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Becassine Voyage

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^an^

"diion

de la Semaine de Suzette

BCASSINE

VOYAGE
Texte
de M.-L.

Illustrations de

CAUMERY J. PINCHON

LIBRAIRIE HENRI GAUTIER GAUTIER ET LANGUEREAU. diteurs


55, QUAI

DES GRANDS-AUGUSTINS, 55

PARIS

EJV

VEMTE
L'Enfance de Bcassine
BCASSINE EN APPRENTISSAGE BCASSINE PENDANT LA GUERRE BCASSINE CHEZ LES AlLIS
i

Album.

bcassine mobilise
bcassine chez les turcs

Les Cent Mtiers de Bcassine


bcassine voyage

L'Alphabet de Bcassine
I

yh4S
651857
xo
z.

Si

Tous droits de reproduotion, de traduclion, d'aiiaptalion et de reprt-seii talion rservs


pour tous pays. Copyright Ly Gautier
cl

Languereau, 1921.

BCASSINE

VOYAGE

Nous avons laiss Bcassine en Bretagne, chez la comtesse de Kercoz, amie de la mar(|uise de Grand-Air; c'est l (|ue nous la retrouvons l'automne de 1920. Un rapide regard nous montre l'une des (enctres du chteau sa bonne ligure plus ronde et plus joulHue que jamais.

M"" de Grand-Air et iM> de Kercoz docteur Salvat, mdecin du bourg voisin; l'entretien doit rouler sur un grave sujet, car es visages sont soucieux.
Dans
le

jardin,
le

causent avec

Mon cher docteur, dit M" de Grand-Air, vous savez notre intrt aflectneux ponr Bcatsine, eh bien, sa sant nonl inquite. Pat jpo**ble faitle docteur. Jel'ai rencontre hier an vuIkk, elle a une mine /^/"^^r^y superbe.

inquite, c'est l'excs

marquise, ce qui nous de sa sant. Du reste, M""" de Kercoz va vous exposer les faits. Tous trois s'assoient et la chtelaine coir/nence son

Justement,

insiste la

mPme

rcit.

Bcassine est entre chez elle, il y a quelques semaines, en qualit de cuisinire. Tout a bien march d'abord, puis brusquement la brave lille a commenc manifester une
agitation extraordinaire.

Tantt, raconte sa matresse, elle expdie sa beso avec une frnsie dangereuse pour la vaisselle, jonglant avec les plats et les assiettes, et malheureusement en jongleur oui ne russit pas souvent ses tours. Tantt elle semble avoir un trop-plein de force et d'activit dpenser.

^e

''"i.ss.i

iiisiru-

iios

gamliiics et

^u-s

contorsions

hi/.arrt^s.

D'autros fois, elle s'escrnne conlrv les murs, au grand Jomture: le jeune garon boucher a mme failli iHre borgn par des essais d'atciu'elle fai.-iail avec la broche de la nMissoipe.

mage de leur pein


*

nque et de parade

UNE TRANGE DMARCHE

a Des faits de ce genre, continue M"" de Kercoz, je pourrais, docteur, vous en raconter jusqu' demain, ilsnous font craindre... Ici, elle s'arrte, consulte du regard M'"^ de Grand-Air, cpii lui fait signe de dire toute sa pense. Us nous font craindre, rat prend-elle en baissant la voix...

pauvre fille ait l'es... et en se touchant le front du doigt, que la "^''Nt) prit drang. -Mais non, maie non, proteste le docteur, optimiste, elle s'ankyiose et elle combat l'ankylose, voil tout. Et il dveloppe son' diagnostic

pendant cinq ans, Bcassine a men une vie da grand air, remplie d'a\entures. Sans transition, elle s'est trouve confine prs de son fourneau. D'abord elle a engraiss exagrment, puis elle a t prise du besoin de ragir par des
exercices violents.

La lutte co ntre
.

,,

l'ankylose,
I

rej>ele le docteur, mais chut VOICI, je vais l'examiner.

la
s avance en effet, portant un plateau sur lequel le th est prpar. Regardezla. fait M" de Grand-Air, d'une voix o la surprise se mlange l'inquitude.

Bcassme

^.

.'isage

douloureu-sement

con-

tract, les

jambes raides, tout le corps tendu, Bcassine marche sur l'extrme

elle

pointe de ses pieds; a peine garder son quilibre.

^'lce

Et l'invitable se produit .\yant but sur un caillou, elle s'abat contre la table. quoi le vtement du docteur est constell du contenu du pat de crme. Maladroite, s'crie M. Salvat, pourquoi, diantre, marchez-vous de cette bizarre faon? C'est pour mieux respirer, m'sieu le docteur. Et Bcassine confie M. Salvat que...

malgr fentres ouvertes et courants d'air, elle suffoque dans sa cuisine, a Alors, ce matin mme, j'ai lu dans le journal que le secret de bien respirer c'est de marcher...
...

...sur la pointe des pieds. C'est, parat-il, un grand sa-

vant qui a dcouvert a. J'ai essay et c'est vrai que mes "inmons vont bien mieux...

i
QUI BIEN SE PSE

wiJ^seulement, le grand savant, il ne pouvait pas deviner que son traitement, a n'est pas uon pour les plateaux de th et les vtements. Cette explication calme et amuse le docteur. Il pose (pielques /.,^__^' questions Bcassine, lui tait /^"^Ca^^ ^"i^ ^ _ j.x! . (irer la _ langue. .,
,

...

lui

tUi

le.

pouls, puis se tournant vers la


:

C'est bien ce que je oomtesse et la marquise pensai* dit-il, rien de Brave. Elle s'ankylose, et mon ^ Ah n faut l'empcher de_8nkyloser. Dieu! fait Bcas

prAter attention, le docteur pourfaut chaque jour une bonne promenade 4J'une ou deux heure. Poutei-vous commeni'auloriser, madame la comtes*, i)ui, le Iraitemenl cer tout de suite

Sans
;

lui

suit

lui

rpond
d'aide fera le r oreille

M"deKerc<;U(Ule
Et se penchant
elle

dlaer.

consterne.

du docteur,

ajoute

Et voici bcsans doute mme sera-t-il meilleur. Puis haute voix, elle reprend : Allez vous promener, ma bonne Bcassine, vous avez cong jusqu' ce soir. Bien le merci, madame la comtesse.

^- ^c.issine

dans

la
...j'en aie le cujur net. EUe court, elle galope plutt par un sentier de raccourci, vers un village situ sur In grand'route. Comme une trombe, elle entre dans le magasin d'un marchand grainier. t Mon sieur Toumesol, ce serait-il un elTt t de votre bont de m'auto-

Le dtner n'y perdra

rien,

ligure est toujours peinte la consternation qui l'a saisie en entendant certaine parole du docteur. Je sais bien

campagne. Sur sa

que

J'ai engraiss,

mme,
c'i^tait

je

_,-

monologue-t-elle; tout de
v^

ne crojraispasque

que...

riser

me servir bascule t

votre

.\

vulri'

dispositii>ii.

in.iin'zrlli'

lli'-

<^^5I^
Enfin voil le flau immobile, bien horizontal.' I.aboricusomont, Bcassine fait l'addition des quand elle a achev soa opration, elle s'crie d'un ton triomphant :
poids, et

cassinu.

Bca.ssinc monte sur la bascule, dispose les poids... Elle on a trop mis. elle doit en retirer, en retirer encore, et chaque fois qu'elle en enlve un, son visage se

rasst^rone.

l.ommi' exagrant. mdecins... l ^_^_ bon M. Salvat qui |<rt'iend que je crnl kUce, et je ne pAse que 70 .\yant savour sa satiafaction, elle ajoute : < Tout de mf me, <fml eacore trop, faudra que quelqu'un de saTuit me donne des ides pour m'allger.
1
-

LES IDEES DE PIERRE KIROUL

Tout occupe de ses


calculs,
sine n'avait pas remarqu qu'elle n'tait plus seule aans la boutique. Elle sursauta et se retourna vive-

^^^ "

Bcas-

Vous demanides.
c'est

faisant contraste avec

Sans s'arrcttr a-^terruption,

in:

Les ides
>

ment en enten- ^ggL


quelqu'un
dire
:

dant
lui

ma spcialit. Celui qui parlait ainsi avait une


bonne
se,
fi

-^^^^ ^"
'

un bizarre toupet de cheveux blancs qui couronnait son front haut et dgarni. l se prsenta Pierre Kiroul, venu entre deux trains, avant un long voyage, pour faire mes adieux
.

Voyons,

il

continua s'agit de vous allde vous ddonc ger, barrasser de votre Qu'est-ce prai.sse.
Pierre

gure rieu
l'expression

ma tante, la comtesse
de
Kercoz. Ehen voil un hasard ! s'ex clama Bcas!

qui d-

~-'

g raisse.
I

e
7

trs
jeunp

mieux
de

l.aben-

Buvez

Pouah

la

benzine.
xfil

Bcassine,
avec une forte grimace

Bon, reprit Pierre, en tirant son toupet d'un geste qui lui

Que diriez-vous d'avaler quelques litres d'un gaz


.

Bcassine,

d'al)ord

cITare,

commenait s'amuser beaucoup


sentait prise d'une vive sympathie pour cet original qui voulait la transformer en ballon.
et se

Tout en causant,
seuil de la boutique. vit un spectacle qui

ils

gagnrent

le

tait

familier,

cette ide est


lais-

extrmement

compltement stupide;

sons-la...

que l'hydrogne?... Mais non, vous vous envoleriez dans les airs, comme un ballon. Cette ide aussi est compltement stupide.
lger,
tel

Et notre hrone
la

plongea dans

une profonde stupfaction.

c^
la voiture dans laquelle Pierre tait venu gare, avait sorti son cheval des brancards, et maintenant

Le cocher de

de la
il

l'at!

telait l'arrire
disait-il

de la Victoria.

En ont-ils des ides,


:

ces Parisiens

au grainier, M. Tournesol, que l'opration semblait intresser vivement. Bcassine dem,inda Qu'est-ce qu'il fait?

C'est encore une ide moi. J'ai horreur du vent et de la poussire: comme j'avais le vent et la poussire dans la figure, je fais retourner la voiture. Une bonne ide, hein? Pour en juger, montez avec moi, si nous allons dans la mme direction. Bcassine dit qu'elle allait Kercoz, o elle tait en place, et son tour...

Et Pierre expliqua

DEUX GRANDS VOYAGEURS

admira le hasard qui les runissait. Cepenlaborieux attelage tait achev. Les voyageurs s'inslallrenl et, lentement, le vhicule se remit en ^jnarche. Le cocher s'tait juch sur son sige, bougonnant cau.se de sa position in( DUimode.
...

Pierre
le

dant,

vent, observa l'iene, niai.> un a les pieds de ce bonhomme dans le nez, ses guides sur la tte. C'est plus gnant encore. Mon ide est compltement slupide...

bonii''

(.'rnssi'

ligure avai;

,;

gion

(!'

ii.ivr-'ment,

on aurait

dit

un enfant

prt [iKur.T. Bcassine lui proposa

de desrendrcel

de suivre

...

la

voilure pied.ainsi

on

serait

i\rHbn.Et

elle r-

suma sa pensoen cette


mule

forsaisis.sante: Pour no pa.'<avoir'de vent en voiture, iln'y a lu' nepasseniettro dans la voiture. c'est vrai ! s'cria Pierre

Comme
descendi-

enthousiasm.
rent.

Ils

Vous, vous avez des ides


reprit-il,

intelligentes,

les

miennes sont compltement


stupidcs.

trop loni Et je sais pourquoi: c'est parce qu'il y a suis temps que je n'ai pas fait un voyage, un vrai. Je vous compltement stupide quand je ne voyage pas.fct Si je les aime Il y avaii aimez-vous les voyages? pronona ces de l'extase dans la faon dont Bcassine raconta ses mots. A la demande de son compagnon, elle ctiei prgrinations du temps de la guerre, sa captivit les Turcs, son vasion dos de chameau.

Pierre coup.iil son rtrii d'%'lamations adiniralives Quelle femme mur:

murait-il, elle voyages... elle a des ides in-

aime

les

telligentes!

A$~
Au

ment
l'on
atteiil
:

gnait Kerloz.
cria
s'

Hidci',

ra.s.-iiue.j'ni

unt
'

'

qui

n'est

tout sluadin'-e sa tante l'iil le la voilure, tait venue lleau. Pii'rre se prcipita dans...
api'iviit
(|ui,

pas

du

plaqua en mme tcnips.il lui disait Bonjour.una chre tante, bonjour et adieu... Je pars pour un griind voyage... un long voyage... je ne sais pu** encore oi> i'irai...
..

ses

lira.-i.

lui

deux gros

bai.sers et
:

sine.

...maissi vousleperiueltez.JN Kerixiz tait t. M"' de

"!' excentricits de son neveu

ment

surprise. Nous ail inanit avec M"' de Orah

LA FAMILLE

LABORNEZ APPREND DU NOUVEAU

Deux jours plus tard, ayant assur ses besicles sur son nez, Conan Labornez, pre de Bcassine, ouvrit une enveloppe que venait de lui remettre le facteur et lut haute voix la lettre que nous allons reproduire, non sans corriger quelaues fautes de style et d'orlographe.

Mes

cheis
la

parents,

je

mets la
... et puis le timbre cinq sous, a Tend ruineux t envoi des sentiments du EUea raison, interrompit cur...'' M"" L.'oo iez, qui lisait par-dessus l'paule ce son mari; mais a, c'est encore la faute des boches...

plume

ma sant est

vous serez de mme au reu de la prrsente, que f aurais d vous /crire plus tt, mais fai pas beaucoup dt
temps...

main pour vous dire que bonne et que f espre que

'i

... qui ne payent pas ce qu'ils nous doivent, alors faut que a soye nous qu'on sorte des sous de

ses poches.

File se tut subite-

jnent, car son mari la regardait ^ d'un air courrouc: il a hor.reur qu'on le coupe quand
il

parle.

yi~r\

Mol
tendre, re
11

j'essayais d'enui n'tait peut-tre pas


il

reprit sa lecture:

...

des senti-

bien discret, mais aprs tout,

ments du cur. Je vous dirai d^ abord que je ne suis plus Kercoz, J^en ai quitt en coup de vent avec le neveu
de M^^ la comtesse quia demand la permission de m'emmener...

dans un grand loyage qu'il a faire je ne conversation sais pas encore o. Il y a eu une
...

s'agissait de

mes

Puisqu
le.

ils

en ont enen-

l-dessus entre lui, sa tante,


et le

M'^'de Grand-Air
\

mdecin du pays, qui

tait

en

visite.

n'y a pour me que les gens qui n'ont jamais t curieux, je ne risque pas d'avoir beaucoup de cailloux jardin. dans mon Af"' de Grand- Air
disait
:

affaires, et s'il jeter des pierres

vie, laissons-les partir

setiJ

Bcassine soignera Pierre s'il est malade. C'est une braie fille, honnte et dvoue.

c r
-

/'''^

Faut que je vous avoue, mes chers parents, que je me suis gonfle d'orgueil
en entendant cet loge, mais j'ai' pas tard me dgonfler, car M'^' de Kercoz ipostait : Vous allez mettre ensemlle un hurluberlu et une ahurie, ils feront
<t

.Pendant
ciait,
j

fju'il

renier

ai

mont faire
et

Enfin,

le

mdecin

les

a accordes.

Il

dit que,

vu

ma
on

malle,

l'heure

du

train nous pressant,

de jolie besogne.

mon besoin d air et de mouvement, je tomberais malade si on me gardait prs d'un fourneau. Alors que faire de moi' Autant me laisser partir. On a appel M. Pier'cbit lu " '^'' "' l a't't permission de m'emmener

est reparti en ( itesse, sans avoir beaucoup de temps peur tes adieux, ce ui vaut mieux; car je me connais, si j'avais eu le temps, f au

rn'

ntew comme une .Madeleine.

ORGUEIL ET LARMES

/-f.v

sparations,
kouleteise.

me
Kiroul,
cesse,

Mon
M,

vee.u

matre.

m'a

fait

voyager

comme

moi^ cm nouPierre une printures,


Il y a un vrai lit. atec draps, oreiller, couvertcitira. uitira. Faudrait tre lien malade pour ne pas bien dormir l dedans. Pourtant, j'ai r-,... '~,,ri.^ l'cril de la nuit, cause que j'tais seule

dans un wagon de luie qui s'appelle un slipinge. Cest comme qui dirait une joli chambre sur rails.

mais deux, Cun au-dessus de Cautr^,


que je

et

suis entte ollrr de tuni Cautre pour voir sur lequel on tait le mieuji coueh.

me

tns

ma

cline, que dans la cabine

il

<.tail

non pas un

lit...

... raconter ce i/ui m'est arriv a" ii barque. Je vous air leulement que fai eu

la chaude une fois de plus, r-" 1/. Pierie. c'est autant

a m'amusait tellement que f ai pas fait attention que les heures passaient; quand le garon du slipinge est venu nous prvenir que nous tions en gare de Paris, je me croyais peine partie. Il me faudrait bien du papier et peut-tre encore un timbre de cinq
sous pour vous..

dire une crme d'homme. se voit sa figure, et sa

gouvernante, dame...

une

digne

gui dirige sa maison depuis des anet des annes, me l'a rpt sur tous tes tons. Al. Pierre est riche, il n'aime pas la vie de Paris: il n'aime que les loyages, les vrais, dans les pays sau vages. Ses malles et valises soru toujours
...

nes

prtes

pour

le

dpart.

Il a des fois, qu'a dit la gouvernante, des ides un peu drles, et il chrrcl,e

boucles...

tout le temps de., inventions. Son appartement est plein d'ustensiles qui doivent rendre le mnage pas com-

mode

faire.

htrs part^nis,
l'essaie,
I

mon

mouchoir
i

Mats

"^^^

1/

Il

pas

le c, ttiqtter

de ca chacun son got, n'est-ce pas'... Penaant que 'ciivais, Monsieur est venu, il a dit qu'on part pour l' Amrique et qu'on vavfairt. une commission pour un ministre. Je ne sais pas li'i ce \ ne t'est...

... mats il ehantcomme

\l^"

tne
si

semble que c' est appi o.


tait
-ter,

ambassadei r et (a me gm fie encore d'orgueil. Je otus doitnr rni de mes nouvelles, de ptt\renct sur eari'; rit'sintes. qui cotent moins cher de timbre.

on

le

'qui eoulenl de en penuMt f< itenijf y ncus. et jt toms emvoi*


affeetionni*.' BicA<><iica.

i-arrraut .leslmimtt

:ie fin*

LA PROVINCE

PARIS

y^N
-'

Msugpipf
lger sac,
il

n'ayant

qu'un

...

n'avait t ni gare, ni dtriore, et

il

sufft

allait rentrer pied

chez lui, 4, rue Saint-Guillaume; Bcassine l'y rejoindrait quand elle aurait pu dgagci

U noiio faut complter la leitre de Bcassine et raconter les incidents qui marqurent son arrive Paris. En descendant du sleepinR, Pierre Kiroul...

la salle malle...

sa malle. Notre hrone se rendit donc dan.s des bagages. Chose tonnante, la

d'une petite demi-heure pour en obtenir la remise. Elle fut charge sur un fiacre qui, cahin-caha, re monta le boulevard Saint-Germain, puis tourna gaucho.

On tait rue Saint-Guillaume. Bcassine fut enchante du calme et de l'aspect ancien de cette rue. Le fiacre s'arrta devant la porte portant le numro 4. De l'immeuble d'en face, qui est le patronage paroissial, s'chappaient des voix d'enMeunier, tu dors. Egaye par ce fants chantant rappel de ses jeunes annes. Bcassine ..
:

parfaitement faus^ se, continua Ton _ =- moulin, ton moulin va trop fort: puis une bande de fil lettes sortit du patronage, se r pandit dans la rue, et Bcas sine, de plus en plus enchan
:
"

... prendre racine en cet endroit, la rappela au sentiment de l'heure. Elle essaya de descendre sa malle c'tait besogne au-dessus de ses forces. Il n'y avait pas compter sur le cocher, fort g et peu complaisant.
:

te, les caressait

au

pas-

sage.

La voix grogneuse du cocher, lui demandant


si elle allait...

Tandis qu'elle hsitait sur ce qu'elle allait faire, un monsieur, sorti de l'htel voisin, s'avana Un coup demain, jeune Blle?',proposa-t-il. Et comme, con C'est trop naturel, reprit-il; fuse, elle restait muette dpns notre petite rue, tout le monde se connat...
: :

... et s'entr'aide... Et ce que j'en ai coltin de bagages, pendant la guerre, comme infirmier militaire En un clin d'oeil, la malle fut porte devant la loge du concierge, puis le monsieur
!

