Les autorits ont vers une compensation financire aux familles des personnes tues et aux blesss, auxquels elles ont galement fourni des soins

Amnesty International - Rapport 2013

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mdicaux. Les victimes leur ont toutefois reproch de ne pas prendre en compte la gravit de leurs blessures ni des lments tels que la perte dopportunits en matire dtudes ou demploi. Des proches de personnes tues ont refus lindemnisation car elles estimaient que justice ne leur avait pas t rendue. Plusieurs anciens hauts responsables du rgime Ben Ali ont t condamns de lourdes peines demprisonnement pour les homicides de manifestants durant le soulvement de dcembre 2010 et janvier 2011. Certains anciens agents subalternes et de rang moyen ont t dclars coupables, simplement titre individuel, davoir tir sur des manifestants, et ont t incarcrs. n Lancien ministre de lIntrieur Rafiq Haj Kacem a t condamn en juin par un tribunal militaire du Kef 12ans demprisonnement pour complicit dans le meurtre de manifestants Kasserine, Thala, Kairouan et Tajerouine. Quatre anciens hauts responsables de la Direction de la sret de ltat ont t reconnus coupables et condamns des peines allant jusqu 10ans demprisonnement; six autres de rang moyen ont t condamns des peines demprisonnement pour meurtre. n Jug par contumace par le tribunal militaire de Tunis, lancien prsident Ben Ali a t condamn la rclusion perptuit en juillet pour sa responsabilit concernant les manifestants tus ou blesss dans la rgion de Tunis. Trente-neuf anciens membres des forces de scurit prsents laudience ont t dclars coupables et condamns des peines allant jusqu 20ans demprisonnement. Les deux affaires ont t soumises une cour dappel militaire, qui navait pas statu la fin de lanne. Les procdures par lesquelles les anciens reprsentants de ltat ont t traduits en justice pour les crimes commis au cours du soulvement taient contestables divers gards, et tout particulirement parce que les procs se sont drouls devant des tribunaux militaires plutt que des juridictions civiles. Les victimes, les familles des victimes et leurs avocats ont en outre dnonc ce quils considraient comme labsence denqutes rigoureuses du parquet; ils se sont plaints davoir t intimids par les personnes faisant lobjet dune enqute ou inculpes, dont certaines exeraient toujours des responsabilits.

Torture et autres mauvais traitements


Des informations ont fait tat de torture et de mauvais traitements infligs par la police. la suite dune consultation publique, le ministre des Droits de lhomme et de la Justice transitoire a annonc en aot la cration dune nouvelle instance nationale indpendante de prvention de la torture. Cet organe, dont lactivit sinscrirait dans le cadre des normes internationales, devait avoir pour mission de visiter les centres de dtention, participer llaboration dun nouveau cadre lgislatif et prparer des rapports annuels. n Abderraouf Khemmassi est mort le 8septembre pendant sa garde vue Tunis, 11jours aprs son interpellation pour vol prsum. Le rapport dautopsie a attribu son dcs un coup sur la tte; il faisait en outre mention dautres lsions. Quatre policiers ont t arrts et inculps dhomicide.

Libert dexpression
Bien quelles se soient engages respecter la libert dexpression, les autorits sen sont prises aux journalistes, aux blogueurs et aux dtracteurs du gouvernement. Elles utilisaient les articles121(3) et 226 du Code pnal, qui rigent en infraction pnale toute forme dexpression considre comme une atteinte lordre public, la morale publique et aux valeurs sacres. Elles ont toutefois annonc, en octobre, quelles allaient mettre en application les dcrets115 et 116 de 2011 sur la presse et le matriel audiovisuel. n Pour avoir publi des commentaires et des caricatures sur Internet, Jabeur Mejri et Ghazi Beji ont t dclars coupables, en mars, dinsulte envers lislam et les musulmans aux termes des articles121(3) et 226 du Code pnal et de larticle86 du Code des tlcommunications. Ghazi Beji, qui a fui le pays, a t condamn par contumace. Les deux hommes ont t condamns la peine maximale, soit sept ans et demi demprisonnement, assortie dune amende. Leur sentence a t confirme le 20juin par la cour dappel de Monastir. Laffaire a ensuite t renvoye devant la Cour de cassation, qui navait pas statu la fin de lanne. Jabeur Mejri tait maintenu en dtention dans la prison de Mehdia. En juin, des salafistes sen sont pris une exposition artistique Tunis, affirmant que certaines uvres constituaient une offense lislam. Cette attaque a dclench des manifestations de grande

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Amnesty International - Rapport 2013

ampleur dans dautres villes. En septembre, des manifestants ont attaqu lambassade des tats-Unis aprs la diffusion sur Internet dun film considr comme insultant envers lislam. Quatre personnes auraient t tues dans les violences, et plusieurs autres auraient t blesses. n Nadia Jelassi et Mohamed Ben Slima, des artistes qui participaient lexposition attaque Tunis en juin par des salafistes, ont t cits comparatre devant un juge dinstruction pour atteinte aux valeurs sacres, atteinte aux bonnes murs et trouble lordre public. Laffaire tait en cours la fin de lanne. n Ayoub Massoudi a t dclar coupable en septembre datteinte la rputation de larme et de diffamation dun fonctionnaire public. Condamn une peine de quatre mois demprisonnement avec sursis, il a t frapp dune interdiction de voyage. Alors quil tait conseiller du prsident de la Rpublique, Ayoub Massoudi avait dmissionn de ses fonctions et critiqu publiquement lextradition vers la Libye, en juin, de lancien Premier ministre libyen, Al Baghdadi al Mahmoudi, accusant le ministre de la Dfense et le chef dtat-major des forces armes de ne pas avoir inform le prsident de lextradition prvue. Il a t jug aux termes de larticle98 du Code de justice militaire et de larticle128 du Code pnal.

Peine de mort
La peine de mort tait maintenue. Selon les informations disponibles, neuf condamnations mort ont t prononces. En septembre, le gouvernement a rejet une recommandation formule dans le cadre de lExamen priodique universel de lONU et prconisant labolition de la peine capitale. Le gouvernement a toutefois maintenu le moratoire sur les excutions observ depuis 1991. Selon les autorits, les sentences capitales de 125prisonniers ont t commues en 2012 et il y avait la fin de lanne 179prisonniers sous le coup dune condamnation mort.

Visites et documents dAmnesty International


v Une dlgation dAmnesty International sest rendue en Tunisie en
septembre. 4 Tunisie. Communication lAssemble nationale constituante au sujet des dispositions de la nouvelle disposition garantissant le respect des droits civils, politiques, conomiques et culturels (MDE30/004/2012). 4 Tunisie. Un pas en avant, deux pas en arrire? Un an aprs les lections historiques en Tunisie (MDE30/010/2012).

Droits des femmes


Les femmes continuaient dtre victimes de discrimination, dans la lgislation et dans la pratique. Le gouvernement a rejet les recommandations mises dans le cadre de lExamen priodique universel de lONU qui lappelaient abroger les lois discriminatoires en matire dhritage et de garde des enfants. Le Code pnal continuait de prvoir, entre autres dispositions discriminatoires, quun homme qui viole ou enlve une fille mineure peut chapper toute sanction en lpousant. n Une femme de 27ans qui accusait deux policiers de lavoir viole pendant quun troisime tentait dextorquer de largent son fianc a t inculpe, en septembre, pour outrage public la pudeur. Les policiers ont affirm avoir trouv le couple dans une position immorale. La jeune femme et son fianc ont t convoqus devant un juge dinstruction. Ils ont dpos une plainte contre les trois policiers, qui ont t arrts et inculps. Les charges retenues contre la jeune femme et son fianc ont t abandonnes.

TURKMNISTAN
TURKMNISTAN
Chef de ltat et du gouvernement: Gourbangouly Berdymoukhammedov Une loi sur les partis politiques, autorisant la formation dune opposition politique de principe, a t adopte. Les opposants au rgime, les journalistes et les dfenseurs des droits humains continuaient nanmoins de faire lobjet dactes de harclement de la part des pouvoirs publics. La torture et les autres formes de mauvais traitements demeuraient trs rpandues.

Contexte
Le prsident sortant, Gourbangouly Berdymoukhammedov, a t rlu en fvrier avec 97,4% des suffrages. LOrganisation pour la scurit et la coopration en Europe (OSCE) navait pas envoy dobservateurs, considrant que les liberts politiques taient limites au Turkmnistan.

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Le Comit des droits de lhomme [ONU] a estim en mars que, malgr la volont nouvelle manifeste par le Turkmnistan damliorer son bilan en matire de respect des droits humains, un foss sparait toujours les textes de la pratique. Le Turkmnistan restait ferm aux observateurs internationaux. lexception du CICR, qui a pu effectuer une visite dans le pays, aucune organisation internationale indpendante na t autorise raliser un travail de surveillance. Le Turkmnistan ne cooprait pas pleinement avec les diffrents mcanismes de dfense des droits humains des Nations unies. Le 9octobre, la Sous-Commission des droits de lhomme du Parlement europen a tenu plusieurs auditions sur la question des droits fondamentaux au Turkmnistan.

accord Radio Free Europe/Radio Liberty une interview, dans laquelle il avait critiqu le gouvernement et qualifi dillgal le parti au pouvoir.

Torture et autres mauvais traitements


Des informations dignes de foi ont fait tat dactes de torture et dautres mauvais traitements perptrs par des agents des forces de scurit sur des suspects de droit commun. Les mthodes utilises taient entre autres la torture llectricit, lasphyxie, le viol, ladministration force de psychotropes, la privation de nourriture et deau, ou encore lexposition un froid glacial. Limpunit tait toujours la norme pour ce genre dagissements et les plaintes des victimes restaient gnralement sans suite. n Le ministre des Affaires trangres a annonc le 4aot que le Code pnal avait t modifi et que la torture tait dsormais dfinie comme une infraction pnale.

Libert dexpression et dassociation


Les dfenseurs des droits humains ne pouvaient pas agir ouvertement. Les articles et reportages critiques taient rarement tolrs et les journalistes, les dfenseurs des droits humains et, plus gnralement, les militants continuaient dtre la cible de manuvres de harclement. Plusieurs prisonniers dopinion taient toujours incarcrs pour avoir exerc pacifiquement leur droit la libert dexpression. Annakourban Amanklytchev et Sapardourdy Khadjiev taient toujours dtenus arbitrairement la fin de lanne. Ils avaient t condamns en aot2006 pour leur action en faveur des droits humains, lissue de procs non quitables. n La Loi sur les partis politiques, qui lgalisait la constitution de formations politiques, a t adopte le 11janvier. Le Parti des industriels et des entrepreneurs a t fond le 21aot. Il sagissait de la premire formation politique autre que le Parti dmocratique (au pouvoir) officiellement autorise depuis 1991. Les dfenseurs des droits humains et les militants dopposition doutaient cependant de la volont du gouvernement de permettre un vritable dbat politique ouvert. n Le 5octobre, lancien ministre Gueldymourad Nourmoukhammedov a t arrt Achgabat et envoy pour six mois dans un centre de dsintoxication situ Dachogouz. Or, il ntait apparemment pas consommateur de drogue. Il tait craindre quil ne soit soumis de force un traitement mdical, peut-tre pour le punir de ses activits politiques et davoir

Conditions carcrales
Les conditions de dtention ne satisfaisaient pas aux normes internationales. La surpopulation, des conditions sanitaires dplorables et une mauvaise alimentation (autant de carences propices la propagation des maladies) constituaient le lot de nombreux dtenus. Les prisonniers taient souvent obligs de verser des pots-de-vin pour obtenir de la nourriture ou des mdicaments.

Disparitions forces et dtention au secret


On ne savait toujours pas ce qutaient devenues plusieurs dizaines de personnes qui avaient t condamnes en 2002 et 2003, lissue de procs non quitables, pour leur implication dans une tentative prsume dassassinat de Saparmourad Niazov, le prsident de lpoque. Les familles de ces personnes taient sans nouvelles delles depuis plus de 10ans. Elles ne savaient mme pas si leurs proches taient encore en vie. Selon certaines informations, les autorits harcleraient et menaceraient les membres des familles cherchant exercer un recours. Des sources non gouvernementales ont indiqu quau moins huit des personnes condamnes taient mortes en dtention. Les pouvoirs publics restaient toutefois muets sur la question et navaient ouvert aucune enqute.

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n Tirkich Tyrmyev, ancien commandant des troupes frontalires du Turkmnistan, a t condamn 10ans demprisonnement pour abus de pouvoir en 2002. Ses proches ignoraient o il se trouvait. Ils ont cependant indiqu en mars quil avait t condamn sept annes de dtention supplmentaires, alors que lexpiration de sa premire peine tait proche, pour une infraction prsume lencontre dun surveillant de prison.

Contexte
Les discussions sur ladoption dune nouvelle constitution se sont poursuivies tout au long de lanne, dans un contexte marqu par labsence de consensus entre les partis politiques et le manque de concertation vritable avec la socit civile. En octobre, le Parlement a adopt une rsolution autorisant pour 12mois des oprations militaires en Syrie; il a par ailleurs prolong dun an lautorisation de mener des oprations contre des positions du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le nord de lIrak. Le vote a fait suite des tirs dobus de mortier depuis la Syrie qui avaient caus la mort de cinq personnes Akakale, une localit frontalire turque situe dans le dpartement de Sanliurfa. Les affrontements entre le PKK et les forces armes se sont intensifis. Larme a affirm avoir neutralis 500membres arms du PKK durant le seul mois de septembre. Le gouvernement a annonc en dcembre quil avait particip des ngociations avec le PKK. Dans tout le pays plusieurs centaines de prisonniers ont observ une grve de la faim en fvrier, puis en septembre, pour protester notamment contre le refus des autorits de permettre Abdullah calan, le dirigeant du PKK emprisonn, de recevoir la visite de ses avocats. Les mouvements de protestation ont pris fin respectivement en avril et en novembre, la suite dappels en ce sens de la part dAbdullah calan. En mai, le Parlement a adopt la Loi sur la rnovation urbaine, qui a supprim les garanties de procdure pour les habitants de zones concernes par des projets durbanisme; cela renforait la crainte que ces personnes ne soient victimes dexpulsions forces. En octobre, le Parlement a vot une loi relative aux syndicats qui ntait pas conforme aux normes nonces par lOrganisation internationale du travail (OIT), sagissant tout particulirement du droit de grve et du droit la ngociation collective. En septembre, plus de 300officiers de larme, en exercice et la retraite, ont t reconnus coupables davoir particip un complot dont le nom de code tait Masse de forgeron et qui visait renverser le gouvernement par la force. Le verdict a divis lopinion turque entre ceux qui le considraient comme une victoire contre limpunit dont bnficiaient les militaires auteurs de violations des droits humains et dautres qui affirmaient que les

Droit de circuler librement


Le systme de la propiska, aux termes duquel chacun devait faire enregistrer son lieu de rsidence, tait toujours en place. Il constituait une restriction du droit de circuler librement, ainsi quune entrave laccs un logement, un emploi ou certains services.

TURQUIE
RPUBLIQUE TURQUE
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Abdullah Gl Recep Tayyip Erdoan La libert dexpression restait soumise des restrictions, mme si des rformes lgislatives dampleur limite ont t adoptes en la matire. La police a eu recours une force excessive pour disperser des manifestations pacifiques. Les enqutes et les poursuites sur des cas prsums datteintes aux droits humains imputables des agents de ltat manquaient de rigueur. Les procdures engages au titre des lois antiterroristes ne rpondaient toujours pas aux normes dquit des procs. Des civils ont trouv la mort dans des attentats lexplosif. Aucune avance na t enregistre en matire de reconnaissance du droit lobjection de conscience, et rien na t fait pour remdier aux discriminations fondes sur lorientation sexuelle et lidentit de genre. Prs de 150000Syriens avaient cherch refuge en Turquie la fin de lanne. Les dispositions lgales de prvention de la violence faite aux femmes et aux filles ont t renforces, mais les mcanismes existants ntaient pas suffisamment appliqus dans la pratique.