En voil une bonne rue, rflchit Bcassine;

ici,

que Paris

c'est

au moins, en France, c'est pas

on voit

comme du

s'clipsa, sans attendre les

remerciments.

ct Etoile-Bois-de-Boulogne. pelait qu'ayant t envoye...

Elle se rap-

... en courses par M" de Grand-Air dans ce dernier (luartier, elle avait eu demander son chemin. Les passants

te matre. Elle tenta d'entrer dans la loge; la porte tait ferme.

Alors,

seulement,
1

elle

mon

C'est drdle, dit Bcanne, enfin, montons au premier, nous verrons

remarqua criteau reproduit ci-dessus.

qni avaient daign lui rpondre, l'avaient fait en anglais, en csp;ij,'ii()l, ou en d'autres langues Mais c'est pas tout a, re-

bien. > L'escalier tait si majestueux qu'il lui rappela le palais de Versailles.

Au premier, elle sonna imposant laquais vint ouvrir.

^voir

prit Bcassine, faut sa-

'in'est...

Cest-il ici la salle manger du concierge! demanda-t-elle. Le laquais rpondit : Ici, c'est chez M"" la duIl

quand parut un jeune homme, conformment la dernire mode,


...

dit-il, j'ai

ches.se.

M.

le

concierge veux-je M"" la duchesse,

vicomte Oontran, M. le dire, djeune avec


il

jeune

f'ame, d'aspect 1res aristocratique, et fille l'accompagnaient...

< Je me suis attard en votre aimable compagnie, leur nglig mes devoirs de conderKe. Comme d'ordinaire, nos amis et moi allons vous aider, Contran. > dit la jeune Tille. Comme si ces mots eussent t un signal,

les

portes des autres appartements s'ouvrirent...

va

avoir
le

attendez-le, ma fille. dait, interloque...

Elle

uni; regar-

l'esca lier

s'emplit

djeunes

^*^' lenmus
!

nlran
r-

mes. portant des ...... jeunes hom- s' upi des brosses.Oontranallaitde groupe en grou uv serrant la main des nies-sieurs, baisant celle Cl< dames. Des propos mondains s'changeaient Trs brillant, ce malin, noire pliimenii-par " ilil une jeune femme. Tous rirent. lir
!

c.inl.i
h- r;

Il

'

Et tout en riant et bavardant, ils trottaient, brossaient, balayaient, avec une ardeur sans pareille. Bientt l'escalier fut tout n'Iuisant de pmprel

M. d'un (pil satisfait, puis dit amis, un millierde mercis:mai fiour yotre service, je deso-ni;
:

du monde

oge... la loge du plus entier.

heureux concirnre

12

UN FORT COURRIER

...

elle

rpon

dit:Voil, sieu le vicomte...

Bcassine
tait
reste sur le palier du rez - de -chausse,

dant, Contran la remar- '-^'^ ' qua. 11 la salua avec une exquise politesse et s'in forma de ce qu'elle dsirait. Trs intimide...

^J Ok^ ^**

ne comprenant
'--

rien ce qu'elle voyait. En descen

m'sieu Contran, m'sieu le concierJe ne sais pas comment il faut dire. Appelez-moi conge...

l^

cierge ou mme pipelet, si vous prfrez, a n'a

Sa gaiet rendit

tout

son

aplomb Bcassine.

Ben

pas

d'importan

ce. Il souriait.

voil, je voudrais savoir o est l'appartement de M. Pierre Kiroul, et puis si c'est pas indiscret, j'voudrais sa-

Trsgay, Contran rpliqua: C'est parce que je vais me marier, qu'il me


faut pour cela
seul louer...

un logement

et

que

j'ai

battu tout Paris sans en trouver un

voir aussi comment a se fait que vous tes concierge., vous, un

beau monsieur,

cl

noble, et cossu, a se devine.

...

ensemble au concierge,

c'est trs

amusant. D'ail-

...Laduches.se,

peut donner asile partement est dj

ma future belle-mre, ne mon mnage; son apencombr par


ses

enfants, gendres, brus, petits-enfants. Ma fiance et moi tions dsols, quand brusquement...

a ... la place de concierge de cette maison est devenue vacante. Je l'ai sollicite et obtenue. Nous habiterons ici tant que durera la crise des loyers, nous y serons trs bien. Tous les locataires sont nos amis; ils m'aident; nous jouons...

valet de chambre, fait le plus gros lenrs, Baptiste, de la besopie... Justement, le voici. Vous apportez le courrier, Baptiste f Posez -le sur le bureau. Contran considrait le plateau d'argent, sur lequel une cinquantaine de lettres

mon

rcumulaient.

^f^^

...

Ii-s

luttrrs

Contran,

oui

avec soin les disposait en tas devant lui. Je lirai le tout la


file
,

disait-il

c'est plus

com-

mode.

Quand
;pwloses
lire. Il

l'opration fut termine, il com-

mena de
s'agitait,
rier
!

mur

que j'ignore tout fait. Souaain, il poussa un vritable cri


de dsespoir : Ah ! mon Dieu, ce sont des lettres pour les locataires. J'ai oubli que je suis concierge. Comment s'y reconnatre maintenant...

reprit-il.

moiselle t traits l'un que l'autre,

m'aider le dpouiller, madeC'est pas de refus, m'sieu. Aussi disils

oubliaient que...

Bcassine pouvait tre attendue par son matre. Elle se mit ouvrir les enveloppes, les jetant au fur et mesure, dans la corbeille * papier; puis elle passait...
...

murait

Je n'y
rien.

comprends

Je ne connais pas ces gens qui


m'crivent...

LA COMMISSION DU MINISTRE

X3

It

...

et

donner chacun ce qui

lui

ap-

Bcassine tait en veine de ides. Elle suggra qu'en comparant le papier et les critures on pourrait peut-tre rajuster lettres et enveloppes. C'est ce qu'il faut faire, dit Contran...

partient T

Fouillant papier, ils .se mirent l'uvre. Au bout 'un quart d'heure, leur besogne complique tait faite tant bien que mal. Ouf! dit Contran, nous voil sauvs. Je m'excuserai...
...

De grce, aidez-moi, mademoiselle.


la corbeille

dans

bonnes

... auprs des locataires; ils ne m'en voudront pas: ils sont si gentils, tous des amis. > Cependant Bcassine, en mettant de l'ordre suf Je bureau, trouva une lettre sans enveloppe, une lettre qui devait tre importante, car elle tait crite...

chemin de

Pierre se reposiiit de sa nuit en fer. Comme nous le savons. Bcassine, en attendant son

rveil, visita l'appartement, causa avec la gouvernante, crivit sa famille.

..sur papier du .\ii nistre des Affaires trangres. Ils

...

malheureux

d'tre

si

"^^

dis-

...

btiment sur jardin,

cherchrent vainement l'enveloppe. Qu'est-ce qu'elle a pu devenir murmurait Contran. Je crois, oui, je crois que je m'en suis servi toulf'heure pour allumer ma cigarette. C'est...

considrait la lettre et reprit : Ce doit tre pour votre matre, mademoiselle, il n'y a que lui qui reoive des lettres des ministres. Portez -la-lui, je vous prie... M. Pierre Kiroul...
trait!

Il

et prenez donc ceci, en remerciement do votre

au

3'...

aide.

Il

lui glissait

un

billet

dans

main. Drle de maison, dcidment, se disait Bcassine en sonnant la porte du 3'... Un conla

cierge qui

donne

des pourboires. a ne s'est ja-

mais

vti.

...

ne

^e sais

lla lettre

Quand
son. matre sortit

est pour moi. Je ferai la

Pom-

de sa chambre, elle lui donna lalettrodu ministre, en lui expliquant a.ssez confusment pourquoi elle tait sans, enveloppe. La lettre disait: n Monsieur, monsieur le ministre vous prie, votre passage...

mission tout de moM. Cela est


n
... i\

New-York, de voir M. Mar-

ris
1

Brown,147" avenue, n 2122,

..correspond^mn's ininis signature (Mail illisible. Pierre retourna la lettre en tous


lriellos, la

imprira

et

mptriix.

Tant

8 tage.Ce monsieur vous remettra un objet pour M. le ministre. ('.i>mme celles de toutes les...

sens, rflchit

un instant, puis dit : Bcassine, je ne connais ni le ministre, ni M. Marris Brown...

mieux, c'est ce que j aime. Prpare vous i partir pour rAmri<|ae. Le soir mme, ils s'embarquaient sur V Aqvxaim, qui fait le service entre le Havre et New- York.

14

EN RADE DE

NEW YORK
=

^SFT

Le
SI'

droula sans incident, et Bcassine achevait sa


,septime nuit de traverse, lorsque la porte de sa cabine fut

Elle se rveilla en
.

sursaut, se

l'intonation

tf

elle re

la surface

Dix minutes aprs, elle mergeait du pont. Quel temps Un vrai


!

cogna
et,

la tte au pla-

connut alors Pierre Ki- it- roui et f)0ur vaincre sa somnolence, employa
es moyens nergiques. Allons, -oust Debout M. Pierre qui m'attend...
! !

^^

branle parunesriedecoups de la dernire ^^' "

fond de la couchette,
frottant
l'endroit

tout en

pais brouillard, jaune et sale, enveloppe tout le navire. Impossible de rien distinguer. Bcassine, cependant,
"our.

Un

^^ TV

violence.

endommag, demanda s'il y avait un accident.


Non, pas
d'acci!...

avance rsolument.

dent. Bcassine

Mais l'Amrique !.. Vite, je vous attends


l-

l'Amrique aussi, et toutes ses nouveauts; srement, on -V y^^%, n'aura jamais le temps de , tout voir! .,
I

'

^l

^^.

haut!

el
!

maintenant,

ma

tte

obstacle surgit brusquement, un fantme plutt, qui se dresse devant elle, surmont d'un bras et d'une mche de che Monsieur veux. Pas de doute possible Ah c'est vous. Bcassine? rpond Pierre le fantme. Quelle minute Quelle journe
, !

Un

en bouillonne. Ah les voyages... Voyezvous, Bcassine je me fais l'effet de Christophe Colomb arrivant sur son navire, en vue de ce continent le Nouveau ,'-,
:

Monde

Est-ce assez beau ?

Bcassine ouvre aussi grands qu'elle peui des yeux encore gonfls de sommeil et a sim plement l'impression d'y faire entrer tout le brouil tard de l'espace, i Nouveau Monde... Nouveau Monde, observe-t-elle, assez dsappointe. Pour du neuf, a n'est pas trs propre, ni bien reluisant, c'est mme .^ encore plus noir que le vieux Peu peu, cependant, V Aquif taine tant entre en rade,... '-^^
-i^*
!

^^

Depuis

six jours, j'y pense...

...

le

paysage se d essine davans'est

tage.

Le temps

que d'un seul coup,

lev preset le spec-

tacle devient imposant;

on passe

la gigantesque stamonde. tue: LaLibert clairant Plus au loin, la range des gratte-ciel , les fameuses maisons vingt et trente tages,

aux pieds ae

Il

semble un bataillon de colosses en train de monter la garde au


spuil ''e '"'" cntifinent.

y^''\ nitile en Laju...am, roui scrute fivreusement Pierre Kil'horizon. Beautiful, New-\ork,splendid ! faitsoudainune voix leur ct Bcassine s'est retourne ces mots ont jt prononcs par un passager, fort grand et tout ruS, qui sourit

JM^

^^^^*-~

Il

Beautiful, jcs
:

ne peut

sine.

Et

elle

gnifique!

s'empcherde rpondre Bcasexplique Pierre Il dit que c'est maJ'ai compris, rpond ce dernier, je com-

de

fiert

patriotique en mchant in

norme

csrare.

prends l'anglais.

Tiens, moi

aus.si...

L'AMRICAIN TEL QU'OM LE PARLE

15

...ji!

comcons-

prends l'anglais
,

lato sine,
li(V
;

Bteis
stup-

_
ua
!

a, c'pst fori

'

*^-

"'i<J"r

Tary-

par

exemple

.le

vais essayerde continuer, pour voir. El, assez ini[irudemmenl.elle risque une
yes, sire, mister et
rn/,
rul,
trri/...

moi

phrase complte Oh ! joyous... tout fait... 0/


:

this...

panorama,
I.'pxpi'rience

heu... vritablement spkndid, yes, ouf! Le dernier mol, sembl embarrasser son interlocuteur, <]ui ne veut pas tre en reste de polite.s.se, cependant Merci et bienvenue vous, miss, fait-il, ens'inclinant; les Fran^^~ "'*^*' complimentations toujours... douces, yes, extremely douces aux oreilles ' fi. de moi-mme. >
I

est

dcidment con-

cluante. Pierre Kiroul tombe en extase Quelle merveille ! Croyez -vous, Bca.ssineT Cette influence subite el miraculeu.se dts voyages, de l'atmosphre, des latitudes. Pas a, seuleent. l'interrompt Bcassine. J'y r. fli^chis prsent
:

ir.qaandilm'atlrapaft, ceu;il toujours en anglais, el. dame.'a t plus d'un coup;et puis. ~ alle Amiens, oui tait lommies, Lx>iMlres et i l"n<-, o il y a des mots d'anKl><i!isur toutes les boalkiiies. Oui, c'est vrai. C'est presque forc que je sache l'anglais... m#me l'amI

^..^

'/j

ricain.

m\

i:aq n ita n pendiiiil ce temps entre ilans le bassin"


i

conversation a continu en ce dialecte, genre petit ngre, qui mlange et maltraite les deux langues la fois. Tel qu'il est, il donne d'ailleurs toute satisfaction, aussi bien Bcassine qu'au gentleman, et ce dernier peut ainsi fournit quelques utiles renseignements sur New-York, particulire menlpourlechoix d'un
I.a

jt

quelques inslant.s, Bcassine nglige le paysage pnir conentrer son attention vers la surface, ou plula profondeur des flots; elle finit mme par se pencher exagrment au-dessus du b.xstinga ge. Pierre Kiroul s'aperoit du danger et la retient par son tablier. Soye prudente. Bcassine,
1

est .Mais depuis

htel.

-.est peine ralm,

ruan

un quart
d'heure plus tanl. en dbarquant. Bcassine ferme la marche, passablement vexe. a f.^it piti, tout de mme, dit-elle aswt hant; i'son gr. ne mme pas connatre la poiaaons de son pays I

1^!,^^N*

...

monsieur Pierre, mais

j<

voudrais tout de mme arriver en voii un; il doit commencer yen avoir, paricil-;-Un quoi? interroge leur nouvel ami, qui a suivi la scne. i'^li b'en. im de vos homards

fameux iiuniards l'amricaine.* Etouffant de rire, son matre l'a Uche si brusquentent qu'elle a failli passer de l'autre cAt; le gentleman semble tair explosion Com ic franaise, very comte/ Il s'administre lies coups de (mine dans les c^i'os et...
Aomiiri/.t, les
:

ATLANTIC HOTEL
=

h'Atlantic-

recom PierKiroul et Bcassine par


fftil,
re

mand

leur

compa
tra-

gnon de

verse, estccr

tainement un

des

plus
Plus

grands du monde ; ses


ranges de
ntres se
l'infini;
fe-

une

place

suil

perposent
et

'^^^ une place a0irme cependant un imposant majordome au seuil de rimmnse


1

Plus

doit pouvoir contenir dix

ou douze

fois la

population de Clocher-

les-Bcasses.

hall , parsem de centaines de fauteuils. Ce sont des fauteuils en cuir rouge, bas et prolonds, dont les occupants paraissent se rduire, uniformment un journal et une paire de jambes.

Pierre Kiroul est d'abord rest soucieux; puis, son cerveau s'est illumin d'une subite inspiration. De sa poche, il a tir la fameuse note ministrielle; avec des airs mystrieux, il montre au ma-jordomeTen- tte im prim: Ajjaires (rongres, et la lui

traduit en

mme

temps.

communications tlphoniquci, ... annonce Pierre Kiroul que deux cham

Oh

fait le

suite

un sifflement

gros homme; il pousse enstrident et prolong, puis

conduit les envoys du gouvernement franais jusqu' un guichet o s'encadre la tte d'une jeune fille trs blonde. D'un mot, celle-ci est mise au courant, et, aprs trois

bres sont mises sa disposition, le 134 et le 135, au 16 tage; de toutes petites chambres, trs confortables tout

Pierre Kiroul profite du tlphone pour adresser un message aM. HarrisBrown, 147" avenue, et le prvenir de sa visi' e, ds le lendemain, l5heures, del part de M. Je ministre des AfTaires Etrangres, en vue d'une communication urgente. Siu' un signe de la jeune fille trs blonde, un groom se prsente, tp sa petite calotte avec une dfrence marque, puis ouvre la marche en direction de l'ascenseur, en s'accompagnant, lui
aussi,

de mme, explique-t-elle.

d'un musical sifflement.

-r

sa Il interrompt phrase, presque as-

phyxi; en un quart deminute.lelB'tape a t atteint, et en beaucoup moins.


Bcassine s'est trouve assise, sans le
vouloir.

Repos jus!

Trs
...en le rel confort
ci.i'.rage
:

joli,

tout

dtaille

Quel vilain petit merle confie Bcassine M. Pierre, en pntrant dans la luxueuse cabine Pas du tout, explique ce dernier; nous voici au pays des machines, des loa siffle, tout a; comotives et des serpents
i
! :

cela, mais... voil

qu'au diner prescrit Pierre Kiroul en


la Intniduitedansle 134, Bcassine, sans s'arr'er-''" exigut...

quittant.

alnrs le milieu, l'atmosphre, la latitude...

ampoules d'dans tous les coins, deux tuphones, un jeu complet de boutons lectriques, avec des indications dont certaines dpassent sa connaissance de la langue anglaise.

qui est tort, par exemple Bcassine inspecte la pice avec le plus grand soin Une porte... Elie l'ouvre : la salle de bains... ce n'est pas cela qu'elle cherche.
1

L'ARMOIRE

SURPRISES

17

Elle sort dans le couloir, aperoit cl l'appelle. L'homme s'avance tout en silllant. Le lit? fait Bcassine, mon lit?... Bcd?... Oubli? Il a compris et a souri aimablement, silllant toujours; c'est une

Le garon
puis, il s'est dirig vers un des multiples boutons et, doigt, en a baiss la manette. Bcassine voit alors la porte d'un placard se mettre en mouvement, s'abattre lentement et rejoindre le plancher .sous la forme d'un splendide lit de cuivre. Elle n'a mme eu que le temps de se garer. o o

rit

aux

t<

-il

un garon

du

cxplirjuer: Tontes les 1 mbres comme a. > Puis il est reparti en reprenant son air la noteo iH'avait

manie, dcidment, non point une


impoiitesse...

interrompu. c DrAle de payiqnaod me, murmure Bousine, arec ses armoires surprise et ses sifllenra.

m^

c-

Pi

i;ile saisit

sa valise, pour
et les
Il faut avoir l'habitude, dcidment. C'est assez simple, malgr tout, de le faire redescendre. Simple... mais un peu dangereux, quand une valise et tout

sortir ses

vtements

taler

nn peu.
I

Un

suppl-

ment de lumire ne
Catastrophe bouton, c'est tout lo redevient placard
I

ferait pas de mal... Bcassine s'est trompe de


lit

qui remonte et

son contenu reviennent en

mme

temps.

Dans ce dplorable parpil lement, Bcassine avise sou^nJV dain un de ses grands moucboiis carreaux. Elle s'lance, le ramasse, puis, avec toutes sortes de prcautions, l'attacae autour du bouton tont-puisuiit.

1IU.S moyen Ue ^o troni per, maintenant. Toujours ennemie du gaspillage, clli'

elle

..-i

^^

de

.lour.d.sireuse d apprcier au plus tt les joies d un som-

de
il

fait l'oli.scuril sur le champ bataille, et descend dner; n'est (]ue temps. Vingt mi..

meil sans taiiK^ipp- Sa

main

ttonne dans Juslemeiit

l'oliscurit, le

...un peu plus gauche, l'clairage srement, lin up sec... et le cabinet de toilette retentit alors d'un bruit effroyable, cehii d'une norme cluite d'eau: il semblerail que toutes les cascades amricaines

n
re,

faut vite'

uent. c'est le
rs,

Ht qui remon!

dMsnpa-

tout est d'viter le mouchoir.


le voici

putfts aprs

bon

!...

s'y soient donn rendez-vous. gnoire qui se remplit!

La

bai-

1^

craintive, .iprs un .ifrnier edorl dans l'obscurit jus<,u'au robinet de la baignoire. Bcassine trouve le fauteuil profond et bas, laiaie tomber et s'y endort, tout hat>ille. Dans le ooninir. le gr^n sifTle loni-'ws ..

i8

AU PAYS DES GENS PRESSS

avait dj mait encore, mais Pierre Kirou!


travaill

midi inoins

le

quart, Bcassine dor-

s'acclimater envelopp dans disait, et rentrait l'htel, . un vaste impermable couleur kaw

".comme

il

En le rejoignant quelques insluuls plus le vestibule. Bcassine fut toute surprise d'tre accueillie par un bienveillant sourire, au lieu des reproches qu'elle redoutait Mettons-nous vite table, lui dit Pierre Kiroul, et coutez-moi... J'ai remarqu 'qu' 'J^ew-York tout le monde parat
tard dans
:

...

Pour
il

avoir,

au

plus tt, legenre

amricain,

n'y a qu'un

moyen

ayons

l'air press,
ici

trs press, toujours press, et personne prendra plus pour des trangers...

ne nous

nous serons T^^**^


et auronsl'air amdite, ils sortirent en

rellement presss

'l^ ricain. A l'heure trombe de l'htel. Comme le

chaus.so sillonne de tramways qui ne cessaient de sonner. Voici ce qu'il nous faut, dit Pierre Kiroul; ne perdons pas une minute; nous sommes archi-presss ! L'arrt du tramway se trouvait au croisement de la rue a.ver wnf large avenue.
tait

La

temps menaait, Bcassine avait


en tirant sa montre, nous devons tre chez M. Harris Brown pour lui remettre ce prcieux pli des Affaires
it. . .
,

A trois heures, ajouta-t-il

pris son paratous les pitons semblaient chercher battre le record de vitesse en course, pied.
pluie.

Dans

la rue,

trangres.

Eh bien,

nous partirons oulement trois heures moins cinq, et, de


cette faon...

O/I
iiirH"

Vl

Cf/

;v
.<roje saurai comment maintenant... quoique a ne soit pas bien beau, toutes ces brusqueries-l! L'adresse de M. Brown lui revint la mmoire. Au milieu du carrefour, elle avisa un agent de police, un vri<t

<s>
Elle alla jusqu u
lui, et,

...

\
A
l.i

faire

iiremire voiture

I qu; s'arrta, ce fut un vritable assaut. Montons! cria Pierre Kiroul Bcassine. Dans le mme instant, celle-ci reut un grand coup de coude dans letlano droit, deux coups de poing dans le dos, se

pied, ^"^
elle

..sur \~ )

^J>
le

rassemblant

puis,

marchemalgr
le

aussi, repousse vers


le

toutes ses notions d'anglais, se prparait commencer un; phrase savante, lorsque le

sol

tramway

tait parti,

Kiroul emportant Pierre ainsi que tout le monde.

table colosse, et
qu'il
='ir 1r

elle

pensa

pourrait la

trouva porte, malgr

elle...

C'est

bon. snupira-t-elle...

renseigner 147" avenue.

policeman l'empoigna par l'paule, et la dposa comme une plume deu.\ mcolossal
tres plus loin.

Un tramway

Das.sa,

LES

DANGERS DU MTRO

19

Elle comprit, aperut l'entre de la station, une horlo^'e qui marquait trois heures moins trois, et en. vitesse, monta les marches de l'escalier, pas mcontente de s'-

En

unclind'o>il,ellepritson

liclcct,

et arriva sur le quai en 3u'un nouveau train.

mme temps
Avenue 147t

C'est

Vraiment

trcs

amusant ue voyager
<

aii.&.

hauteur dt

I
It

lever au-dessus (!

rrlli'

chausse

dan^erous

emanda-t-elle avant de monter. Oui! seconde station. fit l'employ en la poussant.

troisime tage; on peut atntempler l'inliieur de luxueux appartements, ou adresser des sourires i des gens ui piennent l'air leur fentre; ici, une maman avec son K^ntil haby. plus loin, un vieux

monsieur

li&inl son journal. Bcassine en oublie de compter

les
!

talions. Voicila deuxime justement mais II' train a djreprissa marche lorsqu'elle s'en aperoit. Par la portire...

... avec son parapluie, elle adresse des sif;nes dsesprs, d'abord du ccH (lu machiniste, puis en direction de la rare.

Brusquement, une secousse, quelque cho.se comme un formidable coup de poing. Un gentleman qui fumait paisiblement sa pipe sa fentre, en celte rue fort troite,
a reu le piirapluie en pleine figure; et il n'a pas l'air commode, beau-

i..ivr*'

1.1

sor-

tie avec proi pi' sion. Mais queh|ii

fcx'''**
'.t-

M'-

^'

"^

coup moins commode que


de tout l'heun.

le

baby

.!..fde ^utivn, qui un .u. < i'arapluie lui tend un papier, en ajoutant cette seule explication plainte par tlphone; contradans la figure d'un gentleman vention, un dollar payer tout de suite. > Et Bfcaanne s'excnta n soupirant Il avait bien raiaon, M. Pietie tout Ta rite dans pas'S-ci, mme les dollars
...

..., ii.iu

20

L'INVISIBLE HARRIS BROWN

3
Assez rapidement, grce des passants complaisants. Bcassine a pu trouve' le n" 2122 de la 147 avenue.

L'ascenseur d'Atlantic-

Hul
Sousla vote d'entre, des pla ques de cuivre indiquent les noms
des locataires. Plusieurs lectures
tresse.
lui

lui

a laiss une trop

mauvaise

impression;

elle
I

prfre gravir pied les dixhuit tages et, sans reprendre haleine, sonne la porte.

M. Harris Brown,

sont
l'in-

Une femme
vient ouvrir.

de

chambre

ncessaires pour dcouvrir celle qui

Oh il plat? moiselle. Au une forte voix


!

s'il
li,

est pai

vous made-

M. Harris Brown, biisinestman... M. Brown, homme d'affaires, traduit Bcassine pour elle-mme, c'est bien a I Montons 1

instant, d'homme se 'ait entendre, venant del pice voisine. Bcassine Tronce les sourcils: Qui est-ce donc qui parle alors,

mme

mademoiselle?

hl

..

Ah C'est M. Brown, mademoiselle. eh bien, je veux le voir. De la part d'un ministre. J'ai dit il est parti, mademoiselle I Bcassine n'aime pas beaucoup qu'on se moque d'elle; sans brutalit, mais avec nergie, se souvenant de la leon du tramway, elle carte pression du l'adversaire par simple coude...
!

... pntre dans l'antichambre et s'assied sur une des chaises; la rsolution et la tnacit se lisent sur son visage. L'adversaire lve les bras au ciel et dis-

longtemps mme. Peu maintenant; M. Brown

Bcassine attend longtemps, trs lui importe


est certaine-

parait.

l; seulement, il doit tre occup avec quelqu'un, car on l'entend parler

ment

sans arrt.

Au bout d'une demi-heure, nanmoins, sachant l'importance de sa mission, elle prend le parti de pousser une reconnaissance; doucement, elle entr'ouvre la porte.

Devant un grand bureau, une dame est assise, en traSn d'crire la machine; elle ne proteste pas et ne lve mme pas la tte. Enhardie, Bcassine s'avance jusqu'au milieu de la pice. M. Harris Brown n'est dcidment pas trs accessible. Il est invisible en tout cas, ou plutt doit se tenir dans la pice suivante...

...

c'est l

tout prs de la porte ouverte, car qu'on entend sa voix, si prs,

mme, que Bcassine juge convenatle


de faire une respectueuse dans cette direction.
rvrence

LE

MONSIEUR DANS LA BOITE

21

Pour
'uis olle om.e ix ((ue dit en aiiKlaiaJVl. Browii, et
elle (X)in-

ne. Il faudra venir Bcassi me voir un de ces prochains jours est bien Bcassine dans ma villa. un peu tonne d'une si rapide mari\w.

^] ^-

M. Kiroul et miss

car
trs

il

II

(Usinent et

\emeut

de sympathie, a Probable qu'il est en train de mettre son manteau ou de chercher son parapluie,
:-t-elle.

Et elle prpare un chaleureux remerciement. Mais M. Brown continue immdiatement: Je pense que vous allez toujours bien, et que vos alTaires continuent vous v*''S.\ donner satisfaction. Pas trop mal, r <" y sans cette contravention, rpond celte fois Bcassine avec force.

En

l'entendant, la dactylo-

graphe a interrompu brusquement son travail. Elle est rouge d'indignation et apostrophe

violemment

cette

extraordinaire visiteuse.

De
nue parler
:

l'autn- ot^',

M. Brown conti-

qu'il m'attend, votre patron, riposte Bcassine; je crois que les AlTaires trangres, c'est plus impor

Vous voyez bien

^^^^ ...cellequi donne sur le vestibule. Bcassine se dirige droit du cot inverse, dcide voir .M. Brown cote que cote, mais elle s'arrte net devant un petit colTre juch sur une table.
C'est bien de l, par une sorte de cornet. La secrtaire, maintenant, rit grand fracas. Dictophone! le dictophone
I

Le dicta quoi? intviiu<; Beuasmne; un peu calme, la

dame
ui\

imp-

tant que vos morceaux de piano. D'un doigt rioux.ia dame lui

Tout de M. Brown
Il

mme
>

n'est pas

enferm l dedans, cependant, que sort

lui fournit alors des explications plus compltes, aprt-s avoir mis Dn aux ilisc'^u-s de son patron en preasant sur

la voix,

bouU>n.

montre
|iorte...

la

Comme
hommes
cains,

la

plupart

d'alTaires M. llarris

des amri-

Brown,
Pour .W. Kiroul rt .U"* Beassmf. cITit l'appareil qui reproduit la phrase
due; puis
:

avant de sortir, a dict toute sa correspondance un phonographe enregistreur, de telle sorte que la secrtaire n'a plus qu'a mettre l'appa">

reprend en dj enten-

reilen marche et crire les paroles que reproduitlama<;hine. C'est ce que je fa' sais quand vous n\'avez

interrompue, reproche en souriiuit la brave dame, et vous m'en avez fait passr
plus
(le la
ni(ilti('\
-

Elle ouvr'

un battant du meuble

et
:

J'ai attendu ious-mme jusil ajoute qu' trois heures, et maintenant je fois la route pour ma succursale de San- Francisco. Je retournerai probablement dans la quinzaine. Excusez-moi beaucoup. Le temps est de Varient. San-Krancisco ! parfait ! Ces mots-l sortent de la bouche de Pierre Kiroul qui vient de fairesonenlre.S'lanl tromp plusieurs reprises en changeant de tramway, il a plus de retard encore

replace

disque l'endroit voulu Ju.^itemcnt, c tait pour vous.


le

que Bcas-sinc. ban-Franci.si-o


est
niHV.'isMo-'
!

M. Brown est San-KranriscoT poursuit-il. Allons Nous le poursuivrons jusqu'au bout du monde si i.la

22

LE ROI DES

DTECTIVES

srfK22

Quand

l'ii

rrc

Kiroul et Bcassine
ils

sortirent de chez M. Brown, il tait trop tard pour prendre le train de

pipu et

tivement, une magnifique sac main. A midi un quarl songent djeuner. Une superbe enseigne se
...

.iiipifil.s

irs|.i-c

uu

ruliliuil

San-Francisco, si bien que le lendemain, midi, ils se promenaient encore dans la capitale amricaine, ayant occup leur temps des...

mtres plus loin Bepas flopjdes, traduit Pierre, et devant ce litre, qu'il juge d'allure trs amricaine /-.^j^seconde-.il/ n'hsite pas une poussela porte..
balance

justement

en

l'air,

quelques

il

... Bcassine le suit, et tous deux restent interdits devant le spectacle ijui se prsente leurs yeux au premier aspect, on ne voit que des dos, dos de pardessus et dos de vestons, longs ou courts, larges ou troits, en une file interminable ce sont les con:

sommateurs, tous debout, devant un immense comptoir.

Occups
plupart,
ils

lire,

pour

la

Un
gestes

vide se produit justement dans

mangent avec des

saccads et prennent leurs metspresque au hasard, sur un petit chariot nue le garon fait rouler, sans arrt, d'un bout l'autre de la longus
table.

la range. Pierre Kirot et Bcassine se prcipitent, mais cette dernire arrive en une impression-

nante glissade, qui aurait certainement mal fini sans la barre d'appui. Sur
quoi a-t-elle gliss?

Elle inspecte le dessous de sa chaussure, Il puis le sol. Cet examen semble intresser au plus haut point le voisin de Pierre, personnage coiff d'un vaste chapeau melon, et dont la figure oITre de grandes ressemblances avec une lame de couteau. Mademoiselle cherche sans doute quelque chose? Ma foi, rpond Pierre, elle

herche...

O.E. PHILIP
Htn-liKK
(U.4

A)

Une carte de visite a suivi cette allocution. Bcassine et Pierre Kiroul la lisent avec curiosit. Mes m...l't

i'usag3eE

pourquoi elle a man<(u o? ... Oh alors, si ce n'est que tomber. a... Srement une coquille. Il faut il se mange beauprendre garde coup d'hutres, ici et l'on jette...

rpandu au quesimademoi;
trs

.vidcmment \T des Kepas Bapides.


le

Parce

avait perdu quelque chose,

toujours lescoiiuilles par-dessus son pauler Il joint d'ailleurs le geste


...

insiste le propr'

.aire
I,

du grand chapeau, pour


je

sont personnelles et continue .M. 0. E. Philip; le plus petit indice ne met sur la bonne piste...
infaillibles,

thodes

toutes recherch cidents, blessur

enqutes, arrestations, ac-

ou incendies,
1

mets

lo

rinrnlo..

dvouement

mon

service.

UN PRCIEUX COUVRE=CHEF

23

I
Puis, le roi des dtectives baisse un peu
la
licier doit tre
:

popr<H tout ma poche droite c<jntient l'assfirtiment ncessaire pour trans:

voix

Un bon

former une physionomie...

...Supposons un ^*^ avec un simple bouton de vol bolline perdu par le coupable, je retrouve celui-ci; un ticket de tramway me sullil pour mettre toute une bande sous les verrous.
:

de vol sur

Bcassine n'a aiicuneespca la conscience, nous


se rapproche

le savons tous, mais les derniers mots entt dits sur un tel ton qu'elle jette derrire elle le ticket

au&tt

retrouv l'instant dans son sac k main.

... car ! riii des dlectivps montre mniiitonanl le fcjndde soi> important couvre-chef. Ma Dou ! s'exclame Bcassine, mais il est perc Non, mi.ss, fait O. E. Philip, avec un sourire suprieur, simplement
I

..-Toutes
tes
lieu

les

deux minu-

un

dlit est

commis

et

une jolie petite glace pour voir tout ce c|ui se passe derrire soi. Ne'v-York possde le plus grand nombre de
malfaiteurs /'''"^

dans

le

monde...

toutes les trois minutes a une arrestation... toutes les trois minutes seuletient...

car je ne puis m'occuper de tout. Vous allez ju^.'er Il jette une dernire "xxjuille par-deasos son paule, paye et se dirige vers la sortie. Pierre Kironl et Ucassine le suivent, prodigieusement intirfwts.
<
...

d'ailleurs.

Sur le

trot-

_^ifc

loir,
..

O. E. Philip "-:- commence par humer rair.comme le ferait un chien de chasse, puis il parcourt
l'iinri^on il'nn reeard...

circulaire... Uien!...

"

Si

vous regardiez

dans

fond de votre chapeau, fait Bcassine, un peu malicieuse. Vous avez raison, je vais faire semblant de vous saluer. > I.e roi des dtectives se dcouvre, en elTct, pour inlerrotfer le fameux min.)ir...
le

groupe qui

chance

.'<oudam,dlr.ss,iille..LA-bM, tbi-yoosT Ce .s'avance... des agents de police! C'est, srement I affaire dont je me suis occup ce matin. Ah I c n a pas tran, vous mutcx dire que tous

tci de

24

SIMPLE DMONSTRATION

Le

roi des dtectives

ne s'tait pas tromp en regardant dans son chapeau miroir; un fort groupe s'avanait dans la direction de nos trois amis. Deux uniformes d'agents de police se distinguaient au premier
rang, et
l'air retentissait

de clameurs varies.

Restons ici, dit le policier, ils vont srement venir; policemen m'ont bien reconnu, pardi! Et puis, cause En mme temps, il posa la main sur une sorte de borne, haute et massive, qui occupait le coin dn
<i

les

de

l'avertisseur.

Les dtails :e prcisrent peu peu le premier dolicemai; tenait par le bras droit un assez piteux tat; le second le tenait mdividu en par le bras gauche et tranait, en outre, une bicyclette que l'on aurait pu prendre pour un accordon; puis venait la foule, hostile et voci:

frante.

trottoir.

Vol de bicyclette, c'est bien cela, affirma O. E. Philip. Arriv devant la borne, le premieragent la s'arrta, ouvrit une petite porte partie suprieure et, devant le rcepteur tlphonique, nona simplement le numro de la rue.

le Puis, tout le monde attendit. Aussitt qne reprsentant de l'autorit eut'men bien cette et opration, la foule tait devenue silencieuse Personne les poings encore levs s'abaissrent. ne vous a reconnu, fait remarquer Bcassine au Je m'en doutais un peu, dtectives. roi des rpond cdui-ci; ce matin j'tais merveilleusement grim en ouvrier maon.

Moins de trois minutes aprs, une voiture automobile, dbouchant toute allure, vient se ranger au long du trottoir. En un clin d'ceil, la portire se trouve ouverte, et l'amateur de bicy dettes est invit prendre place dans le rapidevhicule, aux fentres grillages. Pierre et Bcassine restent merveills d'une
telle clrit

...

lesmilleetunpro
la

Encore un

fait

O. E.

Philip, (juand tout est fini; puis, trs obligeamment, il se propose comme guide, pour la fin de l'aprs-midi. Chemin faisant, il dtaille les risques de

son mtier, puis numre...

cds dont savent user les malfaiteurs amricains. Un des plus courants est le vol l'esbroufe. A l'esbroufe? interroge BcasOui, miss, l'esbroufe; il sine. se pratique dans la foule, de prfrence; quand le malandrin...

choisi sa victime, il ne quitte pas d'une semelle, d'un moment puis profite de cohue pour la bousculer, comme ceci, et s'emparer brusquement de son sac main...
...a

Trs brusquement, en

effet, le

beau

comme

rticule tout neuf vient de passer des mains de Bcassine dans celles du roi des dtectives...

cela.

LE ROI DES

VOLEURS

25

... qui s'loigne, de toute la vitesse de ses jambes. Interloque,

Nous sommes
s'lance sa poursuite. ministre, que vous m'aviez
Il
I

vols,
!

sourire,

Bcassiue esquisse d'abord un ple puis elle se sent gane d'une grande inquitude voir la plaisanterie pousse si loin... si loin qu'on ne voit plus du tout 'on auteur.

s'crie Pierre Kiroul.la main sur sa mche, ce roi des dtectives est le roi des voleurs

El la lettre du donne pour la ranger Elle est dans mon sac gmit Bcassine en prenant le gaJop son tour.
I

Pendant deux cents mttres, c'est vertigineux; qmlqnes passants, amateurs d'motinns, se joignent & enx Hais O. E. Philip semble particulirement entran i d'exercice, car sa silhouette diminue de plus en pins ft l'horizon, jusqu'au moment o tout espoir de retronrer sa piste apparat inutile.

m mon

Pierre Kiroul remercie les courageux citoyens, tandis que Bcassine tend un poing vengeur; ce n'est pas s<m beau sac neuf qu'elle pense, mais la Icllre du ministre, raison de tout

parun instinctif espoir, nos deux pauvres envoys arpentent les rues et les avenues de NewYork, longtemps, au hasard. Pierre Kiroul se perd en suppositions sur le con-

Pous.ss ^s.*'

il

te soudaiti.

...quand sursauB-

tenu du prcieux

pli,...

cassine vient de le pincer. I>, devant nous, m'sieu Pierre... en train de causer avec un autre; c'est lui, j'en suis sre, le roi

A queleiie V lent d'apercevoir un averttssfur semblable celui qui a servi, tout l'heure, pour le peu resques mtres,
pectable cycliste; regarder le

desdtec-

voleurs,

;("

voyage.