Amnesty International - Rapport 2013

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lments de preuve sur lesquels les condamnations taient fondes avaient t fabriqus de toutes pices.

Libert dexpression
Pratiquement rien na t fait pour remdier aux restrictions pesant sur la libert dexpression dans les mdias, et plus gnralement dans la socit civile. Des poursuites pnales taient frquemment engages contre ceux qui exprimaient des ides dissidentes non violentes, tout particulirement propos de questions politiques sensibles, ou qui critiquaient les institutions publiques ou les reprsentants de ltat. Les personnes qui ntaient pas dans la ligne officielle sur les droits des Kurdes et la question kurde en gnral risquaient tout particulirement de faire lobjet de poursuites pnales. Le Parlement a approuv en juillet le troisime paquet judiciaire, qui comprenait une srie de dispositions abrogeant ou modifiant certaines lois utilises pour restreindre la libert dexpression. Ces rformes nont pas modifi les dfinitions des infractions utilises pour limiter la libert dexpression, en particulier celles contenues dans la lgislation antiterroriste. n En fvrier, le dfenseur des droits humains et objecteur de conscience Halil Savda a t incarcr pour avoir provoqu lhostilit de la population lgard du service militaire, aux termes de larticle318 du Code pnal. Condamn 100jours demprisonnement, il a t remis en libert conditionnelle en avril. En septembre il sest vu infliger une amende et a t empch temporairement de poursuivre sa marche pour la paix dans le dpartement dOsmaniye (sud de la Turquie). En dcembre, Halil Savda a t acquitt dans deux procdures distinctes engages en vertu de larticle318. Une condamnation prononce dans une autre affaire au titre du mme article du Code pnal tait en instance devant la Cour dappel suprme la fin de lanne. n Le procs du pianiste Fazl Say sest ouvert en octobre. Le parquet avait engag des poursuites son encontre en vertu de larticle216 du Code pnal pour insulte publique aux valeurs religieuses, cause de messages diffuss sur Twitter dans lesquels il se moquait de certains religieux et des conceptions musulmanes du paradis.

Les journalistes Ahmed k et Nedim ener, qui taient dtenus depuis 375jours dans lattente de leur procs, ont t remis en libert en mars. Les poursuites engages contre eux et dautres journalistes aux termes de larticle 220/6 du Code pnal, pour avoir commis un crime pour le compte dune organisation terroriste, taient en cours la fin de lanne. Ils taient accuss davoir contribu la stratgie mdiatique dErgenekon, un rseau criminel prsum qui aurait des ramifications au sein de larme et dautres institutions de ltat, contre lequel pesaient des charges de complot en vue de renverser le gouvernement. n Les procs de grande ampleur contre des membres prsums de lUnion des communauts du Kurdistan (KCK, proche du PKK) se sont poursuivis tout au long de lanne. Le procs de 44journalistes accuss dappartenance ce mouvement sest ouvert en septembre. n Le procs distinct de 193personnes, parmi lesquelles figuraient les universitaires Ragp Zarakolu et Bsra Ersanli, accuss dappartenance la KCK, ntait pas termin la fin de lanne. Les preuves retenues contre cet homme et cette femme taient lies leur participation luniversit des sciences politiques, organise par le Parti pour la paix et la dmocratie, un parti pro-kurde reconnu. Ils ont t librs respectivement en avril et en juillet, dans lattente de lissue de leur procs.

Torture et autres mauvais traitements


Cette anne encore, des informations ont fait tat dactes de torture et dautres mauvais traitements infligs dans des centres de dtention officiels. En juin, le Parlement a adopt une loi crant un poste de mdiateur et une institution spcifique de dfense des droits humains. Celle-ci ne prsentait pas les garanties dindpendance requises. On ne savait pas la fin de lanne comment elle allait respecter les obligations dcoulant du Protocole facultatif se rapportant la Convention contre la torture [ONU] quant une inspection indpendante des lieux de dtention ni mme si elle allait sacquitter de cette obligation. Dautres mcanismes indpendants que le gouvernement stait engag mettre en place, par exemple une procdure de traitement des plaintes contre la police, navaient toujours pas t tablis. n En mars, des adolescents dtenus dans la prison de Pozant (dpartement dAdana, sud du pays) ont t

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Amnesty International - Rapport 2013

transfrs la suite dallgations de mauvais traitements, notamment de svices sexuels, qui leur auraient t infligs par des gardiens. Une enqute officielle tait en cours la fin de lanne. Le Comit europen pour la prvention de la torture a visit la prison de Pozant en juin. Son rapport navait pas t rendu public la fin de lanne.

Utilisation excessive de la force


De nombreuses informations ont fait tat dune utilisation excessive de la force, notamment de coups, par la police au cours de manifestations tout au long de lanne. Trois cas de mort lors de manifestations, rsultant semble-t-il dune utilisation excessive de la force, ont t signals. n Une cinquantaine dtudiants ont t blesss en dcembre la suite de heurts avec la police sur le campus de luniversit technique du Moyen-Orient Ankara. Les affrontements ont clat aprs que les policiers eurent tent de disperser une manifestation pacifique organise durant la visite du Premier ministre luniversit. Un tudiant touch la tte par une grenade de gaz poivre lance par la police a t hospitalis pour suspicion dhmorragie crbrale.

promu en juillet un poste important au sein de la section antiterroriste dIstanbul. n Aucune enqute srieuse na t mene sur le bombardement, en dcembre2011, par les forces armes de larrondissement dUludere/Qileban, dans le dpartement de rnak, le long de la frontire irakienne. Les autorits militaires ont affirm que des membres arms du PKK taient viss, mais ce sont 34villageois qui ont t tus. Le parquet na pas men promptement denqute sur le lieu du bombardement ni interrog les tmoins de lattaque. n En octobre, lissue dun nouveau procs, trois membres de ladministration pnitentiaire poursuivis la suite de la mort en dtention en 2008 dEngin eber ont t dclars coupables par un tribunal dIstanbul dactes de torture ayant entran la mort. Ils taient rejugs aprs que la Cour dappel suprme eut infirm pour des raisons de procdure la dcision rendue prcdemment. Laffaire tait en instance devant la Cour dappel suprme la fin de lanne.

Procs inquitables
Cette anne encore un certain nombre de procs nont pas rpondu aux normes dquit. Ctait notamment le cas de ceux qui se droulaient en vertu de la lgislation antiterroriste devant des cours pnales spciales. Bien que la lgislation ait t modifie en juillet dans le but de limiter cette pratique, la dtention provisoire prolonge durant des procdures qui sternisaient restait un problme. Les tribunaux sappuyaient parfois sur des tmoignages secrets, qui ne pouvaient pas tre contests, et des condamnations continuaient dtre prononces en labsence de preuves concrtes et fiables. Des milliers de poursuites ont t engages en vertu de la lgislation antiterroriste pour participation prsume des manifestations. Beaucoup daccuss taient des tudiants luniversit. Les rformes des cours pnales spciales approuves en juillet par le Parlement navaient pas t mises en uvre la fin de lanne. n Dtenu depuis 25mois dans lattente de son procs, Cihan Krmzgl a t libr en mars. En mai, cet tudiant luniversit a t dclar coupable de dgradation de biens et de crime pour le compte dune organisation terroriste, et condamn 11ans et trois mois demprisonnement. Sa condamnation reposait sur le fait quil portait un foulard traditionnel, similaire celui de personnes accuses davoir particip une

Impunit
Les enqutes et les poursuites sur des cas prsums datteintes aux droits humains commises par des reprsentants de ltat continuaient dtre entaches dirrgularits et dbouchaient rarement sur la comparution en justice des responsables prsums. Les agents de ltat reconnus coupables taient le plus souvent condamns des peines assorties du sursis et continuaient dexercer leurs fonctions. n En janvier, quatre hommes ont t dclars coupables dimplication dans lassassinat, en 2007, du journaliste et dfenseur des droits humains Hrant Dink. Ils ont t condamns des peines comprises entre 10semaines demprisonnement (pour dtention de munitions) et la rclusion perptuit (pour incitation au meurtre). La cour a considr que les condamns ne faisaient pas partie dune structure plus large et les a acquitts de laccusation dappartenance une organisation interdite. Limplication ventuelle dagents de ltat dans lassassinat de Hrant Dink navait toujours pas fait lobjet dune enqute approfondie. n Sedat Selim Ay, un policier condamn en 2004 pour des mauvais traitements commis sur des dtenus, a t

Amnesty International - Rapport 2013

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manifestation durant laquelle des cocktails Molotov avaient t lancs. Un policier avait galement affirm lavoir vu sur les lieux, ce qui contredisait les dclarations dautres fonctionnaires de police. Laffaire tait en instance dappel la fin de lanne.

dArda Sarkut constituait une violation de larticle18 du PIDCP.

Rfugis et demandeurs dasile


Des dizaines de milliers de Syriens se sont rfugis en Turquie pour chapper aux violences et aux perscutions. Selon des statistiques officielles turques cites par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les rfugis (HCR), plus de 148000rfugis syriens taient hbergs la fin de lanne dans 14camps, situs pour la plupart dans les dpartements frontaliers. Ces camps taient bien quips et bien organiss, mais beaucoup taient installs proximit de la zone de conflit en Syrie; aucun contrle indpendant ne pouvait par ailleurs y tre effectu. La Turquie a partiellement ferm sa frontire avec la Syrie partir de la mi-aot, en violation du droit international. la fin de lanne, plusieurs milliers de personnes dplaces vivaient dans des conditions trs difficiles dans des camps situs proximit de la frontire turque. Le gouvernement na pas adopt les lois envisages prcdemment qui devaient garantir les droits des rfugis et des demandeurs dasile en Turquie. Des difficults subsistaient dans lapplication de la rglementation existante, en particulier quant la possibilit de dposer une demande dasile depuis un lieu de dtention, ce qui entranait le renvoi dindividus vers des pays o ils encouraient des risques de perscution.

Exactions perptres par des groupes arms


Cette anne encore, des attentats lexplosif perptrs par des individus ou des groupes non identifis ont fait des morts parmi la population civile. Le PKK a enlev des civils, en violation des principes du droit international humanitaire. n En aot, une explosion proximit dun arrt dautobus dans le dpartement de Gaziantep, dans le sud-est de la Turquie, a fait neuf morts et plus de 60blesss. Les autorits ont attribu cet attentat au PKK, qui a ni toute responsabilit. n En octobre, deux civils ont trouv la mort quand leur voiture a saut sur une mine terrestre proximit de la gendarmerie dAa Torunoba, dans le dpartement de Tunceli/Dersim. n En aot, le PKK a enlev Hseyin Aygn, dput de Tunceli/Dersim. Lhomme a t relch sain et sauf au bout de 48heures.

Objecteurs de conscience
Aucune rforme na t adopte en vue de reconnatre le droit lobjection de conscience au service militaire, ni pour mettre un terme aux poursuites pnales engages contre des objecteurs de conscience en raison de leur refus deffectuer leur service militaire. Les personnes qui exprimaient publiquement leur soutien au droit lobjection de conscience taient traduites en justice. n nan Sver a t libr en octobre au motif que le temps pass en dtention provisoire devait tre dduit de sa peine. la fin de lanne il tait toujours sous le coup dune autre condamnation pour avoir refus deffectuer son service militaire. n La Cour europenne des droits de lhomme a rendu une srie darrts contre la Turquie lis la nonreconnaissance du droit lobjection de conscience. Des responsables gouvernementaux ont fait des dclarations contradictoires propos de lventuelle reconnaissance de ce droit. n En mars, le Comit des droits de lhomme [ONU] a conclu que la non-reconnaissance par la Turquie du droit lobjection de conscience de Cenk Atasoy et

Droits des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres ou intersexues (LGBTI)
Le gouvernement a rejet les appels de la socit civile en vue dinscrire dans la nouvelle constitution linterdiction de la discrimination fonde sur lorientation sexuelle et lidentit de genre. Aucune avance na t enregistre dans ladoption dun cadre lgislatif global sur la non-discrimination. Cette anne encore, des groupes de dfense des droits des LGBTI ont recens des cas de personnes, notamment cinq femmes transgenres, tues apparemment en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identit de genre.

Violences faites aux femmes et aux filles


La Turquie a ratifi la Convention sur la prvention et la lutte contre la violence lgard des femmes et la

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Amnesty International - Rapport 2013

violence domestique [Conseil de lEurope]. Elle a en outre adopt une loi renforant les mcanismes de protection et permettant lapplication directe de cette convention. On ne recensait la fin de lanne que 103centres daccueil pour les victimes de violence domestique, un nombre trs en de de celui requis par la lgislation turque. Le Premier ministre a annonc en mai de nouvelles dispositions lgislatives sur lavortement qui, si elles taient adoptes, restreindraient laccs des femmes et des filles des soins de sant dont elles ont besoin, en violation de leurs droits fondamentaux. Aucun projet de texte visant modifier la loi sur lavortement, autoris en Turquie depuis 1983, na toutefois t dpos au cours de lanne.

UKRAINE
UKRAINE
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Viktor Ianoukovitch Mykola Azarov La torture et les autres formes de mauvais traitements constituaient toujours une pratique courante et les auteurs de tels actes continuaient de jouir de limpunit. Les carences de lappareil judiciaire se traduisaient souvent par des dtentions provisoires prolonges et par le non-respect des garanties dues aux dtenus. Les rfugis et les demandeurs dasile taient en permanence menacs darrestation et de renvoi forc dans des pays o ils risquaient dtre victimes de violations de leurs droits fondamentaux. Les droits des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres ou intersexues (LGBTI) taient souvent contests.

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus en Turquie en
janvier, fvrier, mars, avril, juin, aot, septembre, octobre et dcembre, notamment pour assister des procs. 4 Turquie. Lenqute sur le bombardement Uludere manque de crdibilit (EUR44/001/2012). 4 Turkey: Follow-up procedure to the forty-fifth session of the Committee Against Torture (EUR44/007/2012). 4 Turquie. Lopposition dtermine du Premier ministre lavortement met mal les droits humains (EUR44/008/2012). 4 Turquie: il faut assurer la scurit des rfugis syriens et autoriser les observateurs nationaux et internationaux rencontrer ces personnes (EUR44/009/2012). 4 Turquie. Il est temps de reconnatre le droit lobjection de conscience (EUR44/010/2012). 4 Turquie: respectez les droits des grvistes de la faim (EUR44/020/2012). 4 Turquie. Une enqute doit tre ouverte sur les violences policires contre des manifestants (EUR44/025/2012).