^^^^ Tpjf

tives.
rectifie

numro de l'avenueei 'ancer


l'appel..

Des

Kiroul
lui
!
.

^
;

Pierre

'"Y!

oui, c'est bien

...

sont en
Si bien que l'honorable O.E. Philip
SI"

chose
f ai

les

une demi - miini


I

e.

[vili-

Irouvcinlerrompu dans son inlresconversation


trs
.solide,

lenian
loul proche est mis au Courant en doux mots; le roi des dleclives est d'ailleurs une vieille connaissance pour la police- ''..si ni\
l'ilc." 'cirl

.sante

au mo-

voilure grillage vient s'arrter sa hauteur. I,e prcieux sac


la

ment mme o
est

main
parmi

retrouv

dans

la

poche

droite,

.. et restitu k la propritaire triomphante. Elle tient ouvrir elle-mime la portire et ne peut s'empcher de murmurer, tandis qnele roi dM dtectives gravit pitetisement le marchepied t A New:

r|>cll.>rrh(l

les f.Tiisses h>nrhos...

York, une arrestation toutes

les trois

minutes

ATTAQUE BRUSQUEE

cpie dmarrait la voilure pniPierre Kiroul et Bcassine s'taient jets dans un auto-taxi; il fallait faire vite pour ne pas manquer le train de San-Francisco ; les bagages, heureusement, se trouvaient dj la gare, ports par le service

En mme temps

Cette

fois,

tentiaire,

ss pour de bon,

enfm, nous sommes pres constata Pierre en d-

S.

^* ^

bouchant sur le quai et en prenant le pas de course, juste 'V au moment o le convoi commenait s'bran-

de l'htel.

ler.

Pied droit, bras droit cria-t-il dans l'oreille de Bcassine avec l'intonation d'un professeur de gymnastique, et en sautant sur le marchepied de la dernire voiture Oh moi, m'sieu Pierre, c'est tout la fois, rpondit sa fidle ~ ' suivante, qui venait de dcoller > avec la grce / -^ } d'un monoplan.
! :

...

trpidan-

tes journes, puis

s'endormirent jusqu'aux premireslueurs de l'aube. A partir de ce

moment,
Pierre Kiroul

instant plus lard, ilsseiemettaient de leurs exploits acrobaliques, confortablement installs sur un moelleux canap, au centre d'une de ces longues voitures sans cloisou
ni

Un

s'absorba dans la con femplation du paysage,javec de brusques explosions d'enthousiasme: Du nouveau!

...et s'aperut

alors qu'il s' agis-

Encore du nouveau

compartiment, dont

le

modle

est

seul employ sur les rseaux amricains, lis gotrent le charme de la tranquillit aprs ces...

oa, c'est vrai, monsieur Pierre, j rpondit Bcassine tout d'un coup, car un phnomne trange venait de se produire l'inslant mme dans le dossier de son sige, sous forme d'une txjsse norme et rsistante. Elle tenta d'abord un massage avecla paume de la main, puis elle tendit le champ de ses recherches.
.

sait simplement du voyageur plac derrire elle. Ce voyageur avait des jambes videmment fort lon-

gues et une paire de pieds trs robustes; sa tte taitorne d'une (hevelure rouge et d'une grosse "^ paire de lunettes.

Comme
le

il

ne semblait pas s'mouvoir


pas
le
:

moins du monde. Bcassine songea reculer le canap elle se mit quatre


pattes et chercha desserrer les boulons qui le fixaient au plancher. Une voix I interpella soudain.

N'endommagez

l'amende

miss, attention simple demi-tour la mit en prsence d'une grosse figure noire, danslaquelleroulaient deux yeux blancs, assez menaants un contrleur ngre

matriel,
!

Un

D'un signe de
dsigne les motifs de sa contrleur, et plus vite pieds sous son bras...

tte.

Bcassine

conduite. 11 a vite compris, le fait, encore, de saisir les deux

UN AIR DE BANJO

27

tes boxeur, monsieur? temps, oh oui miss... miss franaise, n'est-ce pas? Si vous voulez voir njon beau vase en or, dans ma petite case... Trsimprcssionne, Bcassine suit son dtrmilduwaKon. fenseur vers l'ex

Vous

Dans

lo

La petite case , c'est le compartiment rserv chaque contrleur. 1,'attention de Bcassine se porte tout de suite sur une coupe de mtal dor, prix du dernier combat remport par .M. JorJip,<.nl912, c'cimmerattestele liplme pinpl

Et a?

interroge-t-elle,

en dsignant, accrochs

au mur, trois instruments de musioue, tous trois dans le genre de la mandoline, mais de tailles dilTrentes. Ce sont mes banjos, miss, mes jolis lianjos. . M. JoJipa dcroch l'un des instnunentsets'est sssis
aussi

sur le rebord de

,-<sS~j%

^^^

^. couchette...

\\

au-dessus.

sespoir, secoue

s;i

deux mains

...puis,

d'un

air

'

s-

pir, les
air

yeux versle plafond, il ontam' au rythme saccad, que Bcas


de
t

in
;ie

t-il

noire toson. i.lamais, jamais.jenesaurai xsangloteB icaiaine l'assure que c'tait pourtant In^s joli,
!

_^^ "^^
t

Non, pas
d'arriver
!

,1a

acclmpa^'ne de balancements
Mais.apii'S(iui'lnueshS'a'ions.

te.

r". a t>an

ne saurai jamais
et
il
!\

mon nouveau morceau avant

l'rancisct),

faut

,Ioc''.'

v.

m.

Oui.

niis>!

c;iiise l'o

toujours que je sache un nouveau < m. (" est ma (lance, miss

iospturbnllesou dain d....:- .^i. yeux humides. Oh. miss franaise, si vous vouliet, le crois que je pourrais savoir. Srement je > t^ien: seulement, il faut m'rxpliquer. >
.-

28

BCASSINE PERCE

a, je

m'y

connais,

Devant de si bonnes dispositions, le contrleur ngre, et fianc, reprend son banjo, se rassied sur son lit et explique Bcassine le grand service qu'il attend d'elle, de faon
pouvoir bien tudier son nouveau et taire ainsi la joie de sa fiance.

morceau

Miss Franaise ira contrler dans les wagons sa place percer un trou, a n'est pas difficile; quant au changement de contrleur, ce ne sont pas des Amri^ 'nins qui se frapperont pour
i

comme

acquiesce Bcassine, et ses souvenirs la ramnent auxjourshroques delaguerre, alors qu'elle avait offert ses services au pays, comme auxiliaire sur les lignes de tram-

Au moment de
se ravise pourtant
:

sortir, elle
elle

prend

il

l'appelle,

ways de

Versailles.

11

n'en faut pas plus pour la dcider se munir du brassard, de la sacoche et du perforateur de

son propre billet et le poinonne de toutes ses forces, en Pas ajoutant svrement
:

de

tricherie,
!

moi comme

les

autres

^^1^=,

si

peu.

Jo Jip.

sa tourne, b"""*

Puis elle commence en partant de l'une des extrmits du wagon. Le premier voyageur est plong dans son journal, il tend son billet, sans mme lever les

Pierre Kiroul, lui, a l'air fortement surpris. Un doigt sur la bouche. Bcassine lui recommande le silence, a Compris, fait Pierre, tout en se demandant quel peut bien tre ce mystre.

Troisime

range.

Ah

a,

c'est

ennuyeux

Un

gros

monsieur qui dort et semble sourire aux anges. Dommage de le rveiller, il dort de si bon curl pense Bcassine, mais le devoir avant tout!..

yeux

parfait

^*Ny
'

Elle le tou:

'^'

che doucement l'paule pas de rsultat. Plus fort. ..Cette fois, les
'

yj) ^r*^ '>^_- ^

""""

Legicsmon-

sieur pi

yeux se sont ouverts, mais a disparu du mme coup la .sacoche et du brassard.

le sourire

le

luban de'son chapeau


et le

quelle drle de place

end alors son

billet c^ans
!

la

vue de

tend Bcassine en roulant des yeux froces. Il a bougonn aussi une phrase qu'elle n'a pas eu le temps de comprendre.

mal

se senc bien, notre contrleuse ^^^ Qu'a bien pu lui dire ce mchant voyageur Elle regagne la case du vritable contrleur, qu'elle interrompt au plus fort de ses tudes musicales.

a va moins
l'aise.

'

L'EXCS, EN TOUT, EST UN DFAUT

29

Kpliqup.uOh Imiss, j'avais oubli de vous dire, il ne faut jamais rveiller les voyageurs. Il n'y a qu' bien regarder, vous verrez toujours le billet passer sa tte, au chapeau ou quelque part, c'est
l'habitude.

^ >_^ Bcassine reprend sa tourner. Jusl' filent, encore un dormeur. ]or. Jip avait raibuii: le billet passe sa tte , par la poche du veston, en compagnie du mouchoir. Bcassine poinonne c'est simple, mais il nuiait le savoir. I
:

czA

mmo beaucoup
a, et

plus

les

fer
la
III.

dcidment (loriiii'iit beaucoup en chemin de qu'il fait chaud. Dans le reven de


I

nme

irfait

Le
'

perfovoisin, qui a et redouble

rleur s'est

ruban du chapeau, encore. Le carton est plus dur, par exemple, cette fois-ci. Question de poignet et d'entranement Mais un cri de douleur a retenti,
I

Ah dans

le

chapp des mains de la contrOleuso et reste suspendu devant le nez du conIrl. C'est clair
:

plusieurs choses ont


fois
:

B6cassmc a reconnu son encombrant bonne mmoire, lui aussi, de clameurs et d'invectives. Tout le wagon se remue, Pierre

Un

autre
le
il

voyageur vient renforcer


concert ;

prises

la

le billet, le

chapeau

Kiroul accourt Bcassine.

aux cts de

brandit son mouchoir, agrment de trois beaux trous, ijui ne sont certainement pas de
ta broderie.

effroyable, inhumain...

et les cheveux, les

~v/->

cheveux

rouges, naturellement!

piirat

Joe Jip ap SOI)

loiir, les bicep.s

pitsl'aclion;
nmi';il esl.suivi

du chef de ^..Irain, un blanc,


SiJV^^-^ celui-ci, qui
rc'raite et levoilles dolances <les victimes ;il llxe
la

coupable en fioules
.>!onicil.'!.

Pour ce (|^uj est du mouchoir, monsieur le chef, j'y ferai un point. Non, miss, il est absolument ncessaire que vous descendiez, et monsieur
"

caiil

aussi,
'tst

la

prochaine

un

trs

grand

station; scandale.

car,

lierre Kiroul j\.e? (Il Lessialions ne peuvent chaiiKii ne sont pas rapproches, il est vrai, sur ce parcours de plusieurs milliers de kilomtres. Vers le milieu de l'aprs-midi, cependant, la locomotive fait entendre un long coup de sifflet. In'arrt. In autre coup de sifflet...
1

... et Bcassine et son matre se retrouvent sur le quai d'une gare. Comme le train se remet en marche, Joe Jip montiv, i la

noire et dsole. Sa fait Bcassine. Et noirv mission I soupire Pierre Kiroul, 4 la perspective de ce nouveau retard.

pauvre

portire, sa tte fiance !

30

UN POSTE DE TOUT REPOS

Elle n'est vraiment pas granu^ cette gare, ni surtout bien anirn^. Elle s'appelle Rocky Hait , i. station dans les rochers et le non. n'est dj pas trs encourageant; le

paysage non

plus.

Pas un chat

... aprs plusieurs tentatives sur des portes fermes. C'est se demander, ajoute-t-elle, si c'est bien une gare; je ne vois mme pas de lampisterie. En dsespoir de cause, elle branle une petite fen

constate Bcassine...

Sauvs la fentre s'ouvre soudain toute grande et encadre l'apparilioi11 d une face barbue, au .sourire bon enfant
!

'

tre

rideaux jaunes.

gare, ma petite demoiselle.

Pierre
flatt,

Kiroul

est
fait

Monsieur employ?
Bcassine
.

trs affirme surpris, qu'il n'exerce au-

mais

cune autorit dans


la

compagnie...

un peu

interqu e

Chef de gare,

petite de"L_^ moiselle, deux fois par jour, autant de fois que de trains dans les 24 heures, un dans chaque sens... Monsieur l' inspe cteur, mes respects

ma

^-

y_^ >-< \l,


)

contraire. C'est inspecteur de l 'taux-Rouges, que je vous croyais, monsieur reprend lechef

bien

au

de gare Les PeauxRouges? Bcassine a


flchi

seconde repassent devant ses alTiches qu'un cinma avait poses autrefois sur les murs de Quimper l'attaque de la diligence... et le poteau du supplice... brr Va-t-ell; donc voir rellement ces redoutables hoi

En une

yeux

les terribles

(t

Pau
avoir

p.is

peur, ma petite demoiselle; parat que


je

reurs?

vais venir

sur les jarrets.

me suis tromp; alors, je vous expliquer. Le chef de gare de RockyHalt a referm sa fentre...

Des
n'y

en

voyageurs, a jamais

il

Rocky-Halt , pour la bonne raison que


ne correspond aucun vilcette station
lage.

Une

seulement,

fois

l'an,

et c'est

sa seule utilit s'y arrte ce fameux inspecteur des Peaux-

norme pipe
l'H

et se

lumeune met

devoir de fournir toutes les explications


,

Rouges, charg d'une enqute et d'un rapport sur la conduite


des habitants des rservd. Les rserves, c'est, une dizaine de kilomtres, par l...

^^
vaste

...direction
pipe.,
terri toire

dmon tuyau de

joie

avec la d'un homme <auv de la solitude.


dsirables

accord parle gouvernement des Etats-Unis aux derniers descendants des tribus indiennes. 11 doit yenavoirdes atrocits sur le rapport de l'Inspecteur! s'exclame Bcassine.

partquelqu partout! A son tour, Bcassine raconte ;esdboiresde contrleuse et s"inf rme du prochain train pour San-Francisco Dans 24 heures. Pour ce qui est de vous coucher, il y a une auberge, pas loin d'ici, la seuls maison dans
li'iiarit,

ma

iietitedeinoisclle,

vaises ttes,

comme
.

tout

le

pays

la ronde..

UNE NUIT DANS LA PLAINE

31

'

...

c.

('Si,

laque des

)UJours M.l'Inspecleur. Dircclicm di- iikjii tuyau do pipe, peridniil un quart d'heure; nordouest ensuite, jusqu' une port(5o do carabine, piquez sudapri^; doux encablures, et voustoinJoz dessus. :^^l';ii roule, alors, et demain eominande Pierre Kiroul, (|ui a rrrii toutes les explications sans
!

Le premier quart d'heure a vite ass, rempli des questions que pose cassine, un peu nerveuse, malgr tout, sur les murs et l'histoire des
Peaux-Rouges

Seulement, de nord-ouest en sud, et d carabine en encablure, une heure plus tard, nos deux voyageurs n'avaient encore rien trouv qui ressemblt une auberge. El la nuit commenait tomber... Alors, ils regrettrent tout fait d'avoir quitt le quai de Rocky-Halt et aon sympathique chef de gare.

,,,'

"^XX
J
1

sourciller,
^i''''

en

C.(.i.

habitu

despays sauvasses.

nergie,

bien, fit Pierre Kirdl avec nous allons dormir la belle toile, en explorateur. Je veux bien, Monsieur Pierre, rpond Bcassine; seu-

Eh

lement, il faut faire

comme

j'ai vu..;

le cercle dansvoslivres, Paris: de feu pour se dfendre, la nuit, contre les btes froces
I

^^

< Vous avci raison; je n'y pensais pas! Pierre est eor. thousiasm. En un clin d il, ils onl amass toute une provision de branches mortes et d'herbes bien sches; ce ti'esl pas ce qui manque dans ces parages; le tout est dispos sur l f "yV sol en forme d'un vaste cercle.

Le

briquet

de

souille de Bcassine, et le vent qui balaie la plaine, achvent l'ccuvre de pro-

Pierre, le

Il

tection dans la nuit noire, flamboie le cerile du feu , rutilant ot. fantasti:

Les fauves n'oseront mme pas sortir de leurs cavernes Les deux explorateurs sont assis au centre. M. lirown court toujours pendant que nous nous chaulions les pieds ici... constate mlancoliquement Bcassine
(|ue.
!

Nous le rattraperons, fait son matre; songez que nous sommes au pays de la vitesse... Mais chut!... coutez! Des exclamations se font entendre tout prs. .\ la lueur du brasier, un groupe vient d'apparatre: des hommes et des femmes, porteurs de rcipients varis.

Dans deux Etes-vous fous? hurle le plus g de la troupe minutes, avec le vent qu'il fait, le feu aura pris aux herbes, et le Voire toit de mon auberge grillera comme un bout d'amadou I Bien sr. mon cher monauberge? crie Pierrv, en s> levant. Eteignons talus! du sieur, quarante mtrs d'ici, au pied Et tous se mettent k l'uvre. vite! fait Bcassine

32

SUR LA PISTE DE GUERRE

Deux on

trois

seaux d'eau

bien placs eurent raison de ce feu de prairie , et quelques explications suilirent dissiper
la

mauvaise humeiu' du patron

aubergiste,
affables.

homme

des

plus

Un quart d'heure plus tard, tout ie moade tait runi autour d'un plantureux repas, dans la grande salle de l'tablissement si longtemps cherch par Bcassine et son maitre. L'auberge avait connu de beaux jours, autretois, du temos des diligences...

de mauvais moments, aussi, il avec certaines tribus de Peaux- Ronges turbulents et amateurs de pillage. Bcassine, une fois encore, se fit rpter que tout tait rentr dans l'ordre et que les quelques milliers d'individus an teint cuivr, relgus plusieurs kilomtres de l, dans les rsenes, taient de beaucoup prfrables aux bolchevistes. Bien que se sentant plus en srt & l'auberge que dans la plaine...
...

est

vrai,

deux enjamelle

descend

la salle du rez-

ves

de

la

^^W

traverss par des bandes de Sioux et de Comanches lancs sur la piste deguerre, en qute de chevelures europennes, selon ce que M. Pierre lui avait expliqu dans la journe.

"

nuinr&ent cependant

Rveille de fort bonne heure par tout un concert d'oiseaux, elle ne put s'empCcher ne rire au souvenir de ces fanl"::33S .iocturnes. Puis raachinaleme:.*, cv^mme chaque matin, elle de la prsence voulut s'; .Gurer fameuxsac. sonche\ jt,du main contenant ilK la lettre du

Ti,ins Pas de sac main !... C'est vrai, a... elle ne se souvient mme pas de l'avoir plac sous son oreiller, comme d'habitude. Il est rest sur la table hier, bien sr...
!

"^ 3.\

^_^^.

de-chausse. Personne de lev une

heure

si

matinale

^v-J couch tard;

tout le monde s'est la table est encore en-

combre du repas de la veille. C'est bien cela. Le sac est rest avec le parapluie dans le coin
prs
.-ers

du buHet. Bcaslui_

sine respire et se dirige

ministre.

Le chef est en avant; sa peau est


bien plus fonce, et il semble bien plus froce. Bcassine

en a froid dans

le

dos... Elle sait trs

mais, Soudain, ell sursaute; la porte qui donne sur la route est en train de s'ouvrir doucement. Bcassine se fait toute petite, petite, derrire le meuble. Une tte maintenant. Mon Dieu C'en est un, avec des plumes, des peintures
...
I

bien qu'ils vont lui prendre sa chevelure , pour orner


leur ceinture. Les voici arrts de-' vaut la table et les restes du dner
.second le rejoint
^rs
I

Ils
!

jettent des regarda

sur la figure;

un Peau-Rouge

bandits

Ah

c'est bien vrai qu'il

.5

en ricanant, et

mauvaises ttes!

montrent en parlant dans leur...


qu'ils se

langage! Pardi! a les fait des anthropophages a ne mange pas de cette cuisine-l!
...

rire

LE CLAIR ANTI LOPE

i)
eue est assez solide, sur tout, pour arracher ue cheve luif... C'est plus que n'en peut supporter licassine; elle se laisse triisser cans son encoignure contie
..

5'

'O'
;

i-u entendant ce vacanr.e, les deux sauvages ont sur,

SI

Le
et la

"

cliet

saisit

une
voir

tuilier
sui

en

pne un grand ujj


il

lable:

veut

si

son

ua immense
qui

saut puis l' un d' eux le mo ios coloi , s'est du ig vers le lieu du dsastre et aperoit Bcassine. Une payse ! > s'crie-t-iJ ces mots prononcs en franais, Bcassine soudain. Tt les ^^^u. a rouvert yeux.

balai

^^^^

bascule aussitt, et vient taper en plein milieu du bullet, provo-

verres

quant la chute bruyante de trois el deux

assiettes.

terrassier...

iKivigu
elle

|)i

bonne heure il pour la d'abord, pour

valet de ch.iniiire...

commercoeiicuite, jusqu'au joiu' o, pendant une escale


le

New-York,

l'ide lui

En mme temps
aperoit le patron qui vient d'entrer et serre en souriant lii
elle

est

parle bien

le

main de l'autre, du mchant . a, ile.i

Avec ane prodigieuse


'

franais, ce sauvago volubilit, il


I

venue de rester au pays des dollars, pour tenter la fortune son tour. Il
avait dj essay de tous '"S mtiers...

pays Ah bien non, tout de niinn


I

/y^^^^ ' ^ -^
'

raconte son histoire.

N
il

^ans

le

Finistre,

s'appelli

Charles Fennik.

... 1,11. nul le l.asaui ue m's poic^'rinations l'avait amen du ct des rrcnc.i, il y a trois mois, cjimme apprenti-brtcheron. Il s'tait li peu peu avec les indignes, et avait

'

<

lis

Si'

prouv
pi>ur

un

irisislible

penchant

Irur gnie d'existence.

El voil, payse, coininonl Lhailes Feiiniks'appelle maintenant le Clair .\iililope ,\ caust de son teint d'I.u ropcn. Et voici mon ami Ah-w-\v, ce qui veut dire Guerrier, Valeu leux . un vrai IV/m-Kouge, lui!
"

m ai nos, <

Bcassine a eu bien peur, toit de mfmc... Qu veniez-vous donc, chercher ici, si ll demandet-elle au Clair Antilope .

nolrv provision de tabac: il n'y en a plus l-bas. Seulement, aujourd'hui, le patron n'a pas t matinal: c'est pourquoi Ah-w-w l'a appel en tapant sur la table. Oui, avec une cuiller ! reproche Bcas-sine en riant de ses tem-urs.

34

LEONS DE CHOSES

'-*.-'-

^i"

Sans
ter

se

douIl
...

ments

des vnequi se droulaient

se rejeta alors sur la botanique et


"

en cherchant

mstruire

se

l'intrieur

de

l'auberge,

Pierre Kiroul avait gagn, par une autre porte, le modeste jardin

C ^s

entourant la maison. 11 parcourait activement...

le

sur les vgtaux et les animaux du continent amricain. Malheureusement, au point i^de vue zoologique, il n'avait encore

pencha avec soin surles broussailles qui formaient la clture du jardin, puis
sur les plates-bandes cultives, qui l'in citrent prendre quelques notes sur

Le persil

amricain^ comme toutes choses en ce pays du grandiose,


inscrivit-il

son carnet.

notamment,

est

connaissance qu'avec un norme moustique, qu'il avait d aplatir sur son cou d'une claque vigoureuse.
fait

de taille plus imposante que sonfrred' Europe.

Il

allait

pour
Il s'approcha de la bte, qui montra une brusque mfiance. Pierre sortit nouveau .son carnet, pour noi^T:" Les chevaux, par ^ ici, ressemblent fy singulirement aux vaplus de vivacit.^

suivre sur ce chapitre, lorsque, au dtour d'une alle, il eut la joie de se trouver en prsence d'un cheval qu'il jugea d'espce extraordinaire pour les fantaisies de sa robe pie , grandes taches blanches sur tond chocolat.

Une
lin

cheval;

res, et se

\(

voiture faisait suite au il en dtailla les formes bizarprparait, cette fois, prendre croquis quand il aperut le groupe

extraordinaire...

...

form par B,

...dans

"^^
le

la voie

des

r-

cassuiu

V-TT'^

le

Clair Antilope

le terrible Ah-w-v^, et le patron de l'auberge charg du prcieux tabac. Comme ie cheval, Pierre Kiroul excute un brus-

\^ tru

que

recul.

Mais Bcassine a vite fait de rassurer son iiunet de provoquer son enthousiasme par des prsentations en rgle. Serrer la main des Peaux-Rouges quelle joie Quelle acclimatation! h' un i'euy. est du Finistre, c'est vrai, mais tellement sympathique que Pierre Kiroul entre immdiatement
:
!
.

vlations:
la

buldeson voyage,

mission confie par le Minisdes Affaires Etrangres, M. Harris Brown et son photre

nographe...

PETIT DTOUR

35

... et noii.s bDiiimesrcsls trs Ijons aniis. Je l'ai vu hier,

justement,
fois qu'il se
cistt)
;

comme
rend

chaque
Siiii-1 raii-

me prvient il par un tl(;ramme, et


Son matre, cependant, s'est plus vite ressaisi. Tandis que le Clair Antilope et Ah-wi-w, aids de l'aubergiste, se sont occups charger le tabac dans la voiture car ce luxueux quipage leur appartient U a mdit l'cart, puis s'est entretenu voix basse avec l'ancien vaUt de chambre de M. Brown.

nous nous disons bonjour


Hocky-Ilalt. Vous n'av pas besoin do vous presser pour le rattraper, car, sitiH arriva', il doit partir sur le yacht d'un de ses amis, pour prendre l'air pendant cinq jours, avant de se remettre aux affaires. Bcassine reste atterre. Pour de la malchance, a c'est de
la

di a,

Le Clair Antilope a bonM. Brown 147 avenue?...


!

c'est bien a, n'est-ce paS? t son valet de chambre

Mais j'ai pendant

dveine

un

mois...

La
explose Bcissinel M.ClairFennik... M. Clair Antilope, je veux dire, consent nous emmener jusqu' siv Iribu, pendant que M. Brown se promne sur l'ocan Pac-ilique !... Il en touffe. Si jamais j'avais pens a, il y a moins d'un mois, devant mes casseroles, Kercoz rpond Bcassine, enchante, elle aussi.

biinnc

humeur ..*,A

Soudain,

il

voiture : les trois messieurs en avant. Bcassine l'arrire, les jambes dans le vide, se retenant l'un desarccaux par la force de son biceps, bien place pour voir le paysage, afllrme-t-elle.
il

Parexemple,

faut se las.ser

dans

la

r|?ne a,ins le vhicule.

Notre

tribu est celle des grande famille des fe Clair Antilopn.

Fits-des-Muaget, de la Comanches, explique

...Celadure pendantlrois
jours, et c'est presque aussi

Bcassine prte une telle attention ces explicalionsqu'elle plisse soudain, et se trouve ainsi ohlij^o do courir reculims pondant plusieurs mtres. On arrte pour la reprendre : c'est le seul incident du trajet. Vous avez de la chance, conlinuealors Charles Fennik nous allons arriver pourle dernier jour, le plus beau, de la fte des BonnesChasses qui se clbre tous les ans.
,

bien que le 1' juillet. Le trajet a t vite parcouru, et nos voyageurs viennent de pntrer sur le territoire de la rserve . Leur voiture passe maintenant parmi une multitude do tentes pointues et semble causer pas mal

Un jeune Comanche se diache tout a cvup d un groupe et, en courant prs de la voiture avec une merveilleuse aguil, vieot parau Clair Antilope. Hlas mes amis, quel domioage s'crie ce dernier; il parait que les ftes sont interrompues!.. Sua doute qu'ils nous ont attendus, fait Bcassine sans s'Cmouvoir, et en
ler
!

de surprise.

rtablissant une fois

ennne

Si^n <nii'ibre.

36

UN MALADE DE MARQUE

Une morne constei uaiion rgne dans le village des F ils- des- Nuages au moment o nos amis y font leur entre. Pas d'autres traces de la fte que les restes d'un imposant festin, ^v. Bcassine est en train de considrer les \vi

groupe (le dann-s Pfaux-Jlouges s'approctie d'r svec les marques d'un grand chagrin, en mme temp,s que de la plus vive sympathie. Bcassine rpond de son mieux oar des saluts rpts et de trs gracieux sourires. Elle yt^ nanmoins, de voir revenir, .. est fort aise,

le Clair Antiiope et Pierre Kiroul qui rapportent tous les dtails del calastrophe aprs deux jours de rjouissances des mieux russis, le GrandChef est tomb malade; il repose maintenant sous sa lente, en prcie de violentes douleurs.
:

C'est ce que ces dames,

souaws, comme les dsigne le Clair Antilope, cherchent faire comprendre Bcassine; et elles ont recours elle, ainsi qu' son matre, pour gurir le vnr Grand-Chef, grce aux infaillibles recet tes de l' AncienMonde.
les
>.

...faitBcassine,cnpous.sant Pierre du coude. On peut toujours voir, rpond celui-ci, j'aurai peut-tre une
ide.

Us sont alors amduils jusqu' du Grand-Chef, la plus haute,

Si

on ne

Il

faudrait

le

Salvat...

pas du bien, conclut Bcassine, ce n'est toujours pas moi qui lui ferai du mal.
lui fait

la tente la plus abondamment orne de dessins et de trophes de chasses. Us pntrent l'intrieur, accompagns de Clair Antilope et de

Le gros de l'assistance est rest dehors, malgr


1er

quelques notabilits.

premires gouttes d'un orage qui menaait depuis longtemps.

_..

fait

Le malade repose sur une couche de peaux de btes, et ouvre un


il angoss l'aspect de ces visages ples. On le rassure, et il consent dsigner, par gestes, l'emplacement de ses souffrances l'es;

Puis il tire une langue dont la blancheur contraste avec les enluminures de son visage de Chef. Bcassine l'examine avec compassion.
ler, dit Pierre

Pierre, je ne vois pas trop. Eh bien, monsieur Pierre, moi, je vais vous dire ce qu'il
a, le

tomac, l'abdomen.

veut bien se retiKiroul, nous allons nous consulter. La tente se vide, et l'il du Grand-Chef s'emplit d'une nouvelle inquitude.
Si l'assistance

Grand-Chef

il

a une in-

digestion. Voil deux jours qu'ils font de grands dners; vous avez bien vu tous les plat s.

comme

moi. toul l'heure.-

LA CURE

MERVEILLEUSE

37

dans

"'
1111
'

Bcass ne fouille son sac a rnain. Je m'tais in.unie de a pour s de mal de


'
'

morceau de
un
de

le,

Klle extrait supetit flacon

,..el probablfnniiil iiuc.dans leurs ftes, c'est le Chef (jui est onlig de manger le plus. Pierre Kiroul admet rfe diagnostic

peul-ciie, [iiJi)oseI'ierie,a>miin;mi.

avec d'autant moins de difTiculti, que le malade, ce momeTil.est en train d'excu ter un geste, signifiant, dans tous les pays du monde, qu'on a le cur harbouill.

tante de Kercoz pain grill, pas de ragots, eau de Vichy. Attendez donc, monsieur l'ierre, je crois que j'ai tout ce qu'il faut s\ir moi.
:

dliouche le tlacMit, en laisse tomber v quelques gouttes sur lenio.-.


<;eau

'l'alcool the. Elle

men-

de sucre...

11

''

*h

Pl.njche du tirand-Chel avec tncour.igeant sourire. Apre j,U,, pas mal de reniflements, celui-ci consent avaler ce remde qui l'intrigue...
.SMi.

s'appelle iPihlet a donn les premiers soins au


Il
11,

_ s
...

ei

son visage ne tai'uo pasexpriiniT


I I

A*j^^

la plus vive satisfaction. Oh oh constate Bcassine, je crois qu'il aime mieux a

"^^^
,

mai.s Irand-Chef, ; bouillons d'herlies in.ii.,'iiiues n'ont

l'.iit

qu'aggraver l'-

tat

que du lait; a va dj mieux. Le malade s est tendu de nouveau, aprs avoir montr de la main deux siges en bois artistement travaill. Nos mdecinss*yasseyenl poursuivre les effets de la cure.

Non loin de

l,

x'pendam

du malade. Si les
le la

Cane va justement pas trop mal


Grand-Chef a rclam, plusieurs

'.

:
.

appuy contre un arbre, un


singulier personnage lan vers la tente du Grand-Chef des regards furibonds; il est couvert d'amulettes de tousortes et sa face revt teinte effarante. C'est le

"Visages paies russissent, c'en est fait de sa rputation.

.- . : de merveilleuse liqueur, et sansBcassine, il aurait mme eu d<>s 'endances se passer du morceau

de sucre.

mdecin de

la

Au bout de trois quarts d'heure,


la

est complte, le Fi/-rfeIViiaufs est debout et plein d'entrain. Il voudrait mme sor tir. Bcassine jette un coup d'il par l'ouverture" de la tente. L'orage' bat son plein. Pour un convalescent, la pluie c'est

gurison

"

j:r - . attendre les rsultats de la consiiUation: mais quand leur matre apparat, revtu de sa coiffure de gala, leurjpie et leur reconnaissance 9 donnent libre cours par d'eUroyables clameurs, et l'trange objet roiH^ dont Bcassme se sert pour l'abriter est considr par tous comme l'instniraent de la merveilleuse guri.son. Seul, le vieux Pihl-l semble ruminer de terribles projets.
.

ennuyeux; heureusement,

j'ai

mon

nnnd-Chef sont

n'sts sloques et

parapluie. Les sujets du silencieux sous l'averse..

38

LA RECONNAISSANCE DES

LS = D

ES=

NUAG

ES

Ds la fin de l'orage, Grand-Chef avait runi en conseil extraordinaire les principales autorits de la tribu et la sance avait t marque par ae biuyantes acclamations l'adresse de Pierre Kiroul et de Bcassine, les incomparables mdecins.
le

Ces derniers ont suivi la scne avec une touchante modestie et le plus vif intrt, du seuil de la tente du Clair
Antilope. Celui-ci accourt, instants plus tard...

quelques

pour leur apporter, tout rayonnant de joie, termes de l'ordre du jour qui vient d'tre adopt, l'unanimit, moins une voix, celle de Pihl-Ul Les FUsdes-Nuages, runis en assemble extraordinaire, dcident
.

les

la reprise des fles. Les crmonies auront liea V honneur des dieux Visages-Ples , htes et bienfaiteurs de la tribu.

Il y a deux choses que Conseil m'a charg de vous demanpoursuit le Clair Antilope. Ce serait d'abord, der, mademoiselle Bcassine, de voir votre...

le

Grand

parapluie la place d'honneur; vous comprenez, depuis que vous vous en tes servi pour abriterle Grand-Chef... Accord! Le ClairAntilope hsite pour la suite. Et puis..., ce serait, si vous vouliez bien, tous les deux, vous dcorer aux couleurs de la tribu; cela ferait tant plaisir ces braves y^ Wj-^f^ amis ^ >^ Accord fait Pierre
.

...

Qu'est-ce que c'est? Des

rubans, des plumesJ Dame, non, monsieur Pierre, caserait-, sur la figure, comme njgi, vous voyez. Bcassineet son matre ont fait un petit bond^-, ^^-

marquant

une

/^^ \2X

certaine stuoeur.

(1

ils

Si on ne le fait pas, von t se vexer, fmit par

dire Bcassine. Seulement, il ne faudrait pas des peintures qui restent. Voyez-voB, monsieur Pierre, que

Le

Clair-

nous revenions Kercoz avecnosbarbouillages?

Antilope affirme qu'un peu de savon et une cuvette d'eau suffiront tout enlever. L'opration sera d'ailleurs...

...mene par 'e peintre de la tribu, l'habile Ripol-Hin, un ar-^ liste en ce genre. Si bien que, deux minutes plus lard, Bcassine et son matre, celui-ci trs amateur, au fond, de cou leur locile . se trouvent devant une tente merveilleusement enlumine
officiel

ENCORE

SALON

PEINTURE

1
me des petits pots a Uni par pa.s.ser. Ils sont enchaoKs, tous les deux... et hory
ribles

Toir.

Kipol-llin et Sun aide sont heureux et fiers d'avoir pavoiser des clients de cette qualit. Quelque chose (le bien gai, mais pas trop bon leint, a soin de prciser Bcassine.

dessinent, croisent et s'entrecroisent sur les joues rondes de Bca.ssine et sur la physionomie panouie de Pierre Kiroul. Les clients finissent mme par ajouter leurs conseils. Du ^, vert, insiste Bcassine, avec mon costume, a ^.^s^ ira trs bien
les

Rapidement,

arabesques

se

'

40

APPARITION D'UN REVOLVER

Sous le '*f coup de l'indignation, el aussi d'une crainte lgitime, Bcassine parcourt ainsi plusieurs centaines elle, travers le bois qui entourait le Cflmpement de tous cts.

Son habituel sang-troid

reprit

de mtres, droit devant

assez vite le dessus, cependant, et elle s'arrta pour constater les dgts commis par les Ilches de l'odieux gurisseur.

Un glapissement aigu s'leva, ce momenI,'N_^ de l'un des fourrs voisins: B-cas-sine ! Et Pierre ' Kiroul sortit d'entre les feuillages. Bcassine, enfin 11 ne nous aurait pas mangs, voyons, ce vieux sorcier. Ce n'est pas tant que j'ai eu peur, monsieur Pierre, mais j'ai trouv qu'avec deux accrocs, c'tait bien assez; deux accrocs, a fait deux reprises... n^

les reprises,
i

a prend

du temps, et nous ne sommes dj pas tellement en avance pour la comdu ministre; mme, sans vous commission mander, qu'on ne ferait peut-tre pas mal de se rapprocher du chemin de fer. Ils
venaient de dboucher
sur...

... une grande route et s'y engagrent rsolument. Bcassine se baisse soudain pour ramasser dans la poussire, un pe tit objet, brillant et rond

^"^ touies ses Pierre l'examine de trs prs sous Si cela ne vous fait rien. Bcassine, je vais le garder pour ma collection de souvenirs de voyage. Vous avez eu la chance de trouver l'un des plus lieaux spcimens de l'art peau-rouge', une bague ou un ftiche. Quel trsor! Puis ils reprirent leur marche.
faces.
Il

La
paratre longue
et

roule

commenait

leur

monotone, lorsqu'un groupe se dessinaau dtour d'un brusque coude: un gros homme, en bordure du chemin; une forte automobile dans le milieu" et un autre individu pench sur le moteur de
cette dernire.

Pierre et Bcassine avaient t aperus, eux aussi, car le gros homme s'tait prcipit vers son compagnon, et tous deux donnaient maintenant les signes de la plus vive agitation; avec ensemble, ils levrent les bras vers le ciel.

Avanons toujours, fit Bcassine; on va s'expliquer; ils n'ont pas de flches, au moins ceux 'Toujours avec ensemble, les deux automobil listes semblrent alors disparatre dans le capot de leur voiture et un norme revolver se profila Sur
!

le

fond du paysage.

D'UN GROS JEUNE

HOMME

ET D'UN CROU

41

un

uh

">>^

voil <iui esl

dit Pierre, beaucoup plus dan Fail< s n nie moi, monsieur Pierre, > <jil lciasfineen reprenant son peste d'( ti rvation. Une profonde stupeur se manifesta tout
1
1

gereux <iue des nches;a tait plus de bruit, en tout cas. Avec vivacit, il entrana Bcassine derrire
l'un des rochers

qu

bordaient la route en cet endroit.

Bcassine .ortil son grand moul'humecta de salive, et avec une brutale nergie, se mit frotter lis arabesques de son visage; tant bien que mal, ce dernier revint sa couleur naturelle.
ci oir,

d'abord chez l'ennemi; puis un mouchoir blanc prit la place du


revolver.
'

lin a.s.siiie dpluya, de son ct. le signal des parlementaires, et l'entre-

et s'expliqua son ... tour; une panne venait de l'immobiliser, et, malgr de

vue pul avoir

lieu.

Le gros monsieur

joufllu eut beaucoup de mal prendre cet extraordinaire

com-

change-

ment de dcor. Quand compris, il s'esclafT;

il

en

savantesrecherches,.son chauffeur ne pouvait en dcouvrir la cause. Ce dernier avait, d'ailleurs, rc^^a '"'s aussitt ses investigation

Je voyage pour me distraire, dit le gros monsieur: mon papa a gagn beaucoup de dollars, que je ne sais pas comment dpenser; je ennuie tout le temps et j'ai parcouru bien des pays. Ca m'a distrait un ^eu. tout l'heure, d'avoir desmotions,je vou:> en remercie beaucoup L'argent ne fait pasie bonheur, afDnne Bcassine; et elle semble se livrerai mditation de cette vieille vril...

-, ... ... tmi; elfoilsilu lianleur. Soudain, elle tressaille, ha b.lg'je et s' adressant A st)n matre Oui, monsieur Pierre, le Quoi, la b.igue? trsor pour votre collection, la bague Machinalement, Pierre extrait le prcieux
.