Torture et autres mauvais traitements


De nouveaux cas de torture et dautres mauvais traitements en garde vue ont t signals cette anne. Dans un rapport publi en novembre la suite dune visite effectue en Ukraine en 2011, le Comit europen pour la prvention de la torture [Conseil de lEurope] expliquait avoir t inond de plaintes manant de personnes dtenues, qui affirmaient avoir t soumises des mauvais traitements physiques et psychologiques par des policiers. Le poste de police de Chevtchenko, Kiev, tait cit comme particulirement problmatique. Le 18septembre, le Parlement a adopt une loi autorisant le Commissariat parlementaire aux droits humains faire office de mcanisme national de prvention, dans le cadre des obligations de lUkraine au titre du Protocole facultatif la Convention contre la torture. n Mikhal Belikov, un mineur retrait, a t tortur le 17juin par des policiers du poste de Petrov, un quartier de Donetsk. Il avait t interpell par trois fonctionnaires en service parce quil buvait de lalcool dans un parc de la ville. Il aurait t frapp sur les lieux de son interpellation, puis conduit au poste de police de Petrov, o un quatrime policier laurait viol avec une matraque, tandis que les trois autres le maintenaient au sol. Un grad lui aurait dit doublier ce

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qui stait pass et lui aurait demand 1500hryvnias (144euros) pour le librer. Il a accept de payer la somme et a t remis en libert sans inculpation. Son tat sest considrablement aggrav dans la soire. Il a t conduit lhpital, o les mdecins ont constat quil souffrait de graves lsions internes, qui ncessitaient la ralisation dune colostomie temporaire. la fin de lanne, trois policiers comparaissaient devant la justice pour cinq affaires distinctes de violences et dextorsion la premire remontant 2009 dont les tortures infliges Mikhal Belikov. Deux dentre eux ont t inculps dactes de torture aux termes de larticle127 du Code pnal.

Impunit
En octobre, dans le cadre de lExamen priodique universel, le Conseil des droits de lhomme [ONU] a recommand lUkraine de crer un organisme indpendant charg denquter sur les affaires de torture et de garantir lindemnisation des victimes. Les autorits navaient pas rpondu la fin de lanne cette recommandation, pas plus quaux 145autres formules lissue de lExamen. Les victimes dactes de torture ou dautres mauvais traitements avaient toujours beaucoup de mal faire aboutir leurs plaintes. Les peines prononces par les tribunaux taient rarement en rapport avec la gravit des faits reprochs. n Le 5janvier, le policier Serhiy Prikhodko a t condamn cinq ans demprisonnement avec sursis pour abus de pouvoir ayant entran la mort en garde vue de Ihor Indylo, dans les locaux du poste de Chevtchenko, Kiev, en mai2010. Un second policier, Serhiy Kovalenko, avait bnfici dune mesure damnistie en dcembre2011, au motif quil avait un enfant en bas ge. Le 14mai, la cour dappel de Kiev a annul les deux dcisions du tribunal de premire instance (la condamnation une peine avec sursis et lamnistie) et a renvoy laffaire pour un complment dinformation. Elle a de nouveau demand un complment dinformation le 29octobre. n Le 23mars, le clbre accordoniste Igor Zavadsky a t arrt Kiev et maltrait, voire tortur par des policiers. Selon son propre tmoignage, il aurait t jet terre devant son domicile par plusieurs policiers en civil, qui lauraient ensuite frapp, puis fouill. Les policiers lui auraient pris son tlphone portable, avant de se livrer une perquisition de son appartement, sans mandat. Il aurait t de nouveau

tortur et maltrait dans les locaux du poste de Chevtchenko: trois policiers lauraient rou de coups, puis lun deux lui aurait cras les testicules, lui infligeant ainsi une douleur aigu. un moment donn, il aurait t projet au sol, se serait cogn la tte et aurait perdu connaissance. Les policiers nont pas voulu que son interrogatoire se droule en prsence dun avocat. Il a pu voir un avocat le 27mars seulement. Igor Zavadsky a finalement t inculp dassouvissement violent et contre nature dun dsir sexuel et de dtournement de mineurs. Il a port plainte le 2avril auprs du parquet du district, pour torture et autres mauvais traitements. Il na t inform que le 3juillet que les autorits avaient dcid le 6avril de ne pas donner suite ses accusations de torture. Le 31juillet, le tribunal du district de Chevtchenko a annul la dcision du parquet et renvoy laffaire pour un complment dinformation. On ignorait la fin de lanne o en tait lenqute. La procdure engage contre Igor Zavadsky suivait son cours.

Rfugis et demandeurs dasile


LUkraine ne respectait toujours pas les obligations qui taient les siennes au titre de la Convention relative au statut des rfugis, car elle acceptait dextrader des personnes ayant obtenu le statut de rfugi ou au moins dpos une demande dasile. n Le 20septembre, les autorits ont renvoy Rouslan Soulemanov en Ouzbkistan, en violation des obligations de lUkraine en sa qualit dtat partie la Convention relative au statut des rfugis et la Convention contre la torture. Celui-ci se trouvait la fin de lanne en dtention Tachkent, capitale de lOuzbkistan, dans lattente de son procs. Rouslan Soulemanov, dont lentreprise de btiment tait convoite par des concurrents, tait parti sinstaller en Ukraine en novembre2010 car il craignait de faire lobjet dun procs inquitable et dtre victime de torture et dautres mauvais traitements en Ouzbkistan. Il avait t arrt le 25fvrier 2011 en Ukraine. Les services du procureur gnral avaient confirm en mai de la mme anne suivant son extradition vers lOuzbkistan, o il faisait lobjet de poursuites pour des infractions conomiques prsumes. Sa demande dasile en Ukraine avait certes t rejete, mais le HautCommissariat des Nations unies pour les rfugis (HCR) lavait reconnu rfugi et sefforait de lui trouver un pays daccueil.

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Amnesty International - Rapport 2013

n Citoyen russe et assistant du dput russe de lopposition Ilia Ponomarev, Leonid Razvozjaev aurait t enlev le 19octobre par des agents russes devant les bureaux de lHebrew Immigrant Aid Society (HIAS), organisation quil tait venu consulter pour une assistance et un conseil juridiques sur les procdures dasile en Ukraine. Leonid Razvozjaev a dclar le 22octobre avoir t soumis des actes de torture et dautres mauvais traitements son retour en Russie. Ses tortionnaires cherchaient selon lui lui faire dire quil avait voulu organiser des troubles de masse et lobliger incriminer dautres militants dopposition. Un porte-parole du ministre de lIntrieur a confirm le 25octobre que Leonid Razvozjaev avait t enlev par des responsables de lapplication des lois ou des responsables de lapplication des lois dun autre tat. Il ne sagissait pas, selon lui, dune affaire criminelle, mais dune affaire de coopration entre organismes dapplication des lois, dont [il] ne sa[vait] rien. Le HCR a not en juin que, en dpit de la nouvelle Loi de 2011 sur les rfugis, la procdure et la lgislation ntaient toujours pas conformes aux normes internationales. Il a relev en particulier que les demandeurs dasile, qui bien souvent sont sans papiers, risquaient jusqu 12mois de dtention pour sjour irrgulier sur le territoire ukrainien. n En janvier, 81personnes dtenues dans deux centres pour migrants, en majorit de nationalit somalienne, ont entam une grve de la faim pour protester contre le sort qui leur tait rserv. Ces personnes taient dtenues, dans certains cas depuis 12mois, en vue de leur expulsion, la suite dune opration de police mene fin dcembre2011 dans le cadre de la lutte contre limmigration clandestine. LUkraine navait jamais expuls de ressortissants somaliens et tout retour forc vers la Somalie constituerait, sauf circonstance exceptionnelle, un acte illgal. Un au moins de ces dtenus tait enregistr auprs du HCR en tant que demandeur dasile. Parmi les autres, nombreux taient ceux qui navaient pas t en mesure de dposer une demande, car les services rgionaux de limmigration navaient pas fonctionn dans une grande partie du pays pendant presque toute lanne 2011. Les dtenus ont cess leur grve de la faim le 17fvrier, le Service national de limmigration leur ayant donn lassurance quil allait rouvrir ses antennes rgionales du secteur de Volyn, dans louest de lUkraine, enregistrer les demandes de statut de rfugi et

accorder la protection affrente. En novembre 2012, 53 des dtenus avaient t remis en libert.

Justice
Le prsident de la Rpublique a approuv le 14mai un nouveau Code de procdure pnale, qui contenait des avances importantes par rapport au prcdent. Il prcisait par exemple que la dtention commenait au moment de linterpellation de la personne par la police, et que toute personne arrte avait droit immdiatement un avocat et un expert mdical indpendant. Il indiquait clairement que la dtention avant procs ne devait sappliquer que dans des circonstances exceptionnelles, conformment aux recommandations du Conseil de lEurope. Il garantissait en outre un examen automatique bimestriel de la lgitimit de toute dtention provisoire. On pouvait toutefois regretter que la prsence dun avocat ne soit obligatoire que dans les affaires dinfractions particulirement graves, passibles dune peine suprieure 10ans demprisonnement, et que laide juridique gratuite ne soit elle aussi accorde que dans ce type daffaires. n Iouri Loutsenko, ancien ministre de lIntrieur et dirigeant du parti dopposition Autodfense populaire, a t condamn le 27fvrier quatre annes demprisonnement et une amende de 643982 hryvnias (61621euros) pour abus de biens publics et abus de pouvoir. Il tait en dtention provisoire depuis le 26dcembre 2010. La Cour europenne des droits de lhomme a estim le 3juillet que la longueur de sa dtention avant procs avait constitu une violation de son droit la libert, et que ce maintien en dtention avait en outre t ordonn pour des raisons politiques, en contravention avec les dispositions de la Convention europenne des droits de lhomme. Le 17aot, Iouri Loutsenko a par ailleurs t reconnu coupable de manquement ses obligations professionnelles, pour avoir donn lordre de surveiller illgalement un chauffeur, dans le cadre de lenqute sur lempoisonnement de lancien prsident de la Rpublique Viktor Iouchtchenko. Sa peine na pas t modifie. n Lex-Premire ministre Ioulia Timochenko devait de nouveau tre juge pour fraude fiscale partir du mois davril, mais son procs a t repouss pour raisons de sant. Les nouvelles charges, portes contre elle en octobre2011, concernaient ses activits la tte de la compagnie spcialise dans le commerce de lnergie

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Systmes nergtiques unis dUkraine, de 1995 1997. Ioulia Timochenko purgeait une peine de sept ans demprisonnement laquelle elle avait t condamne pour abus de pouvoir, pour la signature, en janvier2009, dun contrat nergtique portant sur plusieurs millions deuros avec la Russie, lorsquelle tait Premire ministre.

4 Ukraine. Les autorits ne doivent pas extrader les rfugis vers lOuzbkistan, o ils risquent dtre torturs (EUR50/010/2012). 4 Ukraine. Il faut enquter sur lenlvement de Leonid Razvozjaev (PRE01/518/2012).

Droits des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres ou intersexues (LGBTI)
Le Parlement a adopt en octobre en seconde lecture un projet de loi sur les modifications apporter certaines lois (afin de garantir le droit des enfants un environnement informatif sans danger). Ce texte proposait dinterdire la production, limportation et la distribution de publications, films ou images vidos faisant la promotion de lhomosexualit. Sil tait promulgu, il restreindrait de manire considrable la libert dexpression des personnes LGBTI. n Le 20mai, la marche des fierts de Kiev a t annule une demi-heure seulement avant son dpart programm, la police ayant mis en garde les organisateurs en leur indiquant que de nombreux manifestants nationalistes et religieux menaaient dinterrompre le dfil. Lun des organisateurs a t frapp par une bande de jeunes gens; un autre a t asperg de gaz incapacitant.

URUGUAY
RPUBLIQUE ORIENTALE DE LURUGUAY
Chef de ltat et du gouvernement: Jos Alberto Mujica Cordano LUruguay a pris des mesures pour mettre fin limpunit dont jouissaient les auteurs de crimes commis sous le rgime militaro-civil (1973-1985). Des efforts ont notamment t dploys pour tablir lidentit des victimes de disparitions forces.

Contexte
Les pouvoirs publics ont plac au centre de leurs dbats la lutte contre la criminalit et le renforcement de la scurit publique. Dans ce contexte, la Cour lectorale a annonc en septembre que suffisamment de signatures avaient t recueillies pour organiser un rfrendum populaire sur la modification de la Constitution et labaissement de 18 16ans de lge auquel les mineurs peuvent tre jugs comme des adultes. En mai, le Parlement a dsign les membres de lInstitution nationale des droits humains, qui a notamment reu pour mission dtablir un mcanisme national de lutte contre la torture. Ce mcanisme ntait toujours pas oprationnel la fin de lanne 2012. En dcembre, lUruguay a adopt la lgislation visant la ratification du Protocole facultatif se rapportant au PIDESC.

Justice internationale
Le gouvernement a dclar le 24octobre que lUkraine restait attache lide de la mise en place dune Cour pnale internationale. Il na cependant rien fait pour prendre les mesures lgislatives ncessaires la mise en uvre du Statut de Rome de la Cour pnale internationale et de lAccord sur les privilges et immunits, auxquels lUkraine est partie depuis le 20janvier 2000 et le 29janvier 2007, respectivement.

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus en Ukraine en
avril, mai, juin, juillet, aot et septembre. 4 Ukraine: Euro 2012 jeopardised by criminal police force (EUR50/005/2012). 4 Ukraine: des propositions de loi sont discriminatoires envers les LGBTI et bafouent les droits de lenfant (EUR50/008/2012).

Impunit
En mars, le prsident Mujica a admis publiquement la responsabilit de ltat dans la disparition force de Mara Claudia Garca Iruretagoyena de Gelman et lenlvement de sa fille en bas ge, Mara Macarena Gelman Garca, en 1976. Cette reconnaissance publique tait lune des mesures prconises par la Cour interamricaine des droits

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Amnesty International - Rapport 2013

de lhomme dans un arrt rendu en 2011 dans cette affaire. n En mars, la dpouille de Ricardo Blanco Valiente, disparu en 1978, a t retrouve dans une caserne proximit de Montevideo. n En septembre, des experts mdicolgaux ont galement identifi les corps dun Chilien, Luis Guillermo Vega, et de deux Argentins, Horacio Abeledo et Roque Montenegro. Ces hommes avaient t enlevs en 1976 en Argentine et les trois corps dcouverts la mme anne en Uruguay. n En mars, un ancien policier a t inculp de complicit de meurtre dans laffaire Julio Castro. Cet enseignant et journaliste avait t tu en aot 1977 aprs avoir t enlev par larme et tortur dans un centre de dtention clandestin. La procdure judiciaire se poursuivait la fin de lanne. n En septembre, quatre soldats uruguayens participant aux oprations de maintien de la paix de lONU en Hati ont t poursuivis en justice pour violences prives contre un jeune homme. Les allgations dagression sexuelle de la victime nont toutefois donn lieu aucune inculpation. Le procs ntait pas termin la fin de lanne.

salu les mesures prises rcemment pour amliorer les conditions de vie dans les prisons, tout en attirant lattention sur les dficiences chroniques du systme carcral, notamment la surpopulation et le mauvais tat des infrastructures.

Droits des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres ou intersexues
Au moins cinq femmes transgenres ont t tues en 2012, mais lauteur des faits na t traduit en justice que dans une seule de ces affaires.

VENEZUELA
RPUBLIQUE BOLIVARIENNE DU VENEZUELA
Chef de ltat et du gouvernement: Hugo Chvez Fras Les chiffres de la criminalit violente, en particulier de la violence arme, restaient levs malgr les efforts dploys pour contrler la disponibilit et lutilisation des armes feu. Dans les prisons, les actes de violence demeuraient rpandus et des meutes ont cette anne encore t recenses. Le gouvernement a entam des dmarches en vue du retrait du Venezuela de la Cour interamricaine des droits de lhomme.