;,

Il

,,

.1

Mon

crou! hurlelechaulTeur en l'apercevant.


!

AvoirCMip.1, .^^ sder une pice rarissin.e

p>

u
:

s.i

o'i-

\^f

Notrecrou! reprend le gros joufllu, en sautant de joie. Encore une motion Men;i L'crou ne tarde pas rejoindre le boulon qu'il n'aurait joniais d
I

lertion et s'en dessaisir au profit d'un vulgaire moteur rempli de cambouis quelle dception Bcassine s'en est bien aperue. 1 j
I

(juitter. Pierre

Kiroul, seul, reste mlancolique.

l'Iijet

de sa poche.

vous trouverai d'autres souvenirs de voyage, < allez, monsieur Pierre, et bien pins beanx
'

42

LA PETITE VILLE DE TAPIOKAH (KANSAS)

Je ne pensais pas trouver des montagnes russes en Amrique s'crie Bcassine en riant. Mais elle a remarqu que cette plaisanterie, pourlant drle, son avis, n'a pas suffi drider le visage morose de son matre,
!

^"^^^S:^:::::^^-^ chemin de pas ici, par hasard s'informe Bcassine. Archibald consulte sa

Le

fer ne passerait

Elle

promet de nou-

et cela l'inquite.

descend en pente brusque, creuse d'ornires profondes, ettouteseme de pierres. Pierre et Bcassine se comprennent du regard ils ne cherchent pas les motions exagres, et, de plus, ils ont une mission remplir.
:

velles motions, cette piste qui

Le village... Tapiokah, il s'apun petit chemin de fer... Mais quelle lenteur!


carte.
pelle... Si, miss,

La piste est plus rapide certainement, mais pour rait peut-tre comporter des arrts... inattendus: nos deux voyageurs prtextent leur grande fatigue et l'on se spare aprs de touchantes effusions, tout
en promettant
lie s'crire.

effet

La plus vive animation rgne en dans cette bourgade du Kansas qui est un centre d'levage. Pour nos deux voyageurs, il s'agit d'abord de se garnir l'estomac. Pierre Kiroul a repris son air soucieux, et semble mettre un soin particulier viter les auberges les plus importantes.

Il y a trop de m..i,uiporte son choix sur un tablissement d'aspect plu modeste. La patronne, trs aimable, a la bonne ide de dresser la table dans le jardin, sous une
!

tonnelle.

I
LES SOUCIS DE PIERRE KIROUL
43

par ce gai pas de la mme faon, il est vrai, et le repas s'achve sans que F'ierre ait rclrouv scjn haliituelle Iwnne humeur... loin Kst-ce que c'est ia sanif, monsieur Pierre, qui (le l ne va pas? s'inauile Bcassine.
est

chaiiiiant,

s<3leil.

Le menu ne

brille

"

-^

Ou

bien avez*

ce

yous de l'ennui parce nue nous sommes encore en panne, pour la commission du ministre? Mais M. Brown se promne en bateau, pour l'instant. Pierre Kiroul aflirme qu'il va trs bien et qu'il aurait mme eu de l'apptit pour un meilleur
djeuner.

Seulement,
cup, en
effet.

il
!

est

un
de

Oh

rien

ma bonne

Bcassin
:

barras d'ar^nt. <'i mortel, comme dit verbe. Voici le caf, d'ail leurs; n'en parlons plus I

Son matre l'ayant vuenient y pense beaucoup, tout en dgustant son caf. Embarras
elle

eut,'ape se dis-

Les principaux commer


anls
la

Bcassine n'en parle plus mais

traire, elle

s'engage alors dans les rues de Tapiokah et ''parcourt les diffrents quartiers, d'un air
trs affair.

reoivent

sa

visite.

d'argent?... Elle semble avoir soudain trouv le remde au fond de sa tasse, et demande la permission de faire un petit tour en

dans boutique d'un marchand de fruits et lgumes, d'o elle ressort


Elle est d'abord entre

trombe...

tandis que son matre son cigare


ville,

fumera

Tous
ont

les np'cianls de Tapiokah le sourire, d'ailleurs, jusqu' ui

vieux marchand a'antiquesierrailles, 3 ni disparait au fond de sa boutique,


erricre

un inextricable

dans celle du pfllissier,(iii'olle(iuitte avec cesmots Le plus gros possible, monsieur, et avec beaiiconp <lo piutaches.s'il vous plat Le ptissier est rayonnant.
...

pour

se prcipiter

reux
Puis, c'est
le

fouillis.

Quand

ce

et poussifini, lut

tour du coiffeur-

parfumeur,
sourin

homme

calaniislr, qui la

brun et remercie d'un


trs

pommad.

Bcassine avait trs chaud, mais elle seml>lail fort satisfaite d'elle-mme et cunclut, en s'popgcart le front : Je crois que M. Pierre sera et qu'il va tre dbarrass de ses embanas. cette fois >
'

ooi.teitt

44

UNE CRISE FINANCIRE.

...

jusqu

Pendant que Bcas


sine s'activait ainsi dans les rues

l'heure

une
tait

du train; sieste le tenpar cett^

de Tapiokah, son matre tait moril aans une des chamores de l'auberge, obligeamment mise
sa disposition.

accablante tempra tare. Son ame d'explorateur ne se sentit plus de joie la .vue d'une moustiquaire, sorte de vaste couvercle qu'un systme de ficelles permettait de faire descendre sur le lit.

Les moustiques taient absents, pour le moment, mais Pierre ne rsista pas au plaisir de s'enfermer, l'intrieur de cet appareil, dont la gaze sembla le prserver, tout au moins, de ses soucis divers, embarras d'argent ou autres, car il dormait dj profondment, dix minutes aprs le dpart de Bcassine. Au bout d'un quart d'heure, la patronne passa une tte inquite dans rentre-billement de la porte, le rveilla et le pria
de descendre.

^.....^

.>.

^j

salle

du

bas,

il

se

trouva en

prsence d'un gamin, porteur de deux immenses paniers, dont le contenu s'chafauda aussitt sur la table, en une pyramide de concombres, pastques et autres produits vgtaux.

facture suivit, portant cette indicaPour M. Pierre, de la part de Bcassine. ' Pierre manifesta d'abord une grande surprise, puis se rsigna payer, pensant

Une
:

tion

<c

qu'il s'agissait

de

provisions pour
la route.

11 S'i prparait rintgrer sa moustiquaire, lorsqu'un autre jeune homme, sans grande aistinction, fil irruption dans la salle en rclamant Sir Peter Kiroul et en prsentant une galette de superficie extraordinaire. Il fallut encore payer; le peu distingu livreur l'exigea avec

c'nergie.

Pierre commena souhaiter le retour de Bcassine, en vue d'explications sur ces luxueuses emplettes.
...

et

Il essayait de reprendre tre tre-coiffeur de '_ interrompue, lorsque le mat\J Tapiokah s'introduisit dans sa chambre, muni de sa trousse et de son sourire pommad. La barbe ou les cheveux? i interroge( De sduisant artiste. Pierre se leva d'un bond et le pria d'attendre un instant.

la sieste

Ur

Ilsentit ri^:!^ la folie toute _ proche en rencontrant, sur le palier, tonneau, un homme et une facture. De nouveau, il pria d'attendre, ce qui n'tait pas
trs charitable...

''^

ET SON

REMDE

45

et se prcipila vers les l'auberRe, en les suppliant


...

patrons de d'envoyei quelqu'un la recherche de Bcassine, Pierre monsieur voici, a Je crois que la s'lance vers la porte qui vient de s'ou!

"' ... et recuk' t'pouvaiit, devant tout dej'.roniblons vulnrables,

^^

un ussurtiment mlangs d'ar-

chafques rapires. C'est le marchand d'anU(|uits <|ui, taule de personnel, est venu livrer lui-mme. x~^

vrir...

-.urune bout de rsistance, et quand la porte s'ouvre, une fois encore, il n'a mme plus le courage de le ver la lte.C'est Bcassine, cependant, Bcassine qui s'arrte..
PieiTcs'efI(.i,^:
.
.

..

li-s

deux

polli.

.!

chai.se,

hanches, pour cout4:mpler, d'un air triomphant, les marchandises amonceles sur la table.

"

-Mais non,

V^

m'.sieuPiv.rre...seulemeni,

vous
I...

bien, monsieur Pierre, n'avez plus de tracas maintenant, bien


-

Eh

sr

Vous ne me
i>

laites

pas de

compli-

ments?

Cette

fois, c'est

trop fort.

Pierre .se sent gagn par la colre; mais il reste dcontenanc par 1 exprrssion de douloureuse surprise qui se rpand sur le visage de sa dvoue auxiliaire. Bcassine, ma pauvre Bcassine, qu'est-ce que viennent faire tous ces concombres, et ce coiffeur, et ce tonneau T Nous prenez-vous pour des millionnaires? > Bcassine tient s'expliquer, car son matre a l'air vraiment fch.

aprs le djeuner, vous m'aviei dit que vous aviez trop d'argent... ??f Hais oui, m'sieu Pierre, des embamu d'argent, que vous avet dit. Des embarras de voitures, c'est quand il y a trop de voitures, comme ce matin, sur la

roule.

'-G>i)

porU'iir

du

luiiiu'au, >v vuii aiiliquairt- iii


est

ii.ii-

lips

sij'ne aussi qu'il

, ....^.. embarras d'est -, ,^^^ y a du trop. Les pniliarras d'argent,

favorable pour prsenter petites factures. Pierre voudrait leur faire cau.ses de ce malentendu, mais le comprendre les

que

le

moment

encore la mme chose, bien srtr: trop d'anjent Alors, j'ai pens qu'il fallait dpensorle plus possible! Pierre Kiroul n'a pu s'empcher d'clater de rire.
c'est
1

coiffeur abandonne alors son sourire pommad pour faire un vacarme effroyable. H n'y a plus qu'i* payer.
<

J'avais cru bien On va tcher


I

mlrieurde

lairt'

sine.

ae

urancar,

C'est la ruine!

constate Pierre en reeartlanl.

conclut son matre, poar la ooMDMr. Je vais tudier la sitoation.

46

LE CHAGRIN DE LA PETITE DEMOISELLE

Pierre Kiroul ne peut queconstaler qu'elle est fort peu brillante, cette situation. Son portefeuille est vide et son porte-monnaie contient exactement la valeur de 3 Ir. 85.

Mais Pierre Kiroul n'est pas de Cftte se contenter simple constatation, et sur les pages de soncarnet, il veut reconstituer les dtails de la catastrophe. Bcassine suit les op ''^ rations d'un il dsol. Enlre deux

homme

V"^ ^^

r->^
... et cela nous a coul dj trs cher. De plus, un franc de France

..

elle se

Cen'est nevautici que33centimes. pas tonnant, fait observer Bcassine, s'il y a tant de millionnaires amricains
!

'

Au comble

de

I.t

mlancolie...

laisse N.,^ tomber sur une chaise et, durant de. longues minutes, mdite sombrement,son mouchoir la main, le menton dans son mouchoir,
tandis que...
^^-w-v.

additions, son matrfc'

explique

Ncftis avons voya- { g en zigzag...

Ci\

A\
\);

Pierre Kiroul aligne des chiffres. Elle se lve enfin, et, a'un pas tranant, se dirige vers la porte. ... 37 et 8, 45... O allez-vous. Bcassine?... je retiens 4...

Vous promener?

Oh non M'sieu Pierre. *i^^^ Je vais toujours essayer de faire des conomies; je vais laver mon mouchoir, qui est sale donnezmoi le vtre aussi; ce sera dj le blanchissage en moins. Vous avez raison. Bcassine^ 53 et 5 58... Blanchissez vos 'des noires en mme.
!

II

tait

grand

soleil

cela console de bien des choses et Bcassine est dj un peu ragaillardie quand elle demande la patronne o se trouve le lavoir. Elle lui emprunte en mme temps une broFse et un battoir.

Elle n'a pas grand mal parvenir jus-* qu' la rivire et y trouver l'emplacement rserv aux laveuses. L'endroit est dsert, d'ailleurs, en ce milietf d'aprs-midi, et, le constater, elle se sent reprise par la tristesse. Elle alBif le battoir d'une main sans courage...

...

!>'est

installe silencieuse-

_ '

ment
...et frappe le carr de toc sans conviction, jusqu'aumomentoelles'arrte tout fait, car elle vient de se dcouvrir une voisine, une charmante fillette de treize ou quatorze ans, qui...

sa

gauche.

Dieu

semble triste, e'.le _. qu'elle aussi !...Ii;ilejetteversBcassinedes coups d'il en oblique,

~^-^^

deux cherchent en vain le moyen de rompre le Mais Bcassine a tressailli soudain, car une larme vient de rouler sur la joue de la petite laveuse et est tombe en faisant un rond dans l'eau de la rivire.
et toutes
silence...

maison de ses parents, situe l'autre boutde la petite ville de Tapiokah.Son pre, misterColt,
...

siuse.

Il

guerre, outre de relles notions de la langue frana rapport des dispositions encore plus marques aux

trs son aise et le meilleur des pres

un leveur

fond.amalheureu^ sment le caractre assez vif; il a fait la campagne in

accs de colre. Or le malin mme, au moment de la paye, les cintj garons qui composent son personnel ont dclar qu'ils voulaient gagner davantage. J'ai dj vu a en France, assure Bcassine, qui ne perd pas une occasion de rconforter sa nouvelle amie. Oui, mais papa n'a pas voulu il est devenu tout rouge, et il a tap sur la table avec son poing, en criant qu'il aimerait mieux arrter son

^ " nenu. A celU... et devenir chemipcrspective affreuse, la voix de la TUIette s'est remplie de sanglot.''. Et les mchantsf^ronsont tenu bon; j'ai cru que papa allait las battre...

levage...

Europe, et de ce sjoursurle.

thtre X<
do
la...

<t

...

Maman

suis

venue

vres !.,. larmes.

est parlio dans sa cuisine, moije ici, et nous allons devenir 1res pauC'est alors un vrai torrent de

Bcassine s'est releve d'un bond. Non, ma petite mademoiselle, vous allei voir que non I... .\tlendez-moi cinq minutes seulement. Et ne pleurez
plus!...

Elle s'loi$>n# pn conraat. Elle 'airte du chemia, encor. crier :


'
'

pow

J';<>

prt^pr

deux mowaMbt; Os sont K..cuant; toos fovtm vous


~ I

en servir

48

BRISEUSE DE GRVES

Celle-ci avait

maintenu son
ils

Pierre Kirouj traversait la cour de l'auberge et se dirigeait vers le bu-

reau du tlgraphe pour demander par dpche M"" de Kercoz, sa tante, de lui faire parvenir quelques
fonds, lorsqu'il re-

allure depuis le bord de la rivire. Pas la peine de tlgraphier, haleta Bcassine, a va inquiter M^'la comtesse. Nous allons gagner de l'argent, m'sieu Pierre, et ce sera vite fait dans l'levage,
:

vous pensez
moiselle qui

AUonsd'abordchercherlapetite depleure dans la rivire

laissa entraner; au lavoir, retrouvrent la fillette, qui avait enfin sch ses larmes. arrivant prs de sa maison, celle-ci prfra passe l'arrire, de crainte que la colre paternelle ne ft pas

Sans rien comprendre, Pierre se

En

/0\

ut Bcassine

en

plein es-

tomac.

Courageusement.Bcassine frappa la porte. Mister Cot apparut, videmment trs en colre et prt vocifrer. Tout doucement, B/jy^. cassine dclara qu'elle appor^ ^ tait des nouvelle de la ' J^
te deselle

Mr Cot s'adoucit aussitt et utilisa ses notion de langue franaise. Oh la mchante petie chose, si longtemps absente !... Il pria ensuite Bcassine d'entrer. Pierre suivit, et la fillette aussi, la surprise de son pre qui l'embrassa ^.^^^ joyeu.se sans T songer la gronder.
!

Bca>^iii'

idit

alors ses proposi-

tions

puisque

les

garons employs par


, I

mme /^

y^

M. Cot font les mauvaises ttes 'il n'y a qu' les renvoyer. C'est dj fait asEt si vous voulez sure l'leveur. bien de nous, continua Bcassine, je crois que vous n'aurez pas

vousplaindre.
Moi, je suis native de la cam-

-..

pagne,
li^

de

i.locher-les-

dans les et chiens,les poules.les canards,


je

sans ' itL."^ compter l'ardeur dploye par sa chre


fille

Dans la vaste cour tablissement. Mister Cot


sine

L'uluVL-ur levipnt avec

m'y connais, dans les chevaux aussi. Pour ce qui est de


M.-Pierre, il connat tout, i L'leveur se laisse convaincre par tant d'assurance...

faire l'loge de

Bcas-

sine. L'engagement est ''conclu, et l'on se met en route pour le roncA, c'est--dire les

demande Bcas Vous savez vous servir du lazzoi


>'

une cordeimmense, dispose en ruu.eau.


Voici le /as2o,habituez-vouslelancer; cela vous servira pour rattraper les btes

terrains d'levage.

Non, rpond Bcassine, mais j'apprendrai vite. Elle n'a aucune ide de la nature de cet objet, peut-tre un produit italien pour la cuisine.

qui

tenteront de
les

s'chapper. Je vais

montrer

btiments M. Kiroul.

Bcassine est reste bien perp'exe^

50

LES CONSERVES DE MISTER COLT

fort heuLe roliuste Mislpr Cot, reusement, recouvra l'usage de la parole, ds que Bcassine, au comble de la dsolation, l'eut

W^

aid d<^eager sa tte du perfide cordage. "yjv M. Kiroul s'occupera des b(>tes,
'cria-t-il

pour vous-mme, nous allons chercher un


;

vous mettrez avec une gnwde cuiller; et moi, je fermerai avec U soudure. J'ai eu l'ide, pendant que je faisais la guerre en Europe...

Ma femme

fait cuire,

dans

les petites bottes

autre travail

Sur une
a
...

table, la

bonne dame dposa deux de


et,

ses grandes

la vieille

coup

les

Europe aimt, beauconserves dans les boites

bas.sincs,

qui mijotaient encore

toute souriante, tendit

amricaines; alors, nous conservons avec tout : avec haricots, avec salsifis,

une louche Bca.ssine. Dans chaque boite, beaucoup do carottes, un peu d'oignons, prcisa-t-elle, et, sur les tiquettes, vous crirez Carottes Coignon.
:

avec potirons. Mislress Cot vous montrera, pour avec


n.ivels,
le

Puis, elle retourna son fourneau. tSi vous mettez beaucoup d'oignons et pas beaucoup de cria-t-elle encore, il faudra cnre Oignon la carotte. Bcassine se met l'ou vrage et manie la louche et le pinceau i coUe avec bien plus de succs que le laao.
carottes,
:

travail

.fsliMSsiiU'SSont

bientt videset remplaces par deux autres, de nuaiiie et d'odeur dilTrentes. Kilo s'y connat assez en
lgiiiiios,
nit>la[ig(!,

MrCiitl revient a coiuonu'nt pro-

mener un nez souponneux sur ces


excellents produits;
:

pour procder au
sans

il

reg.irde aussi

mme

de-

mander

d'explications.

Pommes de terre les ti(piottcs fi la satire tomate. Ail right I

Soudain. il sursaute Oh vilaine horrible maladniite Tomates la satire pommes de terre ' Bcassine explique qu'clleacru bien taire, ayant eu la main lourde, plusieurs
: ! !
.'

M.iisi lievfur
et

reprises,

pour

le

dosage des pommes de terre.

rves amricaines, ne voudra jamais avaler ce produit au titre biiarre.


-<

voiifi^re iiu friandesoit-eili

'''

^'

NOUVEL APPRENTISSAGE

49

Premier essai;

a, n'est

qu'elle

a vrai! Les

Ainsi roule et pose terre, cette corde a l'air d'un vilain serpent. Pour l'apprivoiser, elli. la drouk. Puis elle a envie de sauter la corde, comme quand elle tait petite, Clocherles-Bcasses.

lirus(|UL-mfnt,le souvunirlui revient des gravures vues dans les livres de M. Pierre, Paris. C'est ccw-boys Il n'y a qu' faire tourner la corde au-dessus de sa tte, et puis
!

C^

pas fameux, La corde s'enroule autour d'elle et la ligote, tel un simple saucisson.

la laisser filer.

Deuxime essai; ses peds se trouvent malheureusement pris dans le nud coulant, et elle a la fcheuse ide de tirer dessus avec nergie.