Droits sexuels et reproductifs


En octobre, le Congrs a adopt une loi accordant aux femmes le droit davorter au cours des 12premires semaines de grossesse. Ce texte prvoit une priode de rflexion obligatoire de cinq jours et lexamen par un groupe dexperts de toute demande dinterruption volontaire de grossesse. Lorsque la grossesse fait suite un viol, lavortement est autoris par la loi jusqu la 14e semaine et une plainte doit tre dpose. Les groupes de dfense des droits fondamentaux, notamment des droits des femmes, se sont flicits de ladoption de ce texte, peru comme une mesure positive pour lutter contre les avortements dangereux, mais se sont dits proccups par les obligations quil introduisait et qui risquaient de constituer des obstacles laccs un avortement lgal. Cette loi dpnalise galement lavortement aprs le premier trimestre lorsquil y a un risque pour la sant de la femme ou lorsque le ftus ne survivrait pas.

Contexte
La situation des droits humains au Venezuela a t value dans le cadre de lExamen priodique universel [ONU], dont le rapport a t adopt en mars. Le gouvernement avait accept plusieurs des recommandations formules, notamment celles concernant les dfenseurs des droits humains. Il sest ainsi engag leur accorder son appui et reconnatre publiquement leur rle. Il avait toutefois rejet plusieurs autres recommandations, dont celles prconisant llaboration dun Plan national des droits humains et la formulation dune invitation permanente ladresse des mcanismes et organes rgionaux et internationaux de protection des droits humains. En novembre le Venezuela est devenu membre du Conseil des droits de lhomme [ONU], sengageant de

Conditions carcrales
En dcembre, aprs stre rendu en Uruguay, le rapporteur spcial des Nations unies sur la torture a

Amnesty International - Rapport 2013

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fait apporter sa coopration aux procdures spciales et au systme universel de promotion et de protection des droits humains. la fin de lanne le pays navait toujours pas ratifi plusieurs traits internationaux relatifs aux droits humains, ni donn suite aux demandes de six rapporteurs spciaux dsireux de se rendre dans le pays. Llection prsidentielle, organise en octobre, sest globalement droule dans le calme, avec un taux de participation de 81% lun des plus levs de lhistoire du Venezuela. Le prsident sortant Hugo Chvez a t rlu pour un troisime mandat de six ans.

Conditions carcrales
La violence en milieu carcral tait monnaie courante. Au moins 591personnes ont t tues dans les prisons vnzuliennes au cours de lanne. Des armes feu, des explosifs et dautres types darmes continuaient dtre rgulirement utiliss lors dmeutes. n En juillet, lannonce dun transfert de dtenus du Centre pnitentiaire de la rgion andine (tat de Mrida) vers dautres centres pnitentiaires a dclench une meute, qui a dur 20jours et sest solde par la mort de 17personnes. n Des violences ont clat en aot dans la prison de Yare, faisant 26morts et 43blesss.

Scurit publique
Le Venezuela affichait un taux dhomicides parmi les plus levs dAmrique latine, notamment en raison dun contrle insuffisant de la circulation des armes feu et des munitions. La question de lutilisation des armes feu par la police tait galement un motif de proccupation. Daprs un rapport du Conseil gnral de police, 80% des services de police utilisaient des armes non conformes aux normes institutionnelles. Labsence de toute autre donne officielle prcise concernant les actes de violence, en particulier les blessures par armes feu, demeurait proccupante. La Commission prsidentielle pour le contrle des armes et des munitions et pour le dsarmement a conduit en 2012 des recherches et des consultations auprs de la population, et mis en place des campagnes publiques visant encourager la restitution volontaire des armes feu. La nouvelle initiative adopte par le gouvernement en matire de scurit, baptise Gran Misin a Toda Vida Venezuela, visait poursuivre ce travail de dsarmement, notamment par la cration dun systme de soutien national pour les victimes de la violence arme. En 2012, le port darmes de petit calibre a fait lobjet de restrictions dans certains lieux publics, et un nouveau systme denregistrement a t tabli pour renforcer le contrle des armes en circulation. Les dtenteurs darmes de petit calibre ont t encourags les enregistrer, tandis que les demandes de nouveaux permis de port darme ont t suspendues pour un an. la fin de lanne, un projet de loi sur le contrle des armes tait examin par le Congrs.

Dfenseurs des droits humains


Les reprsentants du gouvernement et les mdias dtat continuaient de formuler des accusations sans fondement contre les dfenseurs des droits humains, dans le but de discrditer leur travail. Les militants taient en outre la cible dagressions physiques, dont les auteurs ntaient pas traduits en justice. n En mai, Marianela Snchez Ortiz, membre de lObservatoire vnzulien des prisons, a fait lobjet de menaces. Son mari, Hernn Antonio Bolvar, a t enlev sous la menace dune arme feu. Ses ravisseurs lui ont ordonn de dire sa femme darrter de dnoncer les conditions carcrales et de critiquer le gouvernement, sans quoi elle et sa famille sexposeraient des reprsailles. Des responsables publics ont par ailleurs accus lObservatoire de falsifier des informations sur les centres de dtention pour obtenir de largent auprs de bailleurs de fonds amricains.

Impunit
n Jorge Antonio Barrios a t assassin en dcembre dans ltat dAragua. Cet homme tait le neuvime membre de la famille Barrios tre tu depuis 1998 dans des circonstances suggrant une implication de la police. Les dcisions du systme interamricain des droits de la personne, qui a demand plusieurs reprises depuis 2004 au Venezuela dassurer la protection de la famille Barrios et de dfrer les responsables prsums de ces actes la justice, nont pas permis de mettre fin cette srie dhomicides.

Indpendance de la justice
n La juge Mara Lourdes Afiuni a t maintenue en rsidence surveille tout au long de lanne 2012. Au

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Amnesty International - Rapport 2013

mois de septembre, des hommes arms non identifis sont passs en voiture devant limmeuble o elle rside et ont ouvert le feu en direction de son appartement. En novembre, Mara Lourdes Afiuni a rvl publiquement quelle avait t viole en prison. Arrte en dcembre 2009, elle avait t incarcre pendant plus dun an. Elle a t inculpe de plusieurs infractions, notamment de corruption, dabus dautorit et dassociation de malfaiteurs. Elle avait ordonn la libration conditionnelle dun banquier qui tait maintenu en dtention depuis plus de deux ans dans lattente de son procs une dcision qui relevait de sa comptence et tait conforme au droit vnzulien.

VIT-NAM
RPUBLIQUE SOCIALISTE DU VIT-NAM
Chef de ltat: Chef du gouvernement: Truong Tan Sang Nguyen Tan Dung La rpression contre les personnes critiques lgard du gouvernement et contre les militants sest durcie. La libert dexpression, dassociation et de runion restait soumise de svres restrictions. Au moins 25dissidents pacifiques, dont des blogueurs et des paroliers, ont t condamns de lourdes peines demprisonnement lissue de 14procs qui ne respectaient pas les normes internationales. Des membres de groupes ethniques ou religieux ont t victimes datteintes leurs droits fondamentaux. Au moins 86personnes ont t condamnes mort, ce qui portait plus de 500 le nombre de prisonniers sous le coup dune sentence capitale.

Surveillance internationale
Soutenu par lAssemble nationale et la Cour suprme, le prsident Chvez a annonc en mai quil envisageait le retrait du Venezuela du systme interamricain des droits humains. Le Venezuela a officiellement dnonc en septembre la Convention amricaine relative aux droits de lhomme, entamant par l mme son retrait de la Cour interamricaine des droits de lhomme. Les victimes de violations des droits humains seront de ce fait prives daccs la plus haute instance de jugement du continent amricain partir de septembre 2013. Toutefois, le Venezuela restera membre de lOEA et ne pourra donc se soustraire la surveillance de la Commission interamricaine des droits de lhomme.

Contexte
Le pays a t secou par une crise politique engendre par des accusations de mauvaise gestion de lconomie nationale ayant entran un taux dinflation et un niveau dendettement considrables, ainsi que par un certain nombre de scandales concernant des affaires de corruption au sein dentreprises dtat. Le Parti communiste au pouvoir sest livr pendant plusieurs mois un exercice confidentiel de critique et dautocritique. Le Premier ministre sest publiquement excus pour les erreurs de gestion conomique commises, mais il est rest en place. Les autorits ont annonc que la population allait tre consulte sur un projet damendement de la Constitution de 1992, ainsi que sur le mariage homosexuel. Lescalade du conflit territorial avec la Chine dans la mer de lEst (aussi appele mer de Chine mridionale) sest traduite par des manifestations antichinoises au Vit-Nam. Un nombre croissant de litiges fonciers et dexpulsions forces accompagnes de violences a t signal. Le Vit-Nam a annonc son intention de briguer un sige au Conseil des droits de lhomme de lONU en 20142016. Le pays a adopt en novembre la dclaration des droits humains de lANASE, malgr les srieuses rserves dont ce document faisait lobjet au motif quil ntait pas conforme aux normes internationales.

Violences faites aux femmes et aux filles


La Loi organique relative au droit des femmes de vivre labri de la violence ne disposait toujours pas dun cadre rglementaire indiquant aux autorits comment traiter les cas de violence contre les femmes. n Des audiences ont eu lieu dans laffaire Alexandra Hidalgo, viole et torture par un groupe dhommes, dont son mari, en 2004. En octobre, il a t dcid que le mari comparatrait en justice pour viol et enlvement.

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgues dAmnesty International se sont rendues au Venezuela
en avril. 4 Carta abierta a los candidatos y las candidatas presidenciales de la Repblica Bolivariana de Venezuela (AMR53/006/2012). 4 Bolivarian Republic of Venezuelas candidacy for election to the UN Human Rights Council: Open letter (AMR53/008/2012).

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Libert dexpression
La rpression de la dissidence et les atteintes au droit la libert dexpression et de runion se sont poursuivies. Des personnes qui participaient des manifestations pacifiques ont t places en dtention de courte dure. Une trentaine dagriculteurs, qui protestaient depuis trois jours devant un immeuble de ladministration, Hano, pour dnoncer les conditions de leur expulsion force, trois ans plus tt, ont t arrts en juin. n En septembre, le Premier ministre sest prononc en faveur dun contrle renforc dInternet et a ordonn que des poursuites soient engages contre les animateurs de trois blogs, nommment dsigns, qui avaient couvert la crise politique. Les autorits ont invoqu certaines dispositions, formules en termes vagues, de la partie relative la scurit nationale du Code pnal de 1999 pour poursuivre des dissidents pacifiques porteurs de revendications politiques ou sociales. Plusieurs dizaines de militants politiques, sociaux ou religieux non violents se trouvaient en prison la fin de lanne, certains en dtention provisoire, dautres purgeant une peine demprisonnement. Ctait notamment le cas de Nguyen Phuong Uyen, une jeune tudiante de 20ans arrte en octobre pour avoir distribu des tracts critiquant le gouvernement.

Prisonniers dopinion
Au moins 27prisonniers dopinion, arrts avant 2012, taient toujours en captivit, dont Nguyen Van Ly, un prtre catholique condamn huit ans demprisonnement pour avoir demand le respect des droits humains, la libert dexpression et un changement sur la scne politique.

des tmoins la barre. Les familles des prvenus taient harceles par les forces de scurit locales et empches dassister aux procs. Certains proches ont perdu leur travail ou nont pas pu poursuivre leurs tudes. n Trois blogueurs connus du grand public Nguyen Van Hai, alias Dieu Cay, Ta Phong Tan, lorigine du blog Justice et Vrit, et Phan Thanh Hai, surnomm AnhBaSaiGon ont t jugs en septembre pour propagande contre ltat. Ils ont t condamns des peines de 12, 10 et quatre ans demprisonnement respectivement, peines assorties leur libration dune priode de rsidence surveille de trois cinq ans. Leur procs na dur que quelques heures et leurs proches ont t harcels et arrts par les autorits, qui ne voulaient pas quils y assistent. Ce procs avait t report trois reprises, la dernire en raison de la mort de la mre de Ta Phong Tan; celle-ci avait succomb ses blessures aprs stre immole par le feu devant des locaux administratifs pour protester contre le traitement rserv sa fille. En dcembre, la peine de Phan Thanh Hai a t rduite dun an en appel. n Le militant cologiste et blogueur Dinh Dang Dinh a t condamn en aot six annes demprisonnement, lissue dun procs qui aura dur trois heures. Il tait accus de propagande hostile ltat pour avoir lanc une ptition contre lextraction de bauxite dans les montagnes du centre du pays. Selon sa femme, il tait en mauvaise sant et il aurait t battu en prison par des surveillants.

Groupes ethniques et religieux


Les groupes de minorits ethniques ou religieuses perus comme opposs au gouvernement taient toujours exposs des risques de harclement, darrestation et demprisonnement. Ctait notamment le cas de certains groupes ethniques pratiquant leur religion dans des glises non autorises ou de communauts mobilises contre la confiscation de leurs terres par les pouvoirs publics. Un groupe de 14blogueurs et militants sociaux catholiques arrts entre juillet et dcembre 2011 dans la province de Nghe An se trouvaient toujours en dtention provisoire. n Le pasteur mennonite Nguyen Cong Chinh a t condamn en mars 11ans demprisonnement pour avoir, selon laccusation, sabot la politique dunit nationale. Il tait accus davoir incit des minorits ethniques protester. Il avait dnonc les actes de

Blogueurs
Plusieurs blogueurs ont t condamns de lourdes peines demprisonnement, manifestement titre dexemple, pour faire taire les autres. Ils avaient t inculps de propagande et de vouloir renverser le gouvernement. Les dissidents taient maintenus en dtention provisoire prolonge, souvent au secret et parfois au-del des limites autorises par la loi vietnamienne. Des cas de brutalits perptres pendant des interrogatoires ont t signals. Les procs ntaient pas conformes aux normes internationales dquit: les accuss ne bnficiaient pas de la prsomption dinnocence, navaient pas droit une vritable dfense et ne pouvaient pas citer

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harclement mens par les autorits locales et les restrictions apportes la libert de culte dans les rgions montagneuses du centre du pays. Sa femme a dclar en octobre quelle navait pas pu le voir depuis son arrestation en avril 2011. n Douze Hmongs accuss davoir particip aux importantes manifestations de mcontentement qui avaient secou le nord-ouest du Vit-Nam en mai 2011 ont t condamns, en mars et dcembre, des peines allant de deux sept ans demprisonnement pour trouble lordre public et tentative de renversement du gouvernement. Aucune version claire de ces vnements na t donne et les autorits ont interdit laccs au secteur o les troubles auraient eu lieu. n g de 85ans, le patriarche suprme de lglise bouddhique unifie du Vit-Nam (interdite), Thich Quang Do, tait toujours en rsidence surveille. Il a appel en juillet des manifestations pacifiques contre les agissements de la Chine dans la mer de lEst. La police a encercl les monastres de lglise interdite pour empcher ses moines dy participer. n Trois membres de la Jeunesse catholique ont t jugs en septembre et condamns des peines allant de 30 42mois demprisonnement, pour propagande contre ltat. Ils avaient particip des manifestations antichinoises et sign des ptitions dnonant le procs intent au clbre dissident Cu Huy Ha Vu.

YMEN
RPUBLIQUE DU YMEN
Chef de ltat: Ali Abdullah Saleh, remplac par Abd Rabbu Mansour Hadi le 25 fvrier Chef du gouvernement: Mohammed Salim Basindwa La situation des droits humains sest amliore durant la priode de transition aprs le soulvement de 2011 qui sest sold par le dpart du prsident Saleh. Toutefois, on ne disposait toujours daucune information sur le sort dun certain nombre de personnes arrtes ou disparues en 2011. Une loi sur limmunit est venue consacrer limpunit pour les violations des droits humains commises sous le gouvernement du prsident Saleh; la plupart des homicides de manifestants, entre autres atteintes aux droits humains commises en 2011 et au cours de lanne 2012, nont pas fait lobjet denqutes. Les victimes de violations des droits humains et de violations du droit international humanitaire perptres dans le cadre de conflits arms dans certaines rgions du pays nont elles non plus pas eu accs la justice. Plus de 20personnes arrtes de manire arbitraire pendant le soulvement de 2011 et les manifestations qui ont suivi taient maintenues en dtention ou ont t victimes de disparition force. De nouvelles informations ont fait tat de torture et dautres formes de mauvais traitements. Les forces de scurit et les groupes qui leur sont allis ont rpondu aux troubles dans le sud du pays en utilisant une force excessive; au moins 12personnes ont t tues et de trs nombreuses autres qui avaient particip des manifestations ou taient favorables la scession du sud ont t arrtes de manire arbitraire. Les membres dAnsar al Sharia (les Partisans de la charia), un groupe arm li Al Qada dans la pninsule arabique (AQPA) qui a contrl certaines parties du gouvernorat dAbyan jusquen juin, se sont livrs des exactions, dont des excutions sommaires et des amputations. Une offensive militaire pour chasser Ansar al Sharia des villes quil contrlait a donn lieu des atteintes aux droits humains et au droit international humanitaire, imputables aux deux camps, qui ont entran la mort de civils. Les femmes et les filles continuaient dtre victimes de discrimination dans la lgislation et dans la pratique, ainsi que de violences au sein de la

Peine de mort
Un responsable des pouvoirs publics a dclar en novembre que 508prisonniers se trouvaient dans les couloirs de la mort, parmi lesquels une centaine risquaient dtre excuts tout moment. En raison du retard pris dans la mise en place de la procdure de mise mort par injection, d linterdiction dexportation des substances ncessaires dcrte par lUnion europenne, aucune excution navait eu lieu depuis juillet 2011. Plus de 86personnes ont t condamnes cette anne la peine capitale, dont deux pour dtournement de fonds.

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famille. Des cas desclavage ont t signals dans certaines rgions du pays. La situation humanitaire a atteint un niveau critique. Au moins sept condamnations mort ont t prononces; 28personnes, peut-tre davantage, ont t excutes, dont au moins deux mineurs dlinquants.

Contexte
Lancien vice-prsident Abd Rabbu Mansour Hadi a pris ses fonctions de chef de ltat le 25fvrier, lissue dune lection prsidentielle pour laquelle il tait le seul candidat. Ce scrutin tait prvu par laccord de transfert du pouvoir ngoci sous lgide du Conseil de coopration du Golfe et sign par le prsident Saleh le 23novembre 2011. Le nouveau prsident, ainsi que le gouvernement de rconciliation nationale form en dcembre 2011, taient chargs de mettre en uvre un processus de transition de deux ans durant lequel ils devaient mener un dialogue national, organiser un rfrendum sur une nouvelle Constitution, rformer le systme lectoral, restructurer larme et les services de scurit et prendre des mesures pour mettre en place une justice de transition. Des lections gnrales devaient avoir lieu la suite de ladoption dune nouvelle Constitution. Un comit de rapprochement instaur en mai a pris contact avec diffrents partis pour quils participent au dialogue national. Form le 14juillet, un comit prparatoire au dialogue a remis au prsident Hadi une liste de 20recommandations visant assurer la russite du processus. Il prconisait notamment que des excuses soient prsentes la population du sud et de la province de Saada, dans le nord du pays, pour les violations des droits humains commises dans le pass, et que soient librs tous les prisonniers placs en dtention pour leur appartenance au Mouvement du sud ou dans le cadre du conflit de Saada et des vnements lis au soulvement de 2011. Ces recommandations navaient pas t mises en uvre la fin de lanne. Dans le cadre de la restructuration de larme, le prsident Hadi a annonc en dcembre que le chef de la Garde rpublicaine et le chef dtat-major de la Scurit centrale respectivement fils et neveu de lancien chef de ltat, ainsi que le commandant de la 1re division blinde, allaient tre dmis de leurs fonctions.

Malgr les effets stabilisateurs de la transition, linscurit tait persistante. Des enlvements ont notamment eu lieu. Assassin en dcembre, lavocat Hassan al Dawlah pourrait avoir t pris pour cible en raison de son activit professionnelle. La crise humanitaire sest aggrave. Sur fond daugmentation rapide du chmage et du cot de la vie, elle tait marque par des pnuries graves de nourriture et deau, entre autres produits de premire ncessit, et par linterruption de la fourniture dlectricit et de carburant. Les donateurs internationaux staient engags verser plus de sept milliards de dollars des tats-Unis daide pour assister le Ymen pendant la transition, mais les organismes locaux et internationaux daide humanitaire ont rclam un financement durgence plus cibl pour viter une crise alimentaire. Au moins 28personnes ont t inculpes pour leur participation une attaque contre le palais prsidentiel le 3juin 2011, qui avait fait plusieurs morts et un certain nombre de blesss, dont le prsident Saleh. Leur procs navait pas dbut la fin de lanne. Plusieurs de ces prisonniers se sont plaints davoir t torturs ou maltraits.

Impunit
Conformment laccord de transfert du pouvoir, le gouvernement a promulgu une loi sur limmunit (Loi n1 de 2012), le 21janvier. Le texte accordait lancien prsident Saleh et tous ses collaborateurs limmunit contre toute poursuite judiciaire pour les actes motivation politique accomplis dans lexercice de leurs fonctions officielles. De ce fait, il empchait de nombreuses victimes et proches de victimes de dtention arbitraire, de torture, dexcution extrajudiciaire et de disparition force, entre autres atteintes aux droits humains commises sous le rgime du prsident Saleh, de connatre la vrit et dobtenir justice et rparation. La loi sur limmunit tait donc contraire aux obligations incombant au Ymen en vertu du droit international, qui lui imposent denquter sur les crimes de droit international, entre autres violations des droits humains, et de poursuivre les auteurs prsums de tels actes. Un projet de loi sur la justice de transition et la rconciliation nationale tait ltude. Si cette loi tait adopte, elle accorderait une forme de rparation aux victimes. Le texte insistait toutefois sur le pardon

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comme lment de rconciliation et ne rendait pas justice aux victimes des violations des droits humains commises dans le pass. Aucune information judiciaire navait semble-t-il t ouverte sur des dizaines de cas de meurtres de manifestants ou de violations des droits humains perptrs dans le contexte des troubles de 2011. Aucune enqute navait par ailleurs t conduite sur les violations des droits humains et du droit international humanitaire qui auraient t commises durant le conflit arm interne Taizz et dans dautres rgions. Parmi ces violences on peut citer les attaques apparemment aveugles et disproportionnes qui ont cot la vie des civils lors des combats que se sont livrs, au second semestre de 2011 dans le quartier dal Hasaba Sanaa, les forces gouvernementales et les partisans arms du chef de tribu Sadeq Al Ahmar. Un dcret prsidentiel pris le 22septembre a toutefois dsign une commission charge denquter sur les violations des droits humains et du droit international humanitaire commises dans le cadre du soulvement de 2011; ces investigations navaient pas commenc la fin de lanne.

1re division blinde de larme, qui avait soutenu les manifestations mais qui, selon certaines sources, continuait darrter des personnes et de les incarcrer sans inculpation ni jugement.

Droits des femmes et des filles


Les femmes et les filles taient toujours victimes de discrimination en droit et en pratique, tout particulirement en matire de mariage, de divorce, de garde des enfants et dhritage, ainsi que de graves violences lies au genre, y compris lorsquelles taient exerces au sein de la famille. Les femmes sont devenues moins nombreuses dans les camps de protestataires aprs que certaines eurent t intimides ou battues, en 2011, par des femmes appartenant semble-t-il Al Islah, lun des principaux partis dopposition, et qui napprciaient pas quelles participent des manifestations avec des hommes et protestent contre le commandant de la 1redivision blinde.

Utilisation excessive de la force


Cette anne encore, les forces de scurit ont fait, en toute impunit, un usage excessif de la force contre des manifestants, notamment Aden et dans dautres villes du sud du pays. Seules deux des informations judiciaires ouvertes sur lhomicide de protestataires pendant le soulvement de 2011 ont dbouch sur des poursuites. n En juin, trois hommes qui taient semble-t-il lis aux autorits locales ont t condamns mort par contumace pour leur implication dans une attaque la grenade perptre le 17fvrier 2011, qui avait tu un manifestant et bless 15autres personnes sur la place de la Libert Taizz. n Soixante-dix-neuf hommes ont t inculps pour lhomicide de plusieurs dizaines de manifestants le 18mars 2011 Sanaa. Le procureur gnral a annonc en juin que seuls 14 dentre eux taient dtenus; les autres avaient t remis en libert sous caution ou taient en fuite. Le procs ouvert devant le Tribunal pnal spcial a t suspendu pour permettre au juge dobtenir des claircissements de la Cour suprme propos de la loi sur limmunit et aprs que des questions eurent t poses quant la prsence des vrais responsables parmi les accuss. n Lenqute officielle ouverte en 2011 sur lhomicide de protestataires sur la place de la Libert Taizz, le 29mai 2011, semblait ne pas avoir progress.

Arrestations et dtentions arbitraires


La plupart des personnes arrtes dans le cadre des manifestations antigouvernementales de 2011 ont t remises en libert au dbut de lanne. Beaucoup avaient t dtenues de manire arbitraire par diffrentes branches des services de scurit, le plus souvent dans des centres de dtention non officiels, pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois, sans inculpation ni jugement. Certains dtenus auraient t torturs ou autrement maltraits. On estimait que 20personnes au moins parmi celles arrtes en 2012 ou dans le cadre des vnements de 2011 taient maintenues en dtention arbitraire ou avaient disparu. n Al Nahari Mohammed Ali al Nahari a t libr en juillet sans avoir t inculp. Cet enfant g de 13ans environ, qui avait disparu en mai 2011 aprs avoir particip des manifestations Sanaa, tait semble-t-il dtenu en secret par des agents de la Scurit nationale. Rgulirement rou de coups pendant sa dtention, il a perdu loue dune oreille. Des camps de protestataires taient maintenus Taizz et Sanaa, o la ville de tentes rige sur la place du Changement tait toujours garde par la

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Un tribunal administratif a conclu, en novembre, que les autorits devaient soit fournir des soins aux personnes blesses lors des manifestations de 2011, soit les envoyer ltranger pour quelles y soient soignes, conformment un dcret prsidentiel promulgu la fin de 2011.

n Aden, deux agents de scurit travaillant pour MSF auraient t battus et menacs par des hommes arms non identifis le 27septembre.

Conflit arm Abyan


Le groupe arm Ansar al Sharia a continu de commettre de graves exactions dans la ville de Jaar (gouvernorat dAbyan) dont il stait empar en fvrier 2011, ainsi que dans dautres villes du gouvernorat de Shabwa passes ensuite sous son contrle. Il a procd des excutions et a inflig des peines cruelles, inhumaines et dgradantes, y compris des amputations de la main, des personnes quils accusaient de crimes. Il a tent dimposer des prescriptions sociales et religieuses discriminatoires et rpressives en usant de violence et de menaces. Il a galement enlev et harcel des militants locaux. Les affrontements entre les forces gouvernementales et Ansar al Sharia se sont poursuivis toute lanne et ont t marqus par des violations du droit international humanitaire de la part des deux camps. Ansar al Sharia exposait de manire inconsidre les civils des risques en stockant des munitions et des explosifs dans des zones densment peuples. Ses membres lanaient des attaques aux abords immdiats dhabitations, dtenaient et maltraitaient des civils, restreignaient laccs aux soins et utilisaient largement des mines antipersonnel et des engins pigs. Les forces gouvernementales ont men des raids ariens, utilis des chars et tir des obus dartillerie et de mortier, le plus souvent de manire indiscrimine ou disproportionne, faisant des morts et des blesss parmi les civils, jusqu ce quelles russissent chasser Ansar al Sharia dAbyan et des zones avoisinantes, la fin de juin. Elles ont galement entrav laccs aux soins mdicaux pour les blesss et ont soumis des combattants prsums dAnsar al Sharia une disparition force. la fin de lanne, Ansar al Sharia continuait de perptrer des attentats lexplosif, entre autres attaques, contre les installations du gouvernement et des forces de scurit et contre des agents de ltat.

Rpression de la dissidence protestations dans le sud


Cette anne encore, les forces de scurit et les partisans du gouvernement ont eu recours une force excessive, y compris meurtrire, pour disperser des manifestants Aden et dans dautres villes du sud du pays; 12personnes au moins ont t tues et beaucoup dautres ont t blesses. De trs nombreuses personnes, essentiellement des sympathisants du Mouvement du sud, qui prne la scession du sud du pays, ont t arrtes et dtenues pendant de courtes priodes. n Le 7juillet, des agents de la Scurit centrale circulant bord de vhicules blinds et appuys par des tireurs embusqus ont ouvert le feu sur une manifestation pacifique Aden, tuant quatre personnes et en blessant 18autres. Les membres des forces de scurit ont tir depuis trois vhicules blinds alors que les protestataires arrivaient un rond-point. Des tireurs embusqus ont ensuite tir sur les manifestants qui senfuyaient. n Abdul Raouf Hassan Zain al Saqqaf, tudiant et militant du Mouvement du sud, a t arrt avec quatre autres hommes par les forces de scurit Aden le 10aot. Emmens au poste de police, ils ont t battus coups de crosse de fusil et de bton. Tandis que ses quatre compagnons taient relchs, Abdul Raouf al Saqqaf a t transfr la prison centrale dal Mansura, o il a de nouveau t battu et plac lisolement dans une cellule minuscule et obscure infeste de cafards et dpourvue de ventilation. Remis en libert le 13aot, il a t menac dune nouvelle arrestation. En novembre il a t pass tabac par des inconnus qui taient semble-t-il lis Al Islah, puis bless par balle lors dune tentative denlvement mene par des hommes au visage masqu. Les forces de scurit ont fait des descentes dans les hpitaux pour arrter les manifestants blesss. Lorganisation Mdecins sans frontires (MSF) a ferm son hpital dAden en octobre, la suite de descentes rptes des forces de scurit et de menaces contre ses employs.

Attaques menes laide de drones


Larme amricaine a utilis des drones pour mener des attaques contre des sympathisants prsums dAl Qada, dans la province dAbyan et dans dautres lieux du pays, apparemment avec laccord du gouvernement ymnite. Des civils auraient trouv la

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mort mais on ignorait sils avaient t tus par des drones amricains ou dans des attaques des forces ymnites; aucune enqute na t conduite.

4 Conflict in Yemen: Abyans darkest hour (MDE31/010/2012). 4 Yemen: Human rights agenda for change (MDE31/012/2012).

Personnes dplaces
Bon nombre des personnes qui avaient t contraintes de quitter leur foyer cause du conflit arm dans la province dAbyan et les rgions environnantes avaient pu rentrer chez elles la fin de lanne, malgr le risque encouru du fait des mines antipersonnel et dautres munitions laisses par Ansar al Sharia. Il y avait toutefois toujours plusieurs dizaines de personnes dplaces au Ymen. La plupart se trouvaient Aden.