Elle reste atterre, et... aiterrie. Mister Cot et le matre de Bcassine, superbement transform, passent ce moment. Je ne sais pas encore tout fait, mais je vais y

arriver

leur crie-t-elle...

... en se remettant vivement sur pieds. C'est gal, quand il faudra que je fasse a cheval songe-t-elle avec angoisse. coup, la
!

Du mme

manuvre

pied lui semble enfantine.

Sans
la

difficuif,
le

cette fois, elle fait tournoyer

Bcassine

se

corde;

mouvement
siffle

s'acclre

peu peu; a

mme.

sent une me de cow-boy ; elle pousse un cri guttural et laisse filer entre ses mains.

Un autre en rpond au sien, derrici e la palissade qui borde la cour. L'cho peuttre ... Non, car en tirant soi, elle prouve une forte rsistance, et c'est un
'

Au-dessus du mur, apparat alors

un

terrible visage, rouge, congestionn, avec des yeux furibonds:


! !

hurlement, cette

fois,

qui se fait entendre.

Mister Cot Horreur Bcassine a attrap son patron au tazzo/

LES MPRISES DE LA LANGUE FRANAISE

51

Machinalement, arec uiriro

Mr Cot est colreux, mais point mchant. Il suspend la fabrication, et sort k grandes enjamb^^es. Je m'y perds aussi, moi, dans tous ces mlanges, murmure Bcassine en
considrant
les botes.

-^^^^ij... insMr Cdll n-hiir .|ii.-itants aprs, arm de deux grands seaux remplis de lait. Nous conservons aussi avec le lait, explique-t-il nous faisons des botes de lait condens. Ce sera facile pour vous; d'abord le lait dans les 5^ petiti'.s /''^ l.fitrs.c jerevien>^^'\i drai
,,
;

soupir, elle verse du lait dans les boites. Elle me'., les boites dans un panier, qui se trouve l, Urre; elle attache un morceau de ficelle l'anie

du panier-

S^
...

accroche
...

ficelle

un

l'autre extrmit de la clou (jui sort du

de plus en plus rapide.


trs satisfait, elle suit

Une demi-minute lui est


saire

ncesqu'est-

D'un il

avant de pouvoir s'expri:

les cabrioles

du

panier,

dj
C'est

mer

Oh! malheureuse,

mur, un peu au-dessus de sa

^^L

ltc, laisse [lendrc le panier, puis imprime l'ensemble un mi mouvement de va-et-vient...

tout clabou.ss de lait, Mr Cot fait irruption.


la

quand
qui

ce que c'est? Qu'est-ce (jue


je vois!

Des boites de lait qu^ont dans, rpond gentiment Bcassine, en pcr~ manuvre. Mr Cot ne Sin franais pour comprendre riit.i......

us sa He
/.

.,,

prise.

cette fois, surprise, l'trangle, aprs le lazzo.

Sincrement, U croit la son employe...

folie

de

du pt>tager marmite, et le lait de la vache la


... la
laiterie.

que

je

Je sens bien ne ferais que

ii^-

jusqu' Ki roui, arrivant sur ci'S entrerussi lui expliquer les motifs faites, ait de celle mthode originale. Boa.ssine conirrend aussi; elle lais.se descendre son panier jusqu'au sol, et son amertume...
...

Pierre

.\ii.ilr

.l'un .siul

Irait.

J'aime
doit

Pierre Kiroul, de son dM, failli se faire a transpercer par un bu'ul lcalcltrant. Mr Cot prfore

lies btises.

t_'
11

!< " i\c


:i

**

-I

'

:ncnl

mieux pas continuer, monsieur. a

payer

tre trs Ixm, je ne disp;u>le amLraire, tout ce qu'il y a dans vos liellcs botes. Mais par chez nous, en Bretagne, j'ai toujours vu les lgumes aller tout droit...

ses pii6nres

deux

proportt'

nne

em-

ploys.

.s les sparation meilleurs termes. Ht le leudciuoin, au petit jour, nos deux amis se retronvaient une fois de plus dansnnwason.
\

52

WASHINGTON CINMA
=

^^
pour nous
I...

ter

se pi Csen 37 lue,
:

N152.Voil

Ce <}isJOgue
mi-cheville de

anim avait
""** Pierre: Non, Bcassine, si je aisle tour, il a'y aura plus personne )our tenir le journal. Venez plutt de mon ct. (Il retourne son journal). Pierre et BCASSINE, (/sont

lieu

min, entre la petite

et la giande cit de Chicago, o Bcas.siueet son matre avaient dcid de s'arrter, parce que ce

Tapiokah

PiEEKE KmouL. Ehbiennon.dcidniL'iil, j'ai

beau chercher partout


:

dans

Dplacements, Htels, le jcHiirnal Mariages, Elgances, pas de nouvelles JeM.Brown. Jecroistoutde mmeque lous spmnies dans iitljuniR' direction.

Ae Quoi? Un lampoiinement Bcassine: Non, m'sieu Pierre, mais regardez ici Pierre: O a, ici? Je ne vois rien, j'ai tout le journal dans l'il. BCASSINE 11 faudrait que vous lassie le tour, monsieur Pierre

ensemble: Directeur Washin-tonI inma, Chicago, demande deux

trajet correspondait lexactement lasomme qui leur aval tte remise parle brave Mr Cot.

employs
leurs.
crire..

intelligents

et

travail

Trs press; ne pas

L'annonce dcouverte par Bcassine, c'tait donc l'esprance de pouvoir aller jusqu'New-Yorkaprs quelques journes de travtjil et d'y joindre

enfm

M. Brown, revenu sans aucun doute

de San-Francisco. Un ijji'art d'heure aprs leur arrive, nos deux voyageurs se trouvaient devant l'entre du Washington-Cinma.

Le calme rgnait dans l'tablissement, cette heure, et grce de gigantesques flches bleues surmontes d'inscripn'prouvrent aucune difTicult parvenir jusqu'au cabinet du directeur.
tions,
ils

Celui-ci, dans une tenue singulire, se livrait une occupation inattendue. J'coute, dit-il sans se retourner. C'est ipour les employs intelligents et travailleurs, hasarda alors Bcassine. Oui, bon !... Cette eau chaude est un

peu

loin.

...

Toujours beau-

coup faireau Washington-Cinma; je suis

'VJ de sop bureau, le matre de Sur le coin Washington-C inma prit un bol de mtal qui contenait rie l'eau tide, ainsi qu'un blaireau, et confia le tout aux mains de Bcassine. Certificats? demanda-t-il brusquement.

'>^ avons pas, monsieur le directeur, rpondit Pierre, parce Bon, trs bien coupa le directeur. que... Chez les concurrents, - ous n'auriez pris que de mauvaises habitudes.

Nous

n'en

oblig de

me

raser
t

"*

pour chaque reprsen a vous engage. D'abord, nettoyaire de la salle, pour la sance du soir. Suivre les flches rouges et voir le chef de matriel.

NETTOYAGE PAR

LE VIDE

53

Ufl peu tourdis, les deux nouveaux employs suivent

rouges travers tout un rseau de couloirs et d'escaliers. Bcassine songe avec inquitude qu'il y a
les flches

vraiment longtemps qu'elle n'a mani plumeau ou bamais son matre relve lai,
sa conliance aussitt.

des flches rouges se trouve, en effet, le chef de matriel. Quelle chance le balayage de la salle s'opre au moyen d'un aspiraleur le nettoyage par le vide est la chose la plus aife du monde. Pierre Kiroul surveillera la machine, place au sous-sol...
I :

Au bout

d'un maniement fort ... et deux leviers, un cadran. De la simple machine, part un long tuyau...
:

a^rnel. Sons i'actwn de ia machiue, powBicre seles moindres grains de par le ooiwt.

Pierre est ravi do se voir la mcanique aussi docile. fixs sur la petite aiguille du cadran, il ne larde pas se lais.ser tenter par les grandes vitesses; la
tte d'une

Les yeux

tche de Bcassine ne pourra d'ailleurs que s'en trouve- facilite.

L'aspirateur fait alors entendre un puissant et, entranant Bcassine, semble vouloir avaler tout ce qui se trouve sa porte tentures, tapis ou fauteuils. L'air de la salle parait secou par les conrulsious d'un

ronflement

Bcassine, aprs tout, n'a pas l'habitude de manier les ouragans: s'approche de la sortie. Les papiers et les hillet.s pars sur le bureau du contrle prennent leur vol, comme une Iroufie d'oiseaux multicolores et disparaissent en un clind'iLOIa devient grave !... Quelqu'un enfin ! C'est le directeur, lui-mme, qui n'a pas
alTole, elle
le

ouragan.

temps de

:e-

/T^

tenir son...

.. ,^^

^'^t

^^^

.....

.....

...

.._

-.

chapeau, un d'une inunacule


...

di'

grns

caliliri"

raini'iiiT le

joie cot objet fruiclu'ur, foruie-i'ouviToio et sulllt pour caliiio dans l'ulninsphro.
!

Le directeur se prcipilo au sous-sol et arrte immdialenicnl la lougueuse machine.

rin/ma. aspirs avec les grains de p<)U.ssirc,int l'tal de galette, dans le tond de la mai hine. a tient moii.s d" place, constate le dip-cleur avec calme; mais il n'y en a pas besoin au sous-sol.

54

LE BB N

17

Les matines du jeudi, spcialement consacres la jeunesse, attirent toujours beaucoup

le
f

Le directeur du WiwftjngtonCinma porte un peu partout coup d'oeil du matre. Il


particulirement

s'attarde
l'inspection

mres de famille, collgiens et fillettes en vacances se pressent au guichet pour admirer le nouvel pisode de la Reine du Far-West, ou la dernire cration du
:

de

monde au Washington-Cinma

promue

vestiaire, dont Bcassine a t directrice. Tout est prt, d'ailleurs,

du

pour recevoir des dizaines de chapeaux et des


bataillons de parapluies.

.Mais une tche plus dlicate encore est rserve notre amie. Comme beaucoup de thtres et magasins amricains, le Washington

Cinma comporte une pouponnire'annexe

son vestiaire, o les mamans peuvent, en toute scurit, dposer leurs bbs pour la dure de
la reprsentation. Par n large guichet capitonn, les jeunes clients

dsopilant Chariot.

commencent

d'ailleurs afiluer.

Aprs quelques dmls, Bcassine russite ranger


sas lieu-

un

ses erreurs. Bcassine numro chaque

remet
et

maman

attache au cou de chaque baby portart le chiffie correspondant. Elle reoit en

un carlon

Le .N" 17 est un "grand ,lui.d'aumoinsdeuxans. Son allure est vigoureuse el dcide. Sa mre et sa grande sur semblent tiis surexcites l'approcha du spectacle. Nous comptons sur \ous, William, pour ne pas nous dranger pendant les films, surtout pendant la Reine du Far-West; nous viendrons
l'entr'acte. Une sonnerie vient d'annoncer le dbut ae la reprsentation. Aucun baby n'apparait plus au
guichet.

ses administrs en une seule ligne, et dans l'ordre des numros. Elle les compte et les recompte: 23 !...

Quelle responsabilit tout de

mme

mme temps
crie trop fort,

les

recommanda-

tions les plus minutieuses. S'il

piciselamaman

du N"
tite

16, en tendant une pemarmite, deux cuilleres de bouillie... deux... mais pas

plus.

...duct

desmanteauxei"

bution de jouets, un calme bonheur fend rsner dans le vestiaire-pouponnire, lorsqu'un difTrend surgit soudain entre les N 3 et 9, et ne tarde pas dgfrer en assaut de boxe.

des parapluies. Ce coin esl

Bcassine se prcipite et s'efforce de ra-

mener les deux adversaires la raison. Malheureusement, le vigoureux N"!? profite de cette occasion pour se dresser sur ses jambes et faire un petit tour dans le local voisin...

vraiment dlicieux, et rpond aux gots du vigoureux N" 17. Les casiers se
prtent

des exercices

... et les plus aimables fantaisies sont possibles, titre d'intermdes, grce tous ces numros qui se balancent au bout de leurs

sportifs trs variis...

ficelles.

UNE TNBREUSE AFFAIRE

55

L'pisode de celte semaine estpassionnanl, et droule sur l'crau des


<in

entre les N"' 8 et 9 ayant pris fin, fois de plus, a parcouru des yeux la turbulente range... Oh mon Dieu !... il y a un vide, maintenant, entre le 16 et le 18 I... Bcassine chiTche le N" 17 avec inquitude, puis avec angoisse. Le N" 17 ne s'en doute gure videmment, pas plus, d'ailleurs, que sa maman et sa grande sur qui, au second rang des fautmiils, suivent avec une motion grandissante les aventures de la Reine du Far-Wesl.

Cependant, Bcassine, une


!

le conflit

vraiment tragiques. Mais personnage imprvu apparat soudain, une imposante silhouette, une ombre chinoise , qui semble la proie d'une vive agitation. C'est Bcassine nos lecteurs l'auront plus vite reconnue que les spectateurs du Washington-Cinma. Bpripties

... dont les recherches sont reste vaines et qui a fait irruption dans la salle :

La

maman du N

17,

s'il

vous

plat...

cassine...

parce que le N17 est perdu! crie-t-elle du haut des gradins, et sans se rendre compte qu'elle est sur le passage du rayon lumineux.

>

Lu

niuiiuure
les

d'inqui-

ludea cuuiu paiiui

niamansdes

derniers rangs qui ont seules entendu, et se sont vite rassi'res, par un simple coup d'il sur leur
la
de pouponnire. La musique a couvert voix de Bcassine pour tout le reste de l'assistance, et l'ombre chinoise a rapidement disparu...

car le directeur du Washington-Cinema vient de se prcipiter vers son employe : film!... le projecteur!... Attention I... le vous bouchezle projecteur... Chercherai avec
...

numro

vous

le

N"

17... le

retrouverons.

ploits de la Heine du Fat-Wesi ont ra eux l'attention gnrale et paraissent devoir en bnficier jusqu' la fin. lorsijue la voix de Bcassine dchire de nouveau le silence, claironnante, cette fois, et victorieuse' de l'orchestre : Que la maman du N" 17 soit Iranjuille, le N" 17 est retrouv; il tait pendu un clou Un cri d'angoisse retentit au deuxime

men

rang des fauteuils.

T
Fondant
la foule qui rclame la

sa joie, U'j-

cassine
avait

ou-

lumil^}*^et

bli qu'elle

qui commenle avec pasjiion ce tragique incident, ip pauvre maman du N 17 s'cl.ince dans
la dircclion de la pouponnire. Klle Irinive Bca.ssine et le liirccteur en contemplation...

pendu un clou et orn du N 17, le mme (jui se balanait au cou de William, quelques
instants auparavant, et dont le vigoureux jeune homme a eu la malencontreuse idiV de se dbarrns.ser au cours de ses bats fantaisistes.

cherchait un enfant, non pas un^ parapluie. Mais William vient arranger les choses, en se jetant dans les bras d ta famille. Quelle motion vous nous avez donne t lui dit sa mre en l'embrassant. William, vous tes encore plus Hmm.Ttioue nue la Beint du Far-West^*

56

LES SURPRISES DU TLPHONE

Prpos depuis la veille aux


fonctions de ^ tlphoniste, Pierre bondit vers l'appareil. All Washington-Cinma?
!

nasilla

une voix
!.

lointaine...
.

Oui, monsieur

La

troisime journe

imprieux.

du sjour de Bcassine et de Pierre Kiroul au Washington-Cinma semblait devoir s'achever de faon plus calme que les prcdentes, lorsque le tl phone fit enten, v dre uq appel ^^

J
.f^

ce soir un auteuU de cinquime rang, au nom de M. Brown... All vous m'entendez.'... Je dis M.Brown, Harris, MichiganHtel, parce qu'il y a beaucoup de Brown !... Merci r Un bruit sec indiqua que la conversation ,.^-7>^ tait
f ! !

me garder pour

Prire

de

fc

%
''

peut.en effet, qu'il beaucoup de mes sieurs Brown en Amri que, mais aucun certaiEement mme en chair
Ilise

ait

dit Harris, articula 't'ierre enfm. Harris? Mais oui, M. Harris Brown, nui itend la lettre<du ministre I Et je n'entends plus rpas attendu ma rien il n'a Deux minutes de confponse !
ll-a

termine.

ei en os, n'aurait pu mouvoir'Pierr( Kiroul, comme venait de leifaire ce

rence...

Mr. Brown

en particulier,

invisible
fil.

au bout du

Quelques instants plus tard, elle s'lanait hors


du-

Washington-Cinmc,

tournait instinctivement droite, et marchait pendant dix minutes, surexcite au dernier degr,

de se entir si proche du but tant poursuivi. Puis le calme revint dans ses
ides,
.

et,

alors

seule-

suffirent

aux envoys du ministre


des Affaires Etrangres de

France pour prendre une


dcision. C'est Bcassine qui profiterait de sa'libert

ment, elle se proccupa de la situation exacte du


Michigan-Htel.

Pour

la

premire

fois

de sa vie. Bcaf,

cassine entra seule

dans un

y com-

jusqu' la reprsentation du soir pours'acquit-

de Chicago, il le fallait bien puis une boisson que, dans son motion, elle appela un biscuit de soldat...

manda d'abord l'Annuaire

... au lieu de whisky and soda. Sa mmoire ne lui avait fourni que ce nom, sans qu'elle st mme de quoi il f)ouvait s'agir. Le garon lui objecta la

oi

contre

l'al-

cool.

-/^\

ter

de la dlirt,

missii'ii.

Elle

demanda

alors

une

tasse

d'eucalyptus, qu'elle ne put boire, parce qu'elle tait brlante, trouva l'adresse exacte du Michigan-Htel, et, reprit sans tarder sa marche rapide. Elle tait sur le bon chemin, heureusement...

...et, peu de tempsaprs.elleavaitla joiedesetrouverdevant le bureau de l'htel. Un^aron y sigeait, profondment endormi. Bcassine frappa quelques petits coupssurle dessus du bureau, et cet homme leva la tte, sans interrompre compltement son sommeil. Mr. Harris Brown, s'il vous plat? N"86, marmotta le dormeur... Oh je demanda Bcassine. dois tlphoner de sa part au Washington-Cinma .'...

C'est justement moi, le cinma, Quelle chance ^ cnonna l'engourdi personnage, en faisant effort pour maintenir ses paupires ouvertes...

monsieur.

CELUI QUI CONNAIT M. BROWN

57

net

(lu

U'U'phone

piiisiiiie

en sairissant le cor Mais non, monsieur, je suis l ! interrompit Bcassine.


:

-C'est vrai! Kh bien. Mr. Hrciwn vient di!,partirJ'instant pour New- Vork, parce qu'il a reu une dpche, et il m'a dit de tlphoner,
'

bien

vite... au Cinma... Ma Dou! ment Bcassine, mai.s sur un tel accent que

fait
le

simple-

garon du

Sans se permettre d'inutilef> famentalions. Bcassine pense qu'elle pourrait arrivera

Michigan tait

Htel s'est rveill tout


/Sfck
c
\

temps la gare. Elle degnalement de

mande
Prown.

le si-

Le garon fournit ksdqu'a pu lui rvler l'exercice desa profession; Mr. Brovvn laisse toujours un las depapierssur le parquet de /^K sa cham
tails

bre..

...il porte des chau.ssures avec des talons en caoutchouc, tout neuf.s' A part cela, Mr. Brown est chauVe. En taxi-auto, Bcassine parvient rapidement la g.ire, oii rgne la plus grande animation. Sans se laisser dcourager, elle insperic attentivement, et de fort prs, les pieds de toute j/~-^ la file des voyageurs qui se prparent /*\ prendre leur

enfin, un dont les talons sont doubls d'une paisseur de caoutchouc neuf.joie!

Voici

Biassine se portent immdiatement l'extrmit oppose. Pourvu

gentleman

gentleman n'ait pas de cheveux .4vec ces grands chapeaux, on ne peut Hen voir! Bcassine examine de
!

billet.

tous les cts et sous tous les angles. Tout le

monde

rit.

l-e

mon-

sieur est
trs

tonn.

ICxcusez-

iiioi.inade-

nioise'lle,

sauf

^^

le

gentleman qui se

sent ridicule, et qtii demande Bcas-^ sine ce qu'elle veut de lui. Ma loi, tant l'n petit pis Bcassine se risque
I :

mot seulement,

niisler

Brown.

maisjesuis Mr. Smilh, fabricant de caoutchouc, et j ai acconipjign Mr. Hri)wn avec lequel je viens de Iraitor^une splendide affaire. .Maintenant je prendi dos renseignements pour me rt>ndre demain dans mes iilaiitalions. Le voici qui -part, Mr. Brown!