ZIMBABWE
RPUBLIQUE DU ZIMBABWE
Chef de ltat et du gouvernement: Robert Gabriel Mugabe Le climat de mfiance qui rgnait entre certains membres du gouvernement dunit nationale continuait de retarder la mise en uvre de rformes essentielles dcides dans le cadre de lAccord politique global. Cet accord avait t sign en 2008 par lUnion nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (ZANU-PF, le parti du prsident Mugabe) et les deux factions du Mouvement pour le changement dmocratique (MDC-T et MDC-N). Lvocation de la tenue ventuelle dune lection au cours du second semestre de 2012 a dclench une vague de panique dans les zones rurales qui avaient t touches par les violences lectorales de 2008, cautionnes par ltat. La libert dexpression, dassociation et de runion a de nouveau t rprime tout au long de lanne par la police, qui sest rendue coupable darrestations arbitraires, de placements illgaux en dtention et de poursuites en justice motivs par des enjeux politiques.

Esclavage
Selon certaines sources, des familles taient maintenues en esclavage depuis des gnrations dans certaines rgions du pays. Cette pratique persistait en raison de labsence de contrle de ltat.

Peine de mort
Sept personnes au moins ont t condamnes mort et 28prisonniers, peut-tre davantage, ont t excuts. Ces chiffres taient probablement bien infrieurs la ralit. Parmi les prisonniers excuts, deux au moins taient gs de moins de 18ans au moment des faits pour lesquels ils avaient t condamns. Plusieurs centaines de personnes, dont 25 au moins avaient t condamnes pour des faits intervenus lorsquelles taient mineures, demeuraient selon les informations disponibles sous le coup dune sentence capitale. n Fuad Ahmed Ali Abdulla a t excut dans la prison de Taizz le 21janvier. Il avait t dclar coupable dun meurtre commis en 2004, alors quil avait moins de 18ans. n Hind al Barati a t excute le 3dcembre dans la prison centrale de Sanaa. Elle avait t condamne pour un meurtre commis alors quelle tait ge dune quinzaine dannes.

Contexte
Le gouvernement dunit nationale na pas achev la rdaction dune nouvelle constitution, alors que ce texte tait indispensable pour que le Zimbabwe puisse organiser des lections sans violence en 2013. La deuxime Confrence de toutes les parties prenantes, charge den examiner une version prliminaire, a eu lieu en octobre. La ZANU-PF a tent de sopposer des lments nouveaux qui limiteraient les pouvoirs de lexcutif et renforceraient la dclaration des droits, et qui avaient t dcids lors du processus de ngociation entre les partis. La Communaut de dveloppement de lAfrique australe (SADC), reprsente par le prsident sud-africain Jacob Zuma, na pas russi obtenir ladoption de rformes significatives garantissant la tenue dans le

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus au Ymen en juinjuillet et en dcembre. Lorganisation stait vu refuser laccs au Ymen depuis janvier 2011. 4 Yemens immunity law: Breach of international obligations (MDE31/007/2012).

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calme dlections, malgr plusieurs visites de son quipe de mdiation au Zimbabwe. Le fait que des membres haut placs de larme, de la police et des services du renseignement aient voqu leurs prfrences lectorales a aliment les craintes que les forces de scurit impliques dans les violences lectorales de 2008 ne tentent de nouveau dinflchir le prochain scrutin en faveur de la ZANU-PF. Le prsident Mugabe et le Premier ministre Morgan Tsvangirai se sont publiquement dits opposs aux violences politiques, mais aucune mesure concrte na toutefois t prise pour mettre fin au comportement partial des forces de scurit. Mme si les cas de violences politiques massives sont demeurs rares, en raison essentiellement de labsence de grand vnement politique en 2012, au moins 300personnes ont t blesses la suite dactes de torture ou dautres violences caractre politique.

Libert dexpression, dassociation et de runion


Les activits des dfenseurs des droits humains et des militants politiques (hormis les membres de la ZANU-PF) faisaient toujours lobjet de lourdes restrictions, imposes principalement par la police dans les zones urbaines. Celle-ci invoquait la Loi relative lordre public et la scurit pour limiter arbitrairement la libert dexpression, dassociation et de runion pacifique, et pour empcher notamment des runions et des activits pourtant lgitimes de dfenseurs des droits humains et dautres partis politiques. Dans les zones semi-urbaines et rurales, des militants locaux de la ZANU-PF ont continu de perturber les activits lgitimes de leurs opposants en toute impunit. Le parti prsidentiel a galement utilis des dirigeants traditionnels pour interdire laccs des rgions rurales. Des agressions perptres par des soldats en uniforme lencontre de participants des meetings organiss par les deux factions du MDC ont t signales. n Un reprsentant du MDC-T (MDC-Tsvangirai), Cephas Magura, est mort en mai aprs des affrontements entre des membres du MDC-T et de la ZANU-PF au centre daffaires Chimukoko, dans le district de Mudzi. Des sympathisants de la ZANU-PF auraient agress des personnes qui assistaient une runion du MDC-T, autorise par la police. Sept membres de la ZANU-PF, dont un lu local de Mudzi,

David Chimukoko, ont t arrts la suite de ces affrontements et inculps de meurtre et de violences sur la voie publique. n Le 21septembre, dans le district de Mutoko (province du Mashonaland-Est), des soldats ont perturb un rassemblement anim par Welshman Ncube (du MDC-N, la plus petite des deux factions du MDC) et ont frapp des participants. n En novembre, dautres soldats sen sont pris des partisans du MDC-T qui assistaient un meeting au centre daffaires Samambwa, dans le district de Zhombe (province des Midlands). Des dizaines de personnes ont t blesses, dont deux septuagnaires qui sont arrivs lhpital de Harare avec des lsions internes et des membres briss. n Sur les 29membres du MDC-T arrts en mai 2011 la suite de la mort du policier Petros Mutedza Glen View, certains ont pass plus dune anne en dtention. Cynthia Manjoro a obtenu une libration sous caution en octobre, aprs quun tmoin de laccusation eut dclar quelle avait t arrte et place en dtention pour attirer un autre suspect faisant partie de ses amis. Solomon Madzore, prsident de lAssemble des jeunes du MDC-T, a lui aussi t libr sous caution le 13novembre avec une autre personne, Taruvinga Magaya. Beaucoup estimaient que certains des suspects avaient t arrts uniquement parce quon savait quils taient membres du MDC-T et quils habitaient Glen View. la fin de lanne, seuls Last Maengahama, Tungamirai Madzokere, Rebecca Mafikeni, Yvonne Musarurwa et Simon Mapanzure se trouvaient toujours en dtention. n Le 5novembre, la police de Harare a effectu une descente dans les bureaux de lUnit de soutien psychologique (CSU), dispensaire dment enregistr qui vient en aide aux victimes de torture et de violence organise. Elle est arrive sans autorisation de perquisition et a menac de sintroduire par la force dans les locaux. Plusieurs heures plus tard, elle a prsent un mandat lautorisant saisir des lments offensants et subversifs qui dgradaient des maisons, immeubles, murs, cltures, lampadaires ou ascenseurs, et a emport illgalement des dossiers mdicaux confidentiels, un ordinateur et des documents qui ntaient pas viss par lautorisation de perquisition. Cinq membres du personnel ont t arrts arbitrairement. Deux dentre eux ont t relchs le mme jour, mais les trois autres, Fidelis Mudimu, Zachariah Godi et Tafadzwa Geza, ont t

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dtenus illgalement par la police pendant quatre jours. Le troisime jour, au mpris de la loi, ils ont t transfrs Bulawayo, plus de 400kilomtres de Harare. Le 8novembre, les trois hommes ont t librs sous caution aprs avoir t inculps datteinte intentionnelle aux biens au titre de larticle140 de la Loi portant codification et rforme du code pnal. Les accusations portes contre Fidelis Mudimu ont t abandonnes ultrieurement, aprs quon eut appris quil ntait pas dans le pays au moment des infractions prsumes.

au sein du gouvernement dunit nationale, a t arrt et inculp datteinte lautorit du prsident ou doutrage au prsident en raison de propos quil avait tenus en mars au centre daffaires Manhenga, Bindura (province du Mashonaland-Centre).

Torture et excutions extrajudiciaires en garde vue


Au moins huit personnes sont mortes alors quelles se trouvaient aux mains de la police, dans des circonstances qui donnent penser quelles ont t tortures ou sommairement excutes. n Le 19mars, trois hommes jeunes qui se trouvaient en garde vue au poste de police de Southerton, Harare, sont morts dans des circonstances trs suspectes. Tendai Dzigarwi et Rufaro Mahohoma avaient t arrts le 18mars Kambuzuma, dans la banlieue de la capitale, par des policiers de la brigade de rpression des vols de vhicule. Ils taient souponns davoir vol des vhicules motoriss. Un troisime homme, Emmson Ngundu, a t interpell le 19mars dans le district de Zvimba. La police a affirm que les trois hommes avaient t tus alors quils tentaient de schapper. Or, une autopsie indpendante ralise sur Tendai Dzigarwi a conclu quil tait mort dune blessure la tte occasionne par une balle tire deux ou trois centimtres de distance. Les dclarations de tmoins sur les blessures que prsentaient les deux autres hommes permettaient daboutir la mme conclusion. n Le 13septembre, deux jours aprs avoir t remis en libert, Harrison Manyati est mort lhpital central de Harare des suites de blessures infliges alors quil tait tortur pendant sa garde vue au poste de police de Makoni, Chitungwiza. Le 7septembre, il stait rendu au poste de police pour obtenir des informations au sujet dun ami arrt pour effraction, vol et introduction clandestine mais il avait t arrt arbitrairement et plac illgalement en dtention. La police la accus de complicit et la maintenu en dtention pendant quatre jours, sans quil soit inculp ni prsent une autorit judiciaire. Elle a indiqu aux proches dHarrison Manyati quil navait pas commis dinfraction. sa libration, il a port plainte contre les policiers pour coups et blessures. Un tmoin a racont quHarrison Manyati avait t tortur pendant les deux premiers jours de sa garde vue, puis quon lavait retenu pendant deux jours pour que ses plaies gurissent. Selon un rapport dautopsie indpendant, la mort

Arrestations et dtentions arbitraires


Tout au long de lanne, la police antimeutes a rgulirement perturb les activits de lorganisation militante Femmes du Zimbabwe, debout! (WOZA). Un grand nombre de membres de cette organisation ont t frapps et certains blesss. Au moins 200arrestations de militants de WOZA ont t enregistres. n Le 19janvier, 17militants ont t arrts Bulawayo et conduits au poste de police de Donnington, o certains ont t frapps ou autrement maltraits. Ils ont par la suite t transfrs au commissariat central de Bulawayo, o ils ont de nouveau subi des mauvais traitements avant dtre relchs sans inculpation. n Le 12mars, Jennifer Williams et Magodonga Mahlangu, deux dirigeantes de WOZA qui comparaissaient pour enlvement et vol, accusations forges de toutes pices, ont t de nouveau places en dtention provisoire aprs quun magistrat de Bulawayo eut injustement annul leur libert sous caution. Les avocats de la dfense avaient demand le report de lexamen de cette affaire, car Jennifer Williams souffrait de problmes de sant, confirms par un mdecin dans une lettre. Le procureur a toutefois accus Jennifer Williams de feindre dtre malade. n Cent un membres de WOZA ont t interpells Bulawayo le 27juin, au lendemain dun dfil pacifique, et ont t dtenus pendant cinq heures avant dtre remis en libert sans inculpation. Larticle33 de la Loi portant codification et rforme du code pnal continuait dtre appliqu arbitrairement: des poursuites pour atteinte lautorit du prsident ou outrage au prsident ont t engages, notamment contre des militants politiques. Au moins 12personnes ont t arrtes sur la base de ces accusations. n En octobre, Elton Mangoma, membre du MDC-T et ministre de lnergie et du Dveloppement nergtique

Amnesty International - Rapport 2013

341

dHarrison Manyati a t directement cause par les tortures quon lui avait infliges. n Blessing Matanda a t retrouv mort dans une cellule du poste de police de Munyati, Kwekwe, le 4octobre. Il avait t plac en garde vue le mme jour, dans des circonstances peu claires. Blessing Matanda avait racont un proche venu lui rendre visite que les agents qui lavaient arrt avaient menac de lui rgler son compte. La police a soutenu quil stait tu par balle, sans toutefois expliquer comment il stait procur une arme feu. Un mdecin lgiste indpendant a jet le doute sur la thse du suicide.

Expulsions forces
Sept ans aprs la vague dexpulsions forces menes dans le cadre de lopration Murambatsvina (Rtablir lordre) en 2005, plusieurs dizaines de milliers de personnes vivaient toujours dans des campements o il ny avait ni coles ni centres de sant. Dpourvus daxes routiers, les sites ne disposaient pas non plus daccs leau ni des installations sanitaires. Bien que les autorits aient reconnu publiquement que lenseignement en particulier faisait dfaut, aucune mesure na t prise pour que les milliers denfants concerns puissent tre scolariss gratuitement dans des coles primaires.

Droits des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres ou intersexues (LGBTI)
Lhostilit lgard des personnes ne se conformant pas la notion de genre communment admise ainsi que la discrimination envers les personnes LGBTI taient toujours monnaie courante dans le pays. Les mdias renforaient les prjugs de la population contre les personnes LGBTI en relayant des propos hostiles tenus par des dirigeants politiques, en particulier dans le contexte des dbats sur la nouvelle constitution. La ZANU-PF et le MDC-T se sont

accuss mutuellement dabriter des personnes LGBTI. En raison du caractre politique donn au dbat sur linterdiction de la discrimination fonde sur lorientation sexuelle ou lidentit de genre, les actes de harclement et dintimidation commis par la police lencontre de personnes LGBTI se sont multiplis. n Quarante-quatre membres de Gays et lesbiennes du Zimbabwe (GALZ) ont pass la nuit au commissariat central de Harare le 11aot, aprs une descente de police dans les locaux de lorganisation, galement Harare. Cette opration a fait suite une runion organise par GALZ pour discuter du projet de constitution du Zimbabwe et lancer un rapport sur les violations des droits humains perptres contre les membres de lorganisation. Aprs la remise en libert des personnes interpelles, la police sest rendue au domicile et au lieu de travail de certaines dentre elles, ce qui risquait de rvler au grand jour leur orientation sexuelle et de les exposer ainsi davantage aux discriminations. n Le 20aot, la police a effectu une nouvelle descente dans les bureaux de GALZ et a saisi des ordinateurs et des brochures. Le 23aot, GALZ a t poursuivi pour non-enregistrement en tant quassociation au titre de larticle6(iii) de la Loi relative aux organisations bnvoles prives. Pour la premire fois en 20ans, lassociation a t contrainte de fermer ses bureaux pour une dure indtermine par crainte de nouveaux raids policiers.

Visites et documents dAmnesty International


v Des dlgus dAmnesty International se sont rendus au Zimbabwe en
avril, en aot et en septembre/octobre. 4 Zimbabwean authorities must stop abusing the law to curtail the work of human rights activists (AFR46/001/2012). 4 Zimbabwe: Brief to SADC on harassment and intimidation of NGO workers by police (AFR46/016/2012). 4 Zimbabwe. Le coup de filet de la police contre des membres prsums dun gang met en danger des citoyens ordinaires (PRE01/434/2012).

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Amnesty International - Rapport 2013

CHAPITRE III : NOUS CONTACTER

AMNESTY INTERNATIONAL - RAPPORT 2013

13

ADresses
courrier lectronique site Internet

LES SECTIONS DAMNESTY INTERNATIONAL


Algrie Amnesty International 10, rue Mouloud Zadi (face au 113, rue Didouche Mourad) Alger Centre 16004 Alger contact@amnestyalgerie.org www.amnestyalgerie.org Allemagne Amnesty International Zinnowitzer Strasse 8 10115 Berlin info@amnesty.de www.amnesty.de Argentine Amnista Internacional Cerrito 1050, 6 Piso C1010AAV Buenos Aires contacto@amnistia.org.ar www.amnistia.org.ar Australie Amnesty International Locked Bag 23 Broadway NSW 2007 nswaia@amnesty.org.au www.amnesty.org.au Autriche Amnesty International Moeringgasse 10 A-1150 Vienne info@amnesty.at www.amnesty.at Belgique francophone Amnesty International Rue Berckmans 9 1060 Bruxelles amnesty@amnesty.be www.amnestyinternational.be Belgique nerlandophone Amnesty International Kerkstraat 156 2060 Anvers amnesty@aivl.be www.aivl.be Bermudes Amnesty International PO Box HM 2136 Hamilton HM JX director@amnestybermuda.org www.amnestybermuda.org Burkina Faso Amnesty International BP 11344 Ouagadougou 08 aiburkina@fasonet.bf www.amnesty-bf.org Canada anglophone Amnesty International 312 Laurier Avenue East Ottawa, Ontario K1N 1H9 info@amnesty.ca www.amnesty.ca Canada francophone Amnistie internationale 50 rue Ste-Catherine Ouest bureau 500 Montral (Qubec) H2X 3V4 www.amnistie.ca Chili Amnista Internacional Oficina Nacional Hueln 164 - Planta Baja 750-0617 Providencia Santiago info@amnistia.cl www.amnistia.cl Colombie Amnista Internacional On-line Action Platform AIColombia.Online@amnesty.org Core (Rpublique de) Amnesty International Gwanghwamun P.O.Box 2045 Jongno-gu 10-620 Seoul info@amnesty.or.kr www.amnesty.or.kr Cte dIvoire Amnesty International 04 BP 895 Abidjan 04 amnesty.ci@aviso.ci Danemark Amnesty International Gammeltorv 8, 5 1457 Copenhague K. amnesty@amnesty.dk www.amnesty.dk Espagne Amnista Internacional Fernando VI, 8, 1 izda 28004 Madrid info@es.amnesty.org www.es.amnesty.org tats-Unis Amnesty International 5 Penn Plaza, 16th floor New York, NY 10001 admin-us@aiusa.org www.amnestyusa.org Fro (les) Amnesty International Mannarttindarmi Kongabrgvin FO-100 Trshavn amnesty@amnesty.fo www.amnesty.fo Finlande Amnesty International Hietaniemenkatu 7A 00100 Helsinki amnesty@amnesty.fi www.amnesty.fi

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Amnesty International - Rapport 2013

France Amnesty International 76 boulevard de la Villette 75940 Paris Cedex 19 info@amnesty.fr www.amnesty.fr Ghana Amnesty International H/No. 347/7 Rolyat Castle Road Opposite Havard College Kokomlemle, Accra info@amnestyghana.org www.amnestyghana.org Grce Amnesty International Sina 30 106 72 Athnes athens@amnesty.org.gr www.amnesty.org.gr Hong Kong Amnesty International 3D Best-O-Best Commercial Centre 32 Ferry Street Kowloon admin-hk@amnesty.org.hk www.amnesty.org.hk Irlande Amnesty International Sean MacBride House 48 Fleet Street Dublin 2 info@amnesty.ie www.amnesty.ie Islande Amnesty International ingholtsstrti 27 101 Reykjavk amnesty@amnesty.is www.amnesty.is Isral Amnesty International PO Box 14179 Tel-Aviv 61141 info@amnesty.org.il www.amnesty.org.il Italie Amnesty International Via Giovanni Battista De Rossi10 00161 Rome info@amnesty.it www.amnesty.it

Japon Amnesty International 7F Seika Bldg. 2-12-14 Kandaogawamachi Chiyoda-ku Tokyo 101-0052 info@amnesty.or.jp www.amnesty.or.jp Luxembourg Amnesty International 23 rue des Etats-Unis L-1019 Luxembourg info@amnesty.lu www.amnesty.lu Maroc Amnesty International 281, avenue Mohamed V Apt. 23, escalier A Rabat amorocco@sections.amnesty.org www.amnestymaroc.org Maurice Amnesty International BP 69 Rose-Hill amnestymtius@erm.mu Mexique Amnista Internacional Tajn No. 389 Col. Narvarte Delegacin Benito Jurez C.P. 03020 Mexico D.F. info@amnistia.org.mx www.amnistia.org.mx Npal Amnesty International PO Box 135 Amnesty Marga Basantanagar, Balaju Katmandou info@amnestynepal.org www.amnestynepal.org Norvge Amnesty International Grensen 3 0159 Oslo info@amnesty.no www.amnesty.no Nouvelle-Zlande Amnesty International PO Box 5300 Wellesley Street Auckland 1141 info@amnesty.org.nz www.amnesty.org.nz

Paraguay Amnista Internacional Manuel Castillo 4987 esq. San Roque Gonzlez Barrio Villa Morra Asuncin ai-info@py.amnesty.org www.amnesty.org.py Pays-Bas Amnesty International Keizersgracht 177 1016 DR Amsterdam amnesty@amnesty.nl www.amnesty.nl Prou Amnista Internacional Enrique Palacios 735-A Miraflores Lima 18 amnistia@amnistia.org.pe www.amnistia.org.pe Philippines Amnesty International 18-A Marunong Street Barangay Central Quezon City 1100 section@amnesty.org.ph www.amnesty.org.ph Pologne Amnesty International ul. Pikna 66a, lokal 2, I pitro 00-672 Varsovie amnesty@amnesty.org.pl www.amnesty.org.pl Porto Rico Amnista Internacional Calle Robles 54 Buzon 6 Ro Piedras PR 00925 amnistiapr@amnestypr.org www.amnistiapr.org Portugal Amnistia Internacional Av. Infante Santo, 42, 2 1350 - 179 Lisbonne aiportugal@amnistia-internacional.pt www.amnistia-internacional.pt Rpublique tchque Amnesty International Provaznick 3 110 00 Prague 1 amnesty@amnesty.cz www.amnesty.cz

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Royaume-Uni Amnesty International The Human Rights Action Centre 17-25 New Inn Yard Londres EC2A 3EA sct@amnesty.org.uk www.amnesty.org.uk Sngal Amnesty International 303/GRD Sacr-Cur II Rsidence Arame SIGA BP 35269 Dakar Colobane asenegal@sections.amnesty.org www.amnesty.sn Sierra Leone Amnesty International 42 William Street Freetown amnestysl@gmail.com Slovnie Amnesty International Beethovnova 7 1000 Ljubljana amnesty@amnesty.si www.amnesty.si Sude Amnesty International PO Box 4719 11692 Stockholm info@amnesty.se www.amnesty.se Suisse Amnesty International Speichergasse 33 CH-3011 Berne info@amnesty.ch www.amnesty.ch Taiwan Amnesty International 3F., No. 14, Lane 165, Sec.1 Sinsheng S. Rd Da-an District Taipei City 106 secretariat@amnesty.tw www.amnesty.tw Togo Amnesty International 2322, avenue du RPT Quartier Casablanca BP 20013 Lom contact@amnesty.tg www.amnesty.tg

Tunisie Amnesty International 67, rue Oum Kalthoum 3e tage, escalier B 1000 Tunis admin-tn@amnesty.org Uruguay Amnista Internacional San Jos 1140, piso 5 C.P. 11.100 Montevideo oficina@amnistia.org.uy www.amnistia.org.uy Venezuela Amnista Internacional Torre Phelps piso 17 Oficina 17 A Av. La Salle Plaza Venezuela Los Caobos Caracas 1050 info@aiven.org www.aiven.org Zimbabwe Amnesty International 56 Midlothean Avenue Eastlea Harare amnestyinternational.zimbabwe@gmail.com

Moldavie Amnesty International PO Box 209 MD-2012 Chiinu info@amnesty.md www.amnesty.md Mongolie Amnesty International Sukhbaatar District, Baga Toirog 44 Oulan-Bator 210648 aimncc@magicnet.mn www.amnesty.mn Thalande Amnesty International 90/24 Lat Phrao Soi 1 Jomphol, Chatuchak Bangkok 10900 info@amnesty.or.th www.amnesty.or.th Turquie Amnesty International Hamalba Cd. No: 22 Dkkan 2-D2-D3-D4 34425 Beyolu Istanbul posta@amnesty.org.tr www.amnesty.org.tr

LES ENTITS NATIONALES DAMNESTY INTERNATIONAL


Afrique du Sud Amnesty International 11th Floor, Braamfontein Centre 23 Jorissen Street 2017 Braamfontein Johannesburg info@amnesty.org.za www.amnesty.org.za Bnin Amnesty International 01 BP 3536 Cotonou info@aibenin.org www.amnesty.bj Brsil Amnesty International Praa So Salvador, 5-Casa Laranjeiras 22.231-170, Rio de Janeiro contato@anistia.org.br www.anistia.org.br

LES STRUCTURES DAMNESTY INTERNATIONAL


Hongrie Amnesty International Rzsa u. 44, II/4 1064 Budapest info@amnesty.hu www.amnesty.hu Malaisie Amnesty International D-2-33A, 8 Avenue Jalan Sungai Jernih 8/1, Section 8 46050 Petaling Jaya Selangor aimalaysia@aimalaysia.org www.aimalaysia.org Mali Amnesty International Immeuble Soya Bathily Route de laroport 24 rue Kalabancoura BP E 3885 Bamako amnesty.mali@ikatelnet.net

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Inde Amnesty International 1074/B-1, First Floor, 11th Main HAL 2nd Stage, Indira Nagar, Bangalore, Karnataka, 560 008 amnestyindia@amnesty.org www.amnesty.org.in Kenya Amnesty International Suite A3, Haven Court, Waiyaki Way Westlands, P.O. Box 1527 00606 Sarit Centre, Nairobi amnestykenya@amnesty.org Slovaquie Amnesty International Karpatska 11 811 05 Bratislava amnesty@amnesty.sk www.amnesty.sk Ukraine Amnesty International Olesya Honchara str, 37A, office 1, Kyev 01034 info@amnesty.org.ua www.amnesty.org.ua

LES MEMBRES INTERNATIONAUX DAMNESTY INTERNATIONAL


Il existe aussi des membres internationaux dans plusieurs pays et territoires travers le monde. Vous trouverez plus dinformations ladresse www.amnesty.org/fr/join ou par courriel : mobilization@amnesty.org

SI Dakar Bureau ducation aux droits humains en Afrique dAmnesty International SICAP Sacr-Cur Pyrotechnie Extension Villa No. 22 BP 47582 Dakar Sngal isdakaroffice@amnesty.org www.africa-hre.org SI Genve Reprsentation dAmnesty International auprs des Nations unies 22, rue du Cendrier, 4e tage 1201 Genve Suisse uaigv@amnesty.org SI Hong Kong Bureau rgional Asie-Pacifique dAmnesty International 16/F Siu On Centre 188 Lockhart Rd Wan Chai, Hong Kong admin-ap@amnesty.org SI Johannesburg Amnesty International Ground Floor, 3 on Glenhove, Melrose Estate Johannesburg Afrique du Sud adminjoburg@amnesty.org SI Kampala Bureau rgional Afrique dAmnesty International Plot 20A Kawalya Kaggwa Close PO Box 23966, Kampala Ouganda ai-aro@amnesty.org SI Moscou Bureau de Russie dAmnesty International PO Box 212 Moscou 119019 Russie msk@amnesty.org www.amnesty.org.ru SI New York Reprsentation dAmnesty International auprs des Nations unies 777 UN Plaza, 6th Floor New York, NY 10017 tats-Unis dAmrique aiunny@amnesty.org SI Paris Paris Research Office 76 boulevard de la Villette 75940 Paris Cedex 19 France pro@amnesty.org

LES BUREAUX DAMNESTY INTERNATIONAL


Secrtariat International (SI) Amnesty International Peter Benenson House 1 Easton Street Londres WC1X 0DW Royaume-Uni amnestyis@amnesty.org www.amnesty.org Centre de ressources linguistiques (AILRC) dAmnesty International
Sige

LES PARTENARIATS STRATGIQUES DAMNESTY INTERNATIONAL

Le projet de partenariats stratgiques est men par lUnit charge de la croissance dAmnesty International. Il a pour objectif de faire crotre le militantisme et son impact sur la situation des droits humains dans les pays dpourvus dentits dAmnesty International, en crant des partenariats avec des ONG locales. Il vise aussi accrotre la visibilit dAmnesty International et de ses partenaires stratgiques, et mettre en place dans ces pays des plateformes pour traiter les questions intressant lorganisation. Amnesty International avait en 2012 des partenaires stratgiques dans les pays suivants : Cambodge, Hati, Indonsie, Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan, Roumanie et Timor-Leste. Pour plus dinformations sur les partenariats stratgiques, veuillez vous adresser Strategic_Partnerships_Team@amnesty.org

Calle Valderribas 13 28007 Madrid Espagne AILRC@amnesty.org www.amnesty.org/ar (arabe) www.amnesty.org/es (espagnol)
Unit charge de la langue franaise (AILRC-FR)

47 rue de Paradis - Bt.C 75010 Paris France www.amnesty.org/fr Amnesty International Association europenne Rue de Trves 35 Bote 3 1040 Bruxelles Belgique amnestyIntl@amnesty.eu www.amnesty.eu SI Beyrouth Bureau rgional Afrique du Nord et Moyen-Orient dAmnesty International PO Box 13-5696 Chouran Beyrouth 1102 - 2060 Liban mena@amnesty.org www.amnestymena.org

Amnesty International - Rapport 2013

349

InDex thmatique
Cet index a t labor partir des intertitres figurant dans les entres pays. Il sagit dun outil de navigation, et non dun recensement des proccupations dAmnesty International dans tel ou tel pays ou territoire.