Un tram branle la gare, ir Mr. Smilhsalue respectoeuMOieat. 11 a de beaux cheveux triss. Quel dsastre!... Mais U oonnall Mr. Brv'wn. C'est dj quelque chose !...
elTet.

58

UNE PLAGE MONDAINE

Herringport est une les plus apprcies des


kais.

des plages

New-Yor-

et les parasols semblent l'troit vaste grve, et les trains y dversent, chaque samedi, des centaines den papas , heureux de quitter le bureau pour la famille, jusqu'au lundi matin.

Les tentes

sur

sa

En cette claire matine du dimanche 14 aot, l'animation y est plus extraordinaire encore. C'est le concours de sable, et des groupes se forment en discutant, devant les forteresses, bateaux ou autres chefs-d'uvre des jeunes architectes. Quoique l'assistance soit distingue dans son ensemble, deux personnes retiennent plus particulirement l'attention parleur tenue d'unerare lgance. Mais oui... Bcassineet Pierre Kiroul, qui n'ont fait que passer New-York en date de la veille, y ont appris le dpart de .M. Brown vers les bords de l'ocan
l'ont suivi par le

premier

du matin.

me

son matre; caoutchouc m'a bien expliqu comNousreprendronsun mentilest peu plus tard, conclut^Pierre pour l'instant, -,
le
!

Je Bcassine

suis sre qu'il n'est

pas

ici.aflir-

marchand de

de lettres qui s'taient amonceles lan tic-Htel, et qu'il a prises au pasM" de Kercoz, sachant ce que les voyages de son neveu comportentd'imprvu,agliss quelques billets de banque dans une desespremiresmissives; et les emplettesralises, dsla descentedu
train, aux N^ouries de Herring-

... rsultat de cette gnreuse dire vrai, un vteide. ment de laine ne s'imposait pas par cette

temprature. Mais Bcassine sait qu'il


faut souffrir pour tre lgante. Elle
se

-^

contente
'

d'emmenerson ga*-_
vers l'extrmit de

port, sont

le...

matre

^"^J

'

-v>^

j*>-

-^.

^ \

je continue la lecture de

^^^

mon..

la plage...

de fracheur etdetranqnillit. Ils s'engagent sur une petite estacade, tjue viennent doucement lcher les flots de la
...o doivent rgner plus

Quelque chose Regardez donc, monsieur Pierre. Mais, non une montre... et qui pour ma collection? marche 11 heures et demie !... Oh ma Dou Une main vient de sortir de l'eau, puis un commencement

Une tte merge son tour, casque de

caoutchouc
nez, par

un

et complique, l'endroit du dispositif bizarre. Deux se-

'mare haute. Bcassine se baisse soudain

de bras. La main cherche:

le

bras s'allonge.

condes de contemplation, puis des noms Mons'entrecroisent mMisse Bcassine Mister Kiroul sieur Archibald i

LES

DRAMES DE L'OCAN

59

Un paquet d'eau l'a forc d'arrter un instant. ...que je restasse plus de 2 minutes, 35 secondes sous l'eau. Personne n'a encore pu le faire;
Il

s'agit

gros et

nomme,

bien du millionnaire jeune rencontr sur les


'^J//J)j

c'est le record du monde, et je voudrais le battre. J'obtiens de bons rsultats, d'ailleurs, en me bouchant le nez avec

routes du Kansas. Je fais de l'entrainement, explique

Archibald Davis; je fais de l'entranement pour la plonge. C'est demain le concours de natation et il faudrait que
j!>\

une pince linge. Le dilHcile, c'est de regarder la montre travers l'eau. Surtout que je

l'avais enleve, confesse Bcassine, pleine de remords.

je restasse... n

La tentative est reprise, aprs une courte dlibration, et avec un gr.ind perfectionnement, d l'imaginatinn de notre amie qui attache une licclle autour du poignet d'Archibald, et garde l'autre extrmit la main. .Vu bout de 2 minutes 35 secondes, l'Ile tirera .sur la ficelle pour indiquer au plongeur que le record du monde a t atteint.

minute 30

sec<ifiil.s

C'est Pierre qu'-' chronomtre. Bc^i pcJier de songer qu'avec

rouge elle cheuse A

a,
{m,

lerait

un bouchon une bonne p2 mintes...

la ligne.

Pauvre monsiear,
c'estlong l.sou-

tflih pire-t.el)e.2mi-

y^

iutes,20gecon-

Pierre a le sourire du triomphe. 2 minutes 35. ..36... 37 lancet-ll avec joie. Lerecord est battu Bcassine tire un coup sec. Rien ne vient. Elle tire encore. La ficelle n'est pas dtache, pourtant, car on sent une rsistance.
I
1

Laissez! intervient son mailie. Da vis veut tablir un record qui ne risque pas d'tre battu. En effet voil 3 minutes, prsent, qu'il se tient au-dessous du niveau de la mer!... Une surface rouge et luisante apparat soudain quelque vingt mtres de l'estacade.
:

C'est le bonnet. La tl suit, presque aussi rouge. < Battu archi-battu gesticule Pierre Kiroul. Le ncordman rejoint grandes brasses. C'est la victoire
t I !

Terriblement essoulH, il enfile son peignoir. Pierre dans ses bras, ce qui n'est pas pour le remettre. Bca,ssine est trs heureuse, aussi, mais ne comprend pas trs bien. L'ide lui vient enfin de sortir sa ficelle de l'eau. Ah bien, par exemple !... a rsiste toujours
le serre
I

C'est un crabe . Oh le monstre qu'elle extrait de l'Ocan, un crabe norme, qui a coup la ficelle et y a emptr ensuite ses grosses pattes
! !

le rendre son lment Archibald Davis le doucement del main. C'estgrre lui que j'ai battulereoorddumonde.Pourvuque je puisse recomToujours pas avec mencer demain, au concours

.\vant de

flatte

maladroites.

moi, monsieur Archibald. s'crie Bcassine; mme sans tro rf.-ins l'eau, i'ai cm due j'allais touffer!

bo

LES D EL; AS S

E.Tvl

ENTS D'UN GRAND ESPRIT

Archibald Davis avait tenu clbrer ce prodigieux exploit sportif en retenant ses partenaires djeuner Je suis commissaire des fles d'Herringport, explique-t-i^ vers la fin du plantureux repas. - Bcassine Commissaire? Bien sr, alors, avait dress l'oreille que vous pourrez nous renseigner sur M. Brown.
: ;

M. Harris Brown? je crois bien. Mon et lui ont fait beaucoup de bonnes ailaires, et je l'ai connu, quand j'tais tout petit, et maigre, rpondit Archibald en reprenant une apprciable quantit de pt la tortue. Pierre et Bcassine apprennent alors que M. Brown est un homme d'une extraordinaire activit commerciale. Aprs avoir dbut comme auxiliaireconiptable dans une usine de moutarde en poulie...

papa

.. il dirige, l'heure actuelle, plusieurs entreprises de vastes proportions, s'occupant aussi bien des talons en

caoutchouc que des fournitures d'acier pour


locomotives.
Il

est

prsident

de- plusieurs

grands comits industriels.

Il passe au travail des journes entires et conscutives...

Ce travailleur infatigalile ne connat qu'un dlas,sement, n'admet qu'une distraction. M. Harris Brown joue... aux dominos. 11 y joue avec ferveur, avec
passion

a suite

desquelles

le
si

11

y joue en matre,

plancher de son cabinet est recouvert d'une couche paisse de feuilles de papier, noircies de son criture. Bcassine se souvient ce sujet du renseignement donn par le somno^~> lent garon du Michigan-Htel.

florissante, le

aussi, et a fond une association lr( Club des Joueurs de Dominos ,qui a son

'gedansunluxueuximmeubledeNew-Yf rk. 11 en est le prsident trs respect et rput imbattable, jusqu' ce jour del semaine dernire o un dfi fut...

^-3
... lanc par un amateur chilien Quelle motion conclut Archibald. J'ai rappel M. Brown de Chicago, par tlgramme, e* organis aussitt le championnat, qui va...
I

...

prendre

'^
fin

L'enthou-

A l'intrieur.
Oh
!

tout l'heure Les deux adversaires luttent depuis neuf heuresdu matin, enferms dansunesalleavec les seuls arbitres et quelques sandwiches. Quand nos trois insparables pntrent dans les jardins du casino, le triomphe de M. Brown vient d'tre proclam.

pardon,

mademoiselle! lait toui a coup une voix aux oreilles de Bcassine. Comnie ces mots ont t prononcs avec le plus pur accent franais. Bcassine tourne la tte.

SECRETS D'TAT

6x

Monsieur Oiair-Antilnpe Vous jouez aux dominos, vous aussi? Non pas, mademoiselle Bcassine, mais je m'occupe du huffet. tie ne suis plus l'eau-RouKc; je suis ptissier maintenanl, tabli dans le pays, avec l'aide de M.Brown, et je viens voir si tout marche bie i, car M. Rrown veut s'en retourner tout de
.<

Ah

Le sang de Bcassine n'a fait (fu'un tour. Inon, par exemple, pas cette fois !... Klle rattrape son matre et ie met au courant en deux mots.

;:... ,:...;, l,J.,i,-, l.i .-,.,:!.; d>-^ ' 1--; du l.^'.io Sincrement lier de sa victoire, un err<- ! .rini.'" alimain, M. Brown prononait une alloculinniliv.uit le (Jut> des Joueurs de i)ominos, au (rrand complet. Il tlait en train de tracer l'historir;ue du noble jeu de dominos, lorsnu'un valet de pied s'approcha discrtement et Ini glina quelques mots i'oreille. ji^

sedr.,..!..iL..

.1

.1

^'^\

suite

'j;

Au miHne Uniment
i

Bcassine et Piei v Kiroul se sont <" adrs

dans la porte
velrpppminislrielle
pranc.'paisir

ni^t agite

In ni.unl'enonse. J'ai le

L"^
aise est
1

^'T "n .signe d. M.Biown.la j1/a/-.se(7-

V^

Cette dernire profite


:

devons annoncer, messieurs, reprend l'honorable prsident, f[ue le gouvernement de la Rpublique Franaise a tenu s'associer cette "' J^ vous demande de le re.solennit, / mercier Aj -Y dans la ppi-sonne de ses sym-

"^
"^j

excute par l'orchestre. Le pr-sident termme ensuite .son allocution au milieu des applaud s s ements /:y>^ <|es marques de vive dfprodigues Pierre Kiroul et Bca:
;

ment d'accalmie arrter un si beau

Nous n'avons pas os

discours, monsieur; seulement, ce n'est pas pour

/-'^\ lesdominos,.

pathiques

^<~>^

dlgusprsenls parmi nous,

sine.

... c^ :.,inc p:[sident uC"r;i!. l\olr ministre, Upul* ce mo-

ment, et \-eini avec phisiears de ses collgues,


tait ma<in>ite,

etaprslecaft, je

me
...langue franaise. Votre minislremedemandede vous confier un petit objet qui est rest entre mes mains, lorsde son dernier sjour dans notre pays. Je vais vous le donner tout de suite. Qu'est-ce que c'est? ne peut s'empcher d'interroger Bcassine. C'est une . blague dit M. Hiown. en .s'loignanl vers le vestibule.

suis

apera

^y Les deux dlgus du


gouvernement franais ou, vrenl des yeux pleins d'inquitude.
,

qu'il avait oabii

cette rue.

Ah

beUe
I

Ma
fait

s*.' .que nous som51 mes venus en Amrique. Pierre Kiroul remet le pli. M. Brown l'ouvre, le parcourt et part d'un bon rire. En ctTet, dit-il, en usant c<iurloiseiiu'nl de la...
..

M. Brown revient pre.squo auivsitot il tient la main une superbe blague tabac. Klle est reste dans la poche de mon par;

Beassioe

rassu-

re ; j'avais pear

dessu.s, explique-t-il, depuis l'Kxptisi.ion '<> Cincinnati. Je pr.sidais le bapnuet.

qae noas njroDS fait la roytg


pour rien
I

62

ERREUR D'ADRESSE

3.
aprs-midi, .e lendemain de la triomphale journe. Bcassine et son matre considraient attentivement les inscriptions la
3 heures de
'

^'

devanture d'une ptissrie. Ils se rendaient


l'invitation

^.

y^'^\
\

>^^l

de Charles
Fennik...

V_l ^'

Nj>

dans la principale rue d'Herlingport, grce au gnreux concours de M. Brown. Le jeune patron les attendait, en effet, aussi blanc dans son costume, qu'il avait t autrefois peint et bariol. On voqua d'abord le souvenir des Fils-des-Nuages; puis il fallut apprcier les gteaux, cuisins la franaise. C'est tout de mme meilleur que les petits fours au poivre de par ici, constata Bcassine.

\J

...tout frachement install

Beaucoup d'Amricains se sont dj rangs cet avis, parat-il, et les ptisseries s'en vont par douzaines, chaque jour, l'heure du goter. Tout en racontant ses succs, Charles Fennik intro' duit ses invits

/^

dans

l'arrire-

y/t

boutique,...

vx.

. une petite pice qu'il a meuble simplement, mais avec got, et gaye des quelques souvenirs cnii ne l'ont jamais quitt depuis son migration. Tandis que Bcassine admire une vue de Quimper, Charles Fennik et Pierre allument leur pipe. Il
fait si

demanderai la permission d'ache^ enfin la lecture, de mon courrier. Charles le prie de se considrer comme chez lui, et de la poche de Pierre, sort alors un petit paquet,
...

ve:-

tout couvert de cachets de cire rouge. Charles

Fennik ne peut retenir un sifflement d'admiration.

Ceci n'est pas mon courrier, dclare Pierre Kiroul, ceci est la blague d'un ministre de la Rpublique Franaise; mais vous comprenez que je ne puis la montrer personne. Surtout qii'elle se sauverait bien encore, ajoute Bcassine, qui se souvient en un instant de toutes les aventures de leur voyage diplomatique

bon

aprs
vous...

quelques

et si tranquille, chez vous, dit Pierre, que je ^ bouffes,

,..

J^ ai aussi recueilli

une bien singulire nouvelle que je m^ empresse de te communiquer. Cette fameuse mission dont tu m^as parl, ce n'est pas loi,chertourdi, qu'elle tait destine, mais un jeune attach d'am'-'

^^^

Puis apparat une

et tend une lettre Fcassine. Bcassine ht


.

liasse de papiers, suite et fin de cette volumineuse correspondance rcolte l'Atlantic-Htel. Pour la premire fois, Pierre peut s'y consacrer avec ce calme que donne le sentiment du

,t

ris avant-hier,

MoncherPierre.faiprode mon voyage Papour aller

HpvnipacmmnM

SVMiHpin

il

se lve...

ouvrir un peu. les fentres de ton apparte,:ienl, rue Saint- Guillaume...

venait de dans ta maison, quelques jours avant ton dpart. L'erreur a t commise par un monsieur, le vicomte Contran, d'aprs ce que m'a dit le concierge, en ajoutant que...
s'

bassade

qui

installer

..,cevicomteavaittconciergeavanttui. Jet'aiuuen',

'61

pas comprendre grand' chose, si ce n'est que tu as /ait ce petu d placement la pluCe de l'attach d'ambassade. Tout va bien, maigrcela, puisque tute portes bien. Ecris ta vieille tante et reois ses plus afj ectueux baisers. A. de Kercoz...Ce n'est pas un ambassadeur qui aurait aussi bien couru aprs M. Brown, remarque en passant Bcassine; tieuieusement...

...querious avons fait son travail. Puis elle continue M"" de GrandAir envoie toutes ses amitis Bcassine et ne serait mme pas fche, je crois, de la voir revenir. Une
:

moment que du magasin vient de s'ouvrir. Bcassine jette un coup d'il


...

indique ce

la porte

travers

lo

monsieur Charles,

sonnerie lectriijue...

3"~'\ l'air en

S^ y Dieu,

carreau Un client, qu'il n'a pas trs bon tat. i ,^_^ c'est M. Archibald
:

mme

Ah mon
1

upite, suivie des deux fui:;' il d-i'l" Tonl heuieux de rencontrer des visages de conaaioancc, Archibald Davis c'est bien lui explique qu'il ort rte
1

la

pharmacie

voisine...

... ayant fait un superbe panache avec son auto, la sortie de la ville. Dn 80 l'heure, au moins raconte le bles.s6. Quelle motion Ce n'est pas bien prave d'ailleurs, vous voyez: mais je ne .serais pas fch de prendre un petit cordial, avec un (jleau.
!

Pierre
teuil.

Kiroul

et

Bcassine

Charles Fennil; lui prcseiileiine pu'iiie assiette de galettes bretonnes, puis d'un airconlidentiel, ajout( que oonr un ami de ses amis, il va tricher un peu

l'ont

immdiatement

install

dans un tau

avec la terrible loi ant6-

>^, ricainequiinterditl'usage ^^ \ jes alcools et tK)issons fermentes.

coin d'un placard, Ohar une bouteille aux reflets dors. . Du cidre s'crie Bcassine. Ef bon, prcise son pays , c'est c la mre qui me
le

Dans

les

Fennik

.saisit

dn Ta

Surtoutque c'est pour


sauver
bles.s

/^^'
(i,^

envoy, parun ami qui navigue.

tyi>

un

am-

ricain,

appui
Bcas
sine.

Nc.u
la renier

cierons bientt,

monsieur

le

ptissier

vaus pouvez y conipt le temps de relra:

dclare alors Bcassine on lev.int le verre qu'on lui a tendu et qu'elle n'a accept (pie parce qu'il s'agit de l)oire A la sant de quelqu'un.

vcriier l'Atlantique!

Hicntt en cllot, reprend son matre, car nous partonsdcmain :1e ministrenous attend. Et M^^votre tante, et M""de
I

Orand-Airaussi, monsieur Pierre! Cen'est {)as moi qui pourrais vous faire un pitch, lien silr... Un speech, roctilie Pierre.

jo peux dire que nous emportons eiv< bon souvenir de l'Amrique. > Archibald s'est lev, le verre en main. D'mouvantes parole* d'adieu sont alors changes, puis des poigntes de maiai, ivec une vigueur qui dnote la fois une sincire amiti ( un rel entranement sportif.
...iiiai.s

un

vrai

TABLE DES MATIRES

Pages.

Les inquitudes de

l;i

marquise de Grand Air


....

Leons de choses
Petit

Une trange dmarche


Qui bien se pse Les ides de Pierre Kiroul Deux grands voyageurs La famille I-^ab ornez apprend du nouveau Orgueil et larmes La province Paris Le concierge de la rue Saint-Guillaume

4 5

dtour

Un malade
La La

de marque

34 35 36

6
7 8

cure merveilleuse

reconnaissance des Fils-des-Nuages Encore un salon de peinture

37 38 39 40
41

9
10
11

Apparition d'un revolver ... D'un gros jeune homme et d'un crou La petite ville de Tapiokah (Kansas)

42 43 44 45 46

Un

fort courrier

12

Les soucis de Pierre Kiroul

La commission du

ministre
\
.'

13
. . .

Une
...

crise financire

En rade de New- York


L'amric.iin tel qu'on le parle.

14

Et son remde
la petite demoiselle

Atlantic-f ltel

15 16
17 18 19

Le chagrin de

L'armoire b. surprises Au pays des gens presss Les dangers du mtro L'invisible Harris Brown Un monsieur dans la bote

20
21

Les colres de mister Cot Briseuse de grves Nouvel apprentissage Les conserves de mister Cot Les mprises de la' langue franaise

47 48

49 50
51

I^

loi

Un
Le

des dtectives prcieux couvre-chef

22 23

Washington-Cinma Nettoyage par le vide Le bb N" 17

52

53 54
55

Simple dmonstration
roi des voleurs

24 25 26

Attaque brusque Un air de banjo


Bcassine
perce
. . .

Une tnbreuse affaire Les surprises du tlphone Celui qui connat Mr Brown
Une
plage mondaine

56 57 58 59 60
61

27 28

L'excs en tout est un dfaut Un poste de tout repos

29 30
31

Les drames de l'Ocan Les dlassements d'un grand esprit


Secrets d'Etat Erreur d'adresse Bcassine porte un toast

Une
Sur

nuit dans la plaine


la piste

62
63

Le

de guerre Qair-Antilope

32

33

.ScKAiix.

Impiinierie Ciiauaikk.

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