D
Dfenseurs des droits humains
Afrique du Sud; Algrie; Autorit palestinienne; Bahren; Blarus; Brsil; Burundi; Cambodge; Cameroun; Chine; Chypre; Colombie; thiopie; Guatemala; Guine quatoriale; Honduras; Inde; Iran; Malawi; Maldives; Mexique; Paraguay; Prou; Rpublique dmocratique du Congo; Russie; Sri Lanka; Tchad; Venezuela

Dtention sans procs


Isral et territoires palestiniens occups; Jordanie; Mozambique; Tchad

A
Arrestations et dtentions arbitraires
Angola; Autorit palestinienne; Chine; Core du Nord; thiopie; Gambie; Guine quatoriale; Iran; Libye; Malaisie; Mali; Mozambique; Myanmar; Rpublique dmocratique du Congo; Sri Lanka; Tchad; Ymen; Zimbabwe

Discrimination
Albanie; Allemagne; Arabie saoudite; Autriche; Belgique; Bosnie-Herzgovine; Bulgarie; Chili; Croatie; gypte; Espagne; Estonie; France; Gorgie; Grce; Hongrie; Iran; Italie; Jordanie; Kowet; Lettonie; Lituanie; Macdoine; Mexique; Moldavie; Montngro; Namibie; Npal; Norvge; Pakistan; Pays-Bas; Qatar; Rpublique dominicaine; Rpublique tchque; Roumanie; Russie; Serbie; Slovaquie; Slovnie; Sude; Suisse

C
Chtiments cruels, inhumains ou dgradants
Arabie saoudite; Brsil; Iran; Moldavie; Tchad

Discrimination les Roms


Albanie; Bulgarie; Grce; Hongrie; Italie; Macdoine; Rpublique tchque; Roumanie; Serbie; Slovaquie; Slovnie

Conditions carcrales / Conditions de dtention


Argentine; Autorit palestinienne; Belgique; Bnin; Burundi; Cameroun; tats-Unis; Gambie; Grce; Honduras; Irlande; Isral et territoires palestiniens occups; Liberia; Mozambique; Namibie; Rpublique dmocratique du Congo; Suisse; Tchad; Togo; Trinitet-Tobago; Turkmnistan; Uruguay; Venezuela

Disparitions forces
Albanie; Algrie; Angola; Bangladesh; BosnieHerzgovine; Chypre; Core du Nord; Gambie; Guine quatoriale; Laos; Liban; Mauritanie; Mexique; Pakistan; Philippines; Serbie; Sri Lanka; Syrie; Tchad; Turkmnistan

Conflit arm (voir aussi Conflit arm interne)


Somalie; Soudan; Soudan du Sud; Ymen

Conflit arm interne


Colombie; Myanmar; Thalande

Droit la sant
Afrique du Sud; Burkina Faso; tats-Unis; Guyana; Irlande; Npal; Philippines; Sierra Leone

Conflits fonciers
Laos; Myanmar

Droit lducation
Mali; Rpublique tchque; Roumanie; Slovaquie

Crimes de droit international


Bosnie-Herzgovine; Croatie; Espagne; Macdoine; Montngro; Serbie; Syrie 350

Droit de circuler librement


Core du Nord; Isral et territoires palestiniens occups; Turkmnistan
Amnesty International - Rapport 2013

Droits des enfants


tats-Unis; Jamaque; Nigeria; Nouvelle-Zlande

volutions lgislatives, constitutionnelles ou institutionnelles

Droits des femmes


Afrique du Sud; Algrie; Arabie saoudite; Argentine; Bolivie; Bosnie-Herzgovine; Brsil; Canada; gypte; tats-Unis; Indonsie; Kowet; Liban; Libye; Maroc et Sahara occidental; Nigeria; Nouvelle-Zlande; Oman; Swaziland; Timor-Leste; Tunisie

Afrique du Sud; Belgique; Estonie; France; Irlande; Italie; Norvge; Nouvelle-Zlande; Pays-Bas; Suisse; Swaziland

Exactions perptres par des groupes arms

Droits des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres ou intersexues
Afrique du Sud; Albanie; Bahamas; BosnieHerzgovine; Bulgarie; Cameroun; Gorgie; Ghana; Grce; Guyana; Hongrie; Iran; Italie; Jamaque; Liban; Liberia; Lituanie; Malawi; Malte; Nigeria; NouvelleZlande; Ouganda; Serbie; Slovaquie; Taiwan; Trinitet-Tobago; Turquie; Ukraine; Uruguay; Zimbabwe

Afghanistan; Algrie; Autorit palestinienne; Colombie; Irak; Mali; Npal; Niger; Pakistan; Rpublique centrafricaine; Rpublique dmocratique du Congo; Russie; Somalie; Syrie; Turquie

Excutions extrajudiciaires

Afrique du Sud; Bangladesh; Burundi; Guine; GuineBissau; Guine quatoriale; Inde; Mali; Mexique; Syrie; Zimbabwe

Expulsions forces

Droits des migrants (voir aussi Rfugis, personnes dplaces, demandeurs dasile et migrants)
Core du Sud; tats-Unis; Jordanie; Mauritanie; Mexique; Rpublique dominicaine; Rpublique tchque

Angola; Cambodge; Chine; gypte; thiopie; France; Hati; Isral et territoires palestiniens occups; Kenya; Mongolie; Nigeria; Papouasie-Nouvelle-Guine; Portugal; Rpublique dominicaine; Tchad; Zimbabwe

H
Homicides illgaux
Albanie; Guine-Bissau; Italie; Libye; Madagascar; Mozambique; Nigeria; Pakistan; Philippines

Droits des peuples autochtones / indignes


Argentine; Australie; Bangladesh; Bolivie; Canada; Chili; Colombie; quateur; Guatemala; Mexique; Paraguay; Prou; Taiwan

I
Impunit
Algrie; Argentine; Autorit palestinienne; Bahren; Bolivie; Brsil; Burkina Faso; Burundi; Chili; Colombie; Cte dIvoire; gypte; tats-Unis; Guatemala; Guine; Hati; Inde; Indonsie; Isral et territoires palestiniens occups; Kenya; Kirghizistan; Liban; Liberia; Libye; Madagascar; Myanmar; Npal; Panama; Prou; Philippines; Rpublique dmocratique du Congo; Rpublique dominicaine; Rwanda; Salvador; Suriname; Syrie; Timor-Leste; Togo; Turquie; Ukraine; Uruguay; Venezuela; Ymen

Droits des travailleurs


Arabie saoudite; Bangladesh; Chine; Core du Sud; Npal; Qatar

Droits en matire de logement


Albanie; Belgique; Brsil; Espagne; Ghana; Rpublique tchque; Roumanie; Slovaquie

Droits sexuels et reproductifs


Chili; Honduras; Nicaragua; Prou; Pologne; Rpublique dominicaine; Roumanie; Salvador; Uruguay

J
Justice / Justice nationale
Autorit palestinienne; Bolivie; Bosnie-Herzgovine; Burundi; Chine; Cte dIvoire; Fidji; Ghana; Hati; Honduras; Hongrie; Jamaque; Japon; Liberia; Libye; Nigeria; Paraguay; Russie; Salvador; Sierra Leone; Sri Lanka; Taiwan; Trinit-et-Tobago; Ukraine 351

E
Enfants soldats
Mali; Rpublique dmocratique du Congo; Somalie; Tchad
Amnesty International - Rapport 2013

Justice de transition / transitionnelle


Maroc et Sahara occidental; Npal; Tunisie

M
Morts en dtention
Afrique du Sud; Cte dIvoire; France; Irak; Syrie; Tadjikistan

Justice internationale
Allemagne; Autriche; Bosnie-Herzgovine; Cambodge; Cte dIvoire; Croatie; Finlande; Kenya; Mongolie; Niger; Norvge; Ouganda; Pays-Bas; Rpublique dmocratique du Congo; Rwanda; Salvador; Sngal; Serbie; Soudan; Tchad; Ukraine

O
Obligation de rendre des comptes
Fidji; Maldives; Soudan du Sud; Sri Lanka; Tadjikistan

L
Libert de religion et de conviction
rythre; Indonsie; Iran

P
Peine de mort
Afghanistan; Algrie; Arabie saoudite; Autorit palestinienne; Bahamas; Bahren; Bangladesh; Blarus; Bnin; Cameroun; Chine; Core du Nord; Core du Sud; gypte; mirats arabes unis; tats-Unis; Gambie; Ghana; Guatemala; Guine; Guyana; Inde; Indonsie; Irak; Iran; Jamaque; Japon; Jordanie; Kenya; Kowet; Lettonie; Liban; Liberia; Libye; Madagascar; Malaisie; Maldives; Mali; Maroc et Sahara occidental; Mauritanie; Mongolie; Myanmar; Nigeria; Oman; Ouganda; Pakistan; Qatar; Rpublique dmocratique du Congo; Sierra Leone; Singapour; Somalie; Soudan; Soudan du Sud; Swaziland; Syrie; Taiwan; Tanzanie; Thalande; Trinit-et-Tobago; Tunisie; Vit-Nam; Ymen

Libert de runion et dassociation


Algrie; Angola; Autorit palestinienne; Azerbadjan; Bahren; Blarus; Core du Sud; Cuba; gypte; mirats arabes unis; quateur; Fidji; Gorgie; Iran; Isral et territoires palestiniens occups; Jordanie; Kowet; Libye; Malaisie; Maroc et Sahara occidental; Myanmar; Namibie; Oman; Ouganda; Russie; Rwanda; Singapour; Soudan; Tanzanie; Turkmnistan; Zimbabwe

Libert dexpression (voir aussi Rpression de la dissidence)


Afghanistan; Algrie; Angola; Armnie; Autorit palestinienne; Azerbadjan; Blarus; Bnin; Bolivie; Burundi; Cambodge; Cameroun; Core du Nord; Core du Sud; Cte dIvoire; Cuba; gypte; mirats arabes unis; quateur; thiopie; Fidji; Gambie; Gorgie; Grce; Guine-Bissau; Guine quatoriale; Hongrie; Inde; Indonsie; Iran; Isral et territoires palestiniens occups; Jordanie; Kazakhstan; Kowet; Laos; Liban; Libye; Macdoine; Madagascar; Malaisie; Malawi; Maroc et Sahara occidental; Mauritanie; Montngro; Myanmar; Nigeria; Oman; Ouganda; Ouzbkistan; Pakistan; Pologne; Porto Rico; Rpublique dmocratique du Congo; Rpublique dominicaine; Russie; Rwanda; Sngal; Serbie; Singapour; Somalie; Soudan; Soudan du Sud; Sri Lanka; Swaziland; Syrie; Tadjikistan; Taiwan; Tanzanie; Tchad; Thalande; Togo; Tunisie; Turkmnistan; Turquie; Vit-Nam; Zimbabwe

Police et forces de scurit


Angola; Autriche; Bahamas; Canada; Chili; Chypre; Danemark; Guyana; Indonsie; Irlande; Jamaque; Mozambique; Prou; Porto Rico; Rpublique dominicaine; Royaume-Uni; Sierra Leone; Suisse; Timor-Leste; Trinit-et-Tobago

Prisonniers dopinion
Angola; Azerbadjan; Bahren; Blarus; Congo; Cuba; rythre; Finlande; Guine quatoriale; Mauritanie; Rpublique centrafricaine; Rwanda; Vit-Nam

Prisonniers politiques
rythre; Mauritanie; Soudan du Sud

Lutte contre le terrorisme et scurit


Algrie; Allemagne; Arabie saoudite; Canada; Danemark; Espagne; tats-Unis; Finlande; Irak; Italie; Lituanie; Macdoine; Maroc et Sahara occidental; Mauritanie; Ouzbkistan; Pologne; Roumanie; Royaume-Uni 352

Procs inquitables
Belgique; gypte; Iran; Jordanie; Kazakhstan; Kirghizistan; Liban; Mongolie; Rpublique dmocratique du Congo; Rwanda; Swaziland; Turquie
Amnesty International - Rapport 2013

R
Racisme
Autriche; Espagne

Rfugis, personnes dplaces, demandeurs dasile et migrants

Afghanistan; Afrique du Sud; Allemagne; Arabie saoudite; Australie; Autriche; Bahamas; Belgique; Bulgarie; Canada; Chine; Chypre; Congo; Core du Sud; Cte dIvoire; Danemark; gypte; rythre; Espagne; Estonie; tats-Unis; Finlande; France; Ghana; Grce; Hati; Hongrie; Irak; Isral et territoires palestiniens occups; Italie; Japon; Jordanie; Kazakhstan; Kenya; Kowet; Lettonie; Liban; Liberia; Libye; Macdoine; Malaisie; Malte; Maroc et Sahara occidental; Mauritanie; Mexique; Montngro; Myanmar; Npal; Nouvelle-Zlande; Norvge; Ouganda; Pays-Bas; Pologne; Qatar; Rpublique dmocratique du Congo; Rpublique dominicaine; Rpublique tchque; Royaume-Uni; Rwanda; Serbie; Somalie; Soudan; Soudan du Sud; Sri Lanka; Sude; Suisse; Syrie; Tanzanie; Thalande; Turquie; Ukraine; Ymen

rythre; Espagne; thiopie; Fidji; France; Grce; Guine; Guine-Bissau; Irak; Iran; Isral et territoires palestiniens occups; Italie; Jordanie; Kazakhstan; Kirghizistan; Kowet; Liban; Libye; Macdoine; Maldives; Mali; Maroc et Sahara occidental; Mauritanie; Mexique; Moldavie; Npal; Nicaragua; Niger; Nigeria; Ouganda; Ouzbkistan; Philippines; Portugal; Qatar; Rpublique dmocratique du Congo; Royaume-Uni; Russie; Sngal; Singapour; Slovaquie; Soudan du Sud; Sri Lanka; Sude; Swaziland; Syrie; Tadjikistan; Togo; Tunisie; Turkmnistan; Turquie; Ukraine

Traite dtres humains


rythre

U
Utilisation excessive de la force
Afrique du Sud; Bahren; Cambodge; gypte; tats-Unis; thiopie; Finlande; Grce; Guine; Inde; Kazakhstan; Malaisie; Maldives; Mexique; Mozambique; Panama; Portugal; Rpublique centrafricaine; Roumanie; Sngal; Serbie; Sri Lanka; Syrie; Tanzanie; Togo; Turquie; Ymen

Rpression de la dissidence

Arabie saoudite; Gambie; Maroc et Sahara occidental; Syrie; Ymen

V
Violences faites aux femmes et aux filles (voir aussi Droits des femmes et Droits des enfants)
Afghanistan; Afrique du Sud; Autorit palestinienne; Bahamas; Bangladesh; Colombie; Danemark; Espagne; Finlande; Ghana; Guyana; Hati; Inde; Irlande; Italie; Jamaque; Japon; Jordanie; Liberia; Mali; Mexique; Namibie; Nicaragua; Norvge; Pakistan; Papouasie-Nouvelle-Guine; Portugal; Qatar; Rpublique centrafricaine; Rpublique dmocratique du Congo; Rpublique dominicaine; Royaume-Uni; Suisse; Tadjikistan; Tanzanie; Tchad; Trinit-et-Tobago; Turquie; Venezuela

Responsabilit des entreprises

Canada; Cte dIvoire; Guatemala; Inde; Sierra Leone; Suisse

S
Sant maternelle
Afrique du Sud; Burkina Faso; Npal

Surveillance internationale

Colombie; Core du Nord; Lettonie; Lituanie; Portugal; Venezuela

Violences intercommunautaires

T
Torture et autres mauvais traitements
Albanie; Allemagne; Arabie saoudite; Argentine; Armnie; Autorit palestinienne; Autriche; Azerbadjan; Bahren; Bangladesh; Bulgarie; Burkina Faso; Congo; Cte dIvoire; Danemark; gypte; mirats arabes unis;

Bangladesh; Inde; Kenya; Myanmar; Nigeria; Soudan du Sud

Amnesty International - Rapport 2013

353

AMNESTYINTERNATIONAL-RAPPORT2013 LASITUATIONDESDROITSHUMAINSDANSLEMONDE
Le Rapport 2013 dAmnesty International rend compte de la situation des droits humains en 2012 dans 159 pays et territoires. Tout en proclamant leur attachement au respect des droits humains, les tats ont continu de brandir les arguments de lintrt de la nation et de la scurit nationale et dutiliser les problmes de scurit publique pour justifier leurs propres violations de ces droits. Face cela, des hommes et des femmes dans le monde entier sont descendus dans la rue et ont utilis la force explosive des mdias sociaux pour mettre nu la rpression, la violence et linjustice. Pour certains, les consquences ont t trs lourdes. Dans bien des pays, ces personnes ont t tranes dans la boue, incarcres, frappes. Individuels ou collectifs, de nombreux actes de courage et de rsistance ont continu de faire progresser le combat en faveur des droits humains et ont empch les tats et ceux qui ont de gros intrts dfendre de mener leurs activits labri des regards. Ce rapport est le tmoignage du courage et de la dtermination des hommes et des femmes qui, dans toutes les rgions du monde, se sont levs pour exiger le respect de leurs droits et proclamer leur solidarit avec ceux dont les droits taient bafous. Il montre que, malgr tous les obstacles placs sur son chemin, le mouvement des droits humains ne cesse de grandir et de se renforcer, et que lespoir quil fait natre chez des millions de personnes demeure une puissante force de changement.

ISSN : 0252-8312 ISBN : 978-2-8766-6189-9

